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Théodore Dupont-Durant

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  • Théodore Dupont-Durant 31 août 2009 18:34

    Permettez-moi de vous soumettre ces commentaires d’humeur (en
    vrac), basés sur ma modeste expérience de ce pays :

    1) Il me semble plutôt que ces élections sont - avant tout - un cuisant
    échec de la coalition PLD-New Komeito, coalition qui a souffert, au cours
    de ces dernières années, d’un déficit de chef charismatique, sur fond de
    crises (politiques, économique) à répétition et d’usure générale des
    institutions : après le bien pâle et pusillanime Fukuda, le velléitaire et
    brouillon Aso... Le jeu était faussé d’avance ; et que dire de
    l’efficacité de mesures prises un jour et défaites le lendemain.
    Souvenons-nous du tonitruant (et cassant) Koizumi (père), lequel, alors
    leader du PLD, fédérait (naguère) tout à fait le Japon, bien que menant
    une politique souvent bien plus à droite que celle de ses successeurs,
    s’affichant aussi sans vergogne dans le sanctuaire très-droitiste de
    Yasukuni, au grand dam des deux Chine, des deux Corée, etc... et qui, lui
    aussi, avait introduit des nouveaux/elles-venus/es dans l’Assemblée...
    Sans parler du soutien aux premiers pas politiques de son jeune (e qui
    semble être un avantage, n’est-ce pas ?) fils, plus récemment...
    D’autre part, la sanction des urnes ne préfigure absolument pas le succès
    des vainqueurs ; ceux qui ont voté naguère Koizumi votent aujourd’hui DPJ.
    Et : on aura vu maintes fois, dans bien des pays, à bien des occasions, des
    élus se révéler autrement plus catastrophiques que leurs prédécesseurs
    (*)...

    (*) Un peuple peut tout à fait se tromper : Hitler est arrivé au pouvoir de
    manière tout à fait légale... C’est la loi démocratique.

    2) Leader charismatique ? On peut penser ici à Ozawa, qui a été -
    malheureusement - écarté du leadership du DPJ sur fond de fraude. Nous
    verrons comment ceci se règlera avec le pâle Hatoyama, dont il ne faut pas
    oublier qu’il affiche un pédigree en tous points semblable avec celui
    d’Aso. C’est à dire souffrant des mêmes liens avec le passé troublissime
    du Japon. Et bénéficiant d’innombrables relations d’inter-service
    (typiquement japonais) avec les autres politiques. Et notons que le DPJ
    est en train de s’ouvrir à la transfuge Tanaka (*), fille et héritière
    sans aucun complexe de l’un des politiciens les plus corrompus de
    l’après-guerre (affaire Lockheed !)...

    (*) Il s’agit pourtant de l’une des personnalités politiques les plus
    appréciées de l’archipel.

    3) Ras-de-marée de gauche ? Ceci me semble aussi à regarder à plusieurs
    fois, le DPJ vainqueur étant surtout composé de transfuges du PLD, et la
    gauche n’ayant pas une excellente presse dans un pays où, souvenons-nous,
    le parti socialiste (*) a tout à fait raté la gestion du séisme du
    Hanshin, il y a plus de dix ans. Je pense surtout à une usure des
    institutions politiques, qui ne répondent plus vraiment aux attentes des
    citoyens, et surtout des citoyennes, de plus en plus concernées par ce
    domaine, cherchant à préserver leurs acquis et à améliorer le reste.
    D’autre part, le Shin-Komeito pourrait tout aussi être classé à gauche,
    s’agissant d’un parti bouddhique essentiellement social ; d’ailleurs
    nombreux sont ceux qui ont critiqué son alliance - tactique - avec le PLD,
    pour cette bonne raison.

    (*) Le brouillon et dogmatique Murayama avait refusé de faire intervenir les
    FAD à Kobe au prétexte qu’il était antimilitariste ; le bilan humain reste
    là...

    4) Burakumin : tout d’abord, il s’agit d’un problème de division sociale
    (devenue caste) nippo-japonaise, hérité du passé (permettez-moi de vous
    renvoyer vers l’excellente analyse du regretté Y. Amino à ce sujet). En
    conséquence, les personnes d’origine coréenne (*), qu’elles soient
    implantées au Japon depuis l’occupation du XXème, ou du XV/XVIème, voire
    bien avant (clan Hata), ne sont pas - techniquement - des burakumins ; je
    crois d’ailleurs que M Aso a lui-aussi des parents d’origine coréenne,
    s’agissant d’une famille buke du Kyushu. Et je doute que vous fassiez
    plaisir à ces personnes d’origine coréenne en les traitant de burakumins
    (test à faire !). D’autre part, il ne me semble pas que ce problème soit
    essentiel aux Japonais. C’est un sujet qu’ils abordent bien peu, sinon du
    bout des lèvres, et quand on les interroge à ce sujet...

    (*) L’amiral Tojo, pendu comme criminel de guerre et inscrit au Yasukuni,
    était justement d’origine coréenne...

    5) Bureaucratie japonaise : toutes proportions gardées, elle est tout de
    même bien moindre que sa consoeur française, et en effectif, et en
    pouvoir... On la charge régulièrement de tous les pêchés : c’est là une
    antienne du PLD de Koizumi, puis du DPJ, que de vouloir attaquer les
    fonctionnaires, en leur prêtant des goûts du lucre (il suffit d’aller dans
    un service administratif japonais pour se rendre compte du contraire ; et
    les exemples de concussions sont tout de même bien rares), et en
    critiquant l’amakudari. Pourtant, ce système, qui n’est absolument pas
    propre au Japon (que dire d’Alain Juillet qui vient de rejoindre
    l’américain Orrick, a la suite de Clément et d’Attali...), n’a pas que des
    défauts. Pourquoi les entreprises privées devraient-elles se refuser les
    compétences et l’expérience d’anciens administratifs ? Et pourquoi ces
    anciens administratifs devraient-ils obligatoirement arrêter et prendre
    une retraite (*), coûteuse au pays, plutôt que de continuer à le servir et
    à payer la retraite d’autres plus nécessiteux...
    Et cette même bureaucratie a accompagné et soutenu, sans piper mot, la
    démocratie japonaise jusqu’à nos jours.

