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Pierre Stjepanovic

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  • Pierre Stjepanovic 18 mai 2009 12:46

    Tout d’abord une petite précision, M. Fournier n’aurait pas pu voter contre ce texte, car il n’est pas député... On peut par contre regretter que le deputé de la circonscription, qui préside la commission des affaires européennes, ne se soit pas abstenu, en invoquant justement le texte européen cité qui rend illégale la coupure de l’accès à Internet sans décision judiciaire préalable.

    Je ne reviendrai pas sur le fait que ce texte pose de sérieux problèmes purement juridiques (présomption de culpabilité, intrusion dans le domaine privé), ni même sur le fait que les quelques gendarmes qui pistent les pédophiles sur Internet rêveraient d’avoir les moyens qu’il faudra à l’Hadopi et ses prérogatives pour espionner les gens, mais m’intéresserai à savoir qui est effectivement protégé par cette loi...

    Ce qui m’a déçu dans la manière dont ce texte a été discuté c’est que peu de gens aient pensé à dire qu’il fallait relativiser les pertes autoproclamées des géants du disque. Imaginons un système qui empêche totalement de télécharger illégalement des oeuvres ; pour la plupart, les gens n’achèteront pas pour autant ce qu’ils auraient piraté, tout simplement parce qu’ils n’en auraient pas les moyens...

    Ce qui nous amène à parler du prix des oeuvres. Lorsque le CD est apparu il coûtait nettement plus cher que les vinyls. La raison en était simple : le matériel était nouveau et non amorti, mais tout changerait, nous avait-on promis, en quelques années. Or si le coût de fabrication des CDs est effectivement, depuis, devenu ridicule, le prix des disques n’a certainement pas baissé. L’explication en est malheureusement assez simple : les maisons de productions se sont gentiment goinfrées sur la bête !

    Et tout le problème est là ! Il est normal que ces compagnies veuillent gagner des sous : ce sont des entreprises... Le problème est qu’elles veuillent continuer à en gagner autant alors que ce modèle de diffusion artistique est plus que moribond. Internet et la diffusion numérique des oeuvres est une réelle révolution, comme le fut le moteur à explosion. Et Henry Ford ne fabriquait pas de voitures à chevaux... Aucun charretier n’est devenu un grand constructeur automobile. Mais si les fabriquants de voitures d’aujourd’hui essaient, eux, de trouver le moteur du futur, force est de constater que les compagnies du disque (et du film) n’ont pas comprids que si elles voulaient rester dans la course elle devaient générer le modèle de diffusion de demain...

    Ce qui m’amène à ce qui m’a plus que déçu : il ne s’est trouvé personne pour expliquer comment fonctionnent les maisons de disque avec leurs artistes. Et bien sans aller jusqu’à y voir un modèle esclavagiste, disons qu’on est franchement dans l’Ancien régime. Tout simplement parce que à moins d’avoir les moyens d’envoyer son comptable éplucher les comptes de sa maison (et là on parle de MM. Goldman, Obispo et consorts) les artistes sont bien obligés de croire leur maison de disque sur les sous qu’elle leur doit. Les « gentils » qui font la promo comme on leur dit, sont en général récompensés, et les têtes de lard sont bien souvent découragés jusqu’à renoncer à leur contrat...

    Oui il faut protéger les artistes, mais il faut surtout trouver un nouveau modèle économique qui ne soit pas fait que pour les gros. Madonna pèse 600 millions de dollars. Très bien pour elle, c’est qu’elle a du succès, elle emploie beucoup d’artistes et de techniciens, rien à redire. Mais si tous les internautes avaient payé pour ce qu’ils ont téléchargé d’elle, elle pèserait tout simplement plus lourd, elle aurait quelques maison en plus, mais aucun jeune artiste de plus n’aurait été découvert par le public.

    Ce que je reproche à Nicolas Sarkozy en l’espèce c’est que c’est là qu’il fallait faire la rupture : dire à ses amis (Lagardère et autres) « il faut inventer la diffusion de demain, trouvez quelque choses ou vous finirez par disparaitre ». On ne peut plus commercialiser de la musique comme du temps de Maurice Chevalier, qu’on le regrette ou pas, on ne peut plus. Et s’accrocher à ses rentes de situation ce n’est pas vraiment aller de l’avant...
    Personnellement aucune plateforme de téléchargement légal ne me convient : elles vendent cher de la musique techniquement médiocre (mp3) hors écoute aux oreillettes de téléphone. La réponse de l’industrie n’est tout simplement pas satisfaisante. Alors j’achète des CD...

    Allez, une anecdote pour la route : après le vote de la loi, dans le public, un membre d’un lobby du disque se tourne vers un chanteur connu, membre du conseil d’administration de la SACEM : « Alors ? On vous a sauvé ! »


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