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Accueil du site > Tribune Libre > Comment François Hollande a intégré le logiciel de l’extrême-droite

Comment François Hollande a intégré le logiciel de l’extrême-droite

C’est François Hollande lui-même qui a élargi la faille morale dans laquelle s’est engouffrée l’extrême droite. Par avance, il a décrédibilisé le discours électoral du Parti socialiste. Il est incompréhensible à première vue que le Président de la République soit tombé dans ces pièges politiques. Mais en analysant sa façon de penser, c’est parfaitement compréhensible.

Il a longtemps été d’usage au Parti socialiste que le discours de « conquête du pouvoir » soit de gauche, qu’après le premier tour des présidentielles les « éléments de langage » se recentrent, puis que l’exercice du gouvernement abandonne les énoncés de la campagne. François Hollande illustre jusqu’à la caricature cette façon de faire. On ne reviendra pas sur « la finance, c’est mon ennemi », puis sur sa pratique ; le mariage homosexuel est le seul marqueur social, finalement, qui nous dirait que François Hollande a été de gauche, même si on peut le suspecter d’avoir diverti l’opinion des véritables problèmes du pays à travers la polémique qu’il permettait de créer.

Plaisir de roi, probablement, mais qu’il n’a pas goûté très longtemps.

Car, en moins de un an, à partir de novembre 2016, François Hollande a abandonné, en une vraie faillite morale, toutes ces valeurs qui vont bien au-delà de la Gauche et marquent, pour tous les démocrates, l’identité propre de notre pays et de l’Europe.

Fin analyste poltique, François Hollande est justement trop dans l’analyse. Cette complexité de l’homme l’entraîne bien au-delà du florentisme de François Mitterrand, complexifie sa propre complexité, en quelque sorte, jusqu’à ce qu’elle se perde en elle-même. Certes, la main droite de François Mitterrand ignorait souvent ce que faisait sa main gauche. Mais, même s’il a soutenu les exactions de la France lors de la guerre d’indépendance algérienne, il a été un résistant courageux, voire téméraire, et a combattu comme Président les nationalismes européens, en soulignant qu’ils menaient inéluctablement à la guerre.

François Hollande l’analyste suit les mouvements de l’opinion ou, plutôt, les sur-analyse. L’opinion bascule-t-elle vers l’extrême droite ? Eh, bien on basculera avec elle, on marquera que, nous aussi, le Gouvernement, nous pouvons être autoritaires, intransigeants. Il en découle la tentative de déchéance de la nationalité française, la permanence d’un Etat d’urgence conçu comme provisoire. Or, comment un état d’urgence « provisoire » peut-il être « permanent » : c’est cela, François Hollande, la contradiction sémantique permanente et, derrière, la dérive. Ses mots n’ont pas de sens. Discours pour les discours. Discours pour cacher l’impuissance, la désorientation. Pas de sens, pas d’identité, pas d’existence, pas de direction.

A ce piège de la perte d’identité, il a pris toute la gauche. L’illustre, encore à la caricature, le discours aux Primaires de gauche de Manuel Valls : voilà un ancien Premier Ministre qui gouverne selon certaines valeurs de l’extrême-droite (déchéance de la nationalité, sur-fichage, état d’urgence, interdictions de manifester, menaces, violences verbales, répressives) ; puis, voilà un ex-Premier Ministre qui va faire campagne à « gauche », promettant que, lui, Président, il supprimera l’article 49.3. Il s’agit d’une sorte de point asymptotique d’une pensée ou la manipulation des « éléments de langage » ‑ mais en fait les valeurs fondatrices du pays ‑, atteint l’irréel à force de positionnements tactiques. Comment imaginer, si Manuel Valls gagne les primaires, qu’il obtienne le soutien de ses concurrents ? C’est là une vraie faille, une faillite nationale au sens propre du terme.

La schizophrénie culturelle entre le Parti socialiste dans l’opposition et le Parti socialiste au pouvoir fait, étrangement, écho au bipartisme qui a fondé la vie politique française jusqu’en 2012. Or, nous sommes à présent dans un tripartisme d’opinion, qui ne manquera pas de se transcrire au Parlement. Voilà pourquoi, au soir des attentats du Bataclan, François Hollande n’a pas entraîné l’opinion vers plus de démocratie, comme il avait semblé commencé à le faire, un an avant, en prenant la tête des manifestants après l’attentat de Charlie Hebdo. Au contraire, en 2016, il a brandi l’état d’urgence pour faire oublier les failles de la surveillance, sur-soulignant alors l’impression de vouloir maintenir une oligarchie politique au pouvoir, au service de laquelle il met tout un système administratif, institutionnel, constitutionnel, policier.

C’est cela la façon de penser de François Hollande. Ne pas vouloir penser la réforme profonde qu’attendent les Français. Laisser se clore un système, qui est aussi son système de pensée : couvre feu pour Nuit Debout Place de la République, par exemple, mouvement qui a tenté l’amorce d’une réflexion collective ; manipulations médiatiques de toutes sortes ; collectivités locales et Parlement non représentatifs de nos opinions publiques locales et nationales, exemples encore plus forts, énormes, collectifs, synthèse de toutes les synthèses. Si le Front national arrive au pouvoir, le scrutin majoritaire fera que sa victoire sera totale. Ce refus d’une réforme profonde, ces confusions, ces flous d’une pensée sur-systémique alimentent le fait que, de toutes parts, tout nous dit que, non, nous ne sommes plus en démocratie et le serons de moins en moins.

En même temps qu’il met en scène une fausse réalité, pour autant, François Hollande a une curieuse façon de se regarder, de se théâtraliser lui-même : ce qui est frappant, dans le livre Un Président n’aurait jamais dû dire ça, c’est ce regard de commentateur extérieur qu’il jette sur sa propre action, cette attente sous-jacente que les journalistes lui tendent ses raisonnements en miroir, un miroir où on dirait parfois qu’il serait prêt à ne pas se reconnaître lui-même. Comme une quête spirituelle inversée, pour tenter une image. Ce qui scandalise, au passage, c’est qu’il annonce avoir ordonné des crimes d’Etat, comme si cela prouvait qu’il est à la hauteur de la fonction qu’il voudrait incarner. Or, cela accentue l’idée d’une dérive morale alors qu’il s’agit, tout de même, de terroristes avérés. Paradoxe terrifiant, même si l’on ne songe pas aux dérives qui ont eu et ont lieu sous le couvert du secret-défense, et concernent une population étendue bien au-delà des seuls djihadistes.

Puis, en final, voici que ce livre, Un Président n’aurait jamais dû dire ça, crée une bronca, habilement amplifiée par Manuel Valls, jusqu’à ce que celui-ci assène le coup final en dévorant une entrecôte devant Monsieur Hollande. Et voici que, dans cette impasse médiatique, politique, institutionnelle, ce dernier renonce à se représenter aux présidentielles. A avoir nourri toutes ces complexités, avoir voulu profiter de leurs ombres, les avoir complexifiées, voilà que sa propre pensée a arrêté ce destin par lequel il espérait « entrer dans l’histoire ». François Hollande est un personnage de roman qui, comme tout personnage, s’invente lui-même constamment. Mais quelles ombres aura-t-il fait entrer dans l’histoire en tombant dans ses propres pièges ?


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6 réactions à cet article    


  • Le décoré de la francisque :
     
    « Avec Maastricht je cloue les mains de l’Allemagne sur le bureau »
     
     
    Sur une base 100 de PIB industriel à ce moment, on en est maintenant à :
     
    Allemagne 145
     
    Italie 85
     
    ex-France 65 !!!!

     
     
     
    Le sphinx n’était qu’un crétin ...
     


    • Pimpin 23 janvier 2017 17:08

      Oui, on sait, tout ce qui n’est pas socialiste est d’extrême droite !

      Une autre politique que socialiste est impossible, c’est forcément une dictature.
      Les dictatures nationale socialiste, de l’union des républiques socialistes soviétique, de l’Allemagne république socialiste, tout cela n’a jamais existé, ce n’était que de l’extrémisme de droite.

      • troletbuse troletbuse 23 janvier 2017 19:45

        Moi, je trouve plutôt qu’il s’est plutôt désintégrer en plein quinquin quenat  smiley


        • troletbuse troletbuse 23 janvier 2017 19:50

          @troletbuse
          Veuillez m’excuser pour la faute d’orthographe. Le caniche d’Obama effectuait un « caincain quenat » comme Sarko.


        • troletbuse troletbuse 23 janvier 2017 20:10

          @troletbuse
          De plus, j’ai cité Sarko parce qu’à force de lire Fergugus et Grounichou, j’ai chopé une fergussonnite doublée d’une grounichoïte aigüe et le vaccin n’est pas encotr au point.


        • Onecinikiou 24 janvier 2017 08:45

          Article qui confine à la masturbation intellectuelle, maniant forces sophismes et poncifs éculés. C’est zéro pointé.

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