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Cette pseudo démocratie … qui peut nous conduire au fascisme

 Peu à peu, au fil de la crise, des scandales, des frustrations, des peurs, du délitement du lien social, les pièces du puzzle se mettent en place. Le scénario est connu, il a fait le malheur du 20ème siècle. Il est en passe de recommencer. Certaines et certains vont percevoir dans ce titre une provocation. Hélas, ils/elles ont tort. Nous allons voir que c’est la faillite du « régime démocratique » qui conduit au fascisme. Nous avons aujourd’hui le recul de l’Histoire, et celle du 20ème siècle nous en apprend beaucoup sur le fatal processus qui conduit à un tel drame.

Le système politique dans lequel nous vivons aujourd’hui, en France, et dans les autres pays européens est étiqueté « démocratique ». Il en a l’apparence, l’illusion du fonctionnement, et le discours officiel, largement intégré par le peuple auquel il est interdit de penser autrement. Cette méthode Coué, si confortable, évite de nous rendre compte du chemin sur lequel nous sommes et qui nous conduit à la catastrophe.

Posons directement le problème : ce n’est pas parce que nous votons à intervalles réguliers pour élire nos représentants à différentes instances que notre société a un fonctionnement démocratique… La situation actuelle en est une preuve. Sur le papier, en théorie, le principe du fonctionnement démocratique paraît simple : les citoyens élisent librement leurs représentants qui réalisent leurs désirs politiques. Or, nous le savons depuis longtemps… ça ne se passe pas comme cela.

 1 – Ce principe s’applique dans, et pour, un système économique – le capitalisme – qui n’a jamais fait de l’intérêt du citoyen sa finalité, donc en contradiction totale avec la philosophie même de la démocratie. L’individu y est au service de l’économie et non l’inverse. Tant que le système permet, plus ou moins, de satisfaire l’ensemble des besoins de la population, il arrive à se stabiliser, dans le cas contraire il se délite – ce qui est le cas aujourd’hui – entraînant avec lui le « principe démocratique », sur lequel il est censé être fondé.

 2 – Le principe démocratique de représentativité dérive et aboutit à la perte de responsabilité du citoyen. L’élection du représentant est devenue l’essentiel de l’acte citoyen, abandonnant à une classe politique les destinées et la gestion des affaires publiques.

 3 – Les partis politiques, à l’origine clubs de réflexion, sont devenus des instruments d’accès et de conservation du pouvoir ainsi que de promotion sociale pour toute une catégorie d’individus qui font de la politique leur métier, voire l’instrument de leurs prétentions et de leur enrichissement personnel.

 4 – Partis politiques et médias sont devenus de véritables instruments de domination idéologique, enserrant l’ensemble des citoyens dans une trame de pensée excluant toute remise en question du système.

Sous l’écume d’apparence démocratique fonctionne de fait un système politique qui ne l’est pas. La décadence du système économique marchand, qui n’arrive plus à créer du lien social et la circulation rapide de l’information minent ce qui faisait la stabilité de ce système : la confiance des citoyens. Un écœurement citoyen, suivi d’un détachement des affaires publiques se fait jour donnant naissance à un désintéressement politique qui peut-être source de toutes les aventures. Le capitalisme ne mérite pas le principe démocratique, c’est pourtant cela que les classes dirigeantes essayent de nous faire accepter.

La crise que nous traversons révèle l’incapacité et/ou la volonté de la classe politique de trouver une issue conforme à l’intérêt général. L’État – les États – se révèle(ent) être ce qu’il(s) a(ont) toujours été, le(s) défenseur(s) des possédants. La crise financière en a été un révélateur exemplaire. Les choix faits – ou non faits – en matière de politiques économiques – le choix de l’austérité – montrent à l’évidence tout le mépris qu’inspire aux dirigeants l’intérêt des peuples.

Le système politique actuel, contrairement aux apparences « démocratiques », n’offre véritablement aucune issue – ça a été son point fort, c’est aujourd’hui son point faible… Au fil des élections, des bourrages de crânes électoraux, des promesses, des manœuvres dilatoires d’appareils politiques, de fausses polémiques, d’affaires plus ou moins sordides, on reproduit une situation qui ne cesse de se dégrader de plus en plus. L’illusion du changement toujours annoncé, cède aujourd’hui la place à une désillusion qu’illustrent, dans le meilleur des cas, l’abstention, dans le pire, le vote néofasciste, car on le sait, en l’absence d’une alternative crédible, viable face à la décadence du système en place, le pire est à craindre.

Certes, on assiste localement, de façon sporadique, à des initiatives alternatives qui tentent, souvent avec succès de créer le lien social que ne peut plus produire le système dominant ; mais l’ensemble de ces projets ne constitue pas une alternative politique globale. C’est le système politique en place qui a encore la main en ce domaine, et tout est fait pour aboutir à une impasse.

Cette logique d’obstruction, et l’Histoire l’a montré, peut produire le pire : l’arrivée au pouvoir de forces politiques qui, sans apporter la moindre solution à la crise, instaurent un état fort capable de figer toute velléité de changement et de porter atteinte aux libertés chèrement acquises.

Nous en sommes aujourd’hui à ce stade ultime où se joue une partie risquée : assurer un changement sans plus faire confiance au système politique en place complètement sclérosé ou risquer l’aventure de l’État fort dont on ne sait que trop ce qui peut en sortir.

article de Patrick MIGNARD repris sur 2ccr


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9 réactions à cet article    


  • Legestr glaz Ar zen 2 mars 2016 12:41

    J’apprécie beaucoup votre article. Quel dommage toutefois que vous n’insistiez pas davantage sur l’ambivalence du terme « démocratie ». L’oligarchie qui nous dirige utilise le substantif « démocratie » pour parler de la démocratie « représentative ». Pourtant il existe aussi une démocratie « directe » qui donne le pouvoir et la puissance au peuple. Celle ci est pratiquée, que je sache, sans un seul pays au monde : la Suisse. Cette démocratie « directe », même si elle est attaquée aujourd’hui en Suisse fonctionne. « L’initiative populaire » permet de modifier tout ou partie de la constitution. « Le référendum facultatif » permet de contester une loi jugée scélérate. Le peuple est souverain.cil peut, seul, modifier sa constitution.

    La démocratie n’est pas morte à condition de ne pas réfléchir en terme générique et de, constamment faire la différence entre démocratie représentative et démocratie directe. L’oligarchie joue à plein sur cette ambivalence pour faire croire au peuple qu’il est souverain. Aujourd’hui dans le système de démocratie représentative à la française, l’élection ne sert qu’à légitimer le pouvoir d’une petite caste très bien organisée sur une masse désunie.

    Faisons en sorte de voter pour un parti qui propose la mise en place d’une démocratie directe.cj’ai nommé l’UPR. Lisez son programme et vous comprendrez toute la liberté de décision offerte au peuple dans une démocratie directe. L’oligarchie en a une sainte frousse. La démocratie directe c’est la prise en compte de l’intérêt commun. Les intérêts particuliers seraient déconstruits. Imaginez l’horreur !


    • Habana Habana 2 mars 2016 15:25

      « ...l’arrivée de forces politiques qui pourraient porter atteinte aux libertés chèrement acquises » !

      Parlons plutôt de « pseudo-liberté » (logique après tout non ?) dans ce bel article qui nous explique si bien que nous vivons dans une « pseudo démocratie » (et on le sait tous !).
      Pour sûr, nous avons beaucoup d’obligations mais finalement peu de liberté !
      Qu’est-ce qui pourrait finalement être pire que ce que nous connaissons aujourd’hui ?
      Une maxime nous dit que « la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres ».
      Mais je trouve que certains s’offrent un peu trop de libertés au détriment de la mienne !
      Il est vraiment temps de sévir ! Sanctionnons lourdement les mécréants qui méprisent notre code civil et nos lois (et nos politiques véreux par la même occasion) !
      On pourra alors légèrement commencer à dépoussiérer notre adage Républicain « liberté, égalité, fraternité », tellement obsolète et mensonger !

