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L’ÉTAU

...Il n’y a pas d’intelligence sans liberté de jugement, ni de société prospère sans intelligence. Il faut donc, pour un État totalitaire, se résigner à la bêtise ou à la dissidence, à la pauvreté ou à la critique… nous dit André Comte-Sponville dans son petit traité de grandes vertus.

Je n’ai pas lu le dernier bouquin de Mélenchon sur la vertu mais je le ferai si on me le prête ou l’offre, le moment venu, car même si je n’y apprends rien je pourrai faire la correspondance entre nos ambitions politiques et l’unique structure solide de l’être : la Vertu.

Car quelles que soient les grandes vertus que nous abordions, la générosité, la compassion, l’amour, la bonne foi, la justice, la fidélité, l’humour, la prudence, le courage, la tempérance, la compassion, la gratitude, l’humilité, la simplicité… on les voit toutes indispensables, qu’il en manque une et nous faisons fausse route.

La vertu, c’est démodé, c’est has been ; aujourd’hui on parle de liberté, liberté d’expression, de droits, mais que sont ces belles idées sans vertu ?

Pour moi les vertus sont la curiosité, l’attention et la vigilance, elles incluent toutes les autres, elles gardent le monde ouvert et soi toujours neuf. Elles excluent l’avidité, l’indifférence, la haine, le déni de l’autre, l’arrogance, la malveillance, l’hypocrisie et l’abus de pouvoir.

L’abus de pouvoir est une prise de possession, en force, du territoire de l’autre, quel qu’il soit. Le culot du harceleur n’est pas puissance mais indifférence à l’autre, le déni de son être duquel le harceleur, bien sûr, n’a rien à apprendre. Il avance comme un chasse neige qui s’impose et fait tout gicler hors de sa route ; les vertus nous font marcher bras ouverts, qui accueillent et qui donnent. L’échange.

Nous avons l’air de vouloir lutter contre un monde anxiogène, excluant, inhibant, mais beaucoup le font avec les mêmes armes, les armes qui restent quand il n’y a pas de vertus. Ceux qui veulent rassembler, agressent, culpabilisent, toisent ou condamnent et dans l’échange impossible, l’agressé ne trouve comme moyen de réponse que la justification.

Tout est voué à l’échec. Et c’est voué à l’échec pour la bonne et simple raison que chacun ne conçoit la politique, la démocratie, la capacité de gouverner et d’avancer, que comme un ralliement. Un ralliement c’est penser : nous avons quinze ou vingt pour cent de points communs, je suis derrière, je me rallie. La social-démocratie nous a fait accroire, depuis bien longtemps, que la seule manière de vivre ensemble était d’adopter, en tous points, le consensus. Eh bien non ; le consensus nous a appauvri l’esprit, ramolli l’énergie, et abruti le vivre ensemble. La démocratie est un rapport de force, que la vertu peut rendre vivable ; le conflit d’idées, la dispute, sont la vie, participent de la conscience qui s’accroît de jour en jour, impliquent tous les membres d’une communauté, et c’est d’autant plus net aujourd’hui que l’on voit bien que droite ou gauche ont perdu de leur pertinence pour décrire l’appartenance des uns ou des autres à des projets.

Cela a perdu de la pertinence, mais cela reste la frontière qui sépare les uns des autres. Apparemment, le plus grand nombre oscille, mais poussé dans les retranchement de sa propre conscience, par des débats réels et approfondis, nous verrions des lignes se tracer sur la manière de gouverner ce pays, et la manière de vivre de sa population..

Certains se rejoignent, par exemple, sur la politique extérieure : fin des ingérences et des guerres coloniales ou à but lucratif, partenariat avec la Russie, ou sur l’inverse. Dans les deux camps nous allons de l’extrême gauche à l’extrême droite. Pour ce qui est de la politique intérieure, peu sont enclins à subir la loi contre le droit du travail, la destruction des communes et départements, le délabrement de nos services publics, mais parmi ceux-là beaucoup haïssent les dictateurs sanguinaires, qui pourtant ne leur ont rien fait !

Le choix qui nous est donné est si pauvre, que tout le monde y perdra. D’autant plus que la plupart est mal informée, désinformée ou en proie à ses propres démons.

La grande multitude n’est pas engagée politiquement, elle réagit sur une proposition, un fait qui la heurte ou l’enchante ; à défaut on va où l’on nous dit d’aller, on se résigne ou bien s’abstient.

Nous avons atteint le point crucial de l’individualisme vendu comme pseudo liberté par les ultra ou néo libéraux, en contradiction, en opposition parfaite avec la politique menée par les mêmes. Je ne suis pas convaincue, c’est un euphémisme, que tout ceci a été voulu calculé et mené de mains de maîtres, néanmoins, le résultat est époustouflant et dépasse les rêves les plus fous des malades avides de pouvoir absolu. Cette équation ne semble impossible à résoudre qu’à ceux qui pensent que les choses sont figées. Mais rien n’est figé ; notre conscience, notre détermination à desserrer l’étau, seules, peuvent en venir à bout.

Cette conscience qui ouvre nos yeux sur ce nœud à partir duquel rien ne pourra se faire, de bon, cette détermination à vivre quand même dans un espace plus vaste que la prison de la résignation ou du repli – dont je vous avoue qu’il me trotte dans la tête comme seule issue possible pour moi-, nous permettront, peut-être, de rabattre notre caquet de petits rois déchus de notre royaume usurpé de nantis, et nous ouvriront peut-être le désir du commun, qui lui, nécessite de revenir à la vertu. Aux vertus.

Les vertus ne sont pas dévotion religieuse, mais les seules valeurs qui nous permettent d’être soi, en commun. Et ce n’est pas rien si l’on admet que le commun ni l’être soi ne peuvent être annihilés. Cela peut paraître être un non choix, mais c’est un non choix, puisque c’est le réel. Nous nous adaptons à l’hiver, à la pluie, à la canicule, et si nous avons perdu la capacité d’être un dans le tout, soi dans ensemble, nous constatons que nous ne pouvons pas aller très loin en le niant.

Il nous faut réconcilier le rapport à soi et le rapport aux autres – les autres étant ce qui n’est pas soi, c’est-à dire l’inconnu qui se différencie du familier- ; le rapport à soi n’est pas simplement des pulsions et le passage à l’acte, le rapport aux autres n’étant pas seulement le désir ou le rejet. Si l’on néglige, si l’on occulte, si l’on balaie d’un revers de manche ce rapport à soi vertueux, le premier pas est fait pour le négliger dans notre engagement vis à vis des autres. Tromperies, trahisons, cachotteries, mensonges, harcèlements, invectives, violences, tout ce qui fait le fond de nos valeurs actuelles, le plaisir d’être ensemble quand l’autre ne peut être que faire-valoir ou bouc émissaire, ne peut être repoussé que par notre résistance à cette autorisation qui nous est donnée par les hauts tout puissants, et cette résistance ne peut avoir comme appui que la vertu. Aucun acte qui intégrerait ces nouvelles lois d’échange ne pourrait arriver à quoi que ce soit d’autre que ce qu’elles incitent.

Comme on nous a inculqué que notre liberté d’expression, notre liberté d’être nos différences, notre liberté de déplacement, d’acquisition, étaient notre liberté, nos bagarres, révoltes et indignations leur sont dévolues entièrement. Or notre liberté ne peut se gagner que si l’on sort de ce schéma et que si on la replace dans le cercle vertueux du vivre ensemble. Et dans le vivre ensemble, toutes tombent. Je peux m’exprimer librement que si je vous respecte, je peux vivre ma différence que si je ne l’impose pas comme spectacle ou comme quête de reconnaissance, je peux me déplacer que si cela fait sens dans ma vie et n’est plus la compensation à mes résignations par ailleurs, je peux acquérir que si je ne vous prive de rien. La vertu peut s’immiscer dans notre regard sur nous-mêmes, sans nous faire de mal mais en faisant du bien à tous.

La vertu nous incite à être juste, avec nous-mêmes, avec les autres, et cela sans provoquer de regrets. Encore faut-il avoir en tête ce que cela veut dire, ce que cela implique, ce que cela génère .

Et ce « cela » semble bel et bien perdu. Il est clair que les plus vindicatifs pour préserver leur pré carré, sont les plus malheureux, humiliés, déniés par le pouvoir, et que les modérés, dits bisounours, sont les plus sécurisés, qu’ils le croient à tort ou à raison. Ces deux camps ont tout pour se foutre sur la gueule, et c’est gagné pour ceux contre qui nous voulons lutter. Si nous sommes de la même veine que ceux contre lesquels nous voulons lutter, nous perdrons, ils sont plus forts ; notre seule chance est d’être d’une veine supérieure ; cette supériorité ne sera ni la force ni les armes ni l’audience mais notre détermination, notre courage collectif, et notre vertu.

La vertu comme la loyauté sont les seuls liants solides ; et comme le dit Kropotkine, le paresseux, le lâche, le fourbe se retrouvera bien seul quand aura commencé une société d’échanges et de coopération.

Par ailleurs, Reich a décrit et expliqué la psychologie de masse du fascisme, et cette peur de la liberté qui est la mère de toutes nos souffrances.

Voilà un résumé, succinct comme tout résumé, que j’ai trouvé sur internet :

« Datant des années de crise en Allemagne de 1930 à 1933, cette étude classique de Wilhelm Reich demeure une contribution capitale à la compréhension d'un des principaux phénomènes de notre temps : le fascisme. Reich rejette vigoureusement l'idée que le fascisme représenterait l'idéologie ou l'action d'un individu isolé, d'une nation précise ou encore de tel ou tel groupe politique ou ethnique. Il refuse également l'explication purement socio-économique avancée par les marxistes. Il voit dans le fascisme l'expression de la structure caractérielle irrationnelle propre à l'individu moyen dont les besoins et les pulsions primaires , biologiques , ont été réprimés depuis des millénaires. Reich analyse minutieusement la fonction sociale de cette répression et le rôle capital qu'y jouent la famille et l' Église. Il montre combien toute forme de mysticisme organisé, y compris le fascisme s'explique en définitive par le désir organique insatisfait des masses.

L'importance actuelle de cet ouvrage ne peut être niée. La structure caractérielle humaine qui fût à l'origine des mouvements fascistes organisés demeure : elle domine encore les conflits sociaux d'aujourd'hui. Si nous voulons éviter à notre monde de sombrer dans le chaos et l'agonie , il faut que nous prêtions toute notre attention à la structure caractérielle qui peut provoquer cette catastrophe ; il faut que nous comprenions la psychologie de masse du fascisme. »

 

En bref, comprenons l’histoire des hommes, soyons vertueux et gageons que cette émancipation devienne collective et nous amène à haïr le pouvoir où qu’il se niche, en nous-mêmes aussi, qu’on le subisse ou qu’on l’impose.

Nous avons raté de peu le premier pas à faire, par peur, par ignorance, à cause d’une multitude de pulsions négatives, de dogmes intégrés comme vérité, et surtout par manque de vertus.

Jamais l’étau s’est à ce point resserré, nous serons broyés, les uns ou les autres, si nous ne prenons garde (1).

(1. locution « prendre garde » : faire attention signifie par extension : ne pas faire ; « n’avoir garde de » : s’abstenir soigneusement ; « se donner garde de » : éviter.)
 


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38 réactions à cet article    


  • MagicBuster 2 mai 2017 15:58

    La tête à l’étau et le consensus ; dans un autre registre  smiley

    http://www.topito.com/top-10-des-autres-petits-noms-de-lart-complexe-du-cunnilingus



    • Ciriaco Ciriaco 2 mai 2017 16:52

      ... pour ce qui concerne les hommes, « Papiers Collés » de Georges Perros (trouvé dans une petite librairie du fin fond de la Bretagne).


      • jack mandon jack mandon 2 mai 2017 18:07

        Bonjour alinea,

        Je te sens motivée, le moment est crucial.

        Le fascisme grotesque mussolinien est bien mort. Mais un système politique émergé de nulle part qui articule un énarque éphèbe à l’imposture charismatique pour sauver l’état bourgeois politicard financier, qu’est-ce donc selon toi ? C’est une domination masquée, politiquement correcte, propre sur elle, avec l’apparence virginale du petit monstre macronien.

        Une imposture grotesque qui masque une infinie violence de fin du monde. La mondialisation est son credo, la guerre, sous toutes ses formes sa vocation absolue.

        Cette campagne nous aura permis de voir se concentrer tous les acteurs et ennemis du peuple derrière cette puissance de destruction. Maintenant, j’ai la conviction qu’il ne s’agit plus d’adversaires, mais d’ennemi de la vie et des peuples, le fascisme du XXIe siècle. Pas besoin de se référer à Reich.

        Au fait, le peuple n’a pas de coloration politique définitive, son évolution sur l’échiquier politique pendant plusieurs décennies le démontre. Le peuple a toutes les couleurs de l’arc en ciel, celle de la vie. Les systèmes politiques et autres ont été conçu pour la domination des humbles. Jean-luc éliminé, il faut voter pour des projets qui transformeront l’assemblée nationale. Il serait juste qu’elle représente proportionnellement le peuple français. Excellente occasion de voir revenir ton leader charismatique sous une autre forme. Tu vois on peut être de droite, ce qui est mon cas, et désirer la justice...pas celle des tribunaux politisés bien sur.

        Je veux dire qu’il faut pratiquer stratégiquement un vote paradoxal (pour toi) afin de dégager tous ces gens qui ne représentent qu’eux même et qui nous emmerdent dangereusement.

        Salut petite soeur


        • Fergus Fergus 2 mai 2017 20:39

          Bonsoir, jack mandon

          Beaucoup de vrai dans ce commentaire quelque peu désabusé.

