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Accueil du site > Tribune Libre > Correspondance avec Éric Guéguen

Correspondance avec Éric Guéguen

Bonjour,

Suite à une vidéo consacrée à la démocratie[1], Éric Guéguen a posté un commentaire qui a entrainé un long échange par mail. J’ai profité de cette correspondance pour formuler certaines critiques à l’égard de son ouvrage « Le miroir des peuples »[2].

Voici donc la retranscription de cet échange qui intéressera ceux d’entre vous qui trouvent un intérêt à la philosophie politique :

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Éric Guéguen :

Bonjour Alban. Toutes nos initiatives sont louables. Même si je ne partage pas tous les points de vue que tu adoptes ici. L'impasse est faite, notamment, sur les problèmes de temps, d'échelle et d'enracinement consubstantiels à l'idée de démocratie.

Alban Dousset :

Sur les points que tu soulèves, si l'on considère la démocratie non pas comme notre système actuel mais bien comme "le pouvoir détenu et exercé par le peuple".

>> Cette conception de la démocratie est très éloignée de notre système actuel, que je perçois essentiellement comme une ploutocratie. Continuer de le désigner comme une "démocratie" (de marché ou libérale ou bourgeoise) me semble absurde.... Ce système est quasiment l'antithèse de la démocratie.

- Sur la question du temps et de l'enracinement : Les systèmes démocratiques les plus « purs » observés sont ceux des sociétés primitives. Ainsi, la fiabilité temporelle (sociétés ancestrales) et l'enracinement culturel (poids considérable des traditions) d'un fonctionnement démocratique m'apparaît comme quasiment optimal.

- Sur la question de l'échelle : La démocratie athénienne (certes moins "pure" que les sociétés primitives) comportait 300 000 individus et 60 000 citoyens. Pour envisager un mode de fonctionnement plus démocratique pour un pays de plus 60 000 000 d'individus, on peut donc imaginer le développement d'une forme de fédéralisme (comme en Suisse) et d'une représentation politique réellement démocratique (basée, par exemple, sur le tirage au sort). Ce dosage du fédéralisme et de la représentation démocratique devraient être déterminés au moment de l'assemblée constituante populaire. De mon point de vue, le problème de l'échelle est moins un problème de dispositif politique qu'une question de possibilité médiatique.

Éric Guéguen :

Ce que je voulais souligner, c'est que revenir à un semblant de démocratie doit amener à repenser les traditions, la "communauté", le lien subi et non choisi, les déterminismes, mais également la liberté engageante, et non seulement la liberté isolante, notre rapport à la consommation, et le TEMPS démocratique, c'est-à-dire la capacité des individus à donner de leur temps au bien commun, de manière bénévole. D'où, petit à petit, mes nombreuses vidéos sur tous ces sujets...

Alban Dousset :

Je suis en train de lire ton livre. Et j'ai l'impression, d'après ce que j'y lis et tes commentaires, que tu as une vision idéaliste de l'histoire. Par "vision idéaliste de l'histoire", j'entends que, pour toi, la trajectoire historique de l'humanité se décide essentiellement par l'histoire des idées, de la spiritualité, des religions, des philosophies et autres théories...

Éric Guéguen :

Le mot "idéaliste" est aussi sujet à ambiguïté que le mot "démocratie". Je comprends ce que tu veux dire au sens où à mes yeux, ce sont en effet les idées qui mènent le monde. Que des gens, aujourd'hui, soient prêts à s'endetter matériellement pour s'offrir un IPad dernier cri me semble aller dans ce sens. Qu'une idée germée dans le cerveau de Steve Jobs puisse aliéner les gens à ce point, au-delà de toutes considérations matérielles, en les amenant à concrétiser, a posteriori, l'idée qu'ils se font du bonheur avec un IPad, c'est fascinant.

Je ne dis pas, bien sûr, que ça me réjouit, mais le libéralisme, justement, triomphe et profite de la vision très matérialiste héritée de Marx et de ses mauvais émules pour s'imposer, non seulement dans les corps, mais avant tout dans les esprits. Autrement, dit, le matérialisme a fait le lit du néolibéralisme. On reparlera de Chouard ensemble une autre fois, si tu le veux bien. C'est un homme qui me semble d'une grande probité et d'une grande générosité. Mais, pour le coup, Chouard est un "idéaliste", cette fois au sens commun du terme : c'est-à-dire un brin naïf, et rétif à certaines lectures qui bousculeraient trop ses convictions.

Et merci, Alban, de lire mon bouquin. N'hésite pas à le déconstruire et à me livrer toutes tes critiques, elles seront les bienvenues. J'ai voulu, non seulement expliquer la genèse de notre situation actuelle, mais aussi tenter de proposer autre chose, ce qui est trop rarement fait (et je n'exclus pas nécessairement le recours au tirage au sort).

Alban Dousset :

Je ne m'étais donc pas trompé sur ta vision historique même si elle est moins explicite dans ton livre que dans "l'empire du moindre mal"... Sur le fond, c'est probablement l'un des reproches essentiel que je ferais à ton ouvrage (mais pas le seul). C'est une question de perspective. Sur cette question de l'idéalisme historique, je vais me permettre de faire un copié/collé de l'essai en économie politique en cours de réalisation :

"Sur le plan philosophique, la doctrine libérale moderne, parfois qualifiée d’ultralibérale, appuie sa légitimité sur des concepts de philosophie politique tels que l’individualisme ou des doctrines politiques tels que le darwinisme social. Jean-Claude Michéa défend l’idée d’une « unité du libéralisme » :

« Je soutiens, en effet, que le mouvement historique qui transforme en profondeur les sociétés modernes doit être fondamentalement compris comme l’accomplissement logique (ou la vérité) du projet philosophique libéral, tel qu’il s’est progressivement défini depuis le XVIIᵉ siècle et, tout particulièrement, depuis la philosophie des Lumières. Cela revient à dire que le monde sans âme du capitalisme contemporain constitue la seule forme historique sous laquelle cette doctrine libérale originelle pouvait se réaliser dans les faits. Il est, en d’autre terme, le libéralisme réellement existant […] aussi bien dans sa version économique (qui a, traditionnellement, la préférence de la « droite ») que dans sa version culturelle et politique (dont la défense est devenue la spécialité de la « gauche » contemporaine et, surtout, de l’« extrême gauche », cette pointe la plus remuante du spectacle moderne). »

Cette thèse, soutenue par Jean-Claude Michéa dans son livre « L’empire du moindre mal », doit être relativisée, pour ne pas dire écartée. Pour cela, il est nécessaire de comprendre que les systèmes politiques et économiques ainsi que les idéologies qui les soutiennent sont à géométrie variable pour les classes dominantes. Selon leurs besoins et leurs stratégies pour canaliser les élans populaires, les classes dominantes habillent leurs oligarchies par des « démocraties représentatives », des « monarchies parlementaires », des « régimes communistes » ou des dictatures assumées.

La démocratie et le libéralisme ne sont que des idéaux nobles qui, servant à légitimer les pires exactions commises par les classes dominantes (« guerre pour la justice ou la démocratie », « servitude volontaire »…), sont dévoyés et corrompus au dernier degré. C’est ici que se noue le drame : quoi de mieux qu’un idéal dévoyé pour justifier son strict contraire : "Notre démocratie libérale est corrompue ? Zut, c’est de la faute du libéralisme et de la démocratie, faisons donc une dictature !"

Ainsi, la responsabilité n’est pas à rechercher dans l’origine ou la nature de nos philosophies politiques mais dans les classes dominantes qui usent de leur pouvoir pour déformer les philosophies politiques, les systèmes politiques (ou leurs appellations) et les systèmes économiques. Lorsque dans les années 80, Reagan et Thatcher deviennent les apôtres du néolibéralisme, ce n’est pas parce qu’ils désirent accomplir la « logique du projet philosophique libéral ». Non, les dominants ne font pas de philosophie, ils dominent. (La philosophie n’est qu’un outil pour asseoir leur domination.) Après avoir constaté que la croissance économique est achevée, la classe dominante décide d’acquérir la maitrise du Capital. Cela se caractérise par une captation des richesses (nouvelles et anciennes) à son profit, c’est-à-dire le profit des oligarchies financières.

Cette captation de richesse est mise en œuvre selon divers moyens évoqués plus haut [libre circulation des capitaux, mise en concurrence internationale des travailleurs, nivellement par le bas des salaires et des droits sociaux, suppression de services publics, suprématie absolue de l'économie, endettement public, paradis fiscaux, fiscalité accommodante pour les haut revenus et les hauts patrimoines…] sous l’étiquette écœurante de « projet global du libéralisme ». Dans la réalité, cette stratégie fut notamment mise en œuvre par Reagan et Thatcher et se traduit dans les propos, d’un extrémisme terrifiant, de Friedrich Von Hayeck :

« Non seulement le concept de justice social est un non sens, mais il est devenu le prétexte par excellence pour liquider les structures du monde libre […] Nous devons [le] combattre [puisqu’il] devient le prétexte à user de la contrainte envers d’autres hommes. […] Concept strictement vide et dénué de sens, il est un signe de l’immaturité de notre esprit. […] L’égalité des chances [est] un idéal totalement illusoire et tout essai de le faire passer dans les réalités risque de créer un cauchemar. […] [Je souhaite faire en sorte que mes contemporains] éprouvent désormais une honte insurmontable à se servir encore des termes « justice sociale »[1] »

Ici, comme souvent, l’idéologie et la philosophie (pour ne pas dire la religion) ne sont que des accessoires et des prétextes pour organiser l’asservissement et justifier un pouvoir. Comment soutenir la thèse de « l’unité du libéralisme » lorsque, comme au Chili, le libéralisme économique devient le prétexte de l’extinction du libéralisme politique ?

« Une dictature peut-être un système nécessaire pour une période transitoire. […] Je préfère sacrifier la démocratie temporairement – je le répète temporairement – plutôt que la liberté. […] Personnellement je préfère un dictateur libéral à un gouvernement démocratique non libéral. »[3]

Dans cet extrait :

  • « liberté » est à comprendre comme « ultralibéralisme économique ».
  • « temporairement » est à comprendre comme « 17 ans »
  • « dictature » est à comprendre comme « régime marqué par de multiples violations des droits de l'homme (plus de 3 200 morts et disparus, plus de 38 000 torturés) »

>> Friedrich Von Hayeck ou comment lutter contre un libéralisme par un autre libéralisme, ou comment démolir le libéralisme politique au motif du libéralisme économique, ou comment la liberté économique est instrumentalisée par les classes dominantes afin de soumettre les classes populaires ou des pays sous le prétexte de « projet global du libéralisme ».

C’est par ce genre de contradiction que l’on peut démasquer l’élasticité, pour ne pas dire l’inconsistance, du terme de « libéralisme ». Comment expliquer la fausse route de Jean-Claude Michéa ? Probablement l’orgueil de l’intellectuel. En effet, il n’y a que des philosophes pour imaginer que la philosophie politique, c’est-à-dire d’autres intellectuels, ont une semblable influence sur le monde. Il n’y a que des intellectuels pour présumer un tel détachement, une telle supériorité de l’esprit sur la matière jusqu’à estimer que l’histoire des idées ne rend compte qu’à elle-même et à ses élites. Cette conception vaporeuse de la philosophie politique libère d’une analyse des rapports de forces interclasse et géopolitique ainsi que d’une prise en compte des mutations médias. N’est-il pas douloureux d’admettre pour nos délicats intellectuels que leur charmante philosophie est une trainée prompte à se vendre, s’offrir, se faire dominer, humilier, salir par les élites dominantes qui maîtrisent la dialectique (comme une arme) ?

C’est un lieu commun de reconnaitre que le libéralisme, qui n’est qu’un mot péjoratif pour désigner la liberté, doit se voir imposer des limites. Néanmoins, épiloguer de la « juste » limite de cette liberté dans le domaine de la morale, du droit, de l’économie, de la politique est un débat philosophique dont la résolution devrait être « réellement démocratique » et non l’affaire de quelques intellectuels à l’esprit étriqué."

Éric Guéguen :

Pour te répondre, partons des conditions parfaites : une communauté d'êtres humains vivant en parfaite harmonie, en parfaite communion de pensée, une communauté où règnerait le plus possible l'amitié la plus parfaite qui puisse être. Il est évident que plus la communauté est étendue, plus ceci tient de l'utopie. Es-tu d'accord avec ça ?

Si oui, afin de pallier les problèmes de mésententes, penses-tu pouvoir faire intervenir un ciment social totalement matériel ? C'était le souhait du communisme qui, s'il a trahi Marx, n'en est pas moins parti de la même prémisse : à savoir que la condition matérielle prime le reste et que le développement intellectuel est accessoire (car dire que c'est une superstructure, c'est dire qu'il est accessoire). Les communistes l'ont pris au mot et, en exagérant quelque peu, l'intellectuel à lunettes est peu à peu devenu traitre à la cause.

Or, l'étude des communautés primitives nous apprend qu'elles tenaient leur harmonie de principes supérieurs, supérieurs parce que spirituels. C'est un fait universel me semble-t-il. Certes, ce n'était pas à proprement parler l'intellect qui dominait, mais l'esprit importait plus que la matière, précisément parce que l'esprit de corps était nécessaire et qu'on ne pouvait l'obtenir par la possession matérielle, par essence exclusive.

Et là où la perversité va loin, c'est que le libéralisme - qui partage avec le marxisme ce présupposé matérialiste - finit par généraliser cette vision du monde au point de réduire les individus à n'être plus que des "prosumers", producteurs-consommateurs. Et nous en sommes là. Ce qui fait dire à des gens comme Michéa et Dany-Robert Dufour (dont je te conseille la lecture) - ce en quoi je suis d'accord - que la pensée de gauche, matérialiste, redistributive, quant elle n'est pas carrément libertaire, est condamnée à être l'idiote utile du capitalisme tout-puissant. On ne fait pas émerger l'ÊTRE collectif, de l'AVOIR, qu'il soit individuel ou collectif. Il faut penser l'être avant l'avoir, d'où le primat des idées. Ou bien, pour reprendre Aristote : les causes matérielles ont beau précéder chronologiquement les causes finales (on s'incarne dans un corps avant de pouvoir penser), elles leur cèdent en importance. Sinon nous ne serions que des animaux comme les autres.

Quant à savoir si c'est le philosophe qui modèle son époque ou si c'est l'inverse, je crois que les deux influences s'entremêlent : il y aurait tout un livre à écrire là-dessus, compliqué au possible. À un moment j'y consacre une demi-page dans le bouquin : il est bien évident que Spinoza ou Machiavel n'auraient pas écrit la même chose s'ils avaient vécu dans un autre pays que le leur, néanmoins leur pensée, comme celle de Marx (le comble !), a profondément imprégné les générations successives et les décisions politiques qui en ont découlé. Je mentionne dans mon avant-propos la volonté - touchante ! - de Marx de se mettre au niveau de compréhension du prolétaire de l'époque... Je ne sais pas si le mec qui me trouve pédant sous ta vidéo a lu Marx, mais il devrait...

Voilà à peu près ce que je voulais te répondre. Merci pour cet échange.

Alban Dousset :

>> "penses-tu pouvoir faire intervenir un ciment social totalement matériel ?"

Absolument pas. Ce n'est d’ailleurs pas ce que j'ai dit.

Pour être précis :

Je reconnais une nécessité pour les communautés de se doter de spiritualité, d'idéaux (moraux, politiques, etc..), théories, philosophies.

Je pense que concevoir une société sans ces éléments "idéalistes" est une terrible erreur. Mais, pour prendre une comparaison, je pense que les éléments idéalistes sont pour une société, comme des vêtements pour individu. Selon les circonstances, ils peuvent s'avérer utiles voire carrément vitaux ou simplement esthétiques.

Ma critique ne porte pas sur ces éléments "idéalistes" en tant que tels mais sur la vision historique qu'ils offrent lorsqu'ils sont considérés comme essentiels, c'est à dire comme une cause majeure, dans l'histoire de l'humanité.

Je ne dis pas non plus qu'ils n'ont pas d'influence, je dis que leurs influences sont relativement mineures vu les causes matérielles pour comprendre (et agir) sur l'histoire.

Tu dis également "principes supérieurs, supérieurs parce que spirituels". Personnellement, je me garde bien d'établir une hiérarchie entre le spirituel et le matériel : une société a besoin des deux.

Comme tu le rappelles dans ton livre, dans l'antiquité grecque, l'excellence était autant valoriser sur le plan physique (donc matériel) que sur le plan spirituel. Ce dont je veux bien convenir c'est que notre société actuelle (comme les diverses société communistes - type URSS) souffrent d'une terrible carence spirituelle.

Enfin, tu dis "On ne fait pas émerger l'ÊTRE collectif, de l'AVOIR, qu'il soit individuel ou collectif." Je t'invite à réfléchir sur cet "ÊTRE collectif".

>> N'a-t-il, selon toi, aucune dimension matérielle dans cet "ÊTRE collectif" ?

On peut définir une société comme : la somme des interactions entre les individus. Or la société (qui répond à la définition que je te donne) correspond à l'aspect "matérialiste" de l'ÊTRE collectif que tu évoques. Pour aller plus loin, c'est la manière dont interagissent les individus qui modifie profondément la société, donc l'ÊTRE collectif. Ainsi, les médias (au sens large et étymologique) conditionnent la manière dont interagissent les individus, donc l'ÊTRE collectif. Donc, l'ÊTRE collectif a des causes matérielles... et ces causes m’apparaissent déterminantes[4].

[N'en déplaise aux idéalistes historiques qui vénèrent les idées sans mesurer leurs faiblesses et leurs limites.]

Enfin, pour le mec qui te trouve pédant[5], je te demande de le pardonner. Pour en avoir été quelque fois la victime (qualifié de pédant), je crois que cette critique relève de l'usage d'un niveau de langage qui est inaccessible à l'interlocuteur et/ou suscite en lui une grande défiance, sinon du mépris. Il s'agit d'une forme de rejet de classe sociale je suppose.

Je comprends la nécessité d'utiliser des termes techniques, précis et un langage soutenu. Néanmoins, il est parfois nécessaire de simplifier le vocabulaire et de garder un langage courant pour rendre certaines idées/concepts accessibles et limpides au plus grand nombre. De plus, cela rend la lecture nettement plus fluide et agréable.

>> C'est justement la principale critique au sujet de la forme que je formulerais à l'égard de ton ouvrage.

Éric Guéguen :

Je te réponds en deux temps.

Tout d'abord, tu admettras, je pense, qu'il est des auteurs qui ont su décrire le système que nous subissons aujourd'hui sans jamais l'avoir vécu. Je pense notamment au courant janséniste et calviniste ayant anticipé notre monde libéral. Face à ce constat, deux possibilités. Ou bien il y a un lien entre leur pensée et notre époque, ou bien il n'y en a pas. S'il n'y en a pas, ce sont soit des visionnaires, soit des mecs qui ont eu un coup de pot, par pur hasard. Mais s'il y en a un - ce que je crois - ils ont contribué à leur échelle à instiller le changement de cap. Alors, bien entendu, je ne dis pas que tout leur est dû, et je ne dis pas (surtout pas !!) qu'ils n'ont pas également été influencés par leur époque. La porosité se fait dans les deux sens, mais bon... Je pense que certaines grandes idées, issues de certains grands esprits, percolent peu à peu dans la société quelque peu spectatrice à ce niveau.

Deuxième chose : Pour ce qui est du côté "pédant", c'est le lot quotidien des gens issus de la base, comme toi et moi, qui doivent sans cesse faire face à la fois au désintérêt de classe que leur témoigne les gens du sérail, et aux pairs qui, eux, leur demandent de cesser de payer plus haut que leur cul. C'est mon troisième livre. Le premier était un pamphlet qui n'a pas trouvé preneur. Le second était un roman qui n'a pas plu non plus. Et j'ai fini par faire ce que je sais réellement faire : de la philo. Même si j'ai parfois recours à des explications complexes, j'ai cette fois trouvé preneur. Je suis technicien automobile à la base, et je demande simplement à mes lecteurs le même genre d'efforts que j'ai dû moi-même fournir. Et que je continue de fournir. S'émanciper de la tutelle de nos représentants, c'est aussi cela, qu'on le veuille ou non. Je ne pense pas que l'on rétorque fréquemment à Michéa que ses bouquins sont trop difficiles à lire. Et de manière générale, la plupart de ce que je lis est d'un abord plus difficile que ma prose.

Alban Dousset :

J'admets sans réserve qu'il est "des auteurs qui ont su décrire le système que nous subissons aujourd'hui sans jamais l'avoir vécu"...

