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Accueil du site > Actualités > Economie > Profits, dividendes, fiscalité : les actionnaires vainqueurs de la lutte (...)

Profits, dividendes, fiscalité : les actionnaires vainqueurs de la lutte des classes

Bien sûr, ce n’est pas nouveau, mais plutôt le fruit de décennies de politiques ultralibérales. Mais le plus effarant reste que, malgré le déluge de chiffres confirmant que les excès du passé ont repris de plus belle, il n’y ait pas véritablement de remise en cause de la victoire des actionnaires.

 
Champagne en haut, austérité en bas
 
Il est dommage que ces chiffres soient tombés pendant l’été, de manière trop discrète. Sur le seul second trimestre, pas moins de 372 milliards d’euros ont été distribués aux actionnaires de la planète, un chiffre en hausse de plus de 2%. Sur l’ensemble de l’année, ce sont pas moins de 1180 milliards d’euros qui devraient être distribués, une progression de 4%  ! Un article de la Tribune détaille l’évolution récente : le fait que la part des profits distribués est passée de 26 à 38% en cinq ans, que 44 des 500 plus grandes entreprises cotées distribuent plus d’argent qu’elles ne font de profits, parmi lesquelles Pfizer, Mattel ou Kraft Heinz, les entreprises, comme Shell, qui licencient tout en les augmentant. En France, en 2015, SFR, en difficulté, a distribué 2,5 milliards, près de 4 fois ses 682 millions de profits !
 
Et encore, cela ne prend pas en compte les rachats d’actions, auxquels les entreprises consacrent des centaines de milliards par an, au point que même The Economist juge que cela va un peu trop loin. Le pouvoir des actionnaires se lit aussi dans le niveau historiquement très élevé des profits dans le PIB, point également critiqué par The Economist. Aux Etats-Unis, ils ont un peu baissé avec la forte chute du prix du pétrole, mais en France, les profits du CAC 40 affichent un gain de 11% au premier semestre 2016. Et les dirigeants sont bien récompensés, avec des revenus en hausse de 10% outre-Manche, au point d’attirer l’attention de Theresa May. Et quand un patron du CAC40, touche plus de 4 millions par an, un Français moyen en touche 20 148, un écart qui ne cesse de se creuser.
 
Mais finalement, le plus incroyable dans notre époque, et qui signe la victoire par KO des actionnaires, c’est le fait que l’explosion des profits des entreprises et des rémunérations des actionnaires et des dirigeants alors que les salariés souffrent du chômage et d’un pouvoir d’achat en berne, ne provoque pas de révolte politique, si ce n’est de manière très limitée, même si le sujet agite de plus en plus la sphère intellectuelle. Pire encore, jamais à une trahison près, c’est le PS qui vient de réduire les coûts des entreprises de 50 milliards, tout en déconstruisant le droit du travail, n’éteignant pas les larmes de crocodile d’un patronat qui se plaint encore du niveau des impôts, feignant d’oublier toutes les exonérations qui permettent de minorer fortement leur contribution à la société qui permet leurs profits.
 
Résultat, Pierre Gattaz, le patron du Medef, se sent à l’aise pour demander à nouveau 90 milliards d’euros de baisse d’impôts pour les entreprises, alors qu’il est bien évident qu’étant donné le niveau des profits, cet argent irait principalement dans les poches des actionnaires ! Et les candidats des dits Républicains font assaut de propositions pour plaire au grand patronat, Nicolas Sarkozy proclamant que « les entreprises seront le cœur de ma politique économique  », certains de ses concurrents ne renonçant pas à le dépasser sur ces questions… Toujours aussi effarant, c’est Arnaud Montebourg, pourtant censé représenter l’aile gauche de son parti, qui a soutenu la vente d’Alstom à GE, qui a, de manière tristement prévisible, abouti deux ans après à l’annonce de la fermeture de l’usine de Belfort.
 

C’est peu de dire que les actionnaires sont aujourd’hui les vainqueurs sans partage de la lutte des classes. Ils le sont d’autant plus qu’ils ont gagné le débat public, au point que même la gauche de la gauche ne les remet plus vraiment en question. Mais aussi écrasante soit-elle, cette victoire n’est que temporaire car les excès actuels produiront les mêmes résultats que dans le passé et le débat n’est pas mort.

 


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17 réactions à cet article    


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 16 septembre 2016 09:38

    Les ouvriers représentent 20 % de la population active. Et si on y ajoute les employés, c’est plus de 50 % de la population active. Et cette moitié de la population active est devenue invisible. 

    Une partie de l’explication se trouve dans cette espèce de fanfaronnade de Warren Buffett, pendant un temps l’homme le plus riche du monde. Il disait sur CNN en 2005  : «  Il y a une guerre des classes, c’est un fait. Mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre et qui est en train de la gagner.  » 
    Si les classes populaires sont devenues invisibles, c’est qu’elles ont été défaites.

    • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 16 septembre 2016 10:14

      @Jeussey de Sourcesûre

      Les classes populaires peuvent se « refaire ».

      Vers 2035, nous serons tous actionnaires et nous posséderons 51 % du capital social des entreprises du CAC 40, banques incluses et, donc, nous percevrons 51 % de leurs dividendes.

      De la nécessité d’un consensus socio-économique pour que la France puisse se réformer dans l’équité
      http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/de-la-necessite-d-un-consensus-184298


    • Pere Plexe Pere Plexe 16 septembre 2016 18:39

      @Jeussey de Sourcesûre
      ...défaites à l’occasion de saisissantes trahisons.

      La dernière est le fruit d’un candidat qui déclarait que sont ennemie était la finance.
      Élu c’est au code du travail qu’il s’est attaqué !
      Ajouté au fait que la politique est essentiellement financée par les financiers/patrons c’est sans issues.


    • Spartacus Lequidam Spartacus 16 septembre 2016 09:53

      Que c’est dommage ces souveraino-gauchistes qui n’ont jamais lu un livre d’économie et sortent de telles sottises...


      Ha ! ’argent des autres...L’obsession de celui à charge des autres.

      Mais il est vrai que ceux qui monopolisent l’information et l’éducation économique sont les gauchistes, statutaires de la gamelle de l’état.

      Alors pour cette secte l’actionnaire est un méchant renard, et le gentil fonctionnaire dans son poulailler qui n’a jamais rien investi, n’a jamais rien créé, n’a jamais pris de risque, sauf celui de passer un concours ou eu un piston. 
      Lui qui ne mettra jamais un cent dans le secteur privé, aime beaucoup juger du résultat de l’argent des autres....

      On va expliquer les bases.

      Les actions sont un « marché ».
      Il y a une offre et une demande.

      Les états restreignant par l’interventionnisme le potentiel d’investissement par les taxes sur les profits et dividendes pour faire plaisir aux bobos-cocos électeurs marxisés, ils restreignent la demande vers le secteur privé, et en plus quelque soit le risque. 
      Les états font des politiques pour attirer l’argent vers des produits d’état au détriment du secteur marchand.
      Exemple : la première exportation de la France est l’exportation de l’emprunt d’état.

      L’investissement devenant moins intéressant les gens préfèrent brûler leur pognon de suite que d’en faire une immobilisation.
      Les taxes créent la rareté des actionnaires investisseurs. Les dettes et leur financement sur le marché augmente la rareté.

      Il reste donc que des investisseurs « rares »devant une offre étant pléthorique. 
      Ils n’ont que l’embarras du choix et se dirigent vers les rémunérations des entreprises qui en donnent le plus.

      Les entreprises pour les attirer donnent donc de plus en plus de dividendes, et des secteurs économiques complets ne trouvent pas d’actionnaires.

      En fait ceux qui jalousent les croissances des revenus du capital en sont les causes....
      Pas possible de leur expliquer. Il n’ont aucune action du secteur privé.

      • Le421... Refuznik !! Le421 16 septembre 2016 18:54

        @Spartacus
        Combien de fois faudra t-il vous expliquer le résultat de votre politique économique ?
        Tout pour les uns, rien pour les autres. Surtout si je fais partie des quelques « uns » !!

        C’est ça votre monde idéal, Spartacus ?

        Vous affolez pas, un jour, ça débordera. Et là, un bon conseil, planquez les soussous et les miches !!


      • Pere Plexe Pere Plexe 16 septembre 2016 18:58

        ...qui n’ont jamais lu un livre d’économie et sortent de telles sottises...C’est moins dommageable que de pas connaitre la vraie vie !Et que de nier la réalité tangible des choses.D’ailleurs il y a des bouquins d’éco qui disent exactement ça.Mais je sais à que point ça vous dérange !


        Ha ! ’argent des autres...L’obsession de celui à charge des autres.
        On dirais bien que cette obsession est au moins aussi grande chez les actionnaires et leurs relais politique. Et si comme vous je caricature l’actionnaire est à la charge de ceux qu’il exploite.

        ceux qui monopolisent l’information et l’éducation économique sont les gauchistes
        Bouygues Dassault Bolloré Pinault Drahi Arnault :effectivement que des gauchistes !



        Je continue ?

      • Buzzcocks 16 septembre 2016 10:23

        Dans l’imaginaire, un actionnaire, c’est un sale type avec un gros cigare qui fait du fric sur le dos des autres. Bon, ça existe mais c’est très minoritaire. Un actionnaire, c’est parfois un retraité modeste, ancien de Ford ou GM, qui attend juste une rente pour finir sa vie le plus tard possible.

