• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > Europe > La possibilité du Brexit, la réalité du quasi Frenchxit

La possibilité du Brexit, la réalité du quasi Frenchxit

Quel magnifique jeu de rôles nous ont offert les chefs d'Etat de l'UE à 28 réunis à Bruxelles, hier !
A commencer par le président Hollande. 
 
En effet, par la voix du chef de l'Etat, la France a rejeté la possibilité du Brexit, la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne, et a insisté sur le respect des règles communes (1), fédérales aurait-on envie de dire. 
 
Mais,  au fait, ce n'est pas la France anti-fédérale, le passager clandestin de l'UE ? 
 
En effet, qu'est-ce que l'Union Européenne ? 
 
Les traités européens sont le fondement de l'Union européenne : toute action entreprise par l'UE découle de ces traités, qui ont été approuvés librement et démocratiquement par tous les États membres, nous dit l'Union Européenne (UE). 
 
Quant au traité fondateur de l'UE, il est clair. Il précise que les états membres sont "DÉTERMINÉS à établir les fondements d'une union sans cesse plus étroite entre les peuples européens". 
 
Autrement dit, l'idée de l'UE est claire : il s'agit d'aller vers un Etat fédéral.  Et les étapes intermédiaires sont le respect des traités, comme l'Acte Unique de 1986 (achèvement du marché commun par l'instauration des 4 libertés : libre circulation des marchandises et des services, libre prestation et liberté pour une entreprise de s'installer dans le pays de son choix.
Libre circulation des personnes et libre circulation des capitaux ) ou le traité de Maastricht.

La référence est claire : il y a quelques exemples de pays fédéraux dans le monde, comme la Suisse, le Canada ou même l'Allemagne, mais le modèle de l'UE, c'est bien les Etats-Unis d'Amérique. D'ailleurs, Jean Monnet a manifestement été très influencé par ses contacts américains. 
 
Notons la contradiction entre l'idéal fédéral (capitale à Bruxelles, fonctions régaliennes comme l'armée ou la diplomatie centralisées, principe de subsidiarité, notamment au niveau régionalisé/landerisé pour le non régalien) et la réalité intergouvernementale de l'UE (les Etats sont les principaux acteurs de la politique Européenne), ambiguïté qui permet à chacun de dire "c'est de la faute du Bruxelles" plutôt que "nous avons mal négocié". 
 
Or, que c'est-il passé hier ? 
Il existe un fort courant au Royaume-Uni (RU) anti UE, y compris au sein des Conservateurs, le parti de David Cameron. D'ailleurs, Margaret Thatcher n'était pas, euphémisme, une grande fédéraliste. 
Mais face à la poussée de UKIP, David Cameron a décidé, sage décision, de laisser le peuple britannique décider. 
Cependant, comme Cameron est manifestement contre la sortie du RU de l'UE, il est quand même allé négocier à Bruxelles des aménagements. 
 
Et voila comment le premier ministre Britannique présente les choses : le Royaume-Uni ne fera jamais parti d'un ensemble supranational type super Etat Européen. 
 
 


 

 
 Aux britanniques à décider maintenant ! Et d'après les sondages, rien n'est gagné d'avance. On se demande juste quand même quel est le projet que David Cameron va présenter à nos amis et voisins britanniques. De quelle Europe parle t-il, sachant que le rejet de l'UE au Royaume-Uni n'est pas qu'un problème comptable, mais bien une question culturelle ?

Mais le plus drôle, ce ne sont pas les contradictions de Cameron, ce sont les remarques de Hollande, qui a donc déclaré : "La Grande-Bretagne doit rester dans l’Union européenne, c’est ma volonté. Mais en même temps, il faut que l’Union puisse avancer.Aucun pays ne doit avoir un droit de veto, aucun pays ne doit se soustraire à des règles communes ou à des autorités communes"(2).




Conférence de presse à l'issue du Conseil Européen par elysee 



Si on a bien compris ce que nous raconte l’exécutif de la République Française,

la France est :
 
  • déterminée à ce que la politique monétaire, décidée par la Banque Centrale Européenne puisse être cohérente avec les politiques budgétaires ("celle que chacun des pays mènedans le respect du pacte de stabilité  (3) ")
  • engagée à ce que l'UE continue à payer la Turquie pour lutter contre l'immigration en provenance de Syrie et d'Irak
  • soucieuse de faire respecter les règles communes
  • désireuse de faire avancer le projet Européen 

On croit rêver !

Est-ce que le Président de la République ne se moquerait pas de nous ?

