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Accueil du site > Tribune Libre > Qu’avons-nous fait de nos banlieues ?

Qu’avons-nous fait de nos banlieues ?

Né en 1951, j’ai passé mon enfance dans des immeubles, au gré des chantiers où travaillait mon père, à l’époque où on trouvait facilement du travail.

J’ai ainsi vécu Cité La Madeleine à Orléans (45), Tours Fin de Sel (Berlioz) à Pontarlier (25), HLM 415 à Muret (31), Le 81 à Manosque (04), dans un barre d’immeuble à Marseille Veyre (13), Cité Rivierre-Casalis à Orléans (45), dans une barre d’immeuble à Viroflay Rive Gauche (78), Cité Termier/Jonchère ( ?) à Lyon (69), bref j’ai connu de l’intérieur les bandes, les bagarres, les rivalités entre quartiers et immeubles, les immigrés italiens, espagnols, portugais, les pieds-noirs, les harkis ; mes copains s’appelaient Franco Parola, Alexandre Ramos, Jean Berkani, Guy Villanova, certains d’entre eux ont fait des carrières exceptionnelles, d’autres on vécu une vie simple, celle des enfants d’immigrés devenus français.

Quand on était de la même cité on était solidaires entre nous contre l’autre cité ! Les rivalités entre ceux des tours Fin de sel et ceux de la cité des Castors, les matches de foot qui souvent étaient associés de quelques coups légèrement vicieux entre ceux du 81 et ceux de La Luquèce. Je vivais dehors, avec mes copains, nous faisions les poubelles des américains à Orléans, nous partions en vélo visiter les environs (Muret, Manosque), ou bien en forêt (Pontarlier), bref une vie de gamin « bien remplie ». On ne restait pas dans les halls d’entrée, on ne cassait pas les boites postales, on ne « visitait » pas les caves, on ne mettait pas de graffitis sur les murs, on ne pissait pas sur les paillassons des gens… on regardait les jolies filles avec envie, mais pas touche ! Bien entendu il y avait des exactions, de la délinquance, des blousons noirs, mais les gens vivaient encore dehors, la télé n’était pas aussi répandue, les voisins se connaissaient et se parlaient, même si c’était, pour les mères de famille, les fameuses réunions « Tupperware ».

J’ai continué mon cursus scolaire, 3 ans d’Université après le Lycée puis entrée dans la fonction publique, ministère de la justice, éducation surveillée, en 1973, juste avant le 1er « choc pétrolier ». J’ai alors commencé à accompagner des jeunes vivant eux aussi dans ces immeubles, pas forcément ceux que j’avais connus, encore qu’ayant travaillé à Orléans, Versailles et Marseille j’étais parfois en terrain connu, voire avais été en relation avec des proches ou des parents de jeunes que je devais « suivre ».

C’est dans ces années ’70 que tout est parti de travers, avec deux vecteurs : le chômage et le crédit !

En imposant que les salaires soient versés sur des comptes bancaires, le gouvernement a donné un pouvoir immense aux banques, celui de vérifier, suivre, et contrôler ; en corollaire il a donné aux banques le pouvoir de prêter de l’argent aux particuliers sans quasiment aucun risque, les salaires rentrant sur les comptes bancaires de ces particuliers, et donc étant « réquisitionnables à souhait » en cas de problème financier pour l’emprunteur !

Dans ces mêmes années 70 existait encore ce que l’on appelait « la ceinture rouge », Paris était cernée par des banlieues communistes, mais une dynamique était lancée : le crédit pour que chacun ait sa maison (pour mémoire le fameux slogan de Coluche « maison Merlin, cage à lapin »). Le rêve de toute une vie apporté de concert par les banques et la télé : un lopin de terre, un pavillon, une voiture, une clôture, la réussite quoi !!!

