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epicure de samos

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  • epicure de samos 10 avril 2009 15:00

    Chère Vivi,

    Certes, je n’ai pas la même opinion que vous quant à l’innocence de Colonna même si je vous rejoins sur les très mauvaises manières que font les juridictions d’exception à l’idée même de Justice.

    Je ne vois cependant pas ce qui vous autorise à écrire que j’en aurais « après les Corses » et que je me réjouirais que soient « bafoués les droits d’un Corse ».

    Comme je l’ai déjà écrit à Roseau — mais vous n’avez sûrement pas relevé puisque vous avouez ne faire que « survoler » les commentaires qui ne vont pas dans le sens de vos convictions — je suis Corse, né en Corse, d’une mère Corse née en Corse, d’un père Corse né en Corse et je peux remonter comme ça assez loin dans le temps.
    Votre commentaire, désobligeant mais qui, en l’occurence, tombe piteusement à côté de la plaque, ne fait que souligner un trait de votre psychologie : vous êtes convaincue que les Corses sont les victimes de je ne sais quel complot ourdi par je ne sais qui.
    C’est une forme de paranoïa assez courante dans les milieux nationalistes et elle ne débouche généralement pas sur de bonnes choses…

    Pour ma part, tout Corse que je sois, je ne me sens absolument pas victime et j’essaie au moins d’argumenter ce que j’avance sans avoir recours à des explications fumeuses.
    J’ai mes opinions et vous n’y souscrivez pas.
    Vous avez les vôtres et je ne les partage pas.
    Ça ne vous donne pas pour autant le droit de manier — comme Roseau d’ailleurs — les sous-entendus fielleux et les généralisations hâtives.
    Ce faisant, vous discréditez votre cause plus que vous ne la servez.



  • epicure de samos 10 avril 2009 13:45

    Cher Claude Papi,

    Comme vous ne l’ignorez pas, le tueur du préfet porte une perruque blonde.
    Et l’assassinat a lieu à une heure tardive et dans une rue mal éclairée.

    Marie Ange Contart, dont on met souvent en avant la profession de croupier, sous entendant par là qu’elle est forcément physionomiste, n’a vu l’assassin, selon ses propres dires, que l’espace d’une « demie seconde ». Mais elle fait une description assez précise de l’assassin.
    Sa mère, assise à ses côtés, sans doute moins physionomiste qu’elle, ne voit pas la même chose…
    L’autre témoin dont vous parlez, Colombani, ami du préfet, ne reconnaît pas Colonna mais, pour nuancer son témoignage, il est à une vingtaine de mètres de la scène de crime, il fait nuit et je vous le rappelle, l’assassin est grimé.

    Vous jugez scandaleux et considérez comme une preuve de manipulation que, suite à la déposition de Maranelli accusant Colonna, les policiers aient « fait des photocopies de ce 1er procès-verbal pour le présenter à Alessandri. »
    Or, la pratique policière qui consiste à bidonner des aveux et à produire un faux PV d’audition pour faire craquer un gardé à vue n’est pas exceptionnelle, loin s’en faut. Une audition criminelle n’est pas une conversation entre gens de bonne compagnie.
    C’est une partie de poker où chacun des joueurs triche.
    On peut déplorer la méthode mais elle se pratique chaque jour dans les commissariats de France et de Navarre. Et, au regard du code de procédure, elle n’est pas illégale.

    Il est vrai que je ne parle pas de ceux qui n’ont pas nommé Colonna.
    Mais que dire d’Istria qui, dénoncé par tous les membres du groupe comme étant le chauffeur d’une des voitures utilisées pour « l’opération », a toujours nié sa participation ?
    Et que dire de Versini qui a refusé de participer à l’assassinat parce qu’il lui était impossible de concourir à la mise à mort d’un homme ?
    Cependant, concédez que ceux qui ont accusé Colonna l’ont fait clairement, à maintes reprises et qu’avant de se rétracter, ils ont longtemps maintenu et réitéré leurs accusations.