Outre le courant janséniste et calviniste, on pourrait penser à des auteurs de science-fiction comme Huxley ou Orwell. Néanmoins, tu admettras qu'en matière "d'éléments idéalistes", quelle que soit l'époque, il existe une grande diversité d'orientation spirituelle, idéologique, théorique, philosophique ou d’œuvre de science-fiction...

Mon propos n'est pas de dire qu'il n'y a pas de lien "entre leur pensée et notre époque", mais de dire que ce lien est déterminé (très largement) par l'utilité qu'en ont les classes dominantes.

Cette nécessité peut être le fait de désirer ancrer le pouvoir politique (droit de l'homme...) ou justifier un fonctionnement économique (individualisme Hobbesien ; darwinisme social de Spencer...) ou encore justifier la conquête ou la colonisation (nazisme/sionisme). Pour reprendre l'image des éléments idéalistes pour une société vue comme les vêtements pour individu.

Pour faire du jardinage, dans la vaste garde-robe dont tu disposes, tu opteras plus pour une paire de bottes et une salopette... et non pour des mocassins et un costume.
Pour faire fructifier un patrimoine financier (ce qui est l'intérêt majeur des classes dominantes dans une ploutacratie) tu opteras pour toutes les formes d'idéologie qui contribuent à cet intérêt : annihilation de la spiritualité (sécularisation des religions par la philosophie des lumières) et de l'art (art contemporain) ; neutralisation des disciplines subversives par l'élitisme intellectuel, la complexité sémantique et/ou l’hyper-mathématisation (philosophie, les sciences sociales dont l'économie) ; hyperstimulation des mouvements idéologiques/philosophiques qui servent l'intérêt de la classe dominante (darwinisme social de Spencer ; individualisme Hobbesien ; libre arbitre Cartésien et Sartrien [donc abolition du déterminisme]) ; stimulation des idéologies économiques libérales (école des classiques puis des néoclassiques) ; apologie constante du divertissement, de la superficialité, de la légèreté, du fétichisme de la marchandises, de la réussite individuelle...

Donc, pour synthétiser mon idée, il n'est pas question pour moi de hiérarchiser les éléments idéalistes et matérialistes d'un point de vue d'un idéal philosophique.
En revanche, mes analyses me conduisent à penser que dans une analyse historique, les éléments dits "matérialistes" sont plus déterminants que les éléments dit "idéalistes" (ce qui m'oppose clairement à la vision historique de Michéa) et que la percolation des idées que tu évoques est fortement déterminée par les classes dominantes.

Enfin, pour revenir sur la question de la forme :

D'une part la complexité sémantique visible dans les disciplines subversives est l'un des instruments centraux qui participe à l'abrutissement populaire (ça et les médias de masse). Dans une perspective d'éducation populaire (dont l'objectif serait d'amener le peuple à se regarder en face, dans un miroir...), il m'apparaît fondamental de s'adresser au peuple dans un langage qui lui est intelligible et auquel il ne sera pas hermétique (puisque instinctivement identifié comme celui des classes dominantes...).

J'irai même plus loin, si le peuple est cantonné dans les plaines du divertissement, c'est le rôle de l'intellectuel de le guider vers la montagne de la raison, les sommets de la philosophie autour desquels gravitent des nuages d'idéaux. C'est dans cette transhumance perpétuelle que je conçois le véritable rôle d'un intellectuel dissident. Pour chercher le peuple dans les plaines du divertissement, il faut parfois, pour un temps, mettre de côté sa technicité sémantique et abaissé d'un cran son niveau de langage... sous peine de contribuer à l'élitisme intellectuel et, dans une certaine mesure, à l'abrutissement populaire.

Éric Guéguen :

Pour faire synthétique, j'ai la nette impression que tu utilises systématiquement une grille de lecture dominants/dominés. Chouard fonctionne pareil. Je ne crois pas que ce soit pertinent, surtout à notre époque. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de dominés et de dominants... je parle constamment de l'oligarchie au pouvoir. Mais rien de comparable avec l'ancien monde. Autrefois, le consentement n'était pas requis : les masses n'étaient que des masses, et elles-mêmes l'avaient intégré. Aujourd'hui, les "dominants" ont besoin d'un consentement de la part des "dominés", et c'est dans la manière d'obtenir ce consentement qu'ils vont se montrer fourbes. Ça fait toute la différence. Il y a de la servitude volontaire introduite dans l'équation. Comme je le disais ailleurs, les dominés ne le sont que parce qu'ils sont invités à se donner à leurs pulsions, à leurs instincts matériels, à leur envie de consommation. Et ils en redemandent. Le néolibéralisme sait très bien qu'il les tient comme ça.

J'évite également de parler de "totalitarisme" pour parler du néolibéralisme, comme certains le font un peu négligemment, car c'est évacuer la complexité des choses. Le seul élément totalitaire que je perçois - comme dit dans mon livre - c'est celui du nombre. C'est-à-dire ce qui, à nos yeux de petits grouillots, est perçu au contraire comme une délivrance !! C'est un grand paradoxe. Nous sommes dans de l'égo-grégarisme : nous avons l'impression de nous singulariser, mais nous le faisons sans profondeur, en troupeaux, de manière égale. C'est une aubaine pour l'ingénierie sociale, et la matrice de notre impuissance politique. La trouille de ce qui distingue et élève, voire hiérarchise, est le pain quotidien du capitalisme le plus prédateur qui soit.

Un exemple que je prendrai dans une prochaine vidéo : la liberté d'expression. Avant il fallait empêcher la publication de certaines idées. Aujourd'hui il faut au contraire les noyer dans le flux continu d'informations. Le nombre étouffe et ruine toute possibilité de faire émerger des valeurs édifiantes. Tu auras beau tenter d'élever le niveau dans des vidéos en ligne (appelons un chat un chat), on te reprochera toujours de n'être pas assez fun, pas assez ludique vis-à-vis de la concurrence pléthorique qui, elle, offre réellement du divertissement. Tu pourras t'échiner à produire le meilleur contenu possible, il ne trouvera que peu d'écho. Sauf en tablant sur la dichotomie dominants/dominés... ça, c'est vrai que c'est un bon outil marketing. Mais je ne le fais pas car je n'y crois pas. Mais bon, je finirai peut-être par produire une vidéo "vache à lait", où il sera question de Juifs ou de musulmans, car c'est comme ça qu'on attire le chaland. Pas avec une réflexion poussée et originale, fût-elle présentée par des métaphores accessibles à toutes et tous.

Alban Dousset :

Ma compréhension de l'histoire humaine et de la réalité sociale repose sur 4 piliers (dont l'importance est variable selon le contexte) :

  • Compréhension des éléments idéalistes.
  • Compréhension des rapports de force politiques.
  • Compréhension des rapports de force économiques.
  • Compréhension des mutations médias.

Ma compréhension du réel me conduit à penser que les rapports de force politiques et économiques se sont progressivement superposés. Cette superposition (qui s'étale sur plus de 300 ans) m'amène à penser que le système politique est, en pratique, détenu par une oligarchie financière. Dans les faits ce système peut être qualifié de ploutocratie. Analyser la réalité sociale du point de vue du rapport dominants/dominés offre l'avantage de prendre en considération le rapport de force politique et économique (2 piliers donc). Je te prie donc de croire que cette grille de lecture n'est pas la seule que j'utilise mais elle permet de discerner l'influence de deux piliers qui se sont lentement superposés.

Cet échange me permet de développer une autre critique de fond que je pourrais adresser à ton ouvrage.

Dans celui-ci, tu sous-entends que l'impasse politique actuelle serait le fait d'une mauvaise alchimie entre la démocratie et l'aristocratie, le nombre et la raison. Cette alchimie conduirait donc à une neutralisation mutuelle du nombre et de la raison, notamment par l'influence nocive du marché.

Attention à ton égo, je me dois d'être sincère pour que tu mesures à quel point je suis en désaccord :

Cette analyse donne vraiment le sentiment d'un philosophe qui entreprends d'analyser un système politique (et ses dysfonctionnements) sans se confronter, à aucun moment, à la réalité.

Le nombre et la raison ont perdu le pouvoir politique réel il y a plusieurs décennies (ou siècle.. tout dépend, la guerre fut longue). Je ne te parle pas du pouvoir théorique, légal, je te parle du POUVOIR RÉEL.

Je crois que cette méconnaissance du réel te conduit à développer des analyses PUREMENT idéalistes qui ne prennent pas en compte certaines perspectives matérialistes telles que les rapports de force économiques et politiques.

Mes propos sont certainement violents : je te prie de n'y voir aucune méchanceté mais uniquement la signification (vigoureuse) de la profonde divergence dans notre analyse du réel.

Afin de combler cette méconnaissance, je t'invite vivement à lire "La guerre de monnaie"[6] qui décrit avec une grande pertinence la main basse du pouvoir économique sur le pouvoir politique.

Contrairement à toi donc, je crois que la grille de lecture dominants/dominés ; 1%/99% ; ne m'a jamais semblé aussi pertinente de nos jours, c'est à dire au moment où les pouvoirs politiques et économiques sont incroyablement concentrés et superposables...

>> Rien de comparable, effectivement, avec l'ancien monde ! [Sans ironie]
Il ne s'agit donc pas d'un "outil marketing" mais d'une dichotomie extrêmement pertinente pour ceux qui s'efforcent de penser le réel.
 

La question du consentement est factice.

Filons la métaphore, comparons le consentement politique moderne avec, disons, le consentement sexuel d'une jeune fille. Admettons qu'avec une monarchie (ou fascisme ou despotisme éclairé) ce consentement est directement bafoué et la jeune fille violée. Avec des élections, on ne demande pas : « Veux-tu un rapport sexuel et, si oui, avec qui ? » on demande : « Veux-tu un rapport sexuel avec Pierre, Paul ou Jacques ? » Et on ajoute : « Attention, Jacques est un pervers sexuel. » La dessus, pour être sûr que la jeune fille ne se rebiffe pas trop, on l'encourage à consommer des drogues, à ne plus se soucier de religion, on l'abreuve de mensonge au sujet de Pierre et Paul, on fait l’apologie permanente de la sexualité jusqu'à l'ériger en vertu.

>> Ce n'est pas l'idée que je me fais du consentement "libre". Et, dans cette "servitude volontaire", il y a, je le crains, beaucoup, beaucoup plus de servitude que de volonté (libre et éclairée)...

Contrairement à toi, je trouve que la notion de totalitarisme a un sens pour décrire notre réalité. J'explique pourquoi dans l'épisode 6 (consacré l'ingénierie sociale) :

"Un régime totalitaire se distingue d'un régime autoritaire ou d'une dictature dans la mesure où il cherche à contrôler la sphère intime de la pensée en imposant à tous les citoyens l'adhésion à une idéologie en dehors de laquelle ils sont considérés comme des ennemis de la société[7].

En pratique, on peut distinguer deux types de totalitarisme, un totalitarisme masculin et un totalitarisme féminin.

Le totalitarisme masculin "cherche à contrôler la sphère intime de la pensée et à imposer une idéologie" sur un style paternel en usant d'autorité et en générant de la peur. Le totalitarisme masculin produit et impose une pensée conforme contre laquelle on peut s'affranchir dans son intimité.

Le totalitarisme féminin "cherche à contrôler la sphère intime de la pensée et à imposer une idéologie" sur un style maternel usant d’une forme de séduction et de manipulation. Le totalitarisme féminin produit et impose un cadre de pensée conforme qui incarne à la fois une pensée dominante et une pensée contestataire qui écartent, dans leur dialectique, les questionnements et les arguments jugés non conformes."

Pour commenter brièvement ton dernier paragraphe, l'objectif de mes vidéos est d'offrir des synthèses complètes et sourcées, dans un langage accessible, avec une réalisation pédagogique. Rien de plus.

Je te prie de croire que le choix de mes sujets correspond réellement à mes intérêts personnels.

Éric Guéguen :

Tout d’abord, sache que je ne prends pas du tout mal la critique. Et c’est un vieux débat que j’ai avec un agoravoxien, lecteur de Machiavel et de Marx qui, lui aussi, focalise sur les rapports de force. Et ces rapports de force, à aucun moment je ne les nie. Seulement on a changé de paradigme. Pour dire les choses clairement, je dirais ceci (et c’est encore une fois la formule que j’emploierai dans une prochaine vidéo sur le relativisme culturel) :

Le grand cadeau de la modernité, c’est la massification. C’est quelque chose d’inédit dans l’histoire : nous vivons à l’ère des masses, pour le meilleur… et pour le pire, on oublie trop souvent de le mentionner. De fait, nous avons tendance à voir dans la massification un soulagement, la promesse d’un monde sans classes, d’un amas d’individus indistincts si ce n’est du point de vue des goûts superficiels.

Eh bien ce que je fais dans la partie consacrée à l’ « empire du nombre » (que tu as lue), c’est expliciter en quoi la massification est aussi le formidable outil de notre impuissance politique. Et ce que nous appelons oligarchie, qui existe réellement, s’appuie là-dessus. Je veux dire qu’elle [l’oligarchie] a parfaitement conscience du fait que la massification soit pour nous ET un élément rassurant, ET un élément paralysant. Et c’est une aubaine !!! Nous sommes demandeurs de ce qui nous paralyse !!! D'où l'image que j'emploie à la fin du livre 2 de la main du capitalisme qui meut le gant démocratique.

C’est absolument génial, et les pires dictateurs des temps poussiéreux n’auraient jamais pensé à un truc pareil. L’oligarchie de notre époque est particulière en ceci qu’elle s’appuie sur l’ochlocratie, un concept bien moins en vogue que la ploutocratie, mais néanmoins tout à fait pertinent. Et si je prône un régime hybride entre aristocratie et démocratie (que j'appelle démocratie "ordinale" et avec laquelle tu vas bientôt faire connaissance dans mon bouquin), c’est précisément parce que je veux inviter la première à contrer l’ochlocratie, et la seconde à contrer l’oligarchie. Et je le fais en prenant des exemples concrets : tu le verras en finissant la lecture.

Maintenant, j’aimerais répondre en deux temps au fait que tu me trouves « idéaliste ».

D’abord par un exemple historique : le capitalisme aurait pu germer dès le XIIe ou le XIIIe siècle, il était prêt, dans les cartons, mais ça ne s’est pas produit. Pourquoi ? Parce qu’une chape de plomb morale – donc des idées… – l’en empêchait. Il aura fallu attendre que la bourgeoisie, notamment anglo-saxonne, foute en l’air le christianisme pour débrider l’élan marchand. Il me semble que ce qui te rebute dans le fait que les idées puissent mener le monde (cf. mon exemple de l’IPAD), c’est qu’elles émergent de cerveaux géniaux et isolés, qui se distinguent donc du commun des mortels. Ce qui m’amène à la suite...

Je perçois dans ta lecture du monde moderne et contemporain un attachement à une idée bien précise, de sorte que tu me parais être le plus « idéaliste » de nous deux. Cette idée, c’est l’ « égalité » en tant qu’elle serait vouée à advenir tôt ou tard de la manière la plus étendue possible (Chouard, une fois de plus, a le même biais, d'où sa lecture dominants/dominés obsessionnelle). Nombreux sont les gens à être « esclaves » de l’idée d’égalité, à la pronostiquer en toutes choses. Partant de là, il leur est bien difficile de comprendre ce paradoxe : qu’un attachement excessif à l’idée d’égalité puisse engendrer… les pires inégalités qui soient !! Tu ne vas pas tarder à lire ce que je dis de la justice vis-à-vis de l’égalité (Aristote), et de l’exemple on ne peut plus concret que je prends avec l’Éducation nationale. J’espère que tu rebondiras là-dessus également. ;-)

Alban Dousset :

Je suis globalement d'accord avec le phénomène idéologique que tu décris (massification...) et son influence social. Je n'y reviens donc pas.

Sur les deux points que tu développes :

Tu évoques brièvement la naissance du capitalisme (et avant lui des lumières)... D'une part je ne nie pas l'influence que peuvent avoir les idées sur le réel néanmoins, je pense que la sécularisation du christianisme/guerre de religion, l'essor des sciences, le renouveau philosophique, la virulente critique de la monarchie. C'est à dire le contexte social qui a conduit à la révolution et l'avènement du capitalisme... Tout cela est étroitement lié à une invention qui va radicalement changer la société : l'apparition de l'imprimerie (et avec elle, l'impression des bibles, des recherches scientifiques, des essais philosophiques, des pamphlets antimonarchiques...)

Contrairement à l'idée que tu te fais de moi, je ne suis pas un "acharné de l'égalité". Je trouve que l'objectif d'égalité politique pour repenser notre système politique est intéressant. Mais cela ne signifie pas nécessairement que je suis contre une dose aristocratique dans le système politique de demain... Au contraire. Personnellement, je pense que des constituants tirés au sort trouveraient d'eux même un équilibre adéquat entre démocratie et aristocratie. En matière politique, je ne me suis jamais penché sur un "système politique idéal".

Mes travaux portent sur l'économie politique. En la matière, j'ai très peu été guidé par l'égalité. Les principes qui sous-tendent mes préconisations sont l'équilibre et la justice sociale.

Éric Guéguen :

Pour moi, je le dis et l'explique abondamment dans mon livre, la "justice sociale" est l'autre nom du désir d'égalité. Hayek - que je n'apprécie pas particulièrement - l'a d'ailleurs bien senti. La justice est un mot qui se suffit à soi seul. Lui accoler le mot "sociale" est à mes yeux un sophisme.

 

[1] Le lien vers ma vidéo consacrée à la démocratie : https://www.youtube.com/watch?v=r5T6Fag06N4

[3] Friedrich Von Hayeck , avril 1981, interview au journal Chilien « El Mercurio ».

[5] Référence à un commentaire Youtube relativement agressif qui reprochait notamment à Éric Guéguens d’être pédant.


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103 réactions à cet article    


  • maQiavel maQiavel 4 janvier 2016 15:16

    Article très intéressant, je ferai un commentaire dès que possible !


    • Agor&Acri Agor&Acri 3 mars 2016 17:08

      @maQiavel
      « Article très intéressant, je ferai un commentaire dès que possible ! »

      idem pour moi.
      ...
      Voilà, 2 mois ce sont écoulés, je poste un commentaire.
       smiley

      Bon, sérieusement, je tombe seulement aujourd’hui sur cet échange entre Alban D. et Eric G.
      et je m’incruste en haut de la file de commentaires pour avoir une toute petite chance d’être lu par les intéressés.

      Les 2 points de vue, les 2 approches, sont dignes d’intérêt
      mais je vais distribuer 3 points à Alban
      1- Eric reste trop cantonné dans les carcans de constructions intellectuels qui l’amènent à évoluer dans une forme d’abstraction idéaliste qui se trouve à la croisée des chemin entre intellectualisme, théoricianisme (je me comprends) et référencialisme (je me comprends toujours) pouvant prendre des allures pédantes.
      Si je demande à un cobaye d’ouvrir une porte,
      en préambule à l’exploration d’une pièce,
      dans 99.99% des cas, il y parviendra spontanément.
      Je pourrais préalablement lui décrire en détail le mouvement à effectuer, du bras et de main, les difficultés ou les résistances qu’il risque de rencontrer (force de frottement contre l’encadrure, sur les gongs, résistance de l’air, poignée peut-être glissante,...), le nombre de calories qu’il va bruler au cours de cette action, la perspective qui s’offrira à lui une fois la porte ouverte, les références littéraires ayant traité du sujet, les exemples connus de portes mal ouvertes et par qui, etc, etc, ...
      Au final, dans les 2 cas, le résultat sera le même,
      sauf que dans le premier, l’action est réalisée plus immédiatement et que mon cobaye est frais et dispo pour intégrer les indications utiles à l’exploration de la pièce
      ....contrairement à celui qui a reçu un cours sur la manière d’ouvrir une porte et s’est vu contraint d’intellectualiser l’acte.

      2- « totalitarisme » et « néolibéralisme »
      Le système économique est néolibéral,
      les procédés par lesquels l’oligarchie, bénéficiaire de ce système, ostracise les lanceurs d’alertes, les « éveilleurs de conscience », en les désignant notamment comme ennemis de la démocratie, sont totalitaires.
      Lorsque le système médiatique d’un régime lance de vastes campagnes de propagande pour éduquer la population sur ce qu’on doit penser de ceci ou de cela, ou bien d’intel ou intel,
      lorsque les représentants de la bien-pensance trustent les plateaux télé pour donner à la population sa dose de pédagogie
      en nous expliquant pourquoi il n’est pas bon de ne pas être Charlie
      ou pourquoi il est malsain de s’étonner des aberrations de la version officielle de tel ou tel évènement
      et que ce caractère si profondément malsain justifie qu’aucune réponse sérieuse et crédible n’ait besoin d’être apportée à ceux qui s’interrogent,
      sauf à prendre un argument marginal et particulièrement faible des sceptiques et à le contredire aisément en faisant croire qu’il s’agit d’un argument-clé qui ne laisse donc plus de place au doute et que les « théoriciens du complot » sont donc bien de pauvres clowns,

      ...quand le mensonge parle en maître en provenance des voies officielles et qu’il n’est contredit par aucun contre-pouvoir,
      ...alors cela se nomme totalitarisme.

