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Commentaire de Vilain petit canard

sur La rupture... des tabous en tout genre !


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Vilain petit canard Vilain petit canard 17 septembre 2007 14:13

Il est une grande règle des propagandistes en tout genre, c’est celle qui recommande de gonfler son adversaire afin de se grandir. Tout arriviste (ou dictateur) a son « méchant », qu’il pare de tous les vices, afin de mettre en valeur sa propre détermination à le combattre. Ainsi, dans 1984, l’Eurasie s’oppose à l’Océanie, etc. Tous les dessins animés de Walt Disney ont d’ailleurs soigneusement aléboré leurs « méchants », mettant ainsi davantage par constraste en valeur le héros ou l’héroïne.

Cette vieille règle du « méchant utile », Sarkozy et sa bande de demi-sels nous la ressert avec le « tabou » (et depuis peu, avec Jean-Claude Trichet, de la BCE). Tout ce qui est mal est tabou pour la Sarkozie, tout est occasion de « briser les tabous », et de glapir quelques horreurs à la face du monde ébahi. Si ça passe, tant mieux, si ça coince, on trouvera autre chose, le lendemain, il faudra d’urgence « briser un autre tabou » de la société française, décidément percluse de tabous.

Tout ça est du même acabit que ces discussions de bistrot, où on déclare, entre deux pastis, qu’il faut virer tous les fonctionnaires, qu’il y a trop d’impôts, que l’Irak, faudrait y aller pour leur montrer de quel bois on se chauffe, qu’on aurait jamais dû perdre l’Algérie, que les immigrés (ou les violeurs d’enfants) c’est douze balles dans la peau si on les prend.

A ce jour, chaque Ministre sarkozien a son « tabou » à briser (et chacun prononce de façon pénétrée le mantra magique « il faut briser les tabous » ou « il faut examiner la question sans tabou », c’est raide comme balle, je l’ai entendu pour les retraites, la carte scolaire, la carte judiciaire, le politique des sports, la sécurité sociale, l’Euro fort, et le bouclier fiscal).

En gros, la technique est la suivante : dès qu’il y a quelque chose de délicat à annoncer, on annonce trois fois pire, puis on marmonne benoîtement « il faut examiner la question sans tabou », pour disqualifier l’éventuel adversaire. Si l’adversaire se révèle plus coriace que prévu, on l’invite par exemple chez Elkabbach, qui, à la moindre rébellion, va lui demander avec les yeux écarquillés « oui, mais n’y a-t-il pas là un tabou dans la société française ? », histoire de l’achever en direct. Dernier sur cette liste : Jean-Claude Mailly de F.O..

« Tabou », c’est commode : avec ce terme anthropologique, on rejette l’autre (l’opposant) dans les ténébres de la proto-civilisation. Un peu comme "l’homme africain [... ]« , vous savez, celui qui n’est pas capable de [... ] s’inventer un destin »... Face aux lumières de la raison, l’obscurantisme des âges farouches, plein de totems et d’idoles taillées.

Ce qui rend ce supposé appel à la raison complètement ridicule, c’est la répétition constante du mot dans la prose sarkozienne et médiatique. A chaque fois qu’on nous sort l’expression figée « briser un tabou », on s’attend à ce qu’on nous sorte une connerie grosse comme une maison. En fait, la plupart du temps, c’est de la provocation.

Et en l’espèce, la preuve, c’est qu’à propos de cette proposition délirante de Mariani, personne n’a encore relevé ce qui en fait le ridicule : le coût de telles analyses, hors de la portée des bourses de tout immigrant de base peu qualifié. Ah si on n’avait que des immigrants « choisis », (comme en Suisse), je dirais même triés sur le volet, le problème ne se poserait pas...

En gros, ce buzz consiste à dire, avec des mots « choisis », que les immigrés pauvres, on ne veut pas que leurs familles les rejoignent ? On n’a juste pas osé dire que c’est le fric qui servira de critère de tri. Et c’est tout.


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