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Commentaire de Pierre JC Allard

sur Comment donner de la mesure à la démesure de la financiarisation de l'économie ?


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Pierre JC Allard Pierre JC Allard 22 mai 2007 03:18

@ JL. « La contribution nette des marchés d’actions au financement des entreprises est maintenant... négative ! »" Eh oui ! Cette information qui semble anodine est révélatrice du véritable problème.

Pourquoi ce désinvestissement ? Parce que, confrontés à la nécessité de garder la demande effective, tout en assurant la rentabilité du capital qui sert d’assise à la structure de pouvoir de notre société, les gouvernements successifs, depuis des décennies, libérés de la contrainte de l’étalon-or, ont choisis de créer autant de monnaie qu’il en fallait pour contenter tout le monde. Ils ont opérés deux systèmes monétaires en parallèles.

Le premier, pour la consommation, assure une distribution de la richesse suffisante vers ceux qui la produisent pour permettre que ce qui est produit soit acheté. Il est assorti de mesures keynesiennes mises en place pour garantir qu’une inflation contrôlée vienne y maintenir l’équilibre.

Le deuxième, pour l’investissement, distribue une richesse purement symbolique aux nantis seulement, par le paiement d’intérêts ; il n’en résulte aucune inflation, puisque, accordé à ceux dont tous les besoins sont comblés, cet argent ne filtre pas dans les circuits de consommation ordinaires ; il ne sert qu’à des placements dont la valeur peut croitre arbitrairement, par simple cooptation de ceux qui en profitent.

Ainsi, on a les Picasso etles Van Gogh à cinquante, puis à cent millions d’euros, en attendant le Dali qui fera un miliard. On a un Dow-Jones qui, en 20 ans, a multiplié sa valeur par 19, alors que le pouvoir d’achat en monnaie constante, durant cette période, n’a augmenté que de 2%.

Puisque on ne peut tirer 19 fois plus de profits de la vente de biens à une population dont le revenu n’a augmenté que de 2%, il est clair que les valeurs boursières qui reposent sur cette espérance de gain sont autant d’assignats, dont la valeur ne se maintient que par un acte de foi collectif.

Une richesse colossale et qui ne représente aucune valeur tangible a été ainsi créée pour la satisfaction des « riches ». Elle sert ni ne nuit beaucoup... aussi longtemps qu’on ne croit pas à nos propres mensonges et qu’on ne s’imagine pas qu’elle peut se transformer en manioc pour nourrir les affamés du Sahel. Seul le travail crée une richesse réelle. Si on veut plus de manioc, il faudra travailler.

Or, il est impossible que les lois du marché conduisent a affecter cette richesse virtuelle démesurée au paiement de travail. La richesse « en trop » ne peut trouver un objet de convoitise que dans l’imaginaire.

La surabondance de capitaux aujourd’hui est telle, qu’il y a reflux, désinvestissement. Le défi de l’État est qu’il ne devienne pas évident que, non seulement le capital ne mérite pplus un intérêt, mais que des mesures de plus en plus inusitées sont requises pour que ce capital ne perde pas toute valeur !

Surtout, ne pas s’imaginer que crier « Le Roi est nu ! » serait une victoire du prolétariat. Si on fait chavirer le navire, les galériens dans l’entrepont se noieront plus vite que les patriciens sur le pont.

Il faut sortir en douceur et avec ingéniosité de ce traquenard financier dans lequel nous ont mis deux générations d’économistes au service de gouvernants qui ont estimé, avec justesse sinon avec justice, que le déluge ne viendrait qu’après eux. Maintenant, il pleut... http://www.nouvellesociete.org/406.html

Pierre JC Allard


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