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Accueil du site > Tribune Libre > Qui veut vraiment le retrait de la réforme du collège ?

Qui veut vraiment le retrait de la réforme du collège ?

À tous nos collègues enseignants,

Comment contraindre le gouvernement à renoncer à la réforme du collège, obtenir les dispositions que nous souhaitons pour l’éducation nationale, et toutes autres choses qui nous sembleront nécessaires.

***

Dans le combat qui nous oppose au gouvernement au sujet de la réforme du collège, nous enseignants du secondaire, mais aussi tout citoyen ayant conscience de l’intérêt vital de l’instruction pour toute nation, il n’est guère qu’une alternative : faire prévaloir nos vues ou accepter de mauvaise grâce celles qui nous sont imposées.

Si notre opposition n’est que l’expression vague d’un mécontentement diffus, si nous avons la conviction que le combat que nous menons aujourd’hui peut être perdu, alors, nous suivons sans conteste la bonne stratégie, celle-là même que nous employons depuis un demi siècle avec le succès que nous savons. Ne changeons rien.

Nous disons ici clairement que cette réforme sera peut-être abandonnée, bien que nous doutions qu’elle ne reparaisse pas, un jour plus favorable à nos décideurs. Nous affirmons aussi qui si cette réforme était abrogée, nos actions passées n’en seraient pas la cause principale, guère plus qu’un motif auxiliaire.

Personne dans notre hiérarchie ne redoute rien de nous. La plupart d’entre nous sont tétanisés par l’hypothèse d’une mauvaise note administrative, n’évoquons même pas ici notre sainte crainte de l’inspection académique. Nos directions du personnel nous insultent quand nous les sollicitons, nos recteurs nous menacent ouvertement, nous fichent. Notre ministère se moque de nous, ment éhontément. Il ont déjà tellement obtenu de nous dans notre inconscience et notre servitude. Ils nous savent bien résignés, et bien incapables leur mener un combat sur leurs terres. Ils nous jugent trop isolés pour accepter de faire le moindre réel sacrifice, pour prendre le moindre risque, ce qui assurerait pourtant leur défaite.

***

Si au contraire nous voulions enfin une victoire et une reddition sans condition de nos adversaires, voici ce qu’il nous faudrait faire : exiger la fin de la parodie et des faux semblants. Nous devrions ainsi :

  • Nous mettre en grève générale et reconductible jusqu’à la victoire de nos vues.

  • Cesser de confier aux directions de nos syndicats le choix des moyens d’action.

  • Envoyer un délégué par collège (7000 collèges en France) à des assises nationales afin de réécrire les programmes, nos statuts et toute autre chose semblant nécessaire. Ce qui en sortira ne serait pas négociable. En somme exiger ce que nous pensons bon pour l’éducation nationale, sur nos bases et non sur celles délirantes du ministère.

  • Dans chaque commune abritant un collège, travailler à convaincre l’opinion. Rencontrer les parents et travailler avec eux. Harceler nos élus locaux, départementaux, régionaux, nos députés et sénateurs. Travailler ardemment au succès de notre entreprise. Accéder aux médias locaux et nationaux pour faire entendre nos voix et gagner l’opinion.

  • Dans chaque commune, créer avec nos salaires, nos économies et d’éventuels dons, des centres de solidarité aux grévistes : repas, soin de santé, aide aux collègues en grande difficulté. ( le savoir faire existe !)

  • Exiger la démission du ministre, ainsi que du comité supérieur des programmes, de tous les hauts fonctionnaires de la rue Grenelle. Exiger que le ministère connaisse une vacance relative, le temps que nos propositions soient achevées d’être élaborées.

  • Ne cesser la grève qu’une fois la victoire complète et parfaitement assurée.

***

Pour accomplir ceci, que beaucoup jugeront irréel et parfaitement fantaisiste, il suffirait pourtant que nous cessions seulement d’avoir peur comme des enfants, que nous prenions conscience de nos forces, que nous acceptions de regarder en face nos véritables responsabilités de citoyens, que nous cessions d’espérer que la victoire ne nous coûtera rien et qu’elle pourrait en outre venir d’autres acteurs que nous-même.

***

Si nous estimons cependant que le jeu n’en vaut pas la chandelle, cessons alors la parodie de révolte ! Nous méritons ce qu’il adviendra de l’éducation nationale dont nous sommes en vérité les seuls gardiens. Si nous préférons notre tranquillité et notre confort à nos devoirs, c’est que notre institution est déjà perdue et que nous sommes indignes de la tâche qui nous est confiée.


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13 réactions à cet article    


  • Le p’tit Charles 17 décembre 2015 09:28

    L’EN est à l’image de nos politichiens...aux abonnés absents...elle déforme nos enfants pour en faire des robots...


    • tf1Groupie 17 décembre 2015 10:45

      Quand les enseignants sont en grève tous les 3 mois difficile de dire que ceux-ci ont peur de se rebeller.

      ça fait 30 ans que l’école n’évolue pas bien, quand est-ce que les enseignants feront leur auto-critique et sauront-ils faire la grève de la contestation ?


      • Kevin Queral Kevin Queral 17 décembre 2015 11:45

        @tf1Groupie
        N’est-ce pas exactement ce qui est dit ici ?


      • tashrin 17 décembre 2015 16:35

        je suis pas sur que l’appel à la greve soit des plus judicieux, meme si votre combat est justifié
        L’EN sert des objectifs qui la depassent, sont definis par d’autres, et ne vise pas la transmission du savoir et la formation d’esprits libres et dotés d’esprit critique.
        C’etait peut etre le cas, ca ne l’est plus
        Le but actuel c’est de la rendre inefficace pour assurer la promotion de l’enseignement privé, et d’instaurer un plafond de verre entre ceux qui seront issus de l’EN (les pauvres) et ceux qui auront eu les moyens d’obtenir un niveau de formation valorisable. Comme aux US
        Je ne cautionne pas, hein. Je constate et trouve ca triste, deplorable, pathétique, ...
        Mais du coup la reforme du college va dans le sens de l’objectif poursuivi
        Et du coup votre cause est quasi dejà perdue


        • Kevin Queral Kevin Queral 17 décembre 2015 16:58

          @tashrin

          Bien sûr, cette cause est certainement perdue, comme beaucoup d’autres d’ailleurs. Mais il faut avoir conscience que nous la perdons seuls, par notre servitude volontaire, et ne pas croire que le cours des choses politiques est comme le cours des saisons, inaltérable.


        • tashrin 17 décembre 2015 17:08

          @Kevin Queral
          J’entends bien
          Ce que je voulais dire, c’est que le probleme n’est pas au niveau de l’EN
          Il est bien plus vaste, et ce qui se passe au niveau de l’EN n’est qu’une declinaison des choix et orientations generales décidées en dehors du peuple et de sa volonté
          Du coup si combat il doit y avoir, c’est pas à ce niveau là qu’il doit avoir lieu, mais bien au dessus


        • Kevin Queral Kevin Queral 17 décembre 2015 17:13

          @tashrin

           ;) ! Chuuuut... faut pas le dire tout de suite ! ;)


        •  C BARRATIER C BARRATIER 17 décembre 2015 19:08

          Radicalisme radical ! Je constate pour ma part
          - que les enfants des collèges travaillent nombreux très mal, que d’innombrables cours ne sont pas remplacés, que par rapport aux collèges privés où il y a déjà tout le temps moins d’heures de cours perdues, les enseignants du public sont souvent en grève, et que ces jours là les cours sont peut être encore moins efficaces. je constate que la majorité politique au pouvoir rechigne à creer des collèges publics là où le privé absorbe les élèves, que les parents quittent plus souvent le public pour le privé que le contraire.
          - Je constate que les réactions des enseignants vont dans leur propre intérêt (defense de telle matière, des postes afférents) même s’ils prétendent défendre celui des élèves, et que le problème n’est pas tant d’écrire de meilleurs programmes que d’être capables de passionner les enfants et déjà de commencer les cours à l’heure et de donner le nombre de devoirs réglementaires au lieu de fuir le travail de correction.

