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Accueil du site > Culture & Loisirs > Étonnant > Entre neige et garnazelles

Entre neige et garnazelles

Trois rivières …

Première étape de beau temps avec même un petit vent dans le dos qui me pousse à aller toujours plus vite. Je profite du spectacle d’une Loire haute et bienveillante et, toute la journée, m'accompagne le chant des grenouilles, mes chères garnazelles ! Qui prétend que c'est leur fête seulement quand il pleut et qu’il mouille ? Voilà belle stupidité ; aujourd’hui, elles se sont réveillées pour me faire joli cortège musical.

La neige aussi fut de la fête :celle qui tombe des peupliers et couvre la rivière d’un tapis blanc. Un coup de vent, et j’avais l’impression d’avoir devant moi une averse de flocons ; joli spectacle dont il faut profiter un jour sur notre Loire. Vous auriez aussi pu découvrir l’envol des cygnes à l’approche du canoë, le bruit du claquement de leurs ailes, d’abord quand elles frappent l’eau pour parvenir à décoller puis dans l’air quand les oiseaux prennent de la hauteur. C’est beau, c’est puissant, c’est émouvant !

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Après la soirée fort calme de la veille où nous avions regagné nos tentes respectives avant 21 heures, le repos fut salvateur. Au petit matin, c’est plein d’entrain et de détermination que j’allai à la rencontre du groupe d’adolescents qui campaient plus loin. Je découvris ainsi trente-et-un jeunes gens, encadrés de six professeurs, qui parcouraient une portion de la Loire à vélo de Tours à Orléans.

Ils viennent du Lycée Charles Baudelaire de Courcouronnes. Les filles sont en majorité : toutes membres de l’association sportive qui a un club de cyclisme féminin. Quelques garçons complètent le groupe : ils sont en troisième préparatoire à la filière professionnelle. C’est Claire, une prof d’EPS qui est à l’initiative de ce beau projet. Nous discutons et je propose de raconter un conte à la joyeuse troupe, manière de vulgariser notre rivière et de faire passer un message. Ils ont droit « au rêve d’un gosse ! » que j’aime à dire en pareil cas.

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J’ai le sentiment d’avoir ainsi contribué à donner du sens à mon périple, en dépit de l’absence de promotion autour de mon initiative. Je ne doute pas que la presse ait autre chose à faire que de narrer les péripéties d’un âne bâté et je ne cherche même plus à faire de la publicité à mon passage. Je compte exclusivement sur la toile et les bonnes âmes pour partager mes écrits. Le bouche à oreille aura peut-être raison du silence des médias.

Je pouvais alors embarquer, heureux d’avoir rempli mon contrat moral. Je retrouvai mon cher canoë qu’il faudra bien baptiser un jour. Je penche pour « Mes Bonimenteries ! » tout en demandant à mes chers lecteurs s’ils ont meilleure idée. Un livre : « Les Bonimenteries du Val d’Or » pourrait bien récompenser la meilleure proposition. Je filai sur la belle ville de Blois, déplorant le spectacle affligeant des voitures garées sur le quai. À Orléans, à l’initiative de Serge Grouard, le maire précédent, pareille vision n’est plus possible sur la rive droite. Reste encore à évacuer ces verrues de l’autre côté.

Le passage du pont de Blois fut encore une épreuve. L’arche marinière a depuis longtemps cessé d’être recommandée ; la croix n’y fera rien : celui qui s’aventure là risque de verser dans les flots. Il est préférable de prendre la troisième arche sur la droite, en sachant que, si la première vague n’est pas sérieuse, il y a un reflux qui arrive de la gauche et qui fait embarquer un peu d’eau. J’en fus quitte pour avoir les pieds mouillés et je tentai de regagner la rive pour aller prendre un café.

Pour accoster, la berge n’était guère accueillante. Je visai un espace qui me semblait plus propice et où un couple d’amoureux d’un côté et un homme promenant son chien de l'autre, pouvaient aisément me porter assistance. Hélas, à mon approche, les uns et l’autre déguerpirent pour éviter de me saluer, sans doute . Ces trois gougnafiers sont à l’image de cette société où l'individualisme et l’égoïsme gouvernent le monde. Je dus donc me dépatouiller tout seul entre cailloux et berges instables sans même trouver un anneau d'amarrage. Oublions ces gens de peu d’importance : d’autres se montrèrent plus aimables.

Je retrouvai mon logisticien préféré : Georges qui se refait doucement une santé et nous allâmes boire un café au bar le Baroque où David, le chef cuisinier en personne, nous servit. Puis nous allâmes chercher de quoi nous sustenter à la boulangerie Simonnet. Mélanie nous offrit son sourire et écouta notre histoire. Enfin, ce fut le personnel de la maison de la BD dont le directeur Bruno Genini grâce à Valérie, l’hôtesse, nous donna l’autorisation d’utiliser un de ses tableaux pour illustrer le billet du jour.

Ainsi réconforté, je pouvais reprendre les flots. Je voguais à présent dans un décor qui changeait. Quelques reliefs se présentaient à moi sur une rive ou bien sur l’autre : des petits promontoires, des hauteurs sur lesquelles se dressent manoirs ou belles gentilhommières. La Vallée des rois annonçait ses premiers frémissements. Bientôt les châteaux vont orner mon périple, lui offrant un décor prestigieux.

Je fis une pause casse-croûte en amont de Candé sur Beuvron. Georges avait repéré un petit coin sympathique duquel je pus envoyer le message de la mi-journée pour ceux qui suivent mes aventures sur la page Facebook de C’est Nabum. Je me fis un sandwich aux rillettes d’anguilles que j’avais dénichées à La Bourriche aux appétits du lac de Blois. Ce sont les produits d’un pêcheur de Loire qui fait un excellent travail.

Ragaillardi, je décidai, en reprenant le voyage, de faire détour et petite folie. Je voulais remonter le Beuvron (la rivière à castors en gaulois) mais le bougre d’affluent était loin d’être la petite rivière tranquille de l’été. Ses eaux étaient boueuses et coulaient à fort débit. Chaque mètre demandait des efforts. Je renonçai à aller jusqu’au joli pont de pierre de Candé et bifurquai sur le Cosson, manière de poursuivre l’effort sur cette autre rivière où j’ai eu le bonheur, il y a fort longtemps, d’effectuer un périple hivernal des plus mémorables. Ceux qui ont partagé cette aventure s’en souviennent certainement.

Exténué mais heureux je pouvais faire demi-tour pour retourner à la Loire. Quel spectacle que de sortir du Beuvron étroit pour déboucher sur une rivière très large en cet endroit ! Le panorama grandiose qu'elle m'offrait valait les efforts consentis. J’arrivai, quelques kilomètres plus loin, au camping de Chaumont-sur-Loire où je proposai de conter pour les campeurs à 19 heures sous le petit chapiteau de l’aire de jeu. Geste dérisoire et vain sans doute : l’absence de publicité pour mon passage risquant fort de réduire à néant cette orgueilleuse proposition. Qu’importe, je continuerai ainsi à chaque étape jusqu’au terme du périple.

Bonne soirée les terriens.

Grenouillement vôtre.


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4 réactions à cet article    


  • juluch juluch 26 mai 2016 11:53

    Un bon rétablissement à votre compagnon Nabum.... smiley


    Je vois que vous etes plus à l’aise avec votre embarcation.

    • C'est Nabum C’est Nabum 27 mai 2016 07:00

      @juluch

      Nous allons bien

      Merci

      Je progresse


    • Simple citoyenne Simple citoyenne 26 mai 2016 22:11

      Quel oxygène vos articles ; un grand merci à vous !

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