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Accueil du site > Actualités > Citoyenneté > La fripouille !

La fripouille !

JPEG Du sur-mesure...

Il était une fois un homme exemplaire, un modèle de probité et de droiture. Il n’avait que Dieu dans la bouche pour justifier sa révolution morale : celle qui allait remettre tout le monde dans le droit chemin. Nous avions enfin notre Parangon de vertu, ce phare dans la tourmente, ce point à atteindre pour tous. Nous étions séduits par ce discours qui échappait à la norme du moment, aux comportement avides de ses petits camarades.

L’homme avait une face de carême : rien de mieux pour faire passer la potion amère qu’il promettait à tous. Nous savions qu’avec lui, nous allions nous serrer la ceinture, faire le deuil d’avantages anciens et de conforts actuels. Nous allions entrer dans le régime maigre, la cure et les traitements de cheval. C’est à ce prix que nous pouvions espérer, un jour, nous remettre en selle.

Nous entendions ces propos ; ils étaient déplaisants mais beaucoup les pensèrent nécessaires dans un contexte déplorable. Il fallait dégraisser, moraliser, épurer, dépolluer, laver les esprits et atteindre à l’ascétisme budgétaire. C’était beau, troublant, inquiétant mais sans doute empreint d’une franchise qui détonnait dans le concert habituel des démagogies usuelles.

Puis le masque se fissura. L’homme n’était qu’une fripouille qui donnait dans la fripe de luxe, les dorures, les cadeaux somptueux et les salaires confortables. Ne cherchons nullement à savoir la légalité de la chose : ce n’est pas le problème quand on dispose d’une conscience aiguë de la chose civique. C’est naturellement la dichotomie entre le langage et le comportement qui choquait ceux qui avaient encore un peu de raison et de sagesse. Les autres fermaient les yeux, criaient à la manipulation, au complot, à l’acharnement, comme si rien de ce qui était mis en lumière n'était vrai.

C’est ainsi que nous avons découvert avec effroi qu’une portion non négligeable de notre environnement humain était composée d’individus sans foi ni loi, sans valeurs ni honneur, capables de tout justifier, de tout pardonner, de tout expliquer, pourvu que cela favorisât leurs desseins, leurs convictions, leurs pensées et surtout leurs intérêts. Des renégats de la morale, des parjures de l’engagement citoyen, des êtres vénaux ou cupides se faisaient les défenseurs acharnés de celui qu’il est impossible de blanchir.

Nous entrions dans une ère de guerre civile larvée. Les noms d’oiseaux volaient, les insultes affleuraient, les propos scabreux s’échangeaient dans la rue, au bureau, sur les réseaux sociaux. La fracture sociale, celle qu’avait instrumentalisée l’homme qui mangeait des pommes, était effective. La ligne de faille passait par le sens de la probité. Les uns, se parant de l’inaltérable principe du pragmatisme, affirmaient qu’il leur importait peu que le chef fût un brigand pourvu qu'il fût compétent selon leurs idéaux. Les autres tiraient à boulet rouge sur le forban, simplement parce qu’il venait du camp d’en face, se permettant ensuite de tolérer dans leurs rangs des attitudes semblables de leur favori.

Cependant tous les autres, les honnêtes, les citoyens intègres, les braves gens : ceux-là mêmes qu’on range avec complaisance et machiavélisme dans le panier percé et pourri du populisme-comme si le peuple était un monstre débile et immature-ceux-là ne supportaient plus le spectacle des élites corrompues et malhonnêtes, des clans aveugles, des supporters délirants. Alors l’homme, pour se blanchir, redonna les fripes taillées sur mesure, quand n’importe quelle personne un peu sensée aurait payé son costard au lieu de le jeter ainsi.

Mais chez ces gens-là, seule la posture importe, seul le discours vaut vérité, seule la stratégie éclaire les propos et les comportements ; le réel est depuis belle lurette renvoyé aux abonnés absents. Les salaires évoqués sont ahurissants, les privilèges exorbitants, les comportements déplaisants, le train de vie sidérant, la morgue exaspérante ; mais rien de tout cela ne peut empêcher une fripouille de devenir Président dans cette frange de l’électorat qui aime à se vautrer dans la fange.

Pourrissement leur.


