• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Mondialisation : l’élite qui dirige, la populace qui vote

Mondialisation : l’élite qui dirige, la populace qui vote

Jacques-Robert SIMON

 

 Les décideurs, qui représentent environ 1% de la population mondiale, imposent de plus en plus volontairement un modèle dit libéral à tous les peuples de la planète. Pourquoi cette volonté de dominer sans partage : le désir du meilleur des mondes pour tous ou seulement pour eux-mêmes ?

  Penseurs et financiers ont constaté que des élections libres reflétaient la somme des égoïsmes et ne pouvaient pas (ou très difficilement) imposer l’intérêt général même par un forgeage incessant des mentalités par un spectacle politique. Une collectivité nécessite un processus décisionnel opérationnel : le glissement de la Démocratie vers le Social-Libéralisme devenait inéluctable. Les élus s’occupent du social, les financiers de tout le reste, c’est à dire l ‘essentiel.

 Vouloir organiser, policer, dominer le Monde fut l’idéal de tous les hommes de pouvoir qui régnèrent et dont les noms constellent les livres d’histoire. La mondialisation américano-libérale n’est que la tentative contemporaine pour y parvenir. Mais est-ce une nécessité de rendre semblables peuples, peuplades, cultures ? La cohérence d’une société peut être obtenue par l’acceptation raisonnée des différences, elle peut être aussi obtenue en remplaçant le peuple par la populace sensible seulement aux instincts pour les uns et au désir de domination pour les autres. Deux problèmes à l’échelle mondiale se posaient au siècle dernier : la surpopulation et les inégalités Nord-Sud. Comment les partisans inconditionnels de l’égalité d’une part, et de la liberté d’autre part abordèrent-ils ces défis ?

 L’augmentation mondiale de la population inquiétait nombre d’analystes : une très inquiétante explosion démographique allait rendre insuffisante les ressources de la terre. Thomas Malthus (1766-1834), proposa de limiter la croissance de la population pour éviter d’effroyables famines. Malthus était contemporain du décollage industriel anglais et l’accroissement de population s’accompagnait d’une augmentation importante des émissions de gaz carbonique (CO2) par l’utilisation de plus en plus massive d’énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon). Le passage d’une source naturelle d’énergie, celle associée à la photosynthèse, aux énergies fossiles était inévitable tant l’avidité en ressources était grande. La transformation des photons lumineux en matière végétale est inefficace, le rapport énergie stockée sur énergie lumineuse reçue est inférieur à 1%. Les combustibles fossiles fournissent une énergie solaire stockée sur des centaines de milliers d’années, ce qui fournit dans l’instant une bien plus grande quantité d’énergie que la photosynthèse. Durant la révolution industrielle de 1850-1900, la population mondiale augmenta rapidement.

  Une gestion autoritaire de la natalité par la Chine a conduit dès 1955 à des « instructions pour le contrôle des naissances. » . En 1970, l’indice de fécondité (nombre d’enfants par femme) est encore de 5,78. Une nouvelle planification des naissances commence en 1971 qui recourt cette fois à des stérilisations et des avortements. Le succès de cette campagne est foudroyant, en 10 ans l’indice de fertilité diminue de plus de moitié (2,31 en 1979). Entre 1970 et 1980, le Produit Intérieur Brut par habitant de la Chine a augmenté modérément. Mais qu’en est-il dans d’autres pays qui ne disposent pas d’un système autoritaire permettant une maîtrise aussi stricte des populations ?

  À la libération en France, la natalité explosa pour atteindre 3 enfants par femme. Le « baby boom » se maintint durant une vingtaine d’années, la natalité devenant à partir de 1975 inférieure au taux de maintien de la population (1,75-2,0 enfants par femme). En 1973-74, la contraception et l’interruption volontaire de grossesse avaient été autorisées par les autorités. 

 Une baisse des naissances peut être obtenue en agissant vigoureusement ou en ne rien proposant de contraignant : la relation cause-effet n’a guère de sens, l’ensemble du système complexe doit être considéré. Le facteur primordial est la capacité des autorités à conserver une cohérence dans la société qu’ils dirigent. Une forte contrainte pour les uns, une gestion des désirs pour les autres, peuvent être appliquées. De nos jours, une décroissance du nombre d’enfants par femme est observée partout, même en Afrique subsaharienne où l’indice de fécondité est le plus élevé. Dans le même temps, le Produit Intérieur Brut (PIB) mondial a considérablement augmenté entre 1950 et 2000. L’espérance de vie est également en augmentation dans toutes les régions du monde même en Afrique où elle reste faible. Le système actuel engendre bien des richesses et un mieux-être si on le mesure par l’espérance de vie.

