J’entends bien votre propos, mais je me dis aussi que les mots ont un poids, et qu’à entretenir la confusion sur le plan du sens, on va à la possibilité de la tromperie. En l’occurrence, sur le plan sémantique, tout cela pourrait mener à croire que la loi proposée viserait à faire des politiques rien moins que des saints... Par ailleurs, si on veut être honnête, il me semble que le registre adéquat existe déjà dans la langue, et c’est celui de la légalité (pas de la moralité). Tout se passe ici comme si l’emphase du côté de la morale devait dispenser de la rigueur du côté de la loi. Autant dire qu’en parlant de moralisation, les politiques s’évitent d’en venir à la juste sanction légale, ce qui semble bien naturel si on se souvient que cette sanction devrait s’appliquer à personne d’autre qu’à eux-mêmes.
Il ne s’agissait pas non plus d’écrire une thèse. Pour aller plus loin, il faudrait mettre l’accent sur la notion de choix, s’interroger sur le libre arbitre, revenir à des questions philosophiques profondes comme celle de la détermination de la volonté. Le modèle dominant pense le comportement du consommateur en terme de libre choix, je pense quant à moi que c’est là, en grande partie, une illusion (et qui est de nature idéologique, c’est à dire que sa fonction est d’occulter la réalité). J’ai simplement voulu partir d’un petit axiome, celui de la recherche du profit, pour tirer quelques conséquences et remettre en cause le relativisme ambiant (idéologique lui aussi).