          « il faut voter pour des projets qui transformeront l’assemblée nationale »

          C’est ce qu’ont voulu tous ceux qui, comme Alinea et moi, ont voté Mélenchon. Les Français ont fait un autre choix. Mais comment combattre cette alternative mortifère ? Certes, il reste des élections législatives. mais il ne faut pas se faire d’illusions : ce ne sont pas les vrais progressistes qui s’empareront des manettes du pouvoir sans lesquels il ne peut y avoir de transformation du système politique.

          Cela dit, tant que l’ours n’est pas tué*... 

          * Pas celui de Berne, j’y suis trop attaché ! smiley



          • Christian Labrune Christian Labrune 2 mai 2017 23:01

            @Alinea
            Montesquieu faisait de la vertu le ressort des régimes démocratiques. Il pensait à Athènes avant la tyrannie des trente, mais il ne se faisait quand même pas beaucoup d’illusions sur la vertu en politique : « Lorsque cette vertu cesse, l’ambition entre dans les coeurs qui peuvent la recevoir, et l’avarice entre dans tous [...] Autrefois le bien des particuliers faisait le trésor public ; mais pour lors le trésor public devient le patrimoine des particuliers. La République est une dépouille ; et sa force n’est plus que le pouvoir de quelques citoyens et la licence de tous ».
            On en est à peu près là dans la France d’aujourd’hui. Très inspirés par Rousseau et par la Rome d’avant Auguste, les révolutionnaires de 89 auront voulu rétablir le règne de la vertu, et c’est des sortes de Savonarole du genre de Robespierre qui auront été les plus fanatiques dans la réalisation de cet admirable objectif. Les massacres de septembre 92 et la terreur dès 93, à l’ombre de la guillotine, en auront été le beau résultat, jusqu’à la terrible gueule de bois de Thermidor.

            Il n’y a rien de plus estimable que la vertu, et j’ai souvent plaisir à relire ici ou là au hasard dans le gros « Traité des vertus » de Jankélévitch, Mais si une réflexion politique s’y dessine, c’est en creux, parce que la vertu est l’affaire des individus et que si on légiférait là-dessus, ce qu’on appellerait encore « vertu » n’aurait plus grand rapport avec l’exigence éthique d’où la vertu procède.

            Tonner comme vous le faites contre la corruption ne sert donc pas à grand chose. Paradoxalement, en politique, les tyrans les plus sanguinaires se sont toujours réclamés d’un simulacre de vertu. Danton l’indulgent (et d’abord avec lui-même) était incontestablement moins vertueux que Robespierre, mais il aura quand même été aussi infiniment moins nuisible.


            • alinea alinea 2 mai 2017 23:22

              @Christian Labrune
              Je m’adressais aux individus ; le jeu politique n’est pas vertueux, mais il n’est pas forcé non plus de s’entacher de toutes les corruptions, les mensonges dont il nous afflige depuis quelques temps.
              On n’y parle plus politique, c’est tout de même un comble.
              Ce que j’ai lu ici, comme articles ou commentaires m’a incitée à faire redescendre la vertu dans notre vie de tous les jours, car ce que j’y ai lu montrait clairement qu’il n’y a plus de surmoi, si l’on parle psy, et plus de vertu, si l’on parle morale. Et ce, chez les citoyens, si toutefois ils méritent encore ce nom.
              La vie sociale est politique, qu’on le veuille ou qu’on le sache ou non.
              Le tableau m’est très clair, et je tourne autour pour essayer d’y mettre des mots. Mais j’ai bien peur qu’ils n’en soient plus là : voir et comprendre sans filtre, passer de l’un au multiple et du multiple à l’un, semble un exercice au dessus de leurs capacités.


            • franc 3 mai 2017 08:41
              @Christian Labrune

               pas d’accord avec votre dernière phrase

              Robespierre l’Incorruptible ,aristocrate au sens noble de ce terme , a sauvé la République certes avec la guillotine tandis que Danton le traitre corrompu ce bourgeois au sens négatif de ce terme est infiniment plus nuisible en poignardant la République

            • Christian Labrune Christian Labrune 3 mai 2017 11:09

              @franc

              Oui, on peut dire ça. Et aussi par exemple que Pol Pot ou actuellement Kim Jong-Un ou Erdogan incarnent admirablement une certaine conception de la vertu ; communiste d’un côté, islamique de l’autre. Il y a bien une statue de Robespierre dans un square de Saint-Denis, mais je ne crois pas qu’aucune rue en France porte son nom, et c’est très bien ainsi.
              Il y a deux ans, sur AgoraVox, un allumé de la vertu révolutionnaire, à propos d’un débat sur Robespierre, précisément, m’avait assuré qu’on finirait bien par réhabiliter Pol Pot. Quand on commence par Robespierre, il faut bien finir par Pol Pot.
              Tous les goûts sont dans la nature.


            • Christian Labrune Christian Labrune 3 mai 2017 11:22

              ce que j’y ai lu montrait clairement qu’il n’y a plus de surmoi, si l’on parle psy, et plus de vertu, si l’on parle morale. Et ce, chez les citoyens, si toutefois ils méritent encore ce nom.
              ---------------------------------------------------------

              @alinea
              Par humeur, je souscrirais bien volontiers à ce constat, mais probablement pas pour les mêmes raisons que vous. C’est que la notion de vertu est des plus insaisissables. C’est probablement La Rochefoucauld qui a le mieux parlé de cette épineuse question. Il écrit par exemple :
              « Ce que nous prenons pour des vertus n’est souvent qu’un assemblage de diverses actions et de divers intérêts, que la fortune ou notre industrie savent arranger ; et ce n’est pas toujours par valeur et par chasteté que les hommes sont vaillants, et que les femmes sont chastes ».
              On n’est pas ici dans le domaine du politique, mais dans celui où vous paraissez vous placer, qui serait celui de la conduite de la vie des individus au jour le jour. Même là, le terrain est bien difficile,et parsemé de chausse-trappes des plus redoutables. C’est que si on se fait assez aisément des illusions sur les autres, l’amour-propre (au sens qu’avait cette expression au XVIIe siècle) induit à s’en faire souvent de bien pires sur soi-même.


            • Christian Labrune Christian Labrune 3 mai 2017 11:29

              ADDENDUM
              La maxime de La Rochefoucauld que je citais passe assez mal aujourd’hui, et cette distribution des rôles entre les hommes et les femmes nous ferait bondir, mais on est au XVIIe siècle et c’est le reflet des moeurs du temps. J’aurais peut-être dû en choisir une autre, mais je ne les connais pas toutes par coeur et je ne sais plus où j’ai rangé « Les Maximes ». Une petite transposition s’imposerait donc pour comprendre celle-ci, mais elle est des plus faciles à réaliser.


            • franc 3 mai 2017 14:14
              @Christian Labrune

              Il me semble que vous faites des amalgames et des généralisations exagérées et extrapolations abusives

            • Christian Labrune Christian Labrune 3 mai 2017 15:30

              Il me semble que vous faites des amalgames et des généralisations exagérées et extrapolations abusives
              ========================================
              @franc
              J’observe que c’est un robespierriste qui m’a écrit spontanément, il y a bien maintenant deux ans, qu’on finirait par réhabiliter Pol Pot. Et plus récemment, quand un barbu fumeur de cigares est parti en fumée à son tour, beaucoup de nos révolutionnaires de forum étaient pareillement disposés à excuser les agissements d’un Guevara mettant la main à la pâte, à la Cabaña, pour l’exécution des ennemis politiques de son Führer. Je n’ai donc rien inventé, la « généralisation » s’est bien faite toute seule.


            • joelim joelim 3 mai 2017 18:38

              @Christian Labrune
              Se baser sur une élucubration du net, et ancienne en plus, ça c’est un raisonnement solide. smiley 


            • bernard29 bernard29 3 mai 2017 10:24
              C’est ce que j’appelle un sermon d’une « bonne sœur » déboussolée.

              Et on ne fait pas la démocratie avec des sermons.

              • alinea alinea 3 mai 2017 10:49

                @bernard29
                 ? faire la démocratie ? je n’ai pas perdu le nord, je pense que beaucoup d’entre vous oui ! smiley


              • bernard29 bernard29 3 mai 2017 11:12
                @alinea

                « ..d’entre vous ??  » ouah !! merci de me vouvoyez. 

                Je n’ai pas voulu dire politique parce que nous savons bien, vous et moi, que la vertu et la tolérance ne sont pas les plus grandes qualités des insoumis dans les échanges de commentaires. 

              • bernard29 bernard29 3 mai 2017 11:14
                @bernard29
                « merci de me vouvoyer » bien sûr, excusez moi .

              • alinea alinea 3 mai 2017 11:34

                @bernard29
                « d’entre vous » n’est pas un vouvoiement, c’est l’ensemble de ceux qui pensent que la morale est has been, comme je le dis au début de l’article et qui participent du monde actuel.
                Quant aux réponses aux calomnies, mensonges mauvaise foi auxquels beaucoup d’insoumis répondent ici avec acrimonie, c’est un renvoi d’ascenseur 99 fois sur cent !


              • Christian Labrune Christian Labrune 3 mai 2017 11:38

                « merci de me vouvoyer » bien sûr, excusez moi .

                @bernard29

                Pendant que vous y étiez, vous auriez mieux fait de corriger par « vouSSoyer ». Je sais bien que la forme populaire du mot aura fini par prévaloir, mais elle reste tout à fait incorrecte -et détestable !


              • Fergus Fergus 3 mai 2017 12:01

                Bonjour, Christian Labrune

                Me belle-mère vous eût surnommé « Point sur l’I » ! smiley

                En réalité, cette querelle est dépassée. Et à mon avis d’autant plus que le mot « vouvoyer » renvoie le « voyer » à la lettre initiale « v » comme le mot « tutoyer » renvoie le « toyer » à la lettre initiale « t ». C’est pourquoi cette formulation me semble finalement plus pertinente car elle rend les deux mots plus cohérents.

                Toutes mes excuses, Alinea, pour cette digression.


              • bernard29 bernard29 3 mai 2017 13:48
                @alinea

                bien ! c’était pour vous forcer à expliciter votre position, car il semble que vous aimez catégoriser les gens, sans rien savoir d’eux. C’est typique des soi-disant « Insoumis ». 

              • Christian Labrune Christian Labrune 3 mai 2017 15:16

                Et à mon avis d’autant plus que le mot « vouvoyer » renvoie le « voyer » à la lettre initiale « v » comme le mot « tutoyer » renvoie le « toyer » à la lettre initiale « t ».
                ====================================
                @Fergus
                Je vous recopie la fin de l’article de Littré concernant le verbe voussoyer :

                « On a dit vouvoyer (Decourchamp, »Souvenirs de la marquise de Créquy, tome 3, chapitre VI) ; mais le mot est mal formé ; « vous » ne peut amener la syllabe « voy. » tandis que « tutoyer » est fait de « tu » et « toi ».

                Vous ne trouverez par ailleurs aucune entrée à un verbe « vouvoyer » dans cet énorme dictionnaire en sept volumes qui est la référence ultime de quiconque prétend s’exprimer dans notre langue.
                Je vous trouve bien téméraire, F’ergus, d’oser vous mesurer à Emile Littré, un auteur qu’on ne devrait approcher très humblement qu’à genoux - si ce n’est à plat ventre ! Je n’ai rien contre les blasphémateurs, sauf quand il s’agit de notre mère à tous, la langue française, et je ne saurais tolérer pour rien au monde qu’on la niquât si peu que ce fût.


              • Fergus Fergus 3 mai 2017 15:54

                @ Christian Labrune

                Je n’ai pas évidemment pas la prétention de me comparer à Littré. Je me réfère seulement à l’usage désormais largement dominant - personne ne dit plus « voussoyer » - pour lui trouver une cohérence qui m’a sauté aux oreilles il y a des années.

                Et puisque vous citez Littré, je doute que l’on puisse trouver dans son dictionnaire le verbe « niquer ». smiley


              • baldis30 3 mai 2017 12:20

                bonjour ;

                « la générosité, la compassion, l’amour, la bonne foi, la justice, la fidélité, l’humour, la prudence, le courage, la tempérance, la compassion, la gratitude, l’humilité, la simplicité »

                En avez vous parlé à DSK, Cahuzac, Thevenoud, Fillon .... ?

                « l’avidité, l’indifférence, la haine, le déni de l’autre, l’arrogance, la malveillance, l’hypocrisie et l’abus de pouvoir. »

                En avez-vous parlé avec Giscard, Sarkozy,....

                Il faut parler ... il faut parler .. toutes les personnes citées ont le droit d’être écoutées et le droit de parler de leurs expériences , ....

                le peuple jamais !


                • alinea alinea 3 mai 2017 13:00

                  @baldis30
                  Je parlais de nous, qui filons un mauvais coton ; pas des malades mentaux du pouvoir !


                • petit gibus 3 mai 2017 12:42
                  @ l’auteur

                  Tu essayes de nous faire disserter sur la vertu
                  dans le contexte politique actuel.....

                  Mais un cheval sauvage camarguais comme toi
                  peut il encore communiquer avec des chevaux de trait ? smiley



                  • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 3 mai 2017 12:46

                    BLABLABLA et ça continue de voter et vous nous parlez de LIBERTÉ !? 
                    Vous êtes ridicules !


                    • alinea alinea 3 mai 2017 12:59

                      @bouffon(s) du roi
                      Non, ça ne continue pas de voter ; jamais sans conviction ni engagement total.


                    • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 3 mai 2017 13:15

                      @alinea

                      C’est de la merde, mais vous avez le droit d’aimer.


                    • jjwaDal jjwaDal 3 mai 2017 18:08

                      Lordon l’a dit mieux que moi sans doute « On peux dépeindre le monde tel qu’il est avec la pensée analytique, mais sans affects associés, cela n’aura aucun effet ». Pour avoir un surmoi redoutable, je mesure à quel point il a raison. Vous parlez de vertu, ma foi, avec un peu de talent. Personnellement j’aime bien remonter à une de mes premières lectures « Les principes de plaisir » (Campbell) qui décrivait magnifiquement nos « 3 cerveaux » et en particulier le pilotage direct du plus primitif (Plus de 400 millions d’années quand même), par une hormone qui est la testostérone. Plus le taux de cette hormone est élevé, plus l’appétance à l’exploration, la prise de risque, les sensations fortes, l’agressivité, et même plus précisément le plaisir physique, sont grandes. Parler de vertu nécessite un minimum de garder ce savoir en arrière-pensée. Coluche disait « Chez certains, la morale devient rigide quand le reste ne l’est plus » avec autant d’efficacité. A la limite on comprenait mieux qu’un discours sur la neurophysiologie.
                      « Pour moi les vertus sont la curiosité, l’attention et la vigilance » dites-vous et pour la neurophysiologie, elles relèvent du fonctionnement basique de notre « cerveau » le plus archaïque. Elles sont donc un bien commun. Voir ce que nous en avons fait, via les structures sociales dont nous héritons et construisons au quotidien est une épreuve décapante.
                      Les religions sont la preuve du désir impérieux pour l’être humain de croire en quelque chose qui le dépasse. Notre malheur est que pour des raisons difficiles à décrire en peu de mots nos contemporains croient en un paradigme économique, un mode d’organisation sociale, profondément malsains pour le collectif. Et justement ce n’est pas un hasard s’il ne voit que des individus libres et aucune société, des pulsions consuméristes et de compétition, en omettant tout ce qui relève d’un autre paradigme.
                      Un monde de cinglés, mais aussi longtemps que la pensée analytique ne synthétise pas la démence de celui-ci sous une forme aisément compréhensible et accessible au plus grand nombre , je vois mal les affects monter pour nous inciter à le combattre.
                      Mélenchon pas plus qu’aucun autre candidat n’a fait ce travail. Je ferais un article sur ce paradigme économique, un jour de colère...


                      • alinea alinea 3 mai 2017 18:38

                        @jjwaDal
                        C’est plus qu’ambigu : une pensée analytique ne peut pas synthétiser, par définition.
                        La compréhension n’a jamais aidé ; en orient, on dit qu’elle ne sert à rien ; la seule chose est l’action, mais consciente. Ah, la conscience ! Qui n’est pas raison mais connaissance.
                        En fait, on n’a pas besoin de religion pour voir que tout ou presque nous dépasse ; moi je vois plutôt la religion comme consolation parce que voir, surtout s’il s’agit du collectif, nous laisse dans notre impuissance. tandis que la croyance, et son corolaire la conviction sont de puissants carburants pour exercer son énergie et donner de la satisfaction à l’ego.

                        Je suppose que la colère viendra plus vite que vous ne le pensez, car là où on va, si on se résigne pas, si l’on ne s’abstrait pas, la colère montera !


                      • jjwaDal jjwaDal 4 mai 2017 05:51

                        @alinea
                        « Une pensée analytique... par définition. ». Bien sûr que si : il faut d’abord une analyse approfondie d’un problème pour en déchiffrer le tronc, les branches principales et toutes les arborisations. Sinon toute lutte fait penser à quelqu’un s’acharnant après un tentacule de pieuvre au lieu d’aller directement viser le coeur ou le cerveau...
                        Mais pour en revenir à votre article sur la vertu, j’ai déjà mentionné que vos vertus de base sont directement issues de nôtre câblage primitif, ce sont des conséquences validées par l’évolution de notre neurophysiologie. Bien au-delà sont profondément engrammées en nous les valeurs comportementales qui nous ont values d’exister en 2017. Nous avons profondément en nous la défense de nos proches, de notre clan et même des membres de l’espèce, valeurs sans lesquelles notre espèce n’aurait pu survivre. Ces puissants « commandements » internes n’ont pu que survivre même dans notre époque troublée pour y chercher une opportunité d’expression à la moindre occasion.
                        C’est bien en abusant de ces « programmes primitifs » enchassés en nous que des bonimenteurs peuvent nous vendre à bon compte la « défense de la patrie » (quand ils ne défendent qu’une idéologie, une corporation d’intérêts privés, etc), la défense de valeurs (ici de la race blanche, ici de la France, ailleurs un « exceptionnalisme » qui dispense de tout examen autocritique sur les motivations et actes). Il y a donc un au-delà à votre version « chaude » des affects vertueux qui apporte de la substance bien plus que ça n’en retire.
                        Nous sommes facilement pétris par la société et la civilisation dans laquelle nous baignons (ne parlons même pas de l’apport du couple qui nous a mis dans le bain....), vous le savez autant que moi. Nous sommes le lieu d’affrontement de « vertus » issues de notre évolution et physiquement présentes en nous quoi qu’on fasse et d’autres qui sont nécessitées et exprimées parce que le « décor » nous incite et autorise à le faire. Hitler a bien utilisé les structures sociales de son époque et les croyances collectives d’alors pour faire basculer « son » peuple dans une guerre mondiale en utilisant les affects au maximum. Or basiquement ces gens n’étaient ni plus ni moins vertueux que vous et moi, ni pas moins manipulés... Donc la vertu individuelle faisant tâche d’huile, je suis dubitatif sur l’ampleur de la tâche.