 
  • Quel est le pays qui a partiellement rétabli les contrôles aux frontières  ? 
  • Quel est le pays qui se soustrait à la nécessité de maintenir la protection des Droits de l'Homme, et a prévenu le Conseil de l'Europe qu'il risquait de déroger à la Convention européenne des Droits de l'Homme ? 
  • Quel est le pays qui se montre incapable de respecter le traité de Maastricht, et revendique même le fait de ne pas suivre la règle de 3% de déficit par rapport au PIB ? 
  • Quel est le pays qui n'hésite pas à subventionner certaines de ses entreprises, en totale infraction vis-à-vis de l'Acte Unique ? 
  • Quel est le pays qui s'éloigne des valeurs démocratiques de l'UE et de l'état de droit et fait voter l'état d'urgence, une mesure qui pérennise un état d'exception ? 
  • Quel est le pays qui déclare la guerre à des pays ou à des groupes terroristes, de manière unilatérale et sans même faire voter son parlement ou prévenir les 27, et qui place ensuite ses 27 partenaires au sein de l'UE devant le fait accompli en leur demandant de payer ? 


Autrement dit, qui est en situation dérogatoire par rapport aux règles communes ? Et toujours autrement dit, quelles leçons pouvons-nous donner aux britanniques alors que nous-même sommes très loin d'être en ligne avec les règles communes de l'UE, règles pour lesquelles le président Hollande a toujours personnellement milité ? 
 
 
Il semble, au vu des faits, que si les britanniques s'interrogent, la France, elle, est déjà à l'étape suivante : elle pratique allègrement la politique de l'Europe à la carte, très loin de l'option fédérale. 
 
Si la France de Hollande est vraiment favorable au fédéralisme Européen, qu'elle commence par respecter le Pacte de Stabilité et de Croissance, l'Acte Unique ou la Convention européenne des Droits de l'Homme. Ensuite, qu'elle prenne une initiative forte comme la fermeture du Balardgone et du Quai d'Orsay et le transfert de leurs pouvoirs à Federica Mogherini, la commissaire Européenne en charge des affaires extérieures. 
 
 
 
(1) BFM TV Brexit : Pour Hollande, "aucun pays ne doit se soustraire à des règles communes" 18 février 2016

(2) Elysee La Grande-Bretagne doit rester dans l'Union européenne. 18 février 2016
(3) Elysee Conférence de presse Conseil européen 18 décembre 2015

 

LPL - Le Parisien Liberal

http://leparisienliberal.blogspot.fr/2016/02/la-possibilite-du-brexit-la-realite-du.html


Moyenne des avis sur cet article :  1.86/5   (28 votes)




Réagissez à l'article

17 réactions à cet article    


  • armand 22 février 2016 19:00

    Il est IMPOSSIBLE de sortir de l’EU, vous allez le comprendre quand ?


    • amiaplacidus amiaplacidus 22 février 2016 19:35

      @armand

      Peut-être quand les Grands-Bretons auront voté.


    • lejules lejules 23 février 2016 11:36

      @armand
      comme tout traité il y a une clause de retrait qui permet de sortir de l’Europe en toute légalité.


    • doctorix, complotiste doctorix 23 février 2016 19:42

      @lejules

      Oui, théoriquement il faut deux ans de tractations.
      Mais en fait, si on dit merde à l’Europe et à ses traités, on n’attendra pas deux ans, puisqu’on n’aura plus de contraintes.
      La liberté, c’est ça.
      Pas d’Europe et donc pas de tafta.
      Pas d’Otan, et pas de guerres.
      Pas d’euro, et un franc dévalué qui, seul, viendra à bout de la moitié du chômage.
      C’est quand qu’on se décide ?

    • Ezamose 23 mai 2016 18:02

      @lejules

      Peut être devriez-vous augmenter votre culture générale en lisant ceci ? : http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/la-sortie-par-l-article-50-est-178170

      Article 50 : Piège à cons


    • lsga lsga 22 février 2016 19:09

      C’est clair que l’ultra-étatisme et l’utra-autoritarisme de Hollande fait froid dans le dos, et est en contradiction complète avec tous les traités européens. Quand je pense qu’il ose se qualifier de « social-libéral », ça fait quand même bien rigoler. Quand on voit ses adversaires à gauche le traiter de « libéral », ça donne quand même envie de pleurer. 

       
      Le jacobinisme à la française est en train de devenir le tremplin pour le retour des fascismes en Europe, et une fois n’est pas coutume, c’est la gauche réformiste qui va en établir les bases. Même si soyons clairs : le problème serait exactement le même avec un Juppé ou un Sarkozy (à ceci prêt qu’ils sont beaucoup moins compétents que les bureaucrates du PS, et donc beaucoup moins dangereux).
       
      Il nous faut un éclatement des États Nation, le plus rapidement que possible. La sortie du Royaume Uni de l’Union Européenne ira dans ce sens : l’écosse prendra son indépendance, et le statut de la City sera élargie à toute la ville de Londres. 


      • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 22 février 2016 20:02

        Indépendamment des éventuels coûts économiques et financiers d’un Brexit, le Royaume-Uni doit quitter l’Union Européenne car, depuis son adhésion, il a largement démontré sa tendance égocentrique (I want my money back) et, de facto, opposée à l’esprit européen ! ! !

