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Le monde 1945-2028 par la méthode de datation de 13 années. Un demain difficile pour l’Occident et le monde arabo-musulman

Pour comprendre le monde d’aujourd’hui, tentons de poser un regard neuf sur l’histoire contemporaine du monde, et voyons si les événements passés, en particulier les crises auxquelles l’humanité a fait face et continue d’affronter, n’ont pas un sens ordonné, logique et nécessaire qui explique l’évolution du monde. Pour dire un peu que rien ne vient de rien, que tout ce qui se produit est lié à une cause, que souvent l’homme ignore la finalité sous-jacente à cette cause. Pour ne donner qu’un exemple, les grandes puissances du monde, au début du XXe siècle, savaient-elles que la crise économique de 1929 allait bouleverser le monde ? Qu’elle allait, à travers les 6 millions de chômeurs en Allemagne, donner les moyens à Hitler pour provoquer la Deuxième Guerre mondiale. Savaient-elles que les années 1940 à 1960 allaient sceller la fin des empires européens ? Que plus d’une centaine d’Etats allait surgir, à l’issue de la décolonisation ? Et c’est là la phénoménologie de l’histoire. Il se produit des événements dans des événements qui n’ont pas du tout été pensé. Aussi faisons un récapitulatif de l’histoire, et projetons-nous dans le monde à venir, à l’horizon 2028. 

 

  1. Datation de l’histoire du monde moderne, par périodes de 13 années

 

Pour y répondre, prenons la période 1973-1986, qui compte treize années, la suivante, la période 1987-2000, et encore la suivante, 2001-2014, qui comptent aussi respectivement chacune 13 années. Que remarque-t-on ? Les événements qui se sont produits dans chacune de ces périodes historiques se ressemblent certes, mais ce que l’on constate est que chaque période est spécifique, et en appelle une autre. Les événements comme les enjeux évoluent et se posent d’une manière de plus en plus différente. Ce qui était sûr avant ne l’est plus après. Prenons la guerre du Vietnam, elle était sûre et nécessaire dans les années 1960 pour les États-Unis, elle ne l’est plus dans les années 1970. La Chine et la Russie était des adversaires dans le années 1960. En 1972, le président américain rompt tout protocole de la Guerre froide, et se rend chez eux leur serrer la main, après avoir déversé des millions de tonnes de bombes sur le Vietnam. Et c’est cela le miracle du temps et de l’Histoire.

Le Japon a été nucléarisé en 1945, et occupé, il est devenu ensuite non seulement un pays démocratique, mais une grande puissance mondiale et un allié de premier plan pour la superpuissance américaine. Il est devenu un des grands pays occidentaux, trônant avec respect et déférence dans le G7. Ce qui nous fait dire que l’histoire réserve des surprises.

Et ce sont ces défis silencieux, secrets, qui vise le progrès du monde, et que l’on ne voit pas venir.

Et c’est la raison pour laquelle, qu’il faut porter un regard bien loin, depuis ce que les historiens appellent l’« époque contemporaine », qui débute avec la Révolution française, en 1789, et l’abolition de la monarchie en France, en 1792, jusqu’à nos jours. En vérité, il faut considérer plutôt l’année 1945, qui a signé la date de naissance du nouveau monde, d’une nouvelle histoire, d’une « l’histoire moderne », comme aujourd’hui, elle est en train de s’approfondir et s’étendre à ceux qui sont en retard.

De plus, un ordre bipolaire est né et a marqué le monde pendant 46 ans. Et encore aujourd’hui, l’URSS a disparu, mais deux grandes puissances, la Russie et la Chine, la remplacent et font face à l’Occident. Précisément, ces frictions entre grandes puissances, au nom d’enjeux difficiles à cerner qu’il faut chercher à décrypter pour comprendre les forces historiques qui sont à l’œuvre dans la marche du monde.

Aussi datons la première période 1945-1958, qui compte treize années, suivi de la seconde, 1959-1972 qui compte aussi 13 années. Et les périodes suivantes 1973-1986 jusqu’à la période à venir, préconçue, 2015-2028.

Et il faut souligner que le chiffre 13 qui a été pris n’a rien de maléfique, qu’il n’a été pris que par ce qu’il rend compte bien de l’avancée de l’histoire du monde. Qu’il ne signifie aucunement que la période de 13 années peut s’étendre aux autres moments de l’histoire du monde. Que ce n’est pas tant le chiffre 13 qui compte, « mais le témoignage qu’il donne dans le progrès de la marche du monde. »

Quant aux débuts et fins arrêtés pour chaque période, ils ne sont qu’une estimation qui reflète une fin d’évolution d’un grand champ de l’histoire sans qu’elle n’affecte la continuité des autres champs de l’histoire. Ce qui n’apparaît pas souvent à l’homme qui se pense toujours présent, ni aux régimes politiques qui se pensent aussi au présent, alors que le monde est en perpétuel changement.

 

2. La période 1945-1958

 

 Elle a été marquée principalement par deux événements-clé de l’histoire du monde. Le pansement des blessures des grandes puissances occasionnées par les destructions de la guerre, i.e. la reconstruction de l’Europe et la remise à niveau sur le plan économique et l’édification des Etats de la plupart des pays du reste du monde, issus de la décolonisation (Afrique et Asie). Les autres événements qui ressortent de la Guerre froide est marqué par l’opposition idéologique stratégique entre les deux puissances, les États-Unis et l’Union soviétique, sorties victorieuses du Deuxième Conflit mondial.

Le 25 mars 1957, le traité de Rome unit six pays européens. Il institue la Communauté économique européenne (CEE ou Europe des Six), et la Communauté européenne de l’énergie atomique (CECA). Le 27 mars 1958, l’Union européenne de paiements (UEP) est supprimée. Elle marque le retour en de la « convertibilité des monnaies » de l’Europe occidentale entre elles. L’UEP, crée le 7 janvier 1950, est la structure des paiements pour les pays bénéficiaires du plan Marshall. La convertibilité des monnaies européennes, qui prend effet en 1958, est la première pièce du puzzle qui va changer le cours de l’histoire du monde, et qui ne s’est pas terminée aujourd’hui – nous sommes en 2016.

Sur le plan militaire, depuis la destruction de Hiroshima et Nagasaki, en 1945, le monde sait qu’une guerre nucléaire condamnerait l’humanité à une apocalypse. Une guerre nucléaire régionale n’en ferait pas moins à l’échelle régionale.

Aussi doit-on se poser la question, sur l’existence de l’apocalypse qui se trouve enfermée dans des silos stratégiques, dans les airs et les mers, et qui constitue une menace latente sur l’humanité. Surtout avec la découverte, en 1952, de la bombe thermonucléaire (H), 1000 fois supérieure à la bombe à fission. Peut-on penser que cette apocalypse latente n’existe que pour dissuader une troisième guerre mondiale ? Qu’elle ne sera pas utilisée ? Sinon pourquoi la découverte de l’arme nucléaire stratégique et balistique, et immédiatement après, la conquête spatiale ? En 1957, l’URSS a lancé le premier engin placé en orbite autour de la Terre, marquant le début de l’ère spatiale. Cet événement augmentera d’un cran la Guerre froide. En effet, en montrant pour la première fois la capacité des Soviétiques de lancer un engin spatial, les Américains prennent conscience que leur territoire est désormais des missiles intercontinentaux. Le développement rapide des sous-marins lanceurs de missiles balistique instaurera bientôt l’équilibre de la terreur.

Cette période1945-1958 qui se termine sur un« fond exacerbé de Guerre froide », donc de course aux armements nucléaires, de conquête spatiale et la course aux indépendances (décolonisation de l’Afrique et de l’Asie), ouvre néanmoins de nouvelles perspectives dont n’a jamais rêvé jusque-là l’humanité. L’implantation d’Israël en Palestine, en 1948, marque le début d’une longue histoire arabe, parsemée de guerres, de crises et de souffrances du peuple palestinien, où Israël agira en toute impunité, avec le soutien inconditionnel des États-Unis.

Mais si la Guerre froide fait rage entre les deux Grands, par les guerres par procuration, c’est surtout la nouvelle donne, la convertibilité des monnaies européennes qui remettra en question l’ordre établi par les États-Unis (Conférence de Bretton Woods de juillet 1944). Là encore, de grandes mutations s’opéreront dans la seconde période 1959-1972, tant dans la course aux armements que dans le système monétaire international dominé par le dollar américain.

L’ordre monétaire hérité du Deuxième Conflit mondial fera l’objet de revendications européennes soutenues jusqu’à arriver à son délitement en juillet 1971. Il donnera un nouveau système monétaire qui est actif encore de nos jours.

 

3. La période 1959-1972

 

 L’Europe reconstruite, renoue avec sa puissance économique dans les échanges commerciaux avec l’extérieur. Sa montée en puissance commence à affecter la toute-puissance du dollar américain. Dès la fin des années 1960, les pays européens estiment injuste qu’ils continuent à financer gratuitement les déficits extérieurs américains, via la planche à billet américaine. La décision européenne de ne plus accepter les dollars, non convertibles en or, pousse les États-Unis à suspendre, le 15 août 1971, la convertibilité du dollar en or. Cette suspension, en fait, est définitive.

Durant cette période, plusieurs crises affectèrent la puissance américaine. 1962, la crise de Cuba dont le danger d’une guerre nucléaire instaura le téléphone rouge entre l’Union soviétique et les États-Unis, le 20 juin 1963. La guerre au Vietnam tourne à la débâcle, l’Amérique prend conscience de la limite de sa puissance. Pour la première fois, un président américain (Nixon) se rend, tour à tour, à Pékin, et à Moscou, en 1972. L’objectif est le retrait américain du conflit vietnamien, un engagement des États-Unis pour reconnaître et normaliser les relations avec la République populaire de Chine, et la signature des premiers accords de réduction des armements stratégiques. Le premier traité SALT I (Strategic Arms Limitation Talks) est signé par Richard Nixon et Léonid Brejnev, le 26 mai 1972, à Moscou.

La décolonisation du tiers monde s’achève, mais, avec le retrait des forces coloniales, ces nouveaux pays sont marqués par des guerres civiles, ethniques, de frontières, des coups d’Etat à répétition, etc. L’enjeu est la prise de pouvoir. Tous les nouveaux pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud, du monde arabe sont déstabilisés par la guerre froide et l’internationale communiste. L’expansion révolutionnaire dans le monde depuis la fin des années 1940 est à son apogée.

Les luttes internes que la guerre froide attise, et dresse un camp contre un autre, malgré le dégel entre les grandes puissances. Les guerres israélo-arabes s’exacerbent, et donne un monde arabe de plus en plus déchiré par les guerres. Cette période aura à préparer la période à venir, 1973-1986, qui surprendra à bien d’égard parce qu’elle marquera un tournant dans le monde arabe. Des conflits d’une extrême violence seront le résultat de deux décennies et demie de guerre, et surtout l’émergence d’un nouveau protagoniste qui changera complètement le combat idéologique entre les deux super-grands et les pays-clients qui leur sont assujettis. C’est la nouvelle donne : l’« islamisme radical ». 

Utilisé à des fins stratégiques, il constituera l’arme par laquelle les États-Unis mettront fin à l’ordre mondial tel qu’il est sorti de Yalta. Là encore, nous constatons qu’une période qui se termine ne ressemble pas à l’autre période qui vient. Les enjeux changent, la lutte idéologique progressivement mute. Mais quels sont les facteurs-clés qui ont changé la situation du monde ? C’est le retour à la convertibilité des monnaies européennes, donc de la période qui a précédé, la guerre du Vietnam. Les dépenses militaires toujours plus élevées, financées par la planche à billet que les Européens ont assimilé à une spoliation de richesses, l’échec au Vietnam, finissent par faire entendre raison aux Américains les limites de leurs forces. Ils ont trop surestimé leurs forces, pensant qu’ils allaient imposer leur diktat à l’Asie.

L’histoire se répète. La Corée, dans les années 1950, le Vietnam, dans les années 1960 et 1970. Prenant le relais de la France, et toujours avec cette volonté d’endiguement du communisme, les États-Unis ne prennent pas en compte le sens du poids de la Chine et de l’Union soviétique en Asie dans l’équilibre géostratégique mondial.

 

4. La période 1973-1986

 

 Les exigences de la realpolitik l’ont emporté et poussé les États-Unis à mettre fin à l’occupation du Vietnam. Bien qu’humiliée du conflit vietnamien, l’Amérique va rebondir. Tout d’abord, le secrétaire d’Etat, Henry Kissinger, et les stratèges américains dans le domaine financier et monétaire, changeront les règles du jeu. En effet, manipulant crises pétrolières et crises pétrolières en cascades (krachs 1973 et 1979), ils réussiront à rebattre l’ordre économique mondial. Le monde, inondé de pétrodollars, mais aussi de francs français, de deutschemarks, de yens, de livres sterling, de francs suisses, de couronnes danoises… Une formidable masse monétaire émise par l’Occident a créé une spirale inflationniste dans le monde.

Il était évident que cette inflation monétaire dans le monde est tributaire à deux facteurs. Le premier, les pays européens achetaient des dollars sur les marchés pour régler leurs factures pétrolières aux pays arabes et de l’OPEP, le pétrole arabe étant facturé en dollars (deal obtenu par Henry Kissinger avec les monarques arabes). Alors que les États-Unis réglaient leurs importations de pétrole en dollar qu’il ne tenait qu’à eux de créer, pour ainsi dire gratuitement. Le deuxième facteur est que ces dollars reviennent sur les marchés puisque les pays arabes et de l’OPEP qui importent des biens et services d’Europe sont obligés de convertir des dollars pour régler les pays européens en francs français, deutschemarks, yens, livres sterling, etc. Ce qui se traduit par un surplus de dollars sur les marchés et une dépréciation de la monnaie américaine. Une appréciation des monnaies européennes et japonaise qui nuit à leur commerce pousse naturellement les pays d’Europe et le Japon à injecter des liquidités ex nihilo pour dégonfler l’appréciation de leurs monnaies. Ainsi prend consistance une spirale inflationniste sans fin. On comprend dès lors la nécessité des chocs pétroliers 1973, 1979.

Evidemment, la croissance économique mondiale a été prolongée, grâce à l’intégration des pays du tiers monde par un transfert d’achat massif notamment vers les pays arabes exportateurs de pétrole, et un relèvement des prix des matières premières monétaire. Ce processus inflationniste a permis des débouchés pour l’industrie occidentale, et éviter certainement un étranglement de l’économie occidentale, et donc une destruction plus massive d’emplois.

Le processus initié ou non par les stratèges américains allaient dans le sens naturel de la conjoncture économique mondiale. Le problème n’est pas tant le transfert d’achat au reste du monde, et surtout l’enrichissement des pays arabes, mais le maintien du fonctionnement des industries des pays développés. Ou du moins une limitation de pertes d’emplois dans ces pays.

Ce processus évidemment a atteint des limites. Impossible pour les puissances occidentales d’aller de choc en choc pétrolier. Prolonger cette spirale inflationniste, via un autre choc pétrolier et son corollaire, une nouvelle hausse des cours pétroliers n’est pas tenable. Et continuer le recyclage des pétrodollars et eurodevises, dû à la création monétaire de part et d’autre de l’Atlantique, ne ferait qu’engendrer un surendettement du reste du monde qu’il ne pourrait rembourser, d’autant plus que les taux d’intérêt très favorables étaient pour la plupart des taux variables, donc un retournement des taux à la hausse signifierait une débâcle économique pour ces pays, et pour le monde.