Il m’est difficile d’affirmer que cela était organisé de concert entre le pouvoir et les banques, mais le résultat a été éloquent :

-les ouvriers, les employés et les petits cadres se sont endettés sur 25 à 30 années et ont déserté les immeubles ;

-le chômage est arrivé par vagues, par contre l’immigration a continué au même rythme, 200.000 à 300.000 nouveaux venus chaque année, sur une amplitude de 40 années cela fait 8 à 12 millions de personnes (entre 13 et 20% de la population pour des détails voir ce lien https://fr.wikipedia.org/wiki/Donn%C3%A9es_statistiques_sur_l%27immigration_en_France ) ; Sur cette même amplitude de temps le chômage qui était proche de 0% est passé à 10% ;

-tout naturellement les appartements laissés vides par les ouvriers et employés ont été proposés à ces immigrants, mais ce n’était plus la même immigration que celle que notre pays avait connue de 1920 à 1970 ; finis les ritals, les russkofs, les polacks, les pingouins, les portos, fuyant leur pays pour cause de dictature, de bolchévisme, en majorité des blancs, catholiques ou chrétien orthodoxes ; finis les pieds-noirs en majorité catholiques et juifs séfarades, qui étaient en 1985 environ 1,5 million en « métropole » ; désormais le gros des immigrants venait de nos ancienne colonies, les descendants de ceux-là même dont nous avions eu besoin lors de la 1ère et de la seconde guerre mondiale, en majorité des musulmans et un nombre conséquent de gens de couleur.

-dès lors les immeubles sont devenus, petit à petit, des ghettos d’un tout autre genre ! Remplacés les militants communistes qui partageaient la vie quotidienne des gens, finie la vente de l’Huma Dimanche, les réunions avec le député-maire qui lui aussi vivait en immeuble, bref tout ce « petit monde prolétaire » qui participait activement de la vie sociale et avait une fonction de régulateur a disparu.

En quarante années nous avons vu les médecins se rendre de moins en moins dans ces immeubles, voire même dans des quartiers entiers devenus des zones de non-droit, de même pour les infirmières, les pompiers ! Une désertification sociale (et humaine) s’est installée ; Bien entendu des grands penseurs, dans les années 80, ont cru qu’il suffisait de nommer des « grands frères » issus de ces ghettos pour s’occuper de leurs « petits frères et petites sœurs » ; le résultat a été catastrophique car on a créé des fonctions artificielles pour justifier une prise en charge et une intégration sociale qui relevaient de l’impossible : comment, en effet, mettre en situation de soutien à l’intégration une personne qui elle même n’était pas intégrée et à qui on a créé artificiellement un poste professionnel d’agent d’intégration !!! Dans la même période a été créée une police de proximité, disons « le garde-champêtre » revisité, et comme cela n’a pas bien fonctionné on y a rajouté la BAC (Brigade Anti-Criminalité), cette technique du mille-feuilles était jolie sur le papier, l’éduc, l’A.S., le gentil flic, l’infirmière, le méchant poulet, le pompier, le docteur … tout le monde travaillant bien entendu en complète dysharmonie, n’ayant pas les mêmes chefs, pas les mêmes zones d’intervention, pas les mêmes sources financières … de la navigation à vue dirigée par des aveugles, ou des crétins !!!

Bien entendu ces quartiers ou zones se sont autorégulés, avec les caïds, les petits dealers, les guetteurs, et en 2005 quand l’inénarrable Sarközy a voulu donner du Karcher nous nous sommes réveillés avec une révolte des banlieues. Cette révolte ne s’est terminée que parce que les dealers ont donné l’ordre aux jeunes de rentrer dans leurs rôles initiaux, qui guetteur, qui revendeur ... Brûler les voitures des voisins était une chose, mais stopper l’approvisionnement en cannabis, cocaïne, cela commençait à déranger y compris dans les « beaux quartiers ». D’ailleurs les fameux « Go fast » qui existent depuis une trentaine d’années continuent à exister, malgré les péages, les autoroutes qui fonctionnent comme des entonnoirs, bref ce système d’approvisionnement fait partie de notre société et est combattu « bien légèrement ». Pour ce qui est de l’allusion aux beaux quartiers, un observateur « averti » peut remarquer tel présentateur télé qui sur-réagit nerveusement, tel homme politique qui se frotte régulièrement le dessous du nez, tel autre sujet aux tics nerveux, tel autre les pupilles dilatées, bref des symptômes qu’on apprend à dépister selon la formation qu’on a eue !

Le constat est accablant :

Personnellement je continue parfois à entrer dans ces immeubles, comme j’y ai vécu durant mon enfance je n’y ressens aucune angoisse mais je ne peux que constater la différence et l’ampleur des dégâts que notre pays a commis envers ces immigrants et ressentir un grand dépaysement ; des graffitis partout, l’odeur de pisse, les boites à lettres déglinguées, des groupes de jeunes squattant les halls et ne mettant aucune bonne volonté à se déranger pour laisser passer « l’intrus » ; la télé ne fonctionne plus, on la jette par la fenêtre ! On reçoit un couple d’amis, il faut avertir « à la cantonade » que telle voiture est « bienvenue » ! Quel docteur irait à 11 heures du soir intervenir au 10ème étage d’un immeuble sans ascenseur ?

Le député maire ayant en charge le secteur ne vient en général jamais, ou si rarement ; ses indemnités lui permettent de vivre ailleurs, dans les « beaux quartiers », et sa faconde lui permet de décrire ce qui s’y passe et comment gérer le problème …

Nous avons même des tartuffes qui expliquent le plus sérieusement du monde qu’il faut délocaliser ces familles d’immigrés vers les campagnes pour compenser l’exode rural, chose qui a été tentée au XIXème et au début du XXème siècle avec le slogan « réhabiliter le colon par la terre et la terre par le colon », à l’époque où on appelait colon le jeune délinquant ou cas social et où on avait développé de grandes colonies pénitentiaires (Cadillac, Saint-Jodard, Lamotte-Beuvron, Saint Hilaire, Aniane, Belle-Île, etc ..)… toutes fermées pour cause de trop nombreuses exactions ! (voir ce lien, texte de Prévert … https://www.youtube.com/watch?v=bfDjDpjDSmg )

Quand un individu qui est politicien à vie, gagne entre 10.000 et 15.000 euros par mois, et a casé ses proches au conseil régional ou dans un service municipal, vient expliquer au jeune immigré sénégalais qui ne fréquente pas l’école, et qui n’aura pas de boulot à cause de son nom, de sa couleur, de sa religion, comment il doit apprendre à vivre avec 520 euros par mois

… comme dit une amie, avec de tels représentants « on n’a pas le cul sorti des ronces » !

Pour ma part je ne peux que faire un constat d’échec majeur dont on ne sortira pas sans « du sang et des larmes », ni sans une remise en cause majeure de cette politique de la ville totalement bidon dont nous ont gargarisés tous les politiciens à tour de rôle !

 

en photo : la colonie pénitentiaire de Saint Hilaire ... entre bagne et maison de correction ?


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38 réactions à cet article    


  • Harry Stotte Harry Stotte 4 mars 2017 16:44

    « ...l’ampleur des dégâts que notre pays a commis envers ces immigrants... »



    C’est eux qui cassent, et c’est la France qui a causé des dégâts. 


    J’imagine que vous voterez Macron, vous le méritez amplement ! 


    • Gérard Luçon Gérard Luçon 4 mars 2017 16:53

      @Harry Stotte
      merci pour ce commentaire, vous aurez au moins retenu un morceau de ligne, pour la ligne entière allez voir la personne que vous mentionnez, et grattez-vous sous le nez ...


    • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 4 mars 2017 17:12

      @Gérard Luçon

      N’ayant que 5 ans de plus que vous, je confirme votre connaissance des banlieues.
      Mais je diverge d’avec vous sur un point majeur :
      le crédit n’a pas ruiné les classes populaires tandis que
      le chômage en a rendu insolvable une grande partie (d’où la délinquance pour acquérir des revenus de substitution).

    • Gérard Luçon Gérard Luçon 4 mars 2017 17:18

      @Jean-Pierre Llabrés
      alors je me suis mal exprimé .... le crédit n’a pas eu pour objectif de ruiner les gens, mais juste de les rendre dépendants, voire soumis !


      par contre je ne peux pas faire le lien entre chômage et délinquance, ni entre pauvreté et délinquance d’ailleurs ... c’est un problème social bien plus large que le simple constat des moyens des uns face aux autres ....

    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 4 mars 2017 17:18

      @Jean-Pierre Llabrés

      La grande trouvaille des banques à la fin du vingtième siècle a été d’endetter les foyers insolvables en hypothéquant leurs prêts pour pouvoir les saisir en cas de défaillance, et les revendre pour se rembourser à une filiale qui loue aux anciens propriétaires leur propre bien (subprimes).
      Vous n’appelez pas ça une paupérisation ou une ruine ?

    • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 4 mars 2017 17:22

      @Gérard Luçon

      Alors, comment expliquez-vous l’explosion de la délinquance ?
      Quelle est l’origine de ce « problème social bien plus large que le simple constat des moyens » ?


    • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 4 mars 2017 17:23

      @Jeussey de Sourcesûre

      Je ne me réfère pas à la crise des subprimes de 2007.


    • Gérard Luçon Gérard Luçon 4 mars 2017 17:39

      @Jean-Pierre Llabrés
      si j’ai bien compris votre 1er commentaire, vous êtes aussi un « gosse issu de ces blocs » ... vous savez donc qu’on ne devient pas délinquant simplement parce qu’on est pauvre ... 


      c’est un ensemble de choses qui amènent un individu à « basculer » vers la délinquance, et c’est un sujet bien vaste ... pour moi qui ai travaillé aussi avec des familles de tsiganes, dont pour certaines la « récupération » est le mode de vie, quelle est leur conception de la délinquance ? 

      Je maintiens que ce sujet est bien large et ne peut être réduit, pas même à mon exemple sur les tsiganes !!!

    • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 4 mars 2017 17:44

      @Gérard Luçon
      vous êtes aussi un « gosse issu de ces blocs »
      Pas directement : j’avais des parents qui y vivaient.

      c’est un ensemble de choses qui amènent un individu à « basculer » vers la délinquance, et c’est un sujet bien vaste ...

      Merci d’expliquer à vos lecteurs ce qu’est cet « ensemble de choses » qui constitue un « sujet bien vaste »...

    • Gérard Luçon Gérard Luçon 4 mars 2017 17:51

      @Jean-Pierre Llabrés
      je vais essayer, mais cela fera l’objet d’un autre article car je ne suis pas en mesure d’expliquer l’état de « nos banlieues » au simple regard de la notion de « délinquance » et de « pauvreté »... ayant travaillé au TGI de Versailles en 1981-1983 j’en ai vu, de dossiers de délinquance, y compris l’affaire du Corral, parfois les pauvres sont les victimes ...


    • foufouille foufouille 4 mars 2017 17:54

      @Jean-Pierre Llabrés
      c’est de la sociologie.
      à la campagne, tu as autant de pauvres mais les voitures incendiées sont beaucoup moins nombreuses.
      la gendarmerie faisait encore son travail avant 2000, les banlieues ça dates de 80.
      presque personne ne soutiendras un « théo » et encore moins un dealer ou voleur.


    • La mouche du coche La mouche du coche 4 mars 2017 18:13

      Article interessant parce qu’il témoigne d’un vrai vécu de la banlieue. Pourquoi la banlieue s’est-elle effondrée ? La raison évoquée pourtant est bizarre :
      .
      « une dynamique était lancée : le crédit pour que chacun ait sa maison (pour mémoire le fameux slogan de Coluche « maison Merlin, cage à lapin »). Le rêve de toute une vie apporté de concert par les banques et la télé : un lopin de terre, un pavillon, une voiture, une clôture, la réussite quoi !!!

      Il m’est difficile d’affirmer que cela était organisé de concert entre le pouvoir et les banques, mais le résultat a été éloquent :

      -les ouvriers, les employés et les petits cadres se sont endettés sur 25 à 30 années et ont déserté les immeubles ; »

      .

      Ce passage (qui est le noeud de l’article entraine des questions que l’auteur ferait bien de se poser :

      - si la vie dans les immeubles était si bien que cela, pourquoi tous « les ouvriers, les employés et les petits cadres se sont endettés sur 25 à 30 années et ont déserté les immeubles » ?  

      .

      En quoi est-ce ridicule de vouloir « un lopin de terre, un pavillon, une voiture, une clôture, » ? Où habite l’auteur aujourd’hui ? 




    • Harry Stotte Harry Stotte 4 mars 2017 18:25

      @Gérard Luçon

      « ...,allez voir la personne que vous mentionnez... »


      Serait-ce trop vous demander que d’être moins abscons ?

    • Gérard Luçon Gérard Luçon 4 mars 2017 19:01

      @La mouche du coche
      qui a dit que c’était ridicule de vouloir ce qu’on nous proposait, la machine à laver, le frigidaire, la télé, la maison, etc ....

      ... ce que j’ai tenté d’expliquer c’est que le crédit a permis cela .. mais à quel prix ?

      Pour la dernière phrase.. c’est simple, en 1996 je me suis expatrié et j’ai vécu à Bucarest en immeuble (Piata Chibrit au 4ème étage d’un bloc, et ensuite Podul Grant au 6ème étage), ensuite je suis parti travailler en Chine , Harbin, j’ai vécu au 3ème étage d’un bloc durant 3 années, puis je suis revenu en Europe grosso modo quand a sonné l’heure de ma retraite .. maintenant je ne vis plus dans un « bloc » ... j’espère que vous me pardonnerez de vivre désormais « à la campagne » .....

       et vous ??? vous vivez où si ce n’est pas indiscret ???

