Parmi les innombrables raisons qu'avancent les "généreuses" âmes de Gauche en France pour expliquer le marasme social actuel de notre pays, celui de la responsabilité des "patrons" n'en est pas le moins récurent
- Les patrons seraient des exploiteurs, travaillant peu et mal, n'investissant pas dans la recherche et le développement, ne cherchant qu'à échapper à l'impôt, incapables de bien payer leurs salariés (qui le méritent tous évidemment) et qui, crime suprême, ne chercheraient qu'à se "gaver de dividendes" ou enrichir leurs actionnaires (qui seraient eux-mêmes des rentiers se nourrissant du sang des ouvriers).
Avant d'examiner chacun de ses arguments il faudrait se demander pourquoi dans une société ouverte et libre (la France reste encore une démocratie) ceux qui critiquent les patrons
- ne s'installent pas eux-mêmes à la tête d'une entreprise (avec 7500 euros c'est possible, le prix d'une petite voiture coréenne !)
- ne créent pas des richesses et de l'activité en en faisant bénéficiers des milliers d'ouvriers et employés au chômage
- n'investissent pas toutes leurs économies dans des entreprises françaises (mais ils préfèrent sans doute la pierre ou les livrets)
- ne se demandent pas pourquoi si peu de patrons étrangers s'installent aujourd'hui en France pour produire (l'affaire Goodyear à Amiens les ayant peut être éclairé sur l'intelligence sociale de notre pays)
Le niveau des charges sociales, de la fiscalité et le manque de flexibilité du droit du travail sont cités comme autant d'obstacles..
Extraits :
En ce qui concerne le taux d'activité, en particulier celui des jeunes et des séniors, le déficit de la France s’accentue sur l'ensemble de la période par rapport à la plupart des économies comparables de l'OCDE, notamment par rapport à l'Allemagne et aux pays du Nord de l’Europe, vis-à-vis desquels la France accuse également un déficit d'activité des femmes. Quant au taux de chômage, il est plus élevé en France que dans la moyenne des pays de l'OCDE depuis le milieu des années 1980.
Ce diagnostic permet d'identifier les différents leviers sur lesquels la France doit agir pour relever son PIB par habitant et qui correspondent à ceux décrits dans le programme national de réforme :
- Accroître le taux d'activité, en particulier celui des séniors ;
- diminuer le chômage structurel ;
- soutenir les gains de productivité horaire (innovation, concurrence, flexicurité, formation professionnelle,...).
Les patrons français, victimes (comme d'autres) d'un système social totalement désuet
Les patrons ne sont sans doute pas plus "mauvais" en France qu'à l'étranger mais ils sont soumis à des contraintes que ne connaissent pas nos partenaires économiques
- un droit du travail toxique qui empoisonne littéralement les relations sociales dans notre pays (un syndicaliste allemand : " En Allemagne quand on se met autour d'une table avec la direction, on négocie toute la journée sur le développement de l'activité et la production. Tout en fin de journée on peut parler du social.
En France c'est exactement l'inverse, les partenaires sociaux discutent toute la journée des salaires, des conditions de travail, des avantages sociaux... et en fin de journée ils évoquent l'activité et le développement économique)
- une complexité, une bureaucratie et une instabilité règlementaire qui empêche de planifier tout développement, de se projeter dans l'avenir (il faut semer avant de récolter).
La guéguerre entre les syndicats et le gouvernement sur le droit du travail étaient dérisoires et nous a ridiculisé dans le monde développé
Songeons que durant 6 mois (mars-août 2016) la France, ce pays surendetté qui "trimbale" depuis les années 80 (ce n'est pas un hasard) de 3 à 10 millions de chômeurs, ce pays, malgré l'état d'Urgence qui en principe interdit les rassemblements sociaux, ce pays a joué (sous les yeux médusés des médias du monde entier) une pièce digne de la guerre froide avec des cégétistes se croyant en 1917 et un gouvernement qui a mis à la tête du ministère du travail une militante associative n'ayant jamais vu une entreprise de près.
La bataille dérisoire pour l'inversion des normes résume bien l'état et la clairvoyance des partenaires sociaux en France : face à un monde totalement bouleversé par la mondialisation et l'émergence de la Chine les Français se réfugient dans des batailles de mots et de concepts qui font hurler de rire ou appartiennent aux livres d'histoire.
La France est devenue l'idiot utile de la planète : notre pays consomme à tours de bras ce qu'il n'a plus le courage de produire
Le travail étant devenu si rare et cher il est peu de secteur économique où la France demeure auto-suffisante.
Ainsi nous importons massivement :
- tout (ou presque) notre matériel et composants électroniques (militaire mis à part) alors qu'il y a 30 années nous produisions téléphones, équipements électroniques, téléviseurs ou automates
- tout ou presque nos équipements de la maison (les meubles, l'électroménager, les ustensiles de cuisines...)
- la presque totalité de nos vêtements sont produits hors de France
- notre alimentation dépend de plus en plus des importations (fruit, légumes, poissons et même viande de porc ou lait)
- notre énergie est avant tout basée sur l'importation du pétrole (pas de gaz de Schiste dès fois que cela nous rendrait indépendants) et la production nucléaire avec des centrales vieillissantes que nous ne pourrons ni entretenir ni démanteler sans y consacrer des sommes extraordinaires
- l'automobile reste un secteur français mais Renault produit l'essentiel de ses voitures à l'étranger, quant à Peugeot cette entreprise reste fragile du fait des attaques du gouvernement Ayrault en 2012 et 2013
Les secteurs qui surnagent en France sont rares (et ils représentent moins de 10 % de l'emploi)
- l'aéronautique (mais nos programmes sont avant tout européens)
- les armements (mais vendre des armes comporte de nombreux inconvénients)
- le tourisme (mais les attentats, sans doute dus à notre diplomatie filandreuse, font chuter le nombre de touristes)
- le luxe (mais les familles qui exploitent ces entreprises sont régulièrement stigmatisées et si elle sont trop pressurées elles pourraient elles aussi quitter la France)
Les entreprises du CAC 40 sont peut-être profitables mais elles n'appartiennent plus aux Français
Comme les Français ont une aversion pour la Bourse (et le risque qui va avec) ils investissent toutes leurs économies dans des domaines hors de la sphère économique productive
- dans l'immobilier : la Gauche aime autant que la Droite la pierre. Cette pierre permet tout a la fois de ne prendre aucun risque et de tondre les jeunes générations avec la spéculation immobilière des années passées.
- dans des livrets d'épargne et assurances vie : les rendements sont certes décroissants mais le risque est considéré comme nul (sauf que le gouvernement a introduit l'été dernier le droit de ponctionner ou de bloquer les sommes déposées par les épargnants)
La France est devenue toxique pour l'activité économique et les entreprises
A force de conflictualité entretenue par le code du travail, de charges et cotisations bien plus élevées que partout ailleurs en Europe (mis à part l'Europe du Nord), de complexité et de bureaucratie croissantes (nous avons par exemple le bulletin de paie le plus complexe du monde, le plus couteux à établir avec un emploi pour 200 bulletins de paie à éditer chaque mois) à force de lier les mains et d'entraver les entrepreneurs nous avons évidemment fait fuir le travail et l'activité économique
L'ISF joue aussi contre l'activité économie
Même si l'outil de travail est en principe exonéré de taxe, les actionnaires minoritaires par exemple sont redevables de l'ISF et la tentation pour tous les groupes familiaux (Peugeot, Mulliez ou autres) est donc de quitter la France ou de revendre leurs parts à des fonds d'investissements.
Les entreprises familiales risqueraient de disparaître en France si l'ISF était maintenue mais les pourfendeurs des patrons n'en ont cure, ils se rêvent héritiers des bolcheviks et des montagnards.
Les patrons français ne sont pas faits d'un autre bois que les patrons des autres pays
Les patrons français ne sont pas faits d'une autre trempe que les patrons européens (les travailleurs non plus d'ailleurs) mais par contre c'est bien notre système social et politique pérennisé depuis 40 ans qui ruine notre travail, notre école et notre activité
Si nous prétendons remonter la pente (une fois le socialisme définitivement écarté de la sphère politique) il faudra alors faire le deuil du marxisme, de la lutte des classes et autres billevesées qui parcourent encore la société française.