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Jean-Fred

J’aime surfer sur la toile, cela me permet d’apprendre beaucoup sur moi et les autres.
La vie est faite pour partager nos différences.

Tableau de bord

  • Premier article le 20/12/2008
  • Modérateur depuis le 19/03/2010
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Derniers commentaires



  • Jean-Fred 9 juillet 2014 17:26

    J’avais en juillet 2007 soumis plusieurs fois un article concernant les réseaux pédophiles de France et de Belgique.
    J’ai fini par arrêter car il était toujours refusé par l’équipe éditorialiste.

    Le voici dans son intégralité (les liens peuvent ne plus fonctionner) :

    Choqué, dégouté, écœuré, voilà les mots qui me viennent à la bouche après avoir parcours quelques pages web autour des affaires de disparitions et de pédophilies. Tout commence par le visionnage d’un reportage diffusé en 1999 sur France 3 au sujet d’un père pédophile dans la région parisienne avec ses deux enfants : Pierre 5 ans et Marie 8 ans au moment des faits qui débute en 1994.Au fur et à mesure du reportage, l’horreur ne cesse de croître jusqu’à atteindre son paroxysme lorsque l’on apprend que la fillette aurait vu des têtes d’enfants en feu accrochés à des pics, ainsi que des mains d’enfants dans des bocaux. La fillette aurait assistée à des tortures d’enfants puis à leur exécution en leur tranchant la tête. La juge d’instruction à l’époque ne prend pas en considération les dires de l’enfant prétextant que même une secte ne serait pas capable de commettre de telles atrocités. Selon les dires des médecins qui ont suivi les deux enfants pendant plusieurs années, des enfants de cet âge ne sont pas capables d’inventer pareil mensonge, c’est selon eux « inimaginable ».Les deux médecins ont souhaité être entendus par la juge d’instruction mais elle n’a jamais accepté. De quel droit un juge d’instruction peut-il balayer d’un coup les affirmations d’une enfant lorsque les faits racontés sont aussi graves ?

    De quel droit un juge d’instruction peut-il refuser d’entendre des médecins qui ont suivi les enfants pendant plusieurs années ?

    Ce reportage navigue d’horreur en horreur, plus rien ne semble empêcher les bourreaux de cette secte de commettre leurs crimes. Lors d’une confrontation entre le père et la fille, la juge d’instruction demande à l’enfant de s’agenouiller devant son père afin de vérifier si sa taille permettrait de lui faire une fellation. Un non lieu est prononcé à l’issue du procès, la juge d’instruction considérant qu’il n’y avait pas d’éléments à charge. Par la suite, la mère décide de faire appel de la décision en comptant sur une association de défense des enfants qui détient des informations à Lausanne en Suisses. Un autre cas d’abus sexuel sur deux autres enfants présentant des faits similaires (les abuseurs sont reconnus par les enfants) est rapporté et l’on tente de rouvrir le dossier pour fait nouveau. Les faits rapportés se seraient déroulés en région parisienne tout comme pour Marie et Pierre, les sévices subis par les enfants racontés par la petite Sylvie (4 ans au moment des faits) sont similaires avec torture et sacrifice d’enfants, mais la justice conclue que les deux dossiers ne peuvent être rapprochés et l’appel est rejeté. Après le refus du pourvoit en appel, la mère est de nouveau obligé de présenter ses enfants à leur père et préfère partir à l’étranger tout comme la maman de la petite Sylvie.

    Après ce reportage, un débat télévisé nous montre qu’un chef de la brigade des mineurs préfère s’occuper de la petite pédophilie quotidienne et laisser de côté les réseaux pédophiles car il n’a pas de preuves !! Il est pourtant de son devoir de faire des enquêtes selon les dires du procureur invité sur le plateau, il ne doit pas attendre que des faits lui soient rapportés pour effectuer une enquête. Le débat télévisé nous apprend que des cassettes montrant la torture d’enfants puis leur exécution circuleraient en France et se revendraient entre 10 000 et 20 000 francs Suisses. Le procureur avoue avoir entendue parler de charnier d’enfants sans pourtant en avoir la preuve.

    En continuant ma lecture sur le sujet, je lis l’affaire des dossiers X (affaire Dutroux) via la préface du livre « Silence on tue des enfants » de Régina Louf. Les horreurs qui sont décrites dans cette préface dont elle a été victime montrent énormément de similitudes avec les témoignages de Pierre, Marie et Sylvie. Elle aussi aurait assisté à des tortures et des sacrifices commis par une secte, elle raconte par exemple la torture et le meurtre d’une fille (Véronique D.), de Christine Van Hees 16 ans en 1984, de Carine Dellaert, Katrien De Cuyper 15 ans en 1991.

    Cette femme nous dit aussi que des enfants pouvaient être violés par des animaux, les vidéos pédophiles qui circulent actuellement prouvent ces choses là d’après elle. Les experts et psychiatres qui se sont entretenus avec Régina ont conclu qu’elle n’était ni folle ni mythomane.

    Pourquoi les citoyens n’ont jamais été informés publiquement du contenu des vidéos pédophiles trouvées dans ces affaires ? Est-ce parce que leur contenu est trop choquant pour la population ?

    Affaires sur les disparitions :

    En me renseignant sur les disparitions je lis qu’un brigadier de Police Mr Marc Silva enquêtant sur la disparition d’une petite fillette (Estelle Mouzin 9 ans) et d’un petit garçon (Léo Balley 6 ans) s’est heurté à des documents secrets défenses.

    Comment la disparition d’un enfant peut-elle amener à des documents secrets défenses ?

    A cette époque en août 2003, le résultat de ses investigations (71 feuillets) aurait été transmis au ministre de l’intérieur et au garde des sceaux. Par la suite, victime de harcèlements et de menaces de mort, le brigadier s’est s’exilé en Angleterre de peur d’être assassiné à son tour. Sa famille vit encore à cause des résultats de son enquête un véritable calvaire.

    Je poursuis ma lecture et tombe sur l’affaire des disparues de l’Yonne (affaire Emile Louis), le gendarme Christian Jambert chargé de l’enquête à l’époque fini par en être écarté et retrouvé mort. L’autopsie a révélé la présence de deux balles dans la tête, pourtant la thèse du suicide est retenue.

    Viens enfin l’affaire Patrice Alègre via une vidéo témoignage des enfants (Diane et Charles) du juge Roche, il aurait été assassiné par les mêmes personnes avec qui il aurait torturé et tué des individus en toute impunité. Patrice Alègre ne serait qu’un bouc émissaire qui aurait permis à des « élites » d’assouvir leurs désirs morbides et pédophiles. Il aurait en quelque sorte fait le « sale boulot » en kidnappant des enfants, des SDF, des sans papiers (immigrés), des prostitués, des personnes qui auraient rompu tout lien social avec leur famille.

    Pendant 10 ans à l’époque de Patrice Alègre, plus de 190 personnes dans les alentours de Toulouse sont mortes sans explications plausibles avec des enquêtes qui ont piétiné de bout en bout pour finir dans les oubliettes. La plupart de ces morts seraient des « suicides » avec des enquêtes toujours menés avec les mêmes experts. Pour eux, il s’agit d’une secte présidé par une élite locale avec notamment la complicité de haut fonctionnaires, ces pratiques sectaires se dérouleraient un peu partout en France et en Europe.

    L’objectif de ces personnes serait selon Charles tout comme le témoignage de Régina Louf de se prendre pour des Dieux en commettant les atrocités les plus indescriptibles. Comme disait Jean-Paul Sartre dans le livre « Le Diable et le bon Dieu », la seule façon pour l’Homme d’inventer est de faire le mal car le bien est déjà fait.

    Aujourd’hui encore, il existe l’association Stop à l’oubli qui tente de faire toute la lumière sur ces affaires oubliées par tous.