          Je constate qu’heureusement il y a dans le premier degre des résistances à la privatisation en marche et que les profs des écoles bossent plutôt bien.
          Voir mon boulot de freinage des avantages illégaux donnés au privé ici

          Guide du forfait communal

          http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=140


          • Kevin Queral Kevin Queral 17 décembre 2015 20:02

            @C BARRATIER

            Cher monsieur, ce texte vous semblait-il être un plaidoyer pour le corps enseignant ? Il me semblait pourtant ne pas lui tresser de couronnes... C’est visiblement encore trop.

            Je ne reviendrai pas sur les heures de cours non remplacées, ni sur les autres reproches que vous dirigez contre les enseignants du secondaire.

            Vous avez certainement en parti raison lorsque vous affirmez que que chaque discipline cherche à préserver ce qu’elle perçoit comme ses intérêts. Remarquez, l’idée de faire naître une rareté qui nous pousserait à nous arracher quelques restes serait parfaitement vertueuse, si elle avait pour but de nous diviser parfaitement...

            Je demeure pour ma part certain que le véritable mal de notre système d’instruction obligatoire réside dans nos renoncements collectifs, particulièrement celui d’avoir abandonné l’idée de permettre à un adolescent d’écrire sans avoir honte de présenter sa production, mais aussi de lire un texte un tant soit peu élaboré, qui saura le passionner. Et je ne parle pas nécessairement de littérature.

            Privatisation, il y aura, vous avez raison. C’est désormais inéluctable.

            Enfin, vous n’appréciez guère la grève. Moi non plus, particulièrement quand elle est inutile, ou l’expression d’un malaise futile.

            Mais elle reste un arme légale,une des rares, qui peut être très tranchante, si elle est utilisée avec dextérité et détermination.

            Très cordialement.


          •  C BARRATIER C BARRATIER 18 décembre 2015 19:37

            @Kevin Queral
            D’accord, Je suis sur vote longueur d’onde.
            J’ai essayé de le faire et j’ai en partie réussi..en lycée, je n’aurais pas trouvé la tâche aussi aisée en collège
            En table des news :

            Pédagogie et méthodes actives, le lycée de demain ?

            http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=198

             


          • AnthonyDT AnthonyDT 17 décembre 2015 19:42

            Je pense que l’éducation devrait être laissée aux enseignants et non à des politiciens et des hauts fonctionnaires (celui qui fait = celui qui sait)

            Par contre, réunir 7000 personnes en espérant obtenir un consensus dans un délai raisonnable me semble très compliqué.

            • Allexandre 18 décembre 2015 12:17

              @ l’auteur


              Merci pour votre article. Je le partage à 100%. Le corps enseignant n’est pas prêt de voir ses revendications aboutir. SON INDIVIDUALISME, ou son peu d’intérêt pour la situation rend presque illusoire le projet de grève reconductible, sans laquelle le Gvt continuera de nous mépriser et de nous traiter comme des pions. La peur de l’inspection est devenue une bouffonnerie pathétique. Les profs réagissent comme les élèves convoqués par la direction. Des enfants craignant la réprimande. Les inspecteurs n’ont rien de plus que nous, et souvent n’ont pas vu d’élèves depuis des lustres. Le combat à mener est lourd, non pas pour lui-même, mais pour remuer les profs.
              Merci donc et à bientôt

              • Fontaube 10 janvier 2016 10:04

                 Entièrement d’accord avec vous, Kevin . Les profs ne se battent pas suffisamment . J’ai créé un collectif de profs de lettres hostiles à la réforme en Haute-Savoie . Il y a beaucoup plus de retraités que de profs de collège dans notre collectif . Il faut dire que les profs de lettres classiques ont souvent les pires difficultés dans leurs établissements pour défendre le latin et le grec , à cause de leurs chefs d’établissement , des IPR qui les lâchent, des recteurs et rectrices ... et malheureusement de certains de leurs collègues . Mais ne renonçons pas, par pitié, c’est trop important . Réveillez-vous chères et chers collègues . L’avenir de notre culture dépend de vous en grande partie . Ecrivez aux inspecteurs, aux recteurs, aux parents d’élèves, aux partis politiques(même s’ils ne répondent pas comme en Haute-Savoie !) ... et surtout faites pression sur les syndicats pour qu’ils programment une grève d’au moins dix jours .
                 Fontaube

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