La réaction des différentes banques
centrales à travers le monde depuis le 1er QE de la FED en 2008 a contribué à
une surévaluation « artificielle » de l’euro qui peut être estimée à environ
10%.
Cette estimation est faite par rapport au
dollar (1,33 en moyenne de 2008 à fin 2014) contre 1,20 (support technique
souvent observé depuis 10 ans maintenant et avant chaque QE de la FED .
Egalement niveau admis pour la PPA -Parité du pouvoir d’Achat- )
Ainsi, on peut comprendre ex-post que
dans un contexte économique mondial difficile, cette surévaluation sur longue
période , ait conduit au risque de déflation souvent évoquée et mette ainsi la
BCE en situation de réagir en lançant son propre QE
Je pense donc :
- Que la BCE n’avait pas le choix .Le
fort décalage dans le temps traduisant peut-être son hésitation à se lancer dans
" l’inconnu ( merci l’Allemagne )
- Que l’euro n’est qu’en phase de
normalisation .Cela passera probablement par une phase de sur-réaction dans la
zone 1,05-1,10 contre l’USD, symétrie par rapport à 1,20 due au timing
différent du QE.
SPOLIATION DES EPARGNANTS :
Je souhaite relativiser ce propos pour 2
raisons :
- Le raisonnement doit s’appuyer sur la
notion de taux réel de rémunération et non de taux nominal .La notion de pouvoir
d’achat impose la prise en compte de l’inflation , même si son estimation est
parfois contestée
- De plus, pour une partie significative
de la population, la capacité d’endettement largement augmentée par des taux
d’intérêt nominaux très bas s’assimile à une réelle augmentation de pouvoir
d’achat.
Comme l’explique Jacques Attali dans son
livre « Tous ruinés dans 10 ans », la véritable spoliation des épargnants en
zone euro est à venir ( inflation , défaut des dettes souveraines
..............) si nous restons dans les mesurettes budgétaires , laxisme
également entretenue malgré elle , par la BCE .
Ces remarques étant faites, j’adhère tout
à fait à l’idée principale développée dans ces articles .L’impact sur les
marchés financiers et notamment sur les primes de risque , engendré par ces
politiques monétaires non conventionnelles associées à des taux à 0 maintenus
sur longue période, nous expose de manière inconsidérée à la prochaine crise qui
ne manquera pas de surgir.
Les commentaires autour du prochain "
cygne gris " (bulle obligataire, défaut en zone euro, croissance chinoise,
retournement de cycle aux US .... ..) prolifèrent. Si nous croyons Nassim
Nicholas Taleb sur l’imprévisibilité du prochain « cygne noir », l’inquiétude
reste de mise en cas de poursuite de la faiblesse , voire de l’essoufflement de
l’économie mondiale . Et ce , malgré les Banques Centrales , derniers remparts à
tester par les marchés après que la « patate chaude » se soit déplacée de la
dette privée américaine vers les banques à travers le monde , puis dans les
comptes publics pour se trouver aujourd’hui chez nos banquiers centraux .
Il en va de la crédibilité de leur action
, confiance dans les monnaies et leur capacité à stocker de la valeur malgré
leur production excessive .
Ainsi va la nouvelle imposture, qui après
les « subprimes » veut nous amener à croire que les leçons tirées de la crise
économique et financière de 1929 apporteront la solution .La croissance tirée
par la dette excessive devra tôt ou tard s’ajuster .
Puissance de l’imprévisible ( Taleb )
face à l’impuissance de nos dirigeants politiques et financiers , balbutiant
devant l’histoire qui sous des formes différentes ne fait que se répéter
.