Si vous êtes incapable de faire la distinction entre l’espace public et
l’espace privé, il n’est pas étonnant que vous en arriviez à dire
« chacun chez soi ».
Etendre la notion de « chez soi », espace intime non soumis aux règles
démocratiques, à l’espace public d’un pays, c’est la base même du
racisme. Je ne prétends pas que vous l’êtes, mais je vous engage à faire
attention à ce genre d’amalgames.
« les mesures à prendre, en partenariat avec les acteurs de terrain, pour sédentariser ces populations » :
j’imagine que pour vous, le mode de vie de ces populations n’est pas
choisi, mais subi ? Et que donc, elle ne demanderaient pas mieux que de
se sédentariser, pourvu qu’on leur en donne les moyens ? Il ne vous est
jamais venu à l’esprit qu’elles pourraient tenir à leur nomadisme ?
Pourquoi
devraient-elles se conformer au mode de vie sédentaire ? Parce que
celui-ci est majoritaire ? Une démocratie digne de ce nom se doit de
respecter les minorités. Parce qu’il est « meilleur » ? Critère éminemment
subjectif. Pour la sécurité publique ? Avec notre modèle de société qui
est en train de sombrer corps et âmes, la tarte à la crème de la
sécurité publique est le meilleur moyen d’éviter de remettre ce modèle
en cause, et ça ne s’arrêtera pas aux roms.
Dans une Europe qui
assurerait la liberté de circulation des gens aussi bien qu’elle le fait
pour les capitaux, il me semble que les « mesures à prendre » pourraient
plutôt prendre l’option de respecter
leur mode de vie en imposant l’aménagement de lieux de haltes à leur
intention.
Il serait peut-être temps de réaliser que des « barbares » pareils ne sont jamais que le sous-produit d’un système basé sur l’accaparement des richesses, sur la frustration (ben oui, y a rien de mieux pour stimuler la consommation), sur l’exclusion (histoire d’avoir toujours un bon stock de demandeurs d’emploi pas chers) et sur l’individualisme. Et ca va empirer, maintenant que le gâteau est devenu trop petit pour que ceux d’en bas puissent continuer à en ramasser les miettes...
@rastapopoulo : je ne sais pas d’où vous tirez que je serais lié à une vision anglo-saxonne de l’écologie. Il doit y avoir un gros malentendu car je ne me sens pas du tout dans la lignée de ceux que vous nommez les pères fondateurs de l’écologie mondialiste anglosaxonne. Je sais une chose, c’est que Gore et compagnie ne sont pas des objecteurs de croissance. Si vous en êtes à ce niveau de confusion je ne peux que vous engager à vous informer sur ce qu’est réellement l’objection de croissance.
Peut-être (mais je crois qu’il vous faudra du courage) comprendrez-vous que le savoir technique en lui-même n’est pas en cause, au contraire du système dans lequel sont faits les choix techniques. Ceux-ci peuvent libérer l’homme dans le sens d’une plus grande autonomie ou au contraire le rendre totalement dépendant d’entreprises commerciales et d’institutions sur lesquelles il n’a plus aucune prise, et qui le réduisent à un rôle de client-consommateur. Devinez dans quel sens vont les choix techniques faits par notre société de croissance ? Vous comprendrez peut-être aussi qu’il ne s’agit pas de vouloir entrer en décroissance pour faire de la décroissance ; mais il s’agit d’arrêter de croître pour croître. Il s’agit de remettre l’économie à sa place : au service de l’homme. Trouvez-vous que c’est le cas dans ce système productiviste ?
Quelques lectures utiles : Ivan illich, André Gorz, Nicholas Georgescu-Roegen, Serge Latouche... Quant aux oeillères, ne vous faites pas de soucis pour mon champ de vision : je vis dans cette société et en connais donc le fonctionnement, mais je ne me contente pas d’en avaler les dogmes sans broncher. Je ne pense pas que vous puissiez en dire autant.
J’arrête ici. Je reprendrai cette discussion avec plaisir lorsque vous aurez fait l’effort de vous informer sur son sujet.