Il était nécessaire de mettre fin à ce processus inflationniste. La réponse sera donnée par la Banque centrale américaine ou Réserve fédérale américaine (Fed). Sous la direction de Paul Volcker, nommé le 6 août 1979, elle releva brusquement le taux d’intérêt directeur, qui passa de 10,5 % en 1979 à 20 % en 1981. L’inflation qui culmina à 13,5 % en 1981, fut abaissée à 3,2 % en 1983. L’endettement du reste du monde a brusquement augmenté, mécaniquement par la seule hausse des taux d’intérêt. L’endettement mondial qui a eu de graves répercussions a touché surtout les pays africains, latino-américaines, et du bloc Est.

La situation, suite à l’endettement du reste du monde, et bien entendu de ce retournement très favorable pour les pays développés, poussera les pays occidentaux à libéraliser leurs économies, à déréglementer leurs finances et à procéder à une multinationalisation d’entreprises, à grande échelle. Celles-ci constitueront de véritables oligopoles sur le marché mondial. Précisément, c’est le gain considérable remporté grâce au recyclage pétrodollars, et aux plans de stabilisation structurel du FMI pour une grande partie des pays endettés, qui permettra la pénétration de leurs économies par les multinationales occidentales, et marquera aussi le début de la mondialisation.

Cette libéralisation financière du monde, par l’Occident, trouve déjà en Asie, un appui essentiel. Le Japon et les NPI (nouveaux pays industrialisés asiatiques) qui sont devenus des miracles économiques ont un poids considérable dans le commerce mondial. Le Japon, par exemple, tout en étant allié à l’Occident, la forte concurrence de son industrie et les mesures protectionnistes qu’il rencontre l’ont poussé à se tourner vers le marché asiatique. Il y a une relation de cause à effet entre le fait que la Corée, Taïwan, Hong Kong, Singapour, et le Japon lui-même, qui ont bénéficié d’une aide économique massive, une mise à niveau industrielle et une protection militaire américaine, dans le cadre de l’endiguement du communisme, deviendront à leur tour les émancipateurs naturels du reste de l’Asie, notamment la Chine, en les lançant dans la course de l’industrialisation.

Sur un autre plan, celui-ci idéologique, une force nouvelle est entrée en force, à partir de 1973. Dès le premier choc pétrolier de 1973, pour endiguer la poussée expansionniste de l’URSS sur le Moyen-Orient, l’Arabie saoudite, en entente avec les États-Unis, procède depuis cette date, et surtout les pétrodollars aidant, à une propagation tout azimut de l’islam radical. Recrudescence des mosquées, édition massive de livres islamiques, création de madrasas (écoles islamiques) et d’institut islamique, octroi de bourse d’études doctorales, essentiellement financé par l’Arabie Saoudite. Cette stratégie saoudo-américaine cherchait à constituer un rempart de l’islam à toute influence soviétique, sur le Moyen-Orient où se situent les plus grands gisements de pétrole du monde. Une stratégie qui assure aussi le leadership de l’Arabie saoudite sur le monde musulman.

Les résultats de cette stratégie ont dépassé toute espérance pour les États-Unis. Après la quatrième guerre israélo-arabe en octobre 1973, et le premier choc pétrolier, la situation du monde arabe va très mal évoluer. L’Egypte négocie avec Israël un accord de paix. La guerre civile éclate au Liban, en 1975. La même année, éclate le conflit du Sahara occidental, mettant en conflit l’Algérie et le Maroc. L’Iran, après le départ du shah, devient une République islamiste en 1979. Désormais, Tous les grands conflits vont converger dans le monde arabo-musulman. Parce qu’il est le dépositaire historique des plus grands gisements de pétrole du monde.

La première grande conséquence de la stratégie saoudo-américaine est l’entrée en guerre de l’Union soviétique en Afghanistan, en décembre 1979. L’objectif était de rompre une ceinture islamique qui, en se développant au Sud l’URSS, devenait un facteur de déstabilisation des républiques soviétiques musulmanes d’Asie centrale. L’année suivante, l’Irak entre en guerre contre l’Iran. Que remarque-t-on dans ces conflits armés en cascade ? Qu’essentiellement, ce sont les pétrodollars, et à leur suite, les euromonnaies et les yens qui sont à l’origine de ces bouleversements dans le monde musulman. Mais toute la stratégie part des États-Unis, l’Europe et les pétromonarchies arabes ne sont que des suiveurs parce qu’ils trouvent aussi leurs intérêts, en termes de gains économiques et financiers. Aussi rappelle-t-on cette phrase : « Qui commande la monnaie commande la monde ». Et les États-Unis pour commander la monnaie, doivent commander les pétrodollars, qui sont un formidable montage financier à l’échelle mondiale. Puisqu’il amène le bloc Est socialiste à s’enferrer dans la plus grave crise financière et militaire de son histoire. Il fera disparaître l’Union soviétique en décembre 1991.

C’est dire que l’Histoire de l’humanité réserve des surprises, et ce que l’on croit un simple montage financier pour permettre à la première puissance du monde à répercuter ses déficits commerciaux a en fait un objectif-cible historique beaucoup plus grand, qui dépasse de loin le souci des Américains pour maintenir leur consumérisme et les moyens de subsistance et de fonctionnement des 800 bases militaires que les États-Unis ont disséminées un peu partout dans le monde.

Pour les pays arabes, alignés à l’URSS, le retournement géostratégique à la fin des années 1970 provoque un repli sur soi. Si, après les indépendances, la démocratisation n’était pas la préoccupation, il était tout naturel que les partis uniques et les dictatures militaires soient des options légitimes. Que ce soit dans le monde arabe, en Afrique et ailleurs, pour tous les pays nouvellement décolonisés, ce mode de gouvernance politique était considéré comme la voie la plus sûre vers une croissance économique, une stabilité politique et une intégration nationale. Mais la situation dans ces pays a évolué, les politiques d’industrialisation ne sont plus porteuses, leur échec remet en cause le mode de gouvernance. Le socialisme qui s’est embourgeoisé, depuis la hausse des cours du pétrole, et par une rente pétrolière conséquente, fait perdre progressivement le caractère révolutionnaire de la période postindépendance. Le sous-développement, la bureaucratie, la corruption et l’autoritarisme minent les systèmes politiques du parti unique.

Les pétromonarchies du golfe, par des moyens de propagande idéologique tout azimut, utiliseront l’islamisme pour lutter contre les régimes progressistes arabes, alignés à l’Union soviétique. L’avènement de la révolution islamique en Iran et le succès des moudjahidines en Afghanistan contre l’Union soviétique renforceront l’islamisme radical qui servira à noyauter des pans entiers du monde arabo-musulman. Proposé comme solution aux problèmes socio-économiques aux sociétés musulmanes, l’islamisme se trouve confronté aux limites du caractère doctrinaire de son système, c’est-à-dire ne donnant aucune vision de la place du monde musulman dans les luttes qui se jouent entre les grandes puissances sur le plan géoéconomique et stratégique. Or, pour que le monde musulman puisse s’en sortir économiquement, qu’il ait sa part économique dans le concert des nations, il se doit d’avoir une puissance, qui ne peut se mesurer que sur ses capacités technologiques, industrielles et militaires. Ce qui n’est pas le cas.

 

5. La période 1987-2000

 Le monde est à la veille de grands bouleversements. La période 1973-1986 a préparé ces bouleversements. Ce sera leur accomplissement. En effet, l’effet des pétrodollars et l’endettement mondial qui a suivi surprend un reste du monde non préparé à la crise. Le retournement de la conjoncture économique et le contrechoc pétrolier de 1986, conséquence de la politique monétaire américaine, ont été les facteurs naturels dans cette nouvelle dynamique du monde.

Les premiers craquements des dictatures militaires sud-américaines se font déjà entendre au début des années 1980. Les finances du Brésil, de l’Argentine, du Chili… mis à mal par l’endettement, des pays latino-américains pratiquement en cessation de paiement, les émeutes, les grèves et les injonctions du FMI d’ouvrir leurs économies, de libéraliser, de démocratiser les systèmes politiques pour avoir le soutien des peuples, et donc répondre mieux à la crise, commencent à transformer les systèmes politiques de ces pays.

Et ce vent de démocratisation ne souffle pas seulement en Amérique latine. Les satellites de l’Union soviétique sont aussi fortement déstabilisés par la crise économique et l’endettement. L’Union soviétique n’échappe pas à ce phénomène de crise généralisé dans le monde. L’endettement qui a suivi, surtout dans la crise qui a commandé la Perestroïka (1985-1991), mais aussi la débâcle militaire en Afghanistan, préfigurent déjà une fin de règne de l’empire soviétique et de ses satellites. Les économies planifiées du bloc de l’Est qui engendrent bureaucratisation, gaspillage des ressources, inégalités, enrichissement de l’élite au pouvoir (nomenklatura), pénuries auto-entretenues, démotivation des peuples, jointes à l’absence de perspectives pour les masses, poussent inévitablement aux insurrections populaires et à la dislocation des régimes socialistes. Le Mur de Berlin tombe le 9 novembre 1989. Tous les pays de l’Europe centrale et orientale et d’Asie centrale, sortent du système soviétisé et retrouvent leur indépendance.

La Chine aussi est touchée par le Printemps de Pékin (manifestations de Tian'anmen en 1989), mais son système survit. La Chine, s’étant convertie à un socialisme de marché dès 1979 et n’ayant pas souffert d’une guerre onéreuse comme l’URSS, explique dans une certaine mesure la solidité de son système politique. En décembre 1991, l’Union soviétique disparaît de la scène de l’histoire. A partir de 1992, c’est le tour de la république fédérale Yougoslavie de succomber à la nouvelle direction du monde. La fédération yougoslave se disloque, après des conflits armés, de génocides, qui dureront jusqu’en 1999.

La dislocation du bloc Est n’explique qu’une chose, c’est que le monde a profondément changé, et, par conséquent, leurs systèmes socialistes qui étaient des systèmes révolutionnaires à une époque ne sont plus viables eu égard au nouveau tournant de l’histoire.

Le continent africain reste toujours plongé dans le sous-développement, les crises politiques et les luttes pour le pouvoir. L’Afrique du Sud, le pays le plus développé du continent, toujours ségrégationniste, commence à être ébranlé par le mouvement noir anti-apartheid. Des insurrections populaires noires dans les townships se développent contre la minorité blanche. La répression alimente la révolte noire.

En Afrique du Nord et au Moyen-Orient, c’est l’ascension de l’islamisme. La dégénérescence du nationalisme accentue la rupture entre une élite sociale prisonnière de ses intérêts et une masse populaire condamnée à la marginalisation, et trouvant refuge dans l’islamisme. Une lutte s’engage entre les deux systèmes dont l’enjeu derrière l’écran islamiste est le contrôle des ressources. Aidée en cela par la stratégie saoudo-américaine pour constituer une ceinture islamiste au flanc sud de l’Union soviétique. Les résultats obtenus dans cette guerre froide entre les États-Unis et l’URSS ont été sans commune mesure avec ce qui était espéré. La débâcle de l’Armée rouge en Afghanistan et l’endettement ont précipité la dislocation de l’empire soviétique.

Lorsque l’Afrique, le bloc socialiste de l’Est, l’Amérique du Sud et une partie de l’Asie se trouvent tous déstabilisés par la crise de l’endettement, les plans d’austérité (FMI), les crises politiques et les guerres, ce qui signifie qu’une grande partie du monde se trouve déstabilisé et est pratiquement out dans l’absorption mondiale, les pays occidentaux forcément ne peuvent échapper à la crise économique mondiale, par conséquent une stagnation de leurs économies voire de récession ne peut être que le résultat logique du processus engagé de décélération économique depuis le début des années 1973. Les chocs pétroliers n’ont été qu’un intermède conjoncturel pour, qu’en transférant un pouvoir d’achat au reste du monde – là encore il faut préciser que le transfert de ce pouvoir d’achat n’a pas été voulu mais s’est imposé par la conjoncture –, les économies du monde ne puissent pas être frappées par une crise monétaire de grande ampleur qui aurait engagé l’Occident et le monde dans une dépression analogue à celle des années 1930.

Un peu comme ce qui s’est passé au Japon. Depuis la réévaluation de sa monnaie lors des accords de Plaza, à New York, en 1985, et ses investissements tout azimut en Occident et dans le reste du monde, il est frappé par la plus grave crise immobilière et financière en 1990. En réalité, c’est la brusque appréciation de sa monnaie – le dollar est passé de 260 yens en février 1985 à 127 yens en décembre 1987, une réévaluation de 103 % – et l’économie-casino, qu’est devenu le miracle asiatique, qui ont joué un rôle essentiel dans la déconfiture économique du Japon. Là encore, l’économie-casino du Japon nous rappelle curieusement la crise financière américaine de 1929. Même processus, à cette époque, les Européens qui se sont reconstruits, après le Premier Conflit mondial, ont pesé sur le marché mondial. Les Américains se sont lancés dans une spéculation effrénée, donnant l’impression que leur économie se portait bien. Alors qu’en réalité, cette spéculation ne servait qu’à masquer la décroissance économique. Mais toute bulle spéculative alimentée par une finance sans frein finit par exploser. Et c’est ce qui s’est passé pour le Japon, confronté de surcroît au marasme économie mondial et des mesures de plus en plus protectionnistes européennes et américaines.

Aussi pose-t-on cette question : « La situation de stagnation dans laquelle est entré le Japon n’attend-elle pas aussi l’Europe et les États-Unis ? » Plus d’acteurs-producteurs de biens et services dans le commerce mondial, ne peut qu’amenuiser les débouchés commerciaux pour les pays développés. Un cours tout compte fait normal de l’évolution du monde. D’autant plus qu’avec la montée en puissance des nouveaux pays industrialisés asiatiques (NPI) et surtout la Chine, tout sera bouleversé. Le gradient économique va forcément se déplacer vers l’Asie.

Enfin un autre événement qui surprend, les États-Unis, avant même l’effondrement de l’URSS, se lancent dans une guerre « manipulée » contre l’Irak, en 1990. Motif avoué : l’invasion du Koweït par l’Irak, motif inavoué : démantèlement des puissances régionales qui s’opposent au leadership américain au Moyen-Orient, et dans le monde. Et tout naturellement, l’Iran et l’Irak sont les cibles visés par l’appareil de guerre américain. Après deux mois (janvier-février 1991) de guerre, l’Irak est sous embargo. Les Américains ne savent pas qu’ils se sont enferrés dans un conflit qui leur sera fatal. Le monde unipolaire auquel ils ont espéré n’aura que peu duré, ils se réveilleront vite avec la réalité du monde.

Cependant, sur le plan économique, après que les deux moteurs du monde, les États-Unis et l’Europe, fussent tombés successivement en récession, respectivement 1991-1992 et 1993-1994, leurs économies vont rebondir avec les nouvelles innovations technologiques (NTIC). L’informatique, le nouveau mode de communication Internet qui se généralise dans le monde, l’édification de nouvelles nations issues de l’éclatement de l’URSS et de ses ex-satellites, la réunification des deux Allemagnes, la croissance économique de l’Asie, notamment en Chine et les NPI asiatiques, font progressivement sortir l’économie mondiale du marasme des années 1980.