    (*) Supprimer l’amakudari signifierait offrir parallèlement des
    compensations financières, parfois importantes, aux intéressés... Nous
    verrons donc bien comment le DPJ s’y prendra...

    6) Origine coréenne de l’empereur (je ne me souviens pas d’une déclaration
    du l’intéressé (*) à ce sujet : pourriez-vous éclairer ma lanterne ? Je ne
    pense pas qu’il s’agisse de Showa) : what for ?
    Vaste question, où les zélateurs et les contradicteurs apportent de
    nombreux arguments, à prendre avec des pincettes, l’histoire étant très
    politisée en Asie... Sans parler de la naissance légendaire d’Ojin, s’il
    semble avéré que les Sôga avaient des liens familiaux avec des princes du
    P’aekche, il ne semble pas que les premiers dynastes japonais s’en soient
    recommandé pour valider leurs tentatives d’invasion de la péninsule (or,
    pourtant, à cette époque, c’est la civilisation coréenne qui était le
    référent, pas le Japon...).
    En se basant sur les objets récupérés dans les tumuli, dont certains
    proviendraient en réalité de Corée, aux dires d’historiens coréens (et ils
    semblent bien qu’ils aient raison), on s’aperçoit effectivement que les
    influences coréennes sont très marquées dans le Japon de l’époque Kofun.
    Mais ceci ne veut en rien dire que les caciques de l’époque aient été
    coréens. Ce n’est pas parce que les moines chinois s’habillent d’une robe
    de safran qu’ils sont réputés d’origine indienne...
    Et notre empereur Triticus, bien que paré de regalia romains, était
    pourtant purement gaulois, d’après les témoignages de l’époque...

    (*) Si cette origine était avérée, devrait-il raisonner en Coréen (dont il
    serait alors à 0,0001%), ou en Chinois (0,0010 probables), ou en Japonais
    (tout le reste...), voire en polynésien ?

    7) Age de Hatoyama : 62 ans. Ceci vous semble un problème. Pourquoi ? Il est
    vrai qu’au Japon, la classe politique n’est toujours des plus jeunes,
    certes. Mais l’âge est-il tant que cela rédhibitoire ? Pourquoi s’interdire
    de bénéficier de l’expérience des uns et des unes ? Je crois plutôt que le
    Japon s’orientera vers l’ouverture de l’emploi aux femmes de plus de 40
    ans, dont beaucoup (makeinu, veuves ou divorcées) se retrouvent sans
    ressources. C’est à dire s’ouvrir à une population encore naguère promise
    au placard social (*).
    Souvenons-nous encore que Hitler est arrivé assez jeune au pouvoir (45 ans
    environ), alors que le très-honnête Adenauer a été nommé chancelier dans
    sa 73ème année... Que dire de leurs bilans respectifs... ?

    (*) Et oui ! Le Japon vieillissant à grandes enjambées, il lui faut donc
    revoir une bonne part de son modèle économique, et, pourquoi pas ?, nous
    donner des leçons (utiles ?) en la matière dans quelque temps... Au risque,
    sinon, d’accroitre la charge des actifs : serait-ce économiquement (et humainement)
    viable ?

    8) En ce qui concerne les besoins de changement(s) de ce pays, faisons
    confiance aux Japonais. Personnellement, j’apprécie beaucoup d’y vivre, de
    vivre dans une vraie démocratie asiatique (la passation de pouvoir en est
    une preuve), à la différence de celles de ses voisins, Chines, Russie,
    Corées, etc. (*)
    Néanmoins, je ne sais pas si ces changements se feront sur la droite ou
    sur la gauche ; en particulier, je pense à la Constitution actuelle,
    non-belliciste et donc soutenue par la gauche japonaise (pacifiste et
    assez anti-américaine), Constitution que le centre et la droite voudraient
    modifier, ne serait-ce que pour disposer d’une armée stricto-sensu. Nous
    verrons bien...

    (*) N’oublions pas que ceux qui critiquent le plus vertement les
    « tentations extrémistes » du Japon sont la Corée du Nord, si démocratique
    (que pensez-vous de la nomination un jeune homme de 24 ans (environ) à la
    tête de l’agence de renseignement du pays, pour devenir bientôt, selon
    toutes prévisions, le leader bien-aimé), la RPC, si démocratique et
    nullement belliciste, que bénissent chaque jour Tibétains et Ouighours
    (pour ne pas citer les autres), Taiwan, digne héritière de Tchang Kai-Chek
    (qu’y sont donc devenus les indigènes, après deux siècles d’occupation
    Han ?), jamais condamné pour crimes contre son peuple, la Corée du Sud, où,
    20 ans auparavant, porter les cheveux longs, pour un homme, était passible
    d’emprisonnement, etc...

    Voisinage difficile pour l’une des (sinon la) plus ancienne(s) démocratie
    d’Asie.

    TDD

    PS : une autre question : pourquoi écrivez-vous qu’Aso a « souillé son nom »
    en devenant Premier ministre ? Ne serait-ce pas plutôt ses parents et
    grands parents, qui n’ont pas hésité à exploiter des prisonniers
    militaires et politiques dans leurs cimenteries ?


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