La jungle, fond de cale du capitalisme
De part sa situation géographique, Calais constitue un réceptacle sans issue, dans lequel s’accumulent les migrants, fuyant les guerres, le chômage de masse ou la famine. La jungle de Calais est un désastre qui symbolise à elle toute seule la mondialisation libérale dans ce qu'il y a de plus abject.
Tout d'abord, libéralisme est une philosophie qui n’est là que pour justifier le capitalisme mais aussi pour arguer de sa grande efficacité économique. Elle justifie de fait, la recherche de l’intérêt individuel comme permettant l’optimum économique global. Elle stipule que tout est marchandise et que tout s’offre sur un marché qui définit un prix réputé pour son équilibre parfait. Elle suppose donc la parfaite mobilité du Capital et du Travail. Là se trouve le fondement des migrants à la recherche d'un impossible eldorado. Dans ce cadre, le travail, est traité comme un marché. Ceci signifie de manière concrète que chaque travailleur, se vend sur un marché et que son salaire est fixé en fonction de l’offre et de la demande de travail, voulue par le seul capital.
De son côté la mondialisation, est la réponse qu’a imposée aux états, le capitalisme en crise (depuis 1971), dans le cadre d’un chantage mondialisé à l’emploi. La mondialisation ne cherche qu’à contourner les conquêtes sociales des peuples dans chaque nation, qui font encore un peu obstacle à l’accumulation mondiale du capital et qui ralentisse donc un peu le taux de profit. Pour chercher à capter la valeur en réduisant le coût du travail, le capitalisme, par le système de concurrence et de libre échange, va imposer la mobilité du travail. Cela correspond donc à aller chercher les migrants là où ils vivaient, pour les importer comme main d’œuvre concurrentielle (Automobile, BTP, nettoiement), et ainsi faire pression sur les salaires locaux. Le drame des migrants est donc le prix que nous devons payer collectivement pour avoir accepté la dictature des marchés.
Chaque année, 800 milliards d’euros de capitaux illicites partent des pays pauvres pour s’investir dans les paradis fiscaux Européens. L’aide au développement quant à elle ne pèse que 80 milliards. Il y a donc une spoliation illicite de richesse de 720 milliards d’euros par an. C’est ce mouvement des capitaux, dû aux libéralisations successives qui génère les mouvements migratoires successifs des africains vers l’Europe. Les Africains ne font en définitive que suivre le mouvement du capital. Le tiers monde continue incontestablement de subir de plein fouet les avaries du capitalisme. Après avoir été confronté au fameux Plan d'Ajustement Structurel du prestigieux F.M.I qui consistait à transformer leur mode de vie ancestraux (agriculture vivrière autour des villages), en culture d’exportation à vendre sur les marchés ce qui devait permettre d’obtenir des devises, pour financer les investissements nécessaires au développement. Dans la réalité, les prix mondiaux, « loi de l’offre et de la demande » oblige, s’effondrèrent, ce qui a généré la dette africaine. De plus pour faciliter l'échelonnement de cette dette, Le FMI n'a rien trouvé de mieux que d'imposer la privatisation à tous les secteurs rentables des économies locales mais la mise en coupe réglée des aides qui permettaient à la population de survivre. Au final, les cultures vivrières étant détruites, les aides étant supprimées, les africains n’ayant plus de quoi manger, furent obligé de migrer pour survivre.
Un autre phénomène aggravant fut la spéculation. Avec l’explosion de la bulle internet en 2001, puis celle du marché immobilier en 2007, les marchés agricoles ont connu à cette période l’arrivée de gros investisseurs institutionnels (fonds de pension, compagnies d’assurance), qui fuyaient les marchés décatis avec la ferme intention de tirer profit de cet eldorado. C'est tellement vrai que seuls 2 % des contrats à terme portant sur des matières premières aboutissent désormais à la livraison d’une marchandise, les 98 % restants étant revendus sans déplacement. Tout ceci a entraîné toute sorte de tension au sein des populations et avec souvent la guerre comme point d'orgue. En effet il ne faut pas oublier que sur les 60 millions de migrants, la moitié le sont pour fuir la guerre (les causes économiques représentant l'autre moitié). On ne peut s’empêcher de penser que pour une très grande part les états impérialistes ont souvent suscité ou encouragé des conflits. Et encore notre esprit chafouin nous impose de rappeler qu'ils sont souvent intervenus directement avec comme arrière pensée de vouloir imposer leurs entreprises toujours promptes à ouvrir un marché fructueux. Voilà ce que nous payons aujourd’hui. Les migrants sont le produit de cette histoire.
Dans tous les cas, il ne faut jamais oublier que les migrations ne sont jamais volontaires ni désirées. Elles sont toujours le résultat d’une fuite de l’enfer, vers la recherche d’un paradis supposé. Il n’existe aucun immigré heureux de partir de chez lui, de sa terre, de son village, de sa famille sans bagage. D'ailleurs, on n'oublie souvent que les immigrés sont avant tout des émigrés. Les humains partent pour tenter de survivre, car le système a détruit leur vie, et ce mécanisme ne dure que depuis trop longtemps.
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