• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Culture & Loisirs > Étonnant > La fébrilité du jour d’avant

La fébrilité du jour d’avant

JPEG

Le long trajet.

Mon canoë a pris les devants. L’ami Georges l’a embarqué la veille sur sa camionnette, mettant le sien à l’intérieur tout en chargeant nos bidons. Ce matin, il a pris la route tandis que j’avais encore quelques démarches à faire. La première fut des plus agréables : je rendis visite à ce cher Francky, l’animateur à ressort de Radio Arc en ciel, notre partenaire exclusif sur la place d’Orléans.

Je présentai notre parcours aux auditeurs, de plus en plus nombreux, de la petite radio qui monte, qui monte. Ça tombe bien, car nous on descend : l’Allier d’abord puis la Loire. L’animateur, qui ne recule devant aucun défi quand ce sont ses invités qui doivent le relever, me demande d’improviser un conte qui prendra une minute. Le diable va me contraindre à mettre sur pied le conte express pour répondre à ses caprices … Je m’en suis tiré avec une histoire que je venais d’écrire !

Le plus dur reste à faire. J’ai conté tout le weekend, dehors, au soleil et dans le vent : les conditions idéales pour y perdre ma voix et me retrouver avec une bronchite des familles. Dénicher un médecin dans la demi-journée dans ce grand désert médical qu’est devenu le Loiret est un défi qu’il me faudra relever. J’ai eu beau faire une annonce à la radio, personne ne m’a indiqué le médecin miracle, c’est vous dire que nous sommes fort mal lotis chez nous.

Il me faut donc différer mon départ. Georges va s’ennuyer tout seul sur le bord de l’Allier ! C’est en début d’après-midi que je trouve enfin celui qui va me prescrire un cocktail de secours pour me permettre de partir en dépit de mon état. J’espère échapper au contrôle anti-dopage : il est pratiquement certain que je serais positif. Mais bon, la bête est dure et je vais pouvoir répondre présent !

 J’en profite pour rendre visite à notre Pirate de Loire. Il est celui qui connaît le mieux les Ligériens, les mariniers le long de notre rivière. Je lui fait état du peu de réponses que nous avons eues sur le début du parcours ; il va relancer son réseau pour nous trouver des points de chute. C’est un précieux compagnon et un merveilleux photographe. Il ne manquera pas de nous faire deux ou trois visites durant notre périple.

Le décalage de mon départ me permet de trouver le temps d’une visite à ma chère sœur aînée. Tout heureuse de cette surprise, elle débouche une bouteille de Montlouis. Moi qui voulais placer cette avalaison sous le signe de la modération, me voici contraint de différer mes bonnes intentions et le risque est grand qu’elles ne tombent à l’eau, puisque le Pirate me suggère une étape à Sancerre … où nous serons accueilli à bouchons ouverts. Décidément, on se ligue contre ma volonté !

J’appelle mon ami Casimir qui s’est proposé de me conduire sur place. Trois heures de route, un temps de chien et les médicaments qui m’assoupissent : je fais un piètre copilote ! Mais qu’importe, il me conduit à bon port ; ne manque plus qu’à trouver la rivière et le lieu choisi par Georges pour installer la première Taconnerie du parcours.

Nous sommes au milieu de nulle part. Nous avançons sur un chemin de terre, les nids de poule succèdent aux ornières et j’en perds le fil de ma pensée. Mes doigts glissent sur le clavier. Je me suis réveillé un peu tard. Je dois me dépêcher si vous voulez avoir votre bulletin de route dès demain matin. Nous sommes sur la rue de la rivière : le nom est encourageant mais l’Allier se dérobe à nous.

Nous empruntons maintenant une piste cyclable qui s’arrête contre un pont de chemin de fer. Pas de Georges en vue. Il faut en venir aux moyens modernes et c’est le téléphone de Casimir qui servira de truchement pour retrouver le trappeur. C’est après bien des recherches que nous découvrons l’ours des rives : un croisement entre Quasimodo et le Grizzli. Il a établi notre premier camp de base sur une plage en galets, idéale pour les rhumatismes, en un méandre de l’Allier.