    Après avoir parcouru un bon nombre de pages, voici l’analyse qui n’engage que la parole du simple citoyen que je suis :

    Les victimes décrivent des scènes violentes impliquant parfois des personnalités importantes

    Les gendarmes chargés des enquêtes sont avertis qu’ils vont avoir des problèmes importants : c’est le cas du gendarme Roussel dans l’affaire Alègre, des gendarmes interrogeant Régina Louf, du policier Marc De Silva, du gendarme Christian Jambert retrouvé décédé par la suite.

    Les enquêteurs et/ou magistrats finissent par être écartés et les affaires débouchent sur un non lieu toujours mené par les mêmes inspecteurs selon Charles.

    Le juge Connerotte véritable héros dans l’affaire Dutroux finit par être dessaisit.

    le procureur général de Toulouse dans l’affaire de Patrice Alègre a été remplacé sur décision du garde des sceaux dont les pouvoirs n’ont eu de cesse de s’accroître. Le syndicat de la magistrature dénonce cette décision.

    On finit toujours par trouvé un bouc émissaire, ces tueurs en série auraient toujours agit seul et n’auraient jamais bénéficié d’aide :

    Dans l’affaire Dutroux, le juge Connerotte dénonce les « manipulations » et omissions de la gendarmerie belge

    Dans l’affaire Alègre, le substitut du procureur de Toulouse Marc Bourragué finit par avoué qu’il avait pris l’apéritif avec Patrice Alègre à son domicile de Launaguet en 1992.

    Je sais que toutes ces accusations sont très graves et l’on pourrait m’accuser en diffamation, mais il me semble que bon nombre de personnes ont tenté de tirer la sonnette d’alarme et rien n’a été fait car certaines personnes très influentes ou leurs proches sont mises en causes.

    Il est facile pour les hommes de pouvoir de détruire la vie d’un simple citoyen (voir le témoignage de Marc De Silva et de Régina Louf), défendre ses droits à ce niveau me paraît encore aujourd’hui impossible, seul internet permettra peut être un jour de faire toute la lumière sur ces affaires.

    Tous ces scandales passés, plus personne n’en parle comme si le problème avait été réglé car la justice a rendu son verdict. Il me semble pourtant que seul les boucs émissaires ont été condamnés, les membres de ces sectes ayant commis ces atrocités et qui doivent sûrement continuer en toute impunité, seront-ils un jour jugés ?

    Tout comme les affaires de corruptions, d’abus de pouvoir nous le montrent, le pouvoir pervertit l’homme, aucun homme n’échappe à cette règle (Qui peut se prétendre incorruptible face à la tentation ?)

    La justice tout comme la Police doit rendre des comptes auprès des citoyens, eux aussi peuvent se rendre coupable de complicité, des sanctions doivent être prononcées.

    Comment pouvons-nous aujourd’hui en toute quiétude faire confiance à une justice corrompue au service de nos « élites » ?

    Je ne dis pas que toute la justice est corrompue, mais comme le souligne Charles dans la vidéo, il suffit de quelques personnes bien placées pour que l’ensemble d’une institution soit viciée.

    Pour information en 2004, le ministère de l’intérieur a enregistré 773 disparitions inquiétantes de mineurs.

    Lire aussi cet article très intéressant sur les abus de pouvoir posté ici même en 2007.



  • Jean-Fred 12 juin 2014 12:17

    La baisse du taux de profit est compensée par la fusion/acquisition des concurrents.
    Le résultat est la création de monopole capable de fixer les prix sur le marché (entente illicite des prix) et de garder un taux de profit « acceptable » (de l’ordre de 30% selon le pdg d’orange à l’assemblée nationale).

    Pourquoi croyez-vous que Bouygues Telecom licencie à tour de bras en ce moment et a cherché à racheter son concurrent SFR ?

    Les monopoles devraient être interdit mais toutes les lois antitrust ont échoué dans leur application. Certaines grosses entreprises (ex : standard oil) ont été fractionnées et non démantelées comme on pourrait le croire, elles ne se font pas concurrence et travaillent toujours main dans la main.

