« Si les jeunes filles ont accepté sans protester leur
renvoie, c’est parce qu’elles ont été elles aussi très affectées
par le viol de leur camarade ! »
Et je suppose que vous leur avez demandé ?
Je
suis plutôt d’accord avec cette idée qu’ajouter de la peine à la peine
n’est pas très judicieux. Toutefois Constant a raison de rappeler que le
règlement de l’établissement posait des règles, précisément pour éviter
ce genre de problème, et que la « victime » n’a pas respecté ces règles.
Elle s’est donc exposée ce faisant 1) aux problèmes et 2) aux sanctions
prévues par le règlement.
Je mets « victime » entre guillemets
parce qu’un autre principe de notre justice est aussi que le ou les
accusés sont présumés innocents sauf à ce que leur culpabilité soit
prouvée ; or l’affaire semble-t-il n’est pas encore jugée. Le viol est
une abomination, l’une des pires, mais fait aussi parfois l’objet de
fausses accusations. S’il vous déplaît que j’aille jusqu’à dire ça, tant
pis ! C’est un fait qu’il convient aussi de considérer.
J’ajoute
pour faire le taf’ du sale type jusqu’au bout, que la gamine a fait le
mur pour se prendre une murge avec ses petits voisins polonais.
(D’ailleurs pourquoi eux et non ceux de la chambre à côté ?) Pas de bol
elle se fait griller, complètement cramée, et la sanction pour avoir
enfreint le règlement de manière aussi grossière c’est l’exclusion...
papa et maman ne vont pas être contents.
Papa et maman ne seront
pas contents de me voir ivre avec des bouts de vomi à la commissure des
lèvres, sans mauvais jeu de mots, mais si je leur explique que c’est la
faute de l’autre et qu’en plus il m’a violée je passerai du statut de
« coupable » à « victime » avec un peu de chance. Oui je sais c’est immonde,
mais c’est possible et c’est une possibilité que vous omettez
complètement dans votre raisonnement.
Mais pour en revenir à ce
que vous prétendiez, je trouve curieux que celles n’ayant pas été
précisément victimes soient celles qui, ironiquement, sont trop
« choquées » ou « affectées » pour contester alors que la victime, elle, le
fait. Apparemment et si j’en crois votre raisonnement, la victime
pénétrée de force serait moins choquée que les spectatrices. Makes sense dunnit.
Nous sommes tous d’accord ici, pour considérer qu’à 15 ans on est aussi
responsable qu’à 18 ans, et qu’on n’a pas besoin d’être majeur pour être
« mature ».
Prenez n’importe quelle étude statistique et
vous découvrirez — attention retour vers le futur ! — que l’âge moyen
pour la « première fois » est inférieur à celui de la majorité légale. Je
crois qu’il est de 17 ans et compte tenu de ce que certains perdent leur
virginité tardivement, cela veut dire aussi que d’autres la perdent avant l’âge de 17 ans. La majorité sexuelle, d’ailleurs, est fixée à 15 ans et non 18 par la loi en France.
Je
vous rejoins sur l’idée qu’un mineur n’est pas complètement « mature » et
a besoin d’un cadre, mais c’était précisément l’objet du règlement que
notre « victime » a enfreint que de poser ce cadre. Dès lors je ne vois
pas en quoi l’établissement serait responsable du viol, sauf à ce que
les surveillants en soutane y aient participé, d’ailleurs ils n’ont pas
été alerté par les cris d’horreur de la victime ?
Pour en revenir
à la sanction, exclure la « victime » — si ce qu’elle prétend avoir subi
est vrai — me semble en effet excessif et "ajoute de la peine à la
peine" comme dit plus haut. Toutefois je pense aussi que dans le but de
faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé (= peut-être ce
qu’elle en dit, ou peut-être pas !), il est prudent de ne pas jouer trop
vite le jeu de la victimisation qu’elle initie. Imaginons que la
victime mente — oui je suis un salopard mais c’est possible — et qu’elle
accuse à tort les garçons pour se couvrir, alors le fait de l’exonérer
de sanctions pour ce qu’ « elle » a fait l’obligerait à maintenir sa
version même si elle s’avère mensongère. Dans une optique prudente de
« wait and see », « laissons la justice faire son travail », cette décision
me semble donc adaptée et de toute façon, je n’aurais personnellement
pas très envie de revenir dormir et travailler dans l’école où je me
serais fait violer dans l’indifférence générale. C’est peut-être une
idée personnelle mais je trouve cette attitude curieuse d’un certain
point de vue.
Enfin et ce qui me gêne le plus dans cet article, c’est sa conclusion :
« La direction de l’institution catholique [en rouge-gras-clignotant] affirme avoir respecté les
règles et le règlement... mais quel règlement ? Celui qui condamne une
victime ? »
J’ignorais qu’il y avait une différence à faire
entre ce qui se passe chez les cathos ou ailleurs, peut-être
vouliez-vous donner à votre article un côté « trendy » ?
J’attends votre condamnation sur cette affaire que bizarrement, vous ne semblez pas avoir traitée (aucun article n’en parle sur AV).
Or contrairement au scandale dont vous nous entretenez, dans cette
école juive le chef d’établissement savait et n’a rien dit. Toutefois et
ainsi que nous l’explique mytf1news : « c’était une attitude plus
morale que légale » parce que ce bon monsieur « n’a pas voulu en
rajouter ». Je comprends mieux maintenant.
Pour conclure :
1) je pense que le viol est une abomination et qu’il doit être puni avec la plus grande sévérité ;
2)
il convient cependant de laisser la justice faire son travail sans
perdre de vue que parfois, les victimes mentent. Les détails de
l’affaire et la culpabilité initiale de la victime vis-à-vis du
règlement (= intrusion dans la chambre des garçons, hébriété) devraient
nous rendre particulièrement prudents à ce stade ;
3) l’adjectif
« catholique » confère à l’article une regrettable et patente dimension
partisane, laquelle induit une « intention » et doit donc (encore)
susciter notre vigilance. Des viols il y en a aussi dans les autres
cultes et *** BREAKING NEWS !! *** parfois même dans les milieux laïcs. Ou dans les parlements et de manière assumée, ce qui je pense est d’autant plus grave.
En tant que fan de Stephen King, je ne peux qu’approuver ! C’est en substance l’aboutissement de sa Tour sombre, un cycle de sept romans qu’il clôt non sans prévenir d’abord ses lecteurs :
« J’espère que vous êtes venus entendre ce récit, et non pas vous tailler un chemin jusqu’à la fin de l’histoire, à coups de dents. Si c’est la fin que vous voulez, vous n’avez qu’à tourner la dernière page et voir ce qui est écrit dessus. Mais les fins sont cruelles. Une fin est une porte close, qu’aucun homme (ni aucun Manni) ne peut ouvrir. J’en ai écrit un grand nombre, mais pour résumer, guidé par la même impulsion qui fait que j’enfile un caleçon le matin avant de quitter ma chambre — parce que ça fait partie des usages. »
C’est de la fiction et ’y a moyen que je me fasse clasher comme frivole en écrivant ça, mais je pense qu’il en va de même dans le réel et qu’aucune fin n’est jamais vraiment satisfaisante. Le point positif c’est qu’aucune n’est jamais vraiment définitive non plus :)
Le tout consiste à voir le plus loin possible pour éviter de « rusher » des fins qui s’avèrent en fait pire que les débuts. C’est le syndrome de la courte vue dont je parlais plus haut et la maladie des grands idéologues : mieux vaut voir loin et modeste plutôt que de voler trop haut et trop vite comme Icare. Et changer de cap lorsque les ailes commencent à fondre ^^
Bref... je sais pas si j’ai raison mais j’en suis là, je penserai peut-être tout autrement demain. Un excellent week-end à vous, Zobi la Mouche !
Salut Zobi :) tout dépend de ce qu’on entend par volonté ^^
La volonté germe aussi partant de l’égo : pour l’individu, elle représente ce que « je » veux. C’est compliqué tout ça.
Je
pense que le système sait exploiter les volontés individuelles, à plus
forte raison dans la mesure où il les influence. Celui qui veut trop
fort quelque chose tend à s’engouffrer dans la voie la plus à-même selon
lui d’y parvenir ; et la plupart du temps, il ne s’agit ni plus ni
moins que de l’une de celles proposées par le système. Parce que c’est
toujours le moyen le plus immédiat de satisfaire « sa » volonté. Et parce
qu’il n’y a guère d’autre alternative non plus.
Ceci est à
différencier du désir de vérité et d’équilibre à visée finalement (mais
pas seulement) plus altruiste (parce que veiller à l’équilibre des
choses implique de passer par l’altruisme pour servir son propre désir
de paix, de confort etc.). C’est un peu la différence entre vouloir "par
idéologie" et vouloir dans un souci d’honnêteté intellectuelle et de
pragmatisme.
J’ai tendance à me méfier de la « volonté » dans la
mesure où, souvent, elle est plus liée au premier objectif qu’au second.
Les gens dont la volonté est la plus forte sont à mon avis ceux qui
généralement ont aussi la plus courte vue. Comme disait Bertrand Russel :
« L’ennui dans ce monde, c’est que les idiots sont sûrs d’eux et les
gens sensés pleins de doutes. » J’y souscris et pense que la méditation
par l’imaginaire et sans objet demeure le meilleur chemin d’accès au
« vrai » le plus objectif et constructif possible.