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19 réactions à cet article    


  • Gabriel Gabriel 27 mars 2017 11:01

    Bonjour Nabum,

    Le problème majeur vient de la dialectique utilisée et des définitions détournées de leurs sens originel pour mieux manipuler les masses (Cas flagrant avec les discours médiatiques en faveur de Macron). Comme je l’écrivais dans mon article précédent : « Tous ceux qui luttent pour le peuple sont traités, par ceux qui l’utilisent et l’asservissent, de populiste. Depuis des années, nous subissons un discours politique qui ne va que dans le sens de la déligitimation de ceux pour qui le peuple est une cause à défendre au profit de la légitimation de ceux pour qui le peuple est un problème à résoudre. » 


    • C'est Nabum C’est Nabum 27 mars 2017 11:54

      @Gabriel

      Puisqu’ils veulent nous résoudre, pensons d’abord à les dissoudre !


    • Dzan 27 mars 2017 11:30

      Bravo Nabum.
      J’adore votre prose, et je me dis, tel à Monsieur Jourdain.« Qu’en de beaux mots, ces choses là sont dites. »


      • C'est Nabum C’est Nabum 27 mars 2017 11:55

        @Dzan

        Ces mots déplaisent aux supporters du Prince des risettes

        je subis insultes et attaques en règle
        Ces gens là n’ont aucun sens de l’honneur


      • zygzornifle zygzornifle 27 mars 2017 16:11

        @Dzan


         Attention en argot le prose c’est le cul ......lol

      • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 27 mars 2017 11:36

        Une charge de plus sur Fillon sans citer son nom une seule fois, je crois que l’on atteint le summum de l’hypocrisie.

        J’ai le plaisir de vous remettre le Brutus de la tartuferie avec ces mots : « Nabum m’a tué ».


        • scorpion scorpion 27 mars 2017 11:46

          @Gilles Mérivac
          Parler d’hypocrisie quand on est un ex du Figaro, ça fait sourire. Officine ou la pratique du mensonge est de notoriété, initié et encouragé pleinement par l’exemple de son propriétaire il me semble.


        • C'est Nabum C’est Nabum 27 mars 2017 11:56

          @Gilles Mérivac

          Je partage cet honneur avec votre chère idole

          Merci


        • Jean Pierre 27 mars 2017 14:29

          @Gilles Mérivac
          Fillon est un nom devenu bien plus grand que lui même. L’affaire le dépasse donc à plus d’un titre. Il symbolise a lui seul les magouilles, la schizophrénie de candidats qui prônent les sacrifices pour les autres et se remplissent les poches, la quasi impunité d’un personnel politique qui fait les lois les plus arrangeante pour lui même , etc.

          D’un personnage qui tient publiquement un discours moral mais qui agit discrètement dans une totale immoralité, on dira dorénavant : « Tiens, encore un Fillon » ! 
          Certaines affaires laissent parfois des traces y compris dans le langage.

        • juluch juluch 27 mars 2017 12:04

          Mon pauvre Nabum vous avez pas finis de vous étouffer de colère jusqu’à la fin des élections....


          Il nous manque un Robespierre.....

          merci à vous....une fois encore !!

          • C'est Nabum C’est Nabum 27 mars 2017 12:33

            @juluch

            Il me manque simplement un candidat juste et honnête


          • Sergio Sergio 27 mars 2017 12:47

            Monsieur Nabum


            Dorénavant chaque dimanche, je mange de l’autruche, mais pas la ’ Poule au pot ’ du bon Henri IV qui disait que, tout le monde devrait pouvoir en manger. Je commence à comprendre pourquoi, on trouve de l’autruche dans les rayons des hypermarchés. 
            Serais-je alors victime, d’une sorte de ’ neuromarketing ’. En effet depuis, j’ai la tête lourde et, je suis inexorablement attiré vers le bas.


            Qu’en dites vous ?

            • C'est Nabum C’est Nabum 27 mars 2017 13:02

              @Sergio

              Il est grand temps d’absorber de l’hélium


            • Sergio Sergio 27 mars 2017 18:39

              @C’est Nabum


              Je vous signale que, mon cousin ’ Le Canard enchaîné ’, n’a pas eu recours à l’hélium pour s’exprimer. Quant à moi, bien que ne faisant pas partie de la bande à Balthazar Picsou, je ne serai pas contre le fait, de me faire vibrer les cordes vocales. 

              Par un petit vin de Loire, par exemple.



            • zygzornifle zygzornifle 27 mars 2017 13:24

              Le mouton mi-rasé ou le veau d’or ? 

              La face de Carême VS la tête de ma mère .....

              • C'est Nabum C’est Nabum 27 mars 2017 13:51

                @zygzornifle

                Une canaille en tout état de cause


              • Le421... Refuznik !! Le421 27 mars 2017 16:16

                La France n’a jamais été aussi riche.
                Il suffit de faire la chasse aux tricheurs pour tout remettre en ordre.
                Et si les grands patrons se cassent, on en trouvera nous aussi des capables qui nous coûtent moins cher.
                Comme ils font eux.

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