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Accueil du site > Actualités > Economie > La crise car l’hiver Kondratieff n’est pas fini

La crise car l’hiver Kondratieff n’est pas fini

Une tentative d'explication de la crise actuelle. 

Il s'agit pour l'heure d'une intuition qui n'est pas encore soutenue par des données d'analyse, mais cohérente avec les données que je peux actuellement observer.

Si certains d'entre vous peuvent m'aider à rassembler des stastiques de long termes sur les niveaux d'investissement, nombres de brevets par an, taux d'endettement, merci de bien vouloir me contacter.

La crise car l’hiver Kondratieff n’est pas fini.

En ce début 2016 la crise est de nouveau en première page.

Un peu comme une vieille amie qui accompagne les titres de presse depuis la fin des années 70 et le « Vous êtes le président du chômage » de François Mitterrand à Valéry Giscard d’Estaing.

Pourquoi revenir tant en arrière alors que les coupables habituels sont listés à longueur d’édito ? Pétrole, Chine, banques, inflation banque centrales ?

Peut-être car là n’est pas l’origine de la crise.

La crise vient de plus loin. Des années 70 du siècle dernier lorsque la croissance liée aux Trente Glorieuses s’est essoufflée. Les sociétés habituées à une croissance de 5% par an n’ont pas su s’adapter au retour à une croissance de 1 à 2 pourcent par an. Petit à petit cette croissance à encore ralentie au fur et à mesure que nos sociétés passaient de l’automne Kondratieff à l’hiver Kondratieff.

Car c’est là que nous sommes aujourd’hui, les gains liés au nucléaire, l’aviation et la généralisation de la société de consommation sont épuisés. Cela n’est pas la fin du monde, les besoins humains sont inépuisables et en tout cas loin d’être satisfaits, mais c’est la fin de l’ordre économique tel que nous le connaissons.

Cet épuisement des gains économiques a également été aggravé par l’offensive du groupe social des plus riches. En pratiquant un hold-up sur les centres de décisions politiques et économiques, ils ont imposé la mise en place d’un système de transfert de la valeur ajoutée vers le haut de la pyramide des revenus. Ce transfert masqué par les politiques d’endettement des Etats et le développement du crédit à la consommation est venu encore réduire le potentiel de croissance.

Le phénomène de concentration des revenus, que j’appellerai cause sociale, est aujourd’hui bien perçu et documenté. L’enjeu est davantage de comprendre la cause technique du ralentissement de la croissance. Depuis Schumpeter tout le monde sait que les cycles économiques longs sont corrélés avec le progrès technique. Première, seconde, troisième révolution industrielle. A chaque fois une période de forte croissance. C’est ce que l’on appelle le printemps et l’été Kondratieff. Or, depuis les années soixante-dix, il n’y a pas eu de révolution industriellei. Et les effets d’entrainement de la révolution industrielle précédente s’estompent. Cela peut se constater au vieillissement des parcs machines dont la durée de vie s’allonge car il n’est pas intéressant de dépenser de l’argent pour intégrer des nouvelles machines. Au contraire, lors d’un été Kondratieff, intégrer de nouvelles machines et les nouveaux procédés de fabrication est vital car sinon l’entreprise se retrouve non compétitive.

Aujourd’hui une nouvelle révolution industrielle se présente, mais bien que très avancée, elle n’est pas encore finalisée. Robotique, voitures autonomes, batteries, solaire ou fusion froide, il est difficile de se prononcer, mais les ingrédients semblent là. L’accès à l’espace fait aussi sa révolution.

On voit que les conditions d’une pure quatrième révolution industrielle tendent de plus en plus à être réunies. Mais malgré tout, la montée de ces solutions exigera encore quelques années et le blocage social de nos sociétés crée les conditions pour que l’hiver Kondratieff soit le pire jamais vu.

Et c’est là le point essentiel. Qu’entend-on par pire ? Il est journalistiquement payant de parler de la fin du monde à longueur d’édito, mais si un hiver Kondratieff correspond à la fin d’un monde, il n’est pas la fin du monde.

