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Petit Jean

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  • Petit Jean Petit Jean 15 novembre 2010 14:45

    Intéressante discussion, en effet. Continuons la, si vous le voulez bien . Et pourquoi pas en mettant en avant l’originalité et l’intérêt propres de Nabe ou Houellebecq

    Le débat porte sur les spécificités d’un genre littéraire : le roman. Je voudrais revenir sur la notion d’intrigue, que vous mettez en avant comme critère distinctif du roman. Qu’est-ce au juste que l’intrigue d’un roman ? Il faut faire attention à ne pas confondre intrigue et structure.
    On pourrait définir l’intrigue par le « pitch » du roman, le court descriptif de l’histoire et de son évolution que l’on pourrait faire à quelqu’un qui ne connait pas le livre.
    Prenons alors deux prix littéraires célèbres, un Goncourt et un Renaudot : A l’ombre jeunes filles en fleurs (Goncourt 1919) et Voyage au bout de la nuit (Renaudot 1932).

    Quelle est selon vous l’intrigue d’A l’ombre des jeunes filles en fleurs ? Comment la raconteriez vous ? Et j’ajouterais en fait y-at-il une intrigue dans ce roman ?
    Essayez d’en faire le pitch. C’est intéressant.

    Même exercice pour Voyage au bout de la nuit . Peut-on parler d’une intrigue au sujet du Voyage ?

    En revanche, je peux assurément vous raconter l’intrigue (proprement policière) d’Alain Zannini, ou celle du Bonheur, ou celle de L’Homme qui arrêta d’écrire ...

    En quoi vos critères sur la définition d’un roman s’appliquent-ils davantage à A l’ombre des Jeunes filles en fleurs qu’à Alain Zannini ?
    A moins que vous ne considériez également Proust comme un non-romancier. La notion devient alors très restrictive.



  • Petit Jean Petit Jean 14 novembre 2010 11:49

    @Jesse,

    Pas d’accord. C’est justement par la création de personnages et d’intrigues que Nabe et Houellebecq sont romanciers. Enfin surtout Nabe. Houellebecq est capable de créer d’excellents personnages, mais il est moins bon dans la construction de l’intrigue. Ce qui d’ailleurs me semble le principal point faible de La Carte et le Territoire.
    Vous êtes victime d’un trompe-l’oeil. Ce n’est pas parce que tout est vrai dans ses personnages que Nabe n’en fait pas de purs personnages de romans. C’est même précisément par là qu’il renouvelle et élargit les limites du genre.
    Nabe a créé des personnages extraordinaires. Peu importe que ces personnages soient réels. Quel personnage incroyable que le Linden du Bonheur ! Il suffit de comparer avec Lindenmeyer dans le Journal Intime, pour voir la différence entre le même personnage dans le Journal et sa version dans le roman. Celà tient justement à la structure. Le Linden du Bonheur n’est pas dilué par des apparitions espacées (conséquence de la chronologie du Journal Intime). Le personnage, le même, apparzait entièrement condensé, beaucoup plus travaillé, donc encore plus vrai, ramassé en un seul chapitre qui en fait l’un des personnages les plus inoubliables de Nabe. Voilà la différence entre roman et journal chez Nabe. Le roman dit encore plus la vérité.
    Choron est extraordinaire dans le journal. Qu’est-ce que ça aurait été si le personnage avait été développé dans un roman !
    Dans L’Homme qui arrêta d’écrire, Nabe crée même à mes yeux un nouveau type de personnage de roman, qui n’avait pas encore fait son entrée en littérature : Le Libre Penseur. La figure du complotiste obsessionnel algero-marseillais cinglé dans son inarrêtable flot de paroles. Si ça c’est pas un personnage !

    La transposition de la réalité n’est pas un obstacle à la richesse de la création. Au contraire.
    Le Michel Houellebecq de La carte et le Territoire est un des meilleurs personnages que Houellebecq ait jamais créé . Son Beigbeder est complètemnt raté par contre.

    Je ne crois pas que le roman soit figé (fini ?) aux grands noms que vous citez. On pourrait d’ailleurs en citer d’autres qui comme Nabe ont tenté, par les personnages, l’intrigue, la remise en question de la séparation entre réel et fiction, ou diverses torsions sur la forme romanesque, de faire autre chose du roman tout en lui donnant un nouvel accomplissement.
    Céline, bien sûr, que vous citez, mais qui pourrait justement constituer un contre-exemple. Le Céline de Nord ou de Féérie pour une autre fois est-il un romancier selon vos critères ? Mais également Joyce ou Gadda (la subversion du genre du roman policier), qui font de toute évidence partie des références de l’auteur d’Alain Zannini ...

    La question du roman est une des réflexions de Houellebecq. Il a essayé de son côté de faire de la science-fiction autre chose. Et le résultat n’est pas sans intérêt.
    Enfin pour répondre à votre dernière remarque. Non l’écriture de Nabe dans L’Homme n’est pas houellebecquienne. L’écriture « plate », « neutre » est différente du tempérament morne mais ironique et provocateur des Particules élémentaires, par exemple . Chez Nabe, l’écrivain s’efface volontairement, mais de la façon la plus neutre possible. Toutefois son flot de pensées continue à courir. Et ce flot n’a rien du tout de houellebecquien. Ce sont les personnages qui dans les dialogues prennent tout seuls le dessus par leur « voix » propre, et rendent ce livre paradoxalement très vivant.
    Je pense en outre que de janvier à Septembre date de parution de son roman, Houellebecq a tout à fait eu le temps de lire le livre. Je ne crois pas qu’il ait écrit la Carte à partir de ça, mais il me semble bien probable que l’Homme l’ait amené à en reconsidérer la finition.



  • Petit Jean Petit Jean 13 novembre 2010 22:11

    Excellent, votre article de Slate, Pierre Ancery.

    En ce qui concerne Dante, la non-reconnaissance de la transposition de La Divine Comédie est une leçon terrible et unique sur l’état d’autisme, d’incompétence et d’aveuglement de l’ensemble de la critique littéraire, totalement incapable de prendre la mesure de l’oeuvre qu’ils avaient entre les mains.
    C’est comme si quelqu’un jugeait doctement la reprise des Ménines par Picasso, sans savoir ni imaginer un instant qu’il yavait eu un tableau peint trois cent ans plus tôt par Velasquez ! On en est là, hélas.

    J’ai écrit une étude sur les rêves de La Divine Comédie dans l’Homme qui arrêta d’écrire.
    Elle est publié sur le site des lecteurs de Nabe.
    Nabe’s Dreams
    L’étude de Dante n’est pas la seule manière d’aborder toutes les richesses du livre, mais elle est indispensable à la compréhension de ce roman.



  • Petit Jean Petit Jean 13 novembre 2010 21:56

    Bonjour Jesse Darvas,

    Content de pouvoir discuter de Nabe avec vous en de meilleurs lieux que le lamentable forum (on est d’accord) d’alainzannini.com
    Je trouve pour ma part l’article convaincant. Les éléments sont trop nombreux pour ne pas être pris au sérieux.
    De plus je crois aussi que Nabe représente un vrai tabou pour Houellebecq. Nabe a écrit des tas de pages sur Houellebecq. Houellebecq a toujours évité d’y réagir.

    Mais surtout, j’ai avec vous une divergence de fond qui fait que nous n’appréhendons pas le débat soulevé par cet article de la même manière.
    Vous affirmez que ni l’un ni l’autre ne sont romanciers. Je pense au contraire que l’un et l’autre sont romanciers plus que tout, et que c’est précisément sur le terrain du roman qu’ils entrent en concurrence et même plus, comme semble l’indiquer l’auteur de cet article.
    Affirmer que Nabe est avant tout un pamphletaire et un diariste est un cliché, une erreur courante, qui a été installée notamment par ceux qui volontairement ou non sont toujours passés complètement à côté de ses romans.Parfois par ignorance mais le plus souvent de façon mal-intentionnée. Un moyen souvent utilisé pour minimiser son oeuvre. Combien de fois n’a-t-on pas entendu ces phrases du genre « ce sera un grand écrivain quand il saura écrire un roman » ... Misère  ! (Je sais bien que ce n’est pas du tout le sens de votre remarque)
    En quoi, Le Bonheur, il y a plus de 20 ans déjà, était-il moins une oeuvre majeure que le Journal Intime ? En quoi les personnages d’Andrea ou d’Athénée, les scènes familiales, les descriptions de Marseille, toute l’intrigue du livre n’est-elle pas l’oeuvre d’un romancier ? Le travail de recherche profondément littéraire de Nabe se trouve en fait davantage dans ses romans. Qu’il s’agisse du Bonheur ou d’Alain Zannini, plus que dans le Journal Intime au jour le jour. Mais également dans Lucette ou dans Je suis mort, qui est un chef d’oeuvre à la fois transparent et impénétrable. Sans même parler de L’Homme qui arrêta d’écrire, dont la structure et le pari romanesque donnent d’autant plus le vertige qu’ils échappent au premier coup d’oeil.
    C’est l’écueil où vous me semblez échouer, justement. Le talent de romancier de Nabe vous échappe, car il est moins tapageur que d’autres parties de son écriture et demande plus d’efforts.
    Il y a aussi le fait que Nabe, s’il est attaché au roman, l’est aussi pour en pousser les limites et en renouveler en permanence le genre. C’est peut-être le fait qu’il pousse le roman au delà de ce qui en a été déjà fait, qui vous fait dire qu’il n’est pas romancier.

    Et je pense qu’il en est de même pour Houellebecq. Je connais l’oeuvre de Houellebecq moins bien que celle de Nabe, mais il me semble que le roman est sa destination. S’il fait de la poésie, sa réflexion porte sur comment intégrer la poésie dans le roman, la « romanciser », pas le contraire. Il en est de même avec les articles Wikipedia d’ailleurs. Comment faire du roman avec de nouveaux matériaux...
    Ne vous faites pas avoir en prenant au pied de la lettre ce qu’il raconte dans ses interviews. Houellebecq n’écrit pas au fil de la plume, ou en « poète ». La structure et les personnages de ses romans sont très réfléchis et travaillés.

    Il semble cependant s’essouffler et littéralement manquer de forces sur ce dernier, alors que Nabe acquiert une assise de plus en plus solide. Houellebecq a manifestement lu L’Homme qui arrêta d’écrire. Il est le mieux placé pour savoir en quoi le roman de Nabe entre complètement en collision avec son propre travail de romancier.


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