    Cette crise économique n’est pas liée à la baisse du taux de profit mais liée en partie à un conflit générationnel entre des retraités (toujours plus nombreux dans les pays développés) qui veulent garder leurs acquis et des jeunes qui aimeraient avoir autant que leurs grands parents.

    il y a bien sûr d’autres raisons qui viennent se greffer et renforce la crise que nous traversons.
    A ce sujet, je ne peux que vous inciter à lire ce très bon billet de Forest Ent écrit ici il y a plus de 5 ans maintenant et toujours d’actualité.



  • Jean-Fred 15 mai 2014 14:31

    Le 18 janvier 1957 à l’Assemblée nationale , lors du débat sur la ratification du traité de Rome créant le marché commun, Pierre Mendes-France intervient contre ce texte, en particulier au nom de la démocratie. 

    ***

    “ ..........................

    L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit le recours à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit la délégation de ces pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement « une politique », au sens le plus large du mot, nationale et internationale.

    Si la France est prête à opérer son redressement dans le cadre d’une coopération fraternelle avec les autres pays européens, elle n’admettra pas que les voies et moyens de son redressement lui soient imposés de l’extérieur, même sous le couvert de mécanismes automatiques.

    C’est par une prise de conscience de ses problèmes, c’est par une acceptation raisonnée des remèdes nécessaires, c’est par une résolution virile de les appliquer qu’elle entrera dans la voie où, tout naturellement, elle se retrouvera auprès des autres nations européennes, pour avancer ensemble vers l’expansion économique, vers le progrès social et vers la consolidation de la paix. “

    Source : Marché commun européen, dans Journal officiel de la République française. 19 janvier 1957, n° 3, p. 159-166.

    source du texte : http://www.pouruneconstituante.fr/spip.php?article526



  • Jean-Fred 13 mai 2014 12:24

    Le 18 janvier 1957 à l’Assemblée nationale , lors du débat sur la ratification du traité de Rome créant le marché commun, Pierre Mendes-France intervient contre ce texte, en particulier au nom de la démocratie. 

    ***

    “ Mesdames, messieurs, cet important débat porte sur deux séries de questions. Il y a d’abord un problème d’orientation générale — on pourrait dire un problème de politique générale — et puis se posent des problèmes d’exécution, qui sont plutôt de nature technique. Sur le problème général, sur le problème proprement politique, je ne m’attarderai pas. J’ai toujours été partisan d’une construction organique de l’Europe. Je crois, comme beaucoup d’hommes dans cette Assemblée, que nos vieux pays européens sont devenus trop petits, trop étroits pour que puissent s’y développer les grandes activités du XXe siècle, pour que le progrès économique puisse y avancer à la vitesse qui nous est devenue nécessaire.

    Un marché vaste est un élément de large circulation des progrès techniques et des échanges, et également un élément essentiel pour l’organisation et la consolidation de la paix entre les États européens, ce qui est tout aussi important.

    Mais ce marché, nous devons l’aménager de telle sorte que nous puissions y obtenir les meilleurs résultats possibles, sans tomber dans un étroit égoïsme national, spécialement pour notre pays. Un ancien président du Conseil a dit que nous devions « faire l’Europe sans défaire la France ». Ce résultat est-il obtenu dans les projets, tels, du moins, qu’ils sont connus de nous ? C’est ce que je voudrais rechercher.

    Ces projets comportent essentiellement la suppression, pour les échanges entre les six pays participants, de tout droit de douane et de tout contingentement. Ce résultat sera obtenu progressivement au cours d’une période transitoire de douze à seize ans.

    Au cours de chaque étape intermédiaire, les droits de douane seront réduits d’un tiers environ de leur montant initial, les contingents seront portés au double environ de ce qu’ils étaient au début de l’étape.

    Les six pays appliqueront, vis-à-vis des pays extérieurs à la communauté, un tarif douanier commun. Le passage du tarif initial de chaque pays à ce tarif commun se fera progressivement au cours de la période transitoire.

    Le Marché commun aura donc des effets très sensibles dès le début, dès la première étape. Ces effets porteront sur les trois aspects du Marché commun, lequel comporte, même assorti de restrictions temporaires, la libre circulation des personnes, la libre circulation des marchandises et la libre circulation des capitaux. C’est de ce triple point de vue que je vais me placer maintenant, en commençant par la libre circulation des personnes.

    Bien qu’il soit expressément mentionné et annoncé, il semble que ce problème n’a été envisagé que très superficiellement dans les textes, au point de la discussion où ils sont parvenus, et M. le secrétaire d’État aux Affaires étrangères, dans le brillant discours que nous avons tous applaudi avant-hier, a été sur ce point — qu’il me permette de le lui dire — très imprécis. Aussi des questions doivent être posées à ce sujet, des garanties doivent être obtenues.

    En effet, si le mouvement des capitaux et des biens peut à première vue ne pas paraître toucher aux concepts de Nation et de Patrie, il n’en est pas de même pour les migrations de populations. Il n’est pas indifférent pour l’avenir de la France ni que, pendant une période, les Italiens affluent en France, ni que, simultanément ou pendant une autre période, les Français du Languedoc, de l’Auvergne ou de la Bretagne soient conduits à chercher de meilleures conditions de travail dans une Allemagne qui, en cours de développement rapide, offrirait des emplois à des travailleurs menacés par le chômage.

    Or, ces perspectives ne constituent pas une vue de l’esprit. Si les Italiens se montrent si attachés à la notion du marché commun, s’ils sont impatients d’aboutir à une conclusion concrète, c’est bien — et ils ne s’en cachent pas — pour permettre l’émigration de leurs chômeurs. Dans une certaine conjoncture, lorsque nous manquons de main-d’œuvre, c’est tant mieux pour nous si nous pouvons en trouver dans un pays voisin. Mais dans d’autres cas, lorsque nous sommes menacés par le chômage ou lorsqu’il s’en produit dans notre pays, l’afflux de chômeurs venus du dehors et susceptibles, souvent, d’accepter des salaires sensiblement inférieurs à ceux qui sont pratiqués dans notre pays est évidemment de nature à provoquer des contrecoups et des difficultés que nous avons intérêt à éviter.

    Quant à l’Allemagne, n’oublions pas sa puissance d’expansion, ses ressources, son dynamisme. Dans le cas d’une crise économique, dont, par sa structure industrielle, l’Allemagne souffrira plus tôt et plus fortement que nous, il se produira une baisse des salaires allemands, un dumping de l’industrie allemande contre la nôtre et un mouvement des chômeurs allemands, plus mobiles par tradition que les nôtres, vers la France pour y chercher du travail.

    Jusqu’à présent, nous faisions face aux grandes crises économiques internationales mieux que d’autres pays, mieux que les pays plus industrialisés, comme l’Allemagne ou la Belgique, en raison de la structure mieux équilibrée de notre propre économie.

    À la première récession économique, un pays comme l’Allemagne de l’Ouest, qui vient d’absorber en quelques années plusieurs millions d’immigrés encore mal digérés, disposera d’un volume de chômeurs considérable et exportable.

    De ce fait, nous perdrons cet élément de stabilité relative dont nous jouissions jusque-là et qui nous avait permis, soit entre 1929 et 1932, soit en 1948-1949, de souffrir moins que les autres pays occidentaux. Mais en période de conjoncture favorable, nous aurons aussi à subir dans le Marché commun une concurrence redoutable, concurrence qui pourra être salutaire à long terme si les aménagements nécessaires sont prévus — c’est le but même du traité — et qui pourra néanmoins être très douloureuse et néfaste même à long terme si les précautions appropriées ne sont pas prises et garanties.

    Certaines de nos industries, tout au moins, ne pourront pas s’adapter ou s’adapteront mal. Il en résultera du chômage dans divers secteurs de nos régions sous-développées, notamment celles du sud de la Loire qui ont beaucoup à craindre de la rivalité commerciale et industrielle qui va se déclencher à l’intérieur du marché unifié et dont les populations peuvent être poussées à émigrer, à moins de consentir sur place à un niveau de vie très bas pour ne pas s’expatrier. Je voudrais faire observer que le problème de la contagion des effets économiques n’est pas théorique et qu’il a donné lieu dans le passé à des expériences qui doivent nous faire réfléchir.

    Après l’unité italienne, l’Italie du Sud a souffert beaucoup du contact et de la concurrence de la région du Centre et du Nord. Contrairement à ce que nous croyons trop souvent, l’Italie du Sud avait atteint, avant l’unité italienne, un degré d’industrialisation et de développement comparable et probablement même supérieur à celui du reste du pays. L’unité lui a porté un coup qui s’est traduit par une large émigration à l’intérieur de l’Italie unifiée et aussi vers l’extérieur, un coup que même les gens du Nord reconnaissent et auquel ils essayent maintenant de remédier. Pour obtenir le développement de la Sicile et de l’Italie du Sud, le gouvernement de Rome recrée précisément, depuis quelques années, un régime distinct qui supprime ou qui atténue le caractère absolu de l’intégration réalisée voici un siècle.

    La situation est comparable dans d’autres pays.

    Les États méridionaux des États-Unis se sont toujours plaints et se plaignent aujourd’hui encore d’avoir été défavorisés économiquement du fait de leur rattachement aux États du Nord.

    En Allemagne même, qui a fait l’expérience d’un Zollverein, véritable précédent du Marché commun, bien que la Prusse, initiatrice et agent moteur de l’intégration, ait consenti de larges investissements en faveur des régions allemandes moins favorisées, les Wurtembergeois, les Bavarois ont dû émigrer en grand nombre vers les Amériques. Au surplus, si, à l’échelle d’un siècle et en ne considérant que l’ensemble de l’économie allemande, le Sud et le Nord confondus, si le Zollverein a été un élément d’expansion, n’oublions pas qu’il a pu porter ses fruits parce qu’un État dominateur, principal bénéficiaire de la réforme, a fait la loi aux autres États dominés. En ce sens, c’est un précédent qui ne comporte pas que des aspects plaisants.

    Le traité doit donc nous donner des garanties contre les risques qui se sont ainsi matérialisés en Allemagne, aux États-Unis, en Italie, ailleurs encore. Parmi ces garanties figurent le droit, que nous devons conserver, de limiter l’immigration en France, surtout lorsque la conjoncture économique le rendra nécessaire, et des sauvegardes contre le risque d’un chômage et d’un abaissement du niveau de vie importés du dehors. Je reviendrai tout à l’heure sur certaines modalités de ces indispensables garanties, mais pour cela il me faut, après avoir examiné les problèmes touchant à la circulation des personnes, en venir à ceux qui concernent la circulation des marchandises. Ici nous sommes au centre même du débat.

    En cas de marché commun sans barrières douanières ou contingents, ou bien avec des barrières et des contingents rapidement réduits puis éliminés, les marchandises dont les prix de revient sont les plus bas se vendent par priorité et dans tous les pays participants. Ces prix de revient sont fonction des charges qui pèsent sur la production. Or, la France connaît de lourds handicaps dans la compétition internationale. Elle supporte des charges que les autres n’ont pas, tout au moins au même degré : charges militaires, charges sociales, charges d’outre-mer.

    Les autres pays qui n’ont pas de charges équivalentes disposent ainsi de ressources pour leurs investissements, pour accélérer leurs progrès, pour abaisser leurs prix de revient et c’est bien ce que nous avons pu constater depuis dix ans.

    Nous pouvons, bien entendu, espérer qu’après le règlement algérien nous pourrons réduire la disproportion des charges militaires, mais à cet égard je tiens à rappeler que les engagements pris dans le cadre de l’O.T.A.N. sont proportionnellement plus lourds pour nous que pour tous les autres pays de la Petite Europe.

    […]

    D’autre part, M. le président du Conseil nous a indiqué dans un discours récent qu’après la fin des hostilités en Algérie nous devrons consacrer aux dépenses économiques en Afrique du Nord autant, a-t-il dit, que nous avons donné jusqu’ici pour les dépenses militaires, de telle sorte que le règlement algérien lui-même risque de ne pas entraîner au total le soulagement très substantiel sur lequel nous pouvons compter.

    En second lieu, après les charges militaires, les charges des territoires d’outre-mer sont, vous le savez, considérables au point que le gouvernement a demandé — et il a eu raison — d’en transférer une fraction à nos partenaires.

    Même si nos partenaires acceptaient les propositions françaises dans ce domaine — et jusqu’à maintenant je ne crois pas que cet accord ait été obtenu — la majeure partie des charges d’outre-mer continuerait tout naturellement à nous incomber et ainsi, de ce chef encore, il n’est pas douteux que notre économie subirait un handicap de charges supérieures à celles qui incombent à nos cocontractants.

    J’en viens, maintenant, aux charges sociales qui ont été évoquées à plusieurs reprises par un certain nombre de nos collègues.

    La seule harmonisation prévue en principe concerne l’égalité des salaires masculins et féminins dans un délai de quatre, cinq ou six ans. C’est certainement une nouvelle satisfaisante et qui entraînera, si la promesse est tenue, des résultats favorables pour certaines industries françaises, par exemple pour l’industrie du textile. Mais aucune autre généralisation d’avantages sociaux n’est vraiment organisée ni même garantie et cela apparaît si l’on énumère un certain nombre de ces avantages sociaux qui pèsent, dans une mesure qui est loin d’être négligeable, sur la productivité et sur les prix de revient. S’agit-il du tarif spécial des heures supplémentaires dont a parlé hier M. le secrétaire d’Etat aux affaires étrangères ? Le problème est en effet mentionné et il est dit dans les textes qui, paraît-il, ont été arrêtés sur ce point, que le système français sera pris comme base de référence. Je ne sais pas exactement ce que signifie cette formule. Je ne crois pas qu’elle implique qu’il en résultera une obligation pour nos cocontractants de réaliser une égalisation entre eux et nous et, lorsque le problème sera examiné à la fin de la première période, c’est bien la majorité qualifiée qui en décidera, ce qui, je le montrerai tout à l’heure, ne nous donne malheureusement aucune garantie sur un terrain où la plupart de nos cocontractants ont des intérêts très évidemment opposés aux nôtres.

    S’agit-il des allocations familiales ? Je crois que le problème n’a même pas été envisagé ou, s’il a été discuté, il n’a abouti à aucun accord. Or, ce problème est important, puisque les allocations familiales correspondent à 12 p. 100 de la masse salariale.

    S’agit-il du problème des salaires des jeunes ? Ce point est important puisque, en raison de la pyramide des âges, nous aurons, dans les prochaines années, en France comme dans les autres pays occidentaux, un nombre croissant de jeunes au travail.

    Les salaires des jeunes, des mineurs, sont, en France, très supérieurs à ceux qui sont pratiqués en Allemagne, en Italie, en Belgique. D’une part, en vertu de la réglementation officielle, d’autre part, en vertu des conventions collectives, la situation est beaucoup plus satisfaisante pour les jeunes travailleurs en France qu’elle ne l’est dans les autres pays.

    On pourrait poursuivre très longtemps l’énumération des avantages sociaux très supérieurs en France à ce qu’ils sont dans les pays avec lesquels nous allons nous associer.

    La thèse française, à laquelle nous devons nous tenir très fermement et que le gouvernement a soutenue, sans avoir, je le crains malheureusement, obtenu l’adhésion de nos interlocuteurs, c’est l’égalisation des charges et la généralisation rapide des avantages sociaux à l’intérieur de tous les pays du marché commun. C’est la seule thèse correcte et logique sauf, toutefois, celle que personne n’a soutenue, selon laquelle nous serions conduits à supprimer les allocations familiales ou à réduire les salaires horaires pour obtenir le même résultat.