Mais comme toute forte croissance est suivie d’un répit, les crises financières en Asie, au Brésil et en Russie, entre 1997 et 1998, qui provoqueront un mini contrechoc pétrolier en 1998 – le prix du baril de pétrole atteindra 10 dollars – et les crises des valeurs technologiques en 2000, de nouveau, bouleverseront l’équilibre économique mondial.

Et à ces crises financières, à la fin de la dernière décennie du XXe siècle, vient s’ajouter une nouvelle donne de niveau mondial. C’est le lancement de l’euro, en 1999, résultat de cinquante années de négociations, de réflexions, de concessions. La naissance de la nouvelle zone monétaire prépare inéluctablement le monde au compartimentage monétaire, à l’échelle continentale. Et par conséquent de profonds changements dans le système monétaire international.

Cette nouvelle donne pousse le président irakien Saddam Hussein, sous la pression de l’embargo anglo-américain, à facturer les exportations du pétrole irakien contre nourriture, en euro, en novembre 2000. Ce faisant, et cette mesure qui paraît peu d’importance au profane, porte en réalité un coup très dur au pouvoir exorbitant du dollar américain.

C’est dans cette situation de crises conjoncturelles que se termine la période 1987-2000.
Que peut-on dire des forces historiques qui ont joué dans cette période cruciale de l’histoire du monde ? D’emblée, on peut dire que, grâce à l’endettement des pays du reste du monde en dollar, en livre sterling, en yen, en mark, en franc, en lire…, l’Occident a non seulement gagné la troisième guerre mondiale – la guerre froide – mais a œuvré, sans qui l’eusse réellement voulu, à la démocratisation de l’Amérique du Sud et du bloc Est. Sans livrer une guerre qui aurait été fatalement « nucléaire ». Ainsi se comprend pourquoi la misère, la pauvreté, le chômage, le désespoir et la violence que les crises engendrent ont toujours été accoucheuses de l’histoire. Et pourquoi ce processus monétaro-financier et l’endettement mondial qui a suivi était « nécessaire ». Par ces avancées majeures pour l’humanité, cette période 1987-2000 ressemble beaucoup aux périodes 1945-1958 et 1959-1972 qui ont vu la décolonisation du monde. Elle a produit, à son tour, une seconde libération du monde.

 

6. La période 2001-2014

 

 6.1. L’Irak en ligne de mire après l’attentat du 11 septembre 2001. Une guerre qui va changer le cours de l’histoire

 

 Les événements, dès le début de troisième millénaire, vont se précipiter. Le 11 septembre 2001, le monde est médusé devant l’horreur de l’attaque terroriste contre le World Trade Center, à New York. Un véritable cataclysme s’abat sur les États-Unis, et sur le monde musulman qui est immédiatement visé parce que les auteurs de l’attaque sont musulmans.

Tout change à partir de cette date.

Dès octobre 2001, les États-Unis déclenchent une nouvelle guerre en Afghanistan. Avec l’aide des forces terrestres de l’Alliance du Nord et un soutien des forces de l’OTAN, ils renversent en moins de deux mois le régime taliban. En 2002, Israël lance l’opération Rempart contre un camp de réfugiés palestiniens en Cisjordanie. Plusieurs centaines de civils sont tués que des ONG occidentales qualifient de crimes contre l’humanité. Le 20 mars 2003, les États-Unis, coalisés avec le Royaume-Uni, attaquent, sans mandat de l’ONU, l’Irak. Ils renversent le régime de Saddam Hussein et occupent l’Irak. Cette troisième guerre du Golfe s’achève officiellement le 1er mai 2003.

Après le démantèlement des institutions gouvernementales et l’armée et la mise en place d’un pouvoir chiite et kurde, une guérilla irakienne s’installe en Irak. Malgré de nouveaux contingents américains, l’insurrection sunnite, les dérives de la violence qui se généralisent, les guerres interconfessionnelles, tétanisent l’Amérique. Les forces armées américaines se retrouvent piégées dans un milieu étranger qui leur est extrêmement hostile, et qui ne laisse qu’une issue, « sortir d’Irak ». L’erreur des stratèges américains est d’avoir cru que l’Irak n’est pas le Vietnam, qui était adossé à la Chine et à l’URSS, ni l’Afghanistan qui était adossé à l’Amérique, par conséquent, un pays déjà affaibli et démantelé, n’opposerait pas une grande résistance. Mais la réalité a été tout autre.

D’autre part, l’Iran, incriminé pour son soutien à l’opposition irakienne, et malgré son programme nucléaire secret, et les menaces récurrentes de représailles par l’administration, est resté ferme dans sa politique extérieure. « Toutes les options sont sur la table », répétées par Bush ne sont pas allées au-delà de la menace verbale. La raison l’a emporté. Une guerre contre l’Iran, avec emploi d’armes tactiques nucléaires, avait de grandes chances de se transformer en guerre nucléaire généralisée à tous les pays du Moyen-Orient. Surtout que la Corée du Nord avait surpris le monde, en testant, le 9 octobre 2006, une charge nucléaire.

Que peut-on dire de cette guerre ? Simplement qu’avec l’évolution des peuples, la Pax Romana que les États-Unis ont voulu copier pour mettre en place une Pax Americana, n’a pas marché. Et les Américains l’ont appris à leurs dépens. Mais à quel prix ? En laissant derrière eux un pays meurtri et divisé par 30 ans de guerre, et une hécatombe d’Irakiens tués.

 

6.2. La crise financière de 2008. Les gagnants et les perdants

 

 Mais la guerre en Irak, en 2003, ne s’est pas produite sans qu’elle n’ait un sens historique. Le problème n’est pas qu’elle a été préparée et planifiée par l’establishment américain, mais quel sens cette guerre revêt dans l’histoire. Il faut se rappeler que la guerre du Vietnam, par les dépenses militaires et au consumérisme américain a entraîné un bras de fer avec les pays d’Europe sur les déficits commerciaux américains. L’Europe a refusé en 1971 les dollars américains, les États-Unis n’avaient plus assez d’or pour convertir les dollars qu’on leur présente en or. On a vu, dans les paragraphes plus hauts ce qu’il a résulté, que l’Europe s’est émancipé du dollar américain par les changes flottants, et que seul le pétrole, en se constituant contrepartie physique aux émissions monétaires ex nihilo de la Fed, a pu sauver la mise du dollar, en le maintenant dans son statut de référence aux autres monnaies internationales.

Précisément, le contexte dans lequel se trouvent les États-Unis, à la fin de la dernière décennie du XXe siècle, annonce une situation extrêmement préjudiciable pour l’économie américaine.

Dès 1999, la Banque centrale américaine (Fed) a commencé à augmenter le taux directeur, le faisant passer de 4,75 % à 6,5 % en 2000. Deux krachs des valeurs technologiques surgissent, entre avril et septembre 2000. Le Nasdaq est passé d’un haut de 4572,83, en janvier 2000, à 1840,26, en janvier 2001. En pleine récession, la Fed abaisse rapidement, en janvier 2001, le taux d’intérêt directeur. Il sera amené à 1 %, en juin 2003. Mais cette chute des cours boursiers qui touche les autres indices américains, s’étend rapidement aux autres bourses de la planète. C’est ainsi que des crises boursières en cascade ont touché l’Occident et les autres places boursières du reste du monde entre 2001 et 2002. Le Nasdaq touche un fond de 1172, 06, en juillet 2002. Le DAX allemand passe de 7644,55, en février 2000, à 2423,87, en février 2003. Une chute de la capitalisation boursière d’environ 60 %, pour les États-Unis et le Japon, 70 % pour l’Europe et 50 % environ, pour le reste de l’Asie.

La reprise économique mondiale n’a commencé à apparaître qu’avec la rapide victoire américaine en Irak, en 2003. Il est clair que les injections monétaires massives opérées par la Fed, quelques mois avant et au début du conflit, ont entraîné une reprise économique, à l’échelle mondiale. Le robinet monétaire qui sera ouvert à fond pendant le conflit pour financer l’économie et les dépenses de guerre, et creuser les déficits de la balance américaine courante, auront forcément à doper l’économie mondiale.

Les déficits courants américains sont allés crescendo. 413 milliards de dollars en 2000, 386 milliards en 2001, 474 milliards en 2002, 530 milliards en 2003, 666 milliards en 2004, 804,9 milliards de dollars en 2005, 856,7 milliards de dollars en 2006 (données du département du Commerce américain). En 2007, le déficit courant américain a à peine baissé. Avec de pareils déficits, l’économie mondiale ne pouvait que se sentir mieux. En effet, la croissance économique était partout dans le monde. Les États-Unis ont émis au bas mot 6 000 milliards de dollars ex nihilo (issus de la planche à billet), entre 2001 et 2008.

Il faut seulement rappeler qu’avant la guerre au Moyen-Orient, le dollar était une monnaie forte par rapport aux autres monnaies de la planète. L’euro a atteint 0,827 dollar en janvier 2002, soit 1,209 euro pour un dollar. En février 2002, le dollar a atteint 133,59442 yens. Mais, avec les déficits en hausse, et les injections monétaires par la Fed (monétisation), le dollar a commencé à chuter. En mai 2003, l’euro atteint 1,16 dollar, en décembre 2004, il se déprécie à un niveau record, à 1,366 dollar. De même, pour le yen, en décembre 2004, un record à la baisse, le dollar cote 103,781079 yens.

Evidemment, sans la hausse des prix de l’or et du pétrole qui ont explosé, ces deux matières jouant de contreparties physiques dans l’absorption des dollars sur les marchés, le taux de change du dollar serait descendu à des cours abyssaux. L’euro aurait atteint 1, 8 dollar voire plus. Idem pour le yen. Se rappeler qu’au plus fort de la crise financière en 2008, par les injections massives de la Fed pour sauver le système bancaire américain, le prix du baril de pétrole a coté 147 dollars, et le taux de change de l’euro a touché un bas record, 1,60 dollar.

Pour rappel, au fur et à mesure que la Fed américaine injectait, année après année, des liquidités pour financer les déficits extérieurs, le prix du baril et de l’or augmentait. De 36 dollars le baril de pétrole en 2000, il passe à 54 dollars en 2004. Puis à 70 dollars en 2005, 80 dollars en 2006, 100 dollars en 2007, 147 dollar en juillet 2008. De même pour l’once d’or, il passe de 300 dollars, en 2002, à 400 dollars en 2003. Puis à 450 dollars en 2004, 500 dollars en 2005, 600 dollars en 2006, 800 dollars en 2007, 1000 dollars en 2008.
Toutes ces évolutions ont été néanmoins positives pour la croissance économique mondiale. Les pays d’Europe ont profité de la croissance américaine. Partout le boom immobilier (Espagne, Irlande…) et le dopage par la consommation. Les États-Unis sont devenus le premier moteur économique mondial. Ou du moins le carburant par les milliers de milliards de dollars qu’ils ont injectés pour que l’autre moteur, la Chine, alimentée, devienne véritablement l’usine du monde.

Donc, par leurs déficits courants, les États-Unis ont propulsé l’économie mondiale, à des niveaux jamais atteints.

Une question se pose cependant : « Qui a gagné en réalité ? Les États-Unis ou le reste du monde, à la fin du processus ? » Tout d’abord, il faut souligner, qu’avec la guerre au Moyen-Orient, le jeu économique entre l’Occident et le reste du monde ne pouvait être à somme nulle. Sans réels gains dans la guerre qu’ils ont lancée contre l’Irak, les Américains, avec leurs déficits courants pantagruéliques, ne pouvaient être que les grands perdants à la fin du processus, qui s’est terminé avec la crise financière en 2008. Les pays d’Europe, qui ont refusé au départ la guerre puis revenu sur leur décision, ont été aussi les grands perdants d’autant que l’économie européenne est fortement dépendante de l’économie américaine.

Si l’Occident a profité de cette croissance jusqu’en 2008, il demeure, et c’est l’évidence même, que c’est le reste du monde qui a été le grand gagnant, avant et après le processus. En effet, la Chine a vu ses réserves de change passer de 165,574 milliards de dollars en 2000 à 1996,200 milliards de dollars, en 2008. Ses réserves ont été multipliées, en huit ans, par 12. La Russie, pays pétrolier, a vu ses réserves de change passer de quelques milliards de dollars, en 2000, à 427 milliards de dollars, en 2008. Des réserves de change qui ont été multipliées par 15. L’Algérie, endettée et redoutant même, en 1998, un mini krach pétrolier, a vu ses réserves de change passer de 11,9 milliards de dollars, en 2000, à 143,102 milliards de dollars, en 2008. Ses réserves ont été multipliées par 12. De même pour l’Arabie Saoudite, et pour les autres pays émergents.

Aussi faut-il dire que c’est malheureusement la guerre au prix d’atrocités immenses conjuguées, conjuguées aux dépenses de guerre et au consumérisme aux États-Unis, que l’économie mondiale a été propulsée dans la croissance. Mais, elle finit très mal pour l’Occident, à la fin du cycle de guerre.

 

6.3. La crise financière de 2008. L’histoire déroutera toujours ?

 

La crise financière immobilière en 2007 qui a débouché en crise financière en 2008 ressort d’une situation qui était pendante aux nécessités même qu’imposait la guerre menée par les États-Unis. Un impératif de relance économique relevait d’une nécessité pour le soutien de la guerre. Mais l’économie américaine, dans cette conjoncture de préparation de guerre contre l’Irak, en 2002, était encore ébranlée par des crises boursières en cascades, depuis les krachs de 2000. Et le marché des actions ne finissait pas de baisser. L’immobilier apparaissait le seul créneau pour relancer l’économie américaine. C’est ainsi que la construction immobilière prit son essor en Amérique. D’autant plus, que les pays d’Asie, grands exportateurs de biens et services, ont pris le pas sur l’Occident, dans le commerce mondial,

Ainsi une distribution économique mondiale s’opérait entre l’Asie qui prenait le plus gros des parts de marchés dans les exportations de biens et services et l’Occident, qui a une part beaucoup moindre, compte tenu de la désindustrialisation au profit de l’Asie et aussi la faiblesse de compétitivité, mais, détenant les principales monnaies mondiales, reste hégémonique sur le plan de la financiarisation du monde. Une répartition des rôles qui apparaît équilibrée entre les grands tenants du commerce mondial.

Par conséquent, la Fed ne pouvait qu’encourager la reprise économique par l’immobilier, grand pourvoyeur d’emplois. Mais l’inconvénient réside lorsque la situation dérape. Quand les investisseurs sont de plus en plus nombreux dans le secteur de la construction de logements, il arrive un seuil où le marché est saturé, et les investisseurs ne trouvent plus d’acquéreurs. Surtout qu’il a été permis même aux ménages américains pauvres, non solvables, d’acquérir des maisons, alors qu’ils n’étaient pas en mesure de payer. En outre, ce qui sidère est que ces ménages qui voient le prix de leurs maisons augmenter sont encore encouragés par les banques pour contracter d’autres emprunts gagés sur les nouveaux prix de leurs maisons, alors qu’ils sont déjà endettés.