        Et avec une population vieillissante, les besoins en capitaux pour faire vivre ces gens est de plus en plus importants. Et donc effectivement, pour financer les retraites, il faut faire suer les actifs, les virer et les mettre à genoux.

        Il n’y a pas trop de solutions à ce problème économique à part gazer les vieux mais c’est déontologiquement pas possible.


        • Pere Plexe Pere Plexe 16 septembre 2016 19:17

          @Buzzcocks
          admettons ...mais les actifs n’ont ils pas eux aussi des besoins ?

          Et à l’inverse le 1% qui cumule à t il vraiment besoin ?

        • Petit Lait 16 septembre 2016 11:22

          Et qui sont les actionnaires dont vous parlez, en fait ? B’in majoritairement vous et moi, via des fonds de pensions et autres assurances ou autre épargne...


          • Le421... Refuznik !! Le421 16 septembre 2016 18:59

            @Petit Lait
            Attendez deux secondes !!
            Les actionnaires, c’est nous ??
            J’ai pas bien compris.
            Toute l’épargne que je possède, quelques dizaines de milliers d’euro, ne me rapportent que 1.2% environ (attention, brut, il faut encore enlever CSG, CRDS, frais divers et autres branches de gui...) et vous voulez me faire avaler que je suis actionnaire avec des rendements à deux chiffres ?
            Vous buvez ou quoi ?
            Au moins, ce serait une bonne excuse.

            Par contre, si vous avez cent boules à placer, là, ça va pas être du 1.25% !!
            Vous comprenez ?? Si vous avez du fric, vous êtes actionnaires, si vous n’en avez pas, vous êtes « pigeon »... OK ?


          • Pere Plexe Pere Plexe 16 septembre 2016 19:03

            @Petit Lait
            C’est malheureusement en partie vrai !

            C’est pas le moindre des paradoxes que l’assurance obligatoire que paye l’ouvrier serve à ouvrir une usine en Roumanie et condamne son emploi .

            Le cynisme à son paroxysme ! 

          • zygzornifle zygzornifle 16 septembre 2016 14:17

            normal les travailleurs sont seul dans leur coin et ont comme ennemis jurés le monde de la finance aidés par les politiques ravis de les faire payer .... 


            • Le421... Refuznik !! Le421 16 septembre 2016 19:01

              @zygzornifle
              Politiques de droite régulièrement élus et réélus par les corniauds de service.
              Et ne rêvez pas.
              La gauche ne passera jamais dans ce pays.
              Du moins, tant que je serais vivant.
              Normal, je vote à gauche.
              Quand je jouais au tiercé avec mon frère, il regardais toujours mes numéros, il savait d’office que c’était les perdants !!  smiley


            • alain-aaae (---.---.254.184) 16 septembre 2016 15:16

              mais l article ne parle pas d un point trés important ce que le begue Chevenement a toujours tenu les ouvriers pour des cons car bien sur certains syndicats on eu des postes graces a Chevenement mais se sénile a su se faire élire des décénies par les ouvriers mais qu ils a laissé tout le monde lorsqu il est devenu sénateur avec 4 retraites soit qu il était dans les couilles de son arriere grand pérea travaillé puisqu il faut 40 annuité pour avoir une retraite.lui il a travillé 40 ansx4= 160 ANS


              • Rétif (---.---.49.127) 16 septembre 2016 19:01

                Un actionnaire est quelqu’un qui a prêté de l’argent à une ou des entreprises.

                L’action en bourse n’est rien de plus qu’une reconnaissance de dette d’une entreprise à un prêteur-qui lui a permis d’investir.

                • Pere Plexe Pere Plexe 16 septembre 2016 19:12

                  @Rétif
                  Oui 

                  Une fois cela dit cela n’éclaire pas vraiment le débat.
                  Qui de celui qui possède la pioche ou de celui qui creuse doit le plus tiré partie de la richesse créée ?

                • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 17 septembre 2016 09:19

                  Les abus dénoncés ici ne sont que le résultat de deux facteurs concomitants. D’une part, l’accroissement démographique qui permet de jouer sur la masse salariale pléthorique pour imposer des bas salaires, et d’autre part la mondialisation, qui aggrave le phénomène précédent par les délocalisations, et qui aboutit à des concentrations phénoménales au profit d’une poignée de gens.

                  Voilà pour les tendances globales, mais dans les détails, c’est moins simples. Comme l’indiquait un commentaire précédent, les fonds de pensions et même les états sont aussi des actionnaires qui profitent de cette situations.
                  Les fonds de pension, ce sont les retraités, et l’état c’est un peu tout le monde.

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