      3- l’égalité, l’égalitarisme
      sujet que j’ai déjà évoqué avec Eric : ici, on ressent toujours qu’il est en REACTION,
      malgré de louables efforts pour pondérer son propos et maîtriser ce qui semble s’apparenter à une aversion profonde, de principe, ayant pour effet de déformer sa perception face au discours d’un interlocuteur.
      Au point que cela peut l’amener à soupçonner d’égalitarisme quelqu’un qui ne demande rien d’autre que d’avantage d’équité et moins de privilèges indus.

      Bon,
      je viens de me relire, c’est un peu brouillon
      mais étant donné que personne ne lira sans doute jamais un message posté 2 mois après la bataille...


    • Agor&Acri Agor&Acri 3 mars 2016 17:10

      @Agor&Acri

      constructions intellectuelles


    • Alban Dousset Alban Dousset 3 mars 2016 18:09

      @Agor&Acri
      J’ai lu et je suis d’accord.
      Si tu as le temps et si tu ne l’as pas vue, je te recommande ma vidéo sur l’ingénierie sociale : http://www.agoravox.tv/actualites/societe/article/chronique-d-un-eveil-citoyen-51413


    • Agor&Acri Agor&Acri 4 mars 2016 18:38

      @Alban Dousset

      au cours des derniers mois, j’ai déjà visionné (et apprécié smiley ) l’ensemble des Chroniques d’un éveil citoyen.
      Gros travail, bon boulot !

      J’y ai notamment retrouvé, sous une forme plus vivante,
      des thèmes, des exemples et des références qu’avait traité l’auteur d’un forum que je suivais régulièrement
      LE SILENCE DES LOUPS (Décryptage d’un monde interdit aux moins de 16 dents)
      avant qu’il ne tombe en désuétude suite à la migration du site qui l’hébergeait.
      (Disparition d’illustrations parfois capitales pour la compréhension ou l’aération du texte ou pour sourcer l’information, rupture des renvois vers des références et rupture des liens vers les précédents billets, ...)

      Encore bravo pour l’investissement personnel, pour la pertinence du propos
      et, en fait, pour être
      Un disciple de Spinoza.
      Une sentinelle du peuple.
      Un virus de la démocratie.
      Un avocat du diable.
      Un chercheur en Vérité.
      Un agent subversif.
      Un amoureux de la contradiction.

       smiley smiley


    • Alban Dousset Alban Dousset 4 mars 2016 19:01

      @Agor&Acri

      Merci beaucoup pour ces encouragements, je suis heureux que tu apprécies ce travail.
      J’espère que tu continueras à suivre mes travaux.

      A bientôt,


    • maQiavel maQiavel 4 janvier 2016 19:31

      Concernant la question de l’échelle, je suis plutôt d’ accord avec Gueguen. Il est vrai que comme le dit Alban Dousset , « les systèmes démocratiques les plus « purs » observés sont ceux des sociétés primitives » mais il faut se rappeler que ces communautés composées de quelques dizaines d’ individus tout au plus , régulaient strictement le flux de leur démographie : lorsque ces communautés augmentaient en nombre , elles se divisaient car ces primitifs avaient bien saisi qu’ avec l’ augmentation démographique apparaît très vite une forme stratification sociale, donc une relation de commandement-obéissance , prélude à l’ Etat centralisé : le pouvoir devient extérieur à la communauté ,un pouvoir extérieur et créateur de sa propre légalité qui représenterait un risque mortel pour le groupe. C’est le passage de la communauté à la société. 

      La structure du pouvoir dépend donc fondamentalement de la taille du groupement. Dans ces communautés primitives, la stratification sociale est quasiment nulle, le groupe a des activités collectives, et les clivages sont fondés sur le sexe, l’âge et les relations de parenté. 

      Nous ne pouvons pas décemment penser, dans nos sociétés modernes et techniciennes fondée sur la spécialisation du travail et des outils de production, et regroupant des millions d’individus, à recréer un tel état.

      Il y’ a l’alternative du fédéralisme qu’Alban Dousset mentionne. Mais il faut bien se rendre compte que par ce biais, la décentralisation est telle que les décisions prises au niveau national dans une nation de plusieurs dizaines de millions d’individus seront lentes. Trop lente pour être efficace, un tel système politique finirait par imploser.

      Il faut donc nécessairement une représentation gouvernementale, pouvant prendre les décisions au niveau national le plus efficacement possible : un mode de gouvernement qui ne soit pas stricto sensu démocratique ! On peut évidemment combiner cela avec la formule fédéraliste : placer au centre de l’Etat un gouvernement puissant, et à sa périphérie des organisations locales autonomes. 

      Si la démocratie n’est pas réalisable dans des Etats de plusieurs millions d’individus, la souveraineté populaire l’est ! Contrairement à la démocratie, la souveraineté ne nécessite pas l’action permanente mais des actions ponctuelles. Elle s’exprime fondamentalement par le pouvoir de faire les lois et avant toute chose, par le pouvoir de faire la loi fondamentale : la constitution qui est une norme (elle n’est pas qu’un texte) au sommet de la hiérarchie des normes, qui définit les institutions et les relations entre les institutions ainsi que les libertés fondamentales.

      Je pense que beaucoup de militants démocrates se trompent de combat, ce dont nous avons besoin, ce n’est pas d’une vraie démocratie mais d’une réelle souveraineté populaire. 


      • beo111 beo111 4 janvier 2016 21:56

        @maQiavel

        Pas sûr qu’il y ait besoin d’un gouvernement. Les belges s’en sont bien passés durant des mois, et ce n’est pas le peuple mais bien le roi qui a oeuvré au retour d’un gouvernement.

        Par contre c’est sûr que la vraie démocratie parait illusoire en France, et que les citoyens feraient mieux de s’occuper des formes que pourra prendre la souveraineté populaire.


      • maQiavel maQiavel 4 janvier 2016 22:37

        @beo111
        En fait les Belges n’avaient plus de gouvernement élu, puisque le mandat de ceux qui étaient au gouvernement avait expiré mais ils avaient bel et bien un gouvernement. 

        Non, il faut absolument un gouvernement pour diriger un État. 
        Sur la souveraineté populaire, nous sommes d’accord !

      • maQiavel maQiavel 4 janvier 2016 22:42

        @Baruntse
        C’est un problème qualitatif certes mais c’est aussi un problème quantitatif !


        Comment pourrait fonctionner un gouvernement démocratique d’un État contenant des dizaines de millions de personnes ? Structurellement, c’est impossible, même en considérant que les habitants de cet État aient la même vision et les mêmes moeurs... 
        À cette échelle, il faut absolument qu’un petit nombre gouverne, on ne peut pas y couper... 

      • sHAW42 4 janvier 2016 23:05

        @Baruntse

        Pour sur que si, il faut juste éliminer tout processus de domination possible, tout dans l’exemplarité et la méritocratie naturelle, génétique et cognitive smiley

        Et surtout

        IL FAUT RESPECTER L’INTELLIGENCE DANS L’EMPATHIE LA PLUS TOTALE POSSIBLE


      • sHAW42 4 janvier 2016 23:10

        And never never never forget my guitar gently weeping smiley


      • maQiavel maQiavel 5 janvier 2016 00:19

        @Baruntse



        -La démocratie se résume non pas à « le gouvernement par le peuple pour le peuple » mais à « l’élite ISSUE du peuple gouverne POUR le peuple » et le peuple juge rétrospectivement ...

        Non, ça ce n’est pas une démocratie. La democratie, c’est le gouvernement du peuple. Lorsqu’une élite gouverne, même si elle est issue du peuple, qu’elle gouverne pour le peuple et qu’elle est jugée par lui, ça reste une oligarchie car le petit nombre gouverne. Seulement, dans l’oligarchie que vous décrivez, le peuple est souverain. 

        Nos États modernes sont condamnés à être oligarchiques, c’est structurel :



      • maQiavel maQiavel 5 janvier 2016 01:44

        @Baruntse
        Si on se limite au corps citoyen, Athènes était une démocratie car tout ce que l’assemblée du peuple ne pouvait pas faire était dévolu aux tirés au sort (à l’exception de la charge de stratège qui était la seule magistrature élective). 

        Si on s’étend au delà du corps citoyen pour inclure les femmes, les meteque et les esclaves dans le champ politique, alors Athènes était une oligarchie. Sinon, oui effectivement, la democratie n’est possible que dans des communautés primitives constitués d’un petit nombre de personnes, dès que l’on va au delà, l’oligarchie devient la règle... 

      • maQiavel maQiavel 5 janvier 2016 01:46

        @Baruntse
        Ce qui différencie ici c’est la « technologie » 



        Technologie ou pas, à partir d’une certaine quantité d’individu, le pouvoir devient oligarchique... 

      • beo111 beo111 5 janvier 2016 09:50

        @maQiavel

        Non les belges n’avaient pas de gouvernement et ils s’en portaient très bien puisque du coup plus personne ne lançait de nouveaux projets pharaoniques et les projets en cours pouvaient donc être menés jusqu’au bout, d’un point de vue économique c’était donc plutôt bénéfique.


        Cela responsabilisait plus les députés, ces soit-disant représentants du peuple.

        C’est un point important tout de même : s’il est normal que le gouvernement soit responsable devant l’oligarchie qui l’a amené au pouvoir, les représentants du peuple doivent être responsables devant le peuple, bordel.

        Et si nous sommes d’accord sur la nécessité d’avoir un État, la question se pose tout de même : un État pour quoi faire ? Si l’on s’en tien aux fonctions régaliennes j’ai un doute. 

        L’armée par exemple, si le peuple souverain décide qu’elle ne doit pas servir des guerres d’agression mais bien et uniquement défendre le territoire français, à quoi ça sert que l’oligarchie désigne son chef ? Un brave militaire de carrière fera très bien l’affaire.

        Si le territoire commence à être envahi on tape, sinon on ne tape pas, pas besoin de l’avis d’un gouvernement ou même d’un parlement pour ça, on gagne en efficacité.

        Je remarque d’ailleurs que le gouvernement est souvent plus enclin à aller foutre la merde dans les autres pays que de protéger son propre territoire. Par exemple il y a une dizaine d’années en RDC le gouvernement congolais a laissé sciemment des bandes armées d’une puissance étrangère occuper une partie de son pays.

      • maQiavel maQiavel 5 janvier 2016 11:35

        @Baruntse
        Bof, rien n’empêche de faire des vote par internet avec des millions de personnes.


        Et combien de temps ça prendra de prendre toutes les décisions gouvernementales par millions même par internet ?Votre gouvernement sera lent et inefficace... 
        Ce n’est déjà pas facile de faire cela avec des groupes de milliers d’individus, alors des dizaines de millions ?

      • maQiavel maQiavel 5 janvier 2016 11:42

        @beo111

        Non les belges n’avaient pas de gouvernement 

        Vous êtes mal renseigné, les Belges avaient un gouvernement intérimaire, qui était d’ailleurs le gouvernement démissionnaire :https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Gouvernement_Leterme_II

      • maQiavel maQiavel 5 janvier 2016 11:51

        @beo111

        -L’armée par exemple, si le peuple souverain décide qu’elle ne doit pas servir des guerres d’agression mais bien et uniquement défendre le territoire français, à quoi ça sert que l’oligarchie désigne son chef ? Un brave militaire de carrière fera très bien l’affaire.

        Que voulez-vous dire ? Que la guerre doit être du ressort du militaire et non du politique ? Non, c’est absurde, tout ce que font les militaires, c’est déployer des actions consistant à remplir des objectifs politiques, autrement dit, la guerre n’est que la continuation de la politique par d’autres moyens. Pour fixer des objectifs stratégiques, il faut des politiques. La guerre est une chose trop importante pour être laissée aux militaires. 
        Pour le reste, je sais très bien qu’un gouvernement est dangereux pour la collectivité, que le risque de trahison est grand etc.,mais il reste un mal nécessaire. 

        Si c’est nécessaire, il en faut un et si c’est un mal, il faut des contre-pouvoirs populaires adapté au danger qu’il représente... 



      • maQiavel maQiavel 5 janvier 2016 12:02

        @beo111
        Si le territoire commence à être envahi on tape, sinon on ne tape pas, pas besoin de l’avis d’un gouvernement ou même d’un parlement pour ça, on gagne en efficacité.



        C’est plus complexe que ça ! Déjà il faut comprendre l’environnement international et ensuite élaborer une stratégie globale en fonction de ses intérêts. Tout cela demande des réseaux de renseignements efficace, des alliances diplomatiques, des capacités dissuasives etc. Tout cela rien que pour ne pas en arriver à la guerre. 

        En cas de guerre, de façon spontanée se produit une concentration des pouvoirs civils et militaires car la guerre mobilise tout le champ social (économique, culturel, politique, militaire, diplomatique etc.) et que les décisions doivent être prises très rapidement. Il faut bien un gouvernement pour assurer ce rôle et si vous le confier aux militaires, de facto, ce sont eux qui assureront le rôle du gouvernement, votre conception conduira à l’instauration d’une junte militaire. 

        Il ne s’agit donc pas de simplement attendre qu’un ennemi attaque pour qu’un militaire de carrière assure la défense du territoire, c’est bien plus compliqué que ça... 

      • Alban Dousset Alban Dousset 5 janvier 2016 13:04

        @maQiavel

        « il faut se rappeler que ces communautés composées de quelques dizaines d’ individus tout au plus , régulaient strictement le flux de leur démographie : lorsque ces communautés augmentaient en nombre , elles se divisaient car ces primitifs avaient bien saisi qu’ avec l’ augmentation démographique apparaît très vite une forme stratification sociale, donc une relation de commandement-obéissance , prélude à l’ Etat centralisé : le pouvoir devient extérieur à la communauté ,un pouvoir extérieur et créateur de sa propre légalité qui représenterait un risque mortel pour le groupe. C’est le passage de la communauté à la société. »


        Je rejoins globalement ce propos que je souhaite néanmoins nuancer. La naissance de l’état centralisé et de la hiérarchie sociale me semble multifactorielle et ne devrait pas se résumer à l’augmentation démographique (qui reste cependant un facteur majeur). Ainsi, on pourrait ajouter le facteur militaire/sécuritaire (organisation militaire performante >> hiérarchie/commandement >> état/empire centralisé / hiérarchie sociale) et le facteur médiatique (écriture >> nécessité de compétence techniques et intellectuelle >> centralisation du pouvoir / hiérarchie sociale de fait). Ainsi la société, notamment ses institutions et son fonctionnement politique, ne m’apparaît pas seulement conditionnée par sa taille mais également par d’autres nécessités (militaires et médiatiques).


        Votre lecture du réel gagnerait donc à modérer l’importance de la taille démographique dans la nécessité de se doter d’un État central et d’une hiérarchie sociale.


      • Alban Dousset Alban Dousset 5 janvier 2016 13:08

        @maQiavel

        Le meilleur argument pour relativiser ce facteur est apporté par Éric dans notre échange lorsqu’il évoque le phénomène de massification. Car, l’un des aspects de la modernité est cette massification (sociale) et, avec elle, une abolition de nombreuses hiérarchies sociales (clergé/noblesse). Or ce phénomène de massification, qui consiste notamment dans l’abolition de certaines hiérarchies sociales, s’est développé parallèlement à une augmentation du nombre d’individu, ce qui contredit, partiellement, le seul argument de la croissance démographique.

        Un autre argument est apporté par Dupuis-Déri dans ma vidéo sur la démocratie. Dans la France médiévale, le fonctionnement était relativement démocratique (malgré la présence d’un roi pour des aspects militaires) bien que la taille démographique de cette société médiévale (composée, en réalité, d’une mosaïque de communauté) soit considérable. >> Cette « mosaïque de communauté », avec un fonctionnement relativement démocratique, méritait cependant son nom de société pour diverses raisons, notamment idéologiques/culturelles.

        Revenons au présent :

        Les hiérarchies des pouvoirs politiques (élus politiques), judiciaires (justice/force de l’ordre) et économiques (hiérarchie dans l’activité professionnelle) sont globalement présentes du fait qu’elles aient été préalablement instituées. Excepté, il faut le reconnaître, pour les nécessités militaires (armée).


      • Alban Dousset Alban Dousset 5 janvier 2016 13:10

        @maQiavel

        A titre personnel, j’ai tendance à penser que :

        Les nécessités susceptibles de subvertir les institutions (hiérarchies politiques, économiques et judiciaires) sont d’ordre médiatique >> si égalité médiatique, égalité face à l’information et la connaissance, faible légitimité du principe aristocratique ultra vertical (type 5° république) et désir sous-jacent d’égalité politique (le phénomène Etienne Chouard n’est pas un hasard conjoncturel et vu la perspective médiatique, il ne peut que prendre de l’ampleur).

        Les nécessités susceptibles de bouleverser les institutions (hiérarchies politiques, économiques et judiciaires) sont d’ordre économique >> historiquement, les révoltes/révolutions se produisent lorsque des carences économiques surviennent ou, plus vulgairement, lorsque le peuple a faim (or vu la précarité de l’économie financière, ce bouleversement surviendra prochainement).


      • Alban Dousset Alban Dousset 5 janvier 2016 13:14

        @maQiavel

        C’est cette double perspective qui me conduit à penser qu’un plus de démocratie, c’est-à-dire un plus d’égalité politique, surviendra prochainement. Mais je demeure lucide sur le fait que vu la complexité de nos société, l’individualisme institué et d’autres facteurs, il ne s’agira pas d’une démocratie « pure », c’est-à-dire une démocratie purement directe. Selon moi, il devrait s’agir d’un mélange baroque entre notre système actuel et la démocratie athénienne… mais ce n’est pas pour demain et les troubles sociaux qui surviendront avant son apparition seront très vifs : les institutions feront tout pour se conserver, c’est le « conatus » de l’Etat (Cf mon essai, disponible sur agoravox).


      • Alban Dousset Alban Dousset 5 janvier 2016 13:15

        @maQiavel

        Enfin j’admets que c’est bien la souveraineté populaire réelle qui est au cœur de cette transition néanmoins, d’un point de communication / éducation populaire, le mot « démocratie » un excellent angle d’attaque pour insuffler un désir subversif de souveraineté populaire.


      • beo111 beo111 5 janvier 2016 15:30

        @maQiavel

        (comment éviter la junte)

        J’ai participé à un atelier constituant sur ce sujet.

        Et nous nous sommes plutôt appuyés sur les deux idées suivantes :
        - on ne peut pas opposer un texte, fut-il constitutionnel, à une arme. Le mec qui a une arme en face de vous, il a une arme, et vous avez l’air bien malin avec votre papier ;
        - mais le mec avec son arme, d’où tire t-il son pouvoir ? De son arme, et accessoirement du fait qu’il sait s’en servir.

        C’est donc de la fabrication (et de la distribution) des armes dont il faut parler (avant, après il est trop tard). 

        Et la conclusion à laquelle nous sommes arrivés sans trop de mal, c’est que la fabrication des armes doit être réalisée dans le secteur public.

        Donc l’idée est de contrebalancer le pouvoir militaire de l’armée par un pouvoir industriel public, et de bien séparer les deux.

        Le temps industriel, en particulier dans l’armement, est un temps long, donc il est raisonnable de le soumettre à une assemblée de représentants du peuple.

      • Shaw42 5 janvier 2016 15:32

        @maQiavel

        C’est c’là oui : ’tout va bien.. tout va bien se passer..."

        Renaud, viendé dans le grand jour mon ami (?)


      • Shaw42 5 janvier 2016 15:35

        @maQiavel

        Ou alors fifi peut être ?


      • Shaw42 5 janvier 2016 15:38

        @maQiavel

        Ou alors Alain J. peut être je l’ai déjà vu à l’œuvre, et ça pourrait me convenir pour mon humble part (sous étroite surveillance des services de contre espionnage contre culturels bien entendu)


      • Alban Dousset Alban Dousset 5 janvier 2016 19:59

        @Bainville
        Vu les nombreuses expériences démocratiques à travers l’histoire (Cf Dupuis-Déri), je trouve que conditionner l’expérience démocratique à l’esclavage est soit le fait d’une méconnaissance, soit le fait d’une mauvaise foi.
        L’égalité politique comme objectif, en droit, n’implique pas une égalité absolue des individus dans leur capacité d’influence politique. L’amalgame auquel vous procédez est fâcheux.

