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Spirou

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  • Spirou 13 octobre 2006 09:12

    « Concernant votre premier grand paragraphe, votre raisonnement est rigoureux et j’y souscris en partie bien que je pense que le pacte qui existait entre les Beni Kharzradj et les Beni Qainoqâ a bien été rompu, non pas parce que les juifs auraient pu ne pas avoir la vie sauve, mais par le fait d’une entente préalable probable entre Mahomet et les Beni Kharzadj. Tabari est très clair : toute l’industrie de Médine était entre les mains des juifs Beni Qainoqâ. Et il précise que les musulmans s’emparèrent de tout cela. J’ai peine à croire que les Beni Kharzrad n’aient pas trouvé quelque avantage dans l’expulsion des Beni Qainoqâ. « 
    - Pour ma part, je crois plutôt que les Beni Kharzadj ne voulait pas transgresser les normes habituelles de la razzia, surtout avec un ancien allié. Dans l’arabie préislamique, la tradition arabe demandait qu’on soutînt ses confédérés quelle que soit leur conduit vis-à-vis des autres pourvu qu’ils vous demeurent fidèles. Je crois que c’est essentiellement pour cela qu’Ibn Ubayyi sayyid des Khazradj intervint en faveur des Beni Qainoqâ. D’autant que la disparition de cette tribu signe la perte d’un allié de poids pour contrebalancer la puissance des Aws.

    « En ce qui concerne l’anéantissement des Benî Qoraïzha, c’est le mot « anéantissement » qui pose problème. Tabari dit que Mahomet fit transporter à Médine tous leurs biens. Qu’est-ce que Tabari entend par « biens ». Même question : qu’est-ce que Tabari entend par « butin ». Il me semble qu’en priorité ce soit des armes. Autrement dit, cela pourrait seulement signifier que Mahomet a désarmé ces juifs et qu’il a redistribué l’armement saisi à ses troupes. Contrairement aux Beni Qainoqâ entre les mains desquels se trouvait toute l’industrie de Médine, les Benî Qoraïzha vivaient probablement de l’exploitation de leurs terres et de leurs plantations. Pourquoi Mahomet les auraient-ils massacrés alors qu’il pouvait continuer à les faire travailler, mais sous son autorité et sous sa protection ? Si l’on comprend votre mot « anéantissement » dans le sens de "disparition des Benî Qoraïzha en tant que structure tribale suivant votre expression, je suis tout à fait d’accord. Mais là, je rejoins mon hypothèse, à savoir qu’après leur avoir coupé symboliquement la tête, il les a fait entrer dans l’ummah sous le symbole de la très belle jeune fille nommée Ri’hâna. « 

    Si Mahomet leur avait coupé symboliquement la tête pourquoi Tabari nous indiquerait précisément ceci ; « Ensuite le Prophète fit creuser une fosse sur la place du marché, s’assit au bord, fit appeler Ali, fils d’Abou-Thâlib, et Zobair, fils d’Al-Awwâm, et leur ordonna de prendre leurs sabres et d’égorger successivement tous les juifs, et de les jeter dans la fosse. Il fit grâce aux femmes et aux enfants ; mais il fit tuer également les jeunes garçons qui portaient les signes de la puberté. On tua aussi une femme qui avait fait perdre la vie à un musulman en jetant de la terrasse d’une maison une pierre. Un petit nombre des prisonniers furent graciés sur la demande de leurs amis »(p.232 de la source que vous utilisez) Cet extrait est important pour trois raisons. Premièrement, il nous indique le déroulement de l’exécution et ses protagonistes. On voit que tous les hommes en âge de porter des armes sont exécutés tandis que d’une manière générale les femmes et enfants sont épargnés. Deuxièmement, on voit qu’il mentionne aussi l’exécution d’une femme qui avait pris une part active au combat. Troisièmement, on voit que des individus sont graciés.

    On voit donc que les exécutions sont orientés en fonction du potentiel de menace et en fonction des liens qu’entretiennent les prisonniers avec leurs vainqueurs(cf le groupe des graciés avec le cas particulier de Zabîr p.232)

    Là encore la décision sur le sort des vaincus est le fruit d’un compromis politique entre divers factions : la faction d’une partie des aws’- ad-Dahhâk bin Khalîfah et Salamah bin Salâmah du clan Abd al Ash’hal ; Mu’attib bin QUshayR du clan Dubay’ah de Amr bin Awf et Hatib bin Umayyah du clan Zafar- qui avaient en tête l’ancienne alliance avec les Qoraïzha[contre les Khazradj] et qui considérait que ces derniers avaient été infidèles moins à leur tribu qu’à mahomet et la faction des Khazradj menés par Sa’d bin ubâdah et al Hubâb bin al Mundhir, hostile depuis longtemps aux Qoraïzha. Il est intéressant de noter que la faction des Aws prônant l’indulgence rappelle à mahomet que celui-ci avait pardonné au Qaynuqâ pour complaire à Ibn Ubayy et aux Khazradj

    Pour juguler les tensions, Mahomet désigne comme juge Sa’d bin Ma’âdh,(traduction dans votre source Sa’d fils de Mo’ads) l’un des chefs des Aws blessé et qui meurt peu après avoir rendu sa sentence contre les Beni Qoraïzha et mahomet confirme le choix de cette autorité tribale par son autorité religieuse(« Tu as prononcé selon la volonté de Dieu »p.231)

    Pour éviter l’opprobre et tuer dans l’oeuf le cycle des vendettas , deux condamnés sont remis à chacun des clans et sous-clans de manière à ce que tous les clans participent à l’acte de répandre le sang. Là encore, il existe des tensions entre respect du code tribal et prescription de la nouvelle religion. (cf Ibn ishaq II,58-60 récit avec Huwayyiça et Abû Hurda ou l’utilisation de deux aws pour tuer un juif selon le principe l’un frappe l’autre achève) . De la même manière, les tribus s’empressent d’arguer des avantages économiques de l’asservissement des vaincus lors de l’expédition de Khaïbar (cf tabari « p.257)[Le non dit de Tabarî sur les Beni Qoraïzha dans ce passage est très intéressant]

    La question du butin est simple. Tabari nous apprend « On partagea ensuite les biens des juifs. Le prophète préleva le quint et prit en outre pour lui-même une jeune fille très-belle, nommée Ri’hâna. Il partagea le reste entre ses compagnons, en donnant à chaque fantassin une part et à chaque cavalier deux parts. Ce mode de partage restera établi jusqu’au jour de la résurrection »p.232

    D’autre part, un auteur comme Ibn Sa’d précise que les femmes et les enfants furent envoyés au Nadjd pour être échangés contre des armes, bien qu’on est récolté dans le butin quinze cents sabres et autant de boucliers, mille lances, trois cents cottes de mailles( Tabaqât 2,1,53)

    Vous dîtes :« Concernant votre dernier grand paragraphe, vous avez tout à fait raison de citer Ibn Ishaq. Pour ma part, je pense en effet qu’avec son texte et celui de Tabari, nous avons les témoignages les plus importants, les plus authentiques et les plus anciens sur Mahomet et les débuts de l’islam (je pense que le Tabari qui vivait au Xème siècle est un compilateur et qu’il a recopié dans sa chronique des textes plus anciens). La difficulté réside dans le « Comment les comprendre, comment les interpréter, comment les traduire ? » « 

    - Je crois que le problème essentiel est de dégager le récit des préoccupations de narrateurs de l’époque. (conflit entre différentes factions, influences culturelles et religieuses pour défendre la foi islamique, préjugés culturels envers les arabes chez Tabarî etc). Tabarî s’appuie en générale sur les hadiths pour construire son récit.Nb : Il n’existe aucune source de la version traduite en français digne de ce nom(c’est -à -dire intégral et non des versions abrégées)

    Vous dîtes :« Et pour revenir au sujet qui nous intéresse « l’anéantissement des Benî Qoraïzha », je serais prêt à faire un pari suivant l’exemple de Pascal. Parions que la très belle jeune fille nommée Ri’hâna que Mahomet a épousée est une population, la population de la tribu Benî Qoraïzha dissoute. Si nous perdons, nous ne perdons rien. Si nous gagnons, nous allons peut-être pouvoir mieux comprendre ce qui s’est passé et avancer dans la connaissance. Cela paraît absurde. Pas sûr ? Dans l’esprit de mon article, Mahomet est un chef de guerre. Quel intérêt pour un chef de guerre, candidat au pouvoir politique suprême d’épouser, à cette époque, une femme aussi belle qu’elle soit ? Aucun ! En revanche, épouser une population, oui ! deux fois oui ! trois fois oui ! cent fois oui ! « 

    Pour revenir à votre thèse central concernant cette épisode, je la pense peu probable car les annalistes mettent en exergue les conversions tout comme les apostasies des individus - même si il s’agit parfois de personnages secondaires- et des tribus de confessions différentes ( dans Ibn ishaq cela donne lieu à des paragraphes entiers par exemple pour les juifs convertis ishaq 353, 357 ; exemple de juifs convertis chez les Qurayzah cf Ishaq 387 etc conversion dont on trouve écho dans le coran [cf Coran S 3 V199. « Il y a certes, parmi les gens du Livre ceux qui croient en Allah et en ce qu’on a fait descendre vers vous et en ceux qu’on a fait descendre vers eux » et Coran S28 V52-55] De plus, cette interprétation rentre en contradiction avec le début du récit de Tabari (cf p.230 les imprécations de Gabriel et l’exposé des alternatives s’offrant aux juifs par Ka’b fils d’Asad). Par ailleurs, elle s’oppose au récit du Coran sur cet épisode ; cf. S33 v26. Et Il a fait descendre de leurs forteresses ceux des gens du Livre qui les avaient soutenus [les coalisés], et Il a jeté l’effroi dans leurs cœurs ; un groupe d’entre eux vous tuiez, et un groupe vous faisiez prisonniers. ; S33 V27. Et Il vous a fait hériter leur terre, leurs demeures, leurs biens, et aussi une terre que vous n’aviez point foulée. Et Allah est Omnipotent.

    Mahomet a contracté des mariages politiques mais aussi des mariages de plaisir(cf les péripéties de la concubine maryam la copte et des épouses de mahomet donnant lieu à des versets coraniques). D’ailleurs,la beauté a l’air d’avoir une importance pour « lui ». cf Tabarî dans votre source p.329 « Une autre femme qu’il avait épousée était Esmâ, fille de No’mân, de la tribu de Kinda. Au moment, où il allait consommer son mariage avec elle, il la regarda et la trouva qu’elle était lépreuse. Il la répudia et la renvoya chez son père. »

    Vous avez dit le 11 octobre 2006 à 12H24 » Quand au Pentateuque, si Mahomet n’avait pas trouvé dans certains de ces textes des prescriptions ou des actions qu’il contestait, pourquoi n’est-il pas resté dans la religion juive ? »

    - Car les juifs ne voyait pas en lui un prophète mais un imposteur et il ne put jamais les toucher en masse malgré ses efforts de séduction. En revanche, les tribus juives représentaient une véritable menace pour sa prédication du fait de leur importante influence -poids diplomatique, économique, militaire mais surtout culturel avec la verve de leurs poètes et leur connaissance des textes religieux circulant dans la région- en tant que négateur de son témoignage religieux. Mahomet inscrit son action de prophète dans la lignée de la tradition biblique (cf les références aux beni israel à david etc) tandis que les juifs sapent cette légitimité en ne le reconnaissant pas comme prophète. Par ailleurs, leur existence permet une alliance potentielle de ceux-ci avec les qoraysh.



  • Spirou 12 octobre 2006 08:54

    Vous dîtes : « Exact. Ce que je dis, c’est que Mahomet eut à se poser cette question, et la réponse, c’est qu’il n’y a pas eu massacre. »

    - Il n’y a pas eu massacre cette fois-ci mais asservissement car les coutumes tribales(pacte + normes de la razzia préislamique) étaient encore plus fortes que les prescriptions religieuses de Mahomet. Ainsi, Tabari rappelle que « les Les Beni Qainoqâ étaient alliés des des Benï- Khazradj, et particulièrement de leur chef Abdallah, fils d’Obayyi, fils de Seloul, avec lequel ils avaient conclu un traité d’alliance » Or, Mahomet a besoin des Ançars dont les Beni Kharzradj font parties. Transgresser le pacte entre les Beni Khazradj et les Beni Qainoqâ signifie pour Mahomet mettre en péril la fragile autorité qu’il a sur les Médinois acquis à sa cause. Les rapports de force dans cet épisode font écho à ceux du raid de Nakhla. Dans les deux cas, les limites du pouvoir de Mahomet face aux structures tribales apparaissent au grand jour. Dans les deux cas, Mahomet fait preuve de pragmatisme malgré des intentions premières dogmatiques. En revanche, il semble que lorsque les relations tribales sont absentes, mahomet applique son dogme ce qui explique l’anéantissement des Benî Qoraïzha(cf p.230) Tabarî montre ainsi que la propagation de l’islam par Mahomet se heurte régulièrement aux structures tribales.

    Vous dîtes : « La raison est la suivante : de même que Tabari interprète l’action de Mahomet, de même j’interprète l’interprétation de Tabari. Quand j’indique mes pages de référence, c’est uniquement pour dire à des lecteurs tels que vous : voilà comment j’interprète. C’est mon point de vue, ce que, sincèrement, je pense mais je comprends parfaitement qu’on puisse interpréter autrement. « 

    - Je comprends votre position mais n’aurait-il pas fallu expliquer votre méthodologie au début de votre article ?

    Vous dîtes : « Reste à comprendre pourquoi Tabari présente ainsi cette affaire Qaînoqâ ? Est-ce pour dénigrer Mahomet ? Ou est-ce pour inspirer la terreur à ceux qui refuseraient de se soumettre à l’islam ? La réponse est difficile. « 

    - Je crois que l’on peut répondre négativement à la première hypothèse. Les annales de Tabarî sont apologétiques. Pour s’en convaincre, il suffit de lire les « chapitres » sur le portrait du prophète, les noms du Prophète, chevaux et montures du prophète, femmes du prophète, affranchis du prophète, secrétaires du prophète, les armes du Prophète ainsi que les nombreux « miracles » qui émaillent le récit de son enfance ou si l’on revient au sujet qui nous intéresse sa justification a-posteriori par la loi juive de l’anéantissement de la population mâle des Benî Qoraïzha(complétement absente du récit de ces événements antérieurs à celui de Tabarî cf Ibn Ishaq)

    Cordialement



  • Spirou 11 octobre 2006 08:06

    @l’auteur

    Bonjour Monsieur,

    Votre texte demande de nombreuses rectifications. Avant d’en venir au fond, j’ai une remarque préliminaire à formuler. Certains passages de votre article me laissent dubitatif sur votre utilisation des sources.

    Ainsi, j’ai une lecture différente du passage de Tabarî lorsque vous affirmez : « Après la défaite des Beni Qaïnoqa, Mahomet eut à se poser la question fondamentale : « Faut-il égorger les hommes et emmener les femmes en esclavage comme le prescrit le Pentateuque des Juifs ? ».6 C’est l’humble Abdallah qui lui donna la réponse, une réponse évidemment négative. Mahomet acquiesça : « Retournez, dit-il aux juifs, sur vos territoires de Syrie. »(la note de votre passage fait référence à la page 179)

    Si j’utilise la source traduite que vous avez employé pour rédiger ce passage je trouve : « Les Qaînoqâ, n’osant pas combattre, se renfermèrent dans leur forteresse, où le Prophète les assiégea pendant quinze jours. Ensuite ils capitulèrent et se rendirent à discrétion. Le prophète ordonna de tuer tous les hommes, de réduire en esclavage les femmes et les enfants et de piller leurs biens. Les Beni Qainoqâ étaient alliés des des Benï- Khazradj, et particulièrement de leur chef Abdallah, fils d’Obayyi, fils de Seloul, avec lequel ils avaient conclu un traité d’alliance. Abdallah supplia le prophète de leur faire grâce de la vie, tout en disposant de leurs biens. Le prophète leur accorda la vie sauve, mais il leur ordonna de quitter le territoire de Yathrib. Leurs biens devinrent le butin des musulmans, et furent partagés entre eux [...] Ils n’avaient pas de champs, ni de vergers de dattiers, mais ils avaient nombreux bétail et armes. [...] Ils partirent ainsi, se rendant en Syrie, avec leurs femmes et leurs enfants, et abandonnant tous leurs biens, que le Prophète confisca. Ensuite, il détruisit leur forteresse » (nb : le récit complet s’étale de la page de la page 178 à 179)

    Dans le récit donné par Tabari, Mahomet ne dit nulle part comme vous l’affirmez « Retournez, dit-il aux juifs, sur vos territoire de Syrie ».

    Comme vous pouvez le voir dans l’extrait de votre source que j’ai publié ci-dessus , la seule mention de la Syrie dans cet épisode-intitulé Expédition contre les Benî-Qaïnoqâ - est à mettre sur le compte du narrateur.[Tabarî]

    De même, il est nullement fait mention du passage que vous citez « Mahomet eut à se poser la question fondamentale : « Faut-il égorger les hommes et emmener les femmes en esclavage comme le prescrit le Pentateuque des Juifs ? «  La seule référence de Mahomet au Pentateuque est située à la page 178 et est mentionné ainsi : « Le Prophète y fit venir leurs chefs et leurs parla ainsi : Vous savez par votre Pentateuque que je suis le prophète de Dieu. Croyez en moi. Si vous n’embrassez pas l’islamisme, je vous déclare la guerre. [...]

    Questions : Quel est la raison d’un tel décalage entre le récit de votre source et le passage que vous en donnez dans votre article ? S’agit-il d’un effet stylistique ?


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