A Londres, Macron donne des leçons d’europhilie aux Anglais et annonce la couleur
Le candidat à la présidence de la région France d’Europe annonce à Londres qu'il "défendrait la relation spéciale entre la Grande-Bretagne et l'Union Européenne"
Macron n’est pas seulement candidat aux présidentielles françaises dont tout le monde a bien perçu les limites à travers Mimolette. Son narcissisme stimulé et hypertrophié par les chefs de projet qui l’ont lancé sur le marché aux zélus l’a poussé hier mardi 21 février à franchir la Manche pour s’adresser aux Bretons (les grands, pas les-nôtres) qu’il considère sans doute comme ses futurs administrés en sachant que le poste de Préfet des Gaules n’est pour lui qu’un tremplin pour accéder à un poste d’une autre envergure : alors que les Bretons avaient décidé de ne plus participer aux ébats parlementaires de Strasbourg, il est venu leur expliquer que lui, Emmanuel, ferait tout pour atténuer les conséquences dramatiques de cette erreur historique en leur faisant l’éloge (mais pas la liste) des bienfaits d'une "politique européenne commune" et a déclaré qu'il tirerait les leçons de l'échec de la campagne de David Cameron. A quel titre ? Emmanuel ne représente que lui-même, jusqu’à preuve du contraire, aucune instance française ne l’a mandaté, à moins que le MEDEF n’ait anticipé, et les Britanniques doivent être enchantés d’apprendre de la bouche d’un mangeur de grenouilles qu’ils auraient, selon lui, fait une connerie.
"Nous devons croire en Europe, aimer l'Europe et respirer l'Europe", a-t-il déclaré à un groupe d'expatriés français et de politiciens britanniques.
L'ancien vice-premier ministre Nick Clegg qui participait à ce show a établi des parallèles entre le mouvement « En Marche » et l'ensemble des mouvements démocrates libéraux en Europe, ce qui n’est pas vraiment un scoop. Il a déclaré au journal « The Independent » : "Je pense qu'Emmanuel Macron est la seule personne qui pourrait utiliser un mandat en tant que président nouvellement élu de la France pour aider à réformer et renforcer l'Union Européenne à un moment où celle-ci est sous la menace du président Trump, de Poutine et de la dissidence interne. Ce serait une lourde responsabilité."
Pendant qu’il y était, Macron a aussi rencontré Theresa May et Philip Hammond dans la journée pour discuter de la façon dont il s'occuperait des négociations sur le Brexit s'il devait être élu président.
"La stratégie que nous devons suivre est de défendre la relation spéciale entre la Grande-Bretagne et l'Europe et plus spécifiquement entre l'Europe et la France. Notre intérêt consiste à attirer la valeur ajoutée et le talent britanniques en France à la suite de Brexit, mais aussi à avoir une relation équilibrée avec la Grande-Bretagne. Nous ne devons pas sacrifier le court terme pour nos relations bilatérales. Mais le Royaume-Uni ne devrait pas avoir accès au marché unique sans respecter les quatre libertés de l'UE, y compris la libre circulation des personnes. »
Il a également déclaré que les accords du Touquet régissant la frontière entre la Grande-Bretagne et la France devraient être rendus plus équitables.
« Le Brexit et l'élection de Donald Trump représentent une « révolte des classes moyennes » qui « ne voyaient pas le pudding ou le bœuf » de la mondialisation », a déclaré M. Macron qui utilise des métaphores inaccessibles aux misérables franchouillards que nous sommes. "Avec des États-Unis se désengagés de la sécurité internationale, un ordre multilatéral affaibli et la montée de l'autoritarisme dans les puissances régionales telles que la Russie et l'Arabie saoudite, nous devons protéger les citoyens".
Au passage, Macron a effleuré avec prudence les questions de politique intérieure française après ses déclarations remarquées sur les droits des homosexuels et l'histoire coloniale. Il a surtout fait l'éloge de la culture britannique de l' « entrepreneuriat » (sic), en l’opposant aux lois du travail rigides de la France qu'il a pourtant largement contribué à mettre en pièces, mais insuffisamment à son goût. "En France nous ne pouvons réussir qu'un peu, sans ambition », a-t-il cru bon de mentionner pour bien montrer toute la considération qui est la sienne pour ses compatriotes
Dernière pirouette du saltimbanque, il a cru spirituel de renverser à son profit la principale critique qui lui est faite en terminant : « Je suis fier de mon immaturité et de mon inexpérience politique ».
Tout se passe comme si les futurs présidents français (au moins dans leurs têtes) prenaient l’habitude de se rendre à Londres pour livrer leurs véritables intentions. Ceux qui pensent que Macron n’a pas de programme ont tort. Il a annoncé la couleur outre Manche.
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