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Commentaire de Marsupilami

sur Existence et adaptation, un dilemme actuel dans un monde pragmatique


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Marsupilami Marsupilami 22 mai 2007 14:16

Belle et profonde analyse... qui me donne envie de parler d’inadaptation, d’activité, de passivité et de leurs rapports dialectiques, et ce sur le plan social (mais on pourrait appliquer cette dialectique à d’autres domaines).

Toute société secrète ses adaptés et ses inadaptés. Les premiers se caractérisent par leur adhésion consciente ou inconsciente au consensus normatif dominant, les seconds par leur rejet ou leur impuissance à opérer cette adhésion.

C’est là qu’interviennent les notions d’activité et de passivité.

Les adaptés actifs, généralement une minorité, non seulement acceptent le consensus normatif dominant, mais s’y insèrent d’une manière créative, en amenant leur pierre à l’édifice collectif, et éventuellement en étant aux avant-postes pour faire évoluer ce consensus de l’intérieur.

Les adaptés passifs, eux, se contentent de souscrire au consensus normatif dominant parce que c’est pour eux la solution la plus facile, mainstream & co. Ce sont les monsieur-tout-le-monde plus ou moins invertébrés, fruits dociles et méritants de leur milieu et de leur époque. Ils nourrissent secrètement la peur panique de se retrouver de l’autre côté de la frontière qui sépare les adaptés vainqueurs des inadaptés-vaincus, autrement dit de tomber dans la catégorie suivante :

Les inadaptés passifs, lesquels, soit pour des raisons personnelles (manque de talent ou d’intelligence, etc.) ou extrapersonnelles (conditionnements génétique, social, culturel, familial, économiques) ne parviennent pas à adhérer au consensus normatif dominant et à s’y faire valoir. Ce sont les pauvres, les parias, les losers, les ratés, les exploités, les exclus... qui dans leurs rêves les plus fous ne songent qu’à parvenir à faire partie de la catégorie précédente.

Et puis il y a les inadaptés actifs. Ceux-là sont tout simplement opposés au consensus normatif dominant de leur milieu et de leur époque. Ils y sont opposés parce qu’ils sont porteurs d’autres valeurs inintégrables dans l’ici-et-maintenant, valeurs soit réactionnaires, soit révolutionnaires, valeurs ancrées soit dans un passé qu’ils veulent ressusciter, soit dans un avenir dont ils sot les guetteurs, soit dans un autre présent ; de toute façons ils sont profondément inactuels, puisque l’adaptation commande de négocier avec l’actuel. Tout en étant ultra-minoritaires, ils peuvent avoir raison contre le consensus dominant auquel il s’opposent résolument ou qui les indiffèrent absolument, selon les tempéraments et les circonstances.

Ce sont souvent eux les vrais découvreurs. Comme par exemple Henri Laborit qui écrivait : “Etre bien dans sa peau, c’est forcément entrer en conflit avec le milieu social. Quant on ne peut pas s’adapter aux autres, il ne reste que la fuite : c’est la seule chance de survivre. En fuyant, on peut rester soi-même, et jouer avec son imaginaire”.

Bref soyons des inadaptés actifs dans cette société complètement dingue et malade...


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