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Cigarette électronique : mais à quoi joue l’OMS ?

L’Organisation mondiale de la santé maintient son opposition à la cigarette électronique et aux autres produits du tabac sans combustion, alors que se multiplient études et témoignages en faveur de ces substituts à la cigarette. Un entêtement inexplicable qui pourrait menacer, à terme, la santé publique d’un grand nombre de personnes.

« La méthode la plus efficace pour endiguer la propagation de la consommation du tabac passe par des politiques réduisant directement la demande ». C’est ce que l’on peut lire sur le site de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), directement sous l’onglet « taxation des produits du tabac ». L’organisation basée à Genève encourage en effet depuis longtemps les gouvernements à pratiquer une hausse soutenue des prix pour lutter contre le tabagisme. C’est ce biais en faveur d’une politique punitive à l’égard des fumeurs qui conduit aujourd’hui l’OMS à s’opposer catégoriquement aux substituts des produits du tabac, qui font leur entrée sur le marché depuis plusieurs années.

Mais les raisons de son opposition à une politique de réduction des risques, grâce aux produits de substitution (produits du tabac sans combustion comme la cigarette électronique ou les inhalateurs) restent encore troubles, alors que les risques sanitaires qu’ils comportent sont largement moindres que les produits à combustion et que les études et les témoignages quant à leur efficacité pour arrêter de fumer se multiplient.

« Politique de lutte contre le tabagisme »

Introduite en France en 2013, la cigarette électronique n’a pas tardé à connaître une forte notoriété ; un an après sa mise sur le marché, l’Institut national pour la prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) produisait une première étude sur les nouveaux usages de la e-cigarette dans son Baromètre santé 2014. Celle-ci révélait que 98 % des « vapoteurs » – les utilisateurs réguliers de la e-cigarette –, étaient d’anciens fumeurs, ce qui va à l’encontre de l’argument courant qui voudrait voir dans la cigarette électronique un produit d’appel pour les non-fumeurs, et notamment les jeunes. 88 % des vapoteurs estiment que la cigarette électronique leur permet de réduire le nombre de cigarettes ordinaires fumées, la diminution étant en moyenne de 8,9 cigarettes par jour.

Outre-Manche, des chercheurs de l’University College de Londres ont conduit une étude en 2015 sur les nouveaux comportements et le succès des tentatives pour arrêter le tabac. Les conclusions de l'étude ont là aussi établi que la cigarette électronique avait permis à 18 000 fumeurs d'en finir avec la cigarette classique. « Les tentatives pour arrêter la cigarette ont davantage été couronnées de succès au moment où les cigarettes électroniques sont devenues populaires », explique Ann McNeill, spécialiste de la dépendance au tabac au King’s College de Londres. « Une baisse d'un point en 2015 par rapport à 2014 du pourcentage de fumeurs adultes indique que quelque chose dans la politique de lutte contre le tabagisme au Royaume-Uni fonctionne », commente John Britton, directeur du Centre britannique des études sur le tabac et l'alcool, avant d’indiquer que l'e-cigarette est « probablement un contributeur majeur » à ce succès.

« Soutien financier de l’Union européenne »

La Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac (FCTC selon l’acronyme anglais pour « Framework Convention on Tobacco Control ») ne laisse pourtant aucune place à l’utilisation de ces produits de substitution pour amener les fumeurs à décrocher. La « COP7 », la septième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre, qui se tiendra à Delhi, en Inde, en novembre prochain, sera l’occasion de faire le point sur les politiques de santé publique mises en place par les Etats-parties dans leur lutte contre le tabagisme. Avec la directive des produits du tabac (« DPT ») introduite en mai dernier, l’Union européenne (UE) s’est lancée dans une croisade contre les produits de substitution alors même que se multiplient les études et témoignages en leur faveur dans plusieurs Etats membres. Cette réticence face aux politiques de prévention cache-t-elle un intérêt financier ? Les politiques de hausse de la taxation des produits du tabac représentent en effet une manne financière pour les Etats membres, particulièrement avides de recettes fiscales face à la conjoncture économique actuelle.

Le 15 septembre dernier, une série de réunions régionales ont été lancées en vue d'aider les parties à la Convention-cadre à se préparer pour la COP7. Les représentants des Etats seront donc invités à se réunir dans cinq endroits différents du globe : Philippines, Maldives, Egypte, Fiji et enfin Panama. Plus surprenant encore, on apprend à la fin du communiqué de l’OMS que « ces ateliers régionaux ont été organisés avec le soutien financier de l'Union européenne ». Un soutien surprenant, au moment où l’UE impose des restrictions budgétaires toujours plus strictes à ses membres. Les citoyens européens seront donc contents d’apprendre qu’ils financent plus ou moins directement des réunions de travail aux Maldives, davantage réputées pour leur cadre paradisiaque que pour leurs surfaces de bureaux.

 


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6 réactions à cet article    


  • njama njama 8 octobre 2016 15:45

    L’OMS ne produit que des recommandations, elle n’a aucune autorité bien évidemment en terme d’éthique médicale, ... il suffit de la laisser vaticiner comme pythie, et de ne pas écouter ses oracles.

    Et je passe sur toute la corruption qui gangrène congénitalement cet organisme international depuis sa création, particulièrement sur la question nucléaire ; ou j’y reviendrais un peu après ...


    • Yvon Novy 8 octobre 2016 19:26

      Tiens !
      Encore un article pro-Big Tobacco-pro-buralistes qui veut juste faire la promo de son tabac chauffé qui va sortir bientôt en France, en profitant de la reconnaissance que commence à avoir la e-cigarette  !
      Ça faisait longtemps. smiley

      Bravo pour votre nouveau client, Stéphanie M ! smiley


      • Algérien (---.---.146.207) 8 octobre 2016 20:30

        Remember Tamiflu, pour guérir une épidémie imaginaire et introduire dans le droit l’engagement de ne pas poursuivre les producteurs du médicament pour ses effets indésirables.

        L’OMS s’engage depuis quelques jours aux cotés des mercenaires à Alep en Syrie, sans doute pour épargner le virus de la violence.

        • ENZOLIGARK 9 octobre 2016 06:15

          OMS XXI e siecle : Organi$ation de$ Minable$ de la $ante ... . ... 


          • baron 9 octobre 2016 11:08

            Ce genre d’organisation, servent aussi, à ne perdre aucune part de marché.

            Sur, le coup de la cigarette électronique ils trahissent, dans la plupart des pays l’argent du tabac sert à financer la santé, moins de tabac vendu, c’est aussi moins de profit pour les acteurs de la santé.

            • Vappy 11 octobre 2016 21:01

              Plusieurs sites américains relatent une fuite de documents de chez Phillip Morris qui révéleraient que le groupe serait l’instigateur de cette TPD (DPT en français). Si c’est vrai, ce ne serait pas étonnant, mais si c’est faux, il semble difficile de croire qu’ils n’y sont pour rien. 

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