• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Les djihadistes, faux mystiques et vrais truands

Les djihadistes, faux mystiques et vrais truands

Tout se passe comme si l’on avait découvert la pierre philosophale. Les terroristes djihadistes ? Des illuminés d’un autre âge, des fous mystiques, des maniaques du sacrifice. Enfin démasqué, le terrorisme présente alors un visage aussi familier que répugnant. Il est affublé d’une identité qui efface jusqu’au souvenir de ses avatars historiques, décidément inconsistants. On a beau rappeler que le terrorisme n’est qu’un moyen et qu’il a existé sous d’autres latitudes. Peu importe. Ces autres terrorismes, de l’Irgoun à l’ETA, s’évanouissent dans la nuit des temps.

Car la terreur porte désormais un nom unique, elle est le signe d’une culpabilité sans faille qui l’expose aux foudres de la civilisation. Sa causalité est univoque, lestée du poids d’une seule détermination. Laquelle ? On le devine. La terreur répond à un appel de l'invisible, elle puise sa source, dit-on, dans le message coranique lui-même, elle réitère la violence islamique. C’est ainsi : la doxa exige qu’on désigne dans l’islam le coupable essentiel. En d’autres temps, on eût soigneusement dissocié une respectable confession millénaire d'une pratique meurtrière qui ne lui doit rien. Aujourd’hui, cette distinction de bon sens vaut à ses auteurs une accusation d'indulgence.

Car il faut absolument que le terrorisme apparaisse comme l’expression d’une violence intrinsèque de la religion musulmane, qu'elle en porte le poids. Cette foi délétère n’est-elle pas responsable du délire suicidaire des fous d’Allah ? Il faut que cette violence demeure insensée, fulminant soudainement, sans raison explicable ni complicité inavouable. On abreuve alors l’opinion occidentale de cette représentation anxiogène, on l’ensorcelle avec ce parfum d’apocalypse. L’important est qu’elle y croie, qu’elle voie surgir cette puissance dévastatrice d’un ailleurs absolu, d’un abîme de sauvagerie dont l’Occident, bien sûr, est innocent.

Le terrorisme serait donc un obscur mélange de folie et de fanatisme. La fréquentation de l’absolu se métamorphoserait en désir de purification. Le dogme religieux fournirait à cette rage destructrice le motif de sa radicalité, il lui procurerait l’ingrédient sulfureux de sa violence. Ces illuminés brûleraient d’accomplir les promesses de l’eschatologie religieuse, ils se feraient les exécutants d’un plan divin ordonnant le sacrifice des purs et la destruction des impurs. Comme le montrent les attentats-suicide commis par les desperados du djihad, cette interprétation n’est pas complètement fausse. Mais elle est insuffisante, et surtout elle risque de nous cacher l’essentiel.

Car en interprétant le phénomène djihadiste uniquement dans ces termes, on commet trois erreurs. D'abord, on prend pour argent comptant ce que le djihadisme dit de lui-même, on se rend captif du discours qu'il tient. Ce n'est pas le meilleur moyen de comprendre ce qu'il est vraiment. On s'interdit en effet d'en saisir les autres motifs, qui sont nettement plus mondains et beaucoup mois mystiques. Ensuite, on généralise abusivement à partir d'un mode opératoire minoritaire, celui des suicidaires à ceinture d'explosifs, en croyant y détenir l'essence du phénomène.

Enfin, et c'est le plus grave : en imputant le djihadisme à l’islam, on lui attribue une causalité aussi commode qu’elle est absurde. Cette assimilation insulte évidemment le bon sens, mais elle présente l'avantage idéologique de dédouaner l'Occident de toute responsabilité au détriment des musulmans. Peu importe, alors, si ces bouc-émissaires désignés par l'hypocrisie occidentale sont aussi les premières victimes d'un terrorisme clairement condamné par la religion musulmane.

Réduit à l'expression d’un délire millénariste, le phénomène djihadiste perd alors toute consistance politique. L’interprétation dominante le dilue dans le religieux, mais cet arbre du religieux cache la forêt du politique. Et puis, à quoi bon chercher les raisons de cette folie meurtrière, dès lors, puisqu’elle est sans raison ? Si les terroristes sont vraiment des fous illuminés, on accordera qu’il n’y a rien à comprendre à leurs actes. Rejeté vers l’irrationnel, le phénomène en devient illisible.

Cette grille d’analyse projette donc une fausse lueur sur ce qu’elle prétend expliquer. Elle masque le refus d’une intelligence du terrorisme fondée sur l’analyse de ses véritables motifs. Elle facilite la conservation du secret de polichinelle auquel fait écran le bavardage médiatique : comme les autres, le terrorisme djihadiste est la continuation de la politique par d’autres moyens. Dès sa naissance sous les auspices de la CIA, le « djihad global » est l’instrument de puissances étrangères, les USA et leurs affidés, dont les motivations parfaitement triviales se résument à l’appétit de pouvoir et à l’appât du gain.

S’il y a des djihadistes, ce n’est pas seulement parce que des individus déclassés en mal d’action ont subi un bourrage de crâne. Ce n’est pas parce que la radicalisation, chez eux, a pris les couleurs de l’islam politique faute de mieux sur le marché. C’est surtout parce qu’il y a de puissantes organisations internationales pour les recruter, les encadrer et les armer jusqu’aux dents. Or ces organisations ont des bailleurs de fonds, des alliés et des complices sans lesquels elles n’auraient jamais obtenu des millions de dollars, des passeports, des uniformes, des 4X4, des lance-missiles et du captagon à volonté.

Depuis trente ans, Al-Qaida et ses avatars successifs, Daech compris, ne sont pas le fruit d’une génération spontanée, ni l’expression d’un élan mystique, ni la nouvelle version du romantisme révolutionnaire. Ce sont des artefacts politiques qui doivent leur existence aux grandes manœuvres dont le Moyen-Orient, ce trou noir de la géopolitique mondiale, est à la fois le théâtre et la victime. Ils sont les rejetons monstrueux des accouplements entre les apprenti-sorciers de Washington, les monarques dégénérés du Golfe et les néo-Ottomans rêvant de restaurer leur antique grandeur.

Les attentats terroristes ne sont pas l’initiative isolée d’individus marginalisés ou en désarroi psychologique. Ce sont des crimes politiques répondant à la définition précise du terrorisme : « l’exercice d’une violence aveugle contre des civils en vue d’obtenir un résultat politique ». Ce terrorisme est perpétré par une soldatesque protéiforme recrutée aux quatre coins du monde qui fait le sale boulot exigé par ses employeurs. Obscurs tâcherons d’une équipée sanglante qui leur donne l'illusion de ramener le monde extérieur au niveau de leur propre nullité, ces truands sans honneur sont la racaille d’en-bas, délibérément mise au service de cette racaille d’en haut qui parade à Riyad et à Doha.

Composée pour l'essentiel de mercenaires au petit pied, cette pègre qui vendrait sa mère pour un bon salaire a autant de rapport avec l’islam qu’une bande de rats d’égoût avec la théologie de Saint-Augustin. S’acharnant sur le moindre vestige d’une culture qui la dépasse, cette lie de l’humanité accomplit les basses besognes pour lesquelles on la rémunère, s’octroyant au passage, par le viol et le pillage, un petit supplément en guise de prime de risque. Ni mystiques, ni schizophrènes, c’est leur façon de faire de la politique : comme de petits truands à la solde de leurs chefs mafieux.

 


Moyenne des avis sur cet article :  2.08/5   (26 votes)




Réagissez à l'article

12 réactions à cet article    


  • Sincere (---.---.61.12) 23 avril 2016 19:53

    UN GRAND BRAVO ! Une analyse pleine de bon sens ! Enfin un article serieux et logique !


    • ouam2 (---.---.41.186) 23 avril 2016 20:25

      L’auteur a ouvert un coran un jour dans sa vie ?

      Sait t’il ce qu’est le whahabisme ?

      Connait t’il les différents courants de l’islam (ses branches) ?

      Comment le coran est il percu et appliqué suivant les différentes branches ?

      Qui sont les « employeurs » ? cf :

      « ...Ce terrorisme est perpétré par une soldatesque protéiforme recrutée aux quatre coins du monde qui fait le sale boulot exigé par ses employeurs »

      et quelles sont leurs idéologies ?

      Que signifie le hidjab, le tchador, bourka & co ?

      ne sont elles pas les tenues d’un étendard politique qui soutiens cet islam radical ?

      (whabisme & co)

      mes questions... naann ?


      • Pascal L 23 avril 2016 21:38

        « un terrorisme clairement condamné par la religion musulmane »


        Pas si clair que ça. J’entends bien les protestations des Musulmans, mais celle-ci sont plus de l’ordre de la protestation républicaine que de la protestation religieuse. Je n’ai pas pour l’instant entendu de protestation théologique et il me semble qu’il s’agit là d’un piège des terroristes qui exploitent une faille de l’Islam. Le Coran étant la parole de Dieu, il ne peut être discuté. Il est toujours possible d’extraire un verset du Coran pour justifier l’injustifiable et il ne se trouvera personne pour dire que ce n’est pas la parole de Dieu. Les Musulmans ne sont pas coupables de terrorisme, mais l’Islam est le facteur qui permet son développement comme le Maoïsme avait pu le faire à une autre époque.
        Imaginez un moyen-orient bouddhiste ou chrétien et personne n’aurait réussi à y mettre le feu comme cela a été fait.

        • marceau2 (---.---.53.92) 24 avril 2016 21:37

          @Pascal L

          -Outre la coran, la référence pour les djihadistes est le modèle légué par mahomed et son imitation la plus fidèle possible.

          Le viol des femmes captives c’est mahomed, l’égorgement des ennemis, les supplices lors des mises à mort c’est mahomed , la guerre contre les non musulmans et les mauvais musulmans c’est mahomed !


        • philouie 24 avril 2016 21:38

          @marceau2
          en plus mahomed mangeaient les enfants.


        • leypanou 23 avril 2016 22:57

          L’analyse de cet article est trop compliquée pour le niveau intellectuel moyen de beaucoup de commentateurs sur agoravox.

          Surtout, quand vous écrivez : Ce terrorisme est perpétré par une soldatesque protéiforme recrutée aux quatre coins du monde qui fait le sale boulot exigé par ses employeurs, l’obtus de base ne voit que l’exécutant, et ceux qui tirent les ficelles ont intérêt à ce qu’il en soit ainsi.

          Cela étant, notre pays participe bien aux sanctions contre la Russie, alors que c’est contraire à ses intérêts -surtout l’affaire des Mistral-, alors, il ne faut pas trop s’étonner.


          • marceau2 (---.---.53.92) 24 avril 2016 21:52

            @leypanou

            -L’EI recrute un peu comme le faisaient les brigades internationales durant la guerre civile d’Espagne. Des gens de nationalités diverses, d’origines sociales diverses mus par une même idéologie ! 


          • Le p’tit Charles 24 avril 2016 08:11

            +++++


            « Les djihadistes, faux mystiques et vrais truands »...enfin quelqu’un qui ose dire la vérité sur ces étrons.. !

            • COVADONGA722 COVADONGA722 24 avril 2016 18:36

              @ l auteur , bonsoir , bien validons votre théorie : des cerveaux atrophiés passés du banditisme 

              a une mystique dévoyée , j’ai bien compris ?

              alors quid de la population protégeant logeant et nourrissant ces terroristes.
                    quid des islamistes du sites vous expliquant non pas que le gouvernement 
                         instrumentalise les attentats mais qu’il en est l’auteur et l’instigateur.
                    quid de cette omerta décrite par les services de police je cite" les services non pas connaissances antérieurement d’un tel mauvais vouloir , d’une telle absence de collaboration , et d’une telle inertie de la part d’une partie de la population française.
                    quid des imams infoutus ne serait ce d’évoquer une prière pour toute les victimes y compris les impies.
                    quid des explosions de joies ici a Marseille a l’annonce des attentats
                    quid des milliers d’incidents provoqués par des élèves musulmans a l’évocations de ces attentats en cours ?
                     quid de ces dignitaires religieux en France refusant de dénoncer ces attentats
              c’est bien la démonstration qu’une partie significative de la population musulmane ici les approuves nolens volens.

              Alors très bien une milice inculte fanatisée et manipulée ,
               ben le résultat de ses actions est révélateur 
              la partie immergée approuve implicitement les actes de la partie émergée de l’iceberg islam ! 

               
               





              • marceau2 (---.---.53.92) 24 avril 2016 19:34

                Mort de rire !

                Quelle imbécilité cet article.

                Il faut tout ignorer de la genèse de l’islam pour parler ainsi. Depuis l’ origine de l’islam, les musulmans sont à la fois des mystiques et des truands, des croyants et des prédateurs. En islam la foi en dieu est inséparable de l’accaparement des richesses, celles des autres évidemment, celles des incroyants, des chrétiens, des juifs, des faux musulmans, des polythéistes , des animistes et c’est ce qui a toujours motivé les musulmans.

                Dés qu’il fut installé à Médine, mahomed et ses partisans attaquèrent et pillèrent les caravanes mecqoises qui commerçaient avec le Moyen Orient, puis ils s’en prirent aux tribus juives de Médine riches et prospères , massacrérent les 800 hommes de la tribus juives des Banu Qoreiza,se partageant les femmes et réduisant les enfants en esclavage , expulsérent les Banus Nadir, vers Khaibar les soumettant au statut du dhimmis et chassèrent les Banu Koneika.

                Le colonialisme musulman fut une vaste entreprise de pillage des pays conquis et d’exploitation des populations occupées. Du reste le colonialisme musulman s’est toujours exercé en direction de pays riches, développées, évolués en profitant de leurs difficultés passagères pour les attaquer comme pour Byzance et la Perse qui furent attaqués en 632 après s’être fait la guerre, pour la eniéme fois, entre 602 et 632..


                • gaijin gaijin 25 avril 2016 17:32

                  @marceau2
                  Le colonialisme musulman fut une vaste entreprise de pillage des pays conquis et d’exploitation des populations occupées

                  et le colonialisme chrétien ?
                   qui a exterminé les amérindiens et les aborigènes australiens ?
                  qui a inventé en afrique la tradition des « manches courtes » a part les belges ? qui a inventé la chasse au scalp a part les anglais ( ou les français je suis pas sur )  ? qui a inventé le commerce de la drogue pour affaiblir un pays a part les anglais ? etc ........................
                  au concours de l’ignominie notre glorieuse civilisation est de loin devant ......champions toutes catégories .....


                • Pxry (---.---.209.193) 25 avril 2016 11:25

                  L’article decrit une situation instantanée de la realité d’aujourd’hui. Et l’utilisation politique de la religion,qui, ainsi, est dénaturée. Rien a voir avec « ce qu’est l’islam » pour un pratiquant sincère.

                  Le fond du probleme pour les religions juridiques comme l’islam ou le judaïsme, c’est que personne ne peut affirmer la realité :

                  Le sionisme est une hérésie juive Le wahabisme est une hérésie islamique.

                  Les heretiques menent le bal, en reprimant la liberte de pensée, en imposant leur vue et leurs mensonges par la violence (il ne peuvent pas faire autre chose, puisque leur doctrine est fondamentalement un blaspheme et une violnce faite à Dieu.

                  Ne pas oublier le theme du « petit Reste », qui parcours toute la Bible.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité