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Étienne Chouard

Étienne Chouard

Professeur de lycée, 51 ans, réveillé en sursaut par la claque du débat référendaire du printemps 2005, premier révélateur de la trahison des élites, confirmée depuis, tous les jours, par les différents abus de pouvoir qui encombrent l'actualité : CNE imposé par ordonnances pendant les vacances d'été, vente de tous les biens publics sans référendum (jusqu'aux routes !), CPE, OMC, UE, ADPIC, AGCS (sabordage politique négocié dans le plus grand secret), Traité de Lisbonne imposé par viol parlementaire en 2008 contre le référendum explicite de 2005 (véritable coup d'État), révisions de la Constitution par les parlementaires sans même consulter les citoyens, etc.
Je crois avoir trouvé la vraie clef du contrôle des pouvoirs : ce n'est pas aux hommes au pouvoir d'écrire les règles du pouvoir ; ce n'est pas aux parlementaires, ni aux ministres, ni aux juges, ni aux présidents, d'écrire les institutions, d'écrire eux-mêmes les limites de leur propre pouvoir.
Notre impuissance politique est programmée dans la Constitution, mais c'est à cause de nous, de notre propre négligence, de notre indifférence sur un point décisif : tout se joue au moment où chacun d'entre nous renonce à écrire lui-même la Constitution (quand vous dites : "Non, je n'ai pas le temps, j'ai du travail, et puis je n'y connais rien, c'est trop compliqué, je vais laisser ça aux experts..." Tout se joue à ce moment-là !).
Ce qui compte, ce n'est pas qui VOTE la Constitution, mais bien qui ÉCRIT la Constitution : la seule voie d'émancipation des hommes de l'emprise des voleurs de pouvoirs (et des voleurs tout court) est d'imposer un processus constituant honnête, c'est-à-dire une Assemblée Constituante tirée au sort et surtout pas élue, de façon à éviter que ses membres ne soient désignés par les partis (des hommes de pouvoir) : l'élection (même à la proportionnelle !) permettrait, encore et toujours, aux hommes de pouvoir d'écrire des règles pour eux-mêmes.
C'est ce vice de naissance des Constitutions (des "auteurs en conflit d'intérêt") qui explique pourquoi le citoyen ne se voit jamais reconnaître aucun pouvoir entre deux élections (élections elles-mêmes faussées par le choix imposé des candidats des partis).
Il faut donc séparer rigoureusement le pouvoir constituant des pouvoirs constitués.
De cette façon, et de cette façon seulement, nous pourrons instituer des pouvoirs dont les citoyens gardent le contrôle à tout moment et à tout propos, en se protégeant ainsi de tous les abus de pouvoirs, qu'ils viennent de gauche comme de droite.
C'est la seule manière pour nous (et pour tous les hommes de la terre) de sortir de ce que j'appelle la préhistoire de la démocratie.
Celui qui voit un problème et qui ne fait rien fait partie du problème (Gandhi)

Tableau de bord

  • Premier article le 06/03/2006
  • Modérateur depuis le 14/04/2008
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Derniers commentaires



  • Étienne Chouard Étienne Chouard 10 juillet 2006 19:34


    Cher Nicolas,

    Vous vous impatientez de mon silence comme si vous étiez seul au monde et comme si ne pas vous répondre était bien la preuve irréfutable qu’on se comporte comme une diva... Je peux comprendre cette impatience (je n’ose plus dire juvénile car vous pourriez prendre comme une insulte ce que je considère évidemment comme une qualité), mais comprenez à votre tour que je suis débordé et que je suis conduit, par force, à établir des priorités.

    C’est dans ce contexte (facile à comprendre) où l’homme seul que je suis n’arrive plus à faire face à toutes les sollicitations, qu’une réponse collective à des arguments qui sont souvent les mêmes, j’insiste, me fait gagner beaucoup de temps, au moins avec les interlocuteurs de bonne foi (et je suis sûr que vous êtes de ceux-là).

    Cette technique de la réponse collective n’est nullement, bien évidemment, une négligence ou un mépris à l’égard de mes interlocuteurs à qui je refuserais une réponse individuelle. Je respecte profondément tous mes interlocuteurs, (même ceux, — dans une moindre mesure quand même, soyons honnête—, comme « machinchose », qui viennent ici manifestement plus pour se battre que pour débattre). Mais nécessité fait loi : je n’ai pas le temps, je n’ai pas le temps.

    D’autre part, jusqu’à ces derniers jours où ce fil a commencé, j’ignorais jusqu’à votre existence, contrairement à tous les fantasmes de « machinchose » qui prétend que je vous connaissais forcément et que je me défilais par peur de votre argumentation originale, etc. J’étais donc bien incapable de vous répondre, à l’évidence, ne vous connaissant pas.

    Cependant, pressé par vos requêtes, convaincu de votre sincérité, et pour vous montrer ma bonne foi, je viens donc de passer une trentaine d’heures à vous répondre soigneusement, point par point. J’espère que vous serez sensible à cet effort et que vous accepterez ensuite l’idée de réfléchir ensemble à des institutions vraiment conçues pour protéger les hommes plutôt que servir les multinationales.

    Réponse au texte critique de Nicolas Cadène (début : 1/3) :

    Pour une bonne lisibilité, je laisse vos phrases en noir (que je souligne de temps en temps) et je note mes réponses directement dans votre texte, en bleu pour distinguer nos propos respectifs.
    Ce message est assez long, et j’ai dû le couper en trois parties pour le publier sur Agoravox (http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=11046).
    Pour un accès peut-être plus commode, je le mets en ligne sous forme de fichier unique : http://etienne.chouard.free.fr/Europe/Reponse d’Etienne Chouard a Nicolas Cadene.html (quel boulot...).

    « Les mensonges de M. Chouard
    Une argumentation qui a fait le tour des adresses e-mails pendant la campagne référendaire de 2005.
    Celle d’Etienne Chouard, professeur d’informatique, d’économie et de droit dans une formation de technicien supérieur dans un lycée de Marseille (ville exceptionnelle par ailleurs).

    Je lui avais répondu point par point.

    Tout d’abord, il me faut avouer que l’argumentation de M. Chouard était parfois (je dis bien « parfois ») de bonne qualité mais que le côté « auto-justification » et « innocent » de M. Chouard me gênait.

    ÉC : Quoi de plus banal, pourtant, que le fait de se justifier, au moment de prendre la parole devant des inconnus ?

    En effet, tout au long de son argumentation (qui se trouve sur son site, à côté de ses photos de famille, ou de sa passion : le parapente), il rappelait qu’il était « professeur de droit », qu’ainsi il se devait de déclarer ce qu’il pensait à ses élèves et à ses concitoyens.

    Il rappelait aussi qu’il était parfaitement indépendant, qu’il n’avait aucune proximité avec un parti, un syndicat ou une association.

    ÉC : C’est juste la vérité toute nue, et il me semble, encore aujourd’hui, que ces précisions aident à comprendre mon texte, non ?

    Enfin, M. Chouard soulignait qu’il avait soi-disant « lu plus de livres et d’arguments pour le oui que pour le non » et qu’il voterait « quand même non ». Ce qu’il a sans doute fait (merci M. Chouard). Je considérais que cette façon de souligner d’innombrables fois son objectivité, son impartialité, sa qualité de juriste, et sa connaissance des arguments du « oui » pour juger de la « Constitution » était en réalité une manipulation pure et simple de ses lecteurs.

    ÉC : Vous voyez de la manipulation là où il n’y a que l’expression honnête de ma pensée. C’est un exemple académique de procès d’intention : vous êtes ici sûr de mes intentions et de ma volonté de manipuler, c’est-à-dire de tromper... Il me semble pourtant qu’il est difficile d’avoir des certitudes en la matière, pour vous comme pour quiconque : le plus souvent, on ne sait pas grand-chose des intentions réelles d’autrui et toute affirmation péremptoire à ce sujet s’appelle un « procès d’intention » dont chacun peut deviner la faiblesse : qui peut donc être certain des intentions d’un autre ?
    Un procès d’intention est souvent un mauvais procès qui conduit à fausser le fond des débats ou au moins à s’en éloigner.
    Nous avons tous (moi aussi, bien sûr) la tentation de faire, de temps en temps, des procès d’intention, je peux le comprendre, à l’évidence, mais il me semble que, dès qu’on s’aperçoit qu’on est en train d’en faire un, on devrait se rétracter en disant « OK, je retire ça, c’est vrai que je n’en sais rien ». En tout cas, c’est comme ça que je fais avec mes propres procès d’intention quand je les aperçois.

    Exception : il est vrai que la position de juge et partie d’un acteur public nous incite et nous aide à deviner ses intentions avec une bonne probabilité de clairvoyance : c’est ainsi que je fais aux députés constituants candidats aux fonctions qu’ils instituent eux-mêmes et qui, comme par hasard, se donnent tous les pouvoirs, n’établissent aucun contre-pouvoir et surtout ne laissent aucun pouvoir d’initiative décisive au peuple, je leur fais le procès d’intention de l’avoir fait volontairement, et je suis sûr d’avoir raison. Mais, dans l’occurrence qui nous occupe ici, il n’y a rien de tel en ce qui me concerne (je crois), n’étant candidat à rigoureusement rien : selon vous, quel serait donc mon mobile pour tant manipuler et tant mentir ?
    Non, décidément, cette thèse de la manipulation est une accusation commode mais sans fondement : ni mobile, ni preuve...
    Par contre, elle permet commodément de rester à l’écart des arguments de fond. On vise l’homme plutôt que ses idées. J’ai bien observé que c’est une vieille ficelle dans les débats politiques.

    Car M. Chouard pouvait bien penser ce qu’il voulait sur le Traité, mais il n’avait pas à se considérer comme meilleur juge du texte que n’importe quel citoyen.

    ÉC : Qui se considère comme ça ? Pas moi.
    Distinguons soigneusement l’argument (solide et utile) du procès d’intention (fragile et stérile).

    Et c’est pourtant bien ce qu’il faisait de manière très subtile et déguisée, en se faisant passer pour quelqu’un de simple, innocent, impartial, objectif, connaisseur et juriste et qui « pourtant », considérait ce texte comme la porte vers la « tyrannie » (c’est le mot qu’il emploie) !

    ÉC : Il se peut que ce sentiment de supériorité que vous me prêtez ne soit si « subtil et déguisé » que parce qu’il est totalement inventé, y avez-vous pensé ?

    De nombreux citoyens qui ne connaissaient pas bien le traité, en lisant cette argumentation, pouvaient porter une totale confiance dans le jugement de M. Chouard et finalement désirer voter « non » sans avoir lu ou écouté les partisans du « oui » (puisque M. Chouard dit, de manière subtile, les avoir lu pour eux !).

    ÉC : De part et d’autre, du côté « Non » comme du côté « Oui », reconnaissez cette évidence Nicolas, de nombreux citoyens, peu enclins à lire ce pavé indigeste, cherchaient des interprètes et des synthèses. Et alors ?
    Il est étonnant de me reprocher d’avoir tenté cette synthèse à ma manière, alors que tant d’autres l’ont fait sans déclencher votre colère.
    Vous déformez chaque étape par des spéculations, des hypothèses, des conjectures, des doutes...
    Vos accusations ont la fragilité d’un rideau de fumée...

    Or, et c’est là que c’est grave, M. Chouard déformait souvent le Traité, mentait à son propos, commettait des erreurs juridiques incontestables.

    ÉC : Bon, et bien nous allons examiner point par point ces prétendus ‘mensonges’, ‘déformations’ et ‘erreurs juridiques incontestables’. smiley

    Ainsi, j’avais tenu à lui répondre point par point :

    (entre guillemets et en italique, la synthèse réelle de ses arguments principaux)

    « 1. Une Constitution doit être lisible pour permettre un vote populaire : ce texte-là est illisible. . Cette longueur interdit la critique . Il faut évidemment lire et comprendre ce que l’on signe. Ou bien, on refuse de signer . Une Constitution est la loi fondamentale, elle doit pouvoir être lue par tous, pour être approuvée ou rejetée en connaissance de cause. »

    Réponse :
    D’une part, lorsque M. Chouard nous parle dans son argumentation détaillée, de 848 pages A4 de Constitution, n’est-ce pas un gros mensonge ? Puisque sans les annexes et protocoles (qui sont longs mais qui reprennent 50 années de construction communautaire !), le traité tient en 28 pages format journal ! (tout le monde l’a constaté puisque de nombreux périodiques l’ont ainsi publié).
    Et si l’on prend uniquement ce qu’il y a de nouveau dans le traité constitutionnel (la partie 3 étant la reprise des traités antérieurs), il tient en quelques pages !

    ÉC : Tu parles d’un ‘gros mensonge’... On va dégonfler facilement cette baudruche.
    J’ai publié mon texte fin mars 2005 et je travaillais dessus depuis des mois, à partir des seuls documents publiés à l’époque sur le site de l’UE et qui tenaient en trois textes pdf que voici : Texte TCE 1 - 349 p.pdf, Texte TCE 2 - Annexes - 382 p.pdf et Texte TCE 3 - Addendum 2 CIG 87-04 - 121 p.pdf, soit 852 pages A4, sur lesquelles j’ai travaillé pendant des mois, avant que l’UE ne publie un seul fichier pdf compacté, Texte TCE integral - 485 p.pdf, avec une mise en page resserrée, et qui malgré tout pèse encore presque 500 pages A4.
    Malgré ce volume considérable, des documents absolument essentiels étaient toujours absents, comme la définition précise des SIEG (voir ma note 8, page 18). En écrivant tout petit et en multi colonnes, serré et sur des pages recto verso, on a fini par n’occuper que 30 grandes pages.
    Je vais vous donner un truc, Nicolas : en imprimant en taille 1 ou 2 et sur 8 colonnes sans marges ni espaces, je suis sûr qu’on peut arriver à DEUX pages A3 seulement ! smiley « Oui, j’ai bien dit deux pages, Mesdames et Messieurs !... Venez vite voir mon beau Traité constitutionnel qui est un modèle de concision, pensez : deux pages !... »
    Mais, à l’évidence, Nicolas, en diminuant la taille des caractères imprimés et en resserrant le texte, on ne rend pas le texte plus intelligible... C’est pourtant bien la lisibilité qui compte pour vous, n’est-ce pas ?
    Dès que ce reproche d’exagération m’a été fait, j’ai expliqué tout ça en long, en large et en travers sur mon document (voir ma note 7, page 17) et j’ai corrigé le chiffre dans mon document dès que j’ai pris connaissance du nouveau texte intégral officiel au format pdf. L’accusation d’exagération volontaire est donc un mauvais procès. M’avez-vous bien lu, Nicolas ?

    En revanche, je note que vous-même, de votre côté, vous retirez discrètement à la fois les protocoles, les annexes et même, véritable scandale, « tout ce qui n’est pas nouveau dans le texte »...
    Ainsi, à la manière de Giscard-le-fourbe, vous nous conseillez donc de ne même pas lire ce qui a été décidé jadis sans jamais nous consulter et qui sera pourtant entériné et renforcé par une caution populaire si nous votions Oui...
    Le fait que tous ces textes (ceux de la partie III notamment) que vous aimeriez soustraire à notre discernement contiennent une foule de dispositions contraignantes de nature à changer durablement notre vie à tous, en nous privant, en plus, du droit de résister, n’excite pas quelque peu votre curiosité ?
    Vous donnez parfois l’impression désagréable de nous prendre pour des imbéciles... Qui est le menteur, en l’occurrence, à vouloir nous inciter à ne contrôler et (in)valider que « ce qui est nouveau » ?
    Répondez-moi sincèrement, s’il vous plaît : persistez-vous sur ce point aussi indéfendable que révélateur ?

    Et quand bien même, il peut paraître long, n’oublions pas que ce texte est un consensus entre 25 États.

    ÉC : La belle affaire... Que m’importe ? Puisque, précisément, je dénie aux États le droit de brader leur propre souveraineté sans l’accord direct de leur peuple. Pourquoi donc devrais-je reconnaître cet argument du ‘difficile compromis nécessaire à 25 États’ alors que je ne vois dans ces tractations interétatiques qu’un abus de pouvoir caractérisé, loin des peuples abandonnés par leurs propres représentants ?
    Et puis même, devrais-je cautionner un texte dangereux sous prétexte qu’il est compliqué de faire autrement ? Quelle curieuse logique, vraiment, qui met l’intérêt des hommes derrière tous les autres... C’est compliqué à 25, alors on accepte n’importe quoi ? Assurément non !

    S’il rentre parfois dans le détail c’est parce que personne ne voulait « se faire avoir » par une rédaction trop générale (ainsi les français ont insisté pour garder les objectifs de la PAC dans le traité constitutionnel) et parce que chacun tenait à ce que ses préoccupations soient prises en compte (c’est pourquoi il y a des dispositions qui peuvent sembler étonnantes pour certains européens, sur les DOM-TOM ou l’élevage de rennes en Finlande !)

    ÉC : Ces explications ne changent rien au fond de mon reproche rédhibitoire : ce n’est pas aux États de négocier entre eux, sans mandat explicite, la souveraineté de leurs peuples, c’est aux peuples eux-mêmes de désigner des représentants spécialement mandatés pour le faire et inéligibles.
    Et vous pouvez me rappeler autant que vous voudrez que « les autres pays ne respectent pas ces grands principes et qu’il faut apprendre à passer des compromis pour vivre ensemble », ça ne me convainc en aucune manière de renoncer à l’essentiel, évidemment, bien au contraire ! Pourquoi faudrait-il donc reculer sur la souveraineté populaire à l’occasion d’un geste de fraternisation ?
    C’est plutôt le moment de tirer tout le monde vers le haut, non ? En tout cas, l’idée de régresser vers une plus sévère tyrannie des élus qui en viennent même à écrire eux-mêmes les limites de leurs propres pouvoirs (la Constitution), cette idée me révolte, Nicolas, est-ce que vous me comprenez ? Ne vous sentez-vous pas également concerné par ce problème de fond, au-delà des discours officiels lénifiants ?

    D’autre part, il faut rappeler la nature exacte de ce texte : Il est vrai que sa force est contraignante et prime sur tout droit national (ÉC : Ne glissez pas sur cette réserve énorme, comme si de rien n’était, s’il vous plaît) mais dans les seuls domaines relevant de l’Union européenne

    ÉC : Je montre dans mon texte (‘Une mauvaise Constitution...’ : notes 3 et 4, p. 16) que cette restriction est un leurre car elle dépend de l’interprétation des juges européens, toujours plus extensive depuis des années, et qui se développe loin du contrôle populaire, et je souligne par ailleurs l’invraisemblable dépendance directe des juges européens des exécutifs qui les nomment et les reconduisent (voyez mon importante note 32, p. 24)

    (d’ailleurs M. Chouard affirme qu’un simple règlement européen sera supérieur à la « Constitution » européenne, c’est faux, car les normes européennes l’emportent sur les normes nationales mais de même valeur, or un règlement n’a pas la même valeur qu’une constitution ; M. Chouard oublie la hiérarchie des normes...).

    ÉC : Relisez attentivement ma note 4, p. 16 : c’est vous qui vous trompez, Nicolas. Les juges européens abusent (eux aussi) de leur pouvoir. Au lieu de vous en prendre à ma personne, vérifiez les faits. Vous verrez que cette hiérarchie des normes, concept théorique sur lequel vous comptez pour vous protéger, est foulée au pied dans de graves décisions de la CJCE.

    Puis, la suprématie du droit communautaire existe depuis longtemps (cf. arrêt Cour de Cassation « Jacques Vabre en 1975, arrêt « Nicolo » en 1989 du Conseil d’Etat et récentes décisions du Conseil constitutionnel), et c’est le cas actuellement avec le Traité de Nice en vigueur.

    ÉC : La jurisprudence dont je vous parle date de 2000.

    Il faut connaître l’arrêt Tanja Kreil du 11 janvier 2000 (CJCE, aff. C-285/98, Rec. I, p. 69) où une simple directive du Conseil de 1976 s’est imposée à des dispositions spécifiques et expresses de la Constitution allemande (article 12) et dans un domaine qui n’était pas communautarisé puisqu’il s’agissait du domaine de la défense.

    Attention, Nicolas : notre beau rêve européen (je suis sûr que nous avons le même) est manipulé, trahi, à notre insu, selon des mécanismes qui n’ont rien de démocratique ; faites un effort pour imaginer, un instant pour voir, que, peut-être, c’est moi qui ai raison de m’inquiéter.

    (Fin de la partie 1/3, à suivre) Cliquer ici pour lire le message complet.



  • Étienne Chouard Étienne Chouard 8 juillet 2006 14:00


    À Cha-No-Yu, qui dit, en italiques (réponse point par point, dans le texte) :

    • La plus grande imposture de Chouard fut de démontrer que le TCE n’était pas une constitution, et donc de faire croire que c’en était intentionnellement une, alors que ce n’était pas une constitution, mais un traité comme celui de Nice ou de Rome. Le terme de constitution est purement symbolique. Malheureusement, certains ne l’ont toujours pas compris... Comme quoi la désinformation a été bonne...

    Cha-No-Yu,

    Vous m’avez mal lu (m’avez-vous même lu ? smiley

    Je dis précisément que les institutions européennes en général, et le T« C »E en particulier, sont une Constitution par nature, par le sujet qu’elles traitent.

    Et je dis aussi que, même si les auteurs du TCE n’avaient pas utilisé le mot « Constitution », le TCE aurait quand même été une Constitution, parce que ce n’est pas la volonté d’affichage des auteurs qui donne cette qualité à une règle mais bien le sujet abordé, en l’occurrence la mise en place d’institutions capables de créer des normes contraignantes (Parlement, Gouvernement, Juges).

    Je dis ensuite, logiquement, qu’un texte censé organiser des pouvoirs limités par des contre-pouvoirs ne devrait en aucun cas être écrit par des personnes personnellement intéressées à l’absence totale de contre-pouvoirs. Et je trouve que c’est assez difficile à contester.

    Les faits me donnent raison puisque les institutions de l’union européenne bâties depuis cinquante ans organisent une totale impuissance des personnes physiques, au profit des plus importantes personnes morales.

    Il est étonnant de constater à quel point vous me faites dire (involontairement, je pense) l’exact contraire de ce que j’ai dit.

    Je vous recommande chaleureusement la lecture de quelques lignes importantes pour me comprendre, à la page 2 du document « Une mauvaise Constitution », sous le titre : « Préalable : Constitution ou traité ? » : ce point décisif de la nature du texte y est approfondi et étayé par quelques références importantes qui vous intéresseront, j’en suis sûr.

    • Note : C’est bien aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir, puisque c’est à eux qu’a été transféré le pouvoir pour ce faire.

    Jamais, dans cette affaire européenne, nos élus n’ont reçu de mandat constituant.

    C’est pourquoi j’utilise l’image de représentants élus « locataires » de notre souveraineté populaire, en situation d’abus de pouvoir caractérisé quand ils transfèrent clandestinement notre souveraineté, depuis cinquante ans, en utilisant abusivement des traités au lieu de convoquer une Assemblée constituante et de confirmer chaque fois les révisions par référendum.

    Vous faites comme si les hommes au pouvoir devaient avoir TOUS les pouvoirs, fatalement, et je prétends, moi, que c’est folie d’accorder ainsi la globalité de tous les pouvoirs sans les séparer. Un vrai suicide politique.

    Pour notre protection contre les abus de pouvoir, il faut séparer le pouvoir constituant des pouvoirs constitués : les constituants doivent être inéligibles aux fonctions qu’ils instituent.

    Je ne sais pas quels sont les ressorts intérieurs qui vous conduisent à vous abandonner ainsi corps et âme (sans possibilité de jugement, ni de notation, ni de sanction des élus, entre deux élections) à ceux qui peuvent ainsi à tout moment devenir vos bourreaux, mais vous comprendrez qu’on n’est pas obligé de vous suivre sans discernement dans votre servitude volontaire aveugle.

    Tout convaincus que nous soyons de la nécessité de la représentation (cela nous rapproche, vous et moi), on peut (on doit) exiger que nos représentants restent sous notre contrôle à tout moment (cela semble nous éloigner, pour le moment).

    • Note : Une démocratie participative où peu participent et où certains sont très actifs est-ce une démocratie ? N’est-ce pas plus près du lobbyisme ou de la démagogie ?

    Je ne pense pas que nous vivons en démocratie, pas encore, tout est encore largement factice dans notre démocratie : tous les moyens juridiques de décider directement de notre sort sur les sujets qui nous paraîtraient essentiels nous ont été confisqués par nos propres représentants qui ont (par hasard ?) omis de les prévoir dans les Constitutions qu’ils ont écrites pour nous : c’est ainsi que n’a jamais été programmé le référendum d’initiative populaire, notamment, pourtant promis expressément par tous les partis de France depuis 10 ans.

    Je dirais plutôt que nous somme dans la préhistoire de la démocratie et que nous n’en sortirons que quand nous serons des millions à avoir compris le point névralgique où ça coince : qui prend la plume au moment d’écrire les règles qui nous laissent du pouvoir ou pas ? Honnête, pas honnête ? Tout se joue là.

    Je comprends cependant votre crainte d’un système qui donnerait à de petits groupes très actifs la possibilité d’agir dans l’indifférence générale et je partage vos craintes.

    Mais j’attire votre attention sur le fait que, précisément, ce que vous redoutez est le système dans lequel nous vivons actuellement : ces milliers de lobbies logés à demeure à Bruxelles pour faire le siège quotidien de la Commission non élue qui a l’exclusivité de l’initiative des lois et qui les rédige dans l’opacité du Comité 133... Relisez les pages décapantes et consternantes de Raoul Marc Jennar dans son livre considérable : « Europe, la trahison des élites », Fayard, pages 35 et suivantes...

    Alors, il est paradoxal que vous me reprochiez de lutter contre ce que vous redoutez, non ?

    • Note : Quand ma voiture est en panne, je vais voir un garagiste. Je ne vais pas demander à 10, 100, 1000... personnes ce qu’il est le plus judicieux de faire.

    Pardonnez-moi de vous inviter à comparer ce qui est comparable.

    Je vous rappelle qu’Aristote conseillait déjà, il y 2500 ans !, d’éviter comme la peste toute spécialisation politicienne : la politique doit rester le fait de TOUS les citoyens et pas devenir la propriété de quelques uns sous peine de confiscation.

    Le moins que l’on puisse dire, c’est que les faits donnent raison à Aristote tous les jours.

    Au plaisir de vous lire smiley

    Étienne.

    PS : quant aux criailleries de Machinchose, je laisse tomber : c’est du niveau d’Adolphos, le degré zéro de l’argumentation.



  • Étienne Chouard Étienne Chouard 8 juillet 2006 12:11


    À Adolphos, qui dit : « Ce n’est pas au peuple qui subbi la Loi d’écrire la Loi, donc qu’il ferme sa gueule. »

    Ça, c’est du grand troll... Un exemple académique, je trouve : le degré zéro de l’argumentation.

    Mais on s’adaptera à ça aussi, pourquoi pas ?

     ;o)



  • Étienne Chouard Étienne Chouard 8 juillet 2006 12:06


    Merci Thierry, pour cet article qui me donne du courage smiley

    J’ai l’impression que des graines germent dans nos têtes et que l’Internet permet de les ressemer dans un environnement moins hostile que la médiacratie sous contrôle industriel ; médiacratie qui se charge tous les jours de nous faire peur avec la chronique judiciaire rabâchée et sur qui l’on compte de plus en plus pour nous distraire de l’essentiel, au lieu de surveiller l’action des pouvoirs institués et de nous offrir des lieux de débats publics pluralistes.

    Tous nos espoirs institutionnels sont encore des bébés, tout jeunes et, même ici sur Internet, en butte parfois à une hostilité totalement incompréhensible.

    Pour comprendre mes contradicteurs, j’essaie de me mettre à leur place et, en l’occurrence, j’ai bien du mal à comprendre leur intérêt à dénigrer la revendication de base d’auteurs honnêtes, désintéressés, pour le texte supérieur qui les protègera (ou pas !), eux aussi (ou eux non plus !), contre les abus de pouvoirs de toutes sortes.

    Je vois dans cette hostilité une forme de masochisme, de servitude volontaire, dont je ne comprends pas tous les ressorts. Il faudrait peut-être en savoir plus sur l’âge, la condition sociale et la vie de ces contradicteurs pour les comprendre mieux et aider à dissiper les malentendus.

    J’espère qu’on finira quand même par rapprocher nos points de vue ; j’y crois car j’ai la certitude qu’au bout du compte, malgré la violence de certaines de nos querelles, nos objectifs sont les mêmes et que seules les voies pour les atteindre diffèrent, pour l’instant.

    Amicalement.

    Étienne.



  • Étienne Chouard Étienne Chouard 8 juillet 2006 10:57


    Redimensionnez, Quentin, je vous en prie smiley

    Mais de mon côté, ce n’est guère utile : je me sens déjà tout petit, je suis tout petit, comme la plupart d’entre nous, et tous ceux qui prétendent que je fais le grand se trompent sur mon compte et me font des procès d’intention stériles que je n’ai pas le temps de contredire un à un : chacun devra discerner lui-même l’argument de l’invective.

    Mais, tout petit que je sois, je revendique aussi (comme chacun peut légitimement le faire, il me semble, en démocratie) le potentiel d’une graine...

    Ce n’est quand même pas très dangereux en soi, n’est-ce pas ? Et c’est pourtant porteur d’un espoir immense.

    Si la graine est forte (si l’idée est bonne) et si l’environnement est propice, elle grandira, sans moi, sinon elle mourra, et tant pis.

    Mais le fait (incontestable) que je suis tout petit ne fait pas du tout la démonstration que j’ai tort smiley

    Amicalement.

    Étienne.

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