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Attentats de Paris 2015 : un symptôme franco-français

Que le lecteur tolère cette vérité un peu brutale : en janvier, le réflexe général consistant à être Charlie était pour l'essentiel hors sujet. Chacun endossa bien sûr le costume avec sincérité, mais ce costume presque confortable épargnait finalement les questions les plus pénibles et masquait l’enjeu profond de la situation.

Il n'était pas question pour les terroristes, en attaquant Charlie Hebdo, de s'en prendre à la liberté d'expression, ni d'ailleurs le lendemain, avec la prise d'otages dans une épicerie casher, à la communauté juive. Il n'y avait là que prétexte à la haine et à son intention fondamentale : détruire l'autre. Une haine dirigée contre la population française dans son ensemble, sans distinction, comme en atteste ce qu’un des preneurs d’otages déclara aux victimes : « C'est vous qui avez élu vos gouvernements et vos gouvernements ne vous ont jamais caché que vous alliez faire la guerre au Mali ou ailleurs. Premièrement. Deuxièmement, c'est vous qui les financez. Vous payez les taxes et des trucs et vous êtes d'accord ».

Dix mois plus tard, au soir du 13 novembre, ce fut cette même haine, débarrassée cette fois de tout prétexte. Et, au froid constat que tous les attentats de l'ère actuelle, depuis l'affaire Merah en 2012, impliquent de jeunes français issus de l'immigration maghrébine et africaine, il est une question que l’on ne peut éluder : pourquoi, ou comment, ces personnes en sont-elles venues à concevoir une telle haine à l'encontre du pays même où elles sont nées et ont grandi ?

Tout processus de transformation implique une matière première et une force agissant sur celle-ci. La force agissante dans le cas présent est bien connue, on la trouve dans l'islamisme radical réglant ce terrorisme et l'embrigadement dont les tueurs sont devenus les jouets. Mais cette haine, pour autant, doit posséder elle aussi sa matière première.

Les psychologues savent en général que la rencontre thérapeutique peut les amener, au contact de la vie psychique des patients, à éprouver des émotions inhabituelles. Mais ils savent tout autant que ceci ne pourra se produire qu’avec les émotions qui ne leur sont pas totalement étrangères. Seul peut s’animer en eux ce qui déjà couvait. De même, doit-on envisager que cette haine terroriste contre la France s’enracine dans un sentiment qui lui préexiste, un rejet de la France, comme un embryon de haine, que le processus djihadiste a pu ensuite attiser et transformer.

Guidant chacun de ces français devenus terroristes, ce sentiment serait sans rapport strict à la question religieuse, mais tiendrait à ce qui les relie par ailleurs ou, plus précisément, relie l’histoire de leurs familles : un même vécu d’immigration et d’impossible intégration. Nullement le fait d’individu isolés, il serait plutôt le symptôme d’un ressentiment beaucoup plus vaste parcourant une communauté qui, pour ne l’avoir reçue et ne l’avoir elle-même totalement voulue, n’a trouvé sa place ni dans la société ni dans l’identité française. Ainsi éclairée, l’histoire récente insiste à sa manière : des bombes ont finalement explosé au pied du Stade de France, là même où la Marseillaise fut sifflée en 2001, 2007 puis 2008 à l’occasion des matches disputés contre l’Algérie, le Maroc et la Tunisie. Ces sifflets-là n’avaient rien d’isolé, et leur fracas symbolique était énorme.

Sans doute alors peut-on mieux comprendre que, dans certains établissements de zones prioritaires, des élèves aient refusé de respecter la minute de silence après les attentats de janvier. Ces silences étaient aussi des instants de communion autour de l’identité française, voilà ce qu’ils rejetèrent d’abord. Leur réaction parlait d’eux, mais tout autant de leurs parents. Elle disait l’histoire d’un sentiment d’exclusion et de différence ayant grandi depuis deux ou trois générations dans le silence de ces quartiers défavorisés, de ces cités et banlieues formant la frange méprisée du paysage français, au propre comme au figuré. Jusqu’à produire cette matière première de haine, car d’un parent à un enfant, consciemment ou pas, rien ne se transmet mieux qu’une émotion.

C’est ici l’Histoire longue et complexe de l’immigration maghrébine puis africaine qui vient se rappeler à nous, une immigration ayant creusé en plus d’un siècle une fracture sociétale toujours plus grande : d’un bord une population hostile à la masse croissante des arrivants, de l’autre une communauté peu encline à l’assimilation, entre les deux des différences culturelles, religieuses, identitaires, immenses.

L’ennemi aujourd’hui désigné de la France se situe du côté de la Syrie et de l’État islamique, et l’on s’est ému que l’un de ses lieutenants ait réussi à pénétrer nos frontières. Aussi évident soit ce principe d’une menace extérieure, il n’est pourtant que la surface des choses. En deçà, il y a cette vulnérabilité intérieure franco-française, cette cassure identitaire profonde sans laquelle ce terrorisme d’un genre nouveau, puisant ses forces les plus redoutables dans nos propres rangs, n’aurait pu prendre forme.

