L’institution de la morale en politique
Quelles sont les règles qui font surgir au sein d’une société la morale, une morale plus généralisable que la nôtre, lorsque la morale n’est pas réglée par des idéologies, des intérêts économiques ou des religions ? Lorsque surgit un conflit, quel est le droit qui peut bien s’appliquer ? Comment définir le droit par rapport à la morale, qui dit " j’ai le droit " ? Toutes ces questions-là construisent un sombre labyrinthe dont à mon avis la sortie est éclaircie par une conscience évolutive. Pour Machiavel, les régimes totalitaires et despotiques distinguent l’art de politique de la morale — politique doit entretenir des liens définis par des dimensions non-morales. La politique ne doit pas suivre la morale car sinon elle irait à sa perte, il préconise et justifie cette « immoralité » au lieu d’une moralité politique.
L’espèce humaine n’est pas si évoluée qu'elle puisse accepter une seule morale universelle. Il y a encore des morales religieuses, rituelles, et traditionnelles qui peuvent même justifier l’immoralité comme jihad, l’inquisition, cannibalisme, occupation, destruction, et galère gratuite d’autrui. Pourtant on s’attend à une morale universelle à laquelle une grande majorité d’humains se réfèrent pour distinguer le bien du mal — heureusement grâce au progrès du cybermonde on peut désormais espérer que l’esprit humain soit coordonné par une morale qui sera de plus en plus universelle. Pourtant, la morale universelle n’existe pas. Chaque culture a une morale propre, et c’est le choc entre ces cultures-là et le constant rapport entre le mal et le bien qui détermine la morale prédominante. Ceci n’est pas une morale universelle qui doit remplacer celle des religions et des traditions, une morale qui pourrait impliquer des principes valables pour tous, partout, et en tout temps, quels que soient les critères culturelles d’une société donnée.
Pour ce faire, la place de la laïcité et la démocratie inconditionnelle me semble une garantie de la morale en politique. Autrement dit, plus on impose l’idéologie à l’état, moins le peuple aura la chance de trouver la morale en politique. Ceci est historiquement prouvé à l’épreuve des peuples depuis les monarques despotiques du passé jusqu’aux états fascistes, communistes, et islamistes de nos jours. On se voit confronté à un monde brutalisé par le manque de morale en politique, où les despotes mégalomanes, les idéologies et les religions ne laissent aucune chance à l’homme libre pour se sauver de leur avatar.
Prise en ce sens, la politique renvoie la question de morale à une solution bien spécifique, une solution de prudence. L’art et la pratique du pouvoir doivent ainsi se soumettre aux intérêts de la classe dirigeante, voire souvent s’affranchir de la tutelle de la morale, autrement dit la prudence l’emporte sur la morale. C’est là que la pensée de Machiavel peut définitivement se faufiler en politique.
L’introduction de la morale en politique est indispensable parce qu’elle rappelle sainement que le droit individuel doit rester intact et que la poursuite de l'idéologie ou religion ne devrait jamais justifier l’emploi de la violence. C’est dans l’idéologie et la religion que la violence peut toujours se justifier. De plus, soumettre la politique à la morale ne signifie pas du tout qu’il faille mépriser le pouvoir d’état ou y renoncer complètement. Il ne s’agit ensuite pas d’affaiblir l’état, mais seulement de le subordonner à la morale.
Nos institutions doivent agir pour que la morale soit une composante inséparable de la politique et que l’influence de la pensée machiavélique sur la sphère politique disparaisse de tout horizon. Au niveau international, l’articulation entre morale et la politique peut considérablement réduire les tensions internationales.
Pourtant, le cas échéant, l’ONU manque des moyens d’intervention et d’empêchement pour réaliser des règles interventionnistes. C’est cette lacune-là qui donne la carte blanche aux états répressifs qui vont jusqu’aux partisans du jihad, de la croisade, du fascisme, du communisme, et les états mafiosi du capitalisme pour mieux opprimer et dépouiller leurs propres peuples.
