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Accueil du site > Tribune Libre > Conservatisme, libéralisme et marxisme (1/3)

Conservatisme, libéralisme et marxisme (1/3)

Le système écononomique libéral qui est appliqué en Occident et qui est de plus en plus décrié par les peuples arrive à un stade où il échappe à tout contrôle démocratique. Le suffrage universel, pourtant péniblement acquis par les mouvements ouvriers du début du XXe siècle, est même parfois remis en question par des penseurs politiques libéraux mondialistes. Il est intéressant de voir d'où vient le libéralisme et de comprendre quelle est sa forme actuelle.

« Qui détient les pouvoirs économique et financier contrôle le pouvoir politique.  »

 

Je ne sais pas qui est l'auteur de ce paradigme ou même s'il y en a un mais je le reprends volontiers à mon compte.

 

Le contrôle des pouvoirs économique et financier a évolué au cours de l'histoire pour finir par arriver actuellement dans les mains d'un petit nombre de ploutocrates i qui reste dans l'ombre et qui n'a pas de visage. ii (François Hollande, 2012)

 

             La Liberté éclairant le Monde. Symbole allégorique de la liberté.

 

Une étude historique qui resterait dans les grandes lignes ne permettrait pas de comprendre toutes les étapes de l'évolution des pouvoir économique, financier et politique vers la situation contemporaine.

 

Pour rester dans les limites de la longueur d'un article, le sujet sera traité en trois parties.

 

  1. Du conservatisme au libéralisme.

  2. Le marxisme et la voix des peuples.

  3. Quel sera le système économique de demain ?

 

 

1. Du conservatisme au libéralisme.

 

Je commence par préciser que je présenterai ce sujet à partir de l'histoire de l'Europe de l'Ouest. L'histoire des systèmes économiques chinois, indien, des mondes musulman et autres ont suivi leurs propres évolutions pour finalement aboutir à une forme de libéralisme qui les insèrent dans le système économique mondialisé.

Des particularités régionales iii ont existé dans l'histoire mais elles n'eurent pas de suites parce que les pouvoirs dominants les ont toujours systématiquement éliminées. Il faut donc accepter une analyse synthétique qui ne tient pas compte d'expériences politiques et économiques qui, malgré leur intérêt, n'ont pas eu d'influence sur l'évolution des systèmes économiques en Occident.

 

 

Le pouvoir économique détenu par la haute noblesse.

 

En forgeant son empire, Charlemagne iv avait créé un ensemble trop grand pour pouvoir être géré par le pouvoir central.

Il récompensa ses plus proches compagnons d'arme en leur donnant la gestion de vastes domaines et en restaurant les titres romains de « comiti » qui deviendront plus tard les comtes.

Cette haute noblesse tiraient essentiellement sa richesse de l'exploitation des terres agricoles. v

 

                            L'agriculture au Moyen Âge.

 

Les années troubles qui suivirent l'Empire carolingien ne furent guère favorables au développement économique de l'Europe. Les invasions vikings par la mer, les maures au sud, les peuplades asiatiques à l'est, plus les pillards et les rivalités entre seigneurs freinaient les échanges commerciaux entre régions.

Le pouvoir économique restait donc principalement détenu par la noblesse.

L’Église était la seule institution à partager le pouvoir économique grâce à ses puissantes abbayes. Elle avait aussi l'emprise sur la vie spirituelle, morale et culturelle de l'ensemble de l'Europe chrétienne.

 

 

Les premiers signes de libéralisme.

 

A partir de la fin du XIIe siècle, l'Europe n'était plus menacée par les invasions barbares, les flottes vénitiennes et génoises contestaient la domination musulmane en Méditerranée et les seigneurs les plus turbulents étaient partis croiser le fer en Terre sainte.

La situation devenait favorable au développement économique à partir des villes qui voyaient naître les industries drapières, du bois (retables), de la taille de la pierre (églises, hôtels de ville, palais), de la tapisserie, les métiers du métal (armuriers, chaudronniers...) etc.

Ces métiers étaient réunis dans leur ville au sein de puissantes guildes vi qui demandèrent et obtinrent des chartes vii et des privilèges qui seront jalousement préservés jusqu'à la Révolution française.

La haute noblesse répugnait à investir son énergie dans des affaires commerciales et elle comprit qu'il était plus rentable pour elle de laisser la nouvelle classe d'hommes libres faire prospérer le commerce plutôt que de contrôler seule le pouvoir économique (conservatisme économique).

Elle y trouva son compte grâce aux impôts qu'elle levait sur les villes qui elles-mêmes percevaient des taxes directes et indirectes : octroi, gabelle, tonlieu etc. viii

Comme elle conservait aussi pleinement les revenus de ses terres agricoles, elle accumula d'énormes richesses qui, partiellement réinjectés dans l'économie par leurs dépenses, favorisaient le développement commercial et économique.

Les villes les plus prospères étaient alors Venise, Gène, Florence, Paris, Bruges et les villes de la Ligue hanséatique avec bien sûr de très nombreuses autres villes à des degrés divers.

Les guildes permirent la naissance des premiers signes du capitalisme et du libéralisme.

 

  • Réunir des capitaux plus importants.

  • Répartir les pertes.

  • Sécuriser les payements et les transports.

  • Monopoliser les achats et les ventes et contrôler les prix.

  • Assurer la défense des villes grâce à des guildes armées comme les arbalétriers, les archers, les arquebusiers etc.

 

Une partie de ces hommes libres s'enrichira et deviendra la bourgeoisie.

 

A partir de cette période, leurs représentants entrèrent dans les administrations municipales des villes et ils y partagèrent la gestion avec les familles patriciennes. Le seigneur gardant toujours un représentant pour annuler des décisions contraires à ses intérêts.

 

L’Église resta la garante de la vie morale et spirituelle. Elle accumula énormément de richesses et participa à l'essor économique en construisant des cathédrales, des abbayes, des églises et en promouvant l'artisanat et les arts.

 

Les bourgeois devaient parfois emprunter des capitaux pour leurs affaires et comme l’Église interdisait l'usure, ils se tournèrent souvent vers des prêteurs non-chrétiens pour obtenir des fonds pour leurs investissements.

Il est à noter que cette interdiction ne semblait pas concerner les banques italiennes de Sienne, de Lucques ou de Florence qui avançaient de l'argent à la Cour pontificale avec des taux usuriers.

Les ordres religieux militaires templier et teutonique, immensément riches, prêtaient à intérêts aux rois et aux princes.

En 1409, la première bourse du nord de l'Europe fut créée à Bruges ix en concurrence des foires commerciales qui petit à petit perdirent de leur intérêt.

Voila donc les premières pièces du puzzle libéral sur le tapis. Il faut maintenant voir comment elles se placeront et se compléteront.

 

 

La Renaissance et la Réforme.

 

La Renaissance évoque les grande découvertes et la Réforme, une rupture au sein de l’Église entre le sud et le nord de l'Europe.

La prospérité grandit parallèlement au développement économique. Le commerce transocéanique apporta des richesses aux pays riverains de l'Atlantique mais sonna le lent déclin commercial des villes méditerranéennes qui perdirent leur rôle de point d'arrivée de la route de la soie.

L'Espagne garda une gestion plus conservatrice de l'exploitation de ses colonies. Les richesses produites bénéficièrent surtout au Trésor royal qui le dépensa dans de coûteuses guerres.

Débarrassés du respect du Droit canonique latin, les pays réformistes n'avaient pas la même rigidité dogmatique concernant l'usure et cela favorisa l'investissement qui fera la richesse des pays du Nord.

Cela permit un développement dynamique vers une économie plus diversifiée.

En Angleterre, ce sera le début du mouvement des « enclosures » x qui verra la récupération des terres agricoles par l'aristocratie foncière pour servir de pâturage aux moutons. Le commerce de la laine était alors très rentable. Les petits paysans qui cultivaient ces terre en commun xi connurent alors une immense misère à cause de l’appât du gain qui préfigurera la privatisation des terres et le capitalisme libéral des siècles suivants.

La découverte des Amériques et la circumnavigation de l'Afrique fut une opportunité exceptionnelle pour le développement du capitalisme. Les expéditions vers les terres lointaines rapportaient généralement quatre fois le capital investi.

La traite négrière commença dès le début du XVIe siècle et elle dura 400 ans. Elle sera un élément du lucratif commerce triangulaire. Les bateaux partaient des ports atlantiques chargés de marchandises et de pacotilles produites en Europe qui étaient troquées contre des captifs en Afrique. Ceux-ci étaient conduit en Amérique où ils étaient vendus pour travailler dans les plantations. Les bateaux revenaient ensuite en Europe avec les productions de ces plantations : sucre, coton, café etc. ainsi que des matières premières.

Si la bourgeoisie fut très peu impliquée dans ces expéditions maritimes, c'est cependant elle qui fut la principale utilisatrice des esclaves dans les plantations d'Amérique.

Il est à noter que j'inclus la petite noblesse aventurière dans la bourgeoisie.

Grâce à Gutenberg, l'imprimerie permit la diffusion du savoir que l’Église catholique n'était plus seule à détenir et les idées humanistes xii nées en Italie purent se diffuser partout en Europe.

 

                     Portrait d’Érasme peint par Hans Holbein.

 

Érasme écrivit son « Éloge de la Folie » xiii en 1509 -1511 et son ami Thomas More publia « Utopia » xiv, une satire révolutionnaire pour l'époque, en 1516.

Le Concile de Trente de 1545 à 1563 lança la contre-réforme qui sera suivie par d'interminables guerres de religion qui ruineront le commerce dans la plus grande partie de l'Europe pendant plus d'un siècle.

 

 

Les XVIIe et XVIIIe siècle.

 

Un petit pays d'un peu plus d'un million et demi d'habitants proclama son indépendance en 1581.

C'était la république des Provinces-Unies, les actuels Pays-Bas. Il se libéra des contraintes conservatrices aristocratiques et permit à sa bourgeoisie de librement commercer, de s'enrichir et de développer le capitalisme et la libre entreprise. C'est ce qu'on appellera le Siècle d'Or néerlandais.

Les capitaux accumulés à Amsterdam permirent de financer des expéditions commerciales qui sillonnèrent tous les océans et toutes les mers du monde.

La Compagnie néerlandaise des Indes orientales fut la plus grande entreprise privée du monde pendant le XVIIe siècle. Elle jeta les bases du capitalisme international ainsi que de la société à actions (société anonyme).

Les Provinces-Unies devinrent ainsi la première puissance maritime et commerciale et cela fit d'Amsterdam la première place économique du continent au détriment d'Anvers.

Les libertés de culte et d'opinion attirèrent les érudits, les juifs, les huguenots et le pays devint le centre du savoir en Europe.

Ce « libéralisme » néerlandais était cependant un libéralisme sans règles fixées, bien éloigné du libéralisme « codifié »­ moderne. Il n'avait par exemple pas encore généralisé le système comptable en parties doubles et il maintenait les privilèges des villes inscrits dans les chartes médiévales.

 

                     Le port d'Amsterdam au XVIIe siècle.

 

Pendant ce XVIIe siècle, l'Angleterre connaissait des périodes de troubles. Elle connut deux révolutions, la dictature Cromwell et des guerres civiles.

A la fin du XVIIe siècle, le pouvoir de la couronne était durablement affaibli. L'Habeas corpus et le « Bill of Rights retirèrent aux monarques le droit de détenir arbitrairement des prisonniers et celui de lever des impôts. La Chambre des Lords et la Chambre des Communes détenaient le pouvoir réel et ouvrirent le pays aux libéralismes politique et économique.

Le père du libéralisme politique, c'est le philosophe anglais John Locke (1632 – 1704). xv

Il avait un vision idéaliste de la société qui mena sa réflexion à la notion d'égalité, à la préservation de la liberté et à celle de la propriété privée. A l'inverse de Thomas Hobbes (1588 -1678) xvi pour qui l'état de nature de l'homme est l'état de guerre (Le Léviathan), pour Locke, l'état de nature est un état d'harmonie comme l'Homme avant qu'il ne soit chassé du paradis.

Son Contrat social définit le principe de soumission à la majorité au sein d'assemblées élues et la primauté de ces décisions sur les prérogatives royales.

Avec John Locke, nous avons une pensée cohérente pour un système politique libéral globalisé.

 

 

La France et l'Espagne resteront des monarchies absolues mercantilistes pendant tout ce XVIIe siècle. Les bourgeois étaient représentés aux États généraux xvii par le tiers état, des délégués des villes qui défendaient leurs privilèges et dont les pouvoirs étaient très limités, pour ne pas dire uniquement consultatifs.

Les philosophes et les penseurs économiques français seront bien plus visibles au XVIIIe siècles : Montesquieu conçut la séparation des pouvoirs xviii, JJ Rousseau (Suisse) développa les rapports entre la liberté individuelle et la soumission aux lois avec « Du Contrat social », Voltaire, la tolérance, Turgot tenta d'introduire le libéralisme en soutenant les thèses des physiocrates xix mais concrètement, la France resta une monarchie absolue jusqu'en 1789.

 

Petit à petit, l'Angleterre se substitua aux Provinces-Unies comme maîtresse des océans et elle implanta des colonies sur tous les continents. Londres supplanta Amsterdam comme premier centre commercial mondial à partir de la deuxième partie du XVIIIe siècle.

 

 

Adam Smith (1723 -1790).

 

C'est un autre Britannique, l'Écossais Adam Smith, qui sera le père du libéralisme économique.

Il mettra 10 ans pour écrire « La Richesse des Nations » (1776), une œuvre dans laquelle il synthétisa les idées libérales les plus pertinentes des auteurs de son temps pour les compiler et proposer un système global cohérent qui servira de référence pendant le XIXe siècle et qui sera à la base du libéralisme économique contemporain.

 

« L'homme est un animal qui fait des affaires : aucun autre animal ne fait cela – aucun chien n'échange des os avec un autre. » Adam Smith

 

Les grandes idées du dogme capitaliste libéral et de la croissance économique y sont déjà présentes.

 

  • La division du travail qui améliore la productivité et l'efficacité de l'entreprise grâce à la répartition des tâches entre des travailleurs spécialisés.

  • L'investissement dans des machines grâce à l'augmentation du capital qui permet décupler la productivité.

  • Trouver une demande pour les produits proposés.

  • L'offre et la demande régulent les prix et la quantité de produits fabriqués.

 

L'idée de croissance économique permet de toujours trouver plus de consommateurs pour les produits fabriqués et permet d'amortir les investissements et de rembourser les intérêts.

Le libre-échange international et la colonisation doivent faciliter cette croissance.

Avec la théorie des avantages absolus, il décrit des situations où des pays produisent des marchandises à des coûts moindres grâce à leurs avantages spécifiques et il prône l'idée qu'ils produisent plus que leurs besoins de consommation pour les exporter et dégager des bénéfices qui permettront d'acheter des marchandes que d'autres produisent à des coûts moindres.

Pour Adam Smith, il n'y a aucun intérêt à voir deux pays commercer s'ils n'ont pas chacun un avantage absolu.

Il introduit le concept de « la main invisible » qui correspond à l'idée que quand un entrepreneur fabrique un produit pour son enrichissement personnel, cela bénéficie en même temps à l'amélioration du bien commun. Cette idée semble largement inspiré par la « Fable des Abeilles » xx de Bernard Mandeville.

Il pense que les règles de concurrence ne permettent pas d'envisager une croissance durable des salaires vu que la masse salariale d'une entreprise est un des éléments qui fixe le prix de revient d'une marchandise et que ce sera toujours celle qui à qualité égale aura le prix le plus bas qui remportera le marché dans un système libéralisé.

Cette pensée sera mise à mal plus tard par le taylorisme qui améliorera la productivité grâce à l'amélioration de l'organisation du travail et ensuite par le fordisme (travail à la chaîne xxi) qui permettra de payer des salaires plus élevés aux meilleurs travailleurs qui eux-même deviendront les consommateurs des produits qu'ils fabriquent (en 1929, 49 % des ouvriers de l'usine de Détroit possédaient une voiture).

 

Le travail à la chaîne suivant Chaplin.

 

Cela mènera la société vers la consommation de masse qui sera le moteur économique de la seconde moitié du XXe siècle.

Le fordisme sera encore amélioré par le toyotisme qui introduira l'objectif des cinq zéros. (Pour ceux qui seraient tentés de faire de l'humour en évoquant l'avion Mitsubishi A6M , c'est raté, c'est « zéro » avec une minuscule au début.)

 

  • Zéro stock en produisant juste à temps. (Flux tendus.)

  • Zéro défaut grâce à l'automatisation des machines et plus tard à la robotisation.

  • Zéro papier grâce au kanban xxii et plus tard à l'informatisation.

  • Zéro panne grâce à l'amélioration continue (kaizen xxiii) qui tient aussi compte de l'avis du travailleur pour atteindre la meilleure qualité possible.

  • Zéro délai grâce à des réseaux de vente parfaitement organisés.

 

Adam Smith confère les rôles régaliens à l’État ainsi que celui de la construction et la gestion des infrastructures de communication qui doivent faciliter la libre circulation des marchandises.

Le rôle de l'éducation est aussi laissé à l’État.

Dans la tradition du mouvement des Lumières, il est opposé à l'esclavagisme. Il explique qu'il est plus rentable d'utiliser des hommes libres si bien qu'on se demande si sa position est inspirée par une réflexion éthique ou par une considération économique.

 

David Ricardo (1772-1823) succéda à Adam Smith comme théoricien du libéralisme classique qu'il développa encore davantage avec trois points essentiels qui préfigureront le libéralisme du XXe siècle.

 

  • Seul le travail est productif par l'activité économique qu'il génère en aval et en amont. La spéculation détruit l'économie en détruisant les entreprises.

  • Il y a intérêt à chercher le meilleur rendement des terres agricoles existantes plutôt que d'étendre les surfaces exploitées. (Ce que n'avait pas compris l'Union soviétique.)

  • La théorie des avantages comparatifs pousse chaque pays à se spécialiser dans le domaine où il est le plus fort en abandonnant les domaines où d'autres peuvent le concurrencer. Cela permet à deux pays de commercer malgré qu'un des deux n'a pas d'avantage absolu sur l'autre.

 

Ces théories libérales ne furent pas mises immédiatement en application au XVIIIe siècle. Il faudra encore une longue lutte contre le conservatisme durant tout le XIXe siècle pour que l'idée de libéralisme économique démontre sa supériorité sur le conservatisme et qu'il finisse par s'imposer dans des formes évoluées au XXe siècle.

 

 

L'idée américaine.

 

En Angleterre à la fin du XVIIIe siècle, les théories libérales se heurtèrent à l'opposition aristocratique conservatrice et elles ne s'y imposèrent pas pleinement. A la même époque, l'Angleterre, en manque d'argent pour payer ses multiples guerres, taxait lourdement ses colons vivant sur d'autres continents et en plus, elle imposait des monopoles contraires au libéralisme. (Le Tea Act par exemple.)

Treize très riches colonies britanniques de la côte Est de l'Amérique du Nord déclarèrent leur indépendance le 4 juillet 1776. Elles s'unirent et s'érigèrent en république. Elles rédigèrent la première constitution libérale écrite xxiv qui garantissait les libertés fondamentales chères aux Lumières.

Les libertés individuelles et le libéralisme économique furent les fondements de ce nouvel État dont les frontières à l'origine ne dépassaient pas les Appalaches. La conquête de l'Ouest et la découverte d'hydrocarbures et d'autres richesses minérales permirent une croissance économique exceptionnelle.

L'ouverture à l'immigration provoqua l'arrivée massive de travailleurs motivés (entre 1860 et 1914, plus de 40 millions d'Européens émigrèrent principalement vers les États-Unis). Ils construisirent un pays nouveau. L'arrivée d'élites scientifiques fuyant les guerres et les discriminations racistes et religieuses en Europe (juifs, sectes protestantes etc.) à la fin du XIXe siècles et durant tout le XXe renforça la puissance économique des États-Unis.

Il est à noter que les États-Unis limitaient les importations (protectionnisme) durant le XIXe siècle parce qu'ils n'étaient pas en mesures de concurrencer l'industrie britannique.

Ce pays devint la première puissance économique et industrielle du monde au début du XXe siècle et il fut le centre de l'innovation et du savoir. Il vient d'être dépassé par la Chine quant-au nombre de brevets déposés mais il garde et de loin la première place quant-à la qualité de ces brevets. C'est un signe de la fantastique réussite américaine qui est due à ce sacro-saint principe de liberté d'entreprendre c'est-à-dire au libéralisme.

Malheureusement depuis une trentaine d'années et surtout depuis la fin de l'Union soviétique, nous voyons une montée de l'influence des milieux conservateurs qui pensent être en mesures de faire de leur pays une puissance globale et dominante capable d'imposer son système par la force au reste de la planète.

Cela éloigne les États-Unis des valeurs libérales des pères fondateurs de l’État.

 

 

La révolution française et le XIXe siècle.

 

La France ne connut pas une lente évolution vers le libéralisme comme les Pays-Bas ou l'Angleterre. Pour elle, ce fut une rupture brutale au point que toutes les monarchies européennes se liguèrent contre elle pour briser les idées révolutionnaires.

Les principes de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793 xxv , entièrement inspirée par les Lumières et s'ouvrant largement au libéralisme, permirent à la bourgeoisie de prendre le pouvoir économique.

Les biens du clergé furent confisqués et les propriétés foncières des nobles exilés furent redistribuées (vendues) au bénéfice des bourgeois et des paysans aisés. A une époque où 85 % de la population était liée aux revenus de la terre, bien peu de paysans pauvres purent accéder à la propriété agricole.

La France mit fin au corporatisme et aux privilèges des villes en 1791 pour favoriser la liberté d'entreprendre et de commercer.

Jean-Baptiste Say (1767-1832) vulgarisa les théories libérales d'Adam Smith en France mais il apporta très peu d'idées nouvelles.

Tout le XIXe siècle sera marqué par des alternances de périodes conservatrices-protectionnistes et de périodes plus libérales-libre-échangistes mais globalement, la France ne connut pas le libéralisme tel qu'il existait aux États-Unis par exemple.

L'homme politique et économiste libéral, Frédéric Bastiat (1801-1850) xxvi , marqua ce XIXe siècle de son empreinte grâce à son habilité littéraire et à son talent de polémiste mais il tomba finalement dans l'oubli lui aussi sans avoir apporté d'idées neuves.

La France termina le siècle largement protectionniste comme toute l'Europe continentale et elle le restera jusqu'en 1914.

 

 

La première révolution industrielle (1765 – 1845), la deuxième révolution industrielle (1870 - 1914) et la colonisation de l'Afrique et de l'Asie.

 

La première révolution industrielle commença en Angleterre avec des inventions qui bouleversèrent les méthodes de production. Ce fut le passage de l'industrie manufacturière à la mécanisation du travail.

La mise au point de la machine à vapeur par James Watt vers 1770 amena, 35 ans plus tard, la création des première locomotive à vapeur qui avec les voies navigables nouvelles (canaux et aménagement des berges des fleuves et des rivières) révolutionnèrent tout le système de voies de communication commerciales.

 

        La locomotive à vapeur. Image de la première révolution industrielle.

 

La machine à vapeur permit aussi la mécanisation des métiers à tisser, l'utilisation de pompes dans les mines, les premiers bateaux à vapeur etc.

Les banques anglaises extrêmement riches grâce aux colonies pouvaient prêter l'argent nécessaire aux inventeurs pour commercialiser leurs inventions.

Le système libéral permit alors au pays de développer son économie à une vitesse fulgurante aidée par un essor démographie qui fournissait de la main-d’œuvre en abondance.

Le libre-échange avec les colonies permit à l'Angleterre d'écouler ses productions industrielles contre des matières premières et des produits agricoles (théorie des avantages comparatifs).

L'Empire britannique réunissait alors un marché de plus de 450 millions d'habitants (un quart de la population mondiale) répartit sur cinq continents et sous son contrôle hégémonique. Il disposait de la plus grande puissance industrielle, commerciale et financière du monde.

Cela permit à l'Angleterre de devenir la première puissance militaire durant tout le XIXe siècle grâce à sa domination des océans.

L'indexation de la livre à l'or fit de la City la première place financière mondiale et dans la foulée, voyait les banques britanniques devenir de plus en plus puissantes. La livre sterling devint la monnaie de référence pour les échanges internationaux et le resta jusqu'en 1925.

La deuxième révolution industrielle a consisté au passage du charbon au pétrole et de la machine à vapeur au moteur à essence. Il faut ajouté les énormes progrès en chimie et la production industrielle de l'électricité. Il s'est agit du plus grand bouleversement technique et économique de tous les temps avec la naissance de géants industriels dans tous les pays occidentaux. Ce furent les pays aux régimes les plus libéraux qui furent les meneurs de cette révolution avec des exemples comme les États-Unis, le Royaume-Uni, la Wallonie, l'Allemagne, la France, la Suisse ou la Suède.

Grâce à la colonisation de l'Afrique et de l'Asie, les matières premières arrivèrent en abondance en Europe pour le plus grand intérêt des industries.

Un petit pays très ouvert au libéralisme comme la Belgique devint la deuxième puissance industrielle du monde au XIXe siècle xxvii grâce ses mines, à sa sidérurgie, à ses activités dans les domaines de la chimie, de la construction mécanique, de la verrerie, du textile ou de l'armement et grâce à l'exploitation des richesses du Congo, sa seule colonie.

 

Sur le plan religieux et moral, les missions suivirent les conquêtes et amenèrent le christianisme aux quatre coins de la planète tandis que le mode de vie et les modèles culturel et puritain anglais s'imposèrent partout dans les sociétés conservatrices européennes.

Le XIXe siècle verra aussi l'essor sur le continent des loges maçonniques généralement anticléricales ou au moins ouvertes à la liberté de conscience dans la continuité des pensées des philosophes du XVIIIe siècle. Ces loges seront principalement fréquentées par la bourgeoisie et les hommes politiques libéraux (et plus tard socialistes) qui seront à l'origine des lois sociétales qui transformeront nos sociétés conservatrices chrétiennes en sociétés laïques qui s'éloignent de plus en plus des valeurs traditionnelles.

Le siècle britannique s'acheva en 1914 avec le passage du témoin de première puissance industrielle, économique et militaire aux États-Unis.

 

 

Friedrich List (1789 – 1856) et l'école historique allemande.

 

Contemporain de David Ricardo, Friedrich List xxviii s'opposait au libre-échange qui d'après lui ne servait qu'à consolider la suprématie économique anglaise.

Pour lui, le passage de l'état manufacturier à l'état industriel doit se faire avec l'intervention de l’État protectionniste éducateur, c'est à dire jusqu'au moment où le développement industriel a rejoint le niveau du partenaire avec lequel il veut avoir une relation économique de libre-échange.

Il faut replacer ce raisonnement dans le contexte historique de l'époque. A la dissolution du Saint-Empire romain germanique en 1806, il y avait une multitude d’entités politiques indépendantes qui furent réunies en 1815 en Confédération germanique.

 

 

Friedrich List fut le promoteur de l'Union douanière et économique (Zollverein) en 1834.

La Confédération germanique avait une économie encore largement tournée vers l'agriculture à ce moment-là. Le développement du chemin de fer, aussi encouragé par List, et la construction de voies navigables facilitèrent enfin la liaison entre toutes les parties de la Confédération et permirent la circulation des marchandises.

C'est à ce moment que les grands centres industriels furent créés dans les bassins houillers de la Ruhr et de la Sarre.

En 1914, l'Allemagne était devenue une des nations les plus industrialisées du monde. Cette réussite était due à l'application de théories économiques de l'école historique allemande qui sont l'antithèse du libéralisme classique d'Adam Smith.

Ses auteurs rejettent l'idée d'un système économique universel. Pour eux, l'économie doit être conçue en tenant compte des contextes historiques, culturels et institutionnels et il doit y avoir des incitants de l’État pour créer et favoriser les industries nationales.

Ils pensent que deux pays de développement industriel inégal ne peuvent traiter sur un pied d'égalité et avoir des échanges équitables.

Note. A la suite du manque de croissance en Russie et vu les manques de perspectives laissées par la politique libérale inspirée par Alexeï Koudrine et par la politique monétariste d'Elvira Nabiullina , Vladimir Poutine a réuni le Conseil économique ce 25 mai dernier pour explorer une troisième voie proposée par le club Stolypine composé de Sergeï Glazyev, de Boris Titov et de Andréi Klepach. Elle serait largement inspirée par les théories économiques de Friedrich List qui firent le succès de l'Allemagne avant 1914.

 

John Maynard Keynes (1883 – 1946) vs Friedrich Hayek (1899 -1992).

 

Il s'agit des deux économistes libéraux les plus connus et sans doute aussi les plus brillants du XXe siècle.

 

            Keynes – Hayek. Le choc qui a marqué l'économie moderne.

 

Ils proposaient des théories libérales diamétralement opposées et ils connurent tous les deux leur heure de gloire.

La période de libéralisme « débridé » des États-Unis prit fin avec le krach boursier de 1929 qui fut suivit par la Grande Dépression, une crise d'un niveau comparable à la crise économique mondiale de 1873.

Le New Deal que le président F. Roosevelt instaura alors eut un bilan mitigé et les États-Unis ne sortirent de la crise que suite à leur victoire dans la Seconde Guerre mondiale et à leur domination sur la moitié du monde qui s'ensuivit.

Les théories de Keynes, le keynésianisme, furent alors misent en pratique et elles furent le modèle économique de la croissance des trente glorieuses (1948-1975).

Il est difficile de résumer les théories de Keynes en quelques lignes mais son idée de base était que l’État ait un rôle de régulateur dans l 'économie. L'interventionnisme ne devant durer que le temps de stabiliser et de relancer l'économie.

 

Parmi les constatations de Keynes, nous pouvons en relever quelques-unes à titre d'exemple.

 

  • La baisse de la consommation a principalement un impact sur la production et sur le chômage (plus que sur les prix).

  • Les prix et des salaires ne réagissent que lentement aux variations générales de l'offre et de la demande.

  • Il n'existe pas de niveau parfait d'emploi car il est trop dépendant de la conjoncture économique.

  • L'application de politiques de stabilisation peut être nécessaire.

  • D'une manière générale, il est préférable de soutenir l'emploi plutôt que de lutter contre l'inflation.

 

La crise du pétrole de 1973 (quadruplement du prix) vint mettre fin à cet âge d'or qui vit une croissance économique exceptionnelle et qui fut aussi favorisée par un coût de l'énergie très bas ainsi que par les dernières années de l'exploitation coloniale.

La longue période d'inflation et de stagnation qui commença alors marqua les limites du keynésianisme qui ne trouva aucun moyen pour sortir de la crise.

 

Un autre événement important eut lieu en 1973, le 11 septembre pour être précis. Une junte menée par le général Augusto Pinochet renversa le gouvernement socialiste et prit le pouvoir au Chili.

Ce pays devint alors le laboratoire des thèses libérales conçues par Carl Menger (1840 – 1921) et par ses collègues de l'école autrichienne d'économie. Pinochet mit des idéologues ultralibéraux de l'Universidad de Chile (les Chicago Boys) à d'importants postes traitant de l'économie dans le nouveau gouvernement.

Friedrich Hayek, élève de Menger, était alors un économiste très écouté et il apporta son expertise lors de ses deux voyages dans le pays.

Les résultats économiques furent positifs mais le prix social désastreux pour une grande partie de la population et le déni démocratique fut une blessure pour toute une génération de Chiliens.

Le libéralisme de Hayek est un libéralisme radical qui exclut toute intervention de l’État dans l'économie même en cas de crise et il préconise la privatisation des entreprises d’État et de tous les services publics liés à l'économie depuis les communications jusqu'à certains services municipaux, l'éducation ou les soins de santé.

Ce sont les consommateurs qui déterminent si un bien est utile et qui jugent si son prix est justifié.

Hayek s'oppose bien sûr au socialisme mais aussi au keynésianisme, au capitalisme d’État, au conservatisme et à tout système économique qui entrave la liberté individuelle d'entreprendre. Il pense que la déréglementation totale de l'économie y compris des organismes financiers crée une dynamique qui bénéficiera finalement à tout le monde (la théorie de la main invisible).

 

Margaret Thatcher en 1979 et Ronald Reagan à partir de 1981, après leur victoire électorale, furent les parangons de cette école économique ultralibérale et de désengagement de l’État en Occident.

On peut citer cette déclaration de Ronald Reagan de 1981 comme exemple de cette vision .

« Dans la crise actuelle, le gouvernement n'est pas la solution de nos problèmes, le gouvernement est le problème.  »

Leurs mandats furent marqués par des confrontations avec les syndicats qui laissèrent des traces et qui affaiblirent durablement ceux-ci.

Encore une fois, ce fut avec des résultats économiques positifs dans un premier temps mais on en mesure seulement les conséquences maintenant, 35 ans plus tard. Les investissements privés n'ont pas remplacés les investissements publics dans les domaines non rentables et l’État devra sans doute réinvestir dans certains domaines comme les infrastructures laissées à l'abandon, le démantèlement des centrales nucléaires, la sécurité etc.

La recette ultralibérale fut catastrophique en Russie après la fin de l'Union soviétique (1991). Ici, ce fut un effondrement économique général et il aura fallu attendre l'arrivée de Vladimir Poutine pour amorcer le redressement du pays avec le retour à un État fort.

L'Union européenne actuelle est aussi adepte de cet ultralibéralisme qu'elle érige en dogme absolu. Elle laisse le soin aux États de régler les problèmes sociaux (chômage, sécurité sociale etc.) tout en veillant au respect de la libre concurrence sans intervention de l’État et à l'orthodoxie budgétaire en zone euro. L'UE sait que les États sont budgétairement incapables de subvenir à ces besoins sociaux et que les mesures d'austérité mènent à des régressions sociales qui insidieusement mènent l'économie aux critères du néolibéralisme. xxix

La pierre angulaire de l'UE est la libre circulation telle que définie dans le traité de Lisbonne. Elle garantit quatre libertés importantes pour le libéralisme. La lberté de circulation des personnes et des biens, la liberté de circulation des marchandises, la liberté de circulation des travailleurs et la liberté de circulation des capitaux. C'est surtout cette dernière liberté de circulation qui pose problème car elle se situe au niveau mondial et le cadre a été en grande partie fixé par les États-Unis. Elle échappe à toute régulation. Ces capitaux alimentent la spéculation et déstabilise à la fois des pays et l'économie réelle. Les montants quotidiens qui circulent représentent des centaines, voire des milliers de dollars et le risque de banqueroute est réel (pays insolvables, banques en faillite etc.) Cela aurait des conséquences incalculable au niveau mondial.

La crise de 2008 fut un tournant qui marqua la limite du néolibéralisme. Suivant cette doctrine, il fallait laisser les banques et les entreprises en faillite s'effondrer pour que de nouvelles, plus saines, renaissent sur leurs cendres.

C'était politiquement et économiquement impossible à cause du coût qui aurait provoqué un effondrement économique mondial.

Rien que les faillites de Fannie Mae et de Freddie Mac auraient provoqué la perte de leur placement d'environ 400 milliards de dollars pour la Chine !

Friedrich Hayek n'avait pas prévu un détail : le capitalisme financier engendrerait des sociétés tellement énormes que leurs faillites entraîneraient un effondrement économique généralisé. C'est parfaitement résumé avec cette réflexion qui a fait école. « To big to fall. »

 

 

Le néolibéralisme ou le libéralisme ?

 

Il s'agit d'une querelle de mots. Le libéralisme a suivi une lente évolution pour finir par trouver sa forme la plus absolue dans les théories de l’école autrichienne. Les adeptes de cette école réfutent le terme « néolibéraux » et se considèrent simplement comme libéraux. Il est difficile de prendre parti dans cette querelle mais on peut sans hésitation dire que l'école de Chicago est néolibérale parce que, presque un siècle plus tard, elle reprend les théories de l'école autrichienne en l'adaptant au contexte étasunien.

 

 

Le dollar étant devenu la monnaie de référence pour le commerce international, son contrôle est devenu essentiel pour le maintien de la dominance étasunienne sur l'économique mondiale.

Milton Friedman qui est considéré comme le père de l'école de Chicago dite aussi l'école monétariste ou courant monétariste n'apporta pas d'idées neuves dans son analyse économique libérale. Ses idées monétaristes commencèrent à être prises en considération à partir des années 70. Elles mirent fin au keynésianisme et marquèrent le début de la politique monétaire libérale.

La doctrine monétariste de Friedman préconise :

 

  • La lutte prioritaire contre l'inflation grâce à un contrôle strict de l'émission de monnaie.

  • L'indépendance totale des banques centrales.

  • Le contrôle de la masse monétaire et des emprunts qui ne peuvent augmenter qu'au même rythme que la croissance économique.

  • L'autorégulation des marchés et le refus d'utiliser la création monétaire pour relancer l'économie.

  • Les taux de change flottants.

 

On peut dire que les expériences libérales chiliennes, britannique (Thatcher), étasunienne (Reagan) et russe (Gaïdar) sont inspirées par l'école autrichienne mais il faut ajouter l'influence de l'école de Chicago pour la partie monétariste de l'économie à laquelle Hayek s'opposait d'ailleurs.

 

Il est à noter que les États-Unis, le Japon depuis plus de quinze ans, le Royaume-Uni depuis 2008 et l'Union européenne depuis peu mènent des politiques monétaires beaucoup plus souples (quantitative easing) qui consistent à faire racheter massivement des bons du Trésor (États-Unis), des titres de dettes des acteurs financiers (créances douteuses) ou des dettes publiques par leurs banques centrales avec de la création monétaire.

Force est de constater que ces opérations ne profitent pas à l'économie. Elles renforcent les bilans des banques et sont responsables de bulles spéculatives déstabilisantes pour l'économie réelle.

L'utilisation du dollar comme instrument politique est aussi une action indirectement rendue possible par les théories monétaristes de l'école de Chicago.

A mon avis, les principaux dangers actuels sont les dettes souveraines. xxx En l'absence de perspectives de croissance, ces dettes sont impossibles à rembourser. Certains États (Grèce) peinent à rembourser les intérêts de leur dette et les autres contractent de nouveaux emprunts pour rembourser ceux qui arrivent à échéance. Ce cycle sans fin qui enrichit les banques et les fonds de placement finira par amener des partis conservateurs ou réactionnaires au pouvoir dans certains pays occidentaux majeurs à cause de la régression sociale exigée par le système économique. Comme il n'y a plus de nouveaux marchés à conquérir et que la relance des croissances intérieures occidentales nécessite des moyens que les États n'ont plus, il y a un sérieux risque de confrontation militaire avec des pays qui pratiquent un autre système économique (Chine, Russie, Iran etc.) et qui nous concurrencent sur le marché mondial. Ces confrontation militaires pourraient prendre plusieurs formes et dégénérer vers des guerres totales. L'expérience des deux guerres mondiales nous a appris que les éléments déclencheurs pouvaient être insignifiants mais que l'escalade qui suivait était incontrôlable.

Il faut aussi remarquer que la création de ces énormes masses monétaires n'a pas provoqué d'inflation comme cela aurait dû logiquement se produire suivant la théorie libérale. La raison est simplement que cette monnaie est destinée aux marchés financiers et ne circule pas ou peu.

 

 

Critique du libéralisme.

 

  • Le contrat de départ inscrit dans les théories libérales classiques et tacitement accepté par les peuples, était que les bénéfices produits par les entreprises seraient réinjectées dans l'économie soit par des investissements, soit par des dépenses directes (frais généraux), soit par un partage des bénéfices avec les travailleurs ou soit par des impôts qui bénéficieraient indirectement à l'ensemble des citoyens. Avec l'arrivée du néolibéralisme et la libre circulation des capitaux, cette promesse n'a pas été tenue. Les bénéfices produits par les multinationales échappent à l'impôt grâce à l’ingénierie fiscale, à des accords bilatéraux avec des gouvernements ou se dirigent vers des paradis fiscaux. En effet, la libre circulation des capitaux permet à leurs détenteurs de les placer dans les pays de leur choix et cela suivant les règles de l'OMC et avec l'aide des cabinets d'audit étasuniens. Ces capitaux anonymes échappent alors à l'imposition et à tout contrôle.