Par exemple, entre 1870 et 1890, lors de l’hiver Kondratieff de la fin de la révolution industrielle, les boulangers n’ont jamais cessé de faire du pain, les magasins de vendre. Par contre, le rythme d’expansion s’est fortement ralenti. Les épisodes de dépression ont été plus nombreux. Dès lors les pays en phase de croissance démographique se retrouvent confrontés à des problèmes accrus de chômage et de financement des nouveaux besoins car le marché du travail ne croît pas.

C’est ce qui nous attend encore quelques années, à moins de parvenir à débloquer au plan mondial le blocage social. Dans ce cas, une meilleure répartition des revenus aura pour effet d’inciter à une croissance keynésienne et de permettre d’amortir le choc de l’hivers en améliorant le niveau de vie de tous.

i Certes l’informatique aime à faire croire qu’il s’agit d’une révolution industrielle, mais il s’agit apparemment plus de marketing que d’une vraie révolution industrielle. Une révolution industrielle réclame une nouvelle source d’énergie, de nouveaux moyens de transports et de nouveaux produits de consommation. L’informatique ne répond qu’à la troisième condition. On peut à la rigueur dire que l’informatique a été une révolution idustrielle 3B, soit partielle ce qui expliquerait que la phase croissance ait été plus courte et moins forte que dans une révolution industrielle classique.


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11 réactions à cet article    


  • mac 29 août 2016 11:11

    L’informatique pas une révolution ?
    Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ?
    L’informatique a amené de tels gains de productivité dans le travail de bureau qu’il est à l’origine de la suppression pure et simple de nombreuses professions intermédiaires.
    L’internet est en train de modifier notoirement la façon de commercer en privilégiant les circuits de distributions courts et en ringardisant la grande distribution classique : les « mammouths ».

    De nombreux métiers ont déjà en grande partie disparus ou sont sur le point de le faire : du secrétariat à l’agence de voyage en passant par les guichetiers de banque et pour bientôt la conduite de véhicules automatiquement pourrait supprimer une bonne partie des métiers de la route et cela fait du monde. Et que dire des nouveaux loisirs virtuels ? Certains jeunes préfèrent parfois jouer sur leur écran de que sortir de chez eux ou parfois même d’aller flirter !
    L’informatique est au contraire une révolution monstrueuse dans tous les sens du terme avec une perte possible de 50 à 80 % des emplois.

    Le problème que vous écartez au début de votre exposé qui est celui de la concentration des richesses me semble être le vrai problème car ceux qui possèdent ces immenses outils de travail (sociétés d’édition de logiciels, banques de données ’big data", société de télécom et groupes financiers en tout genre) ne sont certainement pas prêts à partager ces immenses gains de productivité.


    • Daniel Roux Daniel Roux 29 août 2016 12:26

      La définition que donne l’auteur de la révolution industrielle est en peau de chagrin.

      La révolution numérique est belle et bien une révolution industrielle, qui a d’abord réduit les emplois tertiaires, puis les emplois secondaires. Fini les pools de centaines de dactylos qui recopiaient toutes la journée les mêmes imprimés, fini les travaux répétitifs de soudures des châssis automobiles.

      Des milliers d’emplois ne nécessitant que peu de qualification ont disparu en Europe. Des milliers d’autres ont été créés en Asie. Puis les emplois plus qualifiés ont suivi.

      L’hiver dont parle l’auteur ne concerne que l’Europe et l’Amérique du Nord. En Asie, c’est un printemps et des dizaines millions de consommateurs qui conduisent les entreprises occidentales à ré-orienter leurs investissements.

      La crise d’aujourd’hui est essentiellement financière. L’ensemble des dettes émises par les états et les entreprises est trop importante pour pouvoir être supporter et rembourser, par ceux qui produisent les richesses. Le passif vampirise l’actif, d’où les taux négatifs et les efforts pour amener une inflation dont la première utilité est de ruiner les créanciers par destruction de leur capital.

      Les véritables causes de la crise que nous subissons aujourd’hui, sont d’abord politiques. Les hommes politiques ne sont que des outils au service des riches actionnaires des multinationales et des grands propriétaires terriens. Il n’y a qu’à regarder où vont les centaines de milliards de dollars et d’euros des subventions et commandes militaires passées par les gouvernements.