Depuis l’antiquité, notre monde est gouverné par les états qui ne se voient jamais responsables envers quiconque. Ces états se comportent de manière arbitraire, en ignorant les valeurs morales en faveur de leurs propres règles. Nombreuses sont les personnes qui ont fait d’importantes contributions à la lutte contre ces tyrans. Toutes ces personnes ont en commun la volonté de faire valoir les droits de l’homme avant que l’ONU n'existait. Une fois que l’ONU décide de formuler des droits de l’homme praticables dans notre monde, les peuples opprimés commencent à bâtir une société qui reconnaît la morale universelle.
Si les peuples opprimés ne peuvent pas se défendre à main vide contre la tyrannie, alors à quoi sert l’ONU ? À quoi servent les promesses de la déclaration universelle des droits de l’homme si l’ONU se croise les bras ? Quel est dans ce cas le sens de l’universalité de ces droits ? Le fait que l’on parle de l’existence de valeurs universelles, on est au cœur du sens de la déclaration. Dans son ouvrage De iure belli ac pacis (1625), Hugo Grotius avait déjà abordé la possibilité d’intervenir dans le cas où un tyran commettrait des crimes.
L’idée de l’ " ingérence humanitaire" réside dans la morale universelle qui normalement instruit sur des devoirs universels. L’idée devait être exploitée par certains pays occidentaux lorsque l’ONU n’existait pas. Elle retrouve son sens dans la déclaration des droits de l’homme de 1948 pour défendre la vie des victimes sous n’importe quelles circonstances. Elle est reconnue depuis 1988 par le droit international. Le droit international ne définit pas le repère entre droits de l’homme et souveraineté nationale, ce qui laisse une ambiguïté juridique à la question de savoir si un État illégitime aux yeux des droits de l’homme, reste légitime dans son opposition à toute intervention étrangère.
L’universalité devrait être indifférente aux frontières géographiques, sinon il serait paradoxal de vouloir imposer les droits de l’homme aux tyrans qui ne les reconnaissent pas. Si l’ONU n’est pas capable de destituer un état qui viole systématiquement les droits de l’homme, elle manque alors les moyens pratiques pour introduire la morale en politique. Bien évidemment certains états, du moins dans le tiers-monde, sont ancrés dans les traditions non- démocratiques ou non-laïques, ils se réclament le droit de s’imposer au nom du principe de souveraineté contre l’ingérence de l’ONU mais quel que soit le poids moral, l’ONU est et sera la seule entité d’intervention.
Tous les variables interventionnistes ont la vocation morale d’intervenir mais sans compter l’appât du gain. Un des problèmes majeurs aperçus par l’universalisation des droits de l’homme demeure le manque de confiance en l’ONU. Elle doit formuler une conception d'indépendance vis-à-vis des grandes puissances, sans quoi il est difficile de se présenter comme le foyer des valeurs morales et de la justice. Il s’agirait de définir quelles sont les valeurs de la justice et morale qui peuvent être communes à tous, indépendamment des frontières géographiques et pouvoirs militaires. Pour ce faire, il semble nécessaire pour l'ONU d’adopter un caractère plus digne, indépendant et plus engagé, en s’éloignant du monstre néolibéral qui aujourd’hui domine tout. Le capitalisme sauvage est un allié traditionnel des rois mégalomanes, des dictateurs et Scheiks corrompus, et des Mollahs criminels.
L’ONU ne condamne pas les états islamiques, le capitalisme mercantile en ignorant les relations sans scrupules entre le commerce et les droits de l’homme qui accroissent la méfiance des peuples opprimés vers l’ONU. Il faut mentionner qu’en compromettant les droits sociaux et économiques, les droits de l’homme sont d'avantage bafoués. Il est évident que les droits de l’homme sont sporadiquement violés dans les états dits laïques et démocratiques. Parfois les dirigeants de ces états sont punis pour leur abus de pouvoir, mais la violation de droits de l’homme sous les dictateurs idéologiques et religieux est systématique. Elle est souvent commise en pleine conscience et plus ou moins volontaire et jamais condamnée, ce que l’on peut constater sous la dictature des mollahs. Ils torturent, violent, tuent leurs opposants, tous d’après leur morale islamiste. Le maintien d’un tel état produit une méfiance accablante pour l’ONU. Dans ce cas, l’ONU est moralement considérée comme coupable pour ignorer durablement un peuple en état de répression.
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