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Croquette67

Anonyme

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  • Premier article le 21/04/2007
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  • Kosmalib 20 avril 2007 20:46

    Je suis relativement d’accord avec vous sur les dates des évènements, et notamment le rôle des Américains dans le placement des talibans en Afghanistan contre l’occupation soviétique ou le rôle de VGE - au moins partiellement. Je suis bien loin de me placer diplomatiquement aux côtés des Etats-Unis. Je n’ai pas de religion en matière diplomatique. Le fait que Ben Laden soit un pur produit de l’Amérique ne change rien au conflit : mais il s’agit bien d’un retour de flamme, auquel les Américains ne s’attendaient pas.

    La question se pose ici de ce « retour de flamme ». Il me semble que les évènements historiques sont produits les uns à la suite des autres selon un processus causal, dans lequel les individus forment l’histoire : selon les recoupements, on peut établir des périodes, structurellement établies par les évènements historiques. Il peut en découler que des hommes paraissent pris dans les vents de l’histoire, dans ces systèmes complexes partiellement définis, ou qu’ils engendrent eux-mêmes ces mouvements. Ben Laden est-il une cause de l’islamisme montant, ou participe-t-il d’un mouvement plus vaste de réaction à la mondialisation libérale ? Pour ma part, je considère qu’il n’a fait qu’accélérer qu’un processus entamé depuis longtemps, bien avant la guerre froide, et qui refait surface aujourd’hui après le dégel du monde, et en réaction à la mondialisation libérale, à l’expansion sans limite de ce modèle matérialiste, déjà canalisé par la colonisation. Le rôle des Américains - puissance qui compte vraiment depuis la sortie de son isolement pour la seconde guerre mondiale - a été un catalyseur conjoncturel, mais vraisemblablement la guerre froide a contribué à installer des structures idéologiques déjà présentes dans l’islam, et qui ont commencé à germer pendant la colonisation.

    Je constate simplement que l’anti-impérialisme américain actuel (qui existait au temps de la guerre froide sous une forme plus « centralisée » à Moscou) est bien souvent - dans les pays musulmans - associé à la critique du Grand Satan, critique que les soviétiques ont tôt fait d’associer au terme « capitaliste ». Les propos de Zinoviev, dignitaire bolchevik, à la conférence de Bakou en septembre 1920 peuvent aider à comprendre : « Frères, nous vous appelons à la guerre sainte et d’abord contre l’impérialisme britannique. » Les Soviétiques se sont donc empressés d’instrumentaliser l’Islam à des fins purement « révolutionnaires », trois ans seulement après le coup d’Etat bolchevik. Il y aurait convergence de deux idéologies (expansives par nature), à savoir la Révolution Rouge et l’Islam, structurées autour d’un ennemi antagonique commun, nous parlons de l’idéologie matérialiste occidentale, associé secondairement à la spiritualité chrétienne. Vous parlez de Khomeiny comme d’un produit américain contre une soit disant Révolution socialiste, si j’ai bien compris votre sous-entendu, susceptible de rattacher l’Iran au bloc de l’Est. Mais justement, Khomeiny constitue un double produit de l’islam et de l’idéologie révolutionnaire communiste : « la Révolution Islamique. » Le modèle de prise de pouvoir par Khomeiny s’apparente volontiers à la prise de pouvoir par Lénine en 1917. Lénine-Khomeiny : même combat contre les capitalistes. Et en réalité, l’Islam politique aurait « absorbé » certains principes de l’idéologie révolutionnaire marxiste-léniniste.

    C’est d’ailleurs une raison qui fait s’écrouler votre raisonnement sur le rôle des Etats-Unis dans le renouveau religieux musulman. « En oubliant cependant un fait important : c’est le camp atlantiste qui fait prospérer, comme stratégie hasardeuse lors de la guerre froide, l’islam politique en réponse à l’athéisme soviétique qui séduisait nombre de pays du Tiers Monde. » Deux erreurs : D’abord, c’est en premier lieu le régime soviétique qui a fait progressé l’islam politique antiaméricain (cf. Zinoviev). Le reste n’est que le pur produit de la décolonisation et des réactions à la mondialisation libérale. Seconde erreur, vous vous contredisez. Si les Américains ont soutenu la dictature Baasiste en Irak (fondée sur une idéologie relativement athée, un panarabisme nationaliste nostalgique et une forme avancée d’acceptation du matérialisme occidental, sans l’occident et sans démocratie politique), c’est qu’ils n’ont pas soutenu - sinon involontairement - la montée du pouvoir religieux, mais bien d’un pouvoir politique. Le parti Baas est un parti politique, et non religieux. Les Américains ont soutenu des points stratégiques sur une carte : des nations ; selon un principe clair de raison d’Etat, de poids et de contrepoids : l’Amérique doit sauver le monde libre, et surtout ses intérêts. Les « manœuvres d’apprentis sorciers » que vous dénoncez avaient pour vocation, pour fin, de sauvegarder les intérêts de la nation Américaine contre l’expansionnisme soviétique. Quoi de plus logique ? (Je n’ai pas écrit « quoi de mieux » !)

    Quant à votre accusation d’islamophobie, je me permets de vous renvoyer à une analyse que vous trouverez sur le site Internet de Robert Redeker. On accusera d’islamophobe qui constate que - dans la religion musulmane - il existe des aspects guerriers et violents, indéniables. Si l’on choisit cette définition, n’oubliez pas que je n’ai peur ni des curés ni des imams. Je suis chrétien catholique, mais surtout laïc et républicain, mon meilleur ami est musulman, et partage un certain nombre d’analyses que j’ai développées. Un autre de mes amis - homosexuel Marocain - subit de lourdes pressions de son pays et ne retournera pas là-bas : trop d’intolérance. N’empêche que j’ai de nombreux amis qui aspiraient à une spiritualité musulmane sereine. Et voyez que je ne suis pas pris d’effroi à l’idée de voir un Musulman en France, si je compte beaucoup d’amis musulmans.

    Il existe, pour de nombreux spécialistes, deux conceptions de l’Islam, deux moyens d’être musulman : une conception pacifique qui consiste à étendre l’idéologie de l’Oumma partout où faire se pourra, par la voix pacifique. L’autre conception s’emploie naturellement à exploiter les passages les plus violents du Coran pour en faire instrument de violence, à les traduire de manière à faire comprendre les choses... d’une manière assez spécieuse. « Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce qu’Allah et Son prophète ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent la capitation par leurs propres mains, après s’être humiliés. » (IX. 29). On trouve des centaines d’autres phrases comme celles-ci dans le Coran. Alors, combat moral ou combat physique ? A voir... quoi qu’il en soit, il s’agit de combattre pour s’étendre.

    Si la plupart des Musulmans sont de très honnêtes gens, parfaitement innocentes, la montée en puissance des vocations intégristes dans tous les pays du monde musulman, les attaques répétées au sécularisme et à la laïcité, la substitution progressive des Codes de types napoléoniens en Afrique du Nord par la charia, et de nombreux indices qui ne trompent personne sont des témoins d’une structure impériale en cours d’uniformisation en son cœur, et d’expansion vers son Sud Africain. Au Nord (en Europe), à l’Est (en Asie), l’expansion de l’Islam se heurte à la réalité laïque, chrétienne et occidentale.

    Il ne s’agit pas de suivre la méthodologie de Huntington, même si elle a l’avantage de penser le concept de civilisation. D’ailleurs, ce n’est pas parce que le monde était divisé en deux blocs lors de la guerre froide, que deux civilisations - l’une soviétique, l’autre libérale et démocrate - s’affrontaient. Nous parlons ici d’antagonisme entre deux idéologies toutes deux en expansion, condamnées à s’affronter. La démocratie et le libéralisme ne sont pas les composantes intrinsèques de la civilisation occidentale, même si leur apparition est consubstantielle au christianisme. La démocratie libérale n’empêche pas - en réalité -l’épanouissement d’autres civilisations, comme la civilisation « asiatique » (le Japon est démocrate et libéral, par exemple, mais fait parti d’un ensemble appelé monde libre qui transcende les civilisations, sans être exclu de la civilisation sino-japonaise). C’est pourquoi on ne peut réellement parler de « choc des civilisations ». Le terme de civilisation était en ce cas abusif, sauf à substituer l’idée de civilisation à un ensemble politique et non linguistico-religieux.

    De nombreux indices témoignent d’un développement d’une expansion des thèses de violence partout où l’Islam creuse son terreau. Récemment, l’Iran a interdit le cartoon Tom et Jerry. Un chat qui court vainement après une souris (juive, naturellement) semblait choquer les autorités. La Turquie, pays laïc, a interdit Winnie l’Ourson, à cause de la présence choquante de Porcinet, animal impur à ne pas montrer aux enfants. La Chine (!), en cette année du Cochon, a pris des mesures de répression à l’encontre des images de cochon, pour respecter la religion de la minorité musulmane en Chine, et se faire des nations amies en terre d’Islam. Les exemples sont multiples, divers, nombreux.

    Je ne peux me résoudre à dire que nous ne sommes pas en guerre idéologique. En somme, une guerre entre deux blocs antagonistes, qui peut avaler certaines nations. Le manichéisme consiste à voir en telle personne le bien, en son opposant le mal. En appliquant ce principe aux structures idéologiques qui se développe en terre d’Islam, et à celles installées en occident, en considérant la violence comme négative et comme un moyen à éviter le plus possible, la démocratie et la laïcité (ou le sécularisme) comme une bonne chose, je n’ai aucune peine à considérer l’idéologie islamique intégriste comme le mal, et la doctrine libérale et démocratique comme le bien. En ce sens, je suis manichéen. Mais en considérant les personnes dans leur plus stricte humanité, je ne peux me résoudre à y voir la moindre trace de mauvaise volonté. Et je ne peux qu’aimer un musulman, même le pire des terroristes, me refuser à désirer sa mort. Il faut aimer ses ennemis. C’est comme ça que le christianisme se déploie et qu’il s’est toujours déployé, sauf à être en contradiction avec lui-même. En somme, je ne fais pas le lien entre les individus et les systèmes dans lesquels le scientifique les incorpore. Je me dois de les considérer dans leur plus stricte humanité, leur plus stricte individualité.

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