 Cependant, un système régnant ne peut que produire des inégalités croissantes puisque il est exceptionnel que l’on puisse contrecarrer les intérêts des plus forts quelle que soit l’organisation politique. Un changement de système, une révolution, se produit de temps à autre mais elle s’accompagne d’une chute de la production des richesses, la cohérence sociétale étant transitoirement ruinée. Ainsi, le PIB de la Russie s’est effondré après le « changement de régime » en 1989, elle ne retrouva un niveau comparable qu’en 2007. En 2013, 110 personnes détiennent 35% de la richesse Russe. En France, comme dans tous les autres pays occidentaux, les inégalités augmentent jour après jour sans que l’efficacité économique n’en soit améliorée : la concentration du pouvoir n’améliore en rien l’efficience. L’épargne des efforts de la main d’œuvre peut être obtenue par la robotisation. Ils effectuent sans barguigner des travaux répétitifs sans manifester de fatigue, de peine, d’humeur. Les produits deviennent si peu chers que les chômeurs créés par la robotisation peuvent les acheter et stimuler, en conséquence, la consommation, et donc, dans un second temps, favoriser l’emploi. Cette logique eut un sens puisque le temps de travail a baissé très significativement le siècle dernier. La « mondialisation » remet toutefois en cause ce schéma. Si une masse laborieuse d’un pays pauvre peut produire à moindre coût la même quantité de biens, il est inutile pour l’investisseur de privilégier des robots. Les plus démunis des pays pauvres voient leur sort quelque peu amélioré mais c’est la classe sociale la plus pauvre des pays occidentaux qui en paie le prix. Il se créé ainsi une classe d’intouchables, hors des castes dominantes des hommes d’argent, de pouvoir, de médias. La « révolution informatique » ne permet pas non plus de libérer les travailleurs de tout ou partie des nuisances qu’ils subissent mais plutôt de détruire les contrats sociaux arrachés à l’issue de la seconde guerre mondiale pendant laquelle ceux qui n’avaient rien luttèrent contre des occupants avec lesquels collaboraient la très grande partie des nantis. Ce discrédit, très transitoire, des classes possédantes permit des avancées sociales qui auraient été impossibles autrement.

 La lutte des classes est devenue aujourd’hui une lutte des castes tant la perméabilité entre strates sociales est devenue infinitésimale. S’achemine-t-on vers une démocratie Athénienne : une infime minorité de la planète assurera le fonctionnement, la gestion et le cadre légal de la mondialisation, tandis que le reste de la population ne servira que comme esclaves, métèques ou sub-robots ? L’élite qui dirige, la populace qui vote.

 On peut prétendre raisonnablement que l’égalité parfaite entre tous les Hommes n’existera jamais mais il est fou de briser cet espoir fondateur de l’Europe et peut-être même d’un futur monde raisonnable.

 


Moyenne des avis sur cet article :  3.17/5   (6 votes)




Réagissez à l'article

26 réactions à cet article    


  • Fergus Fergus 21 mai 2016 16:48

    Bonjour, Jacques-Robert

    « L’élite qui dirige, la populace qui vote. »

    En effet, et cette « populace » est tout à la fois victime et bourreau d’elle-même car c’est elle qui donne les clés du pouvoir à ceux qui la manipulent.

    Il en résulte un danger pour la démocratie, de facto confisquée. Il suffirait pourtant d’une prise de conscience d’un pourcentage significatif d’électeurs allant vers des votes citoyens alternatifs pour que les piliers politiques du système néo-libéral dominant s’effondrent.


    • foufouille foufouille 21 mai 2016 21:08

      @Fergus
      "Il suffirait pourtant d’une prise de conscience d’un pourcentage significatif d’électeurs allant vers des votes citoyens alternatifs"
      c’est quel parti ?
      le FcG ?


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 21 mai 2016 21:47

      @Fergus

      Je suis en parfait accord avec ce que vous écrivez.

    • gogoRat gogoRat 22 mai 2016 12:41

       remplacer@Fergus

       L’enfer est pavé de bonnes intentions ! Ainsi les idées fausses sont fautives, pas seulement de ’simples’ erreurs ou malentendus ou fausses ’bonnes idées’ !
       
       Trois poncifs détestables, à la source de l’essentiel du malaise d’aujourd’hui, malgré les ravages qu’ils ont déjà engendrés dans l’Histoire  :
       
       ☢ vouloir une ’égalité parfaite entre tous les hommes’
         Au pied de la lettre c’est déjà d’un non-sens ahurissant : 7 milliard de clones !!! - BEURK !
        Sur le plan ’intello’ c’est pas mieux :
       la seule égalité que veulent celles et ceux qui ont fait l’effort de comprendre nos aïeux et notre Histoire (de France en tous cas) serait déjà une avancée quasi-miraculeuse :
       que chacun(e) arrête de vouloir donner des leçons aux autres , et commence, lui-même (ou elle-même) à respecter son prochain au point de lui accorder la même dignité qu’à lui-même (ou elle-même) : pas seulement un ’égal’ droit de vote. Egalité en droit car égalité en dignité n’a rien à voir avec cet objectif inepte de mêmeté !! 
       L’abolition des castes « Noblesse »/ « Clergé »/« Tiers-Etat » éatait censée être un premier pas dans ce sens. L’abolition de l’esclavage aussi . Pourquoi ce noble idéal est-il si systématiquement dévoyé et perverti ?! 
       ( L’autre m’est indispensable non-pas lorsque je n’y retrouve que moi-même, mais bien plus sûrement lorsque ses différences peuvent m’émerveiller ... Diversité contre monotonie ... Big Bang contre point-néant-figé ... Vie ! )

       ☢ croire qu’il suffit qu’un pouvoir établi soit renversé, que les « méchants » soient renversés par, forcément, « les bons », celles et ceux qui pensent avoir pour eux La Vérité, même s’ils ne sont pas majoritaires .... pour que le paradis puisse enfin être imposé, malgré eux, aux présumés "imbéciles, veaux, moutons, beaufs, etc.. (j’en oublie forcément, certes !)

       ☢ croire pouvoir de prévaloir d’une raison supérieure aux sentiments moyennés, calculés, d’altérités ramenées à des chiffres, moyennes, statistiques, etc ..
       ( au passage voilà ben un contre-sens peu rigoureux sur les côtés positifs d’observations mathématiques remarquables comme celles de la loi du jury de Condorcet)

       “Plus on compte, plus on compte mal, car on ne compte pas tout, et ce qui compte le plus, c’est ce qui ne se compte pas.


    • gogoRat gogoRat 22 mai 2016 12:47

       sorry pour les fantaisies (sautes de pointeur d’insertion ou sautes d’humeur ?) de mon éditeur de texte en ligne. ( je ne sais plus d’où à pu sortir le ’remplacer«  initial ? !!)
       
      lire : »se prévaloir« au lieu de »de prévaloir"


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 23 mai 2016 08:28

      @gogoRat

      L’égalité la plus importante, c’est l’égalité d’espoir : que chacun puisse également espérer avoir le destin qu’il souhaite. 

    • gogoRat gogoRat 24 mai 2016 00:05

      @Jacques-Robert SIMON
       concernant l’espoir (et a fortiori le destin) je crains, ou plutôt j’espère bien, qu’il ne saurait être question de s’en remettre aux conventions politiques pas plus qu’à la responsabilité citoyenne.
       
      on disait, jadis (compris avec une culture tout à fait laïque, faut-il le préciser ?) :
       « Il faut rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » !
       


    • Alpo47 Alpo47 21 mai 2016 17:04

      Ce ne sont pas 1% qui décident, mais beaucoup ... beaucoup moins. Un pour cent, ce sont ceux qui profitent le mieux du système en place.
      Une douzaine de « vieilles familles » gouvernent le monde. Elles n’apparaissent quasi plus à la lumière, cachées derrière des fonds d’investissement.
      Regagner notre liberté ne sera pas simple et ne dépend pas des partis, syndicats ou mouvements de rue.


      • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 21 mai 2016 21:50

        @Alpo47

        C’est vrai, c’est moins que 1%. Le nombre d’élus en France est de 1%, c’est la raison pour laquelle j’ai pris ce chiffre. En fait, le Président des États-Unis est le seul qui décide vraiment. 

      • Croa Croa 22 mai 2016 08:33

        À Alpo47
        « Regagner notre liberté ne sera pas simple et ne dépend pas des partis, syndicats ou mouvements de rue. »
        *
        Oui mais il y a des raisons à ça et c’est notre conditionnement par la télé (bien plus que par l’école nettement plus neutre) à la consommation et à la servitude qui va avec. Plus ou moins inconsciemment les syndicats contrarient cette boulimie de consommation et ça commence par une gêne à cotiser tout simplement ! Une majorité de travailleurs sont endettés et on comprendra bien pourquoi si on propose à des chauffeurs de camions citerne de faire des heures supp. ce week-end pour saper la grève des copains il y en a qui acceptent ! (ce sont tout de même de sacres enculés !)
        Notre liberté ne tient pas à grand chose finalement : Être conscient de notre SERVITUDE et oser dire merde à son patron comme à sois-même, c’est à dire à son réveil pas seulement le dimanche, pour commencer ! 


      • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 22 mai 2016 09:39

        @Croa

        Le simple fait de penser par soi-même est difficile. 

      • Alpo47 Alpo47 22 mai 2016 12:57

        @Jacques-Robert SIMON

        Ah ! Parce que vous croyez sérieusement que c’est le président des EU qui décide de quelque chose ?
        Je crains que vous ne restiez qu’aux apparences, à la surface de la réalité.

        Obama comme notre « Flamby » et les autres pseudo-dirigeants ne sont que des marionnettes remplaçables.


      • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 23 mai 2016 08:30

        @Alpo47

        Disons que si un Homme politique décide de quelque chose, c’est lui. Les contingences sont évidemment immenses. 

      • Jo.Di Jo.Di 21 mai 2016 23:50

         

        La Turquie sélectionne les migrants malades où pas diplômés pour l’UE .... ils votent mieux.
         
        https://fr.sputniknews.com/international/201605211025190594-echange-refugies-ue-turquie/


        • Le p’tit Charles 22 mai 2016 08:50

          Les peuples sont « malléable » à souhait...Il y a longtemps que les dirigeants l’ont compris...Ils en rajoutent une couche à chaque élection avec le consentement des esclaves..Voter entraine les peuples un peu plus dans l’abysse, et ne fait que compliquer leur survie...facile de s’en rendre compte en ouvrant grand les yeux..2017 sera ENCORE la preuve de la connerie humaine...Pitoyable.. !


          • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 22 mai 2016 09:44

            @Le p’tit Charles

            Le peuple ne souhaite qu’une chose, que l’on cesse de vouloir le convaincre et qu’on lui explique les situations, ce que personne ne fait parmi les politiciens. 

          • Le p’tit Charles 22 mai 2016 09:52
            @Jacques-Robert SIMON...Hélas non..regardez pour il vote..Il a peur de son ombre..et préfère les vieux-pots en gouvernance pour se rassurer d’être en vie..mais ils sont déjà mort depuis longtemps.. !
            Le peuple c’est une vitrine vide incapable de décider de son sort..Des pantins articulés par le plus petit nombre qui gouverne..Il gueule mais est incapable d’actions sur son avenir..Il ne pense pas..décérébré depuis de nombreuses années...Des veaux disait De Gaulle.. !

          • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 22 mai 2016 18:05

            @Le p’tit Charles

            L’école, par exemple, est un moyen de faire passer une population de l’instinct à la raison. Il serait envisageable que l’on fasse de l’éducation politique en dehors de tout dogme ou faux semblant.

          • Le p’tit Charles 23 mai 2016 06:49

            @Jacques-Robert SIMON...Notre école, est le lieu de lobotomisation du peuple..regardez ce qui en sort..Direction le chômage.. !


          • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 23 mai 2016 08:31

            @Le p’tit Charles

            If faut impérativement se rendre compte que l’intelligence de la main est un bien précieux. 

          • Parrhesia Parrhesia 22 mai 2016 16:51

            S’agissant de la France, faudrait-il encore savoir de quel peuple il s’agit désormais !!!


            • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 22 mai 2016 18:06

              @Parrhesia
              Le peuple Français, les gens qui vivent et paient leurs impôts en France.


            • Parrhesia Parrhesia 22 mai 2016 23:34

              @Jacques-Robert SIMON

              Vu comme ça, tout paraît si simple qu’il est vraiment permis de se demander pourquoi, avec un tel peuple français, le pays est dans une telle situation !!! 


            • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 23 mai 2016 08:33

              @Parrhesia

              La France se comporte comme un vieux pays plein d’expériences et de peurs.

            • BA 22 mai 2016 22:06

              En août 1997, le banquier d’affaires Alain Minc publiait son livre le plus ahurissant : « La mondialisation heureuse. »


              Quand on lit ce livre aujourd’hui, on se rend compte qu’Alain Minc a passé sa vie à écrire des âneries.


              La mondialisation heureuse pour qui ?


              Réponse :


              La mondialisation heureuse … pour les 10 % les plus riches.


              Mais c’est la mondialisation MALHEUREUSE pour 90 % de la population.


              Sur le site internet forbes.com, Panos Mourdoukoutas écrit :


              Le rêve brisé : 90% des Américains sont dans une situation pire aujourd’hui qu’elle ne l’était au début des années 1970.


              http://www.forbes.com/sites/panosmourdoukoutas/2016/04/23/lost-dream-90-of-americans-are-worse-off-today-than-they-were-in-the-early-1970s/#7c72543e5dde

              Pour la vaste majorité des Américains, l’économie de leur pays est dans un état de stagnation prolongée, bien pire que celui du Japon. C’est en tout cas le constat lorsqu’on prend en compte les revenus réels, c’est-à-dire ajustés à l’inflation.


              90 % des Américains gagnent plus ou moins le même revenu réel qu’au début des années 70, d’après une étude récente publiée par le Levy Economic Institute. La stagnation économique du Japon remonte au début des années 90.


              Aux Etats-Unis, la stagnation économique n’a pas atteint les 10 % restants, qui ont assisté à une augmentation conséquente de leurs revenus réels durant la même période.


              Ce constat tranche avec celui des décennies qui ont précédé les années 70, soit à partir de la fin des années 40, lorsque les revenus réels des 2 groupes ont fortement augmenté durant la même période. Même si les 90 % connurent une progression plus élevée de leurs revenus que les 10 % les plus riches.


              Pour faire simple, pour la grande majorité des Américains, le rêve d’une vie meilleure s’est évaporé au début des années 70.


              Comment expliquer ce changement majeur dans la distribution de la richesse durant ces 4 dernières décennies ?


              Cette période a coïncidé avec l’ouverture grandissant de l’économie américaine au commerce mondial et aux investissements étrangers. La mondialisation est donc le premier suspect qui vient à l’esprit.


              L’ouverture économique a mis en concurrence les entrepreneurs et les travailleurs américains avec leurs pairs étrangers. Pour les 10 % les plus riches de la population, ceux qui disposent des compétences requises, l’ouverture de l’économie américaine fut une bonne chose, une source d’efficacité et d’opportunités qui se sont traduites par des revenus plus élevés.


              Pour les 90 % restants de la population, ceux qui ne disposent pas des compétences adéquates ou de compétence limitée, l’ouverture de l’économie américaine fut une mauvaise chose, une source de perte d’emploi et de revenus inférieurs.


              Mais un autre élément peut expliquer cette situation.


              Ces changements dans la distribution de la richesse se sont empirés après la Grande Récession, ce qui nous amène au second suspect : les politiques de taux planchers, qui ont dopé la valeur des actions et des obligations, profitant directement aux 10 %, les plus susceptibles de posséder ces actifs.


              Il ne faut donc pas s’étonner de l’énorme soutien dont jouissent Donald Trump et Bernie Sanders, qui accusent la mondialisation et Wall Street de tuer le rêve américain.


              Panos Mourdoukoutas.


              Regardez bien la figure 6, intitulée « Index of Real Average Income, 1945−2014 » :


              http://www.levyinstitute.org/pubs/sa_mar_16.pdf



              • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 23 mai 2016 08:40

                @BA

                Merci de vos informations utiles. Malheureusement, il n’existe pas de limite naturelle à la rapacité ou la domination : les kangourous se battent pour avoir le maximum de femelles, jusqu’à 20. Il ne sert pas à grand-chose de leur expliquer que c’est idiot. 

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité