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Nos vœux les plus chers

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Gourde portant un voeu de bonne année au nom du roi Psammétique II - Antiquité égyptienne du musée du Louvre. Photo agrémentant l’article d’une autre gourde qui présente aussi ses voeux.
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Egypte_louvre_041.jpg Guillaume Blanchard, July 2004, Fujifilm S6900

En ce début d'année, que tous mes lecteurs reçoivent mes meilleurs vœux, quels que soient ces lecteurs : sceptiques, dubitatifs, opposés, mécontents, apostrophant, et même ceux qui sont d'accord avec ce que j'ai écrit. Mais si, il doit bien y en avoir quelques-uns.

Pour les autres, ce sera au cas par cas.

Souhaiter les vœux, ce n'est pas original, c'est même institutionnel. La présidence de la république et le premier ministre se sont pliés à ce rite policé.

Des grincheux ont aussitôt grincer des dents (ce ne sont donc pas des sans-dents). Le Canard Enchaîné publie que la carte de vœux de Matignon "L’exigence et l’espoir… c’est la République" a coûté près de 40.000 euros, soit plus de 9 euros par carte puisqu'elle a été envoyée auprès de 4.000 destinataires – élus, patrons, syndicalistes, journalistes, etc.

Le Service d’information du gouvernement (SIG) chargé de sa communication, avait prévu quelque 16.800 euros, mais c'est l'agence Publicis qui a été choisie pour concevoir la carte. Et les allers-retours avec le donneur d'ordres ont fait monter l'addition.

Quant à l'Elysée, le Canard estime à 250.000 euros les vœux de M Hollande "à la jeunesse et aux forces de l’engagement", avec la location d'un amphithéâtre à la Maison de la radio et l'animation avec orchestre. Ce n'est pas l'Elysée qui a réglé, mais les ministères de la Ville et surtout de l’Education, lesquels ont bénéficié d'une ristourne de Radio France de 20.000 euros.

Si vous dites que de toute façon, ce sont les contribuables qui paient, je vous répliquerai « Encore du Hollande Bashing ! ». Le Service d’Information du Gouvernement a précisé auprès du Lab que la carte en elle-même n'avait pas coûté 9 euros mais 2.28 euros. Les exemplaires ne sont pas au nombre de 4.000 mais 18.000. Et d'autre part une carte de voeux a été éditée sur papier et les autres recyclée sur le web et les réseaux sociaux.

On voit bien que les gens sont méchants et qu'ils n'hésitent pas à faire feu de tout bois.

Mais souhaiter les vœux, c'est faire preuve d'espoir, d'espérance. C'est remonter le moral aux forces vives de la nation.

Et devant les difficultés économiques de la nation et ses besoins en financement que les économistes appellent « déficit budégétaire » et « endettement préoccupant », on se réjouit de revoir l'orateur qui déclamait « Je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n'a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne ... Cet adversaire, c'est le monde de la finance. ».

Ces présentations de vœux sont comme des « même pas peur » dirigés vers les financiers.

C'est relever la tête et dire bien haut « Ce n'est pas vous qui commandez ». C'est reformuler à la manière d'aujourd'hui le célèbre « La politique ne se décide pas à la corbeille ».

A la mi-janvier, dans le cadre des vœux sans doute, le président de la république a livré les détails de son plan d'"urgence" contre le chômage, avec une nouvelle prime à l'embauche de 2000 euros pour les PME. Le plan coûtera 2 milliards d'euros, si j'en crois la presse.

2000 euros. C'est grosso modo un mois de smic charge comprises. Le premier mois gratuit, pour un boulot non qualifié.

Il a annoncé des formations pour 500.000 chômeurs. Pour moi qui donne des formations, je me permettrai de donner mon avis. Il y a formation et formation. Les jeunes (32 ans maximum) qui m'arrivent ont bac + 5 ou sont docteurs, diplômés en physique, biologie, ou autres matières scientifiques. Ils me disent avoir cru l'éducation nationale quand ils se sont engagés dans leurs filières. Ils se retrouvent à faire des petits jobs et viennent se reconvertir en informatique.

Ne serait-il pas plutôt judicieux de se poser la question sur l'adéquation de l'éducation à la profession ? Mais je ne suis qu'un petit ingénieur influencé par le retour sur investissement.

A 28 ans, l'une de ces jeunes femmes m'a dit que si à 32 ans elle n'a pas d'enfant, elle n'en fera pas plus tard.

L'insécurité économique l'en avait dissuadée. L'embauche tardive dans une carrière stable risque de ne jamais la voir maman.

On nous donnait l'Allemagne en modèle. Bravo, nous la rejoignons sur le plan démographique.

Je ne vous parlerai pas ici des problèmes administratifs pour organiser ces formations qui réussissent.

Pensons plutôt qu'investir 2 milliards dans des aides ne peut pas être productif quand tous les responsables de TPE et PME ne les comprennent pas, tant les textes sont compliqués, les exceptions nombreuses, les conditions multiples et la réglementation changeante dans le temps.

Pourquoi ne pas réellement simplifier la bureaucratie ?

N'y a-t-il rien à faire du côté du RSI ?

Et du côté de l'urssaf ?

Si quelqu'un en doute qu'il tweete #urssaf .

Pour les déconnectés du monde du travail, l’Acoss et le réseau des Urssaf collectent et gèrent les ressources destinées à la protection sociale. Ces cotisations et contributions permettent aux branches du régime général de la Sécurité sociale de fonctionner au quotidien.

Le dialogue n'est pas aisé. J'en suis resté à l'impossibilité de communiquer par mail ou par formulaire, et par me rabattre sur des appels téléphoniques surtaxés avec des messages « tous nos conseillers sont en ligne ». Tout de suite, sur le site j'ai droit à un « L'application est momentanément indisponible, nous vous invitons à réessayer ultérieurement. ».

L'urssaf est impitoyable. cf  Le monde

Un bar a été condamné à plus de 9000 euros d'amende pour travail déguisé parce qu'une cliente aurait ramené son verre au comptoir. ...

La gérante dénonce la méthode des agents de l'Urssaf. « Ils sont arrivés à 0 h 20, ont observé, pris leurs marques », détaille-t-elle. Vingt minutes plus tard, une cliente, habituée des lieux, vient déposer des verres et passe derrière le comptoir pour se rendre aux toilettes. Un flagrant-délit pour les inspecteurs qui décident de passer à l'action. « C'est une cliente fidèle, c'est un raccourci si on est pressé, précise la gérante. Il y a même un écriteau où il est inscrit "Pipi express par là". »

….Du côté de l'Urssaf, on dément totalement cette version des faits. ...

L'Urssaf s'obstine dans ce dossier et réclame désormais aux gérants plus de 9 100 euros avec les majorations. « Le parquet estime qu'il n'est pas utile d'engager des poursuites pénales mais il n'a pas non plus conclu à la relaxe », rappelle M. Langlois. Au vu de la publicité et « de la dimension que prend l'affaire », il espère maintenant que « tout se termine au plus vite ».

Je pourrais cité aussi le formulaire que l'urssaf dit ne pas avoir reçu, son courrier, son deuxième courrier dans la foulée, son envoi du dossier aux huissiers, les appels et lettres recommandées en vain de l'entreprise et du cabinet comptable, puis la reconnaissance par l'urssaf qu'elle n'avait aucune créance. Et pourtant les huissiers continuent à poursuivre et réclament des frais d'huissiers pour environ 400 euros.

Des frais d'huissier, alors que l'entreprise ne doit rien.

Le temps passé à résoudre ce genre de problème n'est pas consacré à la production.

Est-ce du Kafka ou du Courteline ? Toujours est-il que ce n'est pas de l'incitation à entreprendre.

Alors pourquoi monter des usines à gaz afin d'essayer de tordre le cou au chômage ?

Pourquoi ne pas tenter d'améliorer le fonctionnement administratif ?

L'heure est grave. Petit rappel, depuis l'élection présidentielle de 2012, soit en 13 trimestres. : cf Le Figaro

  • 16.351 chômeurs supplémentaires chaque mois,

  • 294.400 demandeurs d'emploi supplémentaires chez les seniors (en français, les vieux de plus de 50 ans),

  • 782.500 chômeurs de longue durée supplémentaires enregistrés à fin novembre 2015 (dernier chiffre connu),

  • 191.000 emplois détruits.