Ne laissons pas le terrorisme diviser la France, a-t-on dit à l’occasion de la journée nationale d’hommage aux victimes. Mais c’est tout l’inverse qui se joue : la France est déjà divisée et ce terrorisme en est la marque. Il s’agit maintenant, comme il s’agissait en janvier, non d’être Charlie, mais d’essayer d’être Français. Français, non plus au sens de cette fraternité toute prête à l’emploi et qui ne veut plus rien dire, mais en regard de cette cassure, avec le désir de la réduire, quel que soit le bord depuis lequel on accepte enfin de la voir. Nous n’avons pas le choix : tardons encore et son symptôme, sous une forme ou une autre, refera surface.


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19 réactions à cet article    


  • César Castique César Castique 12 décembre 2015 18:49

    « ,,,mais d’essayer d’être Français. Français, non plus au sens de cette fraternité toute prête à l’emploi et qui ne veut plus rien dire, mais en regard de cette cassure, avec le désir de la réduire, quel que soit le bord depuis lequel on accepte enfin de la voir. »



    Pour reprendre une formule que je viens d’utiliser sur un autre fil, est-ce que vous avez une idée du regard que les musulmans jettent sur cette condition de Français, qui absorbe des nourritures répugnantes, qui consomme des boissons interdites et qui marie des hommes entre eux ? 

     
    De cette mère qui, selon Xavier Lemoine, maire de Montfermeil, interdisait à son fils de boire du Champomy, les imbéciles n’ont retenu qu’un parallèle primaire avec le pain au chocolat de Copé, pour mieux occulter un « Tu sais bien qu’on ne doit pas leur ressembler » qui en disait bien plus long, sur les réalités du vivre ensemble, qu’une « enquête de terrain » menée par des sociologues.

    • Passante Passante 12 décembre 2015 21:48

      « C’est même du bouillonnement écœurant de ces représentations vides de sens que naît et s’entretient le désir de passer outre à l’insuffisante, à l’absurde distinction du beau et du laid, du vrai et du faux, du bien et du mal. Et, comme c’est du degré de résistance que cette idée de choix rencontre que dépend l’envol plus ou moins sûr de l’esprit vers un monde enfin habitable, on conçoit que le surréalisme n’ait pas craint de se faire un dogme de la révolte absolue, de l’insoumission totale, du sabotage en règle, et qu’il n’attende encore rien que de la violence. L’acte surréaliste le plus simple consiste, revolvers aux poings, à descendre dans la rue et à tirer au hasard, tant qu’on peut, dans la foule. Qui n’a pas eu, au moins une fois, envie d’en finir de la sorte avec le petit système d’avilissement et de crétinisation en vigueur a sa place toute marquée dans cette foule, ventre à hauteur de canon. La légitimation d’un tel acte n’est, à mon sens, nullement incompatible avec la croyance en cette lueur que le surréalisme cherche à déceler au fond de nous. »


      breton, second manifeste

      • howahkan Hotah 13 décembre 2015 10:22

        Pas d’enquête, pas de prisonnier,pas de commanditaires....

        à partir de là tout n’est que supputations et la porte ouverte a ce que chacun veut en tirer...

        comme pour tout le reste..


        • pierre 16 décembre 2015 20:31

          @howahkan Hotah
          bonsoir Paul, il y a enquête mais pour cibler et désigner les acteurs, et effectivement pas les commanditaire.


        • doctorix, complotiste doctorix 13 décembre 2015 19:00

          Cet attentat évoque fortement le 11/9, les attentats de Madrid et de Londres, et plus tôt l’attentat de la gare de Bologne..

          CIA, OTAN, réseau Gladio.
          Probablement en cheville avec le Mossad et bien sur les services secrets français
          C’est typique de la manière.
          Mais bien sur on peut toujours avaler la VO.

          • Martha 14 décembre 2015 09:20


             @doctorix,

             L’horreur et la sidération passées, vu de légèrement au-dessus, c’est ce qui paraît être le plus logique.

             Le choix de la date : vendredi 13 novembre (il y a une perfection sinistre dans ce choix), 23 jours avant le premier tour des régionales. Orchestrées, on a vu comment (il faut revenir sur ce point).

             La signature : le passeport, une fois de plus comme pièce a conviction. Le massacre, le plus horrible possible de civils sans défense, piégés. Et tout de suite, sans la moindre enquête préalable : ce sont les « islamistes » de DAECH qui ont fait le coup ! Effet d’annonce+++, la cause est trouvée, une logique apparente aussi. L’enquête ne dira rien de plus, les répliques confirment ...

             Piqure de rappel, suite à la première injection du 911, où le mythe de l’Islamisme radical nous a été lancé en pâture. Et cela à si bien marché (il suffit de poser la question autour de soi) ! Quelques coups de baguettes suffisent à relancer le cerceau.


          • doctorix, complotiste doctorix 14 décembre 2015 11:47

            @Martha

            Il y a aussi le groupe sur scène, dont pas un n’a été touché, ce qui surprend.
            il s’agit d’un groupe satanique qui enchaînait sur scène deux chansons à la gloire de Satan.
            Leurs logos, leurs vêtements, leurs pochettes de disques sont très explicites.
            Pas très prudent d’aller les voir sur scène, avec Satan on peut avoir des surprises.
            L’annulaire et le majeur repliés sont des signes de reconnaissance largement utilisés par les satanistes, de Bush à Sarko. C’est le « salut cornu » :
            Vous noterez que le « bon » pape François l’utilise larga manu, si l’on peut dire...

          • doctorix, complotiste doctorix 14 décembre 2015 11:56

            @Martha

            Vous noterez aussi que les bourreaux du Bataclan on trouvé le temps, avant de se suicider ou d’être suicidés, de traîner des corps dégoulinants sur la piste de danse, dessinant ce qui ressemble à un oeil, symbole illuminati.
            La cérémonie macabre pourrait bien être un rite sacrificiel, les meurtres rituels étant de mise chez les satanistes.
            Bien sur, on peut se gausser de cette hypothèse, ce qui n’empêche pas d’y réfléchir.
            Je dis « être suicidés » parce que les kamikazes du Stade de France ont explosé sans faire de victimes ou presque, ce qui est une bien curieuse démarche même pour un fanatique, et on peut penser que leurs ceintures d’explosifs ont été télécommandées à distance. Ainsi, pas de témoin pour parler, après qu’ils aient raté leur numéro.

          • Francis, agnotologue JL 14 décembre 2015 12:10

            @doctorix, Martha,


            pour ma part, je trouve que les larmes de crocodile fabiusiennes lors de sa dernière intervention officielle à la COP21 sont un indice très troublant.
             
            Sauf à penser qu’il est sénile, ce qui serait encore une autre explication.

            Dans un cas comme dans l’autre, il n’a plus sa place au gouvernement, et le virer serait la moindre des choses. 


          • doctorix, complotiste doctorix 14 décembre 2015 12:17

            Je rectifie : la main cornue comporte le pouce replié (Sarko, Bush, etc).

            Le même avec le pouce étendu (François) voudrait dire « je t’aime » en langage des signes.
            En fait j’aime mieux ça.

          • doctorix, complotiste doctorix 14 décembre 2015 12:21

            @JL

            Fabius a un Parkinson, et les médicaments qu’il prend (levodopa) altèrent de nombreuses fonctions cérébrales, et encouragent la paranoïa. Déjà qu’il était tordu, ça n’arrange rien.

          • Francis, agnotologue JL 14 décembre 2015 12:48

            @doctorix,,

             
            ’’ceintures d’explosifs ont été télécommandées à distance’’

            C’est une hypothèse que je soutiens depuis longtemps. Ma théorie est que les dits kamikazes ne sont volontaires que dans une certaine mesure : leur engagement serait une sorte de jeu à la roulette russe. Je m’explique : ils seraient tirés au sort en cas de besoin ; éventuellement, les rescapés du tirage seraient libérés de leur engagement.

            Quant aux perdants, on leur mettrait une ceinture d’explosifs dont ils ne pourraient se défaire qu’en déclenchant l’explosion, laquelle serait peut-être contrôlée à distance, peut-être pas. Il est possible que ceux du stade de France, tentant le tout pour le tout, aient essayé de l’enlever provoquant ainsi ces explosions prématurées. Leur chef aura bénéficié d’une ceinture non piégée ou défectueuse lui permettant de s’en défaire sans dommage.

          • doctorix, complotiste doctorix 14 décembre 2015 14:08

            @JL
            Ca se tient.

            Pas de témoins interrogeables est la règle dans tout bon false flag.

          • Francis, agnotologue JL 14 décembre 2015 15:28

            @doctorix,


            oui, je crois que ça se tient.

          • MagicBuster 14 décembre 2015 12:13

            Le soir même du 13 Novembre,
            Français Hollande a prononcé l’état d’urgence et a fermé les frontières.
            Il savait déjà déjà qui avait fait quoi - il l’a dit.

            Je n’ai évidement pas de preuves, n’étant pas enquêteurs ;
            Je pense que la France a reçu des menaces, de nature dont on ne parle pas au journal de 20h.

            Aucun élément ne me permet d’étayer cela,
            c’est plutôt l’absence de tout élément qui me conduit à cette orientation.

            Les scénaristes de l’Elysée doivent avoir beaucoup de travail ....

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J-M B.


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