Ce boom immobilier s’est étendu aux pays européens qui ont acheté massivement des produits hypothécaires structurés (subprimes). Mais 2006, les prix ont commencé à baisser, et les défauts de paiements se multiplier. Dès le début de 2007, le marché de l’immobilier se retourne entraînant la faillite de dizaines de sociétés hypothécaires américaines. Comme dans toutes les crises spéculatives, l’hypertrophie du secteur financier qui amène les actifs immobiliers, à des cours enflés artificiellement par la spéculation, déconnectés de la réalité, pousse naturellement les Banques centrales, qui ont pourtant laissé faire, à mettre un terme à ce laisser-faire. C’est ainsi que la Fed fait monter le taux d’intérêt directeur, en 17 hausses, de 1,25 % en juin 2004 à 5,25 % en juin 2006.

A la crise immobilière qui fit perdre des millions ménages américains leurs logements, succéda la crise bancaire, à l’été 2008. Tout le système bancaire américain se trouva paralysé, par la crise de confiance entre les banques. L’Etat américain dut procéder à des plans de sauvetage par nationalisation, capitalisation, fusion entre les banques, par dépôt de bilan (faillite) pour celles qui étaient fortement lestées de créances irrécouvrables. Cette crise s’étendit au reste du monde. Bien que tous les pays fussent touchés par des pertes financières qui ont investi dans les subprimes, c’est surtout l’Europe qui a été affectée, précisément par le lestage massif de subprimes dans les bilans de plusieurs banques européennes. Et qui ont nécessité, par conséquent, des plans de sauvetage à l’instar des banques américaines.

On peut reprocher certainement reprocher au système bancaire américain, et la Fed en tête, en tant qu’ils ont été les vrais instigateurs de l’emballement de la bulle immobilière. Cependant, on ne peut oublier qu’il y a la conjoncture difficile dans laquelle se trouvaient les États-Unis qui se sont lancés dans une guerre au Moyen-Orient, dans le but de reconquérir cette région. Où des enjeux majeurs se jouaient.

Les autorités monétaires n’avaient pas d’alternative que soutenir l’effort de guerre. Et peu importe le créneau utilisé, et seul l’immobilier restait disponible pour la reprise. Il est certain qu’une victoire en Irak et une mise au pas de l’Iran auraient assuré les États-Unis d’une domination pratiquement sans partage sur le monde. Ce qui poussera la Fed américaine à anticiper la crise, i.e. abaisser rapidement le taux d’intérêt, rachetant les créances à risque les plus en vues, comme elle l’a fait après l’éclatement de la crise en 2008. Ces mesures de la Fed auraient permis d’accorder un répit aux banques pour revenir à des règles prudentielles plus strictes. Un stand by se serait opéré pour les procédures de saisies, et aurait ralenti fortement la crise immobilière. Un grand nombre de ménages américains n’auraient pas perdu leurs maisons, ce qui serait allé concomitamment avec la victoire américaine au Moyen-Orient.

Evidemment, l’hégémonie américaine s’étendra à la Syrie et le Liban qui, privés de l’Iran, opposeront peu de résistance. La reconfiguration du Maghreb et du Moyen-Orient, appelé le Grand Moyen Orient (GMO), sera alors une réalité, et qui fera la part belle à Israël dans ses ambitions hégémoniques sur la région. Ni la Russie ni la Chine ne pourraient s’interposer au dépècement du monde arabo-musulman.

Mais l’histoire déroutera toujours, ce qui paraissait donné, s’avère finalement qu’il n’est pas donné. Et cela fut l’œuvre de la résistance irakienne et la position ferme de l’Iran qui ont changé les donnes dans la guerre. L’absence de perspectives en Irak ont obligé les États-Unis retirer leurs forces, en décembre 2011, conformément à l’accord-cadre, le « Status of Force Agreement » (SOFA), de novembre 2008.

Mais qui a gagné de ces huit années de guerre ? La réalité est là, c’est le reste du monde qui a gagné en croissance et en réserves de change qu’il a accumulées durant les huit années de guerre, alors que les États-Unis se trouvent triplement frappés : 1) l’échec militaire en Irak, 2) la crise immobilière et financière, en 2008, 3) la dette publique a bondi à des sommets,

 

6.4 Les Quantitative easing pour sauver le système financier occidental. Les grands gagnants : la Chine, la Russie et les pays arabes exportateurs de pétrole

 

Aussi posons-nous la question sur ce qui s’est au cours et après la crise financière de 2008. Les Banques centrales ont pris des mesures draconiennes en matière de sauvetage et de relance. Force de dire qu’il n’y avait pas de solution, le système financier occidental était paralysé. En plus de la baisse des taux d’intérêt pratiquement à zéro, les Banques centrales occidentales ont injecté des masses de liquidités internationales, dans le cadre de l’assouplissement monétaire quantitatif ou Quantitative easing (QE). Que l’on nomme aussi politique monétaire non conventionnelle.

1700 milliards de dollars ont été injectées dans le cadre du QE1, qui a permis de sauvetage du système bancaire occidental. Après la récession généralisée en 2009 dans pratiquement toutes les économies occidentales, un deuxième QE2 a été lancé, le 3 novembre 2010. Il s’agissait pour les Banques centrales américaines, européennes, britannique d’acheter de la dette souveraine des États en difficultés financières (bons de Trésor, obligations d’Etat, etc.) et de titres privées, essentiellement hypothécaires, pour délester le système financier européen et américain de créances à risque. La Réserve fédérale achètera pour 600 milliards de dollars Le montant du QE2 passera à 1000 milliards de dollars, en juin 2011. Pour la zone euro, un Fonds européen de stabilisation financière (FESF) a été mis en œuvre, en 2010, devenu ensuite le Mécanisme européen de stabilité (MES) en septembre 2012, pour des montants agrées répartis entre les pays-membres, selon leur taille dans le capital de la BCE, pour le rachat des dettes souveraines. On comprend dès lors l’importance de l’Allemagne et la France qui détiennent respectivement 27 % et 20 % du capital de la Banque centrale européenne, dans la zone euro, alors que la Grèce détient 2,80 %. Le FESF, si l’on compte en plus du montant arrêté, et les aides à certains États par le rachat de leurs dettes publiques et privées, a dépassé les 1000 milliards d’euros.

Au milieu de l’année 2011, une opération twist a été lancée aux États-Unis L’objectif était de faire baisser les taux d’intérêt à long terme (vente de titres de dette publique à maturité courte, moins de 5 ans) contre des achats de bons de Trésor à maturité longue (de 5ans à trente ans). C’est une opération sans création monétaire, c’est-à-dire stérilisée qui consiste à échanger des anciens titres (bons de Trésor et obligations d’Etat) par des nouveaux. Enfin, le 14 septembre 2012, la FED annonce un QE3. Elle s'est engagée à acheter chaque mois pour 85 milliards de dollars de bons du Trésor afin de peser sur les taux d'intérêt à long terme et sauver le marché de l'immobilier.

La banque d’Angleterre utilise le même assouplissement monétaire non conventionnel, de même le Japon, avec les abenomics. En décembre 2013, la Fed décide de réduire le programme du QE3 de rachats de dettes, à raison de 10 milliards de dollars par mois. Il prend fin en octobre 2014. Elle s’apprête à relever le taux d’intérêt directeur. Le 16 décembre 2015, la Fed remonte ses taux pour la première fois depuis 10 ans. Il est relevé de 0,25 point de base, passant d’une fourchette de 0 à 0,25 % à 0,25 % à 0,50 %.

Une question se pose : « Qui a gagné dans ces Quantitative easing ? » Certes c’est l’Occident puisqu’il a sauvé son système financier et relancer la reprise. Même si la croissance économique est faible, il demeure que l’économie occidentale a bien réagi aux politiques monétaires non conventionnelles. Elles étaient, il faut le souligner, nécessaires, car sans cela, la situation économique occidentale aurait été pire.

Mais les chiffres sont là, irrécusables, la croissance occidentale s’est opéré sur fond d’endettement public. Alors que les pays du reste du monde, notamment la Chine, les pays exportateurs de pétrole, ont enregistré des excédents commerciaux considérables, entre 2009 et 2014. Les réserves de changes de la Chine, qui s’établissaient à 1 966,200 milliards de dollars, en 2008, sont passées à 2914,154 milliards de dollars, en 2010. En 2014, elles atteignent 3 952,130 milliards de dollars, et ce, malgré le taux de croissance en Chine qui a chuté à 7,8 % en 2012. Les réserves de change de la Russie passent de 427 milliards de dollars, en 2008, à 537,618 milliards de dollars, en 2012. Elles ont baissé fortement qu’en 2014, suite à des attaques spéculatives et à la baisse des prix de pétrole et du gaz. Quant aux pays arabes exportateurs de pétrole, grâce à la monnaie de facturation du pétrole qui sert de contreparties physiques aux émissions monétaires ex nihilo dans le cadre des Quantitative easing, et qui a fait bondir le pétrole, dont le prix du baril s’est situé, entre 2009 et 2014, en moyenne autour de 100 dollars le baril de pétrole, ils ont par conséquent enregistré des excédents commerciaux considérables.

Les réserves de change de l’Arabie Saoudite, premier producteur et premier exportateur des pays de l’OPEP, ont atteint 643 milliards de dollars, en 2014. Les autres pétromonarchies arabes totalisent environ 750 milliards de dollars. Les réserves de change de l’Algérie passent 143,102 milliards de dollars, en 2008, à 193,269 milliards de dollars en juin 2014. La dette extérieure est, pratiquement remboursée, elle s’établie à 3,719 milliards de dollars.

Il confirme que le reste du monde, dont les pays du BRICS et les pays exportateurs de pétrole arabes qui ont été, pour ainsi dire, les grands gagnants dans cette deuxième phase de la cinquième période 2000-2014, depuis la fin du deuxième conflit mondial.

 

7. L’équation géopolitique et économique, à la base des années 2014- 2028

 

7.1. L’antagonisme entre les deux Grands, les États-Unis et la Chine

 

 Tout d’abord que ressort-il des politiques monétaires non conventionnelles par le quatuor occidentale, et très à la marge, la Banque centrale suisse ? 

Pour comprendre, reprenons le processus qui a lié la première puissance du monde à la Chine, devenue aujourd’hui deuxième puissance économique du monde, avec une population de 1,4 milliards de Chinois. Lorsque les États-Unis, après le 11 septembre, sont entrés en guerre au Moyen-Orient, ils ont, année après année, laissé filer le déficit de la balance courante. Et par ces déficits, la Chine a vu sa croissance économique fortement augmenter. Elle a par conséquent enregistré, année après année, des excédents commerciaux, avec des taux de croissance très élevés. En 1984, 1992 et 2007, la Chine a enregistré respectivement un taux de croissance de 15,2 %, 15,2 % et 14,2 %. Aujourd’hui, le taux de croissance a chuté pour s’établir fin 2015, à 6,9 %. La chine a gagné avec l’ensemble des pays du monde, en particulier avec les États-Unis, les pays d’Afrique, les pays arabes exportateurs et la Russie qui ont fortement profité du boom pétrolier, depuis le début des années 2000. Ce sont par conséquent tous ces débouchés qui, par les débouchés qu’ils offraient à l’industrie chinoise toujours en extension en fonction de la forte demande mondiale, qui ont fait bondir la croissance économique de la Chine. Elle est devenue, pour ainsi dire, l’usine du monde.

Une question se pose : « Qui est le véritable levier dans la croissance chinoise ? » La réponse parle d’elle-même, ce sont évidemment les États-Unis qui, en guerre, ont inondé le monde de dollars via la monétisation de leurs déficits extérieurs, et contribué par l’absorption du made in China,

Ces injections monétaires, tout en dopant la croissance américaine par la « consommation et la construction immobilière, via les subprimes », ont aussi enrichi le monde, en particulier la Chine. Au point que des économistes ont qualifié la relation qui liait les États-Unis à la Chine de Bretton Woods II, un système de parité fixes pour les devises entre le yuan chinois et le dollar américain. Ou encore, si on prend l’analyse de Larry Summers, ancien ministre des Finances de Bill Clinton et ancien conseiller du président Obama, la Chine et les Etats-Unis sont condamnés à se soutenir mutuellement. Larry Summers décrit cette situation comme étant un « équilibre de la terreur financière », puisque les Chinois seraient tenus de poursuivre leurs acquisitions de titres publics américains malgré un risque de change croissant pour le dollar, faute de quoi ils déclencheraient eux-mêmes un krach dont ils seraient les principales victimes. Mais les Chinois gagnent dans cet équilibre de la terreur, car en finançant les déficits américains, ils poussent les Américains à consommer made in China.

La question qui se pose : « Si les États-Unis continuent à accumuler des déficits extérieurs, la Chine sera condamnée à accumuler des excédents, et donc voir ses réserves de change augmenter, années après année. Une spirale d’endettement américain s’opposant à une spirale d’enrichissement pour la Chine. »

Il est évident que cette Chinamérique est un danger à la fois pour les États-Unis et pour la Chine. Si les États-Unis continuent d’enregistrer des déficits extérieurs, et les réserves de change de la Chine augmenter, la dette extérieure américaine mécaniquement va augmenter, condamnant les États-Unis à payer des intérêts de plus en plus grands puisque le capital de la dette augmente. Ce qui se fera forcément au détriment de l’économie américaine, qui sera de plus en plus pénalisée. Pour se libérer, les États-Unis seront obligés alors de rompre cet « équilibre de la terreur », en monétisant la dette extérieure. Et c’est précisément ce que craint la Chine. Comme on l’a énoncé supra, les États-Unis sont des débiteurs spéciaux, ils enregistrent des déficits extérieurs parce que ceux-ci servent à financiariser le reste du monde qui n’a pas de monnaies internationales. Et c’est là le paradoxe, les pays ont besoin de dollars, et des autres monnaies occidentales, pour adosser leurs monnaies domestiques.

La Chine, sachant ce danger, fait cependant bon escient de ses réserves de change. Elle investit dans toutes les parties du monde. Elle s’implante en Afrique, en promouvant une coopération à intérêt réciproque suivant un concept « gagnant-gagnant » ou « donnant-donnant ». Développement africain et prospérité chinoise. Elle s’impose aux acteurs « traditionnels  » occidentaux. Pour la Chine, l’Afrique et le monde arabe sont des pays qui n’ont pas de véritables industries, et malgré qu’ils soient en développement, ils sont en fait sous-développés. Précisément, cette situation fait de l’Afrique un vaste marché de 1,15 milliards de personnes aujourd’hui) et une réserve de pétrole pour certains pays comme le Soudan exclusive. Son principe de non-ingérence lui permet ainsi de renforcer sa position dans des Etats isolés par la communauté internationale. Le monde arabo-musulman n’échappe pas à cette percée chinoise, non seulement en Afrique, mais aussi au Proche et Moyen-Orient, qui lui aussi constitue un vaste marché de 420 millions d’habitants.

En plus d’une main d’œuvre bon marché et à des prix proposés bas (30 à 50 % inférieures aux offres occidentales) et des offres complètes coordonnées, le principe de non-ingérence constitue clairement un avantage pour les positions chinoises face aux européens accusées d’ingérence politique, et qui sont régulièrement accusée de paternalisme et de néo-colonialisme. Ces pays voient donc dans la Chine un allié privilégié à l’opposé des partenaires traditionnels européens.