Est-ce que des vœux pieux suffiront à retourner la situation ?

Alors, monsieur le président de la république et monsieur le premier ministre, veuillez recevoir mon profond scepticisme sur la réalisation de vos vœux.

Et s'il vous plait, entourez-vous de gens du monde du travail, pas seulement d'idéologues.

Je peux vous organiser une rencontre avec des vraies gens autrement qu'autour d'un café Potemkime.


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8 réactions à cet article    


  • jack mandon jack mandon 19 janvier 2016 13:27

    Derrière la réalité de notre temps aux limites douloureuses, il est peut être bon d’espérer que dans ce vase choisi et dans l’esprit des égyptiens anciens, le monde de l’au-delà nous offrira tout ce qui nous manque cruellement. Voyez vous le rêve se substitue au réel avantageusement.

    Merci de votre article au demeurant de notre temps.


    • Saltz Saltz 19 janvier 2016 15:30

      @jack mandon

      Merci pour votre commentaire.

      Mais dans l’Egypte ancienne, je crois bien que seul le Pharaon avait droit à une sépulture avec tout le nécessaire de voyage pour l’au-delà.

      Le rêve se substitue au réel avantageusement. Oui, mais quand il ne reste plus que le rêve et qu’on sait qu’il ne se réalisera jamais, les uns se tournent vers les paradis artificiels, les autres vers les meurtres-suicides.

      A l’heure où les politiques habillent les chiffres et se battent sur des sujets byzantin, ils ignorent le cauchemar que vivent les Français et qui se traduit par le recul de l’espérance de vie et la baisse des naissances, le chômage et l’absence de la maîtrise de sa propre vie.

      En 2012 l’insee comptait 112.000 SDF en France, dont 31.000 enfants.

      L’insee évalue le nombre de ménages en cours de désendettement (surendettés) à environ 844 620 en septembre 2015.


    • troletbuse troletbuse 19 janvier 2016 15:27

      Formidable, il y a environ 2600 ans, c’était déjà une gourde qui présentait les voeux. Ce n’est pas tout, Psammétique II était le fils de Nékao, j’ai vu ça sur Gogol. Et aujourd’hui, François IV le petit (voir Rambaud) est le père du chaos smiley


      • Saltz Saltz 19 janvier 2016 15:34

        @troletbuse

        Quand j’ai écrit « Photo agrémentant l’article d’une autre gourde qui présente aussi ses voeux », je pensais à moi qui vous présente mes voeux.


      • troletbuse troletbuse 19 janvier 2016 15:50

        @Saltz
        Merci pour vos voeux. Mais la forme bien arrondie de la gourde m’a fait « panser » au ventre de Flamby smiley


      • alain_àààé 19 janvier 2016 15:34

        excellent article et je te rejoinds quand tu écri que cela ne changera rien pour le chomage je suis retraité et yndicaliste et je connais des dizaines de jeunes qui ont sont a leur 4e formation d apprentissage ils ont les preparations de macon de menuisier d electricier et de mecano.HOLLAND se fout du monde alors que nous n avons pas été augmenté depuis 3 ans


        • Saltz Saltz 19 janvier 2016 15:40

          @alain_àààé

          HOLLAND se fout du monde ?

          Je dirais qu’il est complètement déconnecté.
          Je crois savoir qu’il ne lit que des notes de synthèse. Il lirait quelques romans. Il rencontrerait quelques personnes, sans caméra ni micro, et dialoguerait vraiment avec eux, il comprendrait.


        • Saltz Saltz 19 janvier 2016 15:46

          Mais comment leur dire ?


          Répondant au constat global que « personne n’est content » du plan anti-chômage, Stéphane Le Foll (ministre et porte-parole du gouvernement) a demandé, d’un ton excédé : « Vous avez entendu, depuis longtemps d’ailleurs, des gens qui pouvaient être contents ? Le problème de la France, c’est qu’on n’est jamais content ».

          cf Le Figaro

          Le chômage n’arrête pas de monter depuis des décennies, et il voudrait qu’on soit content ?

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