    • Gérard Luçon Gérard Luçon 4 mars 2017 19:03

      @Harry Stotte
      vous avez mentionné un dénommé « macron » , non ? 


    • Harry Stotte Harry Stotte 4 mars 2017 19:08

      @Gérard Luçon

      « vous avez mentionné un dénommé « macron » , non ? »



      Serait-ce à dire que je suis censé prendre connaissance de ses oeuvres complètes ? Si c’est le cas, c’est non merci, sans façon. 


      Du soutien d’Alain Minc au crime contre l’humanité, en passant par l’inexistence de la culture française, j’en sais déjà suffisamment sur cet oiseau, pour que ma religion soit définitivement faite.

    • La mouche du coche La mouche du coche 4 mars 2017 20:15


      @Gérard Luçon



      moi je vis aussi dans une maison, pas à la campagne mais en banlieue. 
      Et bien je constate que vous avez suivi le mouvement général des « ouvriers, employés et petits cadres » qui se sont barrés de ces quartiers qui puaient la mort. Vous aussi, vous vous êtes tiré de ces immeubles immondes (et n’y êtes pas revenu). Vous vous êtes vous aussi endetté pour cela, grace au crédit des banques ! alors pourquoi reprochez vous aux « ouvriers, employés et petits cadres » de faire la même chose que vous ? 

    • Gérard Luçon Gérard Luçon 5 mars 2017 05:21

      @La mouche du coche
      c’est difficile de comprendre une chose quand on a décidé qu’on ne voulait pas la comprendre ... dans les années 60-70 ces quartiers ne « puaient pas la mort », bien au contraire


      mais vous avez bien raison, quel souhait inassouvi que de ne pas être retourné au 10ème étage de mon immeuble à Pontarlier pour y regarder pousser, sur mon balcon, 2 chrysanthèmes et 3 Yucca .. de quoi passer une retraite bien remplie ...

    • Gavroche 5 mars 2017 18:30

      @OMAR


      « Oui effectivement, certains jeunes de banlieues cassent ou brûlent quelques édifices ou voitures.............. » de police, quand ils ne tentent pas de brûler aussi les policiers....

      Comme ça en passant..... surtout quand ils sont gênés dans la vente de la drogue, comme ça, pour le fun...

      « Mais la racaille qui les ostracise »...............

      Oui - Mais, C’est un moyen de les approuver. 

    • Harry Stotte Harry Stotte 5 mars 2017 23:49

      @OMAR

      « Mais la racaille qui les ostracise, qui les méprise et qui les harcèle, casse la France.Mais ça c’est pas pas grave, c’est peanuts... »



      On entend fréquemment parler de white flight, de grey flight, jamais !


      « J’imagine que vous suggérez la réouverture du Vel d’Hiv et de Drancy  !!!! »


      Pour faire quoi, ensuite ? 

    • Harry Stotte Harry Stotte 5 mars 2017 23:54

      @sarcastelle

      « Est-ce que vous prendriez le risque de l’écrire aussi à un commentateur qui écrirait sous son nom réel, qui serait identifiable ? »



      Ils ont une demi-douzaine de références historiques, ne les en privons pas. Et puis, il sera intéressant de voir ce qu’il répond à ma question... Après avoir appris que le Vélodrome d’Hiver a été démoli en 1959.

      Cette « argumentation » est d’un ridicule achevé, outre que d’être anachronique.

    • Harry Stotte Harry Stotte 6 mars 2017 13:09

      @OMAR


      Pour permettre de comprendre que vous évoquiez deux périodes et deux sérieux d’événements différentes, vous auriez dû citer, dans l’ordre chronologique, Drancy et le Vél’ d’Hiv’. En inversant les faits, vous suggérez qu’il s’agit de la rafle des 16 et 17 juillet 1942.


      Ce point éclairci, je ne sais toujours pas quoi faire de mes déportés en stand by à Drancy... Comme c’était votre idée, j’attends toujours vos précisions.


      P.S. - Je ne vous ai jamais accusé de lâcheté. Relisez mieux.

    • Gérard Luçon Gérard Luçon 6 mars 2017 13:50

      @Harry Stotte
      il va probablement falloir vous mettre d’accord, car lePrintemps arrive, Drancir ou germer ?


