La nuit n’est pas frangine avec la loi
A propos des esplanades des centres urbains que l’on voit habillées d’êtres - pour la plupart en baskets - il y a de ces mythologies qui se plaisent à nous rappeler si bien le passé, que le présent n’en serait plus que le rêve éveillé. « Général » il est, le leur. Ecrit sur le carton, sur le pavé, gueulé dans les bouches, rentrant dans une oreille, pour en sortir d’une autre, avant de s’échouer dans les journaux qui relaient frénétiquement le peu de soubresauts que ces lecteurs ont encore le droit de s’enticher dans ces temps de sécurité maladive. Bien qu’on les aurait aimé le jour, ces nuits, car les Lumières ne s’éclairèrent pas à la bougies, il y a de quoi en passer des blanches, des nuits, à réfléchir sur des temps qui en a des tas, d’ennuis.
On les entends déjà les détracteurs, les pisse-vinaigres de la plume déplumée, qui s’offusquent d’un crachat filant comme une étoile dans ces nuits, à la face d’un philosophe mécontemporain sous la pluie. Ils crachent sur mon coeur comme il pleut sur la ville, croirait-on entendre. Dans cette période où l’on nous rabâche et nous persuade à coup de pelleteuse dans les chaumières qu’une jeunesse part dans le Golfe se tuer pour prouver qu’elle existe, qu’une autre reste pour se dépolitiser ou qu’une dernière écarte les orteils avec le chiche des aides sociales : il n’en est rien. Noctambules somnambules, petits vampires qui rêvent de vider le sang de l’ultra capitalisme, ils sont de plus en plus nombreux, tant est si bien qu’ils sont méconnaissables. A ceci près de constater : tous les chats sont gris. Pas bleus, encore moins marine, légèrement rouges, mais surtout gris. Blancs, noirs, jaunes ? Non, gris. Dans l’obscurité, à la lueur de quelques réverbères, on entend des ombres que chants et longues discussions. Parler. Il était temps. Pas en 140 caractères. Parler, et parler vrai. De bois, de vipères, de putes ou bien pendues, on avait besoin que les langues se délient, qu’émerge la parole. Finis les chiens de garde qui la monopolisent ? trop tôt de répondre, mais les chats sont de sortie.
Et il aura fallu attendre. A force d’entendre que tout est bien dans le meilleur des mondes d’austerité possibles, on a bien failli le croire. Ne pas en vouloir, c’était ne pas être moderne avec cette formidable condescendance : « et surtout ne nous faîtes pas honte, votez bien ». Finalement d’où viennent ces crachats qui tombent sur nos têtes (nous faisant croire à des biens faits célestes) ?
A nous vendre de la croissance sur les unes en veux-tu, n’en voilà pas, la jeunesse que l’on pensait m’enfoutiste, a fini par suivre le croissant d’une lune, et n’est apparemment pas prête à aller se coucher.
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