Energie et néo libéralisme
Dans la gouvernance d’un pays la politique énergétique est un élément central qui reflète complètement les orientations générales de la politique gouvernementale et qui est significative des objectifs véritables poursuivis par les responsables gouvernementaux [qui, de nos jours, peuvent être tout simplement des commis corrompus d’une entité supérieure qui détient les clés du pouvoir véritable]
La production énergétique est corrélée d’assez près avec le PIB. Ainsi, pour connaître la croissance réelle de la Chine, - qui, comme beaucoup d’autres états, travestit les chiffres réels de l’évolution de son PIB -, des économistes se réfèrent à l’évolution de sa consommation électrique par exemple.
De cette constatation basique il ressort que la politique énergétique d’un gouvernement qui applique une politique néo libérale est de nature néo libérale [pour l’Europe des traités, le néo libéralisme est institutionnalisé dans des traités et dans les institutions elle-mêmes, dont la caractéristique de base est d’être non démocratiques. Et les gouvernements se plient aux directives des institutions ainsi mises en place].
Le néo libéralisme
Le néo libéralisme est un système économique dominant et déviant. Déviant parce que dans la logique des choses ce sont les besoins de l’humanité qui devraient avoir la primauté et l’économie trouverait sa place comme mesure du possible dans la satisfaction de ces besoins. Dont ceux qui sont vitaux et qui sont loin d’être pleinement garantis pour une bonne part de l’humanité. Or ce système n’est pas seulement dominant, il est aussi dévorant.
Le système néo libéral est de nature Frankenstein. On le met en place et il échappe rapidement à tout contrôle. Il est au service d’élites transnationales financières et industrielles, mais celles-ci en profitent sans pouvoir réellement agir sur ses retombées.
Après une période de fortes délocalisations industrielles, de montées en puissance des services, d’activité spéculatives sur les marchés et les échanges internationaux, ce système économique met maintenant l’économie mondiale à l’arrêt. Il détruit aussi les états. Ainsi les élections américaines permettent-elles de mettre en évidence les ravages que le néo libéralisme a fait aux USA (où il est pourtant tempéré par un certain protectionnisme, mais avec une monnaie totalement entre les mains du système).
Sans développer ce thème, on remarquera que différentes affaires, dont les panama papers, mais aussi les positions vis à vis de l’Iran, l’éventuel partenariat bancaire avec la Chine..., montrent qu’ils y des luttes d’influence entre Wall Street et la City. Cela met en évidence le fait que la gouvernance mondiale supra nationale n’est pas homogène. D’où le renforcement du sentiment que le système dominant est devenu incontrôlable, ce qui peu avoir des conséquences dramatiques.
L’aspect géopolitique
Le sujet principal de cette relation entre néo libéralisme et énergie est la mainmise de ce système économique qui domine le monde d’aujourd’hui, sur les ressources énergétiques, leur commercialisation et leur transport.
Le passage du capitalisme industriel au néo libéralisme, à l’aspect financier prépondérant, au tournant des années 70, a changé le sens de cette domination.
Pour le capitalisme industriel il s’agissait avant tout de sécuriser un approvisionnement énergétique afin qu’il puisse assurer sa production.
Pour le néo libéralisme, le secteur de l’énergie comme d’autres est avant tout un support à opérations financières et spéculations. Ainsi sont nés les pétro dollars. L’énergie est devenue une bulle financière.
Dans le cadre de la guerre économique, il s’agit aussi de priver certains pays qui cherchent à être indépendants et qui ne sont pas directement soumis à ce type de capitalisme, de leurs ressources énergétiques qui constituent l’élément clé de leur indépendance : Russie, Iran, Venezuela, Algérie... Notons ici, qu’en France, la propagande idéologique pour la liquidation de notre électronucléaire et l’interdiction d’exploitation et même d’évaluation de nos ressources en ce domaine, des gaz de schistes, va dans le sens d’une remise en cause de notre indépendance.
Ainsi apparaît le lien entre écologie politique (rien à voir avec la défense de l’environnement) et néo libéralisme. C’est le thème de cet article.
Néo libéralisme et écologie politique
Mis à part le large groupe d’économistes très présents au niveau international qui, dans leurs pays respectifs, dont la Russie, adhèrent au néo libéralisme et en font la doctrine économique officielle, la plupart des gens n’ont aucune vraie connaissance et encore moins d’affinités avec cette théorie économique.
Pour le faire admettre aux peuples, il est donc nécessaire d’agrémenter le néo libéralisme d’idées plus séduisantes, qui peuvent structurer une action politique. C’est le rôle de l’écologie politique. Qui a très peu à voir avec une véritable défense de l’environnement. Pour les politiciens de cette mouvance, ce n’est juste qu’un thème de campagne électorale, ainsi qu’un vecteur de carrière politique. L’importance de ce thème pour un pouvoir ultralibéral est bien marquée, en France, par la primauté qui est donnée au ministère de l’écologie sur l’Industrie.
En effet, la logique voudrait que l’on conçoive d’abord un projet industriel, puis que l’on en évalue et contrôle l’impact environnemental ensuite. Mais là nous sommes bien dans une logique de système.
Les « verts, green, grünen.. » sont les plus grands partisans du système européen, ainsi Cohn-Bendit est-il acquis à l’ultralibéralisme, comme le montrent ses écrits, et son soutien agressif au Parlement européen.
L’austérité, axe principal de la politique néo libérale dans l’Europe des traités, qui, sur la base de la dette, que cette politique même creuse inexorablement, permet de rançonner les peuples et dépouiller les pays de leurs richesses, avec le cas d’école de la Grèce, un des berceaux de notre civilisation, trouve sa justification dans la culpabilisation de la consommation sous l’angle des dommages fait à l’environnement et des pollutions liés à la production. Le mantra ridicule « sauvons la Planète » écrase littéralement le vrai problème qui est l’avenir de l’humanité.
Le scénario Négawatts qui préside à la politique énergétique allemande et à notre Loi sur la Transition Energétique, la LTE, impose une réduction de la consommation électrique d’un facteur 2 à des horizons relativement proches, sans tenir compte de données réelles inflationnistes telle que la démographie, l’électrification de transports, -les voitures électriques et le ferroutage...-. Sans compter, également, la relance de l’emploi, qui nécessite aussi de l’énergie.
Cette énorme diminution légalisée de la consommation d’électricité est évidemment une utopie, dans l’esprit qui préside au scénario Négawatts [que ni François Brottes ni Denis Baupin n’ont osé nommer lors des débats sur la LTE à l’Assemblée nationale] c’est à dire les économies d’énergie. En Allemagne où la référence de cette décroissance est 2008, la légère baisse de la consommation d’électricité est liée à la récession économique. C’est la marque d’une mesure qui n’est pas réaliste. Elle est uniquement l’expression d’une idéologie dont les rapports avec les réalités sont très lointains.
Négawatts et la privatisation de l’électricité
La complicité objective entre néo libéralisme et l’idéologie dite écologiste, est justement très bien illustrée par ce scénario Négawatts, modèle de la LTE. Le leitmotiv « énergie décarbonnée » devrait conduire à privilégier le nucléaire, précisément très peu émetteur de CO2, mais ce scénario impose au contraire sa réduction drastique.
Au profit des EnR éolien et Photovoltaïque et des chaudières à gaz. En considérant la Loi Nome et la privatisation de l’Hydroélectrique, mesure complètement cohérente avec l’esprit de la LTE, c’est la quasi totalité de la production d’électricité qui est donnée au secteur privé.
Les EnR éolien et PV constituent une énorme bulle financière et nécessitent également des chaudières à gaz. Le rôle du gaz , qui rappelons le provoque au Moyen Orient des guerres sanglantes, est ainsi préservé pour Total notamment.
Ainsi, plus aucune planification n’est possible, le secteur est complètement livré au court terme. La Recherche est naturellement aussi touchée. On citera le projet de réacteur nucléaire de IVème génération ASTRID qui n’a plus qu’une façade « papier ».
La bulle financière des EnR éolien et PV
Dans la volonté de liquidation de l’électronucléaire, derrière le montage idéologique complaisamment diffusé par nos médias, l’aspect financier est majeur. La « bulle financière » des EnR éolien et PV est estimée à de l’ordre de 1000 milliards d’euros. Même avec ses dérives de chantiers (où l’ASN joue le rôle majeur) l’EPR de Flamanville représente environ 10 milliards d’euros. C’est à dire juste le coût de l’installation des compteurs intelligents Linky. Le grand carénage représente à peu près 100 milliards d’euros pour 58 réacteurs nucléaires dont on peut prolonger la vie de 10 ans, dans un premier temps, et jusqu’à 20 ans et plus. Pour le stockage des déchets nucléaires et le démantèlement des installations nucléaires il y a une part importante d’auto financement. On comprend l’intérêt du capital financier (capitalisme dominant aujourd’hui) pour le business vert.
Sous l’aspect politique les promoteurs de cette politique « verte » espéraient que ce thème serait également porteur de développements et croissance à travers un certain nombre d’activités, notamment de services.
Ainsi, sous le patronage du parti socialiste, une technopôle consacrée aux EnR, particulièrement le photovoltaïque, a été créée au petit Arbois, une technopole située près d’Aix en Provence. Dans la foulée, une floraison d’agences pour l’installation de panneaux PV et leur financement sont apparues dans les villes de la Région. On voit aujourd’hui ces agences fermer peu à peu avec l’échec de cette politique, malgré l’avantage des tarifs de rachat des courants PV.
D’où les mesures contraignantes de la LTE qui imposent les économies d’énergie dans le cas de rénovation importante de l’habitat.
D’autres moyens légaux seront mis en place pour contourner l’hostilité des populations locales envers les grands projets éolien et photovoltaïque.
Le Climat
On aura compris que ce domaine qui devrait rester exclusivement scientifique fait partie des secteurs investis par la politique. Qui ne se contente pas ici d’exploiter des résultats scientifiques, mais les oriente à ses fins.
On ne discutera pas ici de la validité du modèle qui met en avant l’effet du CO2 équivalent anthropique sur la température moyenne, au niveau de la surface, du globe terrestre. Et donc du réchauffement climatique. Cela reste une hypothèse, largement contestée dans la communauté scientifique, qui est notamment battue en brèche par la non réalisation de prévisions, particulièrement celles imagées par la crosse de hockey de Mann et par le fait que cette température moyenne se situe sur un plateau depuis bientôt 20 ans [particulièrement si l’on exclut les phénomènes El Niño qui compte pour + 0.2 °c sur cette température moyenne] tandis que la concentration en CO2 équivalent anthropique ne cesse de croître.
Derrière une façade idéologique du type « sauvons le climat » (excuses pour l’association honorable du même nom) les mêmes contradictions émergent.
Il n’y a pas de véritables intentions de la part des gouvernements de diminuer les émissions de CO2 dans leurs pays respectifs. Les conférences sur le climat ne dégagent jamais d’engagements politiques sérieux. Et cette question est surtout l’occasion d’un business financier, avec les quotas CO2 négociés comme un produit financier, la taxe carbone, les taxes pour l’environnement sur quasiment toute la production industrielle, les surcoûts pour les EnR éolien et PV....
A la suite de l’arrêt de ses réacteurs nucléaires le Japon, moins hypocrite, a déclaré qu’il ne pourrait tenir ses engagements de Kyoto. Les USA, la Chine, l’Australie... et l’Allemagne, donneuse de leçons sur notre électronucléaire qui nous permet d’avoir une position de pointe sur la limitation des émissions de CO2, brûlent à tout va des hydrocarbures et du charbon.
On voit les ardents défenseurs du climat vanter l’utilisation du bois comme combustible primaire. Pour qui le relâchement de CO2 est ici transparent et la déforestation le moindre de leurs soucis.
Conclusion
Au-delà de sa façade idéologique très légère, la politique énergétique, en France, est de nature néo libérale, - bulle financière des EnR éolien et PV, préservation de la consommation de gaz, privatisation de l’hydroélectrique -, mais elle présente néanmoins un aspect spécifique. Ce sont les subventions que l’on peut qualifier de massives, plusieurs milliards d’euros par an, à ce type d’EnR, ce qui déroge à la sacro sainte règle du marché non faussé.
Alors que le domaine de l’énergie exige la planification et la recherche, tenant compte de délais de mise en service industriel de procédés nouveaux qui se comptent en dizaines d’années, cette orientation politique, très coûteuse, ne peut déboucher que sur de gros problèmes.
Le type Frankenstein se révèle, de plus, dans la perte de contrôle du marché de l’électricité. Le prix spot EPEX du MWh à la bourse des échanges de courant électrique au niveau européen, est de l’ordre de 30 euros. C’est à dire qu’il est sous le seuil de rentabilité du nucléaire et du gaz notamment. En Suisse, même l’hydroélectrique est en difficulté. Parce que si son coût de revient est très bas, moins de 10 euros par MWh, il est lourdement frappé de taxes.
Malgré cela le prix du MWh pour les consommateurs va augmenter dans de sérieuses proportions.
Cela aura un effet négatif sur notre économie, déjà en récession. Et l’orientation de masse vers les EnR éolien et PV va encore creuser le déficit, aujourd’hui abyssal, de notre commerce extérieur.
10 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON