La déclaration des droits du chien
Le mardi 16 février, le tribunal de Clermont-Ferrand a débouté une affaire dans laquelle deux voisins étaient impliqués. L’un des deux, propriétaire d’une chienne épagneule demandait réparation à l’autre pour les souffrances subies par sa chienne qui avait dû subir une ablation de l’utérus suite à la mise à bas d’une portée de chiots dont le père n’était autre que le chien de l’autre.
Le tribunal a estimé que la paternité n’était pas établie et que la date de procréation était floue.
De son côté l’avocat du propriétaire de la chienne s’appuyait sur la loi du16 février 2015 qui reconnaît que "les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité". Il a extrapolé et plaidé la cause sous la forme suivante : « Un animal peut-il être indemnisé de ses souffrances ? ».
On ignore les véritables relations affectives qui existent entre les deux tourtereaux et les véritables intentions du père présumé et personne ne s’est enquis de ces détails qui auraient pu éclairer les juges dans leur prise de décision. Mais peu importe, ce fait divers montre en fait les dérives susceptibles d’apparaître quand des professionnels de justice sont de mauvaise foi ou manquent de rigueur, en l’occurrence sur deux point :
- Le premier point porte sur la notion de « responsabilité ». Supposons qu’il s’agisse de la fille et du fils des propriétaires et non de chiens. Ces deux chiens étant adultes, on peut aussi supposer que les enfants en question auraient été majeurs. Est-ce le père de la jeune maman qui aurait attaqué son voisin parcequ’il soupçonnait le fils d'icelui d’avoir engrossé sa fille (qui était peut-être consentente), ou bien la fille qui aurait demandé au fils du voisin d’assumer ses responsabilités, mais comment ? En l’épousant ou en l’indemnisant pour ses souffrances ? La deuxième réponse paraitrait incongrue. Le tribunal aurait donc dû condamner le chien à épouser la chienne, c’est tout ! Et s’il vous plait, ne venez pas mettre en avant la question de « race » ! Quand deux êtres s’aiment et veulent s’unir, pourquoi s’interposer dans une relation qui ne regarde qu’eux au nom d'une idéologie séparatiste ?
- Le second point porte sur l’indemnisation. L’avocat a demandé que ce soit la chienne qui soit indemnisée et non pas le propriétaire. C’est logique, puisque ce n’est pas le propriétaire qui a souffert, mais cela pose un problème technique ardu. La chienne est-elle titulaire d’un compte en banque, et à quel montant estime-t-elle raisonnable d’évaluer sa souffrance ?
La morale de cette histoire est que certaines personnes sont prêtes à n’importe quelle argumentation fallacieuse pour récupérer quatre sous, et on souhaite qu’elles éprouvent autant d’émotion devant les souffrances des enfants du Yemen, de Syrie ou de Palestine…. La liste serait longue.
Mais c’est aussi que la cause juste de la souffrance animale, qui a connu une victoire encore incomplète mais positive par la loi en question, ne doit pas être dénaturée pour être utilisée à des fins procédurières, pas plus que la « déclaration des droits de l’homme » ne devrait servir de paravent à certaines ONG pas si neutres que ça pour accomplir des missions spéciales !
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