    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 4 mars 2017 16:48

      « Il m’est difficile d’affirmer que cela* était organisé de concert entre le pouvoir et les banques, mais le résultat a été éloquent »

      une dynamique était lancée : le crédit pour que chacun ait sa maison (pour mémoire le fameux slogan de Coluche « maison Merlin, cage à lapin »). Le rêve de toute une vie apporté de concert par les banques et la télé : un lopin de terre, un pavillon, une voiture, une clôture, la réussite quoi !!!

      C’est évidemment la question centrale ! Si ce n’était pas « organisé », ça ressemble bien en tous cas à une stratégie. Une stratégie à plus long terme et beaucoup plus intelligente que celle des familles d’industriels italiens et allemands des années 30 qui avaient choisi Mussolini et Hitler pour se débarrasser des communistes.

      Endetter les pauvres est la plus grande idée de la fin du 20ème siècle. La plus mortifère aussi. Et au bout du compte la plus suicidaire, mais dans deux ou trois générations. Les auteurs de la stratégie n’ont fait que repousser l’échéance.

      Aujourd’hui, les personnes et les états sont tétanisés par la peur de se voir confisquer leurs biens s’ils ne remboursent pas leurs dettes qui s’accumulent, et, pour cette raison ils agissent comme s’ils étaient inhibés : aucune revendication, mais la peur et l’obéissance.

      Le tableau que vous dressez est réaliste et je partage la conclusion : on n’en sortira pas sans du sang et des larmes.




      • Gérard Luçon Gérard Luçon 4 mars 2017 17:20

        @Jeussey de Sourcesûre
        la plus belle des idées (en matière de perversion ?) est quand même la privatisation des retraites ....


      • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 4 mars 2017 17:24

        @Gérard Luçon

        Ce n’est pas par hasard si le patron de groupe Malakoff-Mederic était Guillaume Sarkozy quand l’opération a été mise en oeuvre !

      • CN46400 CN46400 5 mars 2017 08:24

        @Jeussey de Sourcesûre

        Désolé de vous contredire. Le crédit n’est dangereux que si l’emploi devient aléatoire et si l’inflation n’est pas compensée par la hausse des revenus, toutes choses qui n’existaient pas avant 80 et qui font des ravages aujourd’hui.

         Occupez, sérieusement, les jeunes qui déconnent 24/24 dans les halls des immeubles et tout reviendra comme avant !!! Donnez du « teuf » aux jeunes et vous pourrez laisser les flics dans les quartiers bourges...


      • bobbygre bobbygre 4 mars 2017 16:53

        Merci pour ce témoignage précieux. Je trouve votre texte pas si désespérant qu’il ne pourrait le paraître. D’une, la situation n’a pas toujours été si catastrophique et donc ce qui a été défait (le lien social) peut être refait. Nulle volonté de ma part d’atténuer la gravité du tableau que vous nous décrivez de manière sincère et authentique. Mais justement, la situation est si grave qu’on pourrait facilement avoir envie de « tout raser » (les immeubles comme leurs habitants pour certains), alors qu’il va bien falloir faire quelque chose de tous ces jeunes. J’aurais sans doute aimé une autre fin à votre article. Au vu de votre expérience, quelles issues envisagez-vous à cette situation ?


        • jymb 4 mars 2017 17:23

          Absolument pas d accord..

          Le titre légitime devrait-être « qu’ont ils faits de ma banlieue ? »

          Enfant j’ai habité...Clichy sous Bois
          Oui, la ville toujours citée en exemple d’endroit calamiteux 
          Or j’en ai d’excellents souvenirs. La vie n’était pas facile pour autant : mon père pour aller travailler dans Paris prenait Bus + train de banlieue + métro matin et soir ( c’était avant l’arrivée du RER) , on s ’amusait derrière la Vallée des Anges ( pour ceux qui connaissent) sur des pentes à glisser sur des cartons transformés en luge à herbe, et le Prisunic du CC du Chêne Pointu était un vrai endroit à rêve côté rayon des jouets 
          Mais sans Nikes, portables, internet, jeux vidéos, scooter hors de prix etc etc 
          Le rêve était une pizza en famille au Bowling 
          J’ai le souvenir de ma copine Fatima que son père envoyait au catéchisme avec les autres« par-ce-que cela pouvait lui apprendre quelque chose »

          J’y suis retourné..stupéfaction de voir la dévastation des immeubles, cassés, souillés, tagués, le petit ensemble commercial dévasté ( sauf un magasin de téléphone et transfert d’argent...) 

