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Où en est l’affaire des détournements de Aix-en-Provence ?

Depuis bientôt un an, le juge d’instruction Marc Rivet a bouclé l’enquête qui vaut à Maryse Joissains, 74 ans et maire d'Aix-en-Provence, une mise en examen pour détournement de fonds publics et prise illégale d’intérêts.

Médiapart relance cette affaire car aujourd'hui, le parquet n'a toujours pas rédigé son réquisitoire, bizarre, non ?

Médiapart soupçonne d'amicales pressions de la part de la chancellerie...

Un nouveau procureur, Achille Kiriakides, a pris ses fonctions en septembre. Alors que cela va faire bientôt un an que le juge d’instruction Marc Rivet a bouclé l’enquête politico-financière qui vaut à Maryse Joissains, 74 ans, Maire de la ville, une mise en examen pour détournement de fonds publics et prise illégale d’intérêts, le nouveau procureur n'a pas plus trouvé le temps que son prédécesseur, de rédiger son réquisitoire... Une telle lenteur contagieuse met la puce à l'oreille du site qui se demande si il n'y aurait pas une relation entre le financement promis par l'Etat pour la construction d'une nouvelle cité judiciaire, qui se fait plus qu'attendre, et le risque d'y voir une des première condamnées être le Maire du coin.

Le passif Joissains

À la suite des élections municipales de 1977, et malgré deux annulations successives par le Conseil d'État, l'époux de l'actuel Maire, Alain Joissains, conquiert la mairie d'Aix-en-Provence en 1978. Mais à la veille des élections municipales suivantes de 1983, alors que le maire sortant est crédité de 66 % d'intentions de vote, éclate l'« affaire Joissains » : le maire est accusé d'avoir financé une partie de la villa de son beau-père avec l'argent de la municipalité. Alain Joissans est condamné à 150 000 FRF d'amende et deux ans de prison avec sursis pour « complicité de recel d’abus de biens sociaux »

Maryse Joissains-Masini

C'est en 2001 que Maryse Joissains gagne la Mairie d'Aix en Provence. Personne ne l'en délogera. Pourtant, dès 2001, le ton est donné puisqu'elle attribue le poste de chef de cabinet à son ex-mari. Le tribunal administratif estimera, sept ans après, que le contrat et ses avenants étaient illégaux et rédigés sur la base d’une rémunération excessive (environ 476 000 € en sept ans).

En 2007, Maryse Joissains-Masini attribue le poste d’adjointe à la culture et à la politique à sa fille, qui avait auparavant dirigé son cabinet à la communauté d’agglomération du pays d’Aix (CPA), que l'édile préside depuis 2002.

C'est cette propension au népotisme qui va provoquer l'enquête dont il est question.

Un "système" Joissains

D'après le dossier judiciaire, que Mediapart dit avoir consulté, trois employés territoriaux ont particulièrement retenu l’attention du juge d'instruction : la collaboratrice de cabinet Sylvie Roche, le chauffeur de la maire Omar Achouri et son fils Christophe Achouri.

La façon dont Sylvie Roche a été recrutée au cabinet de Maryse Joissains en septembre 2011 pour s’occuper de la maltraitance animale prêterait à rire s’il ne s’agissait pas de deniers publics. Voici ce qu’en dit la maire d’Aix-en-Provence lors de sa garde à vue, le 26 décembre 2013 : «  Un jour, j’ai rencontré à la campagne un chiot qui allait mourir, très maigre, un chien de chasse. J’ai appelé C. qui m’a renvoyée vers Sylvie. Elle m’a retrouvée une heure après vers la Sainte-Victoire. Elle a pris en charge l’animal avec tellement d’amour que je me suis dit qu’il me la fallait pour la cause animale.  » Sitôt dit, sitôt fait, Maryse Joissains propose à l’amie des bêtes un emploi payé 2 800 euros net, qui sera payée pour moitié par la ville et pour moitié par la Communauté d’agglomération (dont le Maire est aussi Présidente), avec voiture de fonction et secrétaire. Au moment de son embauche, Il existait pourtant déjà un service municipal chargé de recueillir les animaux abandonnés et de les conduire dans un refuge. Interrogée par le JI, Maryse Joissains répondra : « Je n’ai pas à motiver ma décision dès lors que je considère que Sylvie Roche répond à un besoin que j’ai personnellement ressenti ». Le juge a ressenti, quant à lui, que cette embauche sentait bon le détournement de fonds publics....