      En permettant les délocalisations massives des industries de l’Europe et des US, vers l’Asie, les hommes politiques ont favorisé un extraordinaire enrichissement des plus riches, et un appauvrissement des classes prolétaires dont font partie les classes moyennes.

      Voir les nombreux articles parus sur ce sujet dont, au hasard :

      http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/des-paradis-aux-enfers-de-la-84586

      et les liens qu’il comporte.


      • UnLorrain (---.---.161.165) 29 août 2016 12:31

        Par exemple, entre 1870 et 1890, lors de lhiver Kondratieff de la fin de la rvolution industrielle, les boulangers nont jamais cess de faire du pain, les magasins de vendre. Peut etre d insolubles explications a cette date chez Bloy smiley qui disait que le peuple las du pain reclame a grand cri des pommes de terre ? Et cette autre explication extraordinairement mysterieuse, que le peuple voulu qu on lui frotta la plante des pieds avec le gras des petits boyaux ? Quoi alors ? Le peuple voulu jouiir cela signifierait ??


        • Jean Keim Jean Keim 29 août 2016 14:01

          On analyse toujours le monde avec les éléments et les paramètres qu’il nous fournit et ainsi la compréhension relative des événements, les problèmes soulevés et les éventuels remèdes sont toujours et encore dans la logique de ce même monde.

          Ne pouvons-nous créer un autre monde, un monde nouveau, et arrêter de rabibocher l’existant bancal ? 
          Et même si notre pensée ne peut accoucher d’idées nouvelles, ne peut envisager une autre façon de vivre, une autre façon de penser l’économie, simplement s’ouvrir à l’idée que notre monde actuel, que notre civilisation est néfaste au développement harmonieux de la vie humaine et de la vie en général et que si nous sommes perdus et que nous ne savons plus quoi faire - et il devient impératif de rejeter les spécialistes, ceux qui confortablement installés, prétendent savoir - il nous reste cette immense possibilité qui consisterait à rejeter tout ce qui est délétère.

          • UnLorrain (---.---.234.16) 29 août 2016 17:19

            @Jean Keim

            Cela me sied, le rejet de tout ce qui me semble deletere ! smiley


          • hunter hunter 29 août 2016 18:36

            @Jean Keim

            Un des meilleurs commentaires lus depuis des mois !
            C’est effectivement de cette manière qu’il faut fonctionner, mais malheureusement, impossible à mettre en place, étant donnés les fondametaux de l’âme humaine, bien malade !

            Dans 400 000 ans peut-être, si une mutation génétique apparaît

            Adishatz

            H/


          • gaijin gaijin 31 août 2016 08:51

            @Jean Keim
            « Ne pouvons-nous créer un autre monde, un monde nouveau, et arrêter de rabibocher l’existant bancal ? »
            et ben non .......
            et pourquoi ?
            la réponse est ici : « l’intelligence commence quand la pensée prend conscience qu’elle ne peut rien inventer de nouveau »
            je vous laisse deviner de qui est la citation smiley smiley


          • Jean Keim Jean Keim 1er septembre 2016 09:29

            @gaijin


            Oui et ... non ami.

            De tout temps des êtres humains (dans le vrai sens du terme) ont accédé à une vision réellement neuve et l’on transmise par un moyen d’expression tel que l’écrit ou la parole, et donc par un cheminement de pensée, K quand il dialoguait et aussi bien d’autres avant lui procédaient ainsi.

            La pensée, cela maintenant je le vois clairement, procède de l’intelligence, mais la routine la bloque dans des ornières et l’intelligence ne peut plus se manifester librement, mais la pensée reste toujours sa manifestation ; parfois quand les conditions sont réunies, une ouverture se crée, l’intelligence reprend sa liberté et s’exprime à nouveau par une vision neuve, et ainsi comme l’a enseigné K pendant plus de 60 ans, sans se lasser, il y a une vision pénétrante et la prise de conscience que quand la pensée pense (c’est un même processus), elle est limitée par son propre contenu, c’est simple, trop simple, il nous faut pour retenir notre intérêt des théories plus savantes... 