        Brève réflexion sur l’Europe et l’Euro :

        Depuis les tout débuts de l’Union Européenne, chaque fois que se présentait un problème, nos politiques à Paris nous disaient que le problème était « la faute de Bruxelles » quand bien même ils participaient aux décisions du Conseil Européen à Bruxelles.

        De ce fait, l’Union Européenne est devenue symbole de problèmes et non pas symbole de solutions.

        Certes, l’Union Européenne et l’Euro ne sont pas parfaits.

        Mais, pour qu’ils s’approchent de la perfection, il faudrait encore plus d’Europe et non pas l’inverse !

        À bon entendeur...


        • lejules lejules 23 février 2016 11:44

          @Jean-Pierre Llabrés
          « Mais, pour qu’ils s’approchent de la perfection, il faudrait encore plus d’Europe et non pas l’inverse ! »

          ça fait 50 ans que l’on bassine avec la même chanson de propagande. sans se soucier des tenants et aboutissants.a croire que c’est de l’auto abrutissement pour ne rien entendre ne rien voir ne rien comprendre.

        • docdory docdory 23 février 2016 14:05

          @Jean-Pierre Llabrés
          Vous déclarez, je vous cite : « Certes, l’Union Européenne et l’Euro ne sont pas parfaits.

          Mais, pour qu’ils s’approchent de la perfection, il faudrait encore plus d’Europe et non pas l’inverse ! »
          C’est exactement le même « raisonnement »que tenaient les partisans du communisme, qui soutenaient naguère que les échecs de l’URSS étaient dus au fait qu’il n’y avait pas encore assez de communisme« .
          Un même processus de pensée est à l’œuvre actuellement lorsque des musulmans affirment, en commentant les effroyables échecs dans tous les domaines du monde musulman » il faudrait encore plus d’islam et non l’inverse" . On voit ce que ça donne avec l’état islamique...

        • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 23 février 2016 14:50

          @lejules
          @docdory

          « Mais, pour qu’ils s’approchent de la perfection, il faudrait encore plus et mieux d’Europe et non pas l’inverse ! »


        • docdory docdory 23 février 2016 17:53

          @Jean-Pierre Llabrés

          Oui, il y en avait aussi qui disaient « plus et mieux de communisme » ou qui disent actuellement « plus et mieux d’islam » , de la même façon que vous dites « plus et mieux » d’Europe.
          Or, l’UE a fait amplement la preuve de ses échecs, qui crèvent actuellement les yeux, de la même façon que le communisme ou l’islam ont, eux aussi, fait la preuve de leurs échecs.
          Le pire échec de l’UE, c’est l’échec démocratique, et surtout l’effondrement extravagant de la liberté d’expression ( cf par exemple le cas emblématique de la condamnation inique de Elisabeth Sabaditsch Wolf en Autriche pour délit d’opinion ).

        • julius 1ER 25 février 2016 13:45
          Oui, il y en avait aussi qui disaient « plus et mieux de communisme » 

          @docdory

          à mon avis on n’ a pas dû vivre dans le même pays ..... ce genre d’argument est de la désinformation !!

        • zygzornifle zygzornifle 22 février 2016 20:08

          et Hollande fait pschitttt


          • roby roby 23 février 2016 15:47

            « La dernière fois qu’ils ont demandé un référendum, UMP et PS main dans la main sont allés à l’encontre de la volonté des Français et ont imposé aux Français une Constitution européenne dont les Français ne voulaient pas »

            Tous les peuples piégés dans l’UE et qui se sont exprimés l’ont clairement affirmé. Ils ne veulent pas de cette hérésie. Espérons que le cauchemar de l’UE se désintègre au plus vite dans sa médiocrité et sa folie, pour laisser place, enfin, à la démocratie et à la normalité.


            • glenco01 23 février 2016 15:59

              @ Jean Pierre Llabrès : plus d’Europe, ça veut dire quoi plus d’Europe ?

              Les traités sont verrouillés et chaque pays entrant le verrouille encore plus car plus on est nombreux plus il est difficile de négocier.
              On le voit à 28 il est impossible de faire consensus et cela fait l’affaire des USA (c’est fait pour ça d’ailleurs).
              L’Europe est devenu un empire c’est les 2 faces d’une même pièce (civile UE et militaire OTAN) et comme chaque empire il est amené à disparaitre (Rome, Ottoman, 2éme Reich, 3eme Reich, Napoléon, URSS ...).
              Pour l’euro c’est pareil autant en sortir avant qu’il n’en soit trop tard :
              Le prix Nobel d’économie Stiglitz disait : les premiers qui quitteront l’euro s’en sortiront le mieux.


              • gerard5567 23 février 2016 17:24

                L’Union européenne est tout sauf une union entre les peuples. C’est une machine à détruire l’âme de ces peuples.


                • jamjam 23 février 2016 18:14

                  Brexit, Frexit, pas frenxit qui sonne mal

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité