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« Anarchie, toutes taxes comprises » : l’imagerie punk a 40 ans

Mouvement créatif subversif par excellence, le punk fête cette année ses 40 ans. Au-delà du style musical, l’héritage artistique du mouvement « no future » est paradoxalement plus que jamais ancré dans la mémoire collective. Inspirations, expositions et régurgitation de clichés sur t-shirt pour jeune fille et bobos…

 

Les origines.

Même si on en trouve des prémices bien plus tôt, il est généralement admis que le mouvement punk nait entre avril 1976 à New York avec les Ramones, et novembre 1976 à Londres, avec les Sex Pixtols. En 1975, les platines vinyles diffusent un rock glam et une pop symphonique incarnés par Kiss, Bowie ou Elton John… Un an plus tard, dans un contexte de climat social dégradé et en réaction à l’ordre établit, le punk sera leur strict opposé : noir, brut et acéré.

 

Une explosion artistique.

Avec son leitmotiv « do it yourself », l’imagerie punk a souvent été considérée comme bas de gamme et peu sophistiquée. Mais elle est synonyme d’explosion artistique et d’émergence de canaux de diffusions incarnés par les fanzines, précurseurs des blogs et webzines qui les ont remplacés depuis.

Les pochettes d’album dont le graphisme est souvent dirigé par des musiciens eux mêmes (loin des agences de com), sont souvent de puissantes expressions revendicatives de créateurs sans formation artistique. Une démarche qui trouve écho dans l’art contemporain, avec l’avènement de l’outsider art désignant les créateurs marginaux, autodidactes, et élaborant leurs œuvres en dehors de l'influence du milieu artistique.

 

Une esthétique "coup de poing"

Graphisme mordant, collages, noirs et blanc sans nuance, photocopies à outrance dénaturant l’image ou créant l’accident comme le ferait Warhol avec ses sérigraphies, le punk pénètre tous les arts et la mode et présente un large éventail de productions.

Malcolm McLaren (manager des Sex Pistols) et son ex-femme Vivienne Westwood jouent un rôle fondamental dans le développement de la mode punk. Si le cuir revient au goût du jour, il s’émancipe des codes rocks et s’accessoirise d’épingles, badges, chaines… La mode, symbole d’une rébellion. Le t-shirt se fait revendicatif, arborant des messages et images politiques, les vêtements déchirés, lacérés, sont témoins d’une autodestruction. Pour mieux reconstruire ?

 

De la rue aux podiums… et aux supermarchés.

Les codes punk sont loin de s’être éteints avec les années 80. La haute couture s’est largement inspirée du mouvement avec Gaultier ou Mugler, et le street art s’inscrit en digne héritier de l’expression subversive punk des années 70.

Contrairement au rock grand public, on pouvait considérer il y a 15 ans que le mouvement punk échappait encore pour partie à la machine marketing et à la récupération commerciale. Pourtant, l'idéologie basée sur des concepts anarchistes, individuels, antiautoritaires et sa forte revendication de liberté, a tout pour plaire à un large public, des jeunes aux nostalgiques.

Les codes punk sont aujourd’hui digérés par les communicants. D’abord réservés à la promotion de produits underground, ils ventent aujourd’hui les qualités de produits grand public. Les Sex Pistols sont déclinés en parfum, comme l’ont été les reines marketing Céline Dion et Lady Gaga. Et des icones punk telles Iggy Pop ou Brian Ferry se transforment en hommes sandwich pour les galeries Lafayette et H&M…

 

Punk 2016 : underground ou produit dérivé ?

Dans ce contexte, on se demande ce qu’il reste de l’esprit punk aujourd’hui. Si le monde n’a « pas d’avenir », l’esthétique punk est partout. Dans la mode, avec le retour du perfecto, les vêtements déchirés, et les t-shirts Primark estampillés des slogans pourtant obscures pour leurs vendeurs. Scène vécue : « il te reste des t-shirts numéro future ? » … (sik) …

Dans l’art, le street artiste Banksy, d’abord érigé en digne héritier du punk, est devenu un des artistes les plus mainstream du moment. Ses graphs se retrouvent sur les coques de téléphone portable, les vêtements du petit dernier, et sont partagés sur instagram en illustration de citations pseudo-philosophiques pour adolescents.

Enfin, en cette année anniversaire, des expositions voient le jour dans les musées d’art contemporain prestigieux du monde entier, et dans les galeries d’art plus confidentielles. Des livres d’arts sont édités, reprenant les meilleurs affiches et pochettes d’album de l’époque. Le comble revient sans doute à la reine d’Angleterre qui instaure l’année 2016 « Année du punk » au grand désespoir des héritiers naturels du mouvement. 

 

No future ?

Alors, l’esprit du punk est-il mort quand ses codes ont été assimilés, dénaturés par la société de consommation ? Quand son esthétique sert de faire valoir à des entreprises mondialistes ou cotées en bourse ?

Pas vraiment. D’abord parce le punk est lui même un mouvement s’inspirant ou pillant d’autres courants comme le dadaïsme et le postmodernisme.

Ensuite parce que dans un monde inondé de fausses provoc’, il ne suffit pas de vendre un T-shirt imprimé "F*ck" pour être punk. Et surtout, parce qu’à chaque fois que son esthétique devient acceptable par les masses, des artistes vont plus loin, créant des messages visuels toujours plus provocateurs au service d’un message ou d’une démarche artistique. Finalement, tant qu’il restera dans l’humain quelque chose de rebelle contre l’establishment, le punk ne mourra pas. God save the punk ?


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5 réactions à cet article    


  • Gasty Gasty 24 novembre 2016 11:08

    L’aboutissement de toute une vie de Punk, c’est pour bientôt , la maison de retraite « no future ».


    • Gasty Gasty 24 novembre 2016 11:22

      @Tyrann’s orchid

      Il fallait que je « fuck » la planète.



      • Xenozoid 24 novembre 2016 14:40

        hahaha jamais tant rigolé


        bloody subcultures

        • KAR120C 24 novembre 2016 15:25

          Bryan (i Grec) Ferry icone Punk ??? Hum hum...j’ai un GROS doute..
          en 1975 Bowie lui était déjà passé à autre chose que le GlamRock et est même considéré comme un des pères spirituel du mouvement Punk , son écriture musicale ne s’étant jamais engluée dans les redondances boursouflées du rock de l’époque ce que critiquaient justement les punks. Preuve en est, il fut un des rares avec Iggy a être épargné par leurs critiques virulentes à l’époque..Maintenant bankable ou pas..Mc Laren voulait juste faire du bizness avec ça (et il a réussi) et Vivienne on a vu ce qu’elle est devenue..

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Auteur de l'article

Charlie


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