La constatation de l’auteur me laisse aussi un goût amer (sans entrer dans le détail de son argumentation farfelue, mélangeant la dette, la critique irrationnelle des banques et de l’Europe - traditionnels épouvantails du populisme extrémiste), eu égard à la longue marche des Français vers le suffrage universel... L’abstention est une excuse un peu trop facile, songeons à la chance que nous avons d’avoir le droit de vote. Ce n’était pourtant pas le choix qui manquait dans les programmes disponibles dimanche dernier ! Vous préféreriez le parti unique ?
@Wesson : Historiquement, le FN n’a pas ’toujours existé’. Il n’existe que depuis 1972 et particulièrement
L’arrivée au pouvoir du gouvernement socialo-communiste en 1981 (peur des rouges),
L’approfondissement de la crise à cette époque (fermetures d’usine, augmentation du chômage de masse, déclassement et paupérisation d’une partie de la population),
La désaffection massive de la clientèle traditionnelle du PC : les ouvriers (eh oui, ils ne sont plus cocos depuis longtemps, les ouvriers de moins de 70 ans),
L’arrivée continue de vagues d’immigrants d’origine extra-européenne - bref, le phénomène d’immigration de masse dont on parle tout le temps lorsqu’on parle du FN mais il y a aussi les trois que je mentionne avant et ils s’interpénètrent.
Rappelons que ce parti a commencé avec 0,74% des voix aux présidentielles de 1974. L’extrême-droite en France de 1945 à 1981, c’était de la plaisanterie. Au temps du plein emploi (ministère des Finances VGE, 1962 : 20 000 chômeurs...), on n’avait pas besoin du FN.
@ Voris : Je n’ai jamais dit le contraire. Quoi qu’il en soit, EE regroupera certainement beaucoup plus d’électeurs aux prochaines élections - celles qui comptent : présidentielles et législatives - que le MODEM ou les petits partis gauchistes. Cet effritement de la gauche est, du reste, un obstacle important pour le PS. Qui ne va pas manquer de recommencer à s’entre-déchirer pour savoir qui sera le candidat en 2012... Martine Aubry a tort de pavoiser et devrait faire montre de plus de modestie car les difficultés commencent pour elle. Quant au FN, la grande question est : que va t-il devenir après la disparition du chef, à laquelle on peut s’attendre prochainement ?
Le résultat probable de cette élection, c’est que la gauche va conserver ses 22 régions (avec perte du Languedoc-Roussillon pour le PS), que la droite va conserver les siennes, que le MODEM va rejoindre les rangs des petits partis insignifiants sans aucun poids sur la vie politique future - s’il passe 2010, ce qui reste à voir, et qu’EE et le FN s’affirment comme des forces politiques incontournables ces prochaines années qui feront, à un niveau ou à un autre, partie de coalitions avec le PS ou l’UMP. Quant à Nicolas Sarkozy, il y a fort à parier qu’il donnera un coup de barre à droite (politique sécuritaire, fin de la politique d’ouverture) en vue de sa réélection... ou de l’élection d’un dauphin plus consensuel que lui, l’opposition ayant commis l’erreur de focaliser les critiques sur une personne plutôt qu’une politique. En bref, pas de quoi se rouler par terre...