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Commentaire de Boileau419

sur Les mondes engloutis


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Boileau419 Boileau419 28 août 2007 10:00

Voici que sortant à quatre pattes de sa caverne dont les échos rageurs nous sont si familiers, notre auteur vient de hisser sur le bout de mur lépreux qu’on a bien voulu lui laisser un énième portrait de celle qui sera à jamais sa grande et exotique Inconnue : j’ai parlé de vénérable Dame Bretagne.

Si chaque trait, chaque ridule, chaque nerf fatigué de la vieille commère tremblote nerveusement de l’espoir du portraitiste de voir son œuvre portée en fanfare à la cimaise de l’exposition, il est permis de douter que les charmes surannés de Loïza sauront gagner un public que le truculent amant de Zara Whites a depuis belle cornette envoûté par sa verve racoleuse.

On peut certes féliciter l’acharné chroniqueur de Cornouaille d’avoir réussi le tour de force d’abandonner ici et là le style carte postale, dont on soupçonnait qu’il était devenu chez lui une sorte de seconde nature. Pardi, avec tout son baratin, il nous avait presque persuadés que la patrie du biniou est l’ultime grenier de tous les antiquaires du kitsch où chaque pain de sucre bigouden cache sous son reliquaire de dentelle les tibias croisés d’un corsaire naufragé !

Reste que là où le cliché de vacancier de province croquignol a reculé, c’est pour laisser place nette au rouleau de ce qu’il serait peut-être bon d’appeler le style « pâtissier », étalage de puddings d’érudition tartignolle qui sont aussi de fragiles et compliqués mille-feuilles par le miracle de l’amateurisme méthodologique et de l’immaturité stylistique.

Bref, force est de constater que notre rédacteur brille bien davantage dans l’art d’enfiler les bolées de cidre à l’auberge de « Chez François » ou de tirer des arquebusades sur son fuligineux épouvantail parisien que dans celui de faire sortir de la timbale alcoolique qui lui tient lieu de cervelle un papier bien ficelé capable d’arracher au moins une larme d’intérêt du moins exigeant des lecteurs.

A ce stade, je soupçonne que son char à boeufs folklorico-électoral n’a plus guère qu’un service à rendre à la République : creuser, creuser jusqu’à la roche nue toutes les ornières de l’intelligence et de la langue, afin que la « France d’après » ait elle aussi son autoroute de la pensée, où la foule moutonnière des intellectuels de son acabit pourra enfin troquer sa méchante jeep crottée pour la plus clinquante des Lamborghini.

Allons, j’interromps ici le noir sillon de ma plume vengeresse.

Ce n’est pas qu’un accès de pitié ait soudain transformé en eau bénite les acides dont je m’amuse à asperger ce lamentable article ou que je craigne de fatiguer par une tirade tortillarde les attentions moyennes : il m’est seulement revenu en mémoire que sous la peau hâlée de notre fringant écrivaillon se cache l’âme livide d’un clerc défroqué qui s’offusque dès que les spirales scélérates d’un dextre encens étranger* s’insinuent dans les fissures de sa chapelle mécréante très à sénestre du centre.

Qu’une cassolette polissonne vienne à troubler par ses vapeurs hilares ses propres fumigations solennelles au genièvre et au thym-secret druidique, dit-il, de ses réminiscences celtiques—, et voilà notre pontife aux narines chatouilleuses qui pique une crise de nourrisson contrarié au biberon. Oubliant ses discours mielleux sur la liberté de parole au féminin, il a tôt fait de dépêcher sur les lieux ses enfoirés compères-des Wolofs bruxellois s’avaçant masqués— et de faire jeter dans un sinistre cul-de-basse-fosse l’insolente blondine qui a eu le frontisme de déparer son dolmen réservé.

S’il était ne fût-ce qu’à moitié illettré, je verrais dans cette passion pour l’enlèvement de toute ordure sacrilège le signe d’une vocation d’éboueur zélote. Mais comme il a la tête fort pleine, je vois, au-delà de l’horizon poché de son nano-parti pétaucrate, se dessiner pour lui, quand la lassitude ou une plus véhémente ambition auront fait craquer son obstination à jouer l’audioguide de musée de village, la carrière infiniment plus gratifiante d’acolyte de quelque Big Brother de république bananière, à moins que ce ne soit celle d’inquisiteur général au sultanat athée d’Agoravor.

Je m’en vais, plus que la crainte d’être éconduit manu militari, l’envie de participer au sabbat westique qui se donne à côté-ô le joyeux charivari des farandoles de nos satyres éméchés !— m’arrache à ce sol de lande triste et ingrat.

Bon vent, monsieur la moisissure de l’évêché**.

*Exode 30,9

** Quimper est le siège d’un évêché


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