            De cette prise de conscience il peut en sortir quelque chose de neuf.

          • gaijin gaijin 31 août 2016 08:48

            « La crise vient de plus loin. Des années 70 du siècle dernier lorsque la croissance liée aux Trente Glorieuses s’est essoufflée. »
            il ne faut pas oublier un autre évènement : la prise de pouvoir des banques sur l’économie de la planète les années 70 c’est en france le moment ou un certain giscard d’estaing -rotschild sacrifie la souveraineté monétaire de la france ......
            a partir de là on passe progressivement d’un capitalisme « a la papa » alliant un développement progressif a une gestion de « bon père de famille » : on ne dépense pas les sous qu’on a pas ....
            a une politique de la terre brulée : croissance maximum endettement maximun et profit maximum ......pour les banques .......c’est comme si au monopoly la banque jouait contre les autres joueurs ...
            mème chose pour les ménages .........
            voilà la raison de la crise qui dure depuis les années 70 ...............
            et la seule sortie passe par le retour a une logique économique réaliste !


            • Rémi Mondine 31 août 2016 15:23

              Bonjour :


              merci à topus pour vos commentaires.
              @Mac : Je vous invite à lire mon commentaire en fin d’article sur le pourquoi l’informatique n’est pas une révolution industrielle à part entière. L’informatique permet d’immenses gains de productivité, mais une révolution industrielle ne se réduit pas aux gains de productivités. Sinon les machines transfert seraient une révolution industrielle à elles seule.
              Pour la concentration des richesses, je n’écarte pas le problème mais ne suis pas en mesure de contribuer davantage au débat après tout ce qui y a déjè été versé. (cf Piketty, vous même...)
              @Daniel roux : Oui vous avez raison j’ai une vision étroite de la révolution industrielle car j#essaie de me concentrer sur l’impact du progrès technique dans la croissance, Via les nouveaux procédés, les gains en effectifs que vous illustrez à merveille et aussi la création de capital qui génére une activité sans contrepartie de consommation. 
              hors ma Thèse est que même avec une volonté politique de répartir (ce qui est aujourdÄhui loin d’être le cas) l’occident affronterais quand même une crise car la technologie actuelle est à ces limites. Cela se traduit dans le post de Cool dude par le constat de ressources limitée. Le peak est une question qui revient à chaque hivers Konradtieff et disparait ensuite par miracle lorsque de nouvelles matiéres et sources d’énergies apparaissent et chassent partiellement les anciennes de leur marchés. A la fin du XIXième siècle on parlait de peak charbon.
              Et cette vision d’un monde finit déclenche chez les détenteurde capital en général une lutte des classes sévére pour s’approprier la valeur ajoutée. 

              • Jean Keim Jean Keim 1er septembre 2016 10:06
                Il nous faut nous ouvrir à une donnée fondamentale, sinon nous ne pourrons jamais comprendre comment évolue notre civilisation : le pouvoir « mondial » est détenu par la finance qui s’exprime par les banques, mais les différentes enseignes des établissements bancaires que nous côtoyons dans nos villes respectives ne sont que des leurres, des miroirs aux alouettes, il n’y a en réalité qu’une seule banque ou plus exactement elles appartiennent quasiment toutes à une poignée d’individus, alors que quelques unes d’entre elles éventuellement fassent faillites, cela n’a aucune importance, et comme toutes les activités de l’économie mondiale fonctionnent grâce au crédit accordé par la (les) banque(s), alors une poignée d’individus possède le monde, toutes nos revendications ne pourrons rien y changer, si au préalable nous ne changeons pas cet état de fait. 

                Si vous me suivez bien dans mon exposé alors vous êtes en mesure de comprendre que notamment voter ne sert à rien, adhérer à un parti politique est inutile, signer des pétitions est vain, défiler dans la rue est une douce plaisanterie, l’écologie est une rêverie, les théories économiques des fumisteries...

                Comment puis-je affirmer une telle chose, je n’ai pas de preuve, c’est également une intuition, je le vois tout simplement car c’est une évidence.

                Il faut que le monde change mais espérer le faire par des moyens coercitifs est une illusion, c’est avant tout une démarche personnelle.

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