    Vous avancez comme preuves qui « innocenteraient presque » Colonna (et je note l’utilisation du mot « presque ») des écoutes téléphoniques où il converse avec Alessandri, « bien après l’assassinat », écrivez-vous.
    Or, pour expliquer qu’il a accusé Colonna à tort, Alessandri met en avant un ressentiment né, selon lui, quand son ami a refusé de s’associer à l’assassinat du préfet.
    Permettez-moi de trouver étrange que deux amis désormais fâchés continuent à deviser tranquillement de tout et de rien.
    Par ailleurs, je saisis mal comment vous pouvez écrire que Colonna affirme à son ami « ne pas comprendre ce qu’on lui reproche, que c’est un coup monté, etc » alors que le nom de Colonna n’apparaît dans la procédure qu’à partir du moment où Maranelli le dénonce.
    Questionnée au sujet de ces écoutes, la juge Le Vert ne dit pas la même chose et explique qu’elles n’ont pas été versées au dossier car elles n’abordaient jamais l’affaire Erignac et n’avaient donc aucune valeur.

    La question n’est pas non plus de savoir ce que je pense personnellement des nationalistes mais plutôt d’évaluer ce que les nationalistes ont fait d’une cause qui, au départ, n’était pas plus mauvaise ou illégitime qu’une autre.
    Dois-je vous rappeler que fondé à ses débuts sur l’idée d’une propagande armée — c’est à dire d’une lutte strictement politique s’appuyant sur des actions militaires limitées et purement symboliques — le FLNC a basculé, dès les premières répressions et sous couvert d’une Lutte de Libération Nationale, dans une action violente imposée par les éléments les plus « droitiers », pour ne pas dire fascisants, du mouvement ?
    Cette dérive fascisante et claniste a produit les dérives que vous savez.
    Colonna était répertorié de longue date comme un activiste de ce FLNC fascisant et claniste… Faut-il rappeler qu’en 1994, les flics avaient déjà eu l’occasion d’entendre conjointement, sans retenir de charges contre eux, Colonna, Ferrandi et Alessandri, dans le cadre de l’enquête sur la tentative d’assassinat de Pierrot Poggioli, chef suprême du FLNC tombé en disgrâce et devenu entre-temps conseiller régional à l’Assemblée territoriale ?

    Pour finir, je ne défends absolument pas la validité et l’impartialité de la cour d’assises spéciale qui a jugé Colonna.
    Je suis même tout à fait disposer à admettre qu’une juridiction d’exception n’a pas de place dans une démocratie digne de ce nom (mais sommes nous encore en démocratie ?) et qu’elle n’est pas le meilleur garant pour rendre sereinement et équitablement la justice.

    Mais Colonna se serait contenté d’élever paisiblement ses chèvres et de militer pour ses idées sans verser dans les dérives sanglantes et affairistes d’un mouvement qui s’est totalement discrédité, il n’aurait pas aujourd’hui à subir personnellement ce discrédit et les conséquences d’un énorme gâchis.



  • epicure de samos 9 avril 2009 16:10

    Cher Roseau,

    Que d’amabilités en si peu de lignes ! Vous vous surpassez !

    Libre à vous de déceler dans mon texte plus de mensonges et d’inexactitudes que dans les propos et retournements successifs des assassins d’Erignac.

    Ecrivez ce que vous voulez mais permettez-moi de vous répondre que je ne m’applique nullement « à démontrer que la justice a bien agi dans ce procès. »
    Je crois au contraire que la justice s’est montrée, comme souvent dans ce pays, très au-dessous de ce que les citoyens pouvaient en attendre. Et que c’est son incapacité à assumer son rôle face au système de défense de Colonna plus que les éléments objectifs de son « innocence » qui ont a semé le doute dans les esprits.

    Je parle en effet des revirements de Marie-Ange Contart parce que ces revirements existent et qu’ils ont été consignés.
    Et c’est vous qui mentez lorsque vous écrivez que la cour a refusé le supplément d’information que demandaient les avocats de Colonna suite à la divine surprise que furent, l’espace de quelques jours, les pseudo révélations de Vinolas.
    Ce complément d’information a bien été accordé et les deux militants nationalistes ont bien été identifiés… Et ce sont les avocats de Colonna qui ont jugé plus prudent pour leur client que ces deux-là ne viennent pas déposer au procès.

    Vous parlez, au sujet de mon texte, de « beaucoup d’omissions volontaires » mais, évidemment, sans dire lesquelles.

    Vous m’accusez de mauvaise foi et me reprochez d’écrire que : « la Corse n’est pas à un faux témoignage et à une subornation de témoin près »… De ce point de vue, je vous répondrais que vous n’avez pas le monopole de la vérité historique et que, de tous temps, ces choses-là ont existé en Corse. Et pour être tout à fait juste, dans une bonne partie du bassin méditerranéen.
    Tout Corse un peu au fait des choses le sait et l’admet.
    Que vous vous en offusquiez ne change rien à cette réalité d’ordre sociologique et met seulement en évidence votre propre partialité ou votre ignorance.

    Mettant définitivement bas les masques, vous l’expert « en amalgames à deux balles », vous finissez par l’insulte gratuite en écrivant : « j’en viendrais à croire que vous avez vous-même trempé là-dedans. ».
    Je suis désolé de vous décevoir, cher Roseau, mais je me garde bien de tremper dans quoi que ce soit. Je suis simplement un citoyen qui s’informe et cherche à comprendre au-delà des appartenances claniques.

    Pour finir, car je vous sens venir de loin, cher Roseau, j’ai quelques quartiers de « corsitude » qui remontent loin et vous feraient sans doute pâlir d’envie.
    Ne m’attaquez donc pas sur ce terrain : vous seriez certainement perdant.



  • epicure de samos 9 avril 2009 14:53

    Cher Philippe Antonetti,

    Ma « prétendue démonstration » comme vous dites ne cherche pas à démontrer quoi que ce soit et mon commentaire est simplement l’expression de l’idée que je me fais de cette affaire.

    Vous affirmez que le jour de l’assassinat du préfet, « Colonna est simultanément en deux endroits distants de 50 km » ce qui est faux.
    Trois hommes (Maranelli, Ferrandi et Alessandri) et une femme (l’épouse de Ferrandi) affirment que Colonna était bien avec eux le soir de l’assassinat, affirmations qui ne leur ont pas été extorquées sous la torture et qu’ils ont maintenues pendant 18 longs mois avant de changer — miraculeusement ? — de version…
    Sans doute le délai de réflexion nécessaire à la manifestation d’une vérité… fluctuante.

    Si vous lisez bien mon commentaire précédent, je ne passe pas sous silence les mensonges des enquêteurs et je vous concède volontiers que le sémillant Marion n’est pas ce que l’on pourrait appeler un homme de confiance et que les flics de la DNAT ne sont pas des enfants de chœur…
    Cependant, et pardon de me répéter, les aveux circonstanciés de Maranelli, Ferrandi et Alessandri sont là et bien là.
    Et ils accusent tous Colonna d’être le tueur du préfet…
     
    Je ne sais pas où vous avez déniché que la juge Le Vert remet « en cause la version officielle des 3 tueurs » mais elle le fait si bien que les avocats de Colonna — sans doute pour s’en faire une alliée — portent plainte contre elle ( et contre Bruguière et Thiel) au motif que ces trois juges chargés de l’instruction de l’affaire Erignac, auraient fait obstacle à la manifestation de la vérité en ne versant pas au dossier des écoutes favorables à leur client… Les avocats de Colonna leur reprochent d’avoir « détruit, soustrait, recelé ou altéré des documents publics de nature à permettre la manifestation de la vérité ».
    Versées aux débats après la désertion de Colonna et de ses cinq avocats, ces écoutes, réalisées entre décembre 1998 et mai 1999, démontreraient que contrairement à la version que donne le très antipathique Marion ( « Colonna n’était pas une priorité pour moi »), les enquêteurs avaient connaissance de contacts fréquents entre Colonna et plusieurs membres du commando avant leur interpellation…
    Etranges comportements pour des hommes qui s’en veulent à mort au point qu’ils accuseront bientôt Colonna de faits dont il serait innocent.

    Vous écrivez que « les témoignages des gendarmes de Pietrosella démontrent la présence de conjurés supplémentaires » ce qui est peut-être vrai dans l’affaire de l’attaque de cette gendarmerie et dans le vol de l’arme qui servira à tuer le préfet mais ne prouve rien quant à l’innocence de Colonna concernant l’assassinat proprement dit.

    Contrairement à ce que vous écrivez, je ne prends pas pour argent comptant la version de l’accusation mais je me contente de fonder mes réflexions sur l’existence (et, jusqu’à preuve du contraire, la véracité) des aveux de Maranelli, Ferrandi et Alessandri.