Le cas d’Omar Achouri est différent. Entré comme ouvrier à la ville en 1978, aussitôt après l’élection d’Alain Joissains, puis mis au placard par son successeur en raison de sa proximité avec l’ancien maire, il a refait surface dès l’arrivée au pouvoir de Maryse Joissains, dont il est le chauffeur personnel depuis 2001. Tous deux sont inséparables. Omar connaît tout le monde à Aix et fait remonter à sa patronne les rumeurs de la ville. Maryse Joissains ne tarit pas d’éloges sur lui : « Il est loyal, totalement (…). Souvent, il me conseille sur les personnes faisant partie de mon entourage, et de ce point de vue il a un jugement très sûr et détecte facilement les flagorneurs et les malhonnêtes dont il me détaille les comportements pour m’éclairer. »

Une telle abnégation, un tel zèle, ainsi que 18 années de placard méritent récompense, n'est-ce pas ? Et c'est ainsi que l'ouvrier placardisé devenu chauffeur-espion se voit attribué sur les fonds publics un généreux salaire de 4 400 euros net par mois, auquel il faut ajouter une gratification de 480 euros prélevés sur l'indemnité parlementaire destinée à rémunérer ses assistants. Mais en 2012, M. Joissains est battue aux législatives, ce qui compromet la gratification de son gentil chauffeur... Il faut alors qu'il soit, comme tout le monde, embauché au cabinet. Sauf que pour cela il faut que notre ouvrier accède à la catégorie A de la fonction publique... C'est pas gagné. Surtout que la commission paritaire recale l'impétrant. Qu'à cela ne tienne, Maryse Joissains défend sa candidature, qui est acceptée sans que personne n’ose émettre un avis contraire. Cette entorse aux règles de la fonction publique est qualifiée par le juge de prise illégale d’intérêts, en raison de la « proximité revendiquée » de l’élue avec le bénéficiaire. Omar Achouri a été placé sous le statut de témoin assisté.

La générosité (que l'on pourrait qualifiée de "socialiste" puisqu'excercée avec l'argent "des autres", c'est à dire des contribuables) de Maryse Joissains s’est répandue sur d’autres membres de la famille Achouri : la fille, les deux fils et la belle-fille du chauffeur ont été (ou sont encore) agents municipaux.

Le cas le plus emblématique est celui de Christophe Achouri, fils du chauffeur zélé, qui a bénéficié entre 2007 et 2012 d’un emploi considéré comme fictif par le juge d’instruction. Employé comme ouvrier de catégorie C au service des sports de la CPA, doté d’une voiture de service et d’une carte d’essence, il exerçait en parallèle la profession d’agent de joueurs de football, dont il a obtenu la licence en février 2008. Malheureusement pour lui et pour sa "généreuse" mécène, l'option "neurones" n'était cochée sur sa carte. En effet, alors que le JI a établi que le brave Christophe se rendait rarement à la piscine où il était censé travailler, il ne réfute en rien les faits et en rajoute même une couche : « J’arrivais régulièrement en retard, je ne prévenais personne sur le site lorsque je partais en congés et je ne les prévenais pas davantage lorsque je partais en arrêt maladie (…). Je ne peux pas dire que je croulais sous le travail, puisqu’il s’agissait de recevoir du public l’été seulement et de changer quelques ampoules. » Conclusion, mis en examen pour concussion.

La justice avance lentement, surtout quand la chancellerie ne "demande pas" au procureur de se dépêcher

La justice a fait montre jusqu’à présent d’une grande prudence à l’égard de Maryse Joissains. Soucieux de ne pas interférer avec la campagne électorale, le juge a attendu qu’elle soit réélue pour un troisième mandat avant de la convoquer, le 8 avril 2014, une semaine après le deuxième tour des municipales, pour son interrogatoire de première comparution. Au terme de plus de huit heures d’audition, sa mise en examen lui a été notifiée. Depuis..... Silence radio

Article paru sur Tous-Pourris ?


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13 réactions à cet article    


  • Piere CHALORY Piere CHALORY 1er décembre 2016 17:09

    Sans maquillage, cette femme passerait facilement comme zombie déterré fraîchement dans un épisode de Walking Dead ! 


    Même les yeux vitreux, tout y est.

     smiley

    Elle pourra toujours se reconvertir dans le cinéma gore le moment venu... 

    Pas encore lu l’article, je reviendrai plus tard j’ai des courses à faire

    @+

    • Piere CHALORY Piere CHALORY 2 décembre 2016 09:08

      Encore une sale affaire, au delà du physique exceptionnel de la prévenue, je retiens ; 


      ’’La justice avance lentement, surtout quand la chancellerie ne « demande pas » au procureur de se dépêcher’’

      Comme disait Lafontaine il y a juste 338 ans (1678) dans les Animaux Malades de la Peste :

      ’’Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.’’


      + de 3 siècles plus tard, malgré la ’’révolution des lumières’’, rien ne bouge.


      Les guignols de la cour sont toujours habillés pareil (en France), et si jamais tu fais des bêtises :


      Selon l’argent & le pouvoir que tu possèdes ; bon ou mauvais avocat tu auras, & dans ce cas là ; en prison tu finiras.


       smiley



    • Dzan 1er décembre 2016 17:58

      Mieux qu’ Andrieux, et pas punie ???


      • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 1er décembre 2016 18:06

        @Dzan

        Pas mieux que Balkany.

      • JMBerniolles 1er décembre 2016 19:12
        Alain et Maryse Joissains sont avocats de formation.
        Ils ont vraisemblablement été amenés à la politique par Ciccolini un avocat qui a été Maire d’Aix en Provence.

        Avec la court d’Aix en Provence les avocats sont plongés dans des affaires où la pègre, les responsables politiques et le monde judiciaire se mêlent et se soutiennent. Un de mes amis avocats, dont la femme avocate également travaillait pour Ciccolini a voulu rester intègre. Il a fini par se suicider après avoir sombré dans l’alcool. Cela définit assez bien la pesanteur du milieu.
        Les liens entre la pègre et les socialistes y sont traditionnels. On connaît ceux de Gaston Defferre, avec les Guérini, puis il y a eu l’avocat Pezet, grand avocat de la pègre locale qui était aussi le responsable des socialistes des Bouches du Rhône. et on connaît les frères Guérini, des homonymes, dont l’élu socialiste, que le parti a longtemps couvert.
        Le Maire socialiste d’Aix en Provence d’avant Maryse Joissains, un nommé Picheral, avait nommé un responsable de la police municipale qui était à la marge de la pègre. Il a magouillé avec les époux Guigou, avec sans doute des pôts de vin, pour créer une Technopole, le petit Arbois, alors que celle de Marseille à Château Gombert était quasiment vide, sur le thème principal du business vert.

        Significatif de l’ambiance également et des terribles réalités, le fait que dans les acteurs de l’horrible tuerie d’Auriol, il y avaient des militants de la CGT.

        Ces collusions prennent parfois un aspect pagnolesque comme pour les frères Saincené qui ont été déclarés morts par suicide dans un garage fermé de l’extérieur, alors qu’ils ont été asphyxiés dans une voiture après avoir été endormis.

        Au milieu de tout cela il y a le trafic de drogue, les machines à sous.... La dégradation de la situation à Marseille est telle qu’il y a des zones de non droits qui représentent plusieurs quartiers.
        Des fusillades régulières ont lieu dans des lieux fréquentés, dans le trafic routier ....

        Simplement pour situer l’affaire décrite dans le contexte local. Je pense que Maryse Joissains dont on ne peut nier la personnalité, a besoin de gardes du corps.