  • Le système libéral tel qu'il existe aujourd'hui permet aux groupes financiers et aux entreprises multinationales de faire pression sur les gouvernements largement endettés et perpétuellement menacés par des délocalisations accompagnées de pertes d'emplois et de ruine économique pour leur pays.

  • Les délocalisations provoquent le chômage et amènent la destruction des institutions de l’État social alors qu'elles engendrent plus de bénéfices pour les entreprises.

  • Un autre point important à relever est que le capitalisme libéral a impérativement besoins de croissance pour ne pas s'effondrer. Nous tombons alors dans la contradiction suivante : une croissance infinie est impossible dans un monde fini. Je ne suis pas assez expert pour déterminer quand le système atteindra le point de rupture mais je sais qu'il l'atteindra un jour.

  • Le libéralisme, quelle que soit sa forme, place les droits individuels avant l'intérêt collectif. Les résultats d'un siècle de lutte socialiste sont ainsi remis en question et nous nous dirigeons vers une société à deux vitesses avec des riches de plus en plus riches, des pauvres de plus en plus pauvres et une classe moyenne à bout de souffle qui est la principale contributrice à l'impôt et à la consommation. Selon l'Observatoire des Inégalités, 0,7 % des plus riches dans le monde détiennent plus de 41 % du patrimoine mondial alors que la moitié de la population mondiale ne détient que 0,5 % de la richesse (2013) xxxi.

  • En renonçant à son rôle régulateur dans l'économie et en renonçant à ses prérogatives régaliennes, l’État perd son pouvoir décisionnel au bénéfice des puissances d'argent mondialisées. Cela crée un problème démocratique majeur.

  • Enfin, le comportement humain est aussi influencé par son Histoire et par les réflexes ancestraux de l'homme. Il n'y aucun doute que l'Homme aspire à la liberté mais par instinct il reviendra vers le groupe pour chercher la protection. Faible et n'ayant ni griffes ni puissante mâchoire dentée pour se défendre, il n'a survécu dans la nature face à de redoutables prédateurs ainsi qu'à des groupes concurrents que parce qu'il pouvait compter sur la protection et la solidarité du groupe. En prônant la diminution du rôle de l’État dans l'économie et en soustrayant une grande partie de ses bénéfices à l'impôt, le capitalisme libéral contemporain affaiblit les finances des États qui n'ont plus les moyens financiers pour pourvoir aux besoins de leurs fonctions régaliennes (justice, sécurité intérieure, armée, infrastructures publiques etc.) et pour assurer une protection sociale suffisante aux plus démunis. Cela d'autant plus que les États sont plus que déraisonnablement endettés auprès des banques privées et qu'ils consacrent une grande partie de leur budget au remboursement de leurs dettes. Cette approche d'anthropologie sociale ne se retrouve pas dans les règles du libéralisme moderne qui ont une approche de rationalité économique pure.

 

La protection sociale dont bénéficie encore les citoyens des pays occidentaux est le reliquat d'un siècle et demi de revendications socialistes et est remis en cause par les théories libérales actuelles.

Le système libéral voit le travailleur comme un outil qui peut être ou remplacé par une machine ou par un autre travailleur éventuellement délocalisé et payé moins cher.

Qu'a gagné l'être humain à être passé du conservatisme protecteur (paternalisme) au système libéral dérégulé et déshumanisé à part le sentiment de liberté dont ne profite qu'une petite minorité ?

 

Du côté positif, on peut pointer que :

 

  • Le libéralisme engendre une dynamique économique et le progrès scientifique. Ce dernier a aussi une origine militaire comme par exemple la conquête de l'espace, Internet, l'aéronautique etc.

  • La consommation de masse permet à tout le monde d'avoir un sentiment de richesse.

  • Théoriquement, le système libéral permet à chacun de monter dans la hiérarchie sociale grâce à son travail.

  • Même si c'est de manière inégale dans chaque pays, il répartit mieux la prospérité sur l'ensemble de la planète avec un nivellement au passif du monde occidental.

  • Le libéralisme a toujours admis qu'il fallait une certaine dose d'entraide et de charité

  • Les avancées sociétales actuelles sont acquises grâce aux idées libérales. L'ancienne alliance entre la noblesse conservatrice et l’Église est devenue peu influente sur la transformation de la société vers plus de libertés de pensée et vers la libre disposition de soi.

 

On peut dire que c'est dans ce domaine que la réussite libérale est la plus marquante pour la société post-chrétienne.

 

Manifestation pour la défense des valeurs traditionnelles à Paris en 2012 - 2013.

 

Les arrivées récentes de centaines de milliers de migrants musulmans et de guides intégristes bouleversent à présent le système sociétal nouvellement instauré et un nouvel équilibre devra peut-être être trouvé à l'avenir.

 

 

Conclusion.

 

Il aura fallu plus d'un millénaire pour que les pouvoirs politique et économique passent des mains de la haute noblesse dans celles de la bourgeoisie libérale et récemment dans celles du monde de l'oligarchie financière.

Ce millénaire aura aussi été celui du lent déclin de l'influence spirituelle de l’Église pour aboutir à la forme de libertarianisme qui prédomine actuellement en Occident.

L'histoire du libéralisme est celle de l'émancipation de la bourgeoisie. L'idée d'origine d'égalité entre les citoyens se heurte au paradigme du départ : «  Qui détient les pouvoirs économique et financier contrôle le pouvoir politique. »

Quand des organisations supranationales non élues comme le FMI, l'OMC ou l'UE ont le pouvoir d'imposer les règles capitalistes et libérales aux pays sous leurs contrôles, les instances démocratiquement élues n'ont plus alors qu'un pouvoir virtuel pour décider du choix et de la forme du système économique à appliquer quel que soit le choix exprimé par la majorité des électeurs.

Aucune élection n'a jamais dégagé de majorité libérale dans aucun pays européen (excepté au Royaume-Uni) et la Commission européenne et son administration, chantres du libéralisme en Europe, n'ont pas de légitimité venant directement des citoyens européens et ils n'ont pas de comptes à leur rendre.

La récente nomination de Monsieur Barroso qui fut président de la Commission européenne pendant dix ans à un poste de directeur d'une banque d'affaires impliquée dans des dizaines de scandales dans le monde xxxii en dit long sur le manque de moralité de certains membres de la Commission européenne. Il vient rejoindre deux autres anciens commissaires, Messieurs Sutherland et Van Miert également engagés par cette banque après leur mandat et toujours membres de conseils d'administration de nombreuses multinationales. Si on voulait récompenser quelqu'un pour services rendus, on ne s'y prendrait pas autrement.

La présence de 20.000 lobbyistes xxxiii auprès des instances européennes à Bruxelles renforce l'influence libérale en UE sans aucun contre-pouvoir.

Tout cela provoque un profond malaise auprès des peuples européens.

Ce déni de démocratie a été sanctionné par la récente défection par référendum du Royaume-Uni qui au vu de sa longue expérience démocratique n'accepte pas d'être chapeauté par des fonctionnaires non élus, fussent-ils défenseurs du libéralisme économique.

Il est a noter que le TTIP actuellement négocié renforcerait encore le pouvoir des multinationales libérales et de la finance mondialisée s'il était adopté.

Ce sont des groupes financiers internationaux (François Hollande – Le Bourget) qui ont remplacé la haute aristocratie conservatrice et la bourgeoisie libérale et qui détiennent actuellement tous les pouvoirs.

 

Le candidat François Hollande fustige le monde de la finance en 2012.

 

Le conservatisme capitaliste contemporain conteste le libéralisme classique et il pervertit le bon fonctionnement des règles libérales.

 

C'est un effet pervers du néolibéralisme qui a fini par concentrer les pouvoirs financier et économique dans les mains d'un nombre restreint de groupes internationaux qui ont pris le contrôle des affaires du monde via des pouvoirs exécutifs dont ils ont financé les campagnes électorales.

 

Finalement, on peut dire que le capitalisme libéral dans sa forme radicale est une conception qui a fait long feu et qu'il devra accepté d'être régulé et réformé s'il veut survivre dans ce XXIe siècle.

 

 

 

i- La ploutocratie est un système politique dans lequel le pouvoir est exercé par les plus riches. Par extension, c'est un système dans lequel le pouvoir de la finance est prédominant. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ploutocratie

ii- Je reprends les mots qu'avait employés le candidat François Hollande lors de son célèbre discours du Bourget le 22 janvier 2012. Dans un éclair de lucidité, il (pour autant qu'il soit lui-même l'auteur de son discours) avait désigné le monde de la finance comme son véritable adversaire, celui qui gouverne.

iii- Un exemple de système économique et social original fut par exemple le catharisme. Ce mouvement n'a pas été limité au sud de la France. Un mouvement similaire était aussi très largement répandu en Europe centrale. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bogomilisme

iv- Les six pays fondateurs de l'UE occupaient le territoire de l'empire de Charlemagne au IXe siècle et ce sont encore eux qui actuellement ont le plus d'influence. Charlemagne revient souvent comme figure tutélaire dans l'UE qui cherche une référence historique pour justifier sa politique d'unification. Le Conseil des ministres de l'UE s'est tenu jusqu'en 1995 dans le bâtiment Charlemagne à Bruxelles et l'UE a créé le prestigieux prix Charlemagne. Le symbole de Charlemagne a perdu de sa valeur avec l'intégration des pays de l'est de l'UE où ce personnage ne représente rien.

v- Au Haut Moyen Âge, 90 % de la population étaient composée de serfs (attachés au domaine seigneurial) et de paysans libres (les vilains).

vi- Au Moyen Âge, les guildes formaient des associations de personnes qui se regroupaient par corps de métier pour défendre les intérêts de leur corporation.

vii- Les chartes réglaient les rapports de la commune avec son suzerain. Elles définissaient les droits et les devoirs de chacun. http://www.cosmovisions.com/communes-chartes.htm

ix - La bourse est le lieu public où se tient le marché des ventes et des achats des actions. http://www.universalis.fr/encyclopedie/bourse-de-bruges/

xi- La commune rurale (possession collective de la terre) était la base sociale de presque tous les peuples dans le monde au début de leur histoire et elle était la forme primitive de la société bien avant la naissance du communisme contemporain comme le développe F. Engels dans cet article (1883) en se basant sur les recherches de August von Haxhausen, de Konrad von Maurer et de L.H. Morgan. https://www.marxists.org/francais/engels/works/1883/00/marche.html#_ftnref2

xii - L'humanisme place l'être humain au centre de ses préoccupations et s'oppose au dogmatisme rigide du clergé.

xiii - L’Éloge de la Folie est une critique acerbe du comportement des Princes de l’Église. Beaucoup de passages sont à comprendre au second degré. C'est une œuvre très savante avec beaucoup de références aux auteurs et philosophes de l'Antiquité. Cette œuvre connut un immense succès. http://www.archivesdefrance.culture.gouv.fr/action-culturelle/celebrations-nationales/recueil-2011/litterature-et-sciences-humaines/parution-de-l-eloge-de-la-folie-d-erasme

Le livre complet en français (PDF). http://classiques.uqac.ca/classiques/erasme/eloge_de_la_folie/erasme_folie_fig.pdf

xiv- Utopia est une œuvre satirique complètement révolutionnaire pour l'époque avec des concepts comme l'égalité entre les êtres, la tolérance religieuse, la liberté de conscience, l'absence d'aristocratie ou le partage des richesses par exemple. Ce sera un des livres les plus lus pendant le siècle des Lumières. https://fr.wikipedia.org/wiki/Utopia Le livre complet en français (PDF). http://classiques.uqac.ca/classiques/More_thomas/l_utopie/utopie_Ed_fr_1842.pdf

xvi -Thomas Hobbes était un philosophe réaliste anglais et un des premiers à avoir défini les rôles de l’État et de l’Église dans la société. Sa contribution dans l'évolution des idées fut considérable. http://agora.qc.ca/dossiers/Thomas_Hobbes

xvii - Les États-Généraux (France) étaient composés de délégués des trois ordres : la noblesse, le clergé et le tiers état (bourgeoisie). Ils se réunissaient à la demande du roi en cas de crise. http://www.toupie.org/Dictionnaire/Etats_generaux.htm

xviii - Montesquieu (1689 – 1755). Philosophe français auteur de « L'Esprit des Lois ». http://www.etudes-litteraires.com/biographie-montesquieu.php

xix - La physiocratie est une école économique qui se développa en France durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Les physiocrates pensaient que la richesse d'une nation provenait exclusivement de l'agriculture. http://www.wikiberal.org/wiki/Physiocratie

xxi - Le travail à la chaîne existait déjà à l'Arsenal de Venise au XVIIe siècle. 16000 ouvriers pouvaient construire une galère par jour. A la même époque, les chantiers navals hollandais fonctionnaient aussi avec une forme de travail à la chaîne. Henry Ford s'est cependant inspiré par le travail à la chaînes mis en œuvre dans les abattoirs.

xxii - Le kanban était un système d'étiquetage inventé par Toyota qui permettait de réguler la production pour que les pièces fabriquées soient juste suffisantes pour alimenter la chaîne de production en aval. https://fr.wikipedia.org/wiki/Kanban

xxiii - Kaizen (mot japonnais) se traduit par amélioration continue en français. https://fr.wikipedia.org/wiki/Kaizen

xxiv - Il faut rappeler que même aujourd'hui, le Royaume-Uni n'a pas de constitution écrite et donc pas de Cour constitutionnelle pour veiller à sa bonne application. Sa démocratie est fondée sur des textes fondateurs comme la Magna Carta, l'Habeas Corpus, le Bill of Rights et sur des traditions non écrites qui sont rigoureusement respectées par les gouvernements.

Pour être complet, il faut rappeler que la Corse avait eu pendant sa brève indépendance (1755-1769) une constitution démocratique (1755) inspirée des Lumières et antérieure à celle des États-Unis. Cette constitution qui ne fut jamais internationalement reconnue était révolutionnaire pour l'époque et contenait les droits à la souveraineté du peuple, la séparation des pouvoirs, l'autodétermination , le suffrage universel et même le droit de vote pour les femmes. http://www.contreculture.org/SP Constitution corse 1755.html

xxv - http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/la-constitution/la-constitution-du-4-octobre-1958/declaration-des-droits-de-l-homme-et-du-citoyen-de-1789.5076.html

xxix - L'économie néolibérale a détruit tout le tissu social dans le sud de l'Europe, que ce soit en zone euro comme en Grèce, au Portugal, en Espagne ou en Italie et hors zone euro comme en Bulgarie ou en Roumanie. Ce n'est pas parce que ces drames ne sont pas mis à la une des médias qu'ils n'existent pas.

xxx - L'endettement moyen des États est d'environ 90 % du PIB en Union européenne. Il est de près de 100 % aux États-Unis.

xxxiii - Tous les lobbyistes ne représentent pas des intérêts commerciaux privés, il y a aussi des ASBL, des représentations régionales ou humanitaires mais ce sont les groupes commerciaux qui sont les plus nombreux et qui ont le plus d'influence.

 


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30 réactions à cet article    


  • Francis, agnotologue JL 10 octobre 2016 09:31

    Un véritable pensum ! 

     
     Sans réduire l’article à un petit détail, je voudrais préciser ledit détail, vous dites :

    Il est a noter que le TTIP actuellement négocié renforcerait encore le pouvoir des multinationales libérales et de la finance mondialisée s’il était adopté.’’
     
    De fait, le TTIP ou TAFTA n’a pour objet que d’harmoniser (!) et d’institutionnaliser ce qui se fait déjà ici et là, peu ou prou illégitimement (je dirais : de gré ou de force), et de façon très inégale.

    • Pierre Pierre 10 octobre 2016 09:54

      @JL
      Merci pour votre commentaire. Je suis d’accord avec ce que vous dites mais le sujet de mon inquiétude est la prééminence des décisions de tribunaux internationaux (privés ou pas) sur des lois votées par des parlements démocratiquement élus. Des lois de protections (sociales, environnementales, économiques etc.) pourraient être invalidées et vu les dédommagements qui pourraient être réclamés aux Etats, les élus y réfléchiront à deux fois avant de voter des lois qui pourraient nuire aux intérêts des multinationales.


    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 10 octobre 2016 10:13

      @Pierre


       Fritz Thyssen, les patrons d’IG Farben et leurs amis avaient confié la réalisation de leur rêve (soumettre la société civile au développement de leurs business) à un aventurier qui s’est suicidé dans un bunker.
      Ils ont dû émigrer incognito en Amérique du Sud ou bien intégrer des services de renseignements occidentaux pour échapper à Nuremberg, mais certains ont conservé leurs fonctions en évitant de trop la ramener.
      Aujourd’hui, leurs héritiers (génétiques ou idéologiques) ont oublié Nuremberg et n’ont plus peur d’afficher leur ambition.
      Et ils ne rencontre que peu de résistance. Ils ont compris que le sucre est préférable au vinaigre pour attraper les mouches.

    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 10 octobre 2016 11:24

      @Jeussey de Sourcesûre

      Le procureur américain Telford Taylor avait déclaré au procès de Nuremberg : 

      « Ce sont les criminels d’IG Farben, et non pas les aliénés fanatiques nazis, qui sont les principaux criminels de guerre. Si la culpabilité de ces criminels n’est pas mise en lumière et s’ils ne sont pas punis, ils représentent une plus grande menace pour la paix future du monde que ne le serait Hitler s’il était encore en vie."

      La menace est en train de devenir réalité.

    • Pierre Pierre 10 octobre 2016 14:11

      @Jeussey de Sourcesûre
      Je n’ai pas évoqué le capitalisme allemand de l’entre-deux-guerre vu qu’il s’est reconverti dans le système libéral après la défaite allemande. Il y a effectivement pas mal de chefs d’industrie qui avaient leur place à Nuremberg.


    • Pierre Pierre 10 octobre 2016 09:37

      Erratum. Keynes vs Hayek. Les montants quotidiens qui circulent représentent des centaines, voire des milliers de milliards de dollars. (lien)

      Cela représente plus de 50 milliards de fois le salaire journalier d’un smicard !!!

      • chantecler chantecler 10 octobre 2016 11:08

        Article magnifique et démonstration implacable .
        Merci .
        Pour JL : rien ne vous empêche de le lire à petite dose .
        A moins que vous ne soyez pressé de laisser d’autres commentaires ailleurs .


        • Francis, agnotologue JL 10 octobre 2016 11:19

          @chantecler
           

           merci du conseil. Laisser d’autres commentaires, ... ou seulement m’informer, tout en assurant les tâches et obligations quotidiennes. smiley
           
           Merci en tous cas, du conseil : c’était bien mon intention pour cet article que je n’ai encore fait que survoler.

        • Aristide Aristide 10 octobre 2016 11:17

          Le système écononomique libéral qui est appliqué en Occident et qui est de plus en plus décrié par les peuples ...


          Ah bon, vous avez des élements objectifs de cette « de plus en plus décrié par les peuples ». Parce que à voir les elections, il ne me semble pas que les partis qui se réclament de l’anti-capitalisme libéral aient des résultats qui dépassent les quelques pour cents.

          Enfin, on se satisfait comme l’on peut, un peu de Wikipedia et nous voilà dans le monde idéal expliqué par un communiste ...

          • robiocop21 10 octobre 2016 11:51

            @Aristide
            Je suis d’accord avec cette remarque. Je trouve nettement plus pertinent le fait que le libéralisme a besoin de la croissance, et que la croissance infinie dans un monde fini est une illusion.


          • Pierre Pierre 10 octobre 2016 12:31

            @Aristide
            Commentaire ridicule et injustement accusateur. La deuxième partie qui traite du marxisme sera tout aussi critique.

            Je ne sais pas sur quelle planète vous vivez mais moi quand j’entends parler les gens, je n’entends que des critiques : perte de pouvoir d’achat, crainte pour l’emploi, diminution du niveau de vie etc.
            Je vous conseille aussi de parler avec des gens qui ont de la famille dans le sud de l’Europe (ou allez voir sur place comme je l’ai fait), vous apprendrez que la vie y est aussi chère qu’en France et que par exemple se soigner est devenu hors de prix. Cela aussi, c’est une conséquence du système économique libéral tel qu’il est imposé par l’UE. Le mécontentement y est d’ailleurs beaucoup plus vif qu’en France.
            Les centaines de milliers de migrants qui fuient l’Afrique sont aussi des victimes du libéralisme qui a détruit l’économie traditionnelle. Nestlé qui vend son lait en poudre pour remplacer le lait maternel est un bon exemple.
            Les élections !!! Je veux bien encore y croire mais je me rallie de plus en plus au slogan soixante-huitard « Election - Piège à con ». Ce sont des festivals de belles promesses qu’on n’est pas tenu de remplir. Voyez la triste pantalonnade Clinton / Trump.
            Wikipédia ! Je pourrais citer les livres sur lesquels je me suis basé pour écrire cet article (dont certains en anglais) mais cela n’illustrerait pas l’article vu que vous n’avez pas ces livres et que vous ne les consulterez pas dans une bibliothèque. Pour un article en ligne, j’ai choisi de de donner des références en ligne et Wikipédia est un choix qui contrairement à ce que certains prétendent n’est pas si mauvais que cela, le site s’est grandement amélioré. Vous feriez mieux de citer les passages de Wikipédia que vous contestez pour me convaincre.
            Je voudrais insister sur le fait que cet article n’est pas basé sur Wikipédia comme vous semblez l’insinuer.

          • Aristide Aristide 10 octobre 2016 17:17

            @Pierre

            C’est sur que c’est dur de voir les elections ne pas refléter ses idées. Peut être en Russie valent t’elles quelque chose car elles plébiscitent Poutine.




          • Pierre Pierre 10 octobre 2016 18:12

            @Aristide
            Il y a une chose que vous perdez de vue en ce qui concerne la Russie. Poutine est populaire parce qu’il fait ce que le peuple attend de lui et il a les moyens de le faire parce qu’il a fait de son pays un pays souverain.

            La Douma est beaucoup plus représentative de la diversité politique russe que le parlement français. Si les libéraux russes ne parviennent pas à passer la barre des 5 %, c’est simplement parce qu’ils sont totalement discrédités auprès des Russes et que le libéralisme est associé à la collaboration avec les ennemis du pays. 
            Trouvez-vous démocratique que le premier parti de France ne soit pas représenté à l’Assemblée ? La question n’est pas qu’on aime ou qu’on aime pas le FN. C’était la même chose quand le mouvement de François Bayrou représentait environ 20 % du corps électoral. S’il y a un problème de représentation démocratique, c’est en France et pas en Russie.
             

          • Aristide Aristide 10 octobre 2016 19:09

            @Pierre


            C’est bien ce que j’ai dit, Poutine est légitimé par les elections mais chez nous c’est un piège à cons. Vous ne vous rendez même pas compte du ridicule de votre affirmation.

            Sur la Russie, le parti de Poutine a obtenu 54% des votes et en sièges cela fait .... 3/4 des sièges, 343. 

            Mais bon, les elections c’est un piège à cons alors ...






          • Pierre Pierre 11 octobre 2016 08:47

            @Aristide
            Il y a souvent des choses qui semblent bizarres dans les résultats d’élections mais qui sont aisément explicables.

            Un des problèmes dans les démocraties représentatives est d’avoir une majorité stable pour gouverner. On a donc trouvé des systèmes qui renforcent le gagnant d’une élection dans beaucoup de pays.
            En Grèce par exemple, le parti qui arrive en tête hérite de 50 députés supplémentaires !
            En France, le scrutin majoritaire à deux tours élimine toute opposition non traditionnelle.
            Une bizarrerie des élections allemandes : la CDU et la droite ont largement gagné les dernières élections en termes de voix mais en termes de députés, la gauche est majoritaire !  
            La Russie a opté pour un mélange de scrutin majoritaire et de scrutin proportionnel. Cela permet de dégager une majorité confortable pour gouverner et cela permet aussi à l’opposition d’être présente à la Douma pour autant qu’elle recueille au moins 5 % de voix. Cela explique le nombre de sièges obtenus par Russie unie.
            Puisque c’est vous qui évoquez la Russie, je vais vous faire une remarque qui mérite réflexion et qui est en rapport avec l’article.
            Je ne sais pas si cela vous a frappé mais la Russie est le seul pays au monde qui a connu trois systèmes économiques en deux décennies. Le communisme jusqu’en 1991, le libéralisme pendant les années 90 et au début des années 2000 et le conservatisme avec une dose de libéralisme ensuite.
            Les électeurs ont donc la possibilité de voter pour des systèmes qu’ils ont connus et c’est rare.
            Je ne sais pas si les Russes votent pour le meilleur système mais ils votent certainement pour le moins mauvais à leurs yeux et ils rejettent totalement le libéralisme des années 90.
            Ce libéralisme qu’on peut appeler sauvage ou total est peut-être ce qui nous attend si on n’y prend garde. Il n’est pas question de condamner tout-à-fait le libéralisme mais il faut que ce soit la volonté démocratique qui détermine les règles économiques et pas des ploutocraties ou des fonctionnaires occultes.
            Vous savez et cela mérite réflexion, les Russes ont peut-être vécu dans notre futur dans les années 90. Je dis cela en pensant à la situation économique et sociale du sud de l’Europe.





          • Aristide Aristide 11 octobre 2016 10:34

            @Pierre


            C’est bizarre que vous en arriviez là, après avoir dénoncé les résultats d’elections au seul fait qu’elles seraient un piège à con. C’est vrai que je vous indiquez que votre propos sur le rejt du système n’est en rien confirmé par les elections dans nos pays.

            Mais quand on vous met sous le nez la Russie et les elections russes, là cela devient un idéal démocratique indépassable. Bon, un plébiscite systématique au dirigeant idéal, ...




          • Pierre Pierre 11 octobre 2016 11:41

            @Aristide

            « Les élections !!! Je veux bien encore y croire mais je me rallie de plus en plus au slogan soixante-huitard « Election - Piège à con ». Ce sont des festivals de belles promesses qu’on n’est pas tenu de remplir. Voyez la triste pantalonnade Clinton / Trump. » 
            Voila exactement ce que j’ai écrit. J’ai commencé par dire que je veux bien encore y croire, non ? Ai-je le droit d’avoir des doutes sur l’intégrité de ceux qui nous gouvernent et qui une fois élu, s’empressent d’oublier leurs promesses électorales ? Peut-on se demander s’il n’y a pas d’autres voies démocratiques pour choisir ses élus ?
            Ai-je tort d’être angoissé à l’idée que le sort de la planète risque d’être entre les mains d’un personnage aussi scabreux que Clinton ou Trump ?
            Pour la Russie, c’est vous qui m’avez provoqué. Ne me faite pas dire ce que je n’ai pas dit. Je n’ai jamais dit que la Russie est une démocratie parfaite ni qu’elle est supérieure à la démocratie occidentale. La Russie a un histoire différente du reste de l’Europe et elle reste une société très traditionnelle et conservatrice. 
            Elle se cherche un système politique qui correspond à ses valeurs et si les démocraties occidentales ne l’admettent pas, il y aura une sérieuse rupture.








          • robiocop21 10 octobre 2016 11:38

            Très intéressant, j’attend la suite, et pour ne rien vous cacher surtout la partie 3. J’ai une remarque cependant lorsque vous dites : « Le New Deal que le président F. Roosevelt instaura alors eut un bilan mitigé  », il me semble que vous allez un peu vite en besogne, les US ont récupéré leur production industrielle en 6 ans. Ce qui n’est quand même pas rien. Et même si, socialement, ce n’était pas la même chose, la déflation et la politique de grands travaux du régime nazi ont aussi produit quelques effets en Allemagne non ?.


            • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 10 octobre 2016 12:22

              euh, là, y a erreur


              y a un chauffeur dans les voitures Uber

              que leur patron les prenne pour des merdes c’est une chose, mais y a un chauffeur !

              les voitures sans chauffeur , c’est gogole, l’ami de fesses-bouc !

            • Jean Pierre 10 octobre 2016 15:46

              @rocla+
              Vous n’avez décidément pas de chance avec vos références historiques. Les premières réussites de la conquête spatiale, le premier satellite (Spoutnik), le premier animal (Laika), puis le premier homme (Gagarine) dans l’espace, c’était l’Union soviétique.

              Quand à la voiture sans chauffeur (qui va créer encore un peu plus de chômage, ça le capitalisme sait faire et en crèvera) elle reste à mettre au point.
              Dernièrement, vous moquiez un soit disant manque de créativité des fonctionnaires. C’était déjà malvenu puisque Internet qui vous sert à insulter les fonctionnaires est une création des instituts de recherche publics, donc de fonctionnaires. Donc, n’oubliez pas de penser à remercier les fonctionnaires et n’oubliez pas de pensez à vous informer sur Internet avant de faire vos commentaires. Vous aurez l’air moins... ridicule.

            • Francis, agnotologue JL 10 octobre 2016 18:00

              @Jean Pierre,

               
              rocla+ ne connait rien à rien, mais il compense ça par de solides et inébranlables certitudes.
               

            • chantecler chantecler 11 octobre 2016 07:53

              @rocla+
              Petit rappel  :
              1) les progrès de l’humanité , les découvertes sont essentiellement liés à la recherche fondamentale .
              Qui est financée très majoritairement sur des fonds publics mais qui sont aussi du fait de chercheurs géniaux ...
              Je vous recommande au passage un livre écrit par Etienne Klein : « en cherchant Majorana -le physicien absolu - » coll folio .5891 . 9 € .
              2) il est vain d’opposer capitalisme et « communisme ».
              -dans le « capitalisme » les capitaux sont privés et l’outil de production l’est aussi , ce qui permet d’ailleurs de délocaliser ou de supprimer une usine . Seul le profit compte et aujourd’hui à très court terme .
              -dans le communisme il faut naturellement des capitaux pour investir dans la production de telle ou telle marchandise, denrée .
              Mais les capitaux , car il en faut évidemment pour lancer une production , sont d’état autrement dit fournis par la collectivité .
              Et les bénéfices ou la gestion doivent lui revenir .
              Dans notre pays , pendant les trente glorieuse nous avions un système mixte :
              Du « privé » (privatisation) et du « national » (nationalisation )
              Ce qui a permis d’équiper le pays en infrastructures , de reconstruire après guerre : cf Programme national de la Résistance  : rail , route ,voirie ,ports , acieries , charbon, pétrole ,santé , ... écoles... d’ingénieurs , etc etc ...
              Depuis les années 70 tout cela a été jugé « has been » par les néolibéraux qui ont pris en main le « système ».
              Nos autoroutes par exemple ont été privatisées , ou concédées sur 90 ans, je crois .
              Les bénéfices vont où ?
              Le service rendu est-il supérieur ?
              Et l’état aujourd’hui qui court soi disant après le moindre financement et après son endettement , vous voyez le rapport ?


            • Pierre Pierre 11 octobre 2016 11:06

              @rocla+
              J’avais lu l’histoire de Semmelweis dans ma jeunesse et vous me rafraîchissez la mémoire avec votre commentaire. J’avoue que je n’avais pas retenu son nom.

              Je ne vois cependant pas le rapport avec le libéralisme. Il y a des scientifiques ou des inventeurs géniaux dans tous les pays du monde et le système économique n’est pas l’important. D’ailleurs, l’Autriche-Hongrie du XIXe siècle était plutôt conservatrice.
              Le libéralisme permet à un inventeur, s’il trouve des capitaux, de commercialiser son invention et d’en tirer des bénéfices, cela c’est vrai. Malheureusement, pour une découverte qui est vraiment intéressante pour l’humanité, on en commercialise des centaines sans intérêt.
              Un exemple dans un autre domaine. Alberto Korda (un photographe de talent) qui est l’auteur d’une des plus célèbre photo du monde, celle du Che, a fait une photo géniale mais n’a jamais reçu un peso de droit d’auteur.
              Des centaines de chercheurs cubains ont fait avancer les recherches médicales dans leur pays mais leurs noms sont inconnus. Je stoppe ici parce que sinon nous allez m’accuser d’être un fan de Cuba.

            • robiocop21 10 octobre 2016 11:47

              Ah oui, un autre détail, s’il est vrai que le FMI ou l’OMC ne sont pas des entités démocratiquement élues, il me semble que les représentants auprès de ces organisations sont nommés par les états. 



              • Aristoto Aristoto 10 octobre 2016 17:25

                Faut faire gaffe au mot : L’occident n’est pas libéral ou libéraliste. Il est oppresseur aussi bien dans un moindre mesure à l’intérieur que plus globalement et très férocement à l’extérieur vis a vis de la très grosse proportion de la population mondiale.

                Après que ce soit avec l’outil marxiste ou n’importe quoi d’autre, effectivement il faudra y mettre un terme.

                Bon de leur coté les djihadiste essaye de le faire...mais il se trompe un peu et de combat et de méthode.


                • Trelawney 11 octobre 2016 08:39

                  Merci pour cet article fort intéressant. Je l’ai lu deux fois, mais ça n’est pas suffisant.

                  Dans la création et les développement historique d’un système économique dit capitaliste (Je l’appelle libéral), il ne faut pas oublier les vecteurs essentiels à son développement comme :

                  les guerres. de grande fortune se sont crée pendant les guerre comme la guerre de 100 ans où des chevaliers qui ont fait fortune par le pillage ont contribué ensuite à l’essor économique de certaines régions.

                  les erreurs politiques. L’abrogation de l’édit de Nantes par Louis XIV a entrainé un déplacement forcé de familles riches bourgeoises et protestantes de la France vers l’Allemagne et les Pays Bas. C’est cette décision qui a contribué et contribue encore à la richesse économique de ces pays.

                  la fragilité politique de certains états. la querelle intestine entre les York et les Lancastres pour la bataille du trône a permis à bon nombre de seigneurs d’Angleterre de faire main basse sur les terres et ruiner les paysans. Idem en France sous la révolution

                  En fait ce qui contribue à l’implantation durable d’une système libéral est l’opportunisme Les gouvernements et oligarchies ne mettent pas en place des systèmes pour facilité l’essor du libéralisme, mais tous les systèmes mis en place sont dévoyés par les opportunistes qui les retournent à leur avantage


                  • Pierre Pierre 11 octobre 2016 10:24

                    @Trelawney
                    Merci pour votre commentaire avec lequel je suis évidement d’accord. 

                    Jeyssey de Sourcesûre parle aussi des industriels allemands qui se sont enrichis durant la Seconde Guerre mondiale : Thyssen, Krupp etc. 
                    On pourrait aussi parler des croisades qui ont fait la fortune de pas mal de chevaliers et d’ordres religieux ou de la croisade contre les Albigeois.
                    Malgré la longueur de l’article, je suis resté dans les grandes lignes. Sur un millénaire d’histoire, il est inévitable de passer à coté d’événements importants mais l’intérêt d’un site comme AgoraVox est justement de permettre aux lecteurs d’écrire des commentaires qui enrichissent l’article. 

                  • Gorg Gorg 11 octobre 2016 20:32

                    @Pierre,

                    Merci pour votre article Pierre, un remarquable travail. On attend la suite ...


                    • JMBerniolles 11 octobre 2016 20:50
                      @Pierre

                      C’est toujours intéressant de vous lire

                      Merci beaucoup pour ce texte qui fixe bien les idées et les développements historiques.

                      D’une certaine manière vous démontrez que l’économie n’est pas une science.

                      Du coup elle ne peut prétendre à un certain absolu et imposer sa Loi.
                      La première erreur de tous ces systèmes est donc de mettre justement l’économie (surtout celle que l’on veut imposer) comme élément dominant.

                      Le néo libéralisme est un système où l’exploitation des travailleurs et des gens est maximum.
                      Sous le néo libéralisme les gens sont complètement dominés, c’est à dire que l’on n’exploite pas seulement leur force de travail, mais on façonne et contrôle leurs idées, - journalistes, experts en économie, énergie,... philosophes même-, et on guide leurs rêves,- publicités, showbizz, téléfilms...-.
                      et enfin on construit les idoles, les dirigeants, ... Finalement c’est très proche d’un système orwellien.

                      Comme les idées néo libérales ne plaisent pas naturellement aux gens, le système développe des façades : l’écologie politique et l’humanitaire.

                      C’est pourquoi je définirais ce système dominant comme écolo néo libéral.

                      Peut-être pourriez vous vous pencher sur le pouvoir de la monnaie que vous citez en exergue avec une citation de Warren Buffet je crois, mais cela pourrait être Georges Soros.

                      Dans le système néo libéral, la monnaie est la pierre angulaire de l’exploitation généralisée.

                      Par ailleurs je suis heureux d’apprendre que Poutine s’éloigne des thèses néo libérales. Grâce aux sanctions je crois et à son désir de se désengager de la tutelle du dollar.




                      • Trelawney 12 octobre 2016 08:30

                        @JMBerniolles
                        système orwellien.

                        Croire au Big Brother, c’est croire en dieu et mon expérience m’a convaincu de la non existence de dieu.

                        Une infime minorité (moins de 1% des habitants de la planète) possèdent la quasi totalité des richesses de ce monde. Est-ce que c’est le fruit du hasard ? Bien sur que oui. C’est à comparer avec un arbre qui pousse tout prés de la rivière et qui a 1000 fois trop d’eau pour vivre, alors qu’à 1 kilomètre de là des arbres meurt de sécheresse.

                        Il se trouve que les gens qui habitent cette planète ont un immense besoin de choses pour assurer leur survit. De l’autre coté on a ses choses (matières premières, nourriture, eau, objets manufacturés etc) qui sont en quantité très largement inférieure à nos besoins. Pour éviter les conflits et les guerre pour s’accaparer des richesses du voisins, on a inventé un système monétaire où la somme d’argent correspond à nos besoins, mais pas aux richesses. Donc une partie de cet argent est virtuel et une partie de ce que possède le 1% pourrait s’apparenter à du sable.

                        Lors de crise financière (éclatement de bulle, crise du pétrole etc) une partie de cet argent virtuel disparait et doit en partie (pas tout) être très vite remplacé par de l’argent obtenu par nos richesses. Cependant, la crise de 2008 marque une évolution : on a remplacé l’argent disparu par de la dette d’état et on a mis (et on met encore car c’est d’actualité) 10 ans à remplacer cette dette d’état par l’argent des impôts. Cela veut dire que les crises financière sont chroniques et tellement importantes qu’il faille trouver des moyens extrêmes pour y faire face.

                        Le néo libéralisme est un système où l’exploitation des travailleurs et des gens est maximum.

                        Lorsque le prix du pétrole baisse, parce que des gens profitant de la sur production mettent tout en œuvre pour faire baisser le cout. Il le faut pour que nous ayons une essence pas trop cher à la pompe et en faisant cela ils exploitent les pays producteurs (comme les pays du moyens orient, le Niger, le Venezuela etc) au point de créer des crises alimentaires dans ces pays. Le principal bénéficiaire de cette exploitation, c’est nous et nous nous inquiétons pas d’acheter du pétrole en dessous de son prix de revient. Il en revient à dire que dans ce monde, tout le monde est exploité et tout le monde est exploiteur.

                        Poutine s’éloigne des thèses néo libérales.

                        Tant que l’humain dirigera sa propre vie, il ne pourra s’éloigner de ce qui est le fluide de la vie à savoir la circulation monétaire. Tant que l’humain sera capable de tuer pour continuer à posséder un ordinateur, un téléphone portable, un système de soin correct, des denrées dans les rayons des magasins, il se devra de protéger coute que coute le garant de cette circulation monétaire, à savoir les banques.

                        C’est malheureusement la triste réalité

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