    Vous estimez que je « dénigre » Marie Ange Contard mais je renvoie seulement aux propos qu’elle a tenus dans ses premières dépositions et qui ont bien changées comme démontré dans le commentaire que j’ai posté précédemment.
    J’ajoute que l’histoire judiciaire de la Corse (et pas seulement celle du nationalisme) est pleine d’exemples de faux témoignages, de subornations de témoins et de rétractations inexpliquées.

    Concernant le témoignage à la barre d’Alessandri, je ne rejette pas la responsabilité de sa non exploitation sur les défenseurs de Colonna mais je renvoie une fois de plus aux multiples variations des déclarations d’Alessandri…
    Pour rappel : en 1999, placé en garde à vue, Alessandri accuse Colonna… Il l’accuse pendant 18 mois y compris devant les juges d’instruction… En 2000, il le dédouane… En juillet 2003, pendant le premier procès des assassins d’Erignac, ce n’est plus seulement Alessandri qui jure ses grands dieux que Colonna n’était pas là le soir de l’assassinat mais tous les membres du commando… En octobre, désormais condamné, Alessandri s’accuse d’être le tueur… En 2009, il explique qu’il a accusé Colonna par esprit de vengeance, chose qu’il n’avait jamais dite auparavant…
    Ça fait beaucoup de variations pour un seul homme ne trouvez-vous pas ?
    Et la question se pose de savoir quel sens Alessandri donne au mot « vérité ».

    Je n’élude pas soigneusement « l’ersatz de complément d’information » ordonné suite au témoignage de Vinolas mais j’en donne la seule explication qui vaille à savoir que les avocats de Colonna n’ont pas voulu entendre les deux militants nationalistes mis en cause par Vinolas parce qu’ils savaient pertinemment que rien de favorable ne sortirait de leur audition.

    Quant au refus d’une reconstitution que vous mettez au débit de la cour, dois-je vous rappeler que jusqu’à son procès en appel, Colonna a toujours refusé de se prêter au jeu de la reconstitution car, comme il l’expliquait noir sur blanc dans sa fameuse lettre envoyée au RIBOMBU, il ne reconnaissait aucune légitimité à une justice dite « coloniale ».
    Sachant parfaitement que Colonna ne s’y soumettrait pas et que de toutes façons, ils ne l’obtiendraient pas, la gesticulation des défenseurs autour de cette demande de reconstitution était donc purement tactique.
     
    Pour finir et pour répondre très directement à la critique que vous me faites de mettre mon poids dans le mauvais plateau de la balance, je pense que depuis 30 ans qu’il se manifeste au nom d’un peuple qui ne le suit pas, le nationalisme corse a donné, bien plus que mes modestes et inoffensives réflexions, une singulière image de la justice en n’hésitant jamais à utiliser pour faire valoir ses « idées » , le chantage, la terreur et souvent, très souvent, le meurtre sans jugement préalable.

    Cher Philippe Antonetti, comme beaucoup des soutiens de Colonna, vous avez des indignations sélectives.



  • epicure de samos 9 avril 2009 01:32

    Entendons nous bien.
    Je n’ai pas de sympathie particulière pour les préfets (surtout par les temps qui courent) pas plus que je n’en ai pour les flics ou les magistrats.
    Et je ne suis pas de ceux qui disent, la bouche en cœur, qu’ils font confiance à la justice de leur pays.
    Mais je n’ai pas non plus beaucoup d’attirance pour les nationalistes corses en particulier et pour les nationalismes en général.

    Contrairement à vous, Roseau, et à beaucoup des commentateurs qui vous tressent des couronnes de laurier, je ne joue pas non plus l’intime conviction des supporters de Colonna contre l’intime conviction des jurés professionnels qui ont lourdement condamné Colonna.

    J’essaie de faire preuve de logique et d’indépendance d’esprit. Point barre.

    Le soir de l’assassinat, Maranelli chassait la bécasse, Ferrandi regardait France 3 et Colonna livrait du brocciu, alibis confirmés, au moins pour les deux premiers, par leurs épouses…
    Jusque là, rien d’anormal. Il est rarissime que des personnes mises en cause dans une affaire criminelle passent aux aveux dès les premières heures de leur garde à vue.