                      • Francis, agnotologue JL 3 mai 2017 18:51

                        Bonjour alinea, 

                         
                         bravo pour cet article.
                         
                        Je vous conseille la lecture de ce petit livre de JL Mélenchon que vous dites ne pas avoir lu : « De la vertu ».
                         
                        En fait, cet ouvrage s’articule en 5 chapitres intitulés respectivement :
                         
                        Introduction . De la Vertu
                        Chapitre 1. Liberté
                        Chapitre 2. Egalité
                        Chapitre 3. Fraternité
                        Postface
                         
                         En voici la copie de la 4ème de couverture :
                         
                         « En pleine faillite matérielle et morale, notre société s’éloigne toujours plus de ce qu’elle proclame sur tous ses bâtiments publics : »la liberté, l’égalité, la fraternité« . Le grand nombre n’a donc plus confiance en rien ni en personne. En tous cas en aucune institution, ni en ceux qui les représentent. Les gens préféreraient avoir confiance. Ils ne sont pas habités de rancœur, mais d’amertume.
                         
                         Tandis que notre morale personnelle organise notre comportement individuel, la Vertu doit régler ce que nous faisons en société. La Vertu c’est donc une méthode d’action à usage individuel dans la vie publique. Ce livre propose de la faire vivre par la raison, le débat argumenté et des propositions concrètes.
                         
                         La Vertu n’est pas l’apanage d’un parti ou d’une famille politique. La Vertu reste un choix. Oui, un choix dont chacun est personnellement responsable. »

                        • alinea alinea 3 mai 2017 20:35

                          Merci JL
                          C’est un choix, dit-il... je me le demande !
                          Je je lirai très bientôt, envie de revenir aux sources.
                          je me suis fait commander la psychologie de masse du fascisme que j’ai lu il y a très longtemps. Ce monde devenu fou, avec des individus insensés, incapables de voir qui il y a en face d’eux, m’inquiète de plus en plus.
                          En attendant je vais jeter un œil au débat ; j’ai le pressentiment que macron va craquer, et ainsi perdre sa mise !!


                        • Philippe VERGNES 4 mai 2017 08:50

                          @ Bonjour alinea,


                          Et merci pour cet article « vertueux ». 

                          « En attendant je vais jeter un œil au débat ; j’ai le pressentiment que macron va craquer, et ainsi perdre sa mise !! »

                          C’est très exactement ce que prophétisait également A. Soral dans l’une de ses dernières vidéos. Pour ma part, il était très clair que nombreux sont ceux qui le sous-estimaient et j’avais dit avant ce débat que c’était MLP qui exploserait en plein vol face à EM. Force est de constater que c’est ce qui s’est passé. Espérons que cela aura au moins servi à certains à prendre conscience de la « faiblesse » de leur « mentor ».

                          Le cas Macron me fait penser, pour diverses raisons et depuis un certain temps, à un article de 1925 de K. Abraham concernant « L’histoire d’un chevalier d’industrie à la lumière de la psychanalyse » (je suis en train de recopier cet article pour le publier sur mon blog, car c’est l’une des toutes premières études sur un certain type de « fraudes » que l’on qualifie aujourd’hui de criminalité en col blanc).

                          Concernant les vertus, il est toutefois dommage que vous ne développiez pas la façon dont elles se développent, se conservent ou se perdent. C’est pour cela que pour ma part, je préfère parler des « valeurs » que sont le beau, le bien, le vrai et le juste.

                        • Francis, agnotologue JL 4 mai 2017 09:09

                          @Philippe VERGNES
                           

                          bonjour ; 
                           
                          ’’ pressentiment que macron va craquer, et ainsi perdre sa mise !! -> C’est très exactement ce que prophétisait également A. Soral dans l’une de ses dernières vidéos.’’
                           
                          Je suis bien content que Soral se soit aussi magnifiquement trompé.
                           
                          Je crois que les gagnants de ce débat sont les abstentionnistes de tous poils : pas besoin de se déplacer, ni pour soutenir la perdante, ni pour conforter celui qui a déjà gagné.

                        • jjwaDal jjwaDal 23 octobre 2018 20:24

                          ×15=+4 Assez étonnant ce « -15 » sur votre article en modération.

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