        • Garibaldi2 2 décembre 2016 04:04

          @JMBerniolles

          Les auteurs de la tuerie d’Auriol étaient membres du SAC. Ils ont été condamnés et leurs noms sont : Jean-Joseph Maria, Lionel Collard, Ange Poletti, Jean-Bruno Finochietti, Didier Campana et Jean-François Massoni. Pouvez-vous préciser lesquels étaient militants à la CGT (non pas simples adhérents, mais militants) ?

          Merci.


        • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 2 décembre 2016 07:56

          @JMBerniolles

          Maryse Joissains était UMP, et maintenant elle est LR.

          Pourquoi limiter les exemples aux pourris qui ont utilisé le lobby socialiste pour généraliser la corruption ?
          Le camp des Marseillais et des Corses dont Pasqua (le « parrain » de Sarkozy) était la clé de voûte n’a rien à envier à celui de Deferre. Leurs étiquettes politiques ne sont que l’affichage de leur zone de chalandise, leur clientélisme.
          Avant tout, ce sont des mafieux. Le reste, c’est pour amuser la galerie. Le seconds couteaux, eux, travaillent pour celui qui paie le mieux. A condition de respecter l’omerta, évidemment.


        • JMBerniolles 2 décembre 2016 09:37
          @Jeussey de Sourcesûre

          J’ai cité les frères Saincené qui étaient liés à Gaudin.

          Et j’ai parlé d’un milieu politique pourri en général.

          Il y avait l’exception du PC, au sein duquel il y avait un marxisme vivant, tout cela a disparu avec la dérive du PC, les alliances électoralistes, la montée d’opportunistes et de responsables mal formés, naïfs... il y a aussi des intrigants et manœuvriers. 
          En fait dans la Région tout se sait. Globalement il ne s’y passe pas plus de choses qu’ailleurs, simplement cela se voit.
          Par exemple je ne crois pas que Gaston Defferre ait commandité un assassinat.
          Mitterrand si. Si Bérégovoy un compagnon et une caution de longue date n’a sans doute pas été assassiné, Mitterrand l’a poussé au suicide.
          Aujourd’hui nous en sommes à l’organisation de False flags des attentats terroristes commis par des individus bien connus des services secrets et autres. La promotion des frères musulmans en France. Un soutien à l’étranger de groupes terroristes...

          Je souligne cela simplement pour avertir ceux qui croient que l’on peut sortir tranquillement du système.



        • JMBerniolles 2 décembre 2016 09:43
          @Garibaldi2

          Je me souvenais pour Campana, mais il y avait aussi Massoni et Poletti, donc ce n’était pas seulement un problème individuel.

          Sans doute des indics infiltrés à la CGT , où des gens tenus par le jeu et autres....



        • Garibaldi2 3 décembre 2016 02:57

          @JMBerniolles

          Donc des militants ou des taupes ?


        • JMBerniolles 3 décembre 2016 09:35
          @Garibaldi2

          Avoir une vue binaire de ce genre de question signifie ne rien connaître aux dérives, compromissions, déviances qui ont miné ce qui était la Gauche.

          Particulièrement dans la région marseillaise.
          Alors qu’il y avait une solide pratique marxiste, avec des leaders courageux, une réelle présence dans les quartiers, d’amples mouvements sociaux avec l’action puissante des dockers par exemple, tout cela s’est dissous au gré des compromissions de l’état major du PC. Et du tournant opportuniste pris à la CGT par Bernard Thibault. 

          Coppola après avoir été le porte valise de Vauzelle, s’est ensuite rabattu sur les écolos du cru.
          Une bande de bras cassés incapables de défendre une ligne cohérente. Qui sont principalement des agents commerciaux pour le business verts que les gens du coin rejettent maintenant.


        • LE CHAT LE CHAT 2 décembre 2016 11:44

          au même point que les magouilles à Guérini !

          et 5 ans pour condamner Sylvie Andrieu !

          La justice est particulièrement lente pour les élus des BDR

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