    Je sais bien que l’on invoque quelquefois le fait que certaines dispositions sociales, à vrai dire peu nombreuses et peu importantes, de la réglementation française, se trouvent être moins avantageuses que celles prévues dans tel ou tel pays voisin.

    Par exemple, les indemnités de chômage sont plus élevées dans un certain nombre de pays voisins qu’elles ne le sont en France. À vrai dire, les indemnités de chômage représentent peu de chose par rapport à la masse salariale, mais je voudrais que nous poussions sur ce point notre position jusqu’à l’extrême logique. L’unification, la péréquation des charges doit se faire, elle doit être générale et elle doit toujours se faire par le haut.

    Il serait parfaitement normal que nous relevions nos allocations de chômage si elles sont inférieures à celles de nos voisins à condition que ceux-ci, réciproquement, relèvent par exemple les allocations familiales ou les créent pour les pays qui n’en ont pas.

    L’harmonisation doit se faire dans le sens du progrès social, dans le sens du relèvement parallèle des avantages sociaux et non pas, comme les gouvernements français le redoutent depuis si longtemps, au profit des pays les plus conservateurs et au détriment des pays socialement les plus avancés.

    On dit quelquefois, et cette opinion a été exprimée à la tribune au cours des derniers jours, qu’il ne faut pas considérer seulement le déséquilibre des législations sociales, mais l’ensemble de toutes les charges salariales, c’est-à-dire les salaires proprement dits augmentés des charges sociales, dites aussi salaires indirects. Ce point de vue est peut-être contestable car la concurrence n’est pas un phénomène global : toute l’économie d’un pays contre toute l’économie d’un autre pays. La concurrence s’opère, en réalité, industrie par industrie et ce sont bien les prix de revient par marchandises, c’est-à-dire par catégories industrielles, qui comptent. Mais, peu importe, car, au cours des récentes négociations, nos experts ont prouvé que les salaires proprement dits en Hollande, en Italie et même en Allemagne étaient très généralement inférieurs aux nôtres.

    Par conséquent, c’est bien l’ensemble salaires plus charges sociales qui est supérieur en France à ce qu’il est chez nos voisins et concurrents étrangers.

    ..........................

    L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit le recours à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit la délégation de ces pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement « une politique », au sens le plus large du mot, nationale et internationale.

    Si la France est prête à opérer son redressement dans le cadre d’une coopération fraternelle avec les autres pays européens, elle n’admettra pas que les voies et moyens de son redressement lui soient imposés de l’extérieur, même sous le couvert de mécanismes automatiques.

    C’est par une prise de conscience de ses problèmes, c’est par une acceptation raisonnée des remèdes nécessaires, c’est par une résolution virile de les appliquer qu’elle entrera dans la voie où, tout naturellement, elle se retrouvera auprès des autres nations européennes, pour avancer ensemble vers l’expansion économique, vers le progrès social et vers la consolidation de la paix. “

    Source : Marché commun européen, dans Journal officiel de la République française. 19 janvier 1957, n° 3, p. 159-166.

    source du texte : http://www.pouruneconstituante.fr/spip.php?article526



  • Jean-Fred 10 mars 2014 10:26

    Le Bitcoin comme tous les autres « altcoin » sont des monnaies révolutionnaires destinées à remplacer le système financier actuel.

    « Une formation sociale ne meurt jamais avant que soient développées toutes les forces productives auxquelles elle peut donner libre cours ; de nouveaux rapports de production, supérieurs aux anciens, n’apparaissent jamais avant que leurs conditions matérielles d’existence n’aient mûri au sein de la vieille société. C’est pourquoi l’humanité ne se pose jamais que des problèmes qu’elle peut résoudre ; car, à mieux considérer les choses, il s’avérera toujours que le problème lui-même ne surgit que lorsque les conditions matérielles de sa solution existent déjà ou tout au moins sont en formation »

    Contribution à la critique de l’économie politique (1859), Marx

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