    Manque de bol pour Maranelli et Ferrandi, les bornes relais couvrant la zone située entre la préfecture d’Ajaccio et le théâtre Kallisté révèlent que huit coups de fil ont été échangés entre eux dans les 40 minutes qui précèdent l’assassinat du préfet Erignac.

    La compagne de Maranelli craque la première.
    Puis c’est Maranelli qui avoue son implication.
    Et qui explique le rôle de ses complices.
    Selon ses aveux :
    1) Il est le guetteur chargé de donner le top départ de l’opération.
    2) Ferrandi est le chef du commando.
    3) Colonna est le tireur.
    4) Alessandri est chargé de protéger Colonna. C’est le même Alessandri qui, affirmant que Colonna a abattu le préfet Erignac, donne des détails : « Yvan Colonna se trouvait derrière moi. Presque immédiatement après avoir croisé le préfet, j’ai entendu des coups de feu […]. J’ai retourné la tête, et j’ai vu le préfet à terre. »
    5) Ottaviani est le chauffeur qui après avoir transporté Ferrandi, Colonna et Alessandri sur les lieux, les récupère après l’assassinat pour les conduire au domicile de Ferrandi.

    L’épouse de Ferrandi avoue aux flics que son mari, Colonna et Alessandri ont effectivement passé la nuit chez elle.
    Et Ferrandi, le chef du commando, confirme les dires d’Alessandri concernant la participation de Colonna.

    On peut gloser tant qu’on veut sur les mensonges, les approximations ou les tripatouillages des flics.
    Mais ces aveux initiaux sont si peu remis en question qu’au cours de l’instruction, Maranelli , Alessandri et Ferrandi les réitèrent devant les juges et en présence de leurs avocats.

    Ils ne se rétractent qu’un an et demi plus tard.

    Chargé de déterminer les causes de la mort du préfet par une autopsie et non par une expertise balistique, Paul Marcaggi, médecin légiste d’Ajaccio mais pas balisticien, émet l’hypothèse d’un tireur ayant une taille proche de celle du préfet : « …en tant qu’expert, je constate que le préfet Erignac mesurant 1m83, a été tué d’une première balle, entrée derrière l’oreille gauche, et tirée dans une trajectoire proche de l’horizontale. Peut-on en déduire la taille de l’assassin ? Je ne peux pas être formel. Le préfet pouvait, par exemple, avoir la tête légèrement penchée. De plus, je n’ai pas été invité à la reconstitution qui aurait permis de valider, ou d’infirmer, de nombreuses hypothèses et d’éviter cette controverse. »
    Au dire de Marcaggi, cette hypothèse n’est donc ni validée ni infirmée…
    Mais faisant grand cas des déclarations de Marcaggi, les supporters de Colonna y voient la preuve qu’il ne peut pas avoir été le tireur puisqu’il ne mesure qu’1m72…
    Mais ils se gardent bien de noter que Joseph Colombani, haut fonctionnaire territorial qui attend devant le Kallisté, à une vingtaine de mètres du lieu où est abattu Erignac, a formellement déclaré que lors de l’agression, le préfet s’est : « courbé presque à angle droit ».

    Ami de Colonna, Alessandri, retire le nom de Colonna de ses déclarations en janvier 2000 après l’avoir précisément mis en cause quelques mois plus tôt.
    En juillet 2003, devant la cour d’assises spéciale, Alessandri exclut définitivement Colonna du commando et remet en cause son propre rôle de protecteur du tireur.
    En octobre 2003, après avoir été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité comme coauteur de l’assassinat du préfet, Alessandri change encore de thèse et s’accuse cette fois d’avoir lui-même exécuté Erignac.

    Les supporters de Colonna font mine de voir dans les déclarations d’Alessandri une preuve supplémentaire de son innocence.
    Mais alors qu’ils faisaient grand cas des déclarations du médecin légiste quand il parlait d’un tireur dont la taille aurait pu avoisiner celle du préfet, ils ignorent superbement qu’Alessandri est à peine plus grand que Colonna (1m72 pour Colonna et 1m75 pour Alessandri).

