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Accueil du site > Tribune Libre > 50 ans de transition écologique : 1968-2018

50 ans de transition écologique : 1968-2018

Dès les années 1970, la nécessité de changer les modes de fonctionnement des sociétés occidentales devenait évidente. Que s’est-il passé durant 4 septennats et 3 quinquennats (43 ans) de Présidence de la République ? 

  Le premier choc qui interrompt la vigoureuse reconstruction d’après-guerre débute en 1971 à la suite du dépassement supposé du maximum possible de production de pétrole aux Etats-Unis. De fait la production américaine décroîtra continument jusqu’à 2010, année où les pétroles de schiste permettront de relancer la production locale. Une crise économique importante se déroule en 1973 accompagnée ou due à une brutale hausse du coût du pétrole.

 Les mesures prises par les pays victimes des chocs pétroliers de 1973 puis de 1979 concernent essentiellement les énergies fossiles. Des programmes d’exploration pétrolière sont lancés, notamment en Mer du Nord, en Alaska et en Afrique de l’Ouest. Le charbon et le gaz sont mis à contribution afin de pallier les insuffisances d’approvisionnements en pétrole. Des centrales nucléaires sont également construites en France, aux Etats-Unis et au Japon. Des programmes de recherche sur les énergies alternatives sont financés. Les pays tentent également de diminuer leur consommation d’énergie. Ainsi, en 1975, la France passe en heure d’été grâce à une réforme instaurée par M. Valéry Giscard d’Estaing ; il s’agit d’éviter la surconsommation d’électricité en profitant de la lumière naturelle.

 En 1980, le manque à terme des énergies fossiles est patent (même si de nouveaux gisements sont découverts), les possibilités alternatives sont connues et les techniques éprouvées (photovoltaïque, éolien), la nécessité impérieuse de consommer moins de tout est présente dans tous les esprits. L'accident nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux en 1980 permettait à tous et à chacun de se rendre compte des dangers de cette technique. En bref, les termes du problème existentiel qui se posait étaient parfaitement connus il y a plus de 40 ans et les solutions techniquement possibles étaient répertoriées.

 Pourtant, que se passa-t-il !

 Depuis 1980 la quantité totale d’énergie consommée par la France n’a pas cessé d’augmenter. L’énergie de provenance nucléaire permit de subvenir aux besoins qui survenaient. Le secteur résidentiel – tertiaire (logement des ménages et activités de service : commerces, bureaux...) et les transports contribuent pour la plus grande part des dépenses énergétiques de la France, l’augmentation observée leur est imputable. La consommation du secteur tertiaire correspond au chauffage, à l’eau chaude sanitaire, à la climatisation, à l’éclairage, à la micro-informatique, aux entrepôts frigorifiques, aux data centers… tous ces postes se révèlent de plus en plus gourmands en énergie. Pour ce qui concerne les transports, le parc automobile (véhicules particuliers et utilitaires, autocars) fut multiplié par 3 entre 1970 et 2016. L’augmentation considérable des services et l’amoindrissement considérable du secteur industriel fut aussi accompagné par un endettement croissant de l’État. La France s'endette non pas pour assurer des investissements long terme mais majoritairement pour assurer des dépenses de fonctionnement. Non seulement la sobriété nécessaire à la survie des sociétés ne fut pas mise en œuvre mais un confort à crédit a été installé par toutes les forces politiques, de gauche comme par de droite.

 La goinfrerie peut-elle être satisfaite par les diverses techniques permettant d’obtenir des énergies renouvelables ? La consommation d'énergie primaire en France se répartissait en 2014 en 47 % de combustibles fossiles (pétrole, gaz, charbon), 43% nucléaire, 10% d'énergies renouvelables. Il est constamment fait appel à la notion de mix énergétique permettant de subvenir aux besoins futurs en énergie : quelle est sa composition ?

  Le bois (et la biomasse) représente 39% du secteur des énergies renouvelables Les prélèvements forestiers sont nettement inférieurs à l’accroissement naturel ce qui conduit à une augmentation du stock de bois. Le volume des bois récoltés augmente d’environ 25% entre les années soixante-dix et 2014. La forêt recouvre environ 30 % du territoire national et pourtant affiche chaque année une balance commerciale fortement négative.

 Les barrages hydrauliques fournissent une part importante de la consommation totale d’énergie (23,6%). Bien que considérés comme sûrs, un défaut de conception ou d'entretien peut conduire à des catastrophes comme en 1959 au barrage de Malpasset dont la rupture causa 423 victimes. En France, il y a plusieurs milliers d’installations hydroélectriques de différentes tailles dont 436 exploitées par EDF. La production hydroélectrique reste à peu près constante de 1980 à nos jours (de 68 à 67,7 TWh) marquant probablement la saturation des sites pouvant être équipés.

 Un biocarburant (contribution : 11,6%) est un carburant produit à partir de matériaux de la biomasse (huile végétale, graisse animale, cellulose, lignine hydrolysée…). Le fait d’utiliser des terres soustraites à la production alimentaire pour la production d'agro-carburants suscite de vives oppositions. L’objectif affiché est d’atteindre 10% d’énergie renouvelable dans les transports en 2020. Le développement des biocarburants en France n'a débuté qu'après 1992 et depuis leur production et leur consommation sont en nette augmentation avec une croissance annuelle de 20 à 30%.

 Une pompe à chaleur (contribution : 6,8%) est un dispositif permettant de transférer de l'énergie thermique d'un milieu à basse température vers un milieu à haute température. Elle nécessite un apport d’énergie, le rapport énergie thermique restituée sur énergie électrique consommée peut atteindre 3, ainsi 1 kWh d'électricité peut produire 3 kWh de chauffage.

 L’énergie tirée du vent grâce aux éoliennes (contribution : 6,6%) : la France a fait le choix au début des années 2000 de soutenir le développement de l’énergie éolienne. Entre 2000 et 2009, la puissance éolienne raccordée par année a été multipliée par 25. L’insécurité juridique, les procédures administratives, les variations du tarif d’achat expliquent pour la plus grande part la progression irrégulière des implantations. 95 % des éoliennes installées en France jusqu'à mai 2014 provenaient de fabricants étrangers. Une éolienne peut fournir une puissance d’environ 2 MW. À cause du niveau sonore engendré la distance minimale entre les éoliennes et les zones urbaines d’habitation est de 500 m.

 La puissance installée en panneaux photovoltaïques (contribution au total : 2,3%) a commencé à décoller à partir de l’année 2000 : en deux ans, les installations ont été multipliés par plus de 300. Certains des premiers équipements de panneaux solaires installés en 1970 sont apparemment toujours en fonctionnement.

 Les contributions des autres procédés se segmentent comme suit : Déchets renouvelables (usine d’incinération des ordures ménagères) 4,9%, Biogaz 2,2%, Géothermie 1%, Solaire thermique 0,4%, Énergies marines 0,2%

 Les trente années écoulées sont marquées par la tertiarisation de l’économie : moins d’un salarié sur six travaille dans des activités industrielles contre plus d’un sur quatre voici trente ans. Le secteur des services est a priori moins demandeur en énergie que celui des industries de transformation. Il est donc légitime de se demander à quoi a été utilisé l’énergie produite ? La consommation d’énergie primaire a progressé de 4 Mtep* par an en moyenne pendant les années 90, puis de 2 Mtep seulement en 2001 et 2002, et depuis 2004, elle est stable. Le transport et l’automobile ont eu une part importante dans cette augmentation de la voracité énergétique, tout comme les différents postes du secteur résidentiel-tertiaire.

 Peut-on en conséquence abandonner l’énergie nucléaire ?

 À côté des problèmes de dangerosité et de coût qui ont été débattus à de multiples reprises, il faut ajouter que, indépendamment du choix fait, la France devra travailler avec ardeur dans le domaine du nucléaire pendant plusieurs dizaines d’années pour démanteler les centrales devenues obsolètes. Le savoir faire réel des équipes françaises garantit une optimisation des techniques non pas en fonction d’une certaine idée de la concurrence mais en fonction de la compétence et de l’intégrité de membres d’un corps d’élite. Les français doivent-ils plutôt faire confiance à des polytechniciens ou à M. Cohn-Bendit ? Poser la question c’est y répondre.

 En 2014 en France, 0,6% de l’énergie totale consommée était fourni par des éoliennes : la couverture de l’ensemble des besoins énergétiques par ce biais (ou/et par des cellules photovoltaïques) demanderait un effort considérable mais techniquement accessible. Chaque année, 500 éoliennes environ sont mises en service, soit environ 1 000 MW (l’équivalent de la puissance de 1,5 centrale thermique). L’Espagne, le Portugal, le Danemark et plusieurs autres pays européens sont plus avancés que la France dans cette direction.

 La « révolution numérique » permettra-t-elle de trouver des solutions inédites aux problèmes d’approvisionnement énergétique (et d’ailleurs aussi à la raréfaction de beaucoup de minerais indispensables) ? Les ordinateurs s’ils consomment évidemment beaucoup d’énergie vont-ils permettre d’en économiser ? Une réponse pourra être faite dès que l’on expliquera par quel moyen.

 L’abandon du tissu industriel français, y compris celui qui fournissait les technologies nécessaires à l’exploitation de l’énergie solaire, la fourniture sans limite d’énergie à des populations ainsi habituées à ne plus en saisir la valeur, vouloir changer la planète entière en étant incapable de le faire pour des populations qui y étaient prêtes, avoir en tête comme mesures représentatives des efforts faits le décalage d’horaire en hiver et l’émission de vignettes pour l’automobile, tout cela peut sembler dérisoire… mais peut-être qu’à l’abri des regards quelqu’un ou quelqu’une a compris les problèmes et maintient le cap vers le bonheur universel ?

 


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10 réactions à cet article    


  •  
    50 ans de branlette :
     
    VIVE LE BÉTON ! VIVE L’IMMIGRATION !
     
     
    « Il y a trop d’hommes dans le tiers monde [....] L’arrêt de la croissance démographique est encore plus urgente dans les pays développés comme la France [pays avant la colonie de repeuplement Boobaland ...] Suppression des encouragements après le 2eme enfant [donc pour les 9 sœurs à Coulibaly ... blasphème !!!! ] » 

    René Dumont, vrai écologiste, du coté obscure de la force : pas un guignol uropéiste otanien négrier vert pour Krupp et Bayer ...

     
    https://www.youtube.com/watch?v=gCT5FA8_cRA


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 7 février 2017 13:01

      @La Baudruche négrière patronale verdie

      M. René Dumont est, il est vrai, un Homme bien.

    • JC_Lavau JC_Lavau 7 février 2017 13:37

      Aucune remise à plat des bobards reçus.

       smiley

      • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 7 février 2017 13:52

        @JC_Lavau
        J’ai essayé de me faire une opinion, il est vrai que les conclusions ne sont pas sensationnelles. À titre personnel, je pense qu’il serait suicidaire d’abandonner le nucléaire même si j’ai travaillé 20 ans sur les cellules solaires organiques.


      • baldis30 7 février 2017 16:08

         « il s’agit d’éviter la surconsommation d’électricité en profitant de la lumière naturelle. »

         faux il s’agissait de laminer la courbe de charge pour faire moins appel aux hydrocarbures en période de pointe !

        « En 2014 en France, 0,6% de l’énergie totale consommée était fourni par des éoliennes : la couverture de l’ensemble des besoins énergétiques par ce biais (ou/et par des cellules photovoltaïques) demanderait un effort considérable mais techniquement accessible. Chaque année, 500 éoliennes environ sont mises en service, soit environ 1 000 MW (l’équivalent de la puissance de 1,5 centrale thermique). L’Espagne, le Portugal, le Danemark et plusieurs autres pays européens sont plus avancés que la France dans cette direction. »

         Et vous faites fonctionner tout ce système en réseau séparé en garantissant une fréquence ... S’il n’y avait le nucléaire français certains de ces pays seraient réduits au NOIR ABSOLU ! Ah vos éoliennes comme vos hydroliennes ... toutes en alternateurs asynchrones ... merveilleux Pourquoi ne pas installer des éoliennes sur les TGV .. à 80 m/sec qu’est ce qu’on récupérerait comme énergie !

        Curieux comme tous les chimistes oublient d’attaquer le pétrole ; étrange et bizarre .... Alors qu’aucune politique n’a été menée - et là pour les socialistes en particulier, je sais de quoi et de qui je parle-. je peux même vous parler de la préparation d’une certaine « exception d’irrecevabilité qui fut reçu » ! 

        Alors quelques exemples : Exxon Valdez, Shell Amoco-Cadiz, Raffinerie de Feyzin... 


        • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 7 février 2017 17:04

          @baldis30

          Ma formulation pour le décalage de l’heure n’est pas incompatible avec la votre.
          Le stockage de l’énergie est, il est vrai, un énorme problème. La seule utilisation d’énergies renouvelables nécessiterait un changement complet de société : on peut vivre sans électricité dans une ferme pas dans un gratte-ciel. 

        • baldis30 7 février 2017 18:42

          @Jacques-Robert SIMON

           cela s’appelle le lissage de la courbe de charge ... pas autre chose !


        • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 7 février 2017 20:14

          @baldis30

          Si vous le souhaitez. Je pense cependant que « courbe de charge » et « lissage » demandent une explication. 

        • baldis30 9 février 2017 08:11

          @Jacques-Robert SIMON

          Si on ne connaît pas ce problème il est inutile de parler de problèmes d’énergie en général et d’électricité en particulier . On est à la fois en pleine rhétorique sans aucune base ni sociale, ni technique. On aligne des mots sans savoir ce que l’on dit ....

           smiley

           


        • Trelawney 9 février 2017 08:42

          @baldis30
           Je pense cependant que « courbe de charge » et « lissage » demandent une explication. 

          Certain pays et notamment ceux du nord de l’Europe savent très bien lisser leurs besoins en électricité. Les pays de l’Europe du sud dont la France le savent beaucoup moins.
          Pour ce qui est de la France : l’effet de pointe en besoin d’électricité est occasionnée par le chauffage, l’électricité, les transports (train, métro, tramway). Donc si vers 7 heure du matin s’il fait très froid en France avec un ciel couvert qui oblige à s’éclairer et des transports en commun plus utilisés (neige, verglas). Vous avez un bon cocktail pour avoir une panne de courant généralisée sur toute la France. C’est un peu comme si chez vous, vous allumiez tous les appareils électriques en même temps : ça disjoncte.
          La France produit assez de courant pour ses besoins, mais si elle veut lisser comme le font les pays scandinaves, elle doit réduire considérablement les moyens de chauffage électriques par convection et les remplacer par de la biomasse ou même du gaz. Elle ne peut réduire les dépenses du aux transports autrement qu’en créant des matériels moins énergivore ou avec des batteries que l’on connecte lors des besoins
          En fait le développement énergétique en France se ferra plus par la façon dont on consomme du courant que par la façon dont on le produit

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