Et cette stratégie chinoise s’adapte à tous ces partenaires, notamment avec ses alliés émergents, le groupe des BRICS, dont elle constitue, en quelque sorte, le partenaire le plus important. D’autre part, le Fonds monétaire internationale a inclus, le 30 novembre 2015, la monnaie chinoise, le yuan ou renminbi (RMB), monnaie du peuple, dans le panier des DTS, dont la modification entrera en vigueur en septembre 2016. Le panier de devise passera de quatre à cinq monnaies, aux côtés du dollar, de l’euro, la livre sterling et le yen.

En plus que les Banques centrales d’Afrique et du reste du monde ont ajouté la devise chinoise, à la liste des monnaies de leurs réserves de change, la Chine ambitionne de faire du yuan, une unité de compte internationale et de facturation des matières premières et du pétrole. Plusieurs pays africains facturent leurs exportations en yuans vers la Chine. La Russie a conclu un marché d’approvisionnement en gaz à la Chine, pour un montant de 400 milliards de dollars, sur une période de 30 ans. Prenant effet à partir de 2018, il sera facturé en yuan.

L’Iran, le Soudan facturent les exportations pétrolières vers la Chine en yuan. D’autres pays arabes font des opérations de compensations entre les exportations de pétrole vers la Chine et la valeur équivalente en exportations de biens et services made in China. Ces ententes monétaires réduisent le pouvoir exorbitant du dollar, c’est-à-dire l’appui de la facturation du pétrole des pays d’OPEP en dollar pour pondérer les émissions monétaires américaines par la planche à billet sur les marchés monétaires.

Précisément, cette nouvelle équation du monde change tout pour les États-Unis, L’inconnue principale pour la superpuissance devient la Chine, qui de surcroît a fortement augmenté sa puissance militaire. Par conséquent, ils se doivent d’apporter une réponse, une stratégie à cette nouvelle équation du monde qui se pose, dont la solution, en fin de compte, n’est pas si simple, qu’elle sera plutôt douloureuse pour le monde.

Barrer la route à la deuxième puissance économique et troisième puissance militaire du monde n’est pas si simple, surtout que la Chine se projette déjà à devenir la première puissance du monde à un horizon proche. Les Américains ne peuvent tout au plus que retarder cette échéance.

Aussi pour ce faire, et par la tournure que prend l’économie mondiale, il nous apparaît que les Américains sont en train d’agir sur trois secteurs économiques. Le premier, l’Amérique se trouve dans la nécessité de diminuer à tout prix ses déficits extérieurs. Diminuer de vivre au-dessus de ses moyens. Autrement, ses déficits ne serviront qu’à augmenter les excédents commerciaux de la Chine. Le deuxième secteur qui est le corollaire du précédent, c’est la diminution des liquidités internationales, à l’échelle mondiale, qui forcément impacte les prix des matières premières, en particulier l’énergie. La hausse du prix du pétrole doit être maîtrisée par la concurrence pétrole de schiste américain, par l’augmentation de la production dans le monde. D’autant plus que la baisse des déficits américains est moins adossée à une monétisation ex nihilo, et qu’exige une hausse des prix du pétrole pour pondérer la dépréciation du dollar sur les marchés.

Les conséquences de cette nouvelle stratégie sont observées depuis la fin des Quantitative easing en septembre 2014. Depuis deux ans, le prix du pétrole a fortement baissé. En juin 2016, le prix du baril de pétrole se situe autour de 50 dollars. Bien qu’il joue encore, même à un prix bas, de contreparties physiques pour les émissions monétaires de la Fed, il demeure cependant qu’il est appelé à n’être plus une énergie stratégique pour l’Amérique.
Le troisième secteur, c’est la politique du chaos menée par l’Amérique, en particulier dans les zones grises où la pénétration chinoise est favorisée. Et dans cette lutte souterraine et silencieuse, donc sans bruit, rien n’y paraît, tout donne à penser que les grandes puissances ne font que commercer et négocier, chacun selon son intérêt, de la façon la plus civilisée. Alors qu’en réalité, il y a une lutte sans merci, où tout ce qui peut être entrepris pour arriver à ses buts doit être entrepris. Comme on le lit dans un rapport d’information de la commission des Affaires européennes (Union européenne), N° 4415, du 28 février 2012, « Le directeur de la CIA évoque la nécessité de mesurer l’impact de ces changements sur la puissance américaine du point de vue géopolitique, militaire et économique. Il prévient également de l’augmentation des tensions et des conflits à venir dans l’accès aux ressources naturelles. Le rapport faisait passer le message suivant : « Si l’orientation que paraissent prendre les évènements répond à vos attentes, vous souhaiterez peut-être agir pour maintenir ce cap que vous jugez positif. Si l’avenir qui semble s’annoncer vous déplaît, il vous incombe de développer et de mettre en œuvre des politiques capables de rectifier le cap ». Thomas Fingar » Ceci est révélateur des relations qui existent entre les États-Unis et le reste du monde.

L’Afrique et le monde arabo-musulman qui sont des régions qui apparaissent non seulement des débouchés vitaux pour l’économie chinoise, et pour certains pays, des alliés pour la Chine, préoccupent beaucoup l’Occident. D’autant plus, que les systèmes économiques des pays africains et arabo-musulmans végètent et ne dépendent que des royalties pétrolières, les pétrodollars, ou issues des exportations de matières premières. Ces pays n’ont ni une politique économique réelle de sortie de cette dépendance de la rente pétrolière et des matières premières, ni une politique d’emploi, ni une réelle volonté dans le sens d’une politique d’ouverture pour construire des économies modernes comme l’ont fait les pays asiatiques ? Ces pays qui paraissent en développement sont, en réalité, des pays en sous-développement. Evidemment, cette situation relève des stades historiques. Par conséquent, ils seront obligés tôt ou tard de suivre le peloton des pays émergents, comme ceux-ci, qui aussi sont appelés à passer du rattrapage économique, au stade d’une gouvernance démocratique.

Dès lors, on peut comprendre que la politique du chaos menée par les États-Unis a un sens historique. Si l’objectif est d’entraver la pénétration chinoise, un autre objectif contingent sous-jacent a été aussi d’ébranler les systèmes politiques en retard pour les inscrire dans le développement et le progrès, à l’instar des autres pays du monde. Une loi historique du fondement même du système-monde.

Pour ne donner qu’un exemple, le Printemps arabe n’est pas venu ex nihilo. Ce n’est pas le marchand ambulant tunisien qui s’est immolé qui a bouleversé les régimes arabes. Ces régimes auraient pu sans problème tuer dans l’œuf toute manifestation anti-système. Mais c’est la politique du chaos qui travaille en coulisse qui, en amenant les Américains à « inviter  » leurs relais de laisser-faire, a donné le Printemps arabe. Celui-ci travaille pour l’histoire de l’humanité. Là encore, le Printemps n’est qu’une étape, qu’une séquence dans la trame de l’histoire.

Ainsi, on comprend bien que les États-Unis, dans leur ambition de dominer le monde, ont aussi été utilisés par l’histoire. La crise en Syrie qui dure depuis cinq ans fait partie de la politique du chaos. Les Russes, même s’ils ont un intérêt stratégique, et sont certainement de bonne foi pour régler le problème syrien, ne peuvent rien parce qu’ils ont en face la politique du chaos qui ne les vise pas spécialement ou le gouvernement de Damas (qui n’est qu’un obstacle à renverser), mais vise à pérenniser le leadership américain sur le monde. Les Russes, le gouvernement de Damas et les insurgés islamistes, deviennent des instruments de la politique du chaos. Et la politique du chaos, un instrument de l’histoire.

D’autre part, pour que la politique du chaos agisse, le terrain doit être propice, et les pays d’Afrique et du monde arabo-musulman sont particulièrement instables. Devancés par l’Occident et l’Asie, ils se cherchent et cherchent des repères pour survivre dans un monde devenu hostile, complexe, peu saisissable, et surtout deviennent un terrain de prédilection pour la confrontation entre les grandes puissances.

Aussi peut-on dire que la période, qui a commencé en 2014 et qui ira jusqu’en 2028, amènera le monde à s’acheminer vers un antagonisme États-Unis-Chine, à l’échelle planétaire, où tout se jouera en coulisse entre les deux Grands. La Chine aujourd’hui fait le dos rond, paraissant l’ami de l’Afrique et du monde musulman, mais sait qu’il n’en sera pas ainsi lorsqu’elle deviendra la première puissance du monde.

 

7.2. Le triple emploi de la politique monétaire non conventionnelle américaine, européenne et japonaise

 

 On a parlé des politiques monétaires quantitatives non conventionnelles. Elles ont joué un rôle essentiel dans la reprise de l’économie américaine, qui, par les liquidités internationales, a influé positivement sur l’économie mondiale. C’est le premier emploi de ces politiques monétaires non conventionnelles. On est cependant de droit de se poser des questions de fond sur ces politiques monétaires, qui, du reste, ont été très médiatisées, et provoqué un débat contradictoire sur leur utilité. Nombre d’économistes pensent qu’elles sont vaines voire même dangereuse, par l’inflation qu’elles peuvent véhiculer. D’autres les définissent comme très utiles à la reprise économique.

Quel sens ont-elles en plus de la reprise ? On sait qu’une dette souveraine (bons de Trésor, ou obligations d’Etat) émise par le Trésor d’un État, en l’occurrence les États-Unis, est un emprunt contracté et qu’il doit être remboursé à échéance, c’est-à-dire quand il vient à maturité, à une date donnée. Un pays quand il se trouve en excédent courant, doit alors rembourser sa dette.

 Mais les États-Unis qui ont des déficits structurels, émettent année après année des bons de Trésor, ce qui fait augmenter leur dette publique. Les États-Unis peuvent émettre des bons de Trésor nouveaux, et de l’argent reçu de leurs ventes, rembourser les bons qui viennent à maturité. Ce sont des opérations sans création monétaire, appelées aussi stérilisées puisque la Fed ne fait que changer les bons de Trésor ancien par des bons neufs. C’est le cas de « l’opération Twist » lancé par la Fed, en septembre 2011, pour un montant de 400 milliards de bons de Trésor à maturité de trois et moins, pour en racheter un montant équivalent d'une maturité allant de six ans à 30 ans. (Voir supra, § 6.4.) 

Mais, lorsque la Fed procède à un programme de rachat de dette souveraine, sans échange avec des bons qui viennent à maturité, elle crée des liquidités. Elle prend donc sur elle les dettes souveraines, le volume de son bilan s’accroît. Et cette monétisation de la dette ex nihilo, qui se fait par la planche à billet, c’est-à-dire sans contrepartie productive, libère le système bancaire d’une partie de la dette. Les banques américaines augmentent donc leurs fonds propres (capitalisation).

Ce processus d’assouplissement monétaire quantitatif, depuis 2009, a fortement augmenté les liquidités au niveau des banques. Ce qui a permis de financer l’économie américaine (consommation, investissements, dépenses budgétaires, marché boursier, etc.). Mais il a augmenté, via les déficits extérieurs, les excédents des pays du reste du monde. Les pays émergents, dont la Chine, les pays exportateurs de pétrole, ont été les grands gagnants puisqu’ils ont accumulé, via précisément ces excédents, des réserves de change considérables. (Voir supra).

Mais, lorsque la Fed a arrêté, en septembre 2014, le dernier programme QE3, elle a créé un gap de liquidités dans le monde. La situation économique, financière et monétaire des pays du reste du monde s’est inversée. Ces pays du BRICS, qui bénéficiaient des liquidités, via leurs exportations, se sont trouvés brusquement confrontés à une raréfaction de liquidités en dollars, et donc à un retournement du marché mondial.

Evidemment, le changement de la politique monétaire américaine obéit à trois facteurs. Le premier, le taux de chômage aux États-Unis a fortement baissé après sept années de politique monétaire non conventionnelle. Le second, le ratio du déficit courant américain par rapport au PIB, depuis son niveau record de 6,3 %, en 2006, a baissé et n’est que 2,2 % en 2014. En 2015, bien qu’il ait augmenté légèrement, il est resté bas, à 2,7 % du PIB. Le troisième facteur, l’augmentation des réserves de change de la Chine et des autres pays hors-Occident a fait fortement augmenté la dette extérieure nette américaine. Ce dernier facteur n’est pas tenable pour les États-Unis puisqu’il condamne à maintenir l’Amérique sous la dépendance financière extérieure. D’émettrice de dollars, l’Amérique qui vit au-dessus de ses moyens, s’endette, elle devient une débitrice, piégée par ses propres dollars.

Les conséquences sont d’abord la chute brusque du pétrole dès l’été 2014. Après une moyenne en décembre 2014 de 62,51 dollars, le prix du pétrole passe à une moyenne de 52,35 dollars pour l’année 2015, et de 37,92 dollars, pour les cinq premiers mois de l’année 2016. La baisse de la croissance touche en particulier les pays émergents, notamment les pays du BRICS, qui sont confrontés à une baisse des débouchés dans le monde. Les pays exportateurs de pétrole, qui voit les royalties pétroliers fortement baisser, se trouvent obligés d’opérer des coupes budgétaires, de diminuer les dépenses publiques, d’arrêter des projets coûteux.

C’est ainsi que pays émergents et pays exportateurs de pétrole se trouvent obligés de puiser dans leurs réserves de change pour financer leurs économies. Ce qui signifie qu’ils doivent rendre liquides leurs bons de Trésor auprès des banques américaines. En d’autres termes la Chine et les pays pétroliers diminuent leurs créances vis-à-vis des États-Unis. Conséquence : l’Amérique diminue sa dépendance financière des pays du reste du monde, sa dette extérieure nette diminue.

Et ce processus s’applique aussi aux Quantitative easing lancés par les Banques centrales d’Angleterre, de la zone euro et du Japon. Leurs systèmes bancaires recapitalisés auront à rembourser les titres qui leur sont présentés par le reste du monde. C’est le deuxième emploi des Quantitative easing.

Quant au troisième emploi, le dollar américain s’est apprécié, et augmente son statut de monnaie de valeur-refuge, ce qui fait déprécier les autres monnaies. La zone euro et le Japon sont favorisés doublement, par la baisse de leurs monnaies qui les rend plus compétitifs, et par la baisse des prix du pétrole.

Cependant, ce qui est positif sur un plan, est négatif sur un autre plan, par la baisse des liquidités américaines, le monde s’achemine inévitablement à la dépression, ou au mieux, à la stagnation, par suite de la décélération économique mondiale.

 

 8. La période 2014-2028

 

 Après cette analyse de l’évolution du monde depuis 1945, comment peut-on voir le monde dans la période qui a commencé et qui aura à s’étaler sur 13 années, comme les précédentes, et aboutir à l’année 2028. Il est évident que ce serait fou de connaître l’avenir du monde qu’on ne connaît pas, mais cependant le fait que nous agissons, que nous suivons sa trajectoire, que nous analysons les forces historiques qui l’agitent, et bien que ce ne soit qu’une présomption intellectuelle forte qui se dégage, une projection sur les années à venir peut permettre non seulement d’enrichir un débat contradictoire, mais surtout, si on peut dire, d’éclairer sur la réalité méta-historique de notre devenir. Aussi, nous allons essayer de présenter une vision très succincte mais suffisamment élaborée pour comprendre les événements en puissance à venir.

 

  • La première donne mondiale vient des États-Unis. Après le relèvement du taux d’intérêt directeur qui est passé de 0 à 0,25 %, à la fourchette 0,25 à 0,50 %, la Fed s’apprête à le relever à 1 % en 2016. Evidemment, la situation sera encore plus difficile pour l’économie mondiale en 2017, puisque l’endettement mondial aura à augmenter mécaniquement, et touchera en particulier les pays du reste du monde, c’est-à-dire l’Afrique, l’Amérique du Sud et l’Asie. Les débouchés qui diminuent dans le monde auront des retentissements sur l’économie mondiale, qui forcément va se contracter. Si la Fed continue d’augmenter en 2018, comme elle l’a annoncé, le taux d’intérêt sera porté alors à 3 %. Les places boursières dans le monde seront soumises à forte tension. Il y a de grandes probabilités pour que des bulles éclatent en cascades, à partir de cette année. Les indices boursiers dopés par les quantitative easing, déconnectés de la réalité, baisseront fortement. Le marché immobilier ne sera pas épargné. Mais comme la situation économique aux États-Unis a beaucoup progressé, dans le sens que le ratio de la dette extérieure nette/PIB a beaucoup faibli, et que les déficits budgétaires et courants sont plus maîtrisés, la chute des indices boursiers aux États-Unis et dans le monde s’étalera sur plusieurs années, comme cela s’est passé, entre 2000 et 2003. A l’époque, trois années de baisses, malgré que le taux d’intérêt a été ramené à 1 %, en juin 2003. On peut penser que le taux d’intérêt de 3,3 % projeté par la Fed ne serait pas atteint. S’il le serait, ce serait à un prix très coûteux pour l’économie mondiale.
    En 2019 et au début des années 2020, le taux de chômage sera en hausse, des inégalités se creuseront encore plus, et des risques de troubles peuvent surgir dans les grandes agglomérations américaines. Cette situation révèle la faiblesse de l’appareil économique des États-Unis, et les mesures d’austérité prises pour contrecarrer le champ libre laissé à la puissance chinoise. Un dilemme se posera aux États-Unis : ouvrir le robinet monétaire pour relancer l’économie mais c’est aussi doper la compétitivité et donc l’économie de la Chine.
    Aussi le choix sera fait sur une reprise économique très lente, entraînant ce que Larry Summers a appelé une « stagnation séculaire », et qui s’est déjà étendue au monde. Donc, malgré la baisse drastique du taux d’intérêt américain, après le pic d’une récession en 2018-2020, les autorités monétaires qui maintiendront le robinet monétaire sous contrôle, et à peine entrouvert, pousseront le reste du monde dans une nouvelle spirale d’endettement contrôlé.
    Les conséquences, sur le plan énergétique, vont aller de soi. Non seulement les cours bas du prix du pétrole se maintiendront, mais si les Américains diminueront plus leurs déficits courants, allant jusqu’à l’annuler, voire même enregistrer des excédents – ce qui n’est pas impossible – le cours du pétrole pourrait être encore plus bas. Surtout qu’ils cherchent à se libérer de la dépendance pétrolière extérieure, et qu’ils auront terminé avec les guerres devenues contreproductives. Toute dépense de guerre pour les États-Unis profitera au camp adverse. Les États-Unis ne pourraient éviter une lente dépression économique et financière au monde, qui irait probablement jusqu’en 2028.
    Pour cause, ils cherchent à prendre les devants. Tout en se repliant sur leur économie, les Américains feront tout pour finaliser le marché transatlantique avec l’Europe. Le TTIP (Transatlantic Trade and Investement Partnership), malgré les critiques qu’il suscite en Europe, sera opérationnel probablement avant 2020, sinon au cours de cette période. Quant à l’accord de partenariat transpacifique ou «  Trans-Pacific Partnership  » (TPP), un traité multilatéral de libre-échange qui a été signé le 4 février 2016, il est déjà en cours de ratification par les douze parties prenantes, (États-Unis, Canada, Mexique, Chili, Pérou, Japon, Malaisie, Vietnam, Singapour, Brunei, Australie et Nouvelle-Zélande) regroupant 800 millions d'habitants et 40 % du PNB mondial. C’est l’ALENA prolongé à certains pays d’Amérique du Sud et d’Asie. Ces accords révèlent l’insistance des États-Unis et leur inquiétude face à la Chine, dont la puissance économique et militaire ne cesse d’augmenter.
    Il y a pour ainsi dire une course à la montre, au point que les États-Unis ont préféré utilisé la procédure de « fast-track » (voie rapide) pour accélérer la mise en œuvre de l’accord. Il faut signaler que le TPP qui est la plus grande zone de libre-échange dans le monde, qui, couplée avec le TTIP à venir, accord transatlantique de libre échange, constituerait une ceinture économique triangulaire, dont le but est de barrer la route au commerce extérieur de la Chine par des accords préférentiels d’Etat à Etat. Et rien n’exclut que ce traité sera élargi aux autres pays, en particulier avec la dépression mondiale à venir.Le rapprochement des États-Unis avec l’Inde souffle aussi dans ce sens, ce qui explique les visites fréquentes de hautes personnalités entre les deux pays. On comprend dès lors la stratégie américaine qui cherche à briser la capacité des pays du BRICS à vouloir se découpler de l’hégémonie occidentale. Pour l’Amérique, il est urgent de colmater la brèche qu’elle a ouverte. En croyant transformer la Chine, en nouveau Japon soumis à sa puissance, elle a pensé qu’elle allait continuer à régner sur le monde par sa puissance assise sur deux piliers, une puissance militaire écrasante et un dollar, comme monnaie de réserve la plus utilisée dans le monde. Mais mal lui en prit, c’est l’effet inverse qui a résulté, et explique le tournant dans le déploiement tout azimut de la politique extérieure américaine pour affaiblir la future première puissance du monde.

 

  • En Amérique latine, la situation commence à s’éclaircir. En effet, les limites des régimes dits progressistes ont atteint leurs limites. Après avoir profité du carburant américain, les milliards de dollars injectés par les États-Unis qui a vu l’Amérique latine entré dans une période d’essor entre 2003 et 2012, qu’elle n’a jamais vécue, les régimes dits progressistes en Bolivie, au Brésil, au Venezuela, en Equateur, ont montré en fait que leur système, censé répondre aux attentes des masses populaires, n’a été qu’une forme de dictature douce. La conjoncture de prix élevé des matières premières et de l’énergie a donné l’illusion de réussite du modèle national anti-impérialiste. Mais dès que le carburant américain a cessé d’irriguer leurs économies, et que les mesures antisociales et d’ajustements économiques ont commencé à être appliquées, les peuples ont compris leur douleur, d’autant plus que la rente des matières premières a creusé les inégalités d’autant plus que les dysfonctionnements, les malversations, minent les sociétés sud-américaines.
    Dès lors, le tournant à droite de la part des masses ne relève pas seulement d’un vote de contestation, mais d’une prise de conscience des limites des systèmes socialistes, à l’image des régimes de l’ancien glacis européen. La situation qui se pose est que l’Amérique latine se trouve à une croisée des chemins. Sortir des causes qui ont entraîné le mécontentement des peuples, ou faire face à un processus de qui ne fera qu’accentuer la confrontation sociale.
    Précisément, la politique extérieure américaine aura à jouer un rôle déterminant dans le changement de cap de l’Amérique latine. Et on le voit déjà avec le rapprochement des États-Unis avec Cuba, et l’assouplissement de l’embargo qui sera certainement levé. Ni les États-Unis ni Cuba n’ont le choix. Un autre élément joue aujourd’hui. L’accord historique du cessez-le-feu à la Havane, entre les Forces armées révolutionnaires colombiennes (FARC) et le gouvernement de Colombie, le 23 juin 2016. Cet accord, sous l’égide de Cuba, de la Norvège et de l’ONU, est un signal fort pour les gouvernements de droite en Amérique latine.
    Le signal est évident, il vient des États-Unis. En effet, en réponse à l’ambition de la Chine de se hisser au podium économique mondial, les États-Unis comme d’ailleurs l’Europe se voient astreints de créer un axe économique qui unirait les deux sous-continents américains. Et cela ne peut que produire un futur « Trans-North-Central-South America Partnership », ou « Trans-America Partenership » (TAP), un Partenariat Trans-Américain à terme, même non officiel, mais tacitement accepté par les pays-membres. Ou leur intégration dans le TPP. Ce qui ne pourra être que positif pour leur croissance économique, et leur sécurité.

Cependant, ce processus ne pourra s’opérer qu’après la période difficile due à la crise économique et financière, et qu’ils le voudront. L’Amérique latine aura probablement à vivre, à partir de 2018, peut-être même avant, une situation de crise pire que celle d’aujourd’hui, suivie d’une situation d’endettement. Et la lente dépression économique ou stagnation qui va suivre s’étendra probablement jusqu’en 2028. Une situation qui n’est pas propre à l’Amérique latine, mais à l’ensemble du monde.

D’ailleurs les liens qui unissent les pays du BRICS seront appelés probablement à se distendre, chaque pays émergent sera occupé dans sa zone respective pour trouver les solutions en rapport avec ses moyens pour dépasser la crise.

 

  • L’Europe, ébranlé par le Brexit, sera appelé à procéder de nouvelles réformes pour répondre aux nouveaux enjeux du monde. Non seulement, elle doit se réformer pour augmenter sa cohésion, mais il est certain qu’avec les événements à venir, seule l’Union européenne pourrait assurer la sécurité économique aux Européens. Et il faut se rendre à l’évidence, le Brexit n’a été que le résultat du marasme produit par la crise économique mondiale, et les politiques contradictoires, des grands pays européens, qui se sont repliés sur leurs intérêts nationaux. Notamment l’Allemagne qui n’est pas tout à fait blâmable puisqu’elle n’a fait qu’anticiper la crise à venir.

Et le monde change. Et les migrations qui ont survenues montrent que l’humanité se trouve à la croisée de son histoire. Que les migrations ont été provoquées par des forces historiques, et un problème qui doit être partagé entre tous les nations qui font partie de l’Union. L’Union européenne ne peut seulement partager les avantages de la libre circulation, du marché européen, d’une monnaie unique pour les 19, mais aussi les difficultés. Les plans d’austérité budgétaires continueront, même si l’accent mis dans les investissements n’apporte pas ce qu’attendent les peuples d’Europe. Probablement aucun pays européen ne s’aviserait à sortir de l’Union européenne, malgré la montée du populisme en Europe. Le Royaume-Uni est une exception, il bénéficie de la city, première place financière mondiale, et surtout de la livre sterling, une monnaie de réserve. Ce sont ces atouts qui lui ont permis le Brexit. De toutes les façons, il est appelé à rejoindre l’Union européenne. Probablement avant 2028, ou du moins il en fera la demande.

Avec ou sans l’Ecosse et l’Irlande du Nord, il rejoindra l’Union européenne. Une nouvelle structure du monde aura à émerger, et ce sera le règne des blocs économiques qui auront à régir les nations du monde.

Sur le plan économique et financier, elle ressentira le même séisme économique que les Etats-Unis. Avec des crises boursières en cascades, et la baisse des valeurs immobilières. De même, une nouvelle relation liera l’Europe au monde périphérique méditerranéen, c’est-à-dire la Turquie et le monde arabo-musulman de la périphérie, qui seront probablement en pleine transition. Un monde qui sera affecté par une très grande instabilité, qui il faut le dire, n’est pas que conjoncturelle, mais nécessaire. Par conséquent, l’Europe est à la veille d’un grand tournant, non seulement avec les États-Unis, mais aussi avec la Russie et l’Iran.

Enfin la crise à venir sera éprouvante pour les peuples d’Europe. La dépression dans les marchés financiers sera lente, et les corrections boursières seront drastiques. Tous les indices boursiers européens perdront au début des années 2020, environ 50 % de leur capitalisation de 2016. Le CAC 40, reviendra au cours d’avril 2003 ou d’avril 2009, c’est-à-dire de 4300 à environ 2500, le DAX allemand passera de 10000 autour de 4000. Il en va de même pour toutes les autres places boursières du monde, dont les indices suivent globalement la même évolution. Probablement une grande crise immobilière, non comme en 2008, mais une forte baisse des prix accompagnée de saisies immobilières à grande échelle, au niveau mondial, et de faillites de banques. Devant cette faillite bancaire, les Banques centrales occidentales, tout en procédant au sauvetage de banques, vont privilégier l’économie réelle à l’économie spéculative boursière.

Enfin, le gouverneur de la BCE, Mario Draghi, dans son intervention au forum annuel, fin mai 2016, l’équivalent européen du rendez-vous de la Fed américaine à Jackson Hole, a plaidé en faveur d’un alignement mondial des politiques monétaires. Cette proposition peut se matérialiser lorsque les TTPI et TPP seront fonctionnels. Evidemment, l’alignement des politiques monétaires ne concernera que le camp occidental. Plus tard, il est très possible qu’il s’étendra à l’ensemble des Banques centrales du monde, selon évidemment la situation spécifique de chaque nation, selon les conjonctures économiques traversées.

 

  • La politique d’encerclement de la Chine si elle prend progressivement forme, par contre la politique du chaos est battue en brèche par la Russie. En effet, la Russie s’érige en obstacle majeur dans les menées subversives américaines au Proche et Moyen-Orient. Tous les conflits armés en Irak, en Syrie, au Yémen, sont liés à l’instabilité chronique de cette région depuis la découverte du pétrole dans cette région. Si le pétrole n’avait pas existé, cette région n’aurait pas eu l’importance qu’elle a depuis le début du XXe siècle. Et même l’Islam n’aurait pas joué ce rôle qu’on lui fait jouer aujourd’hui. Aussi, peut-on dire que l’islamisme radical continuera d’être un instrument de déstabilisation majeur dans cette région, pour au moins trois raisons.

La première, celle-ci est majeure, essentielle pour ainsi dire, le prix du baril de pétrole de cette région essentiellement arabe, même à 40 dollars ou 50 dollars, permettra aux États-Unis de répercuter leurs déficits extérieurs sur le reste du monde. Même si le solde de la balance courante américaine a fortement diminué. Donc le pétrole arabe est une donnée géostratégique vitale pour l’Amérique. Sans le libellé monétaire du pétrole, c’est-à-dire le dollar, monnaie de transaction des exportations pétrolières, l’Amérique restera une grande puissance, mais aura à assumer ses déficits, c’est-à-dire à les financer par ses propres revenus, augmentation d’impôts, excédents commerciaux ce qui suppose un gain de compétitivité, etc. Ce qui restreindra beaucoup de sa projection militaire sur le monde.

La deuxième raison, porte sur les régimes politiques arabes, pour la plupart moyenâgeux, que ce soit les monarchies arabes absolutistes, islamiques, républicains. Tous les systèmes politiques de gouvernance qui les régit sont basés sur une politique économique unique, l’exploitation pétrolière et par conséquent la rente pétrolière. Par conséquent, il est impossible pour ces pays d’avancer tant que le pétrole n’arrête pas d’être une donnée géostratégique vitale non seulement pour les États-Unis.

La troisième raison, c’est le pouvoir monétaire de l’Europe et du Japon. Ces derniers, qui ont les monnaies solidement arrimées au système monétaire international dominé par le dollar, bénéficient aussi, dans une certaine mesure, de la donne pétrolière. Comme le montre la facilité avec laquelle l’Europe et le Japon injectent des liquidités internationales dans leurs systèmes financiers, dans le cadre de l’assouplissement monétaire quantitatif (QE). Ce qui équivaut lorsque ces liquidités injectées sont transmises, par le jeu des transactions internationales, au système financier et monétaire international, à un prélèvement de richesses du reste du monde, sans contreparties de richesses produites par ces pays. Ce que les sciences économiques dénomment le « droit de seigneuriage ».

