Jeux de dupes
« Partout donc et toujours le socialisme est une force vivante dans le sens et l'ardent courant de la vie » Jean Jaurès
On peut lire cet article comme un simple constat, un procès-verbal de carences ou comme l’expression d’un regret, regret d’une époque où les mots avaient encore un sens, où le socialisme figurait pour ses partisans l’avenir du monde et non un label ouvrant l’accès à la chasse aux honneurs de la république et surtout - comme on le constate trop souvent - à ses ors.
Si on le prend pour un constat, ma foi ! j’invite le lecteur à attendre ou espérer qu’il se concrétise.
Pour ma part, j’appelle de mes vœux cette clarification de la vie politique que l’on est en train de vivre en direct.
Si l’on en croit les sondages du moment qui les montrent tous deux exclus du deuxième tour des Présidentielles, les Républicains et le PS risquent de payer cher cette désaffection inédite de l’électorat ; leur grand défi sera de maintenir un semblant d’ordre et de discipline dans des rangs que la nouvelle configuration risque de clairsemer avec d’évidents carriéristes tentés de les abandonner pour des cieux plus cléments.
Sans doute, le mouvement « En marche » paraît-il au premier abord fait de bric et de broc si l’on s’en tient à l’écume des choses.
Cependant cet apparent méli-mélo semble correspondre à la volonté d’une partie importante des Français séduits par ce mirage qui consiste à agglomérer le meilleur des idées de Droite et de « Gauche », le grand mythe de l’unité nationale en quelque sorte.
En l’occurrence, au-delà des apparences fallacieuses qui adorent insister sur le grand écart apparent entre un Madelin et un Robert Hue comme si l’un était irrévocablement antinomique de l’autre, le macronisme répond pour moi à une unicité profonde à la fois des comportements et des idéologies qui se confondent entre certains courants de la Droite et de la Gauche.
Les effets de miroir de basse politicaillerie dans l'espace parlementaire relèvent plus du jeu d'ombres que de la réelle opposition à des mesures sur lesquelles à peu près tout le monde était d’accord dans la mesure où l’impulsion venait de l’oligarchie, leur maîtresse à tous.
Sur le fond, Hollande fut dans une forme apaisée le continuateur de Sarkozy et les soutiens de l'un devaient conséquemment se retrouver dans la politique de l'autre.
La légèreté comportementale de Fillon - qui a obéré sa marche triomphale - et les primaires socialistes dévoyées de leur objectif premier qui était de servir de marche-pied à Hollande ont, semble-t-il, contraint les puissants de l'ombre de même que les représentants honteux ou assumés des puissances d’argent de changer de monture et de s’unir pour porter aussi haut que la décence et la fausse objectivité de façade l’autorisent la candidature du wonderboy Macron.
Son mouvement n’est donc pas l’expression d’un innommable fourre-tout mais plutôt le catalyseur abouti des énergies – alliant à la fois la placidité de Hollande et l’allant de Sarkozy quand il échappait à ses hystériques crises buissonnières - que l’oligarchie qualifie volontiers de positives quand elles vont dans le sens de ses intérêts.
Hamon est le candidat du PS , il va peut-être, ce n’est pas sûr non plus s’il continue à plonger dans les sondages, en récupérer les défroques mais des défroques qui ne devraient plus avoir une réelle valeur ni consistance.
Des décennies après sa domination de la vie politique française, il reste toujours des gens qui se revendiquent du radicalisme mais ils sont insignifiants et c’est ce qui devrait, sauf miracle, advenir à terme ( et le temps rétrécit avec l'émergence des nouvelles formes modernes de l'engagement politique ) des résidus du parti socialiste s’ils persistent à tourner le dos à la vraie Gauche que représente la "France insoumise".
Au-delà de son dirigeant charismatique qui a tout de même son avenir politique derrière lui quand bien même ses idées visent à embellir l’avenir de la France, c’est un mouvement qui s’est bâti en s’enracinant dans les profondeurs des traditions populaires,dans ce qu’elles ont de beau et de généreux.
Ce qui rend heureusement d’autant plus difficile pour celui qui est en charge de la bannière de brader son programme sur l’autel d’un pseudo rassemblement entre la Gauche de conviction et celle mal ou bien repentie.
La France Insoumise redonne vie et âme à cette nécessaire utopie qui doit nourrir les attentes et les espérances des gens.
N’oublions jamais que les avancées sociales, celles qui sont menacées aujourd’hui, sont les fruits de ces mouvements qui inventèrent des formes nouvelles de vie en société : le communisme originel de Babeuf, le Saint-simonisme qui porte en germe des pans entiers du socialisme, les phalanstères de Charles Fourier, les fulgurances de Pierre Joseph Proudhon, premier socialiste libertaire connu.
Tout ce qui a nourri avec la synthèse marxiste les luttes sociales de l’émancipation des travailleurs.
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