        Je ne suis pas partisan d’une démocratie directe, absolue.
        Je pense que des constituants tirés au sort et volontaires sauraient trouver le juste équilibre entre aristocratie et démocratie. (Les expériences constitutionnelles collaboratives me le prouvent : http://wiki.gentilsvirus.org/index.php/Constitution_Wiki_Etienne_Chouard)

        Je vous laisse à vos préjugés, bien peu convaincant, sur ce que peut le peuple.


      • maQiavel maQiavel 5 janvier 2016 20:23

        @Alban Dousset

        La naissance de l’état centralisé et de la hiérarchie sociale me semble multifactorielle et ne devrait pas se résumer à l’augmentation démographique (qui reste cependant un facteur majeur).

        ------> On est parfaitement d’ accord là-dessus.

        -l’un des aspects de la modernité est cette massification (sociale) et, avec elle, une abolition de nombreuses hiérarchies sociales (clergé/noblesse).

        ------> Aux vieilles hiérarchies se sont simplement substitués de nouvelles telles que le média à la place du clergé ou encore le ploutocrate à la place du noble.

        -Dans la France médiévale, le fonctionnement était relativement démocratique 

        ------> Au niveau local certainement. C’est d’ ailleurs un modèle dont nous pouvons nous inspirer. Par contre au niveau national, la structure était bien évidemment oligarchique …

        cette double perspective qui me conduit à penser qu’un plus de démocratie, c’est-à-dire un plus d’égalité politique, surviendra prochainement.

        ------> Je l’aurai formulé autrement mais je suis plus ou moins d’ accord avec vous.

        il ne s’agira pas d’une démocratie « pure », c’est-à-dire une démocratie purement directe. Selon moi, il devrait s’agir d’un mélange baroque entre notre système actuel et la démocratie athénienne… 

        ------> Pour moi, il s’agira de nos institutions actuelles couplées au référendum d’initiative citoyenne ainsi que la mise en place d’institutions de contre pouvoirs populaires.

        j’admets que c’est bien la souveraineté populaire réelle qui est au cœur de cette transition néanmoins, d’un point de communication / éducation populaire, le mot « démocratie » un excellent angle d’attaque pour insuffler un désir subversif de souveraineté populaire.

        ------> Je comprends …


      • maQiavel maQiavel 5 janvier 2016 20:28

        @Baruntse

        -Vous confondez complexité des décisions de la modernité avec quantité de votants ....

        ------> Non, je ne confonds pas. Oui, la complexité des décisions de la modernité est un facteur à prendre en compte. La quantité de votant en est un autre .

        Allons bon , un peu de sérieux : vous imaginez des millions de français votant chaque jour et chaque heure pour la moindre décision gouvernementale en assemblée , même par l’ outil internet ? Vous imaginez la lenteur d’exécution d’ un tel gouvernement ?  smiley


      • Shaw42 5 janvier 2016 20:29

        @maQiavel de mon cul

        Tu veux qu’on s’occupe de toi aussi ?


      • maQiavel maQiavel 5 janvier 2016 20:37

        @beo111

        -Et la conclusion à laquelle nous sommes arrivés sans trop de mal, c’est que la fabrication des armes doit être réalisée dans le secteur public. Donc l’idée est de contrebalancer le pouvoir militaire de l’armée par un pouvoir industriel public, et de bien séparer les deux.

         

         ------> Deux remarques :

        1. Déjà, il faudrait être certain que le secteur public soit le secteur le plus efficace pour ce faire. Car la course à l’armement est une réalité, si le secteur public n’ est pas efficace , certes , la sécurité sera assuré en politique intérieur mais vous risquez de perdre en puissance en politique extérieur et donc à terme vous risquez d’ être conquis.

        Il faut toujours avoir à l’esprit ces deux dimensions : politique intérieure ( la sécurité ) et la politique extérieure ( la puissance ).

        2. Et surtout, je trouve que cette proposition ne change rien au problème que vous avez très bien posé plus haut (« le mec avec son arme, d’où tire t-il son pouvoir ? De son arme, et accessoirement du fait qu’il sait s’en servir »).

        Parce que s’il a une arme, il peut très bien aussi s’accaparer l’ industrie de l’ armement fut elle publique , non ?  smiley

         Est-ce que vous voyez ou je veux en venir ?

        En réalité, il n’y a pas de solutions idéales à ce problème, la moins mauvaise solution étant l’armement des citoyens.

        PS : ce serait intéressant que nous participions à un atelier constituant ensemble ... smiley


      • maQiavel maQiavel 5 janvier 2016 20:40

        @Bainville
        -La souveraineté populaire a-t-elle jamais existé ? Pour quelles raisons les citoyens d’Athènes étaient souverains ? Ils pouvaient se consacrer entièrement à la Cité grâce à leurs esclaves, aucune autre activité ne les occupait. 


         ------> Attention à ne pas confondre souveraineté populaire et démocratie comme je le précise plus haut. La démocratie requiert évidemment que les citoyens consacrent la plupart de leur temps au gouvernement car les actions exécutives sont permanentes.
        Par contre , la souveraineté , parce qu’ elle nécessite seulement des actions ponctuelles ne monopolise pas autant de temps de la part des citoyens.

      • Alban Dousset Alban Dousset 5 janvier 2016 20:48

        @maQiavel
        Nous nous retrouvons finalement sur le fond.

        Excepté sur un point :

        L’analogie clergé/médias de masse est parfaitement pertinente, moi-même je l’utilise beaucoup dans mes parallèles historique.

        Néanmoins, j’adhère beaucoup moins au parallèle noblesse/oligarchie financière.
        >> Leurs intérêts (de classe) sont vraiment trop différents et leur lien de subordination vis à vis du pouvoir officiel est quasiment inversé.


      • maQiavel maQiavel 5 janvier 2016 22:54

        @Baruntse
        Les suisses le font. Il s ne s’agit pas de voter tout, mais de voter la politique ...


        Non, le peuple Suisses ne gouvernent pas, la Suisse n’est donc pas une démocratie. Par contre, les Suisses s’expriment ponctuellement sur certaines questions politiques via le référendum d’initiative populaire. 



        D’ailleurs dans une commune ils votent pour le rond point ... eux ... pour tout budget ... Pour les traités, pour la constitution etc ...


        Au niveau communal, on peut encore envisager un fonctionnement démocratique et encore, ça dépend de la taille de la commune. Mais à l’échelle nationale, ce n’est pas possible... 

      • Alban Dousset Alban Dousset 6 janvier 2016 00:24

        @Bainville

        Si vous souhaitez connaître les diverses expériences démocratiques à travers l’histoire, je vous invite à lire Dupuis-Déri, la liste est relativement longue. En ce qui me concerne, la démocratie (comme l’aristocratie) est un idéal politique.

        Ainsi, lorsque je parle d’expériences démocratiques, il faut comprendre des systèmes politiques dans lesquels l’idéal démocratique est, dans les faits, relativement mis en œuvre vu les nécessités sociales.

        Je ne suis pas un penseur idéaliste dans le sens où je pense que la prise en compte de la réalité (au sens large) doit précéder l’idéal politique que l’on vise.

        Si j’aspire à une plus grande orientation vers l’idéal démocratique, vers la souveraineté populaire, c’est notamment parce que cette aspiration est conforme avec la réalité sociale en devenir. Par ailleurs, les expériences démocratiques que j’évoque, que vous semblez craindre, me rendent relativement optimiste.


      • Alban Dousset Alban Dousset 6 janvier 2016 00:26

        @Bainville

        J’éprouve une grande défiance pour ceux que vous nommez « élites ».

        Selon moi, les mots d’Alain "Car enfin le trait le plus visible dans l’homme juste est de ne point vouloir du tout gouverner les autres, et de se gouverner seulement lui-même. Cela décide tout. Autant dire que les pires gouverneront" décrivent notre réalité avec une justesse troublante. Cette réalité d’un système politique décadent accélère d’autant plus le phénomène de subversion des institutions que j’évoquais avec maQiavel.

        Enfin, les ambitions néo monarchiques me semblent profondément anachroniques vu la réalité sociale.


      • Éric Guéguen Éric Guéguen 6 janvier 2016 09:34

        @Alban Dousset
         
        Alban, je ne suis pas monarchiste, mais il faut reconnaître que ce courant est, lui aussi, dans une optique du « moindre mal » : éviter les palabres, le parlementarisme, la corruption et la démagogie, toutes choses que les gens ne supportent plus par-dessus tout, et qui les fera prochainement opter pour un tyran, soit un roi du côté obscur.


      • Alban Dousset Alban Dousset 6 janvier 2016 11:22

        @Bainville et @Éric Guéguen

        Quand je parle de la réalité sociale, je ne parle pas seulement de ce dont la société a besoin, je parle aussi, et surtout, de ce qu’elle est susceptible de sécréter comme dispositif politique.

        Regardez les choses en face :
        Sur le plan éducatif/médiatique, le fascisme est considéré comme une abomination politique et la monarchie est trainée dans la boue... Autrement dit, la conversion politique sera d’autant plus difficile que les monarchies (au sens large) sont identifiées comme des maux politiques au niveau institutionnel.

        Je veux bien reconnaître que les médias de masse (télé/radio/presse écrite) très verticaux, centralisés, unilatéraux sont parfaits pour le maintien d’un pouvoir de type monarchique.
        A ce titre, je n’écarte pas l’hypothèse d’une monarchie et je souligne que la 5° république, dans ses dispositifs politiques, relève bien plus d’une monarchie que d’une démocratie. (Président chef des armées, référendum à l’initiative du prince, dissolution de l’assemblée nationale, pouvoir exécutif...)

        Cependant, si internet poursuit son ascension médiatique (Cf. http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/chronique-d-un-eveil-citoyen-154164), la société aura tendance à sécréter des systèmes politiques beaucoup plus en phase avec sa structure médiatique : décentralisée, horizontale, multilatérale >> Soit un dispositif politique qui tendra beaucoup plus vers l’idéal démocratique.

        « Je l’espère, car par-delà le système politique c’est la France qui doit reprendre de la vigueur »
        Je comprends assez mal ce réflexe, chez les monarchistes, d’attacher la France à la monarchie. Je connais l’histoire de la France, fondée comme une monarchie... Néanmoins, je trouve cela réducteur. La France, sa culture, son histoire, sa langue dépassent la monarchie. Comme je l’évoque avec Éric au début de notre correspondance, l’enracinement culturel est particulièrement développé dans les diverses expériences démocratiques. Contrairement à aujourd’hui où le déracinement culturel des peuples est devenu un outil d’ingénierie sociale [https://www.youtube.com/watch?v=SaJpNfGRmvY] et je doute qu’un « monarque moderne », type Big Brother, accepterait d’y renoncer.

        « De quelle manière ces expériences sont conformes à la configuration de notre pays ? »
        Enfin, sur les expériences démocratiques, il est vrai qu’il y en a assez peu qui puissent correspondre à la France d’aujourd’hui (notamment pour les raisons médiatiques que j’évoquais précédemment). Cependant, le dispositif politique de la Suisse me paraît relativement conforme à la configuration de notre pays et se rapproche de l’idéal démocratique (https://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_en_Suisse).

        Enfin, Éric, il ne faut pas trop idéaliser la monarchie. Tu es bien placé, je pense, pour savoir que l’émergence de la philosophie des lumières est, en partie, liée à la décadence des monarchies européennes, aux multiples cas de corruptions et d’arrestations arbitraires... bref à la faillite du système monarchique... Comme ce fut le cas en d’autres lieux et en d’autres de temps.


      • Éric Guéguen Éric Guéguen 6 janvier 2016 12:34

        @Alban Dousset
         
        « Sur le plan éducatif/médiatique... » : ça, mon cher Alban, ce n’est pas probant du tout, car « sur le plan éducatif/médiatique », je te rappelle que nous sommes bel et bien en démocratie (ce qui relève d’une mauvaise farce).
         
        (La Ve République est devenue quelque peu « monarchique », effectivement, mais originellement, elle était plutôt césariste, au moyen du référendum.)
         
        Enfin, n’idéalise pas trop les Lumières non plus. Elles ont participé à promouvoir l’effet de masse (futur instrument des puissants)davantage que l’exercice de la raison. En outre, l’avènement des grandes figures de la philosophie ni certaines enclaves démocratiques n’ont pas attendu nos deux petits siècles sous l’aura des Lumières pour se manifester. Il est même un homme que l’on appelle Epictète, qui était un grand philosophe, et, par ailleurs, esclave de son état.


      • Alban Dousset Alban Dousset 6 janvier 2016 13:05

        @Éric Guéguen

        Rassure toi, je n’idéalise absolument pas les lumières sur le fond, elles me paraissent même de plus en plus sombres ces lumières... mon propos se cantonnait à rappeler le contexte politique qui a contribué à leur émergence. Rien de plus.


      • Alban Dousset Alban Dousset 7 janvier 2016 18:29

        @Bainville
        Pour les raisons que j’évoquais, il me semble que les systèmes politiques centralisés (monarchiques ou oligarchiques) seront de plus en plus instables.

        "Le retour d’un monarque serait justement pour rendre au peuple la maîtrise de ce qui lui appartient, contrairement aux lois de nos députés et ministres qui décident sottement à sa place.« 
        >> Soyons honnête, le retour d’un monarque rendrait le pouvoir à ce monarque.
         »rendre au peuple la maîtrise de ce qui lui appartient" n’est qu’une tournure habile pour signifier que le peuple ne gagnerait aucun pouvoir politique et qu’il serait tout aussi tributaire de la médiocrité politique et de l’oligarchie financière.


      • beo111 beo111 10 janvier 2016 13:36

        @maQiavel

        (contrôle du pouvoir armé, atelier constituant)

        L’armement des citoyens est sans doute nécessaire, mais cette évidence est difficile à faire comprendre au grand public, même à des participants d’ateliers constituants.

        Par contre l’intérêt d’un tel questionnement c’est qu’il oblige à instituer que n’est pas citoyen qui veut.

        C’est d’ailleurs ce qui revient à un autre sujet, lorsque l’on parle en atelier constituant de revenu universel et inconditionnel. Versé à tout citoyen ? Les (vrais) gens disent OK, mais c’est quoi un citoyen ? Qui vous mettez dedans ?

        Au plaisir de vous rencontrer au cours d’un tel atelier, mais merci pour cela de me notifier par mail l’arrivée d’un tel évènement, car l’assoce des citoyens constituants a pour habitude d’informer au dernier moment les gueux d’Internet comme moi qui n’ont pas de compte facebook. Mon courriel c’est mon pseudo ici @free.fr.

        D’ailleurs si mi 2016 j’ai rien vu venir je vais sans doute en organiser un moi-même dans le sud ouest de la région parisienne.


      • maQiavel maQiavel 4 janvier 2016 19:33

        La partie ou il est question des théories de l’histoire est très intéressante, j’ ai aussi déjà fait à Gueguen, la critique que formule Dousset sur les idées qui mènent le monde , c’ est effectivement ce qui ressort de son livre , au demeurant très bon .

        Avant de m’étendre sur leurs discussions, je préfère partir de ma conception personnelle des théories de l ‘ histoire, cela rendra mon propos plus compréhensible.

        Partir d’une seule méthode pour analyser les phénomènes historiques mène inévitablement à l’impasse :

        ------>Partir uniquement de l’approche événementielle en considérant que l’histoire n’est que le résultat des volontés et actions de certains acteurs amène inévitablement à la théorie du grand complot, avec toutes ses variantes, y compris la plus extrême : le grand complot multiséculaire d’individus qui ont un contrôle total sur les sociétés et qui tiennent le monde dans le creux de leur main.

         

        ------> Partir uniquement de l’ approche structuraliste en considérant que les processus historiques sont les fruits de structures sociales fondamentales qui sont le plus souvent non conscientes , générant certaines pratiques sociales et leurs conséquences spontanées amène à une forme d’ abstraction déconnecté de la réalité. C’est le propre des intellectuels maniant les concepts socio culturels qui dissertent en long et en large sur des événements historique de manière éthérée. Et on en arrive à un autre délire qu’est l’anti-complotisme, comme si tous les phénomènes historiques n’étaient le fruit que du hasard et que certains acteurs ne jouaient pas un rôle spécifique.

         

        ------>Partir uniquement de l’approche matérialiste en considérant que l’histoire découle des infrastructures de production et des rapports de classe qui en résultent, conduit à certain dogmatisme, car malgré l’efficacité de la méthodologie, elle ne peut pas être le seul outil d’explication du monde ( il suffit d’ observer les Marxistes dogmatiques , on dirait une religion). On tombe inévitablement sur des cas ou le réel ne correspond tout simplement pas à cette théorie de l’histoire fondé sur la vision dominant/ dominé.

         

         

        ------>Partir uniquement de l’approche idéelle qui voudrait que les processus historiques soient des manifestations de la raison, la philosophie servirait donc de cadre directeur aux actions humaines amène quasiment au même problème que l’ approche structuraliste çàd à ces intellectuels maîtrisant  l’ histoire des idées, maniant les concepts philosophiques et cherchant à les articuler en permanence de façon esthétique avec de jolies phrases et de belles complètement déconnectée du réel.

         

        En réalité, ces différents moteurs des dynamiques historiques n’opèrent pas seules chacun et, en général tous sont présents à un degré quelconque ! Il faut pouvoir combiner intelligemment ces différentes approches et faire en permanence l’autocritique constante pour ne pas tomber dans leurs travers respectif …


        • maQiavel maQiavel 4 janvier 2016 19:34

          Partant de là quelques remarques :

          -Une personne disait que le robinet individuel a fait beaucoup plus en faveur de l’individualisme que le système d’idée d’Adam Smith.

          Le robinet individuel est une invention et part d’une idée, certes. Mais ceux qui ont inventé le robinet individuel n’avaient pas anticipé que leur invention allait participer à la dynamique individualiste, que le fait que chacun puisse rester tranquillement chez soi en jouissant d’un accès à l’eau potable allait changer les rapports communautaires.

          On peut prendre aussi l’exemple de l’émergence de l’Etat centralisé, qui est apparu pour faire face à certaines nécessités mais qui va participer à a dynamique individualiste en distendant les liens tribaux (plus besoin de son cousin pour faire la guerre quand une armée professionnelle assure votre sécurité, plus besoin du grand père pour rendre la justice lorsque des tribunaux sont attribués à cette tache etc. ).

          Tout ça pour répondre à ceci : « à mes yeux, ce sont en effet les idées qui mènent le monde. Que des gens, aujourd’hui, soient prêts à s’endetter matériellement pour s’offrir un IPad dernier cri me semble aller dans ce sens ». 

          Ceux qui ont inventé l’IPAD n’avaient pas forcément conscience à quel point cette invention allait influer sur les interactions sociales, nous ne savons d’ ailleurs pas encore à quel point les nouvelles technologies le feront, nous le découvrirons dans les décennies à venir in vivo. 


        • maQiavel maQiavel 4 janvier 2016 19:35


          Il y’ a aussi une distinction à faire entre la philosophie politique et les systèmes de représentations. Lorsqu’ on lit les historiens de la Grèce antique comme Thucydide par exemple, on se rend bien compte que les Grecs avaient une représentation du monde bien différente de celle de la philosophie de Platon. Leur représentation du monde , différentes suivant les lieux ( l‘ Athénien et le Spartiate n’ avait pas la même représentation du monde , c’ est l’ une des causes de a guerre qu’ ils se sont livrés ) , ils ne la devaient pas exclusivement aux philosophes ( même si la philosophie a sans doute influé dessus , mais à mon avis , il ne faut pas trop fantasme) .

          Je pense que c’est également le cas aujourd’hui : ce n’est pas Marx, Machiavel, ou Adam Smith qui ont structuré la représentation du monde de nos contemporains.

          Les systèmes idéologiques sont des munitions que l’on dénature et utilise en fonction de ses intérêts.

          Je suis donc d’ accord avec ceci : « l’idéologie et la philosophie (pour ne pas dire la religion) ne sont que des accessoires et des prétextes (…)n’y a que des philosophes pour imaginer que la philosophie politique, c’est-à-dire d’autres intellectuels, ont une semblable influence sur le monde. »

          La question qui se pose est la suivante : d’ ou viennent nos représentations du monde ? Qu’est ce qui les modifie ? Est-ce la société qui découle de nos paradigmes ou au contraire nos paradigmes qui découlent de la société ? C’est indétricotabe, comme la question de qui précède qui entre l’œuf et la poule.

          La représentation du monde n’est évidemment pas à négliger dans l‘ analyse de l’ ordre social comme c’ est précisé ici : « Or, l’étude des communautés primitives nous apprend qu’elles tenaient leur harmonie de principes supérieurs, supérieurs parce que spirituels ».


