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Commentaire de Bérenger

sur L'original ou la copie ?


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Bérenger 6 septembre 2007 08:09

Le tag renoue avec la peinture rupestre, le graff avec la fresque, à Pigalle on se rejoue « West Side Story », à Argenteuil on réinvente la solution finale, l’Elysée donne dans le thatchérien, et il n’y a pas si longtemps Ségolène Royal se prenait pour l’Immaculée Conception, quelque part sur la Grande Muraille. Cela fait belle lurette que tout un chacun - les meilleurs comme les plus insignifiants - pratique la politique de la pompe, fût-ce sous les fallacieux prétextes du clin d’oeil ou de l’hommage.

Nougaro, dans l’un de ses derniers albums, « s’inspirait » largement du « Theme from Mannix » de Lalo Schifrin. Gainsbourg pompait sur Brahms, qui lui-même pompait sur Beethoven. Plus près de nous, la technique de l’échantillonnage, ou sampling, particulièrement utilisée dans le rap, a permis de remettre au goût du jour de vieux standards de la pop et de la soul, et par la même occasion, d’éviter les oubliettes à leurs auteurs légitimes.

Avez-vous remarqué que le remix va jusqu’à sévir dans le domaine du design automobile ? Voilà que resurgissent, sous des formes à peine actualisées, les classiques des années 60-70, Fiat 500, Volkswagen Beetle, Thunderbird, Ford Mustang, Austin Mini, Chevy Camaro. Et lorsqu’une marque de prestige souhaite donner du caractère à un nouveau modèle, c’est vers le style des Jaguar XJ6-12 des années 70 que ses designers s’en vont trouver leur inspiration : Buick Park Avenue, Lincoln Town Car, la dernière Mercedes, les actuelles Rover. Idem en architecture, où on a longtemps copié sur les modèles antique, gothique, classique, baroque, quitte à inventer de nouvelles appellations telles que néo-classique, rococo, Arts-Déco, Art Nouveau (et dès que l’on s’efforce d’innover, tout le monde trouve ça moche).

En littérature, peut-être faudrait-il essayer de faire la distinction entre plagiat et standardisation du mode de vie. L’écrivain est témoin de son temps, et le nôtre est peu fertile en objets d’inspiration épique. Par les temps qui courent on tourne toujours plus ou moins autour de la fesse, des histoires de thunes, d’un goût prononcé du destroy. En outre, la plupart des écrivains connus et reconnus pratiquent les mêmes milieux, dont ils sont d’ailleurs issus. Et sachant qu’on ne parle bien que de ce que l’on connaît...


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