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Commentaire de Rage

sur Où il est question de péage urbain


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Rage Rage 31 août 2007 20:21

Bonjour,

Et voilà LE retour du péage urbain (voir mon article de l’an passé sur ce sujet et je n’ai pas bougé d’un iota mon point de vu).

Comme l’an passé, et comme depuis 1997, les lobbies de droite tentent de refaire passer en force ce sujet à Lyon. L’idée, lancée dans la nature par Christian Philip, feu député de la circonscription détenue par M.Perben (et candidat à la mairie de Lyon, vous venez donc de comprendre pourquoi le sujet revient sur le tapis) est soutenue depuis un bon moment par Yves Crozet, directeur du LET et fervent défenseur de la vente des autoroutes en 2005 (dont on connait le succès, comme M.Zaccharias l’a prouvé en se versant une « prime au plumage de l’état ») ainsi que par des lobbies « protégeons encore l’hypercentre des affreux périurbains ».

Le contexte étant posé, le « Grenelle » de l’environnement en ligne de mire, voilà un beau sujet de discussion.

Etant moi même ingénieur en charge des transports régionaux - et ayant refusé de me prêté au jeu de massacre de TLM (la télé lyonnaise) au sujet des péages urbains - je confirme le fait que ce dispositif serait, s’il fallait le résumer ainsi : « Efficace dans l’absolu mais discriminant au possible et finallement disproportionné face au problème posé ».

Il faut donc distinguer les péages urbains et ce que l’on en fait :

1. Faire payer, pourquoi, vers quoi et dans quels buts ? On remarquera par exemple qu’à Stockholm ou Trondheim les objectifs ne sont pas du tout les mêmes suivant l’affectation des « gains » quand « gains » il y a vu que le système coûte cher... en caméras et barrières. La droite privilégie le financement des routes (et oui, les autoroutes n’étant plus là pour faire de la marge), la gauche privilégie les TC : A Stockholm, la droite a récupéré le péage mais a changé sa vocation : financer les routes et non plus les TC : cela n’a rien à voir (pour l’auteur) !

2. Quelle configuration urbaine et quel existant ? Stockholm n’a que 18 accès... Londres plus de 100. Singapour est une île, Trondheim est aussi particulière. La prequ’île de Lyon pourrait certes convenir, mais si l’on regarde le problème à la loupe voilà 2 arguments à prendre en compte :
- 2.1 La prequ’île est déjà entrièrement payante en stationnement (n’est ce pas là déjà un péage urbain ?). Une zone 30 est même en cours de réalisation.
- 2.2 Les péages sur les ponts... cela existait déjà au Moyen-Age et on sait vers qui l’argent allait.

3. Pour l’environnement, pour « sanctuariser » les centres ou simplement pour de la politique de bas étage ? Si l’on y regarde de près, que peut-on reprocher à M.Collomb sur l’alternative à la VP depuis 2001 ? :
- 1 ligne Tram et 1 ligne métro en plus
- Lancement de Velo’V
- Gel des pénétrantes et autres grands projets routiers dans le cadre du PDU
- Extension du stationnement payant
- Gestion améliorée des flux de circulation
- Parkings souterrains et autres projets des Berges

Objectivement, je ne vois dans le péage urbain qu’un prétexte politique pour faire de « l’environnement » une porte d’entrée sélective par l’argent. Au lieu d’agir à la source (limiter l’étalement urbain, financer les réseaux TC, limiter les projets « routes » et la taille des tubes) on préfère se donner bonne conscience en sélectionnant par l’argent.

On pourrait tout aussi bien faire avec un prix du litre d’essence à 2€... le tout sous couvert de « moins de CO2 ».

La question à laquelle je veux mener, tant ce débat me semble « politiquement funeste pour les moins aisés », est la suivante : Agit-on réellement à la cause et en connaissance de cause ?

A Londres, le péage urbain encercle la City et les quartiers chics : le péage fait payer ceux qui ont les moyens. A Lyon, le péage encerclerait les commerces du centre, les universités, les habitations « bobos » mais aussi étudiantes : cela n’a pas la même configuration ni les mêmes effets.

4. A Lyon un péage pour les habitants, un tunnel gratuit pour les « transit » et des villes de France « Open Space » : n’y a t’il pas là un risque d« embourgeoisement » de la ville au détriment de sa population plus modeste ?

5. Quelles modalités ?
- Un péage pour plus de route ou pour plus de transports en commun ?
- Un péage avec 50 dérogations (flics, pompiers... médecins, avocats and co) ou avec des prix au « poids CO2 » ?
- Un péage urbain mais pas une vignette verte sur les grosses cylindrées et autres 4x4 ?
- Combien d’entrées/sorties, quel débit, quel mode (ticket/caméra/abonnement etc...) et quelles protections pour la liberté des individus ?
- Quelles alternatives pour ceux qui n’ont pas le choix ?
- Quelles impacts sur les habitants/Commerces/vie locale ?

Chacune de ces questions est un piège. Prendre tous ces risques pour faire quoi au final ? Limiter le nombre de véhicules en hypercentre ? L’essentiel du trafic lyonnais en « hausse » transit par le centre et fait du périphérie/périphérie. Limiter le nombre de véhicules alors que l’on vient de construire encore 2 parcs souterrains de plus de 500 places ? Limiter le nombre de VP alors que la ville de Lyon explose en périurbain avec la bénédiction des maires et le coût de l’immobilier ?

Je vous laisse juger par vous-même. Pour ma part, compte tenu des outils existants et à disposition d’une politique « volontariste », on ferait bien mieux de développer TC/voie cyclables en lien avec un urbanisme raisonné (une AO urbaine logement/urbanisme par exemple) plutôt que de « réguler par l’argent » :

On s’attaque encore et toujours aux conséquences... pas aux causes...

Peut-être parce que la « droite » veut le beurre (l’immobilier cher), l’argent du beurre (0 VP / 0 pollution / 0 visiteurs bas de gamme) et le cul de la crémière (les modestes loin des yeux loin du coeur, et mandoline jusqu’en 2012). Quant à la gauche, à elle de ne pas se laisser embarquer sans savoir ce qu’elle fait...


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