        • maQiavel maQiavel 4 janvier 2016 19:35

          -Pour faire fructifier un patrimoine financier (ce qui est l’intérêt majeur des classes dominantes dans une ploutacratie) tu opteras pour toutes les formes d’idéologie qui contribuent à cet intérêt

          ------>Deux observations :

          Pour vouloir absolument faire fructifier un patrimoine financier, il faut avoir une certaine représentation du monde, n’est ce pas ? D’où vient-elle ?

          Et surtout, ce n’est pas le propre des casses dominantes, les classes dominées souhaitent aussi fructifier leur patrimoine. Il faut bien comprendre que la structure sociale n’est pas seulement l’émanation des classes dominantes, les classes dominées participent également à sa construction !

          La structure sociale est une structure holistique qui dépasse les individus et les classes sociales, tous y participent ! Cette description n’est pas seulement celle de la domination qui soumet la volonté de certains Hommes (les gentilles victimes) à celle d’autres Hommes (les méchants bourreaux), elle est l’histoire de leur commune soumission à un ordre des choses qui les contraint. La dynamique collective fait le reste.

          Pour finir , je suis totalement d’ accord avec ceci : « L’oligarchie de notre époque est particulière en ceci qu’elle s’appuie sur l’ochlocratie, un concept bien moins en vogue que la ploutocratie, mais néanmoins tout à fait pertinent ». 


          • maQiavel maQiavel 5 janvier 2016 00:29

            @Baruntse
            Seulement ochlocratie dit jouissance pour tous ... 


            Justement, non et c’est très important à comprendre. Dans l’ochlocratie, la masse est esclave de ses désirs, de ses passions, de ses affect mais cet état n’implique pas que ces désirs et passions soient satisfaites, c’est même l’inverse. 
            Vous combinez oligarchie et ochlocratie, et vous avez notre régime représentatif... 

          • Éric Guéguen Éric Guéguen 5 janvier 2016 00:40

            @maQiavel
             
            « Vous combinez oligarchie et ochlocratie, et vous avez notre régime représentatif... »
            => Vous savez combien je suis d’accord avec vous sur ce point, et ça me semble capital pour comprendre ce qui nous rend impuissants. Il me semble en revanche que c’est une analyse que ne partage pas Alban. Me gourè-je, cher hôte ?


          • Alban Dousset Alban Dousset 5 janvier 2016 15:23

            @Éric Guéguen

            Disons que mon point de vue est plus tranché sur la nature de notre système politique.

            S’il y a une dimension « ochlocratique », cela me semble être une parure, un trompe-l’œil pour donner une illusion de démocratie ou, plus précisément, l’illusion de l’importance du peuple/populace (démos/okhlo c’est selon l’estime que l’on peut lui porter).

            De mon point de vue, le pouvoir politique réel, EFFECTIF n’est absolument pas ochlocratique/démocratique.

            La logique libérale/libertaire permet d’identifier la seule direction politique empruntée. Logique à laquelle le peuple est bien souvent réfractaire, malgré un bourrage de crâne permanent. Et tu sais ce que je pense de l’argument de la servitude volontaire…


          • Éric Guéguen Éric Guéguen 5 janvier 2016 15:53

            @Alban Dousset
             
            Ce que je trouve problématique dans ta façon de voir les choses, c’est que tu évacues totalement la moindre responsabilité du côté du « peuple ». Or, je pense que le fait de focaliser sur le côté victimaire est le pire des services à rendre à celles et ceux qui souhaitent comprendre vers quoi nous nous dirigeons.


          • Alban Dousset Alban Dousset 5 janvier 2016 16:00

            @maQiavel

            « fructifier un patrimoine financier, il faut avoir une certaine représentation du monde, n’est ce pas ? »

            Je ne suis pas d’accord avec cette affirmation. Il n’est pas nécessaire d’avoir une « certaine représentation du monde » pour désirer faire fructifier sa propriété. Selon moi, cela relève de la volonté de puissance individuelle (ici, volonté de puissance économique), donc de notre nature. « Une certaine représentation du monde », donc une forme d’idéologie, n’est pas une condition nécessaire à notre volonté de puissance.

            Je n’ai pas dit que : « faire fructifier un patrimoine financier était le propre des casses dominantes ».

            J’ai dit que : « les dominants ne font pas de philosophie, ils dominent. »

            Donc, le propre des dominants, c’est de dominer. Or, une domination ploutocratique est fondamentalement basée sur la détention du Capital.

            Du reste je suis parfaitement d’accord avec ça : « Il faut bien comprendre que la structure sociale n’est pas seulement l’émanation des classes dominantes, les classes dominées participent également à sa construction ! La structure sociale est une structure holistique qui dépasse les individus et les classes sociales, tous y participent ! »


          • Alban Dousset Alban Dousset 5 janvier 2016 16:02

            @maQiavel

            Néanmoins, il faut bien reconnaître un lien essentiel entre la structure sociale et la structure politique. Or, le fondement de la structure politique réside dans la constitution et, plus tard, dans sa mise en œuvre. Il faut bien reconnaître que dans sa création (assemblée constituante élue) et sa mise œuvre (élections faussées par des médias au service des classes dominantes) les dominés n’ont quasiment pas de marge de manœuvre pour agir sur la structure politique de manière significative.

            Ma vision de cette domination n’est pas manichéenne, je n’émets pas de jugement moral sur les classes dominantes. Il m’apparait simplement nécessaire de prendre la juste mesure de cette domination politique et économique ainsi que la nature réelle (et non théorique >> ce que je serais tenté de vous reprocher à Éric et toi.) du pouvoir politique.

            [Félicitation, je viens de passer au tutoiement mais je pourrais me corriger si tu le souhaites.]


          • Alban Dousset Alban Dousset 5 janvier 2016 16:13

            @Éric Guéguen

            Je ne suis pas à ce point radical ou aveugle pour nier la moindre responsabilité du côté du « peuple ».
            Néanmoins, j’estime, après analyses (toujours perfectibles, cela va de soi), que la part des responsabilités dans le délabrement/escroquerie sociale, économique, spirituelle... est en grande partie lié aux institutions donc aux « instituants »*...

            *Ceux en grande partie à l’origine des institutions, les classes dominantes.


          • maQiavel maQiavel 5 janvier 2016 20:49

            @Alban Dousset

            -Il n’est pas nécessaire d’avoir une « certaine représentation du monde » pour désirer faire fructifier sa propriété. Selon moi, cela relève de la volonté de puissance individuelle (ici, volonté de puissance économique), donc de notre nature. 

            ------> Excellent, vous mettez exactement le doigt là ou il faut.

            Pour que vous compreniez notre désaccord, je vous demande, si vous avez le temps, de lire cet article que j’ai publié : « concernant ‘ individualisme  ».

            La volonté de puissance découle bien évidemment de notre représentation du monde et de l’existence, si le primitif n’avait pas cette volonté (ou si la communauté arrivait à la tempérer) qui découle de l’individualisme négatif que je mentionne dans l’ article , c’ est qu’ ils voyaient les choses différemment. C’est là qu’entre en compte le facteur spirituel que Gueguen a mentionné plus haut.


          • Alban Dousset Alban Dousset 6 janvier 2016 12:58

            @maQiavel

            J’ai consulté ton article et je le trouve intéressant.
            Personnellement, j’avais identifié en chaque individu une volonté de puissance (ce que tu nommes individualisme négatif) et une volonté d’altruisme (ce que tu nommes individualisme positif)

            Je pense que ces deux types d’individualismes sont intrinsèques à notre nature humaine. Il est vrai qu’ils peuvent parfois être brimés ou exacerbés par certaines idéologies, certaines représentations du monde, mais ils sont toujours présents au fond de nous, avec des proportions variables selon des facteurs innés ou acquis.

            Ainsi, l’individu primitif avait cette volonté de puissance. Mais le fonctionnement communautaire a cette caractéristique de diluer la volonté de puissance économique dans la volonté d’altruisme économique de la communauté.
            Cela n’empêche donc pas les rivalités économique entre les communautés, qui deviennent des entités rivales, mues par une volonté de puissance qui leur est propre (puisque la volonté d’altruisme qui leur est apportée n’a pas un caractère universel). Cela conduisait les communautés à désirer faire fructifier leurs patrimoines en concurrences des autres communautés.

            Donc peu importe la représentation du monde, la volonté de puissance économique, intrinsèque à notre nature, soit directement présente à l’échelon individuel, soit transposée à l’échelon communautaire, produit un effet identique : la volonté de faire fructifier sa propriété (personnelle ou communautaire) en concurrence avec d’autres entités.

            Pour prendre un exemple plus concret :
            Les communautés primitives peuvent être comparées à une famille vivant sous le régime de la communauté des biens.
            La volonté de puissance économique continue d’exister, se dilue dans la famille ou la communauté, mais produit toujours les mêmes effets... indépendamment de toute représentation du monde.


          • maQiavel maQiavel 6 janvier 2016 16:04

            @Alban Dousset
            Voilà donc notre désaccord : je pense que la volonté de puissance (individualisme négatif) et la volonté d’altruisme (individualisme positif) ne sont pas des faits de nature mais de culture. C’est le contexte socio-culturel qui va déterminer le comportement des êtres par rapport à ces deux éléments. Et dans le contexte culturel, il y’a le système de représentation du monde, le paradigme. Des anthtropologues l’ont noté : lorsqu’ils parlaient d’accumulation de richesses (volonté de puissance économique) dans certaines tribus primitives, les primitifs en question ne comprenaient pas l’objectif de s’enrichir. Ou alors ils ne comprenaient pas non plus l’importance de se constituer un empire (volonté de puissance politique). 

            Pourquoi ? Parce que leurs représentations de l’existence étaient différentes. 

            La compétition elle même y était parfois perçue comme absurde (cfr cet anthropologue qui demande à des enfants amérindiens de faire la course pour savoir lequel courrait le plus vite, les gosses l’ont pris pour un fou). 
            Autre chose : chez les chasseurs ceuilleurs nomade, la propriété n’était pas collective, elle n’existait même pas (et ils auraient eu du mal à comprendre ce que c’est), il n’y a donc rien à fructifier et il n’existe aucune raison de faire fructifier quoi que ce soit, la nature suffit à satisfaire les besoins... 
            La rivalité non plus n’existait pas (sauf à la marge, lorsque la nature ne suffit plus à nourrir tout le monde mais c’était rare car la concentration demographique était très basse)... 

          • Alban Dousset Alban Dousset 6 janvier 2016 17:53

            @maQiavel

            Comme je l’ai déjà dit ces volontés de puissance ou d’altruisme peuvent parfois être brimées ou exacerbées par certaines idéologies.
            L’expansion militaire ou la constitution d’un empire n’est qu’une forme d’expression de la volonté de puissance politique, déjà exacerbée par l’état centralisé que nous évoquions.

            La volonté de puissance n’existe pas (ou presque pas) à l’intérieur de la communauté primitive, parfois, la culture conduit même à des comportements hyper-altruistes (comme chez les inuits).

            En revanche, une nette rivalité, liée à la volonté de puissance, est particulièrement visible pour les relations inter-communautaires :

            "L’exclusivité dans l’usage du territoire implique un mouvement d’exclusion, et ici apparaît avec clarté la dimension proprement politique de la société primitive comme communauté incluant son rapport essentiel au territoire : l’existence de l’Autre est d’emblée posée dans l’acte qui l’exclut, c’est contre les autres communautés que chaque société affirme son droit exclusif sur un territoire déterminé, la relation politique avec les groupes voisins est immédiatement donnée.
            C’est que la volonté de chaque communauté d’affirmer sa différence est "assez tendue pour le moindre incident transforme la différence voulue en différend réel. Violation de territoire, agression supposée du chamane des voisins (nous pourrions ajouter mimiques insolentes, manières de marcher ou de manger insupportables...) : il n’en faut pas plus pour que la guerre éclate."
            http://www.leconflit.com/article-guerre-et-societes-primitives-identite-et-violence-37221712.html

            Je pense que c’est une erreur d’envisager les communautés primitives sans leurs conflits, leurs rapports à l’altérité, donc leurs rapports de force et leur volonté de puissance.

            Mais si tu n’es pas convaincu, je peux également développer l’exemple des tribus cannibales qui mangent leurs ennemis pour se gorger de leur puissance...


          • maQiavel maQiavel 6 janvier 2016 18:29

            @Alban Dousset
            En fait, il existe plusieurs stades de « primitivité », si je puis dire, les sociétés dont vous parlez sont en réalité déjà bien plus évoluée que celles des chasseurs ceuilleurs nomades. La véritable rupture se fait avec la sédentarisation.

            Le nomadisme est certes un mode de vie mais aussi de pensée qui induit une représentation autre du monde. On constate d’ailleurs que la sédentarisation coïncide avec l’émergence des représentations humaines et des religions : les chasseurs ceuilleurs nomades se pensent comme une espèce animale parmi d’autres, alors que le sédentaire se pense distinct du reste du vivant, d’où la multiplication des représentations humaines sous forme de statuette ou de signes gravés, la religion débutera comme un système explicatif à sa création. 
            Le chasseur ceuilleurs nomade ne possède pas de territoire, l’exclusivité d’usage de territoire n’existe donc pas. La guerre pouvait exister de façon très ponctuelle mais c’était une rareté car il n’y avait aucune raison de la faire ( la densité demographique était très basse et les ressources naturelles immense pour un si petit nombre d’hommes). 
            Cela ne signifie pas que les conflits n’existaient pas ou que la volonté de puissance était inexistante mais ces éléments n’étaient simplement pas au coeur des relations sociales. 

            Le système de représentation est un des éléments clés pour comprendre le mode de vie des plus primitifs, cad les chasseurs ceuilleurs nomades, les sédentaires, aussi primitifs soient ils sont déjà dans un autre monde... dans notre monde !


          • maQiavel maQiavel 6 janvier 2016 18:39

            @Bainville
            -on pourrait dire que nos vastes constructions culturelles ne viennent que de la contrainte du milieu.


            L’environnementéjoue videmment un grand rôle mais je ne pense pas que ce soit le facteur exclusif... 

          • Alban Dousset Alban Dousset 6 janvier 2016 19:35

            @maQiavel

            Je me permet d’ajouter l’extrait qui précède juste la citation du dernier message :
            "La communauté primitive, c’est (...) le groupe local, cette détermination transcende la vérité économique des modes de production, puisqu’elle est indifférente au caractère fixe ou mobile de l’habitat. (Il) peut être constitué aussi bien par des chasseurs nomades que par des agriculteurs sédentaires (...)." La communauté primitive, en tant qu’unité politique s’inscrit à la fois dans l’espace homogène de son habitat, mais aussi étend son contrôle, "son codage, son droit sur un territoire"[http://www.leconflit.com/article-guerre-et-societes-primitives-identite-et-violence-37221712.html]

            Je reconnais que la sédentarisation a renforcé la notion de propriété. Néanmoins, qu’il s’agisse du territoire de chasse ou parfois du bétail, cette notion de propriété préexistait.

            Donc, pour reprendre ta conclusion, la volonté de puissance n’était probablement pas au cœur des relations intracommunautaires mais elle était certainement au cœur des relations inter-communautaires.

            Pour aller au fond de ma penser :
            >> Notre volonté de puissance est liée à notre condition d’animal, probablement même notre condition d’être vivant.
            >> Notre volonté d’altruisme est liée à notre condition d’animal social.

            Il y avait de la violence dans nos communautés primitives, chez les les « chasseurs ceuilleurs nomades », comme il y en a chez les animaux en général, notamment chez les animaux sociaux, entre les communautés rivales (les rats, les fourmis, les loups...).


          • maQiavel maQiavel 6 janvier 2016 20:12

            @Alban Dousset
            -La volonté de puissance n’était probablement pas au cœur des relations intracommunautaires mais elle était certainement au cœur des relations inter-communautaires.


            Si c’était vrai, on aurait du retrouver des traces de cette volonté de puissance inter-communautaires par la guerre, hors on constate que les chasseurs ceuilleurs ne se faisaient pas la guerre (sauf exception) : http://www.monde-diplomatique.fr/2015/07/PATOU_MATHIS/53204


            Sinon, les chasseurs ceuilleurs nomades n’avaient pas de bétail, à la différence des semi nomades qui eux connaissaient bien la notion de propriété. Le chasseur ceuilleurs nomade ne s’approprie pas la nature, il n’entend donc pas son droit sur un territoire. Il ne sait même pas ce qu’est l’échange et la marchandise. 

            Bien sûr qu’il y avait de la violence dans nos communautés primitives, mais elles étaient ponctuelles et non institutionnalisé. 

          • Alban Dousset Alban Dousset 6 janvier 2016 22:24

            @maQiavel

            L’article me paraît un peu alambiqué et avoir une visée politique. Le « bon sauvage » de Rousseau a la vie dure on dirait.

            « Bien sûr qu’il y avait de la violence dans nos communautés primitives, mais elles étaient ponctuelles et non institutionnalisé. »

            Je me permets de recourir à un autre article dont voici quelques extraits :

            « Sur les informations recueillies sur 18 communautés de chimpanzés au total durant 50 ans, les scientifiques ont recensé 152 meurtres. » […] « Deux-tiers des meurtres ont été perpétrés sur des membres d’une autre communauté » […] « Le plus souvent, les agresseurs étaient plus nombreux que les agressés, impliquant un « coût » réduit pour les premiers » [http://www.maxisciences.com/chimpanz%E9/la-violence-un-comportement-naturel-chez-les-chimpanzes_art33508.html]

            Peut-être qu’à la base nous étions un genre de paresseux (https://fr.wikipedia.org/wiki/Paresseux)

            Peut-être que l’être humain ne s’est pas hissé au sommet de la chaîne alimentaire en massacrant des espèces si semblables et pourtant rivales.

            Peut-être que l’être humain ne s’est découvert une agressivité, une volonté de puissance, qu’après s’être hissé au sommet du règne animal.

            J’espère que tu me pardonneras cette pointe d’ironie mais comprends que je reste perplexe.

            Pour moi, la volonté de puissance est intrinsèque à la nature humaine… mais je reconnais qu’elle puisse être exacerbée par certaines visions du monde.

            Je pense que nous arrivons au bout de cette discussion, nous devrions peut-être nous entendre sur un désaccord ?


          • maQiavel maQiavel 6 janvier 2016 23:22

            @Alban Dousset
            Qu’est-ce qui te fait croire que la violence présente dans le monde animal est lié à la volonté de puissance ? Est-ce qu’un lion qui dévore une gazelle le fait dans une optique de puissance ou alors simplement pour assurer sa survie ? Est-ce que les cerfs mâles qui s’affrontent pour s’accoupler avec les femelles le font pour être puissant ou alors simplement pour se reproduire et transmettre leurs gènes à la descendance ? Je ne vois pas de volonté de puissance dans ces comportements, qui peuvent être très violent. J’y vois la manifestation d’instinct, tout à fait naturel car programmé par la nature pour une fin déterminée (la reproduction, l’alimentation etc). Le désir de domination chez l’homme n’a rien de naturel (c’est pareil pour l’altruisme d’ailleurs) puisque sinon, il serait encrée en tous les hommes quel que soit le contexte socio-culturel ou l’époque. Et quelle serait la finalité naturelle d’un tel désir ? La nature a -t-elle programmé l’homme à se constituer des empires politiques et financiers pour se reproduire et s’alimenter ?


            L’homme a cette particularité dans le règne animal de pouvoir moduler son comportement, ses désirs, ses affects et cette modulation est socio-culturelle, ce qui explique que des hommes peuvent avoir des comportements, des désirs et des affects très différents. Il me paraît évident que la volonté de puissance fait partie de ces aspirations socio-culturelles. 



            PS : le bon sauvage de Rousseau n’existe pas, c’est une invention qu’on lui a attribué, le sauvage chez lui n’est ni bon, ni mauvais. 




          • maQiavel maQiavel 7 janvier 2016 16:13

            @Bainville
            Sommes-nous en ce moment en dehors de la nature ? 


            Non mais la culture se surajoute à la nature. La nature est indépassable car elle est de l’ordre de l’inné, alors que la culture elle est relative et modulable car elle est de l’ordre de l’acquis. 
            Par conséquent, une caractéristique naturelle est une permanence que l’on retrouve au sein d’une espèce, quelque chose qui s’impose à elle alors qu’une caractéristique culturelle est conjoncturelle, elle peut être présente ou non.
            La question qui se pose ici est de déterminer si la volonté de puissance est une caractéristique naturelle chez l’humain (donc permanente et indépassable parce qu’inne) ou alors une caractéristique culturelle (donc conjoncturelle et acquise, et qui peut donc être absente, et dont la présence dépend entre autre des représentations mentales de l’existence). 