    En mars 2009, durant le procès en appel, Alessandri peine à expliquer ses successifs et tardifs revirements.
    Répondant à une question de Maître Simeoni, Alessandri explique que ce sont la peur d’assumer son geste et l’envie de gagner du temps qui l’auraient conduit à dénoncer, à tort, son ami.
    Mettant cette dénonciation sur le compte d’une vengeance, il ajoute :
    « J’ai des reproches à faire à Yvan. Quand j’ai décidé de franchir le pas de la violence clandestine, j’ai espéré qu’il ferait partie de notre groupe. J’en ai voulu à Yvan Colonna de ne pas y être allé avec nous pour être cohérent avec son discours, plutôt que d’avoir laissé des jeunes comme Didier Maranelli et Martin Ottaviani monter au charbon. ».
    La phrase — qui, soit dit en passant, fait de Colonna le portrait d’un ultra — a semé le doute mais n’a été suivie d’aucune question des avocats de la défense.
    Il faut cependant rappeler que ce n’est pas Alessandri mais Maranelli qui fut premier à mettre Colonna en cause et que, chronologiquement, les aveux d’Alessandri et de Ferrandi sont ultérieurs à ceux de Maranelli.
    Maranelli — un des « jeunes » — avait-il lui aussi une dent contre Colonna ?
    Et si oui, laquelle ?
    Mystère…

    En 2009, Vinolas, ex-secrétaire général adjoint d’Erignac, indique à la barre que deux autres hommes ont peut-être participé à l’assassinat du préfet.
    Fidèles à leur défense de rupture, les avocats de Colonna sautent sur l’occasion, font monter la mayonnaise et exigent un supplément d’information…
    Mais une fois les deux supposés complices identifiés, les avocats de Colonna ne réclament pas leur audition parce qu’ils savent parfaitement que ces deux militants nationalistes ont déjà été interrogés… et disculpés.

    Toujours en 2009, témoignant à la barre, des membres du commando déjà condamnés, prétendent — pour la première fois depuis 1999 — que d’autres personnes ont participé au meurtre.
    Ils parlent maintenant de deux (et non plus trois) complices présents sur la scène de crime.
    Manière assez maladroite de mettre, une fois de plus, Colonna hors de cause…
    Mais malgré ces « révélations » de dernière minute, la thèse selon laquelle Colonna aurait été dénoncé à tort par ses amis pour en protéger d’autres, non identifiés, ne tient toujours pas.
    Même en admettant qu’Alessandri en voulait à Colonna, on comprend mal l’intérêt que Maranelli et Ferrandi auraient eu à dénoncer un innocent pour protéger les véritables coupables ?

    A aucun moment, les membres condamnés du commando ne sont capables d’apporter une réponse crédible à cette question pourtant essentielle.
    Et la défense peine ( ou ne cherche sciemment pas ) à s’appesantir sur ce point crucial.

    En voiture avec sa mère le soir du 6 février 1998, dans un endroit mal éclairé de la rue Colonna-d’Ornano, Marie-Ange Contart, 32 ans, croit entendre des pétards puis voit un homme blond qui tire à terre et un homme brun qui se tient à ses côtés. La scène, extrêmement brève, se joue à 1m50 de sa voiture.
    Dans ses premières déclarations, elle fait la description suivante du tireur : « blond, cheveux mi-longs, bien coiffé, d’1m70, au visage mince et creusé, lèvres fines, menton pointu, âgé de 35 à 40 ans, avec des traits marqués ».
    Excepté les cheveux blonds mi-longs, la description correspond assez précisément au profil de Colonna. Mais il sera établi, d’après les aveux des membres du commando, que le tireur portait, ce soir-là, une perruque blonde.
    Au cours du procès, en première instance puis en appel, Marie-Ange Contart change pourtant d’avis : « Je suis sûre et certaine. Ce n’est pas M. Colonna que j’ai vu ce soir-là. Ce n’est pas son regard, ce ne sont pas ses traits, ce n’est pas son visage. »
    Etrange revirement…
    Mais la Corse n’est pas à un faux témoignage et à une subornation de témoin près.

    Contrairement à vous, cher Roseau, je n’ai pas allumé de bougie en l’honneur de Colonna.
    Car j’ai moi aussi des doutes.
    Des doutes qui portent beaucoup plus sur l’attitude, les revirements successifs et les propos sibyllins des membres du commando déjà condamnés que sur l’innocence de Colonna.

    Mais après tout ces hommes déshonorés par la stupidité de leur crime ont-ils encore assez de dignité, de ressentiment et d’intelligence pour ne pas disculper totalement un coupable qui se dérobe à ses responsabilités ?

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