          Pourquoi ont-ils détruits cette ville ? 
          Ils ne la méritaient pas 

          • Gérard Luçon Gérard Luçon 4 mars 2017 17:44

            @jymb
            merci pour cette remarque sur le titre ... mon 1er titre était « qu’avez-vous fait de nos banlieues ? » .. et puis je me suis dit que j’en étais partie prenante, donc que je ne pouvais pas m’extraire de ce passé qui est mon enfance ... et que personne ne peut me voler !


          • petit gibus 4 mars 2017 22:20
            @ l’auteur

            Merci d’essayer de nous faire avec ton expérience
             questionner, réfléchir
            sur ce complexe et douloureux problème que sont nos banlieues
            d’une façon un peu moins binaire et ridicule que d’habitude


            • Paul ORIOL 5 mars 2017 11:16

              Article très intéressant.
              Il me semble qu’il manque le lien entre la petite délinquance qui a toujours existé mais était traitée plus « familialement » au moins dans les villages et les petites villes et l’apparition de la drogue.


              • Gérard Luçon Gérard Luçon 6 mars 2017 13:54

                @Paul ORIOL
                merci de noter ce « manque » .. effectivement et sans vouloir caricaturer : avant le petit voleur était la honte de la famille quand il était pris, maintenant cela semble un exploit, un « fait de guerre » 





              •  
                « Elle coure la banlieue »
                 
                =>
                 
                « La haine »
                 
                 
                 
                Gogocho, la putasse négrière du Capital a le droit à ses gages... urocrate par ex.
                 
                 
                « Les fauves urbains de l’économie souterraine qui brûlent rituellement des voitures ne sont pas des enfants d’ouvriers en révolte qui se battent par haine de la marchandise, mais des paumés incultes adorateurs du fric, de ses modes insanes et de toutes ses grossières insipidités. Bien loin d’être des persécutés en rupture, ce sont les enfants chéris du système de la discrimination positive de l’anti-subversif, les talismans médiatiques de l’ordre capitaliste à révérer »
                 
                Francis Cousin décrit le garde chiourme du bas, « l’intouchable » colon-dealer cher au pauvre Capital handicapé....
                 


                • Olivier Perriet Olivier Perriet 6 mars 2017 10:21

                  Bonjour,

                  intéressant cet article. On aurait pu écrire sur « Qu’avons-nous fait de nos villages ? » La Fin du village

                  Le problème c’est adapter la société à la voiture, la rurbanisation, le pavillon individuel, le chômage, etc...
                  L’immigration est un « aggravant » de problèmes latents.


                  • jocegaly 3 avril 2017 13:06
                    Superbe texte Gérard. Nous avons traversé certains lieux et contextes identiques , et j’ai retrouvé les éléments que je considère explicatifs : la dévalorisation des pères pour donner l’autorité aux « grands frères », la naïveté du « allez hop, tous à la campagne » au lieu de traiter rationnellement le problème « in situ » c’est à dire à la racine, et la logique financière des gestionnaires de la France.




                    • Gérard Luçon Gérard Luçon 3 avril 2017 16:01

                      @jocegaly
                      Merci, personnellement je pense avoir eu une chance immense dans mon enfance, de pouvoir vivre cela, changer de ville, déménager, changer d’école, de lycée, apprendre à me réadapter ...


                      ... bref apprendre à partir « avec mes racines » ... ce qui pose la question de l’intégration / assimilation / respect de la différence .. vaste débat !

                    • jocegaly 3 avril 2017 18:45

                      @Gérard Luçon C’est une chance, en effet. D’avoir pu « se limer la cervelle » à d’autres modes de vie, systèmes de représentation...
                      Nous avons un itinéraire qui a des particularités communes : moi, je suis née dans la corne de l’Afrique (berceau de l’humanité smiley ) puis adolescence en Afrique du Nord - j’ai même vécu pendant quelques mois dans un bordj, dans le désert entre Biskra Toggourt - puis catapultée à 16 ans dans une France qui m’était inconnue, que j’ai trouvé triste et grise , pour traverser Grenoble, Rodez, Toulouse, Limoges , Paris, Longwy, Lyon ... et atterrir dans le S.E. .
                      C’est qui n’incite pas à l’esprit de chapelle, ou de clocher, mais à respecter les coutumes locales, et faire avec.

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