          • maQiavel maQiavel 7 janvier 2016 16:20

            @Bainville
            En scrutant les esprits de toutes ces populations qui paraissent si éloignés, et elles le sont, vous trouveriez malgré tout les mêmes craintes, les mêmes vices, les mêmes désirs, les mêmes qualités. 



            Je ne le crois pas. Les peuplades humaines sont très différentes les unes des autres selon l’époque, les lieux, les histoires etc. 

            Et ces différences relèvent justement de la culture. 

            Malgré ces différences, nous avons l’humanité en commun et une nature indépassable qui fait que dans une certaine mesure (et non en tout et pour tout), nous nous ressemblons... 

          • Alban Dousset Alban Dousset 7 janvier 2016 18:09

            @maQiavel

            Tu me forces à aborder certains aspects qui seront développés dans mon essai (publié régulièrement sur Agoravox).

            D’une part, je distingue les besoins et les aspirations.

            Les besoins qui sont l’essence des attitudes individuelles (génèrent nos aspirations) et produisent également nos comportements immédiats.

            Les aspirations peuvent se comprendre comme la réalisation d’un désir majeur dans une perspective de moyen ou long terme.

            (Ici, je ne suis pas exhaustif, je réserve les aspects spécifiques de l’humain pour l’essai)

            Les besoins :

            Condition d’être vivant >> Besoins physiologiques (Faim, soif, sexualité, respiration, sommeil, élimination)

            Condition d’animal >> Besoins de sécurité et de confort (Environnement stable et agréable, sans danger ni crise)

            Condition d’animal social >> Besoins sociaux (appartenance, estime, amour…) / Besoins physiologiques, de sécurité, de confort et sociaux pour le groupe social de référence.

            Les aspirations :

            La volonté de puissance (politique, économique, physique, directe) est le fait de notre condition d’animal.

            La volonté d’altruisme (politique, économique, physique, directe) est le fait de notre condition d’animal social.

            Pour revenir aux exemples que tu sites :

            Si le lion mange la gazelle, ce n’est effectivement pas « directement » le fait de sa volonté de puissance mais la satisfaction d’un besoin physiologique (la faim en l’occurrence). En revanche, lorsqu’un groupe de jeunes lions affronte un vieux lion, un patriarche, pour s’emparer de sa troupe, il s’agit clairement de l’expression d’une volonté de puissance politique.

            Au sujet des cerfs, voici un extrait de wikipédia « Le cri du brame tient du rugissement et du mugissement et s’entend à plusieurs kilomètres de distance. C’est aussi le terme désignant le rut chez cette espèce. Le mâle avertit ainsi les femelles réceptives de sa présence, intimide ses concurrents potentiels et défie les autres mâles qui s’aventureraient sur son territoire. ». L’affrontement des cerfs n’est donc pas qu’une question de reproduction (besoin physiologique) mais également une question de maîtrise du territoire (volonté de puissance politique)

            Les volontés de puissance et d’altruisme sont issues de nos instincts, elles sont programmées par la nature. Si j’étais essentialiste et binaire, je pourrais réduire les comportements de tous les êtres vivants aux seules volontés de puissance et d’altruisme >> Mais je ne le suis pas, je préfère penser la complexité.


          • Alban Dousset Alban Dousset 7 janvier 2016 18:12

            @maQiavel

            « Quelle serait la finalité naturelle d’un tel désir ? La nature a-t-elle programmé l’homme à se constituer des empires politiques et financiers pour se reproduire et s’alimenter ? » Pourquoi penser la nature à partir de ses fins ? N’y a-t-il pas dans ce réflexe une trace d’anthropomorphisme ? de monothéisme ? Pardonne-moi, je suis Spinoziste. Lorsqu’il s’agit de comprendre la nature humaine, je ne cherche pas les fins, seulement les causes qui nous déterminent.

            « L’homme a cette particularité dans le règne animal de pouvoir moduler son comportement, ses désirs, ses affects et cette modulation est socio-culturelle » L’homme peut certainement moduler tempérer, stimuler ses désirs mais la matrice de ses besoins est proprement héritée de sa nature.

            La lecture de Darwin et l’observation du monde animal ont certainement contribuée à forger cette « représentation du monde » qui est la mienne.


          • maQiavel maQiavel 7 janvier 2016 18:28

            @Bainville
             vous verrez que l’atroce moment des guerres se perpétuera et que sa durée égalisera vos tableaux, pour le plus grand bonheur des pessimistes.


            Peut-être avez vous raison. Peut-être pas, je ne sais pas. Pour le reste, nous sommes d’accord. 

          • maQiavel maQiavel 7 janvier 2016 18:41

            @Alban Dousset
            Pourquoi penser la nature à partir de ses fins ? N’y a-t-il pas dans ce réflexe une trace d’anthropomorphisme ? de monothéisme ? Pardonne-moi, je suis Spinoziste. 


            Si la nature a fait de nous des bipèdes, il y’a bien une raison. Dans toutes les caractéristiques naturelle que nous possédons, il existe une raison lié à la perpétuation de l’espèce dans des environnements donnés. 

            L’homme peut certainement moduler tempérer, stimuler ses désirs mais la matrice de ses besoins est proprement héritée de sa nature.

            Oui mais là il s’agit de besoins fondamentaux comme se nourrir ou se reproduire cela est évidemment encré en nous, ce sont bien des besoins naturels. En quoi la volonté de puissance et la constitution d’empires qui va avec serait naturel ? Pour moi, il est évident que c’est quelque chose d’acquis qui se surajoute à notre nature innée, en d’autres termes, quelque chose de culturel et donc de contextuel... 

          • Alban Dousset Alban Dousset 7 janvier 2016 19:02

            @maQiavel
            Je crains de ne plus avoir beaucoup d’argument à t’apporter.

            Mais dis-moi :
            En quoi la nécessité pour les animaux (sociaux ou non) de se doter d’un territoire serait-elle si différente de la nécessité pour les communautés primitives de se doter d’un territoire ?
            En quoi cette volonté de puissance politique serait innée chez eux (les animaux) et acquis chez nous (les humains) ?


          • maQiavel maQiavel 7 janvier 2016 22:02

            @Alban Dousset

            -En quoi la nécessité pour les animaux (sociaux ou non) de se doter d’un territoire serait-elle si différente de la nécessité pour les communautés primitives de se doter d’un territoire ?

            Je te répondrai ceci : tous les animaux (sociaux ou non) ne sont pas territorial et par conséquent, ne défendent pas un territoire (l’éléphant africain par exemple qui est nomade). 

            Est-ce que l’homme est un animal territorial ? Je répondrai oui et non car il peut l’être tout comme il peut ne pas l’être. Ce caractère conjoncturel de la territorialité de l’humain nous permet de déduire que c’est chez lui une construction culturelle et non un fait de nature. 

            Toutefois, ceci m’amène à une question : est-ce que la territorialité est pour toi une manifestation de la volonté de puissance ? Ma réponse à cette question est « non », l’animal s’accapare d’un territoire qui lui permet de satisfaire ses besoins fondamentaux ( alimentation, reproduction etc.), il n’existe pas chez lui de volonté à satisfaire des désirs qui vont au delà de cela, on est loin de l’accumulation infinie de puissance qui existe dans les sociétés humaines sédentaires. 

            Ps : je me rend compte que j’ai raté ton post sur les parties de ton essai que tu publies, je vais voir ça tout de suite. 

          • maQiavel maQiavel 7 janvier 2016 22:20

            @Alban Dousset
            -D’une part, je distingue les besoins et les aspirations.


            C’est très intéressant, je n’ai pas lu ton essai malheureusement (comment peut-on en faire l’acquisition ?) mais je comprends de mieux en mieux nos désaccords. En fait je suis d’accord avec ta dichotomie besoins /aspirations mais je n’en tire pas les mêmes conséquences. 


            Si le lion mange la gazelle, ce n’est effectivement pas « directement » le fait de sa volonté de puissance mais la satisfaction d’un besoin physiologique (la faim en l’occurrence). En revanche, lorsqu’un groupe de jeunes lions affronte un vieux lion, un patriarche, pour s’emparer de sa troupe, il s’agit clairement de l’expression d’une volonté de puissance politique.

            Parmi les besoins fondamentaux, il y’en a un que tu as oublié et qui est pourtant ancré au plus profond de notre nature, c’est le besoin de reproduction, que l’on nomme également instinct de reproduction. 

            Chez les animaux, la territorialité est un moyen de satisfaire l’instinct de reproduction (car les femelles se trouvent sur un territoire, pour pouvoir transmettre ses gènes, il doit le contrôler) et de survie ( les proies, les points d’eau etc. se trouvent également sur ce territoire). 

            Contrôler un territoire n’est pas pour le lion un choix découlant d’une aspiration, c’est une neccessité biologique, c’est un besoin fondamental, le jeune lion se doit de défier le vieux lion car il doit transmettre ses gènes et survivre. 

            C’est très différent de l’humain qui s’accapare d’un territoire parcequ’il aspire à l’empire !
            Est-ce que tu comprends mon point de vue et notre divergence de fond ? 

          • maQiavel maQiavel 7 janvier 2016 22:46

            Ceci étant, je crois que nous mettons tous les deux le doigt sur quelque chose de très important, peut-être la matrice du système, cad les affects, les désirs, les passions (tu es Spinoziste, ça se sent). 


            La différence est que pour toi, certains de ces désirs sont à l’origine d’aspiration que tu juges naturel et inné alors que pour moi, ces désirs sont culturel et acquis. 

            Ces désirs sont ceux qui ne se satisfont plus d’un bien-être fini et qui ontcun caractère insatiable : il ne s’agit plus seulement de pourvoir au nécessaire mais au superflu, aux délices, aux immenses richesses etc. Moins les besoins sont naturels et pressant, plus les passions augmentent. 

            C’est là que moi, je fais intervenir la question de la représentation du monde et même, osons, la spiritualité, car ces désirs insatiables incontrôlables sont la manifestation d’un désordre d’ordre intérieur. 

            Quoi qu’il en soit, je ne te connaissais pas Alban, je vais de ce pas répertorier les articles que tu as publiés ici, mais tu es une très bonne surprise, c’est parcequ’il y’a des personnes comme toi, Bainville ou Gueguen que je traîne encore sur ce site. 

            PS : désolé pour les photes d’ortografes smiley, je suis sur mon téléphone et je ne peut même pas corriger au risque de voir mon message s’évaporer. 

          • Alban Dousset Alban Dousset 8 janvier 2016 07:40

            @maQiavel
            "Je répondrai oui et non car il peut l’être tout comme il peut ne pas l’être.Ce caractère conjoncturel de la territorialité de l’humain nous permet de déduire que c’est chez lui une construction culturelle et non un fait de nature.« 
            Ton raisonnement n’est tout à fait rigoureux, je m’explique :
            L’absence ou la présence du caractère de territorialité ne permet pas, en soit, de démontrer si c’est »l’absence de territoire« ou »la présence d’un territoire" qui est le fait d’une construction culturelle...
            A mon sens, le fait que presque tous les humains, les communautés humaines, soient dotés d’un territoire laisse penser que cela est un trait spécifique de l’espèce.

            Prenons les communautés inuits, dont la volonté de puissance est certainement la plus diffuse, la moins évidemment perceptible de toutes les communautés humaines. On peut penser que l’éclipse de cette volonté de puissance derrière leur volonté altruiste est directement liée à leur culture (elle même liée à leur environnement hyper-hostile contre lequel il est nécessaire de s’assembler/coopérer pour survivre) [Durant sa vie, un Inuk pouvait ne rencontrer que quelques centaines de personnes, le plus souvent liées à lui par une sorte de réseau de solidarité. Plus ce réseau était étendu, plus grandes étaient les chances de survie individuelle. http://jeanlouisetienne.com/poleairship/images/encyclo/imprimer/33.htm]

            « Est-ce que la territorialité est pour toi une manifestation de la volonté de puissance ? »
            Cela ne te surprendra pas, ma réponse est oui.
            La territorialité est même la première expression de la volonté de puissance politique.

            Lorsqu’un lion ou un cerf vient au monde, il n’a pas de territoire. >> Il devra se l’approprier, le conquérir et le conserver en usant de sa volonté de puissance.
            Le désir d’accumulation et d’appropriation est infini.
            La volonté de puissance est comme le pouvoir : elle cherche à s’étendre (et se conserver) jusqu’à rencontrer une limite, une force contraire.

            « 
            l’animal s’accapare d’un territoire qui lui permet de satisfaire ses besoins fondamentaux »
            Précisément.
            C’est pourquoi, je ne dissocie pas totalement les aspirations des besoins >>
            Les aspirations sont issues des besoins et permettent, dans une certaine mesure, de les satisfaire dans une optique de moyen et long terme.

            Les aspirations découlent directement des besoins et doivent, pas conséquent, être considérée comme naturelles.

            (La suite ce soir)


          • Alban Dousset Alban Dousset 9 janvier 2016 01:05

            @maQiavel

            Effectivement, la matrice de la nature humaine est fondamentale pour penser la politique et l’économie.

            "La différence est que pour toi, certains de ces désirs sont à l’origine d’aspiration que tu juges naturel et inné alors que pour moi, ces désirs sont culturel et acquis.« 
            Je dois préciser que je distingue clairement les désirs et les besoins.
            Nos besoins sont innés (pour moi) et lorsqu’ils se projettent dans notre environnement il produisent des désirs (spécifiques, ciblés et circonstanciés).

            Mais sur le fond, oui :
            nos besoins et nos aspirations sont innés mais notre environnement (notamment notre culture) peut faire varier leur importance relative.

            Ici, je ne conteste absolument pas que les »désirs insatiables incontrôlables sont la manifestation d’un désordre d’ordre intérieur qui nécessite de la spiritualité : au contraire, je suis parfaitement d’accord. A ce titre, la philosophie de Spinoza est forte utile.

            Merci à toi, cet échange fut un plaisir. Je consulterai également tes articles.
            Si tu le peux, retrouve moi sur Facebook et je te signalerai directement la publication Agoravox de la partie de mon essai consacrée à la hiérarchie des besoins.


          • Éric Guéguen Éric Guéguen 4 janvier 2016 20:43

            MaQ’ est en grande forme...
             
            Concernant Steve Jobs, cher vis-à-vis, je ne pense pas qu’il était tombé de la dernière pluie : non seulement il savait pertinemment que son invention modifierait à long terme les comportements de ses congénères, mais j’irai même jusqu’à dire que ce devait être pour lui LA condition de l’expression de son génie créateur.
            Et le monde que sont en train de nous concocter les ingénieurs de Google est, lui aussi, en germe dans leur cerveau ; bien sûr il n’adviendra pas tel quel, mais ils sont capables d’en tracer les grandes lignes parce qu’ils sentent les « mouvements du monde ». Ils connaissent bien les paradigmes de leur époque et ont appris à en jouer. C’est pour cela que les géants (Google, Apple, Facebook, Amazon) les embauchent. Et pour empêcher tout ceci d’advenir, je pense qu’il faut commencer par comprendre leur logique, donc se projeter idéellement dans leurs desseins afin, ensuite, de les contrer.
             
            En disant cela, j’espère préciser mon propos, puisque j’ai l’impression que certains s’imaginent que je vis et pense de manière déconnectée du réel. Un Machiavel, comme un Steve Jobs, est un homme ancré dans son temps, lui-même soumis à des déterminismes - et j’ai toujours mis l’accent là-dessus - mais qui, par son génie et les applications que celui-ci induit, infléchit la marche du monde. C’est en cela que je dis que les idées mènent le monde : je n’entends pas par là que l’histoire du monde a commencé dans le cerveau du premier homme, mais bien plutôt que le monde avance par ricochets successifs, et que des individus émergent de la masse pour les provoquer.
             
            J’ajouterais que ce que l’on appelle Modernité, elle, vit totalement de manière déconnectée du réel, dans le monde des chimères : en postulant que tous les êtres humains sont à l’image d’un homme générique, qu’ils naissent égaux car semblables en apparence et qu’ils sont spontanément « individus », nous sommes partis sur de très mauvaises « idées », fût-ce pour de bonnes raisons. Et ces idées ont irrémédiablement conduit au monde actuel... Idées, d’ailleurs, qui sont propres à l’Occident moderne au passage. Dernière idée géniale en date - qui ne passera pas celle-là car la coupe est pleine : le fait qu’il n’y aurait pas de sexe et que chacun pourrait choisir son genre, individuellement, en faisant fi de tout déterminisme naturel...


            • Éric Guéguen Éric Guéguen 4 janvier 2016 20:50

              Addendum : je crois savoir que l’un des deux mecs de Google, au moins, est atteint d’une maladie grave. Il n’est pas impossible que cela l’ait motivé à générer dans un futur proche l’homme 2.0.
              Par cet exemple, et si celui-ci est vérifié, on voit qu’un esprit éminent prend en compte le réel et les contingences matérielles, et qu’en même temps il s’engage à les modeler différemment par son (mauvais ?) génie créatif (plutôt que « créateur »).
              Je ne sais pas si je suis clair... smiley


            • sHAW42 4 janvier 2016 20:55

              @Éric Guéguen

              Ce qui est sur c’est que tu me rappelles un oiseau de mauvaise augure d’il y a quelques années, me tromperai-je de papillon ?


            • Éric Guéguen Éric Guéguen 4 janvier 2016 21:01

              @sHAW42
               
              Voilà qui fait avancer le débat, merci.
              Et sinon, ça vous parle ce qu’on raconte ? Quel en est l’augure ?


            • sHAW42 4 janvier 2016 21:09

              @Éric Guéguen

              Encore flou et de guingois !


            • Alban Dousset Alban Dousset 5 janvier 2016 10:45

              Bonjour,

              Vu la qualité des commentaires, je suis particulièrement heureux d’avoir publié cette correspondance. Merci à tous de faire avancer le débat.

              Je vais prendre le temps de réagir.


              • Hervé Hum Hervé Hum 5 janvier 2016 12:09

                J’ai surtout lu les intervention d’Eric Gueguen.

                Je retiendrai le dernier extrait rapporté

                Pour moi, je le dis et l’explique abondamment dans mon livre, la « justice sociale » est l’autre nom du désir d’égalité. Hayek - que je n’apprécie pas particulièrement - l’a d’ailleurs bien senti. La justice est un mot qui se suffit à soi seul. Lui accoler le mot « sociale » est à mes yeux un sophisme.

                Tout à fait exact !

                C’est un sophisme par pléonasme où le but est de répéter la même chose pour interdire son questionnement.

                Ainsi, écrire « propriété privé » est un sophisme par pléonasme. La propriété étant par définition privé.

                Cependant, Eric Gueguen comment beaucoup de fautes de raisonnements qui le conduisent à tirer de très mauvaises conclusions !

                Surtout, il raisonne trop par réaction et non par relation de causalité qui ne repose pas sur la réaction, mais uniquement sur l’analyse complexe entre causes et conséquences.

                Par exemple, la notion d’égalité en société est relationnelle et non un absolu. C’est à dire, que tout un chacun n’aspire pas aux mêmes niveau de consommations et l’égalité ne consiste pas à donner à tous la même chose, mais selon ses aspirations propres.

                Sauf qu’en société, dans un espace délimité et pour la Terre limité, l’égalité consiste à lier la volonté de consommation à sa propre capacité à produire cette même consommation, à l’intérieur de limites supérieures s’appliquant à tous sans exception.

                Qui permet d’écrire l’aphorisme suivant, déduit du principe de relation de causalité

                l’intérêt général est la somme des utilités particulières à l’accomplissement de la volonté générale, définit par la somme des besoins de chacun et de ses aspirations secondaires, dans les limites jugées supérieures que sont le respect des autres êtres vivants et des droits/devoirs intergénérationnel.

                aphorisme un petit peu complexe, mais compréhensible par Eric Gueguen au moins !

                Mais pour résumer la situation passé et actuelle et montrer la solution à venir, on peut le résumer en deux phrases, tiré de la chanson « la vie ne m’apprend rien » de Balavoine avec cette relation de causalité « les lois ne font plus les hommes, mais quelques hommes font la loi ».

                Pour que la loi fasse l’humain, il faut que l’humain suive la loi, donc s’y soumette et la serve autant qu’elle le sert. Mais si une personne ou quelques personnes font la loi, alors, ceux qui suivent la loi, ne font que servir la volonté personnelle de celui ou ceux qui font la loi. Autrement dit, ils ne servent pas la loi, mais l’arbitraire de ceux qui font la loi pour leur propre compte. 

                Peu importe alors que ce soit une ploutocratie, ou une ochlocratie ou même une démocratie, ce n’est pas aux hommes à faire la loi, mais à la loi à faire les humains.