      • tonimarus45 2 mars 2016 16:09

        bonjour— tout a fait d’accord avec vous ;en france nous glissons de plus en plus vers un regime repressif(( assignation a resistence d’ecolos et de gens n’ayant rien a voir avec le terrrorisme)

        Quand au mot democratie voici un exemple simple de la façon dont on devoie ce mot
        Elections municipales dits a la proportionnelle dans mon village ;; majorite 54 pour cent des votants, 21 sieges— opposition 46 pour cent, 5 sieges et bien sur aucun adjoint ni presidence de commission
        Et personne pour protester contre ce deni de justice ????? pour eviter toute amalgame je ne vote pas pour l’opposition qui est de droite ce qui ne m’empeche pas de trouver cela revoltant

        • Le p’tit Charles 2 mars 2016 17:31

          fascisme = Niant l’individu et la démocratie au nom de la masse incarnée dans un chef providentiel, le fascisme embrigade les groupes sociaux (jeunesse, milices) et justifie la violence d’État menée contre les opposants assimilés à des ennemis intérieurs, l’unité de la nation devant dépasser et résoudre les antagonismes des classes sociales dans un parti unique. Dans le domaine économique, l’état conduit une politique dirigiste mais maintient la propriété privée et capitaliste (Wikipedia) ben voilà notre belle société actuelle avec un groupe de décérébrés au pouvoir.. !


          • zygzornifle zygzornifle 2 mars 2016 18:49

            pour cela que le gouvernement met en place tout un système de répression , la Stasi version Socialiste ....


            • Coeur de la Beauce Le point de vue du chartrain 2 mars 2016 19:31

              ROBERT GIL : le totalitarisme des banques d’affaires est déjà là... Nul besoin de « fascisme » et autre épouvantail de service.


              • elpepe elpepe 3 mars 2016 08:50

                bonjour votre analyse poitique est fausse, et en ligne malheuresement avec la majorite qui s inscrit dans la meme conception.
                Ne considerez pas la democratie comme un objet, mais un but, ne considerez pas le capitalisme ou la finance comme un ennemi a la democratie, mais seulement ayant un autre but, agenda et interet.

                Alors tout est question de courage, volonte, et surtout de se donner le moyens de sa politique.
                Le peuple francais depuis 40 ans est lache, fainéant, peureux et a choisi la facilite, donc par ses peches il sera puni,
                Car il aurait fallu se donner les moyens de notre politique, et democratie, il y a 40 ans aujourd’hui vous pouvez pleurer si cela vous réconforte.


                • Hector Hector 3 mars 2016 09:36

                  @elpepe
                  Vous faites erreur.
                  Le Peuple Français n’est pas ce que vous prétendez qu’il est, même si la masse électorale est dans sa grande majorité composée de veaux.
                  Nous avons été bernés dés le départ de De Gaule avec l’accession de Pompidou à la présidence et sa loi de finance scélérate de 73, entre autres.
                  Mais comment aurions nous pu nous défendre et la contester alors que même encore aujourd’hui peu de gens la connaisse ?
                  Ce n’est pas un manque de courage de notre Peuple qui nous a amené à cette situation, mais bien la volonté délibéré de nos représentants de mettre cette démocratie représentative au service du capital et de leurs intérêts, grâce à des moyens d’asservissement de masse auxquels il est difficile d’échapper et je suis hélas persuadé que nous n’en sortirons que par une révolution violente parce que tous les processus démocratiques ont été verrouillés de façon à ne jamais aboutir à un véritable changement.
                  Merci à l’auteur d’enfoncer à nouveau le clou. A force, cela finira bien par rentrer et si ce jour arrive, certains auront intérêt à garer leurs miches.


                • Parrhesia Parrhesia 3 mars 2016 18:51

                  Il n’est pas certain qu’il s’agisse d’une pseudo-démocratie...

                  Par contre, si nous considérons le corps électoral eu égard à son comportement global, il est plus que probable qu’il s’agisse désormais de pseudo-électeurs !!!

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Robert GIL

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