On comprend dès lors, pour toutes ces raisons géostratégiques et géoéconomiques, que l’Etat islamique (EI), même s’il vient à être démantelé, resurgira sous une autre forme, ainsi que tous les groupuscules islamistes préfabriqués pour maintenir la pression dans cette région pétrolière centrale du monde. La Turquie, même si elle a changé de position, récemment, l’Arabie saoudite et la coalition qui mène une guerre au Yémen, la Somalie, l’Egypte en prise avec l’islamisme, la Libye à double gouvernement, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc, seront tous affectés par le phénomène islamiste, et la politique du chaos.

Sur le plan historique, on peut dite que cette étape est transitoire et n’exprime que les conséquences d’une situation héritée du Deuxième Conflit mondial, depuis que le dollar a été érigé en monnaie centre du système monétaire international. Si cette donne venait à disparaître, et on peut dès à présent, le considérer comme une échéance inéluctable, depuis le nouveau statut de l’usine du monde, la Chinafrique, la Chinamérique et la Chinaeurope, et surtout le yuan chinois qui aura à rebattre progressivement les cartes monétaires du monde. L’entrée au FMI du yuan chinois au côté des quatre grandes monnaies occidentales, dans le panier des DTS, qui sera effective en septembre 2016, n’est qu’un premier pas dans ce processus qui va progressivement bouleverser toute l’architecture mondiale.

Evidemment, ce sont avant tout les forces économiques régressives, c’est-à-dire la crise économique à venir, à l’horizon 2018-2020, et la dépression économique mondiale au moins jusqu’en 2028, voire même chevaucher avec la nouvelle période qui suivra, qui mettront fin à ce système qui dure depuis 1944.

Il y a de fortes probabilités, avec le nouveau système international, et un yuan internationalisé, et disposant aussi du droit de seigneuriage, que le pétrole, devenant une énergie ordinaire, sans interférence américaine sur les prix, le prix du baril de pétrole pourrait, par le marasme économique mondial, baisser à des cours très bas, voire à 20 dollars. Ce qui mettrait sous pression les pays exportateurs de pétrole qui seraient déjà endettés, voire même insolvables. Puisqu’ils ne peuvent s’endetter au-delà d’une limite vu que les créanciers n’ont pas de garantie d’être remboursé, même si on suppose qu’une partie des gisements de pétrole pourrait servir d’hypothèques.

Aussi peut-on dire pour les pays pétroliers arabes, que la situation politique, économique et sociale sera particulièrement difficile. Une instabilité s’installera durablement, dès 2018, et qui ira jusqu’à remettre en cause les systèmes politiques en place. Si l’islamisme radical va s’essouffler, cependant dans la situation chaotique qu’il aura créée, les pays qui disposent d’armée régulières suffisamment solides et organisées, pourront lutter efficacement contre la crise et la dépression, et les forces antisociales. Mais la cohésion pour ces pays passent inévitablement par une restructuration de ces pays, c’est-à-dire l’ouverture économique, diminuer les inégalités entre les couches sociales, répondre aux revendications politiques, économiques, sociales et sécuritaires, de la population.

Le problème ne sera pas la souveraineté politique pour ces pays, qui sera à relativiser et, d’ailleurs, il concerne l’ensemble des pays du monde – le monde serait entré dans l’ère des blocs économiques – mais porte sur la survie même de ces pays, c’est-à-dire comme ils sont organisés, dans le concert des nations.

Regardons ce qui s’est passé en Union soviétique, elle a disparu en 1991, et fait place à un autre pays, et un autre système politique. Ainsi que son glacis européen. De même, la Fédération de Yougoslavie a disparu, faisant place à plusieurs États : la Slovénie, le Monténégro, la Croatie, la Macédoine, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine, le Kosovo. De même la Tchécoslovaquie qui a disparu et a donné deux États. La République fédérale allemande a aussi disparu. Et tous les systèmes politiques qui régissent aujourd’hui ces pays restructurés n’ont rien à voir avec les systèmes passés qui ont disparu. D’autre part, nombre de ces pays ont regagné l’Union européenne, et d’autres attendent d’y être intégrés.

Le monde arabo-musulman doit par conséquent faire sa mue historique. Les régimes politiques, qui ne suivent pas le sens de l’histoire, vont forcément disparaître. Par exemple, qui aurait dit que l’Union soviétique et le glacis européen allait disparaître. Ils ont certes rempli une page de l’histoire, mais celle-ci s’est terminée à la fin des années 1980. Ceci simplement pour dire que les pays arabes n’y échapperont pas, de même que l’islamisme ne sera qu’une doctrine, rejoignant tant de doctrines passées. L’Islam viendra à son message originel, c’est-à-dire au message millénaire de paix et de dialogue entre les peuples.

Enfin, le règlement pacifique de la question israélo-palestinienne probablement interviendra avant la fin de cette période, c’est-à-dire avant 2028. Et combien même, il ne le sera pas, il restera potentiel autour de cette date. Pourquoi le règlement de cette question a tant duré ? Et qu’Israël, avec le soutien de l’Amérique, a toujours répondu négativement, c’est, évidemment, en rapport des enjeux dans la région. Mais le règlement de cette question qui surviendra, avec la fin de la donne géostratégique du pétrole arabe, et du dollar comme monnaie centrale du système monétaire international, engendrera inéluctablement des transformations politiques majeures dans la région proche et moyen-orientale. La question qui se poserait avec la création de deux Etats palestinien et israélien, et le retour à la paix dans la région, sera le devenir du Hezbollah, des régimes islamiques, des monarchies arabes, l’avenir d’Israël, etc. Les rapports des États-Unis et de l’Europe avec cette région qui vont changer. La Chine, la Russie… Tels seront les bouleversements à venir dans cette région.

 

  • Enfin pour la Chine, le retour à la normalité sera une étape déterminante pour son économie, et le reste du monde. Il faut encore dire que la nouvelle normalité que prône le système communiste chinois ne vient pas du système lui-même, mais des forces historiques qui ont obligé la Chine à s’appuyer sur son formidable réservoir, et sur son marché intérieur, pour contrecarrer la crise économique qui a commencé aujourd’hui et à venir. Cependant, la situation serait d’autant plus difficile que même le marché chinois ne pourra qu’atténuer la crise, ce qui signifie que la contraction de l’économie mondiale aura certainement des répercutions sur son économie. Ce qui obligera encore plus la Chine à se déployer dans le monde, cependant avec des résultats beaucoup plus modestes pour son économie, mais rendra des services certains à l’Afrique, à la Russie, à l’Amérique, malgré le cordon économique que l’Amérique aura à déployer contre la Chine.

La Chine deviendra probablement la première puissance mondiale, avant 2028, sinon dans les années de la période suivante 2029-2042. Le nouveau statut de la Chine vient de sa population, la plus grande du monde, mais aussi du niveau technologique atteint par le peuple chinois. Mais il demeure que tout hausse de puissance doit l’incliner à partager des responsabilités mondiales avec les autres puissances. Et c’est là qu’à la fois la Chine, la Russie, les États-Unis, l’Europe, l’Australie, le Canada, le Mexique, l’Inde, le Japon, la Corée préalablement réunifiée, l’Indonésie, le Kazakhstan, le Brésil, le Pakistan, l’Arabie saoudite, l’Iran, la Turquie, l’Afrique du Sud, le Nigéria, l’Egypte, l’Algérie, enfin toutes les puissances mondiales et régionales qui ont de grandes populations et de grandes superficies dans le monde, peuvent s’associer pour constituer un consortium d’Etats pour la paix et la croissance, à l’échelle mondiale, passant par les besoins continentaux. Pour ainsi dire, un G-continents qui vient compléter le G7 et le G20, et agira en instance consultative pour se pencher sur les possibilités qu’il aura à proposer pour poser de nouvelles bases, plus justes, pour l’humanité. Cela contribuera à donner une vision du monde plus apte pour lutter contre les crises et assurer un mieux-être à l’humanité.

La question est : « Y arriveront-ils à s’organiser et à taire leurs intérêts géostratégiques ?  » S’ils ne le font pas, ce sera à l’histoire de le faire. Il faut seulement se rappeler comment a surgi le Deuxième Conflit mondial ? Et les bouleversements qui ont suivi. 

 

Medjdoub Hamed
Auteur et Chercheur indépendant en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective

www.sens-du-monde.com

 


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23 réactions à cet article    


  • Zolko Zolko 4 juillet 2016 11:48

    @ l’auteur : la période de 13 ans n’a pas de réalité, c’est un nombre ad-hoc pour coller à une certaine lecture. 20 ans seraient beaucoup plus réalistes car ils représentent 1 génération. Si alors vous voulez découper le monde de l’après 2ième guerre mondiale, je vous propose :
     
    1945 - 1965 : c’est la génération baby-boom (puis papy-boom). 1963 est l’année où JFK fut assassiné, 1969 est l’année où l’Homme marcha sur la Lune. C’est une période d’innocence, de reconstruction.
     
    1965 - 1985 : c’est la génération X, marquée par des crises à répétition (pétrole 1972, 1979, Iran, Solidarnösc, Mitterrand, la Perestroïca, Reagan, Thatcher... qui se termine par la chute du mur de Berlin
     
    1985 - 2005 : c’est lé génération des milléniaux, marqué par la pensée unique, la fin de l’Histoire, la montée d’Internet, la suprématie incontestée des USA. Elle se termine par la guerre en Irak et la crise financière de 2008.
     
    2005 - 2025 : c’est l’effondrement de l’Empire des pétro-dollars, l’implosion du système capitaliste, la montée de l’Islamisme avec l’argent des pétro-dollars, la ré-émergence d’un monde multi-polaire. Elle se termine par ...... ?


    • nicolas_d nicolas_d 4 juillet 2016 12:30

      @Zolko
      "c’est l’effondrement de l’Empire des pétro-dollars, l’implosion du système capitaliste, la montée de l’Islamisme avec l’argent des pétro-dollars"
      Si l’empire des pétro dollars s’effondre, comment l’Islamisme va continuer à monter ?


    • Zolko Zolko 4 juillet 2016 13:29

      @nicolas_d :
       
      « Si l’empire des pétro dollars s’effondre, comment l’Islamisme va continuer à monter ? »
       
      justement : tant que le pétro-dollar était roi (ou empereur) les pays Arabes avec leurs excédents astronomiques pouvaient utiliser cet argent pour arroser leurs populations locales, et cacher la distorsion de leur démographie (50% de la population a moins de 25 ans). Mais quand l’argent va manquer, que vont faire tous ces jeunes, frustrés par une société rigide et chiante, alors qu’ils voient tous sur Internet que les jeunes non-musulmans s’amusent ? Que vont faire ces gouvernements corrompus en voyant leurs jeunes désœuvrés, prêt à la révolte ? Pour ne pas risquer de révolution, ils vont les envoyer au Jihad, à la guerre, à l’invasion de pays d’infidèles.
       
      C’est ce que nous voyons depuis 5 ans, et ça va encore s’empirer.


    • nicolas_d nicolas_d 4 juillet 2016 13:49

      @Zolko
      Nous ne voyons pas l’origine du terrorisme au même endroit...
      Vous mettez ça sur le dos des musulmans et des gouvernements corrompus du moyen orient.
      Je mets ça sur le dos de l’occident et de sa géopolitique impériale.
      Plus d’occident, plus de terrorisme. Plus d’occident, plus de destruction de pays entiers, plus de coups d’états pilotés, plus de soutien à certains gouvernements corrompus, et du coup, beaucoup moins de « jeunesse désoeuvrée ».
      Plus d’occident et l’espoir renaît pour toute cette région (et ailleurs). Alors les jeunes auront beaucoup mieux à faire que réaliser les fantasmes des fanatiques.


    • Zolko Zolko 4 juillet 2016 14:15

      @nicolas_d
       
      « Vous mettez ça (le terrosisme) sur le dos des musulmans et des gouvernements corrompus du moyen orient. »
       
      si vous aviez lu mes commentaires, vous auriez pu remarquer que je n’ai pas parlé de « terrorisme » . J’ai parlé de Jihad et d’invasion.


    • cathy cathy 4 juillet 2016 15:59

      @Zolko
      Toute cette population n’a pu que croître, parce qu’elle était alimentée et soignée par des aides extérieures. Du jamais vu dans l’histoire humaine. Dans quel but ?


    • nicolas_d nicolas_d 5 juillet 2016 08:57

      @Zolko
      « J’ai parlé de Jihad et d’invasion »
      Ca ne modifie pas ma remarque. C’est de la géo stratégie qui ne sort pas comme ça de la tête des « jeunes »


    • Hamed 5 juillet 2016 11:00

      @Zolko

      Bonjour Zolko

       

      Vous me dîtes de changer la datation. Selon votre lecture, 13 ans n’a pas de réalité, c’est un nombre ad-hoc pour coller à une certaine lecture. Et c’est ce que j’ai vu dans le chiffre 13. Donc vous reconnaissez qu’il est ad-hoc. Quant à ce que vous proposez une division par 20 ans, il n’exprime qu’une sous-population qui vient seulement à être. Et qui n’a pas encore prise sur le monde. Pour l’exemple, les jeunes djihadistes, une nouvelle génération qui a perdu des repères, avec la mondialisation, et les régimes arabes moyenâgeux et corrompus, ne sont que de la chair à canon, utilisés par les grandes puissances et ces régimes, pour commettre des atrocités dans le but de s’opposer au camp adverse, dans le but de perdurer dans leurs acquits économiques et sociopolitiques.

      C’est parce que les grandes puissances qui se trouvent désormais dans l’incapacité de se lancer des guerres entre eux, parce que l’épée de Damoclès, l’apocalypse nucléaire, pèse sur eux, qu’ils utilisent ces expédients indignes pour les grandes puissances. Utiliser des jeunes chômeurs musulmans, dans le mal de vivre, les fanatiser par un lavage de cerveau, puis les lancer pour faire la guerre à leur place.

      Mais, malheureusement, force de dire qu’historiquement, ce n’est pas négatif. Puisque ce sont ces chômeurs fanatisés (islamistes afghans et arabo-musulmans)qui ont ployé l’armée rouge, et donner la victoire à l’Occident. Comme pour la guerre en Irak, ce sont les islamistes insurgés qui ont fait ployer l’armée américaine, et l’ont obligé à se retirer de ce pays. Et l’islamisme radical continue d’être utilisé à des fins géostratégiques.

      D’autre part, il n’y a pas d’invasion de musulmans en Europe et de jihad. Ces beurs qui sont en Europe, comme les noirs n’ont pas été parachutés ex nihilo en Europe ou ailleurs en Occident. On leur a ouvert grandes les portes, pour être utilisés contre l’Allemagne nazie, ensuite pour reconstruire l’Europe après les destructions de la guerre et les millions d’Européens morts. Donc un processus historique tout à fait naturel. Une invasion de l’Afrique par l’Europe suivie de prélèvement de populations africaines vers l’Europe impériale de l’Ouest pour l’aider à vaincre l’autre Europe impériale centrale. Donc il y un phénomène de cause à effet auquel les puissances ne peuvent déroger. On comprend pourquoi l’Europe est devenue multinationale deux fois, d’abord par l’invasion qui a commencé il y a presque un siècle par les anciennes colonies africaines et asiatiques et la multinationalisation récente de l’Europe depuis environ 60 ans.