                Vous me direz, oui mais, comment la loi peut elle exister en dehors de l’humain ?

                Par le principe de relation de causalité ! Ce principe donne ce qu’est la loi qui doit être appliqué, car c’est lui qui anime toute chose dans l’Univers, quel que soit le domaine observé. Religieux, philosophique, scientifique, économique, politique, etc....

                La puissance du principe de relation de causalité est lui, absolu, mais il donne à la vie, de par ses propres jeux, le libre arbitre, tout en exigeant son plus total respect.... Etonnant non !


                • Éric Guéguen Éric Guéguen 5 janvier 2016 15:59

                  @Hervé Hum
                   
                  Bonjour Hervé. Je n’ai jamais nié la relativité de la « valeur » égalité, au contraire ; on est toujours égaux vis-à-vis de quelque chose, bien entendu. Mais, justement, en fonction du point de vue adopté pour la comparaison, on n’a pas affaire à une égalité de même nature : une égalité sèche dans les rapports entre individus, mais une équité (ou égalité de rapports) lorsque l’on fait intervenir un élément médiateur comme l’État. C’est cette égalité de rapports qui structure le calcul de l’impôt et le fait que les riches paient davantage ; c’est ce même rapport qui devrait régir le mérite et accorder aux uns plus qu’aux autres en fonction de leur mérite respectif.


                • Hervé Hum Hervé Hum 5 janvier 2016 21:32

                  @Éric Guéguen

                  Si les riches payaient plus d’impôts que les pauvres, ce sont les pauvres qui s’enrichiraient et non les riches. Voilà ce que dit le principe de relation de causalité. Relationnellement, les pauvres paient plus d’impôts que les riches, car ce sont ces derniers qui les exploitent et non l’inverse !

                  Vous écrivez par ailleurs :

                  « c’est ce même rapport qui devrait régir le mérite et accorder aux uns plus qu’aux autres en fonction de leur mérite respectif. »

                  Totalement d’accord avec cela !

                  La question étant de savoir comment calculer ce mérite ?

                  Or, la propriété économique ne se fonde pas sur le mérite, mais sur la domination, qui tient lieu de mérite. Le système capitaliste se fonde exclusivement sur le rapport de domination, parce que c’est la condition à son existence. Sans ce rapport de force brute, pas d’exploitation possible, car pas de contrainte à obéir, non pas à des principes, mais à des êtres au dessus des principes.

                  Dans une société mature, le calcul du mérite se fait par la relation entre droits et devoirs. Autrement dit, un droit = un devoir car tout droit implique un devoir et tout devoir applique un droit.

                  Selon le principe de relation de causalité, nul ne peut exiger plus de droits qu’il n’accomplit de devoirs et nul ne peut se voir exiger plus de devoirs qu’il ne réclame de droits.

                  Ici, nous avons bien réunis tout à la fois l’égalité relationnelle, l’équité économique et l’éthique philosophique et même la morale religieuse.

                  Je ne vous demande pas de me croire, je vous demande de « voir », d’observer.


                • Éric Guéguen Éric Guéguen 5 janvier 2016 22:19

                  @Hervé Hum
                   
                  Parce que le mérite est plus difficile à déterminer que le compte en banque, certains déclarent qu’il est non avenu, qu’il n’existe pas. Et ces gens font la pluie et le beau temps depuis quarante ans.
                  Quant au devoir, les mêmes sont convaincus qu’il est la résultante du droit, et non l’inverse.
                  Sens dessus dessous.


                • Hervé Hum Hervé Hum 6 janvier 2016 00:50

                  @Éric Guéguen

                  Vous éludez !

                  Vous ne répondez pas du tout à ce que j’écris, vous ne dites absolument rien du principe de relation de causalité.

                  Je me fous ici de ce que les autres sont ou non convaincu, je vous parle à vous. Je vous parle de logique relationnelle qu’est la relation de causalité. Je parle à quelqu’un qui affirme se fonder sur la raison et non sur l’émotion. Non sur son égo placé au dessus de la raison.

                  Poser les droits en égalité des devoirs, amène à des développements très précis et qui ne peuvent pas porter à erreur, sauf pour celui qui n’a pas l’intention de s’y plier. Par exemple, j’affirme qu’il n’existe pas de droit sans quelqu’un pour l’appliquer, tout simplement parce que sinon, on ne peut parler de droit, seulement de rapport de force. Or, le capitalisme, c’est d’abord le devoir supérieur au droit avec la monarchie, puis la supériorité du droit sur le devoir avec la bourgeoisie. L’équilibre entre l’un et l’autre se fondant sur la responsabilité et le déséquilibre, sur l’irresponsabilité.

                  Quand à déterminer le mérite, il n’est certainement pas plus difficile à définir que les prix des marchandises aujourd’hui. 

                  Mais si vous voulez des précisions, je vous invite à lire les articles que j’ai publié.

                  Vous y verrez expliqué plus en détail ce qu’est la définition de la monnaie et de la responsabilité. Vous y verrez les bases éthiques d’un modèle économique fondé sur l’équilibre entre droits et devoirs.

                  Seulement, c’est totalement incompatible avec le système actuel fondé sur la propriété économique, c’est à dire, sur la propriété des moyens de productions et de son financement dont le but, la raison d’être, est de se rendre maître du temps de vie d’autrui à son usage personnel.

                  Pourquoi donc aujourd’hui toute l’économie est ramené à la monnaie et au capital ?

                  Parce que la monnaie à atteint sa fonction primordiale, fondamentale, celle d’unité de compte du temps de vie des êtres. Car celui qui ne dispose pas d’argent dans la société contemporaine, ne dispose pas ou très peu de temps à lui, pour devoir le consacrer à autrui.

                  la monnaie est en vérité et aujourd’hui en réalité, la mesure de la valeur du temps de vie dédié à autrui ou détenu sur autrui (ce n’est pas une théorie, c’est un fait). Mais cette définition est valable dans tout système, sauf le capitalisme. Pour ce dernier, la monnaie ne peut être que le moyen d’échange des marchandises, pour maintenir l’inégalité relationnelle... 

                  Vous dites avoir une solution, moi je vous présente celle qui découle du principe de relation de causalité, donc, pas de moi, et vous, elle découle de quoi en dehors de vous même ?

                  Je ne suis maître du principe, que si je le suis fidèlement et certainement pas si je me place au dessus de lui.


                • Éric Guéguen Éric Guéguen 6 janvier 2016 10:59

                  @Hervé Hum
                   
                  Bonjour Hervé. Trois choses pour vous répondre...
                   
                  D’abord je crois pouvoir dire que j’élude rarement. Le fait est que je lis tous les commentaires et que je débats à plusieurs endroits à la fois, ceci en plus de la vie de tous les jours, et je ne parviens donc plus à écrire des tonnes comme je le faisais avec MaQiavel, ici présent, sur Agoravox.tv, désolé.
                   
                  Par ailleurs, je me souviens d’une discussion que nous avions eue vous et moi au sujet des droits et des devoirs, c’était il y a environ deux ans, et ci même. Je vous avais dit que qu’en « passant » à l’individualisme, l’âge moderne inversait complètement le rapport de chacun à autrui, et ainsi qu’auparavant, en faisant primer - en termes de causalité, qui vous tiennent tant à cœur et je le comprends - la cité vis-à-vis de l’individu, ce dernier a avant tout des devoirs à l’égard de la communauté de laquelle il est issu. Or, comment fonctionne époque ? En sens inverse : puisque dorénavant l’individu prime le tout (communauté, cité, nation), c’est l’État qui a des devoirs à l’égard de l’individu qui, lui, n’a plus originellement que des droits. Ça vous avait laissé perplexe au point de me répondre « je n’y avais pas pensé, il faut que j’y réfléchisse ». Une réponse d’une rare honnêteté sur le net, mais l’échange est resté en suspens.
                   
                  Et pour vous répondre plus globalement, je vous avouerais que je raisonne de moins en moins en termes de droits et de devoirs, je pense que cette dichotomie est vouée à se périmer. Je parle davantage en termes de nécessités (déterminisme) et de potentiel en puissance. Ainsi vous, Hervé, avez des besoins physiologiques qui ne sont pas des « droits » à proprement parler. Et sans vous connaître, en imaginant que nous soyons les pires ennemis de la terre, je serais davantage apte à reconnaître objectivement vos besoins... que vos droits. Le droit est individualiste, totalement décorrélé de la nature, à tel point que l’on en vient à présent à parler des droits des animaux. Rounga (un autre intervenant) disait sur un autre fil qu’un beau jour, même la puce aurait des « droits », si bien que seul le fœtus n’en aurait jamais (excellente remarque)... forcément puisque ses droits iraient à l’encontre de ceux de sa mère !! Et on est là en plein dans les contradictions de l’empire des droits...
                   
                  Bien à vous.


                • Éric Guéguen Éric Guéguen 6 janvier 2016 11:37

                  Bon, « potentiel en puissance », ça n’est pas très heureux... smiley
                  Mais je pense qu’on m’aura compris.


                • Hervé Hum Hervé Hum 6 janvier 2016 17:42

                  Co@Éric Guéguen

                  Si vous n’avez pas le temps, pour n’importe quelle raison qui ne regarde que vous, alors, écrivez le au lieu de répondre à coté. Car vous persistez à répondre à coté, à nier ce que j’écris, ce qui rend alors très facile de botter en touche.

                  Comprenez bien, soit vous voulez débattre et vous oblige à réfléchir au contenu, donc le fond de ce qu’écrit votre interlocuteur, si tant est qu’il y ait un fond, soit ne laissez pas s’amorcer un débat que vous ne pourrez pas soutenir.

                  Je vous ai mis face à un de vos sophisme avec l’idée que les riches paieraient plus d’impôts que les pauvres, mais vous avez fait comme si de rien n’était.

                  Je vais prendre le temps de bien vous répondre une dernière fois, ensuite, on se reverra dans deux ans.

                  Concernant notre discussion, je dirai que j’y ai bien réfléchit et écris des articles sur Agoravox répondant à cette remarque.

                  Notamment sur le fait que contrairement à ce que vous dites, on ne peut pas sortir de la dichotomie entre droits et devoirs, c’est impossible. Du simple fait que la société fonctionne uniquement sur le consensus autour des droits et devoirs de chacun. La loi, l’éthique, la morale, la philosophie, tournent autour de l’équilibre de ces deux notions. Nier un fait ne le fait pas disparaître par enchantement, mais le rend plus violent encore.

                  la nécessité en tant que telle, réduite à elle même, n’est pas un droit, c’est une condition. Elle n’est un droit que si vous introduisez la notion de devoir. Autrement dit, les deux notions sont indivisibles, consubstantielles l’une à l’autre. Supprimer l’une, supprime l’autre (principe de relation de causalité). Votre remarque sur le fait que les gens n’auraient que des droits est absurde, mais c’est effectivement ce que les propriétaires économiques veulent faire croire et ce pour la simple raison, qu’il n’y a que eux qui n’ont que des droits, les autres devant supporter les devoirs, ceux d’appliquer les « droits » les plus abusifs des premiers.

                  Car ce que vous ne voyez certainement pas, c’est que la monétisation de l’économie consiste bien à dire qui détient les droits et qui détient les devoirs. En effet, la monnaie contient en elle même la partie droit ET devoir, par ce qu’on appelle la créance et la dette.

                  Détenir la monnaie, est détenir la créance, donc le droit, mais ne pas détenir d’argent, est détenir la dette, une dette dite systémique. Autrement dit, dans une société totalement marchandisée, si vous n’avez pas de propriété économique ou de travail salarial, alors, vous devez dédier votre temps de vie à celui qui dispose de la partie créance, la monnaie (quelle soit fiduciaire ou numérique), preuve que le contrat a été rempli donc, le devoir accomplit et la dette payée par le transfert de la créance, par la preuve monétaire. Sinon, il vous reste la solution de voler ou de vivre en ermite.

                  Mais vous avez peut être la solution miracle de supprimer la monnaie !?

                  Bref, séparer le droit du devoir est du pur sophisme, consistant à perdre son interlocuteur.

                  J’ai écris quelques articles sur la responsabilité, équilibre entre droits et devoirs de tout individu, celle ci étant définit comme la capacité de répondre de ses droits et devoirs envers autrui (et non envers soi même puisque c’est là que réside la souveraineté). Donc, individualiste, alors que le système actuel ne peut fonctionner qu’en divisant les droits et les devoirs comme vu plus haut, sinon, certains ne pourraient pas avoir plus de droits qu’ils le méritent par leur apport à la collectivité.

                  Tout ceci peut se résumer en quelques aphorismes,

                  tout droit implique un devoir et tout devoir applique un droit

                  En société responsabilisé et fondé sur l’équité, nul ne peut se voir exiger plus de droits qu’il n’accomplit de devoirs et nul ne peut se voir exiger plus de devoirs qu’il ne réclame de droits.

                  Ces aphorismes peuvent prêter à confusion et surtout à contestation sur la question posé pour les personnes qui ne peuvent pas assumer leur devoirs, mais encore faut t-il quelqu’un qui tienne la route pour en débattre !

                  Quoique la réponse est contenu dans cet autre aphorisme

                  l’intérêt général est la somme des utilités particulières à l’accomplissement de la volonté générale,définit par la somme des besoins de chacun et de ses aspirations secondaires, dans les limites ou contraintes jugés supérieures que sont le respect des êtres vivants et des droits/devoirs intergénérationnels.

                  La puce n’a que faire de ses droits, car on n’exige pas de devoir d’elle et son existence n’est pas menacé, d’autant que son niveau de conscience est insignifiant. Par contre, les animaux exploités par l’humain si. Si vous maltraitez votre chien, il en aura conscience et vous le premier, mais alors, pourquoi votre patron (pour le salarié) serait t-il plus humain que vous ? Le nier est là encore du pur sophisme.

                  Votre problème et que je comprends, c’est que cela contrevient à ce que vous écrivez par ailleurs, sauf que si vous êtes honnêtes, vous devez d’abord réfuter par l’argumentation ce que j’écris là ou bien démontrer que vos idées sont les bonnes et ce que j’écris mauvais, sachant que pour moi, ce ne sont pas mes idées, mais ce qui découle du principe de relation de causalité..

                  Le droit est individualiste, totalement décorrélé de la nature, à tel point que l’on en vient à présent à parler des droits des animaux. Rounga (un autre intervenant) disait sur un autre fil qu’un beau jour, même la puce aurait des « droits », si bien que seul le fœtus n’en aurait jamais (excellente remarque)... forcément puisque ses droits iraient à l’encontre de ceux de sa mère !! Et on est là en plein dans les contradictions de l’empire des droits...
                   
                  non, le foetus n’a pas de droits, tant qu’il n’est pas considéré comme un être vivant, c’est d’ailleurs le débat de savoir à partir de quel stade de son développement on passe de l’état d’objet à celui de sujet. Les églises disent dès la conception, certains au stade
                  nerveux et d’autres considèrent que même le bébé n’a aucun droit.

                  Voilà, plutôt que de répondre à coté une fois de plus, ne répondez pas, dites simplement que vous n’avez pas le temps...

                  Cordialement


                • Hervé Hum Hervé Hum 6 janvier 2016 17:56

                  @Hervé Hum

                  Oups, à la relecture je vois une coquille

                  "si vous n’avez pas de propriété économique ou de travail salarial, alors, vous devez dédier votre temps de vie à celui qui dispose de la partie créance, "

                  Il n’y a évidemment que le propriétaire économique qui est exempté de dédier son temps, le salarié le doit par définition !

                  Pour mes accusations de sophisme, là aussi, c’est un abus de langage, mais pour vous montrer que vous faites fausse route en niant la réalité des droits et devoirs dans une société organisée.

                  C’est un problème de déséquilibre et de division de la relation entre droits et devoirs, permettant à certains d’accumuler les droits et de les faire supporter par les autres en devoirs. Je rabâche !

                  désolé !


                • Éric Guéguen Éric Guéguen 6 janvier 2016 18:32

                  @Hervé Hum
                   
                  Hervé, je ne sais pas quelle mouche vous a piqué, mais de grâce, commencez par vous relire. Vous avez dit dès le départ :
                   
                  "l’intérêt général est la somme des utilités particulières à l’accomplissement de la volonté générale, définit par la somme des besoins de chacun et de ses aspirations secondaires, dans les limites jugées supérieures que sont le respect des autres êtres vivants et des droits/devoirs intergénérationnel. Aphorisme un petit peu complexe, mais compréhensible par Eric Gueguen au moins  !"
                   
                  => Non seulement ce n’est pas clair du tout, mais c’est insultant pour les autres. Et vous continuez à tartiner des leçons de philosophie que, du coup, je suis le seul à lire. Avouez que c’est maladroit... Mais bon, vous allez me répondre que je botte en touche, une fois de plus !
                   
                  Je tenterai de vous répondre ce soir, si j’ai le niveau, puisque vous me prenez de haut.


                • Éric Guéguen Éric Guéguen 6 janvier 2016 20:56

                  @Hervé Hum
                   
                  Je prends le temps de vous répondre, et j’ai beaucoup de mérite. Celui-ci, au moins, n’est pas dur à constater. Voyez-vous, j’ai repris tous vos propos en me disant « mince, Hervé Hum a découvert le pierre philosophale... » Et au finale ? Au finale, rien. Si, beaucoup de morgue qui m’incite à croire que vous me faites perdre mon temps (je suis d’ailleurs le seul couillon à vous prêter de l’attention, vous l’aurez remarqué). Alors, par où commencer ? Pour faire vite...
                   
                  1. Vous commencez par me parler de lois qui font les hommes, sans que des hommes ne fassent la loi... Voyez-vous, ça fait des années que je discute de droit naturel avec MaQiavel, ici présent, qui lui n’y croit pas une seconde. Donc au lieu de vous adresser à moi, pourquoi n’avoir pas interpelé la cantonade à ce sujet ?
                  Et le mot « droit » dans « droit naturel » n’a rien à voir avec un prêté pour un rendu. Le mot « droit » s’oppose à ce qui n’est pas « biais », le mot droit ressortit à une certaine logique naturelle, au moyen de laquelle l’homme est viable, comme n’importe quel autre animal. De ceci dérive l’équité, totalement absente sous nos latitudes car elle est dure à « sentir » ; on lui préfère ce qui uniformise.
                  Bref...
                   
                  2. Vous ramenez tout à un débat sur la monnaie, et cette fois je vous renvoie à Alban Dousset qui a écrit beaucoup d’articles sur le capital et l’économie. Une fois de plus, vous vous gourez de vis-à-vis... Mais bon, d’emblée vous aviez prévenu : « je n’ai lu que Guéguen... »
                   
                  3. Sur l’impôt, et là je vous cite :
                  "Si les riches payaient plus d’impôts que les pauvres, ce sont les pauvres qui s’enrichiraient et non les riches. Voilà ce que dit le principe de relation de causalité. Relationnellement, les pauvres paient plus d’impôts que les riches, car ce sont ces derniers qui les exploitent et non l’inverse !« 
                   
                  Celle-là, je vais l’encadrer... Ramenons la comparaison au singulier. Est-ce à dire qu’UN riche paie moins d’impôt qu’UN pauvre ? Vous ne comprenez ceci que selon la logique des vases communicants. UN riche entretient PLUSIEURS pauvres, non ? Donc il ne s’agit pas de dire que ce riche donne tout son impôt à un pauvre, puisqu’il y a redistribution. Or c’est ce que je comprends dans vos propos alambiqués.
                  Pour ce qui est de la différence entre justice distributive et justice commutative, je vous renvoie, non à l’article, mais à la vidéo que j’ai faite à ce sujet, parmi les suivantes :
                  https://www.youtube.com/channel/UC5KbyalAb8q2plmp1OZ_KBg
                   
                  4. Last, but not least :
                  ... votre fameux »principe de causalité« . Ça me fait beaucoup rire que vous me reprochiez d’évacuer la causalité, car généralement c’est parce que j’y ai souvent recours que l’on me traite d »idéaliste« . Décidément, vous êtes à côté de la plaque.
                  Et la causalité sur laquelle je me fonde n’a rien à voir avec une affaire de gros sous, mais avec la philosophie d’Aristote : les quatre causes, le zoon politikon, etc. Je vous en conseille la lecture si ce n’est déjà fait ; Aristote est d’ailleurs le premier à s’interroger sur les vices de la monnaie.
                   
                  En fin de compte, je vous rappelle ce que je vous répondais et que vous avez balayé d’un revers de main prétextant le hors sujet : en considérant autrui comme un être n’ayant pas demandé à vivre et, comme soi, soumis à des besoins (causalité primitive), je parviendrai davantage à me soucier de lui qu’en le considérant comme ayant droit... donc comme un concurrent. Je ne reviens pas sur ce que vous me répondez sur la puce qui est tout bonnement risible... relisez-vous.
                   
                  Et une dernière chose ; une autre fois je vous dirai pourquoi je ne suis absolument pas d’accord pour faire comme vous et comme la plupart ici, c’est à dire parler de »l’homme ceci, l’homme cela". Il y a DES hommes. Certains ont besoin de lois, certains feront le mal malgré elles, mais d’autres sauront davantage s’autogouverner. Et on légifère toujours par rapport aux plus vicieux d’entre nous, ce sont eux, quels qu’ils soient, qui donnent le la. Bref, encore un axiome délirant de la modernité : prétendre que l’on peut parvenir à légiférer au sein d’une pluralité de caractères en réduisant ceux-ci à celui d’un être-type. Dans de telles conditions, on ne comprend ni le droit naturel, ni l’équité.
                   
                  Bonne année quand même,
                  EG


                • Hervé Hum Hervé Hum 7 janvier 2016 00:52

                  @Éric Guéguen

                  Décidément, vous, auriez du garder votre temps !

                  pour faire vite et ne plus perdre son temps.

                  1) non, je ne parle pas de droits naturels et j’écris depuis le début qu’il n’y a de droit sans devoir, donc, pas de droit naturel. J’écris aussi que la recherche de l’équilibre entre les deux est au coeur de la morale et éthique humaine, donc, rien de naturel. Maintenant, vous me faites dire ce que je ne dis pas. Je parle de déséquilibre et de séparation entre droits et devoirs, mais curieusement, vous vous obstinez à ne pas me lire, car j’écris bien que droit et devoir son inséparable car en relation de causalité. Bref, vous aimez beaucoup la méthode sophiste. Mais évidemment, Aristote est un peu court pour comprendre.

                  2) la monnaie est l’exemple parfait pour illustrer le déséquilibre entre accumulation de droits d’un coté et dette correspondante de l’autre. Mais vous, vous y voyez seulement le fait que je me sois trompé de destinataire !

                  3) Vous pouvez l’encadrer. avec votre réponse surtout, qui montre votre ignorance dans le processus de captation de la richesse produite. Un riche n’entretient pas les pauvres pour leur beaux yeux, il les exploitent et s’il n’en à pas besoin, il les laisses crever, ou il leur concède la soupe populaire pour faire plaisir à qui il veut faire plaisir. Après d’âpre lutte, l’appareil d’état devait compenser le déséquilibre systémique, mais le riche trouve que son taux de profit n’est pas suffisant, alors il endette l’état, etc. Tout tient dans l’iniquité du processus de création de richesse et du partage de celle ci, en raison de la propriété sur les biens communs que sont les ressources naturelles et l’outil de production. Ici, point de naturel, uniquement le résultat du rapport de force, on dit lutte de pour établir les droits et devoirs de chacun. Dans le système actuel, le salarié (exception des cadres dirigeants) n’est pas considéré comme une personne humaine, mais comme un outil de production, car seuls les propriétaires économiques font du commerce, 

                  4) La connaissance d’Aristote du principe de causalité est très primaire, mais si cela vous suffit, ne me lisez surtout pas et je ne vous importunerai plus. J’ai effectivement fait erreur sur la personne.

                  "en considérant autrui comme un être n’ayant pas demandé à vivre et, comme soi, soumis à des besoins (causalité primitive), je parviendrai davantage à me soucier de lui qu’en le considérant comme ayant droit... donc comme un concurrent. "

                  Euh, vous êtes sûr de ce que vous écrivez là ? Si vous ne reconnaissez pas les besoins de l’enfant comme un droit qui vous fait devoir d’y répondre, pourquoi le fait de vous dire que n’ayant pas demandé à vivre, vous lui accorderez plus votre attention ? Absurde. Je vous renvoi à votre conclusion pour le démontrer.

                   si vous vous posez une question philosophique, vous entrez de plain pied dans le cogito humain et sortez du rapport de force brute et alors, vous créez en conséquence les notions de droits et devoir... Pour pouvoir cogiter !

                  Donc, peu importe que vous le voyez comme ayant droit ou un être n’ayant pas demandé à vivre, car l’un comme l’autre vous renvoi à votre conscience, celle d’accorder ou non le laisser vivre de l’enfant. SI la réponse est oui, l’enfant acquiert de facto des droits , aussi minime que de ne pas le tuer et vous le devoir de respecter le droit accordé par votre conscience. Mais si vous n’avez pas de morale ou d’éthique, alors, peu vous importe la question de savoir s’il a ou non demandé à vivre et s’il est ou non un ayant droit. C’est absurde  !

                  Quand à la remarque sur la puce, c’est votre exemple qui était risible, je me suis juste amusé à vous prendre au mot.

                  Pour votre conclusion, je vous aurai bien renvoyé à mes articles, mais non, ne les lisez pas, comme je n’irai pas lire vos livre et visionner vos vidéos.


                • Éric Guéguen Éric Guéguen 7 janvier 2016 06:54

                  @Hervé Hum
                   
                  Vous êtes englué dans votre dichotomie droits/devoirs. Je ne dis pas qu’ils n’ont pas cours, ni qu’ils ne sont pas nécessaires, je dis que certains n’ont pas besoin de ça pour fonctionner, et que le monde se porterait mieux si tous fonctionnaient de la même manière. La morale est un moyen de faire vivre ensemble des millions d’êtres au capital éthique différent. Si je vous réponds à une heure si matinale, c’est parce que mon fils de 2 ans a mouillé son lit. Et si je me suis levé, avant d’être « par devoir », c’est parce qu’il avait besoin de moi, qu’il ne pouvait pas sortir de son lit, que la nature nous a ainsi faits qu’il nous faut uriner à intervalles réguliers, que ce n’est pas un caprice de sa part et... qu’il n’a pas demandé à venir au monde. En l’engendrant j’ai initié une suite logique de causes et d’effets que j’accepte, non par peur de la sanction - ce à quoi renvoie le mot « devoir » dans les esprits depuis Kant - mais en conformité avec un ordre naturel des choses.
                  Et de la même manière je suis capable de me battre pour que chacun ait accès au savoir ; pas parce que chacun a des droits... je me contrefous du droit des gens que je ne connais pas et... c’est mon droit figurez-vous ! Non, je suis capable de me battre pour que chacun ait accès au savoir parce qu’il est dans l’ordre des choses que chaque vie qui anime chaque corps humain s’adonne autant que faire se peu à l’activité de l’esprit. Voilà tout. Votre point de vue est strictement ontogénétique, le mien est également phylogénétique. Vous êtes du côté des droits de l’homme, moi du côté des fins de l’espèce. Et vous avez la doxa de votre côté, que vous le vouliez ou non.

                  Mais c’est parfait, restons-en là. Vous me fatiguez. J’espère que vous trouverez enfin un vis-à-vis sérieux, puisque tout le monde vous boude, que personne ne vous lit, génie incompris que vous êtes. Quand dorénavant quelqu’un me dira que je n’ai pas les pieds sur terre, que ce que je dis est abscons et n’intéresse personne, je saurais à qui le renvoyer. Ce n’est pas souvent que je le dis mais... oubliez-moi. Et respectez un peu plus vos contradicteurs dans votre façon de vous exprimer. Bonne vie.


                • Éric Guéguen Éric Guéguen 7 janvier 2016 07:54

                  Une dernière pour la route :
                  Vous dites : « le fœtus n’a pas de droits, tant qu’il n’est pas considéré comme un être vivant. »

                  Le fœtus n’est pas un être vivant ? Vrai de vrai ? Alors le microbe a ce statut, mais pas le fœtus ? Autrement dit à partir du moment où les scientifiques autorisés déterminent, de façon tout à fait arbitraire, que le fœtus est un « être humain » il passe ipso facto du statut de sous-merde intégrale à celui de summum de la création ? Ne vous êtes-vous jamais demandé, dans le fond, pourquoi le fœtus posait tant de problème depuis quarante ans ? Pourquoi il ne valait pas mieux qu’un microbe ? Parce qu’en lui accordant des droits, on contrevient à ceux de sa mère, comme je vous le disais. Les droits finissent par empiéter les uns sur les autres, et le devoir seul ne peut les réguler... puisqu’il suffit en l’occurrence à la mère de refuser son « devoir » et d’avorter. (Au passage, je suis favorable à l’avortement... tout en étant conscient qu’il contrevient au droit naturel accordé à la vie ne demandant qu’à vivre).
                  La logique des droits est stérile et lacunaire : comment en effet accorder des « droits » à des êtres incapables de les faire valoir ? C’est que disait Hans Jonas - encore un type primaire qui ne vous arrive pas à la cheville - eu égard aux animaux ou aux générations à venir. J’en reste là.


                • Hervé Hum Hervé Hum 7 janvier 2016 14:35

                  @Éric Guéguen

                  Je vous laisse là le mot de la fin, mon message ayant été mangé par l’ordi, je ne vais pas le retaper

                  Je vais juste commenter votre « dernière pour la route » où vous auriez là aussi mieux fait de garder votre temps.

                  Vous reprenez la phrase suivante « le fœtus n’a pas de droits, tant qu’il n’est pas considéré comme un être vivant. »

                  Ce qui rend absurde votre commentaire, car cette phrase ne dit pas que le foetus est vivant ou non, elle dit qu’un foetus est vivant à la condition qu’il soit reconnu comme tel. Que le débat porte sur savoir quand il est vivant et quand il ne l’est pas encore. Quand il est objet et quand il est sujet (même chose pour les personnes en état végétatifs ou les grabataires).

                  Et ce n’est pas parce que cela contrevient aux droits de la mère, parce que décider d’avoir un enfant relève de la souveraineté en ces temps de facilité contraceptives (sauf en cas de viol évidemment), mais parce qu’effectivement, dès lors où l’enfant est reconnu en tant que sujet vivant, alors, ce sont les droits de l’enfant qui sont considérés et qui font devoir à la mère, des parents, d’en prendre soin et si ceux ci font défaut,c’est le corps social qui se fait un devoir de suppléer au refus des parents d’assumer leur devoirs, ces derniers étant la conséquence du droit pris d’avoir un enfant, par leur souveraineté à décider d’avoir ou non un enfant.

                  Ici, il faut entrer à minima dans la complexité du principe qui lie les relations entres elles et utilise le principe de polarisation pour passer d’une relation de causalité à une autre. Bon, rien qu’expliquer cela est assez ardu et comme on a décidé d’un commun accord de ne plus perdre son temps l’un avec l’autre, je n’irai pas plus loin.

                  Pour finir, sachez qu’il n’y a de génial que le principe de relation de causalité et qu’il vous suffit d’en avoir une maitrise égale pour être aussi génial que moi, voir plus. La tentation est très grande de se présenter comme le dépositaire et maître, mais le principe me l’interdit au regard de mes aspirations de vie. Bref, on ne peut pas tout à la fois avoir le beurre et l’argent du beurre, sans voler soit le beurre, soit l’argent du beurre !

                  Bonne continuation...


                • Éric Guéguen Éric Guéguen 7 janvier 2016 15:26

                  @Hervé Hum
                   
                  C’est un festival ! Je vous cite :

                  "...cette phrase ne dit pas que le foetus est vivant ou non, elle dit qu’un foetus est vivant à la condition qu’il soit reconnu comme tel..."
                   
                  Un fœtus porte la vie, point barre ! Ce n’est pas le fait qu’il soit vivant qui est contesté, mais le fait que l’on puisse parler de lui en tant qu’être humain. Pour info, une femme peut interrompre sa grossesse jusqu’à douze semaines, c’est-à-dire quand le fœtus a déjà quatre semaines... de vie. On tue le fœtus afin que la femme soit libre de ne pas enfanter.
                   
                  Enfin, puisque ni les fœtus, ni les morts, ni les êtres à venir n’ont de droits du fait qu’ils ne peuvent les défendre, eh bien comme vous le disiez vous même c’est la dyade droit-devoir qui tombe d’elle-même. Et pourtant il faut bien prendre en compte les générations à venir, non ? Comment faire sans les droits et les devoirs ? Comment prétendre avoir des devoirs à l’égard d’êtres qui n’existent pas ? Il faut avoir recours à autre chose. Quelque chose qui n’est pas à la portée de notre époque étriquée, de notre époque pot-au-feu, quelque chose qui se trouve chez les Anciens. Un ordre qui nous inclut et que l’on subit malgré nous. Voilà où Aristote fait remonter la causalité, et non à des débats mesquins sur la monnaie.


                • Hervé Hum Hervé Hum 8 janvier 2016 12:00

                  @Éric Guéguen

                  Pour info, la phrase que vous avez reprise est suivie d’une précision que vous avez sciemment omise, celle de distinguer qu’il y a trois positions sur le sujet. Celle consistant à dire que la vie commence dès la conception, donc, dès lors que le spermatozoide a atteint l’ovule, celle qui dit que le foetus passe du stade d’objet au stade de sujet au moment où les terminaisons nerveuses sont en fonctions et enfin, ceux qui ne reconnaissent aucun droits à personne. cela dit, je pense que dès lors où on parle de foetus, on parle d’être vivant à part entière.

                  Mais comme vous vous obstinez à me provoquer en jouant au plus malin sur un domaine que vous ne maîtrisez pas et qui m’oblige à rester très simple, je vais vous donner une autre petite leçon de causalité.

                  La première des choses, c’est que le droit part du vivant et reste au vivant, là, on est bien d’accord. Ce qui implique, que la question des êtres qui n’existent pas encore ne se pose pas, elle est absurde, seule se pose la question des êtres vivants.

                  Vous voulez la preuve ?
                  Eh bien, reprenez donc votre commentaire où vous me parlez de votre enfant de 2 ans. Celui ci est vivant et pourtant, vous ne pouvez considérer encore que ses droits et non ses devoirs (ne plus faire pipi au lit !). La question que vous vous posez est de savoir quel avenir pour sa génération à lui, en tant qu’être vivant, or, en posant la question de votre enfant vivant, vous posez aussi la question des suivants (mais aussi de vos parents vivants). Bref, vous êtes liés à la génération future par votre propre enfant vivant, qui lui même sera lié par ses propres enfants. Il est donc inutile de faire appel aux enfants non nés, il suffit de se préoccuper des enfants qui viennent de naître. Il y a continuité intergénérationnelles parce que cette continuité ne se fait pas à la mort d’une génération pour faire naître l’autre, mais que l’une ne peut naître qu’à la condition de l’autre. Il y a donc continuité intergénérationnelle de la relation droit/devoir. A moins que vous ne vous préoccupiez plus de votre enfant de 2 ans et ne songez qu’aux enfants qui ne sont pas encore né. J’espère que non !

                  La deuxième chose, c’est que si effectivement un foetus porte la vie, se pose la question de savoir à quel moment cette vie qu’il porte, devient consciente en tant qu’être constitué. C’est à dire, le moment où d’amas cellulaires, on passe à celui de corps cellulaires

                  Pour imager la chose, on peut prendre le cas de la fourmilière. En effet, si vous ne regardez que la fourmi, vous y verrez un être vivant à part entière, mais, si vous ne considérez que la fourmilière, alors, la fourmi passe du stade d’être vivant, à part entière, à celle de cellule, partie d’une part entière qu’est la fourmilière. Donc, pour le foetus, d’amas cellulaires à celui de corps cellulaires constitué (cela semble bien être le passage de l’embryon au foetus).

                   C’est le même principe qu’avec la relation entre la nation et les humains qui la constitue. pris individuellement, ce sont des êtres à part entière, pris collectivement au sein du corps constitué par la nation, ils deviennent des « cellules » du corps qu’est la nation et peuvent, dès lors, êtres envoyés par millions se faire tuer sans que personne ne soit jugé, ni un pays exécuté ou même condamné.

                  La troisième chose, tiré de la seconde, c’est qu’il ne s’agit pas là de décider de toutes les générations futures, mais de définir des conditions de naissance de la génération suivante, car le problème posé par l’avortement ne menace pas la génération suivante, mais une condition particulière dans un cadre général. Autrement dit, une partie plus ou moins importante de la génération suivante, mais pas de toute la génération.

                  Quant au débat mesquin sur la monnaie, elle porte sur l’avenir de l’humanité quand à ses relations sociales, économiques et politiques, car l’enjeu n’est rien d’autre que le temps de vie des êtres humains. C’est effectivement très mesquin de s’interroger sur la viabilité de la vie des êtres vivants.

                   J’espère ne pas être trop complexe pour vous et Aristote !


                • Éric Guéguen Éric Guéguen 8 janvier 2016 14:28

                  @Hervé Hum
                   
                  Je ne sais pas celui des deux qui passera pour le plus insupportable aux deux ou trois personnes qui nous liront : celui qui « provoque » (moi) ou celui qui s’enorgueillit de donner des leçons à tout le monde (vous). J’ai regardé un peu vos échanges avec les autres agoravoxiens et, en effet, le « principe de causalité » est votre grande marotte du moment et vous la refourguez à tout le monde en bombant le torse.
                   
                  Je vais faire en sorte que ce soit mon ultime intervention car ce genre de dialogues de sourds polluent tout le monde.
                  Juste ceci, pour être plus direct et moins diplomate, histoire que vous compreniez enfin ce que je voulais dire au sujet du fœtus... Quand vous dites :
                   
                  "Il y a trois positions sur le sujet. Celle consistant à dire que la vie commence dès la conception, donc, dès lors que le spermatozoïde a atteint l’ovule, celle qui dit que le fœtus passe du stade d’objet au stade de sujet au moment où les terminaisons nerveuses sont en fonctions et enfin, ceux qui ne reconnaissent aucun droits à personne.« 
                   
                  => Tout ceci est FAUX. Et vous finissez vous-même par le comprendre en ajoutant : »... cela dit, je pense que dès lors où on parle de fœtus, on parle d’être vivant à part entière.« QUAND MÊME ! Vous avez enfin compris qu’il n’y a pas débat sur le caractère vivant du fœtus ! C’est sur le fait qu’il soit ou non une PERSONNE qu’il y a débat, car à une PERSONNE, individuée et vivante, il peut être reconnu des droits. D’où le choix arbitraire (il faut bien le rappeler) de la science de dire que la personne en devenir qu’est le fœtus n’est qu’un objet. Un objet vivant (comme le microbe), mais un objet quand même...
                   
                  Pour finir, et concernant les générations à venir, il y a toujours PROSPECTION. C’est ça aussi la »causalité« , n’est-ce pas ? Agir maintenant en fonction des conséquences à venir. Et pas seulement à court terme. Et autant je trouve risible le cinéma autour de la COP21, autant il me semble très sain de s’interroger sur la viabilité des générations que nous ne croiserons pas. Je ne pense pas être le seul à me féliciter de cela. Or, les représentants de ces générations à venir n’ont pas de droits, car ils ne peuvent les faire valoir. Il s’agit d’une nécessité : la pérennité de l’espèce, qu’il nous appartient de promouvoir ou de négliger. Ce choix, paradoxalement, est notre DROIT. De là ce que je vous réponds : l’emploi du mot »droit" ne peut plus avoir cours au bout d’un moment. Il est rendu caduc, il faut voir plus grand.
                   
                  Bon, je vous laisse à présent me répondre, j’ai autre chose à faire. De toutes façons, la seule chose qui nous intéresse à présent est le confort du ou des éventuelles lecteurs, et laissons-les faire leur choix. En cliquant sur votre nom, ils auront accès à tous vos articles. En cliquant ci-dessous, ils auront accès à tout ce que je leur propose. Et s’ils ne sont pas d’accord avec ce que je raconte, je les invite, ou à en débattre (en connaissance de... causes, bien sûr), ou à repartir en quête de mieux.
                   

                  Academia :

                  https://u-paris10.academia.edu/%C3%89Gu%C3%A9guen

                   

                  Causeur :

                  http://www.causeur.fr/author/egueguen

                   

                  Boulevard Voltaire :

                  http://www.bvoltaire.fr/auteur/ericgueguen

                   

                  Le Cercle Aristote :

                  http://cerclearistote.com/le-bon-socialiste-la-brute-conservatrice-et-le-truand-liberal-par-eric-gueguen/
                   

                  Le Bréviaire des Patriotes :
                  http://www.lebreviairedespatriotes.fr/author/eric-gueguen/page/2/
                   

                  POLITEIA sur Youtube :
                  https://www.youtube.com/channel/UC5KbyalAb8q2plmp1OZ_KBg
                   

                  Le Miroir des Peuples, aux éditions Perspectives Libres :

                  http://cerclearistote.com/parution-de-louvrage-deric-gueguen-le-miroir-des-peuples/

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