François Hollande, Manuel Valls, Arnaud Montebourg et les antibiotiques
Pour que la Gauche change et s'unisse enfin !
La crise économique, sociale et environnementale que nous vivons est sans précédant mais c'est avant tout sur son volet démocratique qu'il faut se pencher. Le divorce entre l'oligarchie politique instituée par la Vème République et la majorité des citoyens conduit ces derniers à la défiance, à des choix de révoltes comme en attestent ailleurs les résultats des éléctions américaines ou plus près de nous l'élimination d'un ex-Président de la République et du favori des sondages à la primaire de la droite et du centre. La Gauche française n'est pas préservée de ce phénomène qui grandit, loin de là.
En toute lucidité, la possibilité de nous diriger vers un nouveau 21 avril est très envisageable, inéluctable sans doute si rien n'évolue. "Le changement, c'est maintenant" nous promettait le candidat du Parti Socialiste, force est de constater qu'au terme du quinquennat que les stratégies, pratiques et discours politiques n'ont pas évolué ni à l'Elysée, ni dans les ministères, les quelques membres du gouvernement portant une dissonnance pourtant salutaire (à l'image d'Arnaud Montebourg, Aurélie Filippetti ou encore Christiane Taubira) ayant été invités à partir ou étant partis d'eux-mêmes.
Au sortir de cinq années de gouvernement Hollande-Ayrault-Valls et maintenant Cazeneuve, le solde entre les engagements de campagne tenus et ceux non tenus justifie à lui seul la déception et la colère dans les rangs du peuple de Gauche, notamment les classes moyennes et populaires qui aspiraient en 2012 à se libérer de la violence des politiques lorsque Nicolas Sarkozy était à l'Elysée et François Fillon à Matignon. Le discours du Bourget "a fait pschit" aurait pu déclarer un ancien locataire du 55 rue du Faubourg Saint-Honoré et les ambitions de réformes se sont vite ensablées dans une rigueur de gestion sans volonté politique, donc dans quelque chose qui ne correspondait plus à la parole pourtant donnée.
C'est dans un contexte lugubre de fin de règne qu'est intervenu François Hollande afin d'annoncer qu'il ne sera pas candidat à sa propre succession. Il était naturel qu'il revendique quelques avancées sociétales comme le "mariage pour tous", ses efforts pour préserver l'unité nationale après les attentats qui ont frappés notre pays ou le succès de la COP 21. Il était également normal que le Président de la République regrette son choix concernant la déchéance de la nationalité. Il était essentiel qu'il admette que sa candidature n'était ni souhaitable, ni souhaitée.
Mais les silences du non-candidat sur le sacrifice du dialogue social et des droits des salariés sur l'autel de la compétitivité, le choix du Pacte de responsabilité au détriment d'une politique volontaire de relance, le coup d'état permanent par le recours à la menace ou à l'usage antidémocratique de l'article 49-3 par un Manuel Valls préférant contraindre à convaincre, le maintien de la centrale nucléraire de Fessenheim, tous ces silences et tant d'autres sont autant d'aveux de l'échec global d'une orientation, d'une méthode et d'un discours.
Depuis l'annonce fracassante du Président de la République intervenue le 1er décembre dernier, nombre de commentateurs politiques avertis tentent de vendre aux français la candidature de Manuel Valls comme naturelle. Comment, en partageant le bilan de Francois Hollande, l'ex-Premier Ministre chargé d'exécuter la politique voulue par le chef de l'Etat pourrait être plus légitime que le principal intéressé ?
Non, la solution Manuel Valls, c'est comme les antibiotiques, ce n'est pas automatique ! Pour filer la métaphore médicale, le salut de la France passe par un vaccin à l'effet radical qui a pour nom "Le changement", mais le vrai ce coup-ci. Dès lors, la candidature de l'ancien chef du gouvernement s'auto-disqualifie.
L'alternative que les électeurs de Gauche désabusés choisiront peut-être, nécessite le rassemblement des progressistes et des écologistes. On ne peut pas affirmer qu'à cette heure que les passerelles existent entre les différentes voix qui se font entendre, mais la destinée de notre pays et de nos concitoyens vaut bien la synthèse des Gauches et de l'Ecologie. Pour ma part, je pense qu'Arnaud Montebourg est le plus à même d'incarner la démarche et d'initier une dynamique plurielle et unitaire.
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