      Et l’Europe va encore s’agrandir. Et je pense qu’elle sera un phare pour l’humanité puisque elle est le premier continent du monde à avancer progressivement, malgré les formidables contraintes de toutes sortes (ethnique, communautaire, religieuse, racial), des populations d’origine de différents continents et de différents pays d’Europe, et donc de langues, à chercher à créer dans une osmose inter-humaine une Europe de l’avenir, une Europe futuriste pour le monde. Ce qui explique les migrants qui viennent, qui sont attirés, au péril de leur vie, vers cette Europe.

      Voilà Zolka. Et merci pour les commentaires qui se tiennent, néanmoins je suis obligé de dire qu’en apparence.

      Cordialement

       

      Note. Comment accéder au livre « The Fourth Turning » de Howe & Strauss ? Merci




    • Zolko Zolko 5 juillet 2016 13:00

      @Hamed : "Comment accéder au livre « The Fourth Turning » de Howe & Strauss ?"
       
      Amazon


    • Zolko Zolko 5 juillet 2016 13:05

      @Hamed
       
      "D’autre part, il n’y a pas d’invasion de musulmans en Europe et de jihad"
       
      je parle de la vague actuelle d’invasion, depuis 1 an, pas celle de l’époque de nos parents, qui effectivement étaient des travailleurs invités. Mais les millions de migrants actuels sont un phénomène organisé, par qui et pour quoi, je ne le sais pas. Et ça correspond à l’époque de l’effondrement des cours de pétrole, c’est difficile de ne pas y voir un lien de causalité.


    • Zolko Zolko 5 juillet 2016 13:40

      @cathy : " Toute cette population n’a pu que croître, parce qu’elle était alimentée et soignée par des aides extérieures. Du jamais vu dans l’histoire humaine. Dans quel but ? "
       
      je me pose la même question, et je ne trouve qu’une réponse possible : le racisme blanc, qui pense qu’il est supérieur aux sauvages noirs ou arabes, qui ne peuvent pas s’en sortir tout seuls, et qu’il faut donc civiliser. Quels qu’en soient les conséquences, certains veulent se mêler de tout, veulent tout décider, qui doit vivre et qui doit mourir.
       


    • Hamed 5 juillet 2016 17:17

      @Zolko

      Vous parlez de l’invasion des migrants. Je suis d’accord avec vous que c’est une invasion de l’Europe par de pauvres hères fuyant leurs pays, plongés dans la misère, la pauvreté et sans horizon. Puisqu’ils cherchent à rejoindre l’Europe, au péril de leurs vies.  Reconnaissez lorsqu’un migrant africain monté dans une embarcation de fortune, il joue sa vire à quitte ou double. Mourir ou rejoindre le rivage convoité. Pourquoi ? Parce qu’il sait que s’il rejoint l’Europe, il a toutes les chances de s’en sortir. Dans son inconscient, l’Europe est un monde humaniste, qu’elle saura le traiter en humain, et lui donnera un but auquel tout être aspire.

      Evidemment, ce n’est pas le cas de l’Européen qui lui pense autrement, parce que l’Européen vit en Europe, a tous les droits nécessaires et réglementés. Il n’aspire pas, par exemple, à quitter son pays, sauf s’il est mieux rémunéré, et encore dans un pays occidental. Pour lui, l’Afrique est un continent pauvre.

      Ceci étant, vous dîtes que c’est un phénomène organisé, par qui et pourquoi. Voyez-vous, ce qui se passe en Europe se passe aussi en Algérie. Des milliers de migrants viennent de l’Afrique subsaharienne, ils sont reconduits mais presque aussitôt reviennent par dizaines de milliers, et on les trouve dans toutes les villes algériennes. Mais que faire ? Il y a un problème d’humanité qui se pose. Et cela n’a rien à voir avec l’effondrement du pétrole. Les migrants de l’Afrique subsaharienne n’ont pas de pétrole, de l’uranium et encore disséminé dans quelques régions.

      C’est un phénomène nouveau qui a pris aujourd’hui. Que dire alors des invasions européennes coloniales en Afrique qui sont le fait de vos grands parents et arrières-parents ? Des millions d’Africains déportés en Amérique vendus aux colons américains. Et dans les continents africains, américains et asiatiques, des peuples ont été soumis par le fer et le feu, par des Européens. Cette situation ne vous étonne pas ? Alors que les migrants viennent pacifiquement, d’autant plus que leurs frères sont déjà sur place, et contribuent à l’Europe. Par exemple, les français sont heureux d’être propulsés champion du monde, ou d’Europe en football grâce à une équipe composée de près de 70% de noirs ou basanés africains.

      Donc, Zolka, il faut relativiser le phénomène de migration. L’Europe doit évoluer dans le concert des nations, et faire face aux phénomènes mondialisants.


    • Alren Alren 5 juillet 2016 18:54

      @Zolko

      Il n’y a pas de durées périodiques en histoire car celle-ci est, au sens mathématique, chaotique. C’est-à-dire que si on analyse sa représentation graphique fondée elle-même sur une variable arbitrairement choisie, comme par exemple la violence en générale, on ne peut pas par transformée de Fourier la décomposer en une somme finie de sinusoïdes différentes par leur d’amplitude et/ou leurs longueurs d’onde.

      Bien sûr on peut trouver des coïncidences qui donnent l’illusion contraire.

      Mais ce sera une illusion.


    • Zolko Zolko 6 juillet 2016 10:44

      @Hamed : merci pour vos propos réfléchis et mesurés. Même si je ne suis pas en accord avec tout ce que vous dites.
       
      La déportation des esclaves Africains et l’exploitation coloniale ne sont pas de ma responsabilité. Je suis désolé de le dire, mais pour moi, ça n’entre pas en ligne de compte dans les évolutions geo-politiques actuelles. Je sais bien-sûr que des personnes cherchent à culpabiliser les vivants d’aujourd’hui avec les atrocités commises par d’autres dans le passé mais moi ça me laisse froid. Moi j’ai une responsabilité envers mes enfants et mes proches pour leur léguer un monde dans lequel ils pourront vivre en paix, je n’ai aucune responsabilité envers les milliards d’autres humains sur cette planète. Qu’ils se débrouillent, qu’ils soient noirs, juifs, arabes, asiatiques ...
       

      "Il y a un problème d’humanité qui se pose. Et cela n’a rien à voir avec l’effondrement du pétrole. Les migrants de l’Afrique subsaharienne n’ont pas de pétrole, de l’uranium et encore disséminé dans quelques régions. C’est un phénomène nouveau qui a pris aujourd’hui."

       

      je suis d’accord. je pense que ce phénomène est du à une surpopulation humaine sur cette planète, qui ne peux pas nourrir décemment 7 milliards d’humains, et encore moins 9 milliards. Il y a aussi un phénomène de déséquilibre : les populations de certains pays se sont stabilisés, voire décroissent (Europe, Russie, Japon, même la Chine) et ces pays peuvent se projeter dans l’avenir, car ils savent que même sans pétrole leur société sera relativement sable. Le climat modéré avec de l’eau en abondance leur assure la survie sans crainte.

       

      Mais ce n’est pas vrai pour d’autres parties du monde (Afrique, pays Arabes, Inde...) où la population croit encore alors qu’ils ne peuvent déjà pas nourrir leur population actuellement. C’est un problème démographique, et pour le coup l’Europe n’y est pour rien. La seule chose éventuellement que l’on pourrait nous reprocher c’est d’avoir fourni par charité la médecine moderne qui a permis de sauver des centaines de millions d’enfants de maladies : aurions-nous mieux fait de les laisser mourir ? Vous ne pensez quand-même pas que le reste du monde devrait maintenant absorber le surplus de naissances que ces pays produisent ? Pourquoi ferait-on ça ? Si ces pays ne font rien pour contrôler leur démographie, ils enverront leur population à une mort certaine, et ce sera de leur fait, pas du notre.


    • Zolko Zolko 6 juillet 2016 12:52

      @Alren
       
      C’est-à-dire que si on analyse sa représentation graphique fondée elle-même sur une variable arbitrairement choisie (...) on ne peut pas par transformée de Fourier...
       
      idée intéressante : vous avez essayé ? Si on prend pour variable le nombre de morts violents (par armes à feu), ou par la guerre (par pays participant) je serais curieux du résultat. Vous ne verrez certainement pas des sinusoïdes, mais du bruit blanc et éventuellement un pic à 20 ans


    • Zolko Zolko 4 juillet 2016 12:14

      @ l’auteur : avez-vous lu le livre « The Fourth Turning » de Howe & Strauss ? Il parle exactement de ce sujet, je vous le conseille


      • cathy cathy 4 juillet 2016 12:48

        Votre histoire ne semble commencer qu’au milieu du 20e siècle ?

        Vous avez eu pourtant l’empire byzantin (empire romain d’Orient). Pour nous ce sera l’empire romain religieux créé au IVe en Europe par les tribus germaniques. Nous l’appelons l’âge des ténèbres. 

        • JC_Lavau JC_Lavau 4 juillet 2016 16:20

          Dans le détail, la rédaction est terriblement hâtive, très peu relue, et le résultat est pénible.
          Sur le fond, c’est riche et intéressant. Un peu hâtif aussi sur le fond.


          • Hamed 5 juillet 2016 16:25

            @JC_Lavau

            Bonjour,

            C’est vrai. Vous avez tout à fait raison. Cependant, je suis pas français, mais algérien, et je maîtrise la langue française comme je peux. Ceci d’une part. Hâtive, j’ai été fatigué d’écrire, et je me suis dispensé de trop relire. D’autre part. Pourquoi ? Le sujet était ardu. Et écrire des pages et des pages pour argumenter ma pensée m’est aussi pénible autant, comme vous le reconnaissez, qu’il vous a été pénible de consacrer tout un temps, qui probablement vous a fatigué parce que vous vouliez comprendre le fin mot de la fin, où veut en venir l’auteur.
            Et je vous assure que cela m’a été pénible bien plus que vous, et ce pendant des jours, à chercher des chiffres, à corroborer ma pensée avec la réalité, et tant d’autres détails du puzzle, à chercher les vrais événements qui s’ajustent avec la dynamique de l’histoire.
            Voilà. J’ai beaucoup apprécié votre commentaire, et vous avez tapé dans le mille. Parce que ce que vous avez ressenti, et je ne parle pas des fautes d’orthographes ou d’incorrections, etc. qui se sont glissées, je l’ai vraiment ressenti. Et je vous remercie.
             

          • Olivier 5 juillet 2016 13:43

            « L’Islam viendra à son message originel, c’est-à-dire au message millénaire de paix et de dialogue entre les peuples. » 

            Encore cette rengaine que les islamophiles nous serinent à longueur d’années : les islamistes en quelque sorte auraient mal le Coran et auraient interprété à coups de kalashnikov les sourates de paix, d’amour et de tolérance qui sont censées constituer le Coran. 
            La vérité est que les islamistes sont simplement des musulmans cohérents avec le message coranique et les innombrables appels à la violence qu’il contient. 

            Quant à l’avenir des pays arabo-musulmans, il me paraît des plus sombres : une fois la manne pétrolière épuisée ils connaîtront le sort de la Libye ou du Venézuela, faute de jamais avoir voulu comprendre l’essence de la modernité.

            • Hamed 5 juillet 2016 16:10

              @Olivier

              Bonjour Olivier,

              Très juste ce que vous dîtes : « Encore cette rengaine que les islamophiles nous serinent à longueur d’années : les islamistes en quelque sorte auraient mal le Coran et auraient interprété à coups de kalashnikov les sourates de paix, d’amour et de tolérance qui sont censées constituer le Coran. » Mais ce que vous semblez ne pas comprendre, c’est que cette rengaine, on le leur a appris. Et je crois que vous ne comprenez pas les objectifs géostratégiques des grandes puissances, en l’occurrence les États-Unis qui cherchent à dominer le monde.

              La cohérence ne vient pas des islamistes avec le message coranique mais de ceux qui veulent le leur inculquer cette cohérence. Comme votre cas, vous gobez tout ce qui est apparent, et ne voyez pas, ne réfléchissez pas à qui profite le crime.

              Là encore, vous avez raison : « Quant à l’avenir des pays arabo-musulmans, il me paraît des plus sombres : une fois la manne pétrolière épuisée ils connaîtront le sort de la Libye ou du Venézuela, faute de jamais avoir voulu comprendre l’essence de la modernité. » En effet, leur avenir est des plus sombres. Ce pendant, savez-vous que la nuit sans lumière est aussi sombre, et la nuit dure ce qu’elle dure. Puis vient le jour. Donc un temps sombre puis un jour ensoleillé est de plus normal.

              Les génocides perpétrés à grande échelle en Europe et dans le monde, lors des guerres mondiales et même à une époque récente, ont été des moments des plus sombres de l’histoire occidentale, en particulier européenne. Mais, après cette sombre des plus sombres de l’histoire de l’humanité, l’Europe comme l’Occident tout entier a pu de nouveau renaître. De la même façon, pour les autres peuples du monde. C’est le tour des peuples musulmans de sombrer dans des temps sombres pour qu’eux aussi puissent renaître.

              Quant à la modernité, ce n’est pas faute de la comprendre, mais faute de l’endosser.

              Ce qu’il faut comprendre, c’est que la modernité n’est pas venue par l’Europe, elle est venue à l’Europe. L’Europe n’a-t-elle pas été barbare, au début de son histoire ? Donc, c’est l’évolution qui a changé les mœurs européennes, qui l’a grandi grâce à la multitude de découvertes dans les sciences et la technologie. Et ces avancées font croire que c’est l’homme qui les a découvertes, alors qu’elles sont venues à l’esprit de l’homme. Ce qui est différent, ceci dit dans un sens méta-scientifique.

              La Chine n’est-elle pas moderne aujourd’hui ? Et qu’a-t-elle fait pour être moderne ? Simplement que la modernité lui est venue par des contrats, des délocalisations et l’enrichissement…

              L’Européen croit qu’il est moderne. En réalité, il n’est pas plus moderne que le barbare s’il use de la même barbarie que le barbare, comme par exemple, d’assassiner des innocents par des drones, et dire que ce sont des dommages collatéraux.

              Donc se targuer d’être moderne ne signifie pas qu’on l’est réellement.

              Cordialement


            • Zolko Zolko 5 juillet 2016 16:48

              @Hamed
               
              "C’est le tour des peuples musulmans de sombrer dans des temps sombres pour qu’eux aussi puissent renaître."
               
              je pense que vous avez raison. Et j’espère que vous comprenez pourquoi nous - les Européens - ne voulons rien avoir là dedans, et pourquoi nous érigeons des barrières contre la barbarie qui va arriver. Nous avons eu 40 millions de morts lors de la 2nde guerre mondiale, quand la population humaine était de 2.5 milliards, il y a 3 fois plus d’humains, avec des armes beaucoup plus meurtrières, donc on peut s’attendre à des centaines de millions de morts.
               
              Je me demande quelle date les historiens mettront concernant le début de la 3ième guerre mondiale .


            • Histoire (---.---.23.146) 13 juillet 2016 01:10

              2021 ou pas

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