Je réussis tant bien que mal à monter ma tente. C’est une première pour moi et, quand elle se déplie, je la reçois dans un endroit précis que rigoureusement ma mère m’aurait permis de nommer ici. Il me faut terminer ce premier récit sous la pluie, l’ordinateur sous la cape et votre serviteur également. Les choses étant ce qu’elles sont, la soirée sera de courte durée. Pas un riverain à l’horizon qui d’ailleurs est bouché. Les contes attendront des jours plus cléments. Casimir est parti trouver le confort d’un hôtel. Et, comme notre étourdi a oublié chez lui la quiche que sa femme avait préparée pour nous, le régime maigre commence officiellement ce soir.

Si vous lisez ces quelques lignes c’est que la rivière n’a pas soudainement débordé et que nous avons survécu à cette première nuit. Je vous souhaite le bonsoir car, à l’heure où j’écris ces dernières lignes, rien n’est encore acquis. À demain pour le premier jour du Tacon. Ici la Taconnerie, à vous les gens ordinaires.

Initialement vôtre.

 

DSCN1554.jpg


Moyenne des avis sur cet article :  4.2/5   (5 votes)




Réagissez à l'article

11 réactions à cet article    


  • jacques 10 mai 2016 12:57

    Vraiment extra, un tout grand merci à vous.


    • C'est Nabum C’est Nabum 11 mai 2016 21:26

      @jacques

      Merci

      Sans caméras embarquées
      Rien qu’un ordinateur pour le partage


    • juluch juluch 10 mai 2016 13:41

      Ca promet !!!!


      Haut les coeurs !!!

      • C'est Nabum C’est Nabum 11 mai 2016 21:28

        @juluch

        Je réponds avec du retard
        Nous n’avions plus d’électricité


      • Hector Hector 11 mai 2016 06:06

        Compliments, bien entendu.
        Mais pourquoi ne pas avoir utilisé un bateau traditionnel Ligérien en partenariat avec une association, sur lequel vous auriez pu aménager un « roof » en dur qui vous aurait mieux protégé ?
        Mes amitiés et tous mes encouragements pour la suite. Je regrette de n’être pas sur votre trajet.


        • C'est Nabum C’est Nabum 11 mai 2016 21:31

          @Hector

          Premièrement parce que nous ne voulons pas de moteur
          Deuxièmement parce que Loire et Allier ont désormais des obstacles infranchissables pour de tels bateaux
          Troisièmement, pas de partenariat


        • Prudencegayant (---.---.79.191) 11 mai 2016 21:13

          Vous voilà découvreur de contrées lointaines et inexplorées. Attention aux maladies infectieuses, aux filles de mauvaise vie, au moustique zika, et à ne pas tomber à l eau.


          • C'est Nabum C’est Nabum 11 mai 2016 21:32

            @Prudencegayant

            L’étrange et l’insolite sont aussi à notre porte

            Il suffit d’ouvrir les yeux


          • Prudencegayant (---.---.79.191) 11 mai 2016 21:44

            @C’est Nabum

            Bougie de cire ou graisse de boeuf qui empeste ? J avais l intention de compiler de mémorables commentaires à lire pour vos longues soirées mais si vous lisez tout si vite mon imagination débridée va se retrouver dans les affres du manque d’inspiration.


          • C'est Nabum C’est Nabum 12 mai 2016 21:32

            @Prudencegayant

            Je réponds parfois trop vite car je manque d’électricité, cette chose étrange qui ne se trouve pas partout quand on campe en bord de rivière
            Pardon


          • Prudencegayant (---.---.79.191) 12 mai 2016 21:37

            @